Автор: Renaud D.  

Теги: французский язык   французский для детей  

ISBN: 5-88341-027-8

Год: 1995

Текст
                    .4
Gare au fantôme
par Dominique Renaud
Un soir, Chloé, médecin de nuit, reçoit un appel d'ur-
gence du Musée Grévin. Commence alors une étrange
histoire... Que se passe-t-il donc dans ce mystérieux
musée 9
à partir de J 2 ans
Des fictions à lire pour le plaisir : aventure, décou-
verte, histoires policières, fantastiques ou historiques,
histoires d'amour... Elles s'adressent aux élèves
et étudiants de différents niveaux :
 débutant
(à partir de la lrc annee ou environ 100 heures)
 intermédiaire
(à partir de la 2e année ou environ 200 heures)
 avancé
(à partir de la 3' année ou environ 300 heures)
Dominique Renaud
Gare au fantôme
CLE
international
IBM
CLE
international
IBM.

bbK 81.2. <Pp. H 50 Dominique Renaud Gare au fantôme OpaHUy3CKHÏÏ H3HK AJIfl fleTCH H nO/JpOCTKOB. Cepnn khut ajir htchhh. BbinycKaeTCM no JinneHann M3ÆaTejn>cTBa Editions NATHAN, PARIS. © CLE INTERNATIONAL, Paris, 1994 © PoccMÜCKoe JiHiieH3MOHHoe M3ÆaHMe: MASS MEDIA, MocKBa, 1995 PeKOMeHÆOBano Mhhhctcpctbom oôpasoBan™ Pocchh ajm o6meo6pa3OBaTejn>HMX y^pex^en™ PoCCHÏÏCKOe H3AaHHe 3TOÜ CepHH KHUT flJIfl HTCHKH ocymecTRJiHeTCH npn ynacr™ (JnipMbi FONTEM S.A. McKjnoHMTejiLHoe npaso Ha H3£aHne h pacnpocrpa- Henne cep™ khut zuir HTen™ Ha Teppnrop™ Pocc™ npmaflJiexHT «MASS MEDIA». HepenenaTKa khut MJIH HX (J)parMeHTOB B JIIOÔOÏÏ 4>OpMe H JHOÔblMH CIIOCOÔaMH, 3JieKTpOHHMMH KJIH MeXaHHHeCKHMH, BKjnoHaH 0oroKonnpoBaHne, ne flonycKaeroi. JIP N 063333. OmeHaTano c opnmnaji-MaKeia. noflnncaHO b nenaTb 16.06.1995r. OopMaT 84x108/32. EyMara o^eTHaa NI. LleqaTb o^eTHaa. Oôwm 1,5 <J)H3. nen. jimct. Tnpaac 25 000 3K3. (1-ïï 3aBOÆ 1- 10 000) 3aKa3 N? 255. Pe^aiox™ «MASS MEDIA» 105523, MocKBa, a/n 19. AO «H3,aaTejn>CTBO floneTunia» 340118, floneijK, KneBCKMft npocneicr, æ.48. CoBMecTHoe iipoh3boactbo pe^aiaj™ «MASS MEDIA» h 4>hpmbi «cariko» . ISBN 5-88341-027-8
>are au fantôme

VERSION ORIGINALE LIRE LE FRANÇAIS Gare au fantôme Dominique Renaud international MASSMENA MOCKBA1995

Chapitre 1 Il est vingt-deux heures. Comme chaque soir, Cloé roule en voiture dans les rues de Paris pour répondre aux appels d’urgence* des malades. Elle travaille comme médecin de nuit depuis cinq ans. Un métier difficile mais qui lui plaît parce quelle a parfois certaines surprises avec ses patients*. Cloé est une jeune femme éner- gique, qui n’a peur de rien. De temps en temps son fils. Théo, lui vient en aide. Il aime l’action, lui aussi. À douze ans, il a déjà appris à se débrouiller* seul. Son père, journaliste-photo- graphe. est souvent parti en voyage et Cloé ne revient jamais avant minuit à la maison. Aussi, le soir, Théo fait-il la cuisine ; il prépare à manger, pour lui et... pour son chien Sultan qui est toujours avec lui et avec lequel il s’amuse 5
beaucoup. Sultan est un bon chien-loup ci un bon joueur. Cette nuit-là. donc, vers vingt-deux heures. Cloé est assise dans sa Peugeot 205 quand le service des urgences d un hôpital de Paris lui téléphone. - Allô, docteur ! dit une voix d homme. Nous avons reçu un appel du nnisée Crévin*. I n gardien vient de iioih appeler. Son collègue* se trouve mal. Pouvez-vous \ aller ? - Pas de problème, répond ( loé. Donnez-moi l’adresse exacte. - Le musée se trouve au 10. boulevard Montmartre. - Bon. j \ serai dans un quart d heure. 6
