Автор: Bedi Kartlisa  

Теги: fiction  

ISBN: 0373-1537

Год: 1984

Текст
                    BEDI KARTLISA
revue de kartvélologie
VOL. XLII
ÉTUDES GÉORGIENNES ET CAUCASIENNES
PUBLIÉE AVEC LE CONCOURS
DU CENTRE NATIONAL
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Paris 1984

DIRECTEUR-RÉDACTEUR : Kalistrat Salia, Académicien Honoraire de l’Academie des Sciences de Géorgie, Professeur hon de Lettres, Vice-président de l'Union Inter- nationale de la Presse Scientifique, 8, rue Berlioz, 75116 Paris. Tél 500.17-93 COMITÉ DE LECTURE: Dom B. OuTTitR, Secrétaire de Rédaction, Membre du Conseil Scientifique de B.K. Nicole Thierry, Dr ès Lettres de l’Université de Paris -1 Membre du Conseil Scientifique de B.K. Bernadette Martin-Hisard, de l’Université de Paris-I Membre du Conseil Scientifique de B.K CONSEIL SCIENTIFIQUE : Julius Assfalg, Professeur à l’Université de Munich, Directeur de la section arabe et de la section géorgienne du Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Éditeur de VOriens Christianus Georges Dumézil, Professeur honoraire au Collège de France, Membre de l’Académie Française et de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres Gérard Garitte, Professeur à l’Université de Louvain, Membre de l’Aca- démie Royale de Belgique, Directeur de la Revue d’études orientales Le Muséon. François Graffin, Professeur à l’institut Catholique de Paris, Directeur de la Patrologia Orientalis. Yvette Grimaud, Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines, Fonda- trice du Centre d’Études de Musique Orientale, Paris-Sorbonne, Pro- fesseur à l’Université de Paris VIL David Marshall Lang, Professeur d’études caucasiennes à l’Université de Londres, Docteur Honoris Causa de l’Université de Tbilisi. Irène Mélikoff, Professeur à l’Université de Strasbourg, Directeur de l’institut de Turcologie, Directeur de la Revue Turcica Catherine Paris, Maître de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, Membre de la Société de Linguistique de Paris et de la Société Asiatique. Gertrud Pâtsch, Professeur à Friedrich-Schiller-Universitât, Jena Karl Horst Schmidt, Professeur à l’Université de Bonn. Lajos Tardy, Professeur Dr., Membre de la Société Asiatique de Paris. Budapest. Michel van Esbroeck, Docteur en philologie orientale, Société des Bollan- distes, Bruxelles. Hans Vogt, Professeur à l’Université d’Oslo, Membre des Académies des Sciences et des Lettres de Norvège et de Danemark, Membre hon. de la Linguistic Society of America, Docteur Honoris Causa de l’Université de Tbilisi.
ISSN 0373-1537 Fondateur : NINO SALIA Bedi Kartlisa, Revue de Kartvélologie 8, rue Berlioz, 75116 Paris. Tel. . 500 17-93 Compte Salia, 45410 A Crédit Lyonnais 61 ter, avenue de la Grande Armée, Paris Imprimerie Orientaliste, s prl , PO Box 41, B-3000 Louvain (Belgique)
SOMMAIRE Eugen Kharadze — Communiqué sur l’élection de K Salia, Acadé- micien honoraire de l’Académie des Sciences de Géorgie 7 Remerciements . . 7 Lettre adressée par le doyen d’âge de l’Académie des Sciences de Géorgie, Maître des Études géorgiennes, Akaki Chanidzé à N. K. Salia ... .... 8 Thamar Béréjiani (f) 9 Thamar Katséladzé (t) . 9 Nodar Doumbadze —Une lumineuse image (tPavlé Ingoroqva) . 11 B. Martin-Hisard — L’aristocratie géorgienne et son passé tradition épique et références bibliques (VIIe-XIe siècles) . . 13 M van Esbroeck — Le «de sectis» attribué à Léonce de Byzance (CPG 6823) dans la version géorgienne d'Arsène Iqaltoeli . 35 M Shanidzé. — An old Georgian grammatical treatise in a collection of homilies attributed to John Chrysostom . 53 T. Kourtsikidzé, N. Kadjaïa — De la composition des «instructions géorgiennes» de Basile de Césarée ... 69 G. Ninua. — Die Georgische Version der pseudo-Makarios Schriften 80 M. van Esbroeck. — Le IVe symposium sur l’art géorgien à Tbilisi (23 mai-3 juin) . . . . . .... 88 V. Beridzé. —Architecture géorgienne de la période transitoire (milieu VIF s.-Deuxième moitié Xe s.) . ... . . 91 T. Sanikidze. — Ouplistsikhé - La ville rupestre à temple . 104 N. Thierry. — Un encensoir protobyzantin à Lagurka à propos des trésors d’Art en Svanétie . .... 119 N Thierry. — Peintures géorgiennes en Turquie . . 131 S. Dufrenne — Cierge de la Chandeleur dans la présentation du Christ au Temple, en Géorgie ... . 168 P Licini. — A Venetian Manuscript about the Turkish Invasion of Georgia by Sultan Amurat III (XVIth c.) . . . . . 177 L. Magarotto — Influences Qajar dans la peinture de Lado Goudiach- vili........................................................... 185 M Déribéré — Les trésors et l’histoire de la Géorgie . 198
