Автор: Renaud D.  

Теги: французский язык   французский для детей  

ISBN: 5-88341-031-6

Год: 1995

Текст
                    L’affaire Lucas
par Dominique Renaud
La femme de Dany, jeune inspecteur de police,
disparaît. Est-ce une fugue, un enlèvement ? Son ami
et coéquipier Luc l’aide à mener l’enquête.
à partir de 15 ans
Des fictions à lire pour le plaisir: aventure, décou-
verte, histoires policières, fantastiques ou historiques,
histoires d’amour... Elles s’adressent aux élèves
et étudiants de différents niveaux :
 débutant
(à partir de la lrc année ou environ 100 heures)
 intermédiaire
(à partir de la 2e année ou environ 200 heures)
 avancé
(à partir de la 3e année ou environ 300 heures)
Dominique Renaud
L’affaire Lucas
MAS»
MAS MEDIA
CLE
international
CLE
international

EEK 81.2. <Dp. H 50 Dominique Renaud L’affaire Lucas OpanijyjcKmî R3HK ajir fleTeft h no/ipocTKOB. CepHR KHHT ÆJIfl HTeHHR. BbinycKaeTCM no JiniieH3MM M3aaTejibCTBa Editions NATHAN, PARIS. © CLE INTERNATIONAL, Paris, 1991 © PoccMftcKoe jrnueH3HOHHoe HWHMe: MASS MEDIA, MocKBa, 1995 PeKOMCHÆOBaHO MHHHCTepCTBOM o6pa3OBaHHR Pocchh ajih o6meo6pa3OBaTejibHHX yHpexmeHHÔ PoccKiîcKoe K3^aHne stoü cepnn khwt ajir htchhr ocymecTBJiHeTCR npn ynacTim (JjHpMbi FONTEM S.A. HcKJiK)HMTejn>Hoe npaBO na H3^aHne h pacnpocTpa- Henne cep™ khht ajir htchmh Ha Teppuropim Pocchh npHHaÆJiexirr «MASS MEDIA». IlepenenaTKa khmt mm nx 4>parMeHTOB b jhoôoü (JjopMe h jhoôbimh cnocoôaMH, 3JieicrpoHHbiMH hjih MexaHHHecKnMH, BKJiioHaa (JxyroKonnpoBaHMe, ne aonycKaercfl. JIP N 063333. OrnenaTaHO c opHranaji-MaKera. ÜOAimcaHO b ne’iaTb 16.06.1995r. OopMaT 84x108/32. ByMara o4>ceTHafl NI. IleqaTb orJjceTHasi. OôbeM 1,5 (j)H3. nen. jihct. Tnpaxc 25 000 3K3. (1-ïï 3aBOÆ 1- 10 000) 3axa3 N° 262. Pe^aicnnR «MASS MEDIA» 105523, Mockbh, a/n 19. AO «H3£aTejn>CTBO floHeTmna» 340118, floHeijK, KHeBCKHÏÏ npocneKT, æ.48. CoBMecTHoe npon3BOÆCTBo pe^aKUHK «MASS MEDIA» h (J)HpMbi «CADIKO» ISBN 5-88341-031-6
VERSION ORIGINALE L'affaire Lucas Dominique Renaud MASS MEDIA MOCKBA1995 CLE international

Il n'était pas encore midi lorsque Dany est venu sonner à ma porte. J étais sous la douche. Je lui ai crié d’attendre deux secondes, le temps pour moi d enfiler un peignoir*. Puis je suis allé oi i vri r. Danv est entré sans dire un mot. Son visage était si pâle qu’on l’aurait cru tout juste sorti de prison. 11 s est dirigé vers la cuisine et s est versé un grand verre d eau qu’il a bu d'un trait*. - Eh, Dan ! Que se passe-t-il ? lui ai-je demandé en le voyant dans cet état. Mais Dany n’a pas répondu. Il a fait quelques pas vers le salon, a saisi le téléphone et composé un numéro. - Allô, Labiche ?... Oui, c’est moi... Alors, toujours rien ?... Bon, tiens-moi au courant* lorsque tu auras trouvé quelque chose. Je suis chez Michel. Salut !