La jeune femme arrive quelques minutes plus tard à l’adresse indiquée. Un homme en uniforme* l’attend devant la porte d’entrée. - Bonjour, docteur. Je me présente : Jean- Jacques Berlin ; je suis l’un des gardiens de ce musée. C’est moi qui ai appelé l’hôpital. Entrez, lui dit-il ; c’est par ici. - Que s’est-il passé ? -Eh bien, je ne sais pas. J’ai trouvé Lartigue... je veux dire le gardien avec qui je travaille, étendu par terre, sans connaissance*. Nous sommes deux à surveiller le musée la nuit. Lui travaille de dix-huit à vingt-deux heures : ensuite c’est moi qui le remplace. Comme chaque soir, j entre dans le musée, je- mets mon uniforme puis je I appelle. Mais là. personne ne répond. Pendant que je le cherche. je continue à l appeler et. tout à coup, je découvre I .artigue inanimé* sur le sol... Pendant que le gardien lui ex[>li<|ue ce qui est arrivé. Cloé* traverse' des salles j/lpïigces dans une semi-obscurité*. Avec son éclairage étrange', ses miroirs et se*s mannee|uins eh' e*ire*; le' musée' Grévin a une' atmosphe'*re* magiepie. Pendant quelques secondes: elle* pense' à seul passe' : enfant, elle' visitait ce musée* au meiins une* fois par an. Ici, eles centaines ele* perseinnages eéle'bres semt représentés : eles heimmes. ele*s femme's. politiciens. écrivains, sportifs. ae'teurs... Le* musée Grévin <*st comme* un livre* elhisteiire. - (à* lieu n a pas beaiu*oup changé, élit-elle*.

- Pourquoi ? Vous êtes déjà venue ici ? - Oui, il y a longtemps. Je venais régulière- ment avec mes parents quand j’étais petite. - C’est vrai, l’endroit n’a pas tellement changé, mais de nouveaux personnages ont été créés ; des artistes surtout, comme Serge Gainsbourg, Catherine Deneuve, Brigitte Bardot... Ah, le voici, dit le gardien. Cloé se penche sur le coips, inanimé du gardien Lartigue. Elle tâte son jïoùls*, lui donne quelques claques* sur les joues pour qu’il se réveille. Au bout de quelques instants, l’homme ouvre les yeux. - Comment tu vas, Lartigue ? lui demande alors son collègue penché au-dessus de lui. Le gardien se relève difficilement, et touche d’une main sa tête. Son visage est très pâle, -Ah ! c’est toi, Bertin ! dit-il avec difficulté, en reconnaissant son ami. Puis, se tournant vers Cloé, il ajoute : - Et vous, qui êtes-vous ? - C’est le docteur, lui répond Bertin. Quand je t’ai trouvé sur le sol, j’ai tout de suite appelé l’hôpital. Que s'est-il passé ? demande-t-il alors. -Tu ne vas pas me croire, dit faiblement Lartigue. - Dis toujours ! - J’ai vu un fantôme*. Cloé, pensant que l’homme est malade, pose une main sur son front. 9
- Non, il n’a'pas de fièvre, dit-elle en regar- dant Bertin, inquiet pour son collègue. - Mais je ne suis pas fou^ si c’est ça que vous pensez,! répond le gardien mécontent. J’ai vu Louis XVl marcher à quelques mètres d’où nous sommes. ° - Louis XVI, le roi qui s’est fait couper la tête ? - Oui, lui-même ! Il descendait les escaliers lentement et me regardait avec des yeux étranges. Bizarrement je n’ai pas eu peur : je me suis approché de lui, et au moment où j’ai sorti mon arme*, j’ai reçu un coup violent derrière la tête. Ensuite, je ne me souviens de rien. Tenez, regardez, là, dit-il au docteur, en penchant sa tête vers elle. Cloé voit effectivement une grosse bosse* derrière l’oreille. - Ça vous fait mal si je la touche ? - Allez-y doucement. Le docteur tâte la bosse. - Peut-être s’est-il fait cela en tombant par terre ? dit le gardien. - Non, répond Cloé. Monsieur Lartigue a été assommé. , z - Assommé ? Mais enfin les fantômes n exis- tent pas ! - Peut-être, mais la bosse, elle: est bien là ! - Et comment savez-vous qu il a été assommé ? - Vous voyez où se situe la bosse ?... Elle est juste derrière l’oreille. Croyez-moi : ça ne peut 10