6 SOMMAIRE M. Déribere. — L’«étendard à la Croix» des Mongols en Géorgie 199 M Inadze. — La colonisation grecque du littoral de la Colchide . 201 N Kakabadzé — Osterreichisch-Georgische Kultur und Literatur- beziehungen . . . . 212 S. Kiknadzé — Die folkloristischen Varianten der «Bekehrung Géorgiens» ....................... • ..............222 Dr Marius Schneider (1 7 1903-10 7 1982) . . ... 232 K Hiichins —The Caucasian Albanians and the arab Caliphate in the seventh and eighth centuries .... . . ... 234 Dom B. Outtier — Le mot fboô existe-t-il en géorgien ancien? Ce mot, qui apparaît dans une homélie de Mélèce d’Antioche (CPG 3425 (8)), est une faute de copiste . . .... 246 D Rayfield. — Georgian Dendronyms .................................... 248 René Gsell, Isak Tsey, Catherine Paris, Niaz Batouka, A. Tlich, Pierre Dréan, Marc-Yves Lautrou. — Patsitse-le-corbeau, conte Tcherkesse en dialecte Abzakh . . . ... 253 K H. Schmidt. — Vôlker im Süden und Osten des Kaukasus . . 293 R Smeets. — Morphologie Tcherkesse II - La catégorie de possession Première partie description de la catégorie en Chapsoug de Düzce 332 B G. Hewitt. — K’avk’asiuri enatmecnierebis c’re . . . 352 B. G. Hewitt — Another look at the georgian speech-particle ’-tko// -tkva’ . . . . . .... 354 L. Magarotto. — I manifesti délia rivista «Cisperi q’anc’ebi» . 361 K Salia. — La littérature géorgienne . .... 368 Dom B. Outtier. — Wolfgang Schulze, Die Sprache der Uden in Nord-Azerbajdzan. Studien zur Synchronie und Diachronie einer siid-ostkaukasischen Sprache . ............. . . 379 Dom B. Outtier — Michel van Esbroeck, Barsahée de Jérusalem sur le Christ et les églises, Patrologia orientalis, t. 41, fasc. 2, n° 187 383 W. Boeder. — Bûcher aus Géorgien : Sprachwissenschaft . 384 Chronique : Dora Panayotova-Piguet (Dr ès Lettres) .... 388
MESSAGE DU PRÉSIDENT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES DE GÉORGIE Professeur K Salia 8, rue Berlioz 75116 PARIS (FRANCE) J’ai l’honneur de vous faire connaître que le 13 octobre 1983 l’assemblée générale de l'Aca.démie des Sciences de la République de Géorgie vous a élu à l’unanimité Membre honoraire de l’Académie des Sciences de Géorgie, pour votre contribution au développement de la science et de la culture géorgienne Je vous prie d’agréer avec mes félicitations l’expression de mes meilleurs sentiments Le Président de l’Académie des Sciences de la République de Géorgie, l’académicien E Kharadzè Réponse Au Président de l’Académie des Sciences de la République de Géorgie, l’académicien E. Kharadzè Monsieur le Président, je suis profondément touché par la nouvelle de l’honneur qui m’a été accordé par la plus haute autorité scientifique et culturelle de ma patrie C’est la plus belle récompense, à laquelle je n’aurais jamais pensé Elle sera, au soir de ma vie, un puissant encouragement pour continuer jusqu’au dernier souffle l’œuvre entreprise par nous il y a des dizaines d’années au service de la culture géorgienne. Je vous prie de trouver ici l’expression de ma vive gratitude pour cette élection et de remercier en mon nom chacun des académiciens à qui je dois cette grande joie qui va réchauffer un peu mon cœur bien fatigué Très respectueusement, Kalistrat Salia
8 E KHARADZE Nous avons reçu de nombreux télégrammes et lettres de félicitation de nos collaborateurs étrangers et de Géorgie même à qui nous adressons nos sincères remerciements Nous publions ici les extraits de la lettre d’Akaki Chanidzé, doyen d'âge de l’Académie des Sciences et Maître incontesté des études géorgiennes adressée à nous le 17-X-83, A l’Académicien Honoraire de l’Académie des Sciences de Géorgie, à Monsieur K Salia, Très honoré et cher Monsieur Salia, Pefmettez-moi de vous féliciter chaleureusement de ce que notre Académie des Sciences vous a élu Membre Honoraire J’ai eu le grand plaisir d’avoir pu participer, moi aussi, de près, à votre élection comme Membre Honoraire