Puis il a raccroché. - Vas-tu enfin me dire ce qui se passe ? lui ai-je demandé une nouvelle fois. Pourquoi as-tu téléphoné à ce flic ? Danv s’est retourné et m a observé, les yeux remplis de fatigue. - Ma femme est partie, a-t-il répondu en retirant sa veste. - Partie ? Qu est-ce que tu racontes ? - La vérité. Ça fait (Jeux jours qu elle n’est pas revenue. - Qu est-ce (pie c’est que cette histoire ?... Tu ne t’entendais donc plus avec* Catherine ? - C est justement ce (pie je ne comprends pas : tout allait bien entre nous. Avant-hier, je suis rentré vers vingt heures à la maison. Elle était absente. I) habitude, elle laisse un mot lorsqu elle rentre tard : mais là, rien ! - Tu crois qu'elle t a vraiment quitté ? - Bah ! je n en sais rien... mais elle a meme emporté ses bijoux, alors;., a-t-il dit la tête baissée, les mains serrées entre ses jambes. - Ecoute, Dan : nous sommes tous les deux inspecteurs de police. Rechercher des personnes disparues, c est notre travail. On la retrouvera, ne f inquiète pas ! Mais Dany ne m’écoutait pas. Il ne compre- nait pas comment sa femme avait pu faire une chose pareille. Depuis longtemps, elle lui demandait de ne plus faire ce métier, à cause du danger et des coups de téléphone qui les réveillaient souvent la nuit. Chaque matin, elle lui répétait : «Un jour, tu te feras tuer et moi je n’aurai plus que mes yeux pour pleurer !» Mais
I
Dany ne se décidait pas : il aimait son travail. Du coup, il pensait qu elle Pavait quitté parce qu’elle en avait assez de cette vie. Elle ne l’avait pas prévenu de peur qu’il l'empêche de partir. - Dans quel état se trouvait ton appartement lorsque tu es rentré chez toi ? lui ai-je alors demandé, comme si cette histoire de séparation soudaine ne m’avait pas convaincu. - Comme d'habitude. - As-tu interrogé la concierge ? c> “ - Oui, mais elle n’a rien remarqué d’anormal. - As-tu vérifié si Catherine avait pris ses vêtements avec elle ? - Juste une petite valise : le nécessaire pour s habiller pendant une semaine. - Bizarre. Si elle était partie définitivement, elle aurait tout emporté ! - Peut-être a-t-elle décidé de s’en aller sur un coup de tête* et n’a-t-elle pas eu le temps de tout prendre ? - On ne décide pas de quitter cinq ans de vie commune en une seconde ! - Tu as raison. Seulement, pourquoi ne m’a- t-elle pas écrit line lettre ? Elle aurait pu me donner des explications. Or, elle n'a rien laissé. Elle est partie comme une... Mais il n a pas osé dire le mot qu’il avait en tête et. dans un geste de lassitude, il a plongé son visage' entre ses mains. Quelques minutes plus tard, revenu à lui*, il m a expliqué qu il avait parlé de cette affaire à Labiche, un collègue, et qu il l avait chargé h i n
d’enquêter sur la disparition de sa femme. Labiche avait interrogé les voisins, téléphoné dans les hôtels, les gares et les aéroports. Mais cela n’avait rien donné. De son côté, Dany avait appelé les parents de Catherine, espérant qu’elle serait chez eux. Mais la mère n’avait aucune nouvelle de sa fille. Pendant ce temps, je m’étais habillé. En écoutant Dany, un étrange pressentiment* m’avait envahi. Depuis quelques semaines, lui et moi nous occupions d’une affaire importante. On essayait de démanteler* un réseau international de voitures volées. On avait découvert que certaines personnalités étaient compromises. Mais on manquait de preuves suffisantes pour les arrêter. Je ne sais pas pourquoi je faisais soudain un rapprochement entre cette histoire et la disparition de Cathe- rine. Je décidai de questionner Dany à ce sujet : - A propos, tu n’as pas du nouveau dans l’affaire des voitures volées ? - J’ai reçu des menaces il y a quatre jours. Un type m’a appelé pour me dire d’arrêter l’en- quête. - Il a appelé chez toi ? - Oui. J’ignore comment il a obtenu mon numéro : je suis sur la liste rouge*. J’étais sur le point de lui poser une autre question lorsque le téléphone a sonné. J’ai saisi l’appareil. - Allô... Ah, c’est toi, Labiche ! Alors quoi de neuf ?... Tu veux parler à Dan ? Un instant, je te le passe... - Allô, inspecteur, c’est Labiche à l’appareil.
J ai peut-être quelque chose d intéressant pour vous. I n de mes hommes a retrouvé une voiture volée non loin de votre appartement, dans le cinquième arrondissement*. On l a fouillée. Elle appartient à un certain Maurice Godard, imma- triculé* à Paris. - Bien, dit Danv. Mais en quoi cela me concerne-t-il ? - Sous le siège de droite, il y avait une bague, inspecteur. Elle porte finitiale de votre femme. - Quoi ? Que dites-vous ? - Notre épouse se prénomme bien Catherine, n est-ce pas ? - Oui... et comment est cette bague ? - Elle est en or avec un saphir : il y a un C gravé à l'intérieur. - Bon Dieu ! C'est bien la sienne. Avez-vous découvert autre chose ? - Pour le moment, non. Mais je vous rappelle dès que j ai d’autres informations. - Ce n’est pas nécessaire ; j’arrive dans un quart d'heure, dit Dany. - C est ce que je redoutais*, lui ai-je dit quelques instants plus tard : ta femme a été enlevée !
- Mais pourquoi ? Et par qui ? - Par les hommes que nous recherchons depuis un mois. Pourquoi ? Parce que nous les gênons. Ne pouvant s’attaquer directement à un policier, ils s’en prennent à son épouse pour le pousser à abandonnner. C’est une sorte de chantage. - Que me proposes-tu de faire ? - Attendre. Ils vont bientôt te contacter. - Et dire que je croyais qu’elle m’avait quitté ! a murmuré Dany, le visage abattu par la nouvelle. - Allons, calme-toi ! Nous allons nous occuper ensemble de cette bande. D’abord, retournons au bureau pour regarder de près le dossier concernant cette affaire de voitures volées. Nous trouverons bien un indice qui nous mettra sur la voie !