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pas être un coup accidentel, c’est bien quelqu’un qui l’a assommé A ces mots, Lartigue semble heureux de n’être pas pris pour un fou*. - Mais cette histoire de fantôme est vraiment bizarre..., dit Cloé. - Je travaille depuis vingt ans ici, docteur ; jamais je n’ai entendu une histoire pareille ! - Bon. Pour le moment, monsieur Lartigue, vous allez vous reposer. Vous n’avez rien de grave mais il vous faut du calme pendant trois jours. - Très bien, docteur, répond docilement Lartigue. - Si, comme vous le croyez, quelqu’un est entré ici, il faut prévenir la police ! dit Bertin. - Je vous conseille de ne rien faire pour le moment, suggère la jeune femme. Si vous leur racontez cette histoire, la police va se moquer* de vous. Attendez donc deux ou trois jours. Si d’ici là il n’y a rien de nouveau, nous garderons le secret pour nous trois. Après tout, quelqu’un a peut-être youlu faire une mauvaise farce* à monsieur Lartigue ?... - Vous avez raison. Nous attendrons toute la semaine. Mais s’il se passe autre chose, nous serons obligésjd’avertir* le directeur et la police. - Tenez, voilà mon numéro de téléphone, dit Cloé en lui tendant sa carte de visite*. Si vous avez un problème, n’hésitez pas à me télépho- ner. 12
- Merci, docteur. Avant de sortir, la jeune femme regarde une dernière fois les statues de cire, immobiles devant elle. - I n mauvais rêve, peut-être ! pense-t-elle en refermant la porte. 13

Chapitre 2 , / - X , ' z Z Eelendemàin, au petit déjeuner, Cloé raconte à son fils cette histoire de fantôme. Théo écoute avec attention mais n’en croit pas un mot. - C’est comme si tu me disais que tu as vu le Père Noël ! lui explique-t-il tout en mangeant sa tartine de pain beurrée. - Le gardien a pourtant été attaqué ! - Il y avait donc une autre personne dans cette salle.-; - Mais que pouvait-elle bien y faire ? - Je ne sais pas, moi ! Volpr* quelque chose... - Il n’y a que des mannequins, der cii;ç ! - Il y a aussi des objets! qui coûtent ttès cher. - Ah bon ? Comment sais-tu cela ? - Je l’ai lu dans un livre. Le clavecin* de Mozart, par exemple : c’est un instrument 15
ancien*, il date du XVIIIe siècle./;rC.-z Sa tasse de café à la main, Cloé^ie iJÎét a réfle^ chir. Ce que dit son. fils est intéfessâht.' On peut en effet imaginer un collectionneur* volant un objet ancien pour le garder chez lui... - Je suis sûr que tu penses à ton fantôme ! lui dit Théo après un long moment de silence. - Un cambriolage* est une chose possible. Mais pourquoi un fantôme ? demande Cloé, cherchant une réponse à ce mystère. -Moi, je ne vois qu’une ^ explication : ce monsieur Lartigue s’est endormi et a rêvé. - Non, je ne pense pas, dit Cloé en regardant, pensive, son café. Cette histoire est vraiment bizarre. / Soudain, elle propose à Théo de venir faire un tour* avec elle dans l’après-rnicti. ' <' - - Où ça ? -Au musée Grévin ! Je t’attends devant 1 ecole a seize heures, d accord r - C’est seulement pour te faire plaisir ! lui dit- il eri souriant. Tu es comme les enfants : tu crois à tout ce qu’on te raconte ! - Je ne crois à rien : je suis curieuse, voilà tout ! Théo regarde sa montre. - Oh, là, là ! huit heures et demie. Je suis en retard. C’est de ta faute, dit-il en mettant ses chaussures. - Alors seize heures devant l’école, d’accord ? Ensuite, je t’invite au restaurant. Comme prévu, à seize heures précises, Cloé 16