de notre Académie En effet, lors de la séance plénière, j’ai adressé à votre sujet une proposition dans laquelle je caractérisais la vigueur de votre activité comme directeur de Bedi Kartlisa- vous avez su regrouper autour de vous des kartvélologues travaillant dans diverses villes d'Europe et vous avez publié dans votre revue, en français, en anglais, en allemand, en italien, les résultats de leurs recherches; votre revue est ainsi devenue un solide instrument de travail de dimension internationale. Dans ma proposition j’ai examiné longuement votre Histoire de la nation géorgienne, j’ai exposé son contenu, souligné sa remarquable illustration et j’ai finalement conclu: «Pour toutes ces raisons, l’ouvrage de Monsieur Salia constitue un précieux acquis pour la science, il rendra un éminent service à notre pays car il offre au lecteur des informations fiables et indispensables Si nous ajoutons à cela que, traduit et publié en anglais, il jouira d’une grande diffusion et contribuera à dissiper, en Europe, en Amérique et ailleurs, le brouillard qui enveloppe le passé et le présent de notre pays, je me trouve pleinement autorisé à présenter à vos suffrages la nomination du Professeur Kalistrat Salia comme Membre Honoraire de notre Académie des Sciences».
Thamar Béréjiani (+) Thamar Béréjiani naquit en 1906 à Tiflis, dans une famille de militaires. Son père, Giorgi Revia, mourut en 1915, au cours de la première guerre mondiale. Par sa mère, Thamar était alliée à la famille du grand patriote Dimitri Qipiani; elle fut souvent reçue chez eux, à Kvichxéti, à Véziri et à Tjala. Elle avait neuf ans à la mort de son père, elle acheva ses études secondaires à Tiflis. En 1931, elle se maria avec un ingénieur allemand et ils quittèrent Moscou pour Berlin, où ils formèrent une famille exemplaire. Néanmoins, elle ne s'éloigna pas des Géorgiens : elle les recevait une fois par semai- ne; parmi les célébrités qui étaient alors en Allemagne, on comptait Grigol Robakidzé, Mixako Tsérétéli, Lado Axmeteli, Grigol Diasamidzé et la famille Papava. Thamar Papava était la marraine de Thamar. Pendant la seconde guerre mondiale, Thamar perdit son époux. En 1945, elle se maria avec son ami d’enfance, Chota Béréjiani et ils vinrent habiter à Paris : une nouvelle vie commença pour eux. Par leur énergique labeur, ils construisirent une petite maison dans les environs de Paris. Le fervent amour de Thamar pour tout Géorgien se traduisait par le renom d’hospitalité de leur famille ; elle mérita de la part de tous amour et profond respect. En 1982, elle dut entrer en clinique; après une opération, il y eut des complica- tions. Elle décéda le 31 juillet 1983. Le décès de Thamar causa une immense tristesse. Elle est enterrée au cimetière géorgien de Leuville, où reposent côte à côte M. Tsérétéli et G. Robakidzé. Thamar Katséladzé (t) Thamar Katséladzé naquit en 1903 à Tiflis; elle est décédée le 20 janvier 1984. Elle vint à Paris avec ses parents et s’installa à Leuville. Elle poursui-
vit ses études à l’institut de jeunes filles de Montlhéry et obtint son brevet Elle fit venir auprès d’elle ses parents et les aida. Son bon naturel la poussait à aider tout le monde, et elle mérita l’affection de tous. Elle s’attachait de toute son énergie aux affaires communes association de bienfaisance, affaires scolaires de la colonie géorgienne, etc C’est pourquoi l’Amicale estimait grandement Thamar, et l’adopta à ce point que la famille fondée par Thamar devint l’objet de l’affectueux respect de tous les Géorgiens; quant à Thamar, elle estimait beaucoup nos Géorgiens et pour elle, tout Géorgien était également honorable • elle ne savait pas faire de différence Elle estimait bonne et utile toute entreprise géorgienne et l’aidait autant qu’elle pouvait. Elle joua un grand rôle dans la transmission du folklore géorgien, que ce soit les chants ou la danse. Elle créa une école géorgienne pour les en- fants. Comme une bonne couturière qu’elle était, elle cousait avec joie des robes géorgiennes pour les danseuses. Elle a beaucoup fait pour la jeunesse. Il faut noter également qu’elle a orné les monuments funéraires d’inscriptions en géorgien. Une très nombreuse assistance a accompagné la chère disparue . beaucoup de larmes furent versées . .