II Un quart d’heure plus tard, nous arrivions au commissariat. Durant le trajet, nous n’avions pas parlé. Dany était nerveux. Les hommes qui avaient fait le coup étaient des durs, il le savait. Ils avaient déjà tué un policier à la sortie d’un parking, gare Montparnasse. Dan était à peine entré dans son bureau qu’il ouvrait le dossier de l’affaire. - Tu as l’après-midi à perdre ? m’a-t-il demandé. - J’ai tout mon temps. - Alors assieds-toi et mettons-nous au tra- vail. Il nous faut vérifier la liste de tous les gars suspectés d'appartenir à ce fameux réseau de voitures volées. A cinq heures, nous avions établi une liste de six noms. - Tu vas appeler Labiche et lui dire de surveiller ces six types. Qu’il les fasse suivre
11 vingt-quatre heures sur vingt-quatre. - Combien d’hommes avec lui ? - Une dizaine suffira. - Le problème, c’est que nous manquons de preuves. Qui te dit que ce n’est pas un ancien truand qui se venge de toi ? - C’est toi-m*ême qui disais tout à l’heure que... - Eh oui ! J’ai tout de suite pensé à eux ! Mais j’espérais trouver entre-temps quelque chose d’intéressant dans le dossier. Or, à part des noms suspects, on n’a rien. Ces six hommes ont réussi à éviter les pièges qu’on leur avait tendus*. Crois-tu qu’ils prendraient le risque de s’attaquer à la femme d\m flic ? - Ces gens-là ne reculent devant rien. Souviens-toi : ils n’ont pas hésité à tuer notre ami Bideau la semaine dernière ! - Nous n’avons aucune preuve que l un d’eux se trouvait dans la voiture ce soir-là. - Avant de mourir, Bideau a murmuré : «Réseau... réseau», comme s’il voulait parler de notre affaire. - 11 aurait fallu les arrêter le soir même pour vérifier leur emploi du temps. Mais voilà : on ne devait pas éveiller les soupçons*. C est toi qui l as voulu. Dan ! Tu préférais attendre et attraper le gros poisson* plutôt que d arrêter le meurtrier d’un ami ! - Je sais. Michel ! m’a-t-il répondu en élevant le ton. comme s il n appréciait pas que je lui parle de cette histoire. Puis il a abandonné sa chaise et s est mis à tourner autour du bureau d un pas nerveux.
12 Soudain, il s'est arrête, le dos à la fenêtre, et ma regardé droit dans les yeux, comme s il était sur le point de me révéler un secret. - Tout à l'heure j ai été voir Labiche. Je lui avais demandé de vérifier I*identité du proprié- taire' de la voiture où se trouvait la ba^ue de ma femme... Il habite' à proximité' du parking où Rideau a été' tué. Sa voiture' est bien celle qui a été' volée ce' soir-là ! A ces mots. j ai observé Dany, saisi par la surprise'. - Pourquoi ne' m'as-tu rien dit ? lui ai-je demandé', une' fois rémotion passée. - Tu ne' e'omprends donc pas que' tout est de ma faute' ! s'est-il écrié' en frappant du poing sur la table. Si j’avais tout fait pour retrouver le meurtrier de' Bideau. il if aurait peut-être pas eu le' temps de' kidnapper ma femme ! - Allons. Dan, cahne-toi ! Cette voiture n’est pas une' preuve. On ne sait qu’une seule chose : la bagnole' qui a transporté Catherine est celle que' l’assassin de Bideau avait volées dans le parking. Après le meurtre, elle a peut-être été vendue à un type qui l’a achetée en connais- sance de cause. - Qu'est-ce que tu veux dire ? - Quelqu'un s'en est délibérément servi pour brouiller les pistes et faire accuser le vendeur. Après avoir enlevé Catherine et l’avoir déposée dans un endroit sûr, il repart au volant de la voiture qu il laisse au milieu d’une rue du cinquième arrondissement. Et il prend soin de laisser à l'intérieur la bague de Catherine. Lidentification de la voiture nous apprenant
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14 que c est relie <pii a été volée par lassassin de Bideau. nous ne pouvions qu en conclure que l'enlèvement avait été commis par le même homme. - Comment ce tvpe a-t-il pu savoir que son vendeur venait de tuer un flic ? - Il lit les journaux comme tout le monde ! - J’avais pourtant exigé qu’on ne dévoile pas ce crime aux journalistes avant que l’affaire soit terminée. - Je me rappelle avoir lu dans «Lihé» un compte rendu du meurtre. En fait, ils avaient peu d informations : ils indiquaient simplement
qu'au cours d'un vol dans un parking, un policier, qui se trouvait là par hasard, avait été tué en tentant d'intervenir. Mais ils mention- naient aussi la marque de la voiture. Cela a suffi au kidnappeur de ta femme pour faire le rapprochement entre l'homme, pressé de vendre sa Renault et le meurtre. Il a tout de suite vu l'intérêt qu’il pouvait tirer de cette coïnci- dence* ! - Si je comprends bien, selon toi. ma femme n a pas été enlevée par le gang que nous poursuivons, mais par un inconnu qui cherche à se venger de moi ? - Je ne suis sûr de rien. Je dis simplement que la chose est possible et qu elle est à prendre en considération*. Cela ne sert à rien de foncer tête baissée sans savoir où I on va. - Je veux retrouver Catherine le plus vite possible... et sans dommage* ! - Justement. Dan. la partie est difficile. Le moindre faux pas* et c’est la catastrophe ! Alors écoute-moi, d accord ? Pour l’instant, tu n’es pas en état de prendre des décisions : il faut garder la tête froide* pour éviter un drame. Tu me comprends, n’est-ce pas ?... Les bras croisés sur la poitrine et le visage baissé. Dany m'écoutait, mais en pensant à autre chose. Deux nuits sans dormir avaient éprouvé sa résistance*. Il ne voulait pas me tenir tête*. - Tu as probablement raison. Michel. Après tout, lorsque je t’ai fait confiance, ça m a toujours réussi ! Pourquoi ne le ferais-je pas aujourd’hui alors que la vie de ma femme est en
16 jeu ? a-t-il fini par dire' en posant une main sur mon épaule. - Bien. Dans ce cas. tu vas te reposer un moment. Quant à moi. je m en vais voir si je peux aider Labiche...