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attend son fils devaqHj^ortie de l’école. Mais j . .. www. .* depuis ce matin, un evenement* nouveau a eu lieu. La jeune femme est inquiète. - Eh bien ! tu en fais une tête ! dit Théo à sa mère dans la voiture. Qu’est-ce qui se passe ? Ça ne va pas ? „ Après ilti href instant de silence, Cloé soiïpire et dit : - On a cambriolé le musée ! - Non ! C’est vrai ? - Ce matin, peu de temps après ton départ, le gardien m’a téléphoné... Je lui avais laissé mon numéro. Il a vérifié* chacune des salles du musée et il manque des objets dans l’une d’elles. - Quelle sorte d’objets ? - Des objets anciens, de collection. - Je te l’avais dit ! s’écrie alors Théo, tout heureux que cette histoire de fantôme se trans- forme en un vrai cénibriolage. > , , - Mais comment as-tir deviné* ? - Elémentaire, mon cher Watson* ! dit-il en imitant le célèbre détective anglais. Puis, à iiouvean sei-ieiix. il ajoute : - De nos jours, personne ne croit aux fantômes sauf, peut-être, les enfants. Mais, souviens-toi, ce monsieur Lartigue a dit quelque chose d’intéressant. Il a dit : «Jfizàrrémein je n’ai pas eu peur». Et qu’a-t-il fait ? - Il s’est approché du fantôme. - Exactement. A mon avis, le/ rôle de ce fantôme était délùi/aire peur. 18
— Mais pour quelle raison ? ' - Pour voler tranquillement les objets dont tu me parles ! Malheureuserftent pour ce pauvre Lartigue, il s’ê^f/ti’Ôp approché. Quelqu’un, caché derrière son âosV'a décidé de l’assommer. - Ce qui veut djre qu’ils ét^ienj deux 1 - Pas sûr. Lincoiiiiu a pu agir seul — Mais comment ? — Je ne sais pas encore. Pour le moment, nous avons trois éléments : premièrement, quelqu’un s’est laissé enfermer dans le musée pour le cambrioler. Deuxièmement, le fantôme, vu par le gardien Lartigue, joue un rôle important dans cette histoire. Enfin le cambrioleur connaît très bien le musée. 19
- Que va-t-on faire maintenant ? demande Cloé. Je ne peux pas laisser ce pauvre Bertin tout seul ! - Que t’a-t-il dit exactement au téléphone ? - Il m’a parlé de la disparition* d’objets anciens datant du XVlir siècle et m’a demandé de n’en parler à personne. - Lui, en a-t-il parlé à quelqu’un d’autre ? - Il m’a dit que non. - Même à son directeur ? - Même à son directeur. - Et pourquoi donc ? - Je ne sais pas.11 a péüf-être peur de se faire renvoyer*. L - Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On va toujours au musée ? - Non, ori retourne à la maison. Il faut d’abord réfléchir un peu... Que faire ? se demandent-ils de retour chez eux. Faut-il prévenir la police ? Ou continuer à garder le secret ? Par où commencer les recherches ?... Mais le téléphone les interrompt : - C’est peut-être le gardien ? s’écrit Théo. - A11Ô ? - Cloé ? C’est Paul. Comment vas-tu ? - Eh bien, je suis à nouveau sur une enquête* ! - Une enquête ? À quel sujet ? - Je ne peux fnalheureusement rien te dire. Je dois garder le secret. - Mais tu es sûre que tu n’as pas besoin 20
d’aide^? Je,.sui^ capable de garder un secret Cloe hésite un peu. Cet ami qu’elle connaît Alors la jeune femme lui raconte tout depuis le début :^de l’appel d’urgence au vol des objets anciens. ; . - C’êst mcroÿahle ! s'exclame Pjatil. Ce n’est peut-être qu’uiîe coïncidence*, mais ce matin j’ai lu dans le journal qu’un prisonnier, accusé de trafic* d’objets anciens, s’est évadé de prison. -Oui, mais... z . ; - Attends, je te lis l’âfticle : ,, é . , «Hier soir, Vincent Préyert, évadé de la prison de la Santé, a été retrouve s^ns connaissance au volant d’une voiture vôlée, “près dû éplartierdu Châtelet, victime d’un accident. Illusionniste* célèbre, l’homme, âgé