UNE LUMINEUSE IMAGE Aujourd’hui le peuple géorgien, la littérature géorgienne et la communauté scientifique, chacun de nous dit adieu à un grand patriote, à un écrivain et à un chercheur qui a bien mérité, à un citoyen exemplaire, à l’un des fondateurs de l’Union des écrivains de Géorgie et à l’un de ses membres les plus âgés. Pavlé Ingoroqva. Il y a quelques jours, le peuple géorgien reconnaissant lui a souhaité son quatre-vingt-dixième anniversaire. Mais aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de prendre congé de cette lumineuse image, resplendissante de vertu, d’intégrité, de mérite et de patriotisme. Son trépas n’a point été pour nous inattendu: au contraire, la longévité d’un homme écrasé par un labeur surhumain mené de jour et de nuit avec une extraordinaire énergie et sa clarté d’esprit nous étonnaient toujours chez quelqu’un qui avait été atteint dès sa jeunesse d’un mal grave, presqu’incurable Quant à moi, je m’explique seulement ainsi ce mystère: la Patrie souffre toujours du départ d’un de ses enfants méritants, d’un enfant qui augmente le renom, la gloire, la pensée et l’idéal de son peuple : voilà pourquoi la nature lui augmente goutte à goutte et lui prolonge la vie, afin de prolonger et de rendre immortelle sa propre vie. Le cours de la vie de Pavlé a été difficile, très difficile. La seule considération du poids que Pavlé Ingoroqva porta tout au long de sa vie, sans s’en décharger, jette dans la stupeur. Une profonde analyse de l’œuvre de Giorgi Merculé, de Nikoloz Baratachvili, d’ilia Tchavtchavadzé, d’Akaki Tsérétéli et de tous les écrivains du XIX' siècle, les «Documents historiques de Svanéti», la «Louange et glorification de la langue géorgienne», les ïambes de la reine Tamar, d étonnants Roustveliana ... je ne sais vraiment pas quoi énumérer • tout ce qui vient d’être dit et ce qu’il a écrit serait le fier héritage du travail d’une institution scientifique pendant tout un siècle. Est-il possible, Pavlé, d’ajouter: «Que te soit légère la terre du Panthéon de Didoubé»? Terre dorénavant encore plus lourde du chagrin et des larmes du peuple géorgien! On a de la peine à parler ainsi. Quelque chose, en tous cas, est absolument évident plus ton fardeau fut lourd, plus tu te sentais heureux Car ce poids de nouveau t’entraînait vers
12 N DOUMBADZE la terre de la patrie, t'attirait vers elle et te rapprochait d’elle Aussi sois grandement heureux, il est heureux de la même façon le pays qui a un tel fils C’est pourquoi l’homme qui désormais prend sur lui ton joug doit s’attendre à une vie très difficile, bien qu'heureuse Et à la fin, il quittera cette terre méritant et le front haut, comme toi. Adieu, notre cher et bien-aimé Pavlé. dors en paix aux côtés de tes ancêtres renommés dans ce saint lieu de repos Sache que les chaudes larmes et la grande tristesse de ton peuple t’accompagnent Nodar Doumbadzf (Trad Dom B Ovther) Président de l’Union des écrivains Géorgiens Tbilissi
L’ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ TRADITION ÉPIQUE ET RÉFÉRENCES BIBLIQUES (VIIe-XIe siècles) Dans l’histoire médiévale de la Géorgie, le XIe siècle correspond à la période de l’unification en un seul royaume de presque tout l’ensemble des terres géorgiennes jusque-là politiquement dissociées1 Le royaume unifié de Géorgie se constitua au bénéfice de la famille des Bagratides dont l'histoire, des origines au XIe siècle, est racontée dans une œuvre composée vers 1030 par un Géorgien dont le nom seul nous est connu, Sumbat’ fils de David, c’est une œuvre courte — 14 pages dans l’édition de référence — qui s’intitule « Vie et Histoire des Bagratides d'où ils sont venus en ce pays et depuis quand ils ont détenu le pouvoir royal au Kartli»2. L’analyse du texte de Sumbat’ est à la base de ces quelques réflexions sur l’aristocratie du haut moyen-âge géorgien, elles ne sont pas définitives3 et il convient de préciser qu’il y est question non pas de l’origine réelle des Bagratides4 ni de l’existence et des spécificités d’une éventuelle féodalité géorgienne5, mais seulement de la manière dont un Géorgien du 1 Sur l'histoire médiévale de la Géorgie, les ouvrages de référence sont les tomes 2 et 3 des Etudes sur / Histoire de la Geotgie (en géorgien), Tbilisi 1973-1979. et K Salia, Histaùe de la nation géorgienne. 