III Une semaine plus tard, l’enquête avait tout de même avancé. Mon hypothèse s’était vérifiée : nous avions désormais la certitude que le gang des parkings n’était pas mêlé à cette histoire. Le septième soir, nous avons eu en cadeau l assassin de l inspecteur Bideau. Dany et moi avions décidé de faire une descente* dans un hôtel du quartier du Forum des Halles*. Un indicateur* nous avait signalé la présence d'un des six hommes que nous recherchions. On a donc placé des policiers en civil à chaque coin de la rue et on est entré dans l’hôtel. On est monté discrètement à l’étage. Dany a sorti son pistolet. Il s est dirigé vers la chambre du bandit en longeant le mur. Arrivé devant la porte, il m’a regardé. Que faire ? Entrer en la défonçant ? J’ai plaqué mon oreille contre le mur. Il n’y avait aucun bruit. L’homme devait dormir. J’ai fait signe à Dany
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19 que j’allais enfoncer la porte pendant que lui me couvrirait*. Mais au moment où je prenais mon élan*, une voix s’est mise à crier du rez- de-chaussée. - Eh ! Qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? On a alors entendu un bruit sourd venant de la chambre. On s'est à peine consulté du regard : j'ai démoli la porte d’un coup d’épaule pendant que Dany s’occupait du bonhomme de l’hôtel. Nous n'avions pas le temps de lui expliquer qui nous étions. Il a essayé de résister, mais Dany lui a lancé son poing gauche sur le nez et il s’est écroulé dans les escaliers en hurlant de douleur. Pendant ce temps, j’arrêtais le truand qui essayait de s’échapper par la fenêtre. Une demi-heure plus tard, nous revenions au commissariat. - Maintenant, tu vas parler, a dit Dany à l’homme d’un air furieux. On a retrouvé l’arme qui a tué Bideau dans ta chambre... Après une heure d’interrogatoire, l’accusé a avoué : il sortait du parking quand notre collègue s’était interposé. Pris de panique, il avait tiré. - Et la voiture ? lui ai-je demandé. Qu’est-ce que tu en as fait ? - Je l’ai vendue. - À qui ? - Je ne sais pas ; je n’ai pas eu besoin de chercher un acheteur, un type m’a contacté par téléphone. - Il te connaissait, alors ?
- Non. je vous jure que non ! J’ignore com- ment il a eu mon numéro. Mais il m’a dit : «Je sais que vous avez une voiture à vendre ; je suis votre client. Rendez-vous demain soir, rue des Mauvais garçons, près de l’Hôtel de Ville.» Ça tombait bien : je voulais m'en debarrasser le plus vite possible. Alors, le lendemain je me suis rendu sur le lieu du rendez-vous : c’est une petite rue sombre et il faisait nuit. Le type était là. Il m’a donné l’argent, puis il est parti avec la voiture. - Il ne fa pas parlé ? - Non, il n’a rien dit. - Comment était-il habillé ? - Il avait un pardessus noir et portait un chapeau. - Quelle taille ? - Assez grand. Un mètre quatre-vingts à peu près. - Bon. Nous savons au moins deux choses à présent, ai-je dit à Danny : premièrement, l’homme qui a emmené ta femme n’appartient pas au gang des voitures volées. Deuxièmement, il connaissait 1 activité de ce bandit sans jamais l’avoir vu. - Quclqu un a dû le renseigner. - Sans aucun doute. Mais (pii ? - Un homme (pii, lui. fait partie de la bande. Nous sommes restés un moment silencieux. Danv s'est assis et s’est mis à contempler la photo de sa femme posée sur le coin de son bureau. Son visage s’est affaissé brusquement. - Où donc peut-elle bien être ? A-t-il mur- muré. Pourquoi n’avons-nous aucune nouvelle ?
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- Il cherche à éprouver tes nerfs*. Rien n?es plus pénible que l’attente. Tu tournes autour cl Ion bureau, lu surveilles le téléphone, tu rr dors pas... Voilà la vengeance de ce type : i veut te faire souffrir ! - Mais qui. bon Dieu ? - Tu as beaucoup d'ennemis. Dan. Tous le hommes que tu as arrêtés se vengeraient volon tiers de toi s ils en avaient les moyens. Il fau chercher de ce côté. - Tous les coups je les ai faits avec toi Michel. Depuis dix ans nous travaillon ensemble. Pourquoi moi ? a-t-il demandé d’ui air gêné. - Tout simplement parc e que je suis céli bataire. Une femme est plus vulnérable qu ui flic. El un flic marié est plus fragile qu ui homme seul. Il a touché la corde sensible*. - Tu as raison. Dans ce cas. il nous fau revoir toutes les affaires* que nous axons traitée ensemble. - (/est justement ce que j allais te pro poser...
IV Depuis deux jours, on relisait jour et nuit les dossiers de vols et d attaques à main armée. On n’avait trouvé aucun indice qui pouvait nous mettre sur une piste. On commençait à déses- pérer quand un matin, vers onze heures, une jeune femme est entrée et a demandé l'inspec- teur Morin. - C'est moi. a-t-il répondu. Que désirez- vous ? La jeune femme portait un manteau de fourrure et traînait un petit chien au bout d'une laisse. - Je viens vous porter un message. C’est au sujet de votre épouse. A ces mot, Dany s’est levé brusquement. - Que savez-vous de ma femme ? - Pas grand-chose. Hier soir, j’ai reçu ceci dans ma boîte à lettres... Elle a tendu un papier à Danv. C’était une
24 lettre composée avec des caractères découpés dans des journaux. Elle disait ceci : En guise de signature, on pouvait lire : «Un ennemi qui vous veut du mal». - Eh bien voilà un message tout à fait clair ! ai-je dit à Dany en relisant la lettre. - Avez-vous une idée de la personne qui a écrit ceci ? a-t-il demandé à la jeune femme. - Aucune ! Le mot était juste accompagné de l’adresse où je pouvais vous trouver. Je ne sais rien de plus. - Mais pourquoi vous a-t-elle envoyé cette lettre à vous ? Elle pouvait le faire elle-même,
ou bien simplement me contacter par télé- phone ? - Je vous le répète : j’ignore tout de cette personne ! - Bon, je vous remercie ; et je compte sur votre discrétion pour ne pas ébruiter* l’affaire... - Comptez sur moi, inspecteur. Puis elle est partie. - Décidément, ce type a de curieuses manies* ! - C’est un malin, tu veux dire !... As-tu observé cette femme en détail ? - Euh... pas vraiment. Elle était assez bien habillée, c’est tout ce que je peux dire. - Elle fait partie de la haute bourgeoisie parisienne C’est une de ces femmes qui fréquentent chaque semaine les salons de coiffure de l’avenue Montaigne* ! - Et après ? Est-ce un mal ? - Pour notre affaire, oui ! Car tu sais comme moi que les gens bavardent beaucoup chez le coiffeur. Or, cette femme vient de vivre un événement exceptionnel : elle se trouve mêlée par hasard à une histoire policière. Que va- t-elle faire à ton avis ? En parler à toutes ses amies ! D’ici demain tout le quartier sera au courant. Et dans deux jours il y aura des articles dans la presse. - Il aurait pu écrire directement à un journal... - Il a voulu d’abord me prévenir, pour me faire peur. - Qu’as-tu décidé de faire ?