de quarante-cinq ans, avait été jugé l’an dernier pour trafic d’objets anciens. Souffrant de fractures multiples, il est soigné à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris,.. » - Peut-être que c’est effectivement notre voleur ! dit Cloé. Je te remercie Paul, c est notre premier indice*. - Tu vas lui rendre visite ? - Oui, avec Théo. Je te rappelle dès qu’il y a du nouveau ! - Qu’est-ce que tu penses de ça ? dit Cloé à son fils, avec un large sourire de satisfaction. Un illusionniste accidenté juste à quelques centaines 21

de mètres du musée Grévin. Bizarre, non ? - Et la police, a-t-elle trouvé des objets volés ? demande Théo. r- Je ne sais pas. £eut-être a-t-il caché son Bûtin* dans un endroit secret après ;le v^tf./ll faut le vénfiçr. - Comment va-t-on s’y prendre ? - Facile : nous savonsjqp’i^est à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Je dis à 1 jnffrmièré* que je suis de la famille et je l’ûitèçrôjgfe/ - Pourquoi pas ? dit alors Théo à sa mère. 23

Chapitre 3 Le soir même, Cloé et son fils arrivent à l’Hôtel-Dieu. Cloé se présente à Faccue.il : elle dit être la tante de Vincent Prévert, le prison- nier évadé, et demande à le voir. - Chambre 207, répond la dame. Théo et sa mère montent au deuxième étage. Dans la chambre 207, ils trouvent une infir- mière en train de s’occuper du patient. - Comment va-t-il ? demande Cloé. - Bien, répond l’infirmière. Il a repris connais- sance ce matin vers midi. Son état s'améliore* d’heure en heure. Mais il est encore faible. - Peut-on lui parler ? - Bien sûr ! Mais pas plus de dix minutes. Quelques instants plus tard, l’infirmière sort de la chambre. 25
Vincent Prévert ouvre un œil. Sa tête est entourée d'une bande de gaze* ; son bras droit et ses deux jambes sont dans un plâtre*. - Qui êtes-vous ? demande-t-il à ses deux visi- teurs. - Je m’appelle Cloé Delage ; et le garçon que vous voyez là, c est mon fils, Théo. - Qu’est-ce que vous venez faire ici ? - Nous sommes venus vous poser quelques questions. - Vous êtes de la police ? - Non. Je suis médecin. — Que voulez-vous savoir ? - I n vol a été commis hier soir au Musée Grévin, peu avant votre accident. Etes-vous 26
responsable de ce cambriolage ? - Non, répond Vincent Prévert, je n’y suis pour rien. - Vraiment ? - Oui, vraiment ! Les cambriolages, ça ne m’intéresse pas. Je suis un magicien*, pas un voleur ! - Pourtant, vous avez été condamné pour vol ! - Je n’ai jamais volé, madame ; j’ai simple- ment vendu la marchandise* qu’on m’appor- tait. - Quelle est la différence ? - A vous de juger. Moi, je vous disque je n’y suis pour rien dans votre histoire. C’est tout ! 27
- C’est votre dernier mot ? - C’est simplement la vérité. - A l’heure qu il est. personne n'est au courant* de ce cambriolage, sauf les gardiens du musée. Vous pouvez encore rendre ce que vous avez volé et les gardiens ne diront rien à la police. - Mais je vous dis que je n’ai rien fait ! s’écrie l’homme, furieux. Si vous continuez comme ça, j’appelle l’infirmière pour qu’elle vous mette dehors ! - Calmez-vous, calmez-vous, monsieur Prévert, chucliote* Cloé. Je veux bien vous croire. Ce n’est peut-être qu'une coïncidence. Mais lorsque, cet après-midi, mon fils et moi avons appris qu'un ex-magicien, recherché par la tpolice. avait été accidenté à quelques centaines de mètres seulement de l’endroit où, peu de temps avant, un vol avait eu lieu, on a tout de suite pensé que vous étiez le cambrioleur du musée Gré vin. - Et pourquoi ? Je ne suis pas le seul capable de cambrioler un musée ! - Bien sûr, dit Théo. Mais ce vol est un peu particulier. - Je ne comprends pas ; expliquez-vous. - Eh bien voilà : le gardien, qui a été assommé, dit avoir vu un fantôme. - Un fantôme ? mais c est une farce ! s’écrie Vincent Prévert en riant. Un fantôme, vous dites ? Moi. je n v crois pas. 28