2e éd . Paris 1983 2 L’édition de référence est celle de KattUs Cvmtebu (Histoire du Kartli), tome I, Tbilisi 1955. p 372-386 (ouvrage cite désormais K C ) Sur cette œuvre, C Todma\ole, Medietal Geotgian Historical Literature, dans Traditio 1, 1943, p 154-156 (article cite Toumanoff. Literature) 3 Le contenu de cet article a fait l’objet d'une communication présentée en février 1983 au séminaire que M Georges Duby consacre au College de France a l'étude des structures familiales médiévales La famille des Bagratides est au moyen-âge représentée par deux branches qui ont parallèlement animé la vie politique en Géorgie d'une part, en Arménie de l'autre La question des relations entre ces deux branches est complexe et alimente des discussions passionnées et passionnelles Au moyen-âge, les Bagratides, géorgiens et arméniens, n'ont jamais nie qu'il y ait. entre eux, des relations, chacun en a rendu compte à sa manière et en fonction de contextes différents, la divergence de leurs visions n’a guère trouble les hommes de ce temps En Occident, la question de l'existence d'une société féodale géorgienne qui serait comparable aux sociétés féodales médiévales d’Europe occidentale a été posee par G Charachidze, Introduction à / étude de ta féodalité géorgienne ( Le Code de Georges le Brillant ), Genève 1971, en particulier p 9-25, qui, avec beaucoup de prudence, met en garde contre ce qu’il appelle «les travers de 1 illusion feodale» C’est dans ce travers que me semble être tombé C Toiimanoef. La noblesse géorgienne sa genèse et sa struilute, dans Rtsista Araldica 54 9. 1956, notamment p 264-268 La nature des documents géorgiens dont nous disposons jusqu'au XIe s ne permet guere
14 B MARTIN-HISARD moyen-âge a parlé de l’origine des Bagratides géorgiens auxquels il était lui- même vraisemblablement apparenté6. Si l’on considère le titre de son œuvre, il semble que Sumbat’ se soit assigné un double dessein- étudier l’origine d’une famille initialement étrangère au Kartli mais ensuite parfaitement intégrée, étudier les circonstances de son accession au pouvoir Sumbat’ passe traditionnellement pour avoir voulu démontrer que le pouvoir royal avait été détenu au Kartli, dès la fin du IXe siècle, par une famille issue du roi biblique David dont il retrace l’histoire jusqu’au début du XIe siècle. Cependant, à considérer la place de cette œuvre dans l’ensemble des sources narratives géorgiennes, à considérer aussi sa forme, je suis tentée de penser que son intérêt ne saurait se limiter à de telles conclusions, génératrices au demeurant d’appréciations peu scientifiques7 A la différence de l’historiographie arménienne qui s’intéresse principale- ment aux grandes familles du pays8, la littérature médiévale géorgienne offre, avec VHisloire des Bagratides de Sumbat’, pratiquement le seul exemple d’un texte ayant pour objet l’histoire d’une famille Elle pourrait donc paraître aberrante au sein de cette littérature. Ce n’est pas le cas • elle est, en réalité, liée à ce que j’appellerai les Annales Royales du Kartli, c’est-à-dire à un groupe de trois textes, composés à trois périodes différentes (vraisemblablement les VIIIe, IXe et XIe siècles), ayant subi de nombreux remaniements et qui — continua- tion les uns des autres — ont été de bonne heure perçus par les Géorgiens comme formant un tout9 Les Annales, ensemble d’environ 300 pages, d'appréhender clairement l'organisation sociale du monde géorgien D'autre part, en