26 - ('ontinlions d'étudier les dossiers. Noire homme a fait sa première erreur : à présent nous avons une piste ! - Ah oui ? Laquelle ? - Reprenons laffaire depuis le début, si tu le veux bien... In inconnu, donc, vient sonner chez moi. Sous la menace, il oblige Catherine à le suivre et lui prend ses bijoux. Premier indice : il connaît la valeur des pierres précieuses et sait à qui il peut les vendre en toute sécurité. Ensuite, il lente de faire accuser le gang des voitures du rapt afin de brouiller les pistes. Deuxième indice : notre homme connaissait l'identité du meurtrier de Bideau. Enfin il adresse son courrier à une bourgeoise pour nous faire parvenir sa demande de rançon*. Troisième indice : si cette femme ignore qui est l'expéditeur de la lettre, lui n’a pas choisi au hasard sa messagère ! - A quoi veux-tu en venir ? - A ceci : le coupable est un maniaque*. 11 ne peut pas s’empêcher de laisser des traces de son passé. C’est certainement un ancien voleur de bijoux qui fréquentait les beaux quartiers de Paris et qui a eu, à l’époque, un lien avec le gang des voitures volées. - Ton raisonnement tient debout*. Si je comprends bien, il nous faut désormais cher- cher un homme que l’on a arrêté ces dix dernières années et qui corresponde à ce profil ? - Exactement. Et je crois maintenant savoir de qui il s’agit !... a conclu Dany en fouillant d’une main dans les dossiers. Le voilà !... Il a tiré d’un tas de papiers une pochette
2 rouge où était inscrit au feutre noir : AHAIKL LUCAS. - Lucas... Lucas... Attends une minute.... Oui. je m en souviens : nous I avons pris sur le fait alors <pi il était en train de cambrioler une bijouterie, place Vendôme, c est cela ? - Tu as une bonne mémoire*. L affaire* remonte* à e*inq ans. Nous bavons ceuncé* grâce* à un homme* epii l a dénoncé*. Lt il se* trouve* epie* cet homme est celui qui a tué* Bieleau ! - dont s expliepie* à présent ! - Nem. pas tenit. malheureusement : car à I heure* epi il est. Lucas est en prison !
V Un seul appel téléphonique avait suffi pour s’assurer que Lucas était toujours à la prison de la Santé* : il en avait pris pour dix ans. Il nous fallait agir avec prudence. L’homme qùi tenait Catherine en otage était assez dangereux pour aller jusqu’au bout si Dany ne lui remettait pas l’argent, et nous n’avions pour toute piste que celle de Lucas. Je proposai à Dany d’aller le voir dans sa cellule et de l’interroger. - Tu ne tireras rien de lui, m’a-t-il dit. - Ne t’en fais pas pour moi ; j’ai mon idée... Au fond de moi, je sentais que Lucas était notre dernière chance de retrouver Catherine saine et sauve*. Dany avait raison : tous les éléments de l’enquête convergeaient vers lui. Mais il nous manquait encore une pièce dans le puzzle et cette pièce, j’avais maintenant la certitude de la trouver dans la prison même.
Le lendemain, je rencontrais Lucas dans sa cellule. C’était un petit homme maigre. Ses yeux clairs, derrrière ses lunettes, lui donnaient un air rusé de rapace*. Lorsqu’il m’a aperçu, ses sourcils se sont froncés légèrement. - Je vous reconnais : vous êtes l’inspecteur Michel. Que me voulez-vous ? - Vous parler un moment. - Je n’ai rien à vous dire. J’ai souri tout en faisant comprendre au gardien de nous laisser seuls. Puis je me suis assis face à Lucas. - Cigarette ? - Je n'accepte rien d’un flic ! a-t-il répondu sèchement. - Bien. Dans ce cas, j’irai droit au but... Quelqu’un s'est amusé à kidnapper la femme de l'inspecteur Morin. - Tant mieux ! - Je ne vous demande pas de commentaire, Lucas ! A votre place, je ferais attention à ce que je vais dire. Nous avons de bonnes raisons de croire que vous êtes dans le coup. - Moi ? Que pourrais-je donc faire ? Je suis en prison depuis cinq ans ! - Je le sais, Lucas. Le problème pour vous, c’est que nous avons retrouvé la voiture qui a servi à l'enlèvement. Dedans, il y avait un carnet d'adresses avec votre nom. A ces mots, le visage de Lucas a pâli. - Et alors ? Qu'est-ce que ça prouve ? - Pour le moment, pas grand-chose. Seule- ment, nous avons aussi trouvé à qui appartient ce carnet.