- Moi non plus, répond Théo ; et c’est pourquoi nous avons tout de suite pensé à vous. - A moi ? Et pourquoi ça ? - D’abord, parce que vous vendez des objets anciens, et c'est ce que le cambrioleur a volé ; ensuite, parce que vous êtes un illusionniste connu. Seul un magicien est capable de faire àpparaître un fantôme. , , Le patient réfléchit un moment avant de dire : - Je peux faire ce tqur d’illusion*, en effet. Mais je vous répète que je n’y suis pour rien dans cette histoire. - A mon avis, peu de magiciens sont capables d’un tel tour de magie, ajoute Cloé' - C’est vrai. Je n’en connais qu’une dizaine ; et ils vivent tous à l’étranger*. A votre place, je laisserait la police s’occuper de cette affaire. Après une longue conversation, Cloé et son fils, déçus*, quittent l’hôpital. - Tu crois qu’il dit la vérité ? demande Théo à sa mère en entrant dans la voiture. - Je ne sais pas. En tout cas, ce n’est pas dans cet hôpital que nous allons trouver une réponse à ce mystère. Cloé réfléchit un instant, les mains posées sur le volant. Puis elle dit : - Ce soir, nous visitons le musée Grévin ! - Mais le musée est fermé la nuit ! - Je sais. C’est pourquoi je vais appeler mon ami Bertin pour qu’il nous ouvre. 29
-Tu me surprendras* toujours, ma petite maman ! - Ah ! j’oubliais... ajoute Cloc : nous serons trois ce soir. - Trois ? Qui nous accompagne ? - Sultan, ton chien. Je crois qu’il peut nous être utile. 30
Chapitre 4 , J Le soir, vers neuf heures, Cloé et Théo se retrouvent devant la porte du musée. Un rapide coup d’oéîl* dans la rue : personne. Cloé frappe deux fois. La porte s’ouvre lentement, le visage de Bertin apparaît. ? - Entrez vite ! chuchote-t-iL Une fois dans le hall, le gardien allume la lumière. - Je vous présente mon fils Théo, dit Cloé. Je lui ai tout raconté ; mais vous pouvez compter* sur lui : il est très discret. f - Et lui, qui est-ce ? demande Bertin d’un ton peu aimable én montrant Sultan du doigt. - C’est le chien de mon fils ; son nom est Sultan. - Qu’est-ce qu’il fait là ? 31

- (/(*st un chien policier, répond Théo. Il peut nous être utile. - Minouais... dit le gardien, mécontent qu un chien se promènte dans les salles du musée. Puis, s'adressant au garçon : -Ta maman nTa dit au téléphone que tu pouvais m’aider à trouver le cambrioleur. J’ai du mal à y croire : mais enfin, je n ai rien à perdre. Il pose une main sur l'épaule de Théo et demande : - Alors, paroù voulez-vous commencer ? - D'abord. dit Théo sans plus attendre, il faut aller dans la salle où les pièces de collection ont été volées. - Allons-y. Vous nous suivez, docteur ? - Bien sur. Cloé préfère ne pas parler au gardien de leur visite à l’hôpital. D’abord parce qu’elle croit Vincepp Pré vert innocent, ensuite paiye que le plus impbrtanj est de retrôuver les objets volés. Ils arrivent bientôt dans une salle peuplée de personnages de cire et d’objets anciens. Théo se met à observer chaque objetsayçc beaucoup d’attention et de cunp^jté. - Qu’a-t-on volé exactement ?demande-t-il à Bertin. - Des armes de l’époque napoléonienne, de la vàisêèjle, ainsi que le fableâu qui se trouvait ici, au/côiwdu mur. Par chance’personne ne s’en est encore^ aperçu* ; ni les responsables du 33