ce qui concerne les concepts de féodalité et de féodalisme, la recherche occidentale a considérablement progresse depuis quelques années, voir par exemple P Toubert, Les féodalités méditerranéennes un problème d histoire comparée, dans Structures féodales et féodalisme dans / Occident méditerra- néen (Xl-XIH“ s ) Bilan et perspectives de recherche. Rome 1980 (Collection de l’Ecole Française de Rome 44), p 1-13, et J -P Poto et E Bournazel, La mutation féodale. Xe-XHl s, Paris 1980 On ne peut plus en rester à la description purement juridique donnée autrefois par F -L Ganshof, Qu est-ce que la féodalité \ Bruxelles 1957, ni même à la grande synthèse de R BoutRUCHe, Seigneurie et féodalité. 2 vol . Paris 1959-1970 6 Infra p 25 Je dois beaucoup pour cette façon d'étudier les sources narratives aux travaux nombreux que M Bernard Guenee a consacres à l’historiographie medievale occidentale Je citerai en particulier Les généalogies entre / histoire et la politique la fierte d être Capétien en France au Mas en-âge, dans Annales 1978, p 450-477. et surtout Histoire et Culture historique dans l Occident médiéval. Paris 1980 Toumanoff, Literature. p 154-155. et surtout du même Studies in Christian Caucasian Histots. Wetteren 1963 dans l'Excursus intitulé The Rosal List of the Conversion of Georgia and Sumbat s Histors of the Bagratids p 417-428 (cite désormais Toumanoff, Studies) J Muyldermans, L Historiographie arménienne, dans Le Museon 76, 1983, p 109-114 9 II s agit de YHistoire des rois kartséliens de Léon Mrovéli (ed K C p 1-71), de la Vie de I a\t angGorgasaldeDzhuanser(ibid p 139-144) et de la Chronique du Kartli (ibid p 249-317),cf Toumanoff. Literature. p 166-171 et 173-174 Les liens entre ces œuvres et surtout entre les deux premières ont été depuis longtemps soulignes, en particulier par K Kekelidzé, largement cité par Toumanoff, mais l'unanimité des savants est loin d’être acquise quant aux dates de rédaction de ces
L'ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 15 commencent par une longue introduction qui raconte le peuplement originel de la Géorgie et les débuts de la royauté10 Puis elles donnent en un récit continu 54 notices plus ou moins étoffées, chacune consacrée à l’un des rois qui se sont succédé en Géorgie orientale depuis les origines mythiques jusqu’en 107211 Trois notices sont particulièrement longues n“ 1, Parnavaz, fondateur de la royauté après l’expédition d’Alexandre, n" 23, Mirian, le premier roi chrétien converti par sainte Nino, n° 32, Vaxt’ang Gorgasal12 Chaque notice est précédée d’un titre qui donne le n° du roi, son nom, sa parenté avec le roi précédent, et sa lignée (parnavazide, xosroide ou bagratide) Un seul roi, le n° 50, apparaît comme un individu isolé, et sa lignée est remplacée par une indication d’origine: il est apxaze13. L’appartenance à une lignée se fait par descendance masculine, directe ou collatérale, mais aussi par le biais de l’adoption d’un prince étranger qui épouse, au préalable, la dernière héritière de la lignée, c’est le cas de Mirian d’origine perse, fondateur de la dynastie xosroïde Le royaume de Kartli fut supprimé par les Perses sassanides vers 580, et la période de disparition de la royauté est bien apparente de la notice n" 40 à la notice n° 48 • le titre de roi est remplacé par ceux de mtavar (chef), de mtavar des éristavs (chef des ducs), ou par le titre byzantin de curopalate14. Cependant à l’intérieur de cette série non-royale, les notices nü 43 et 44 semblent indiquer une restauration au moins provisoire de la fonction royale, puisque Mir et Arçil sont de nouveau désignés comme rois15 L’œuvre de Sumbat’ qui s’arrête peu après l’avènement du 53e roi, Bagrat’, a dû être composée vers 1030 On ne peut dire si la troisième partie des Annales, la Chronique du Kartli, qui couvre les notices 45 à 54, fut composée en sa totalité après 1073 ou si sa rédaction, progressive, était entreprise lorsque Sumbat’ écrivit son Histoire'13. Quoi qu’il en soit, on peut remarquer que, dans l’ensemble, les Annales et l’œuvre de Sumbat’ s’intéressent à la même période (des origines au XIe siècle) et à un même sujet (le pouvoir royal en Géorgie œuvres, voir en dernier lieu les rééditions mises a jour du tome 1 de K Kf-keljdze Histoiie de la littérature géorgienne ancienne (en géorgien). 