- Et après ? Vous voulez que je vous aide, peut-être ? - Exactement. Si vous m’aidez, vous béné- ficierez de l’indulgence* de la justice. Dans le cas contraire, vous ferez dix ans de plus en prison. - Vous bluffez*, inspecteur. Je n'ai rien à voir avec cette histoire. - L’homme s’appelle Véran. Lucien Véran. Il a été votre compagnon de cellule pendant trois ans. Or il a été libéré deux semaines avant cette prise d’otage. Bizarre, non ? Véran n’avait aucun intérêt à se venger de Morin ; il ne le connaissait pas. Mais vous, oui... Des gouttes de sueur coulaient sur le front de Lucas. Il s’était levé et commençait à tourner en rond. - Il vous était facile de lui indiquer tout ce qu’il fallait faire : suivre Morin pour repérer son domicile ; acheter une voiture à l’homme du gang qui l’avait dénoncé six ans plus tôt pour faire d’une pierre deux coups : orienter les soupçons sur lui et se venger ; enfin utiliser un intermédiaire inconnu pour transmettre la demande de rançon. Devant des accusations aussi précises, Lucas ne savait plus quoi dire. Il était coincé. - Allons, parlez, maintenant ! C’est dans votre intérêt. Si vous me dites où se cache Véran. je vous promets qu’il en sera tenu compte en votre faveur. Lucas a hésité. Il in’a regardé de ses petits yeux, doutant de ma parole. Mais il ne pouvait supporter l’idée de rester dix ans de plus dans

32 cette prison. Il a réfléchi un moment, puis a murmuré : - J'accepte de tout vous dire ; mais à une condition... - Laquelle ? - Vous ne lui direz pas que je l ai dénoncé. - Vous avez ma parole. - Vous le trouverez au 34, rue Pierre-Lescot. deuxième étage, près du Forum des Halles. - Il est seul ? - Oui. La femme est dans une cave qu il vous indiquera lui-même. - Merci, Lucas. Pour la première fois de votre existence, vous avez été raisonnable !
3 VI A midi, j’étais revenu au commissariat. J’expliquais à Dany ce qui s’était passé. - Comment t’es-tu débrouillé pour le faire avouer ? m’a-t-il demandé. - C’est simple : j’ai bluffé* ! Lucas était notre seule piste sérieuse. Or, il se trouvait en prison. Le seul moyen pour lui de faire son coup était d’utiliser quelqu’un. Et à qui pouvait-il parler de cette affaire sinon à l’homme qui partageait sa cellule ? Je me suis donc renseigné auprès du directeur de la prison. J’ai appris qu’un certain Lucien Véran avait été libéré il y a peu de temps. Il avait vécu trois ans avec Lucas. J’ai donc tenté ma chance en lui disant que nous avions découvert un carnet d’adresses avec son nom inscrit dedans et que ce carnet appartenait à Véran. C'était assez invraisemblable mais il m’a cru et a fini par tout m’avouer. - Bravo, mon vieux ! J’avais raison de te
34 faire confiance. Je n'aurais pas fait mieux. - Le plus difficile reste à faire : attraper Véran. Lucas m’a donné l’adresse de sa cachette. Quant à ta femme, elle serait prisonnière dans une cave. - Il fa dit où ? - Non. il ne pouvait pas. La condition de ses aveux*, c’est que Véran ne sache pas qu il Ta dénoncé. Il faut qu’on ait l’air de l’avoir trouvé par nous-mêmes. - Bon. Nous allons prendre dix hommes avec nous. Ils encercleront* le quartier Nous, nous attendrons que Véran sorte de chez lui. Je ne veux pas de coups de feu. Il y a déjà eu un mort, cela suffit... Tu crois qu il se méfie ?
- Je ne pense pas. Mais il ne faut pas qu’il nous échappe car il n’hésiterait pas à tuer Catherine. Dany a réuni dix hommes et leur a expliqué son plan. Il avait décidé de ne pas attendre la nuit pour coincer Véran. Vers seize heures, quatre voitures sont arrivées dans le quartier du Forum des Halles, non loin de la rue Pierre- Lescot où l’on avait arrêté le meurtrier de Bideau. C’est un endroit très fréquenté. Il y a de nombreux magasins, un centre commercial souterrain, le métro ; de plus, des millions de touristes viennent s’y promener chaque année. Il y avait un café en face de l’immeuble. Dany a dit à un policier de s’y installer, du côté
de la vitre, et de signaler toutes les entrées et sorties des habitants du 34. Un autre policier est monté dans un appartement qui faisait face à la chambre de Véran. Muni d’une paire de jumelles, il pouvait voir tout ce qui se passait à l’intérieur. Les huit policiers restants surveil- laient la rue, prêts à intervenir. Danv et moi, nous restions dans une voiture garée à quelques mètres de la porte de l'immeuble. Nous devions arrêter Véran lorsqu'il apparaîtrait. Véran était facile à reconnaître : d’après le signalement que le directeur de la prison m’avait donné, il était grand et avait une cicatrice sur la joue gauche. A dix-huit heures, notre homme n avait pas donné signe de vie*. Dany s impatientait. Il craignait un danger pour sa femme. - Ne t’inquiète pas, lui ai-je dit en le voyant soucieux*. Il ne se doute de rien. - 11 a peut-être changé d’adresse au dernier moment ? - Pourquoi le ferait-il ? Ce serait trop dange- reux pour lui. Soudain, un des policiers nous a appelés au talkie-walkie. - Patron, il y a de la lumière dans la chambre de Véran. Quelqu’un est entré. - Vous le voyez ? - Non, pas distinctement. Mais il y a un homme à l’intérieur ; je vois son ombre. - Bon Dieu ! Comment a-t-il fait pour entrer ? Nous n’avons pas quitté la porte des yeux. - Il était peut-être en train de dormir ?