musée, ni les femmes.de ménage*. - Et hier, où avez-vous découvert votre ami. monsieur Lartigue ? - Là-bas. devant le cabinet fantastiepic. - C'est quoi, le cabinet fantastique ? — C est une grande salle où chaque après- midi, il y a un spectacle de magicien pour les visiteurs. - Nous pouvons la visiter ? - Pourquoi pas ? - Dépêchons-nous*, murmure Cloé à l'oreille* de son fils. Demain, je me lève tôt ! - Qatis moins d une heure, j aurai trouvé r'explic^tioiy.de cette mystérieuse affaire*, déclare* Théo, sûrdeXui. 3-t
Cloé regarde sa montre. Il est à présent une heure du matin et son fils continue toujours d inspecter* les salles du musée comme un véri- table* détective. Elle se demande bien ce qu il peut chercher ainsi ; car Théo semble savoir ee qu il cherche, elle le connaît ! Mais elle est trop fatiguée* pour attendre plus longtemps. — Théo, soupire-t-elle, il est tard. On conti- nuera les recherches demain. Mais le* garçon ne* répond pas. Depuis quelques minutes il frappe* la surface élu sol avec le* talon* ele* sa chaussure*. Toc-toc*. (oc-toc. à e haepie* mètre, régulièrement. Ibut à coup. il s’arrête*, frappe* à nouveau du picel. Tout heureux, il déplace une* petite* table* e*t. levant les yeux vers sa mère*, il lui annonce : — .le* crois avoir enfin trouvé e*e* que* je* cher- chais ! Cloé ne comprend pas cette soudaine* bonne humeur ; le gardien non plus. Mais tous deux s’approchent du jeune Théo. - - Monsieur Bertin, .aidez-moi s’il vous plaît . Placez-vous dé ce côté... oui, là, cpnime ça. A mon signal, vous soulevez cette dalle* en même temps que moi. Vous êtes prêt ? Un, deux, trois... Au moment dit, ils soulèvent ensemble la dalle de pierre? Là, un passage qui ressemble à l’entrée d’un souterrain* apparaît. - Votre lampe, monsieur Bertin ! chuchote Théo. 35
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Le gardien sort sa^ampe de poche, l’allume. - Un escalier ! s’exclâme-t-il. - Ça né doit pas êtrë très proton#, peut-être deux mètres dit Théo. Allons voir ce qu’il y a à rintérîçuE ,, 9 Théo déscend le pjçepi^r;en fgi^ant^èptipn à ne nas'glisser^ sur lès marches dé bois. This il tend la main a sa niere. . > , c . -JJju peux deécériaré,'lui dit-il. Il n’y a aucun danger?'' ' x Le gardien descend à son tour. Z- 7 ' . ? - Elle est vraiment toute petite, cette cave ! dit-il. ? - Mais asseg grande tout de même pour y cacher des cKosês^répond Théo.
- Que veux-tu dire ? demande sa mère. Il n'y a que des vieux cartons*, ici ! ' - Tiens, lui dit-il d’un air mystérieux : prends la lampe et regardes-les de plus près ! Cloe penche la tête en avant et. soudain, pousse un cri de surprise. - Monsieur Bertin,/Venez-voir ! A sop tour, le gardien regarde^ Tun des cartons. Puis il se redresse, pâle et iriquietz , - Qui les a mis là ? dit-il tout bas.z' x y\Mtus au ipême moment, ils entendent un cri âu-aes'sus clè leur tête, suvi des aboiements* de Sultan. - Que se passe-t-il là-haut J m’exclame Bertin, qui commence à avoir péür. - Je ne sais pas. Le chieiî'séinljle aboyer après quelqu’un. - La police ? - Non, Personne ne sait que nous sommes là. Et j’ai éteint toutes' lés lumières. - Alors qui ? - Le fantôme ! - Ne soyez pas ridicule ! - Réjgontons immédiatement ! dit Bertin, affolé. Nlais^le’s ' ci;is. de l’incoftnu sont plus proches: «Au secqurs ! Au secours ! Le chien ! Il veut memordre ! » Pendant quelques secondes, ils entendent quelqu’un courir puis, tout à coupZjuste^u- desSus d’euxz^vhicoirnu tombe dans la trappe* auxq)ie<És dTCloé. 38