5e éd Tbilisi 1980. p 237-239 et du tome 2 4e ed Tbilisi 1958, p 252-259 10 Cette longue introduction, due a Leon Mrovéli, a été tout particulièrement étudiée par K Kekeljdze, Les sources liueraües de Leon Mtoxeli (en géorgien), dans Moanibe (université de Tbilisi) 3. 1923, p 27-56, utilise par M Tarchnishvili, Gesdiithte dei kiiddkhen georgiiihen Literatur, Vatican 1955. p 95 11 Se reporter au schéma p 31 12 KC p 20-26 (Parnavaz). p 60-71 (Mirian) et p 72-130 (pour le long récit de sa conversion par sainte Nino). p 144-204 (Vaxt'ang) 13 N" 50 Constantin (K C p 267) 14 Ibid p 222-244 et 249-258 15 Ibid p 233-244 16 C'est ce que je tendrais a penser
16 B MARI 1N-HISARD orientale), dans un même souci (la continuité) et à partir de la même préoccupation (les origines) C'est pourquoi ['Histoire des Bagratides ne saurait, selon moi, se comprendre sans une référence constante aux Annales l’histoire de la famille des Bagratides se déroule en contrepoint de l’histoire des rois jusqu’au moment où les Bagratides deviennent rois à leur tour, les deux histoires devraient alors se confondre, nous verrons qu’il n’en est rien Le parallélisme est tel entre le texte des Annales et celui de Sumbat’ que, lorsqu’à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, le roi Vaxt’ang VI fit faire — sans doute sur la base de corpus pré-existants — une compilation générale des sources narratives de l’histoire de la Géorgie, en vue de constituer comme un canon officiel de l’histoire nationale, l’œuvre de Sumbat’ se retrouva incorpo- rée par fragments dans le texte de ce que j’ai appelé les Annales Royales. C’est le texte de ce canon officiel, rassemblé par le roi Vaxt’ang VI, qui a été édité et traduit en français, au XIXe siècle, par M -F Brosset17 Quels qu’en soient les mérites, cette traduction d’une compilation tardive ne saurait être utilisée par les historiens de la période médiévale comme ouvrage de référence Sumbat’ a donné à son œuvre une forme très particulière18 Elle se présente d’abord comme une généalogie19, puis vient une liste de succession héréditai- re20 que remplace ensuite une nécrologie21, et l’œuvre se termine par deux notices biographiques plus circonstanciées, assez analogues à celles qui font la trame des Annales. Le passage d’une partie à l’autre se fait par l'intermédiaire d’un paragraphe un peu développé consacré à un personnage précis: Guaram fait passer de la généalogie à la liste successorale, Asot de celle-ci à la nécrologie, avec Bagrat’ commencent les notices. Une dernière remarque ne sera pas inutile' le récit de Sumbat’ ne s’attache qu'aux mâles, les filles ou les épouses des Bagratides ne jouent aucun rôle dans l’histoire, elles sont, à une exception près (la mère du roi Bagrat’ I), totalement absentes. Ainsi, contrastant avec l’homogénéité de la structure des Annales, les variations dans la forme de ['Histoire des Bagratides permettent de supposer chez son auteur une intention plus complexe que ce que suggérait à première vue le parallélisme chronologique et thématique de ces deux sources La première partie de l’œuvre de Sumbat’ est une généalogie de 80 noms depuis Adam jusqu’aux sept fils d'un certain Salomon22 M -P Brosset, Hisioite de lu Geoigie depuis I 4ntiquiie /usqu uu XIX siede Edition et /induction Saint-Petersbourg 1849-1856 18 Se reporter au schéma p 30 IQ Un Tel engendra un Tel 20 A un Tel succéda un Tel, son fils A telle date mourut un Tel fils d'un Tel. ayant tel titre, sans enfant ou avec des enfants mâles qui avaient ou allaient avoir tel titre 22 K C p 372-373. 6