37 - Dormir ? À cette heure ? - Il n’a rien d’autre à faire. - Avec le bruit qu’il y a dans la rue, ça m’étonnerait. Dis à l’un de nos hommes de vérifier s’il n’y a pas une autre entrée. - Nous avons déjà regardé avant de venir. - Eh bien, faisons-le encore une fois ! a-t-il dit sur un ton agressif. Ce type ne tombe pas du ciel ! Il a dû pénétrer dans l’appartement par un autre moyen. - J’y vais moi-même, ai-je répondu en descendant de la voiture. Je suis allé sonner à la porte du concierge. Une vieille dame m’a ouvert. - Bonjour, madame. Je suis inspecteur de police. Je voudrais savoir combien de portes communiquent avec votre immeuble ? - Il y en a trois. La porte principale, celle de la cour et une troisième au niveau de la cave. - La cave, dites-vous ? - Oui. C’est une petite entrée qui a été cons- truite pendant la dernière guerre. Elle servait d’issue aux Résistants*. - Où mène-t-elle ? - A la cave de l’immeuble voisin. - Qui a les clés ? - La concierge d’à côté et moi-même. Mais je n ai même plus la mienne, elle a disparu voilà deux semaines. - Disparu ? - Je l’accrochais comme d’habitude sur le tableau que vous voyez là, au mur. Et puis un matin je me suis aperçue qu’elle n’y était plus. - Vous descendez souvent dans cette cave ?
38 - Non. jamais. J'ai peur des rats ! L'autre concierge n'y va pas non plus. Elle, c’est des araignées qu elle a peur. - Bien, je vous remercie, madame. Je suis revenu rapidement à la voiture où Danv m attendait. - V éran a volé la clé de la porte qui commu- nique avec la cave de l immeuble d à côté. La concierge dit que personne n y descend jamais. Je suis sûr (pie ta femme y est ! - Et lorsqu il rentre ou sort. Véran passe par là ? - Aucun doute là-dessus. Pour lui. c est une
39 sécurité en plus. Il peut à la fois vérifier |H comment va sa prisonnière, et entrer et sortir sans se faire remarquer. - Il est aussi rusé que Lucas. Mais cette fois, nous le tenons. Tu vas descendre dans cette cave et libérer Catherine pendant que moi je m’occupe de Véran. - Non, c’est moi qui me charge de lui. - Ecoute, Michel, c’est mon affaire. - Peut-être ; mais c’est aussi ta femme ! Allons, ne discute pas : laisse-moi arrêter Véran. Quelques instants plus tard, je pénétrais dans i l’immeuble et montais au deuxième étage. Un ’ coup d’œil sur le couloir : il n’avait pas de fenêtre et comportait seulement deux portes d’appartement. J’ai armé mon pistolet, prêt à intervenir. Pour la première fois, ma main tremblait. J’avais peur de commettre une erreur ; fatale pour la vie de Catherine. Après tout, je n’avais pas la certitude qu’elle se trouvait dans cette cave, et Véran pouvait encore m’échapper. Pendant peut-être une demi-minute, je suis resté immobile dans l’ombre, le dos collé au mur. ; Soudain, un bruit, derrière moi, a éveillé mon * attention. Je me suis retourné brusquement, mais trop tard : j’ai senti une douleur terrible sur < mon crâne, le plafond du couloir a basculé ' devant mes yeux et je me suis évanoui. Lorsque je suis revenu à moi, j’ai aperçu le visage de Dany qui me souriait. - Ça y est, il se réveille ! - Que se passe-t-il ? ai-je murmuré en me redressant. Oh ! ma tête ! Qu’est-ce qu’elle me fait mal !
- Tu as reçu un sacré coup ! Heureusement, le médecin a dit que tu n’avais rien de cassé. - Et Véran, où est-il ? - Pas loin d’ici. On l’interroge. - Vous avez fini par l’avoir ? - Oui. Mais quand je l’ai vu dans la cave, j’ai eu très peur pour toi. Je me suis demandé com- ment il avait pu s’échapper. - Et Catherine, est-elle... ? - Ne t’inquiète pas, elle est saine et sauve. Je l’ai trouvée ligotée*, derrière un las de pierres. J’étais à ses côtés lorsque Véran est arrivé. Il n’a pas eu le temps de me voir. Je lui ai sauté dessus. Nous nous sommes battus ; sa tête a •heurté le mur et il s’est écroulé. - Mais comment a-t-il fait pour me sur- prendre ? - Il avait loué les deux chambres de l’étage : une où il dormait, et une autre par où il pouvait s’enfuir en cas de danger. Il t’a entendu monter et s’est alors planqué dans l’autre pièce. Il a ouvert légèrement la porte pour voir où tu étais. Puis, çonstatant que tu était seul, il t’a assom- mé par-derrière. - Je ne m’en sors pas trop mal ; il aurait pu me tuer ! - Je m’en serais voulu toute ma vie ! a répondu Dany en souriant. - Et Lucas ? Que va-t-on faire de lui ? - Tu lui as donné ta parole ? - Oui. - Dans ce cas, nous la respecterons. Rien n’est plus précieux que la parole d’un flic ! - Merci Dan.
41 - (Lest moi qui te remercie*. Tu as fait un sacré travail ! Et maintenant, c est moi qui donne les ordres : tu vas te reposer jusqu’à demain. Nous allons nous occuper de toi. Catherine et moi. - Ce n est pas nécessaire, Dan ; je me sens déjà beaucoup mieux. - Ne discute pas. Labiche va te ramener à la maison et demain nous dînerons ensemble. Une question me brûlait les lèvres*. - Et Catherine, qu a-t-elle dit ? - Je te raconterai tout demain. Ou plutôt : elle f en parlera elle-même !