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- Eh bien, ça alors ! dit le gardien, stupéfait. - Qui est-ce ? - Risotto, le magicien. - Tiens, tiens !... Je crois que vous avez devant vous la réponse à votre question, monsieur Bertin, dit tranquillement Théo. - Comment ? Vous croyez que... - Oui, c’est lui^ - Il faut le soigner tout de suite, interrompt Cloé ; il â dû'se faire mal. Aidez-moi à le remon- ter. </. Après beaucoup d’efforts, ils réussissent enfin à sortir le magicien hors de la trappe et l’instal- lent sur un lit ancien. - Ce n’est pas grave, j’espère ? - Non, je ne crois pas, dit Cloé. Mais je me demande bien pourquoi Sultan a été si méchant avec lui ? - Je lui avais dit de surveiller la salle, répond Théo. S’il entendait quelqu’un, il devait aboyer. Je suppose que Risotto a pris peur lorsqu’il a vu le chien. Car Sultan ne mord jamais., - Mais que fait-il donc ici ? s'interroge le gardien. Et à cette heure ? - 11 vient chercher son butin. - Alors, vous croyez vraiment que Risotto est le... - Le cambrioleur. J’en suis? sûr. Seul un magi- cien peut faire apparaître un fantôme. Un soir, Risotto décide d’utiliser sa magie pour voler des objets de valeur. Au moment où le musée ferme, 40
il se cache* sous sa trappe, attend que les lumières s’éteignent et que le gardien Lartigue Occupe son poste*. Le magicien sort dé sa cachette et prépare son tQur d’illusion dans son cabinet fantastique. Vers vingt et une heures, il fait apparaître son fantôme devant les yeux de Lartigue. - Pourquoi fait-il çeU ?.1 - Parce qu'il espère que le gardien va prendre peur et qu’il va appeler tout de suite la police. - Je hé comprends plus rien ! - C’est facile. Le bureau des gardiens est loin de la salle qu’il veut cambrioler. Si Lartigue part avertir la police, il reste à peu près un quart d’heure à Risotto pour voler les objets sans être vu/ - Mais pourquoi avoir volé ces pièces de collection ? - Demandez-le lui ! répond Cloé. Il se réveille. Mais Bertin n’a pas le courage de l’interroger. - Dommage, finit-il par direJD’était un bon illusionniste. Il ÿâ me manquer* ï - En tout cas, dit Théo, nous allons raconter ça à Vincent Prévert ! - À qui ? - Oh ! un magicien que nous avons rencon- tré il y a peu de temps. Mais ce serait trop long à vous expliquer. FIN 41
PAGE 5 Des appels d'urgence : en médecine, quand un malade a besoin de soins rapides. Un patient : un malade. Se débrouiller : ne pas avoir d'aide pour faire quelque chose. PAGE 6 Le musée Grévin : musée à Paris créé au XIXe siècle par le caricaturiste Grévin, où l'on peut voir des personnages célèbres sous forme de figures de cire. Un collègue : Bertin et Lartigue sont collègues, ils travaillent ensemble. PAGE 7 Un uniforme : costume particulier que portent certaines professions ou certaines catégories de gens : militaires, pompiers... Sans connaissance : évanoui, inconscient. Inanimé : sans connaissance. Une semi-obscurité : à moitié sombre. Des mannequins de cire : des figures créées avec une substance molle. PAGE 9 Tâter le pouls : vérifier les battements du cœur. Des claques : des gifles sur la joue. Un fantôme : l'apparition d'une personne morte, un spectre. PAGE 11 Une arme : instrument pour attaquer ou pour se 42
HacToamafl cepnn opHra- HajIbHblX KHMT AJIfl HTCHHB COBpeMeHHBIX 4>paHDy3CKMX aBTOpOB, OpHCHTHpOBaHHaM Ha cooTBeTCTByiomHe ypoB- hm oôyneHHB, MBJuieTcsi ^onojiHeHHeM k yneÔHO- MeTO/UFieCKHM KOMIUieKCaM «Pile ou Face» 1-3. üo BonpocaM npHoôpeTeHHB khht jum HTeHHB H yueÔHHKOB «Pile ou Face» oôpamaîiTecb no Tejie(t>OHaM: (095) 229-0303, 973-9033, 4>aKc 229-0303, 973-9032. Ajjpec /ma nnceM: 105523, MocKBa, a/a 19.