42 ÉPILOGUE Au moment où Dany a sonné, je lisais le récit de la capture de Véran dans les journaux. Catherine est entrée la première. Elle paraissait fatiguée mais elle avait le sourire. - J’étais impatiente de vous voir, m’a-t-elle dit en déposant un baiser sur ma joue. Je me suis senti rougir. - Allons, remets-toi, Michel ! Ce n’est pas le premier baiser que tu reçois ! - Je n’ai pas fait grand-chose, Catherine. C’est Dany qui s’est occupé de tout. - Vous êtes aussi menteur que mon mari ! - J’espère au moins que vous n’avez pas souffert durant votre détention* ? - J’ai fait confiance à Dan et j’ai essayé de garder le moral, a-t-elle répondu en se retour- nant vers son mari. - Elle a été formidable ! a ajouté Dany. - Que voulez-vous ! Lorsque j’ai épousé
43 Dan, il était déjà policier. Je savais donc à quoi m’en tenir*. - Mais je crois savoir que vous lui avez demandé de démissionner* ? lui ai-je dit timidement. - Oui, c'est vrai ; mais à présent... Catherine a regardé son mari. La douceur de ses veux m a fait regretter d être célibataire. - A présent, je n en suis plus si sûre, a-t-elle ajouté. Je me dis que s il m’arrivait encore un malheur, nul autre que lui ne me défendrait mieux, d autant plus que... - D autant plus que quoi ? - Nous avons une nouvelle à vous annoncer... - J adore les surprises !... De quoi s agit-il ? - Je rentre dans la police. - Non, ce n'est pas possible ! - J'étais fatiguée de faire le même métier depuis dix ans. Kt puis comme ça. je serai capable de me défendre moi-même ! - Et qu'en pense Dan ? ai-je demandé en me tournant vers lui. - Tu connais le proverbe : «Plus on est de fous, plus on rit» ! FIN
PAGE 3 Un peignoir : un vêtement pour sortir du bain. D'un trait : d'un seul coup. Tiens-moi au courant : informe-moi. PAGE 6 Un coup de tête : une impulsion, une action non réfléchie. Revenu à lui : ayant repris connaissance. PAGE 7 Un pressentiment : quand on devine un événement avant qu'il se produise. Démanteler : abattre. La liste rouge : liste, détenue par la société des Télécommunications, de tous les abonnés du téléphone ne désirant pas figurer sur l'annuaire. PAGE 8 Le cinquième arrondissement : Paris est divisé en vingt circonscriptions administratives ou arrondissements. Notre-Dame de Paris, l'université de la Sorbonne se trouvent dans le cinquième arrondissement. Immatriculé : le numéro sur la plaque de la voiture indique que son propriétaire réside à Paris. Redouter : craindre. PAGE 11 Tendre un piège : inciter quelqu'un à commettre une erreur pour pouvoir l'accuser, preuve à l'appui. Éveiller les soupçons : se faire repérer. Attraper le gros poisson : arrêter les
chefs plutôt que les petits bandits à leurs ordres. PAGE 15 Une coïncidence : un hasard. Prendre en considération : tenir compte de. Sans dommage : ici, vivante et en bonne santé. Un faux pas : une erreur. Garder la tête froide : rester calme. Éprouver la résistance : ici, affaiblir la résistance à la fatigue. Tenir tête : résister, s'opposer à. PAGE 17 Faire une descente : effectuer une perquisition, un contrôle de police dans un lieu suspect. Le Forum des Halles : quartier commerçant et touristique du centre de Paris. Un indicateur : quelqu'un qui donne des renseignements à la police contre de l'argent ou un service. PAGE 19 Couvrir : ici, protéger. Prendre son élan : s'élancer. PAGE 22 Éprouver les nerfs : tester quelqu'un pour essayer de lui faire perdre son contrôle. La corde sensible : le point faible. PAGE 22 En petites coupures : en billets de petite valeur.
PAGE 25 Ébruiter : faire connaître, rendre public. Des manies : des habitudes. Avenue Montaigne : avenue située près des Champs-Élysées à Paris. PAGE 26 Une rançon : prix demandé en échange de la libération d'une personne enlevée. Un maniaque : quelqu'un qui a des idées fixes, des obsessions. Tenir debout : être logique, cohérent. PAGE 27 Dénoncer : trahir. PAGE 28 La prison de la Santé : célèbre prison parisienne. Saine et sauve : en bonne santé (au masculin : sain et sauf). PAGE 29 Un rapace : un oiseau de proie. PAGE 30 L'indulgence : la compréhension. Bluffer : essayer de faire croire quelque chose à quelqu'un pour le manipuler. PAGE 34 Des aveux : ce qui est avoué, des faits dont quelqu'un reconnaît la responsabilité. Encercler : entourer.
PAGE 36 Donner signe de vie : se montrer. Soucieux : préoccupé. PAGE 37 Les Résistants : ceux qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont résisté à l'occupation allemande. PAGE 40 Ligotée : avoir les bras et les jambes liés au corps. PAGE 41 Une question me brûlait les lèvres : j'étais impatient de poser une question. PAGE 42 La détention : la captivité. PAGE 43 Démissionner : quitter volontairement son travail.
Illustrations Christian MAUCLER Conception graphique FAVRE et LAÏK Couverture F. HUERTAS pour HUPPÉ Composition et réalisation CI\D International Édition Françoise LEPAGE
HacToamaa cepna opnrn- HajIbHblX KHMr ÆJI5I HTCHHB COBpeMeHHblX 0paHIjy3CKMX aBTopoB, opneHTnpoBaHHaa Ha cooTBeTCTByiomHe ypoB- HH OÔyHeHHfl, ABJIfleTCfl ÆonojiHeHHeM k yneÔHO- MeTO/ÇMeCKMM KOMIBieKCaM «Pile ou Face» 1-3. üo BonpocaM npHoôpeTeHH^ khut æhh HTeHHH H yneÔHHKOB «Pile ou Face» oôpamanTecb no TejieÿoHaM: (095) 229-0303, 973-9033, #aKc 229-0303, 973-9032. Azjpec ajdi nnceM: 105523, MocKBa, a/a 19.