L'ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 17 Le début, emprunté à l'évangile de saint Matthieu, n’est autre que la généalogie de Jésus, à deux nuances près: elle ne mentionne pas Jésus mais seulement Joseph, époux de Marie, et elle comporte une génération supplémen- taire celle d’un Joachim fils de Josias23 A partir de Joseph, la généalogie est, me semble-t-il, une création de Sumbat’ Attribuant à Joseph un frère, Cléophas24, il en énumère 28 descendants, aux noms hébreux, jusqu’à Salomon dont les fils sont explicitement dits juifs Cléophas est évidemment le maillon indispensable pour prolonger la lignée de David qui s’arrête normalement à Jésus Sumbat’ a exploité ici une tradition chrétienne ancienne, bien connue d’Eusèbe de Césarée, qui fait de Cléophas, plusieurs fois cité dans les Evangiles, un frère de Joseph, père de nombreux fils25 Laissant de côté les développements qui font de Cléophas et de ses fils de parfaits chrétiens, Sumbat' n’a retenu que sa parenté avec Joseph, et puisque ses descendants sont juifs, il n'y a pas lieu de s’étonner de leur absence dans les Histoires Ecclésiastiques Le choix de 28 descendants de Cléophas n’est pas arbitraire, saint Matthieu avait résumé la généalogie de Jésus en ensembles de 14 générations dont deux à partir de David. La descendance de Cléophas se fait elle-aussi en deux ensembles de 14 générations, et puisqu’ici le personnage important n’est pas Jésus, mais, une génération avant, Cléophas, Sumbat’ a dû — c’est une hypothèse — introduire ce Joachim fils de Josias, ainsi obtient-il, de part et d’autre de Cléophas, une lignée bibliquement parfaite, symétriquement organi- sée en deux fois 14 générations, partant du roi David pour aboutir à un Salomon dont le nom, éminemment royal, ne résulte sans doute pas du hasard26. Sumbat’ donne quelques détails sur les fils de Salomon Juifs de Palestine, Dieu les a conduits en captivité jusqu’aux frontières de l'Arménie et de la Géorgie; ils y ont été baptisés et se sont dispersés, souches des familles bagratides dans ces deux pays27 C’est ainsi qu’arrive au Kartli celui qui s’appelle Guaram et que Sumbat’ présente à la fois comme «un descendant de David» et «le père des Bagratides»28 Le texte, qui présente ici un certain désordre29, ne fournit pas d’explications à cette migration qui conduit les 7 23 Mt 1,10-11 «Amon engendra Josias. Josias engendra Jèchonias et ses frères» Sumbat’(p 372, 15) «Amon engendra losia. losia engendra lovak'im. lovak'im engendra lekonia» P 372. 19-20 «lak'ob engendra loseb, epoux de Mariant et frere de K'ieop'as» 25 Sur cette tradition, AA SS Sept VII, p 5-10 Mt d Abraham à David, de David à la déportation de Babylone (sous Jèchonias). de la déportation a Christ Sumbat' d'Abram à Davit. de Davit à lovak'im. de lovak'im a K'ieop'as, de K leop as à lak'ob, de lak'ob à Solomon Voir note * p 34 27 P 373, 7-p 374. 19 28 P 373. 12 et p 374, 2 Deux passages consécutifs (p 373, 7-25 et p 374. 1-19) disent a peu près la même chose
18 B martin-hisard frères auprès d’une mystérieuse reine Rachel, mais il donne une précision chronologique, la royauté des fils de Gorgasal a pris fin, ce qui correspond à la fin du VF siècle Dans une grande confusion, raconte Sumbaf, et sur fond de rivalité byzantino-perse, l’aristocratie des éristavs tente de se faire reconnaître des pouvoirs accrus30 Mais une assemblée convoquée par le catholicos désigne comme éristav du Kartli Guaram auquel Constantinople décerne la dignité de curopalate31 Guaram est le premier personnage de Sumbat’ qui permette un recoupement avec les Annales où il apparaît sous la notice n° 39, mais avec un profil différent Les Annales qui, pour cette partie, sont l’œuvre de Dzhuanser, exposent que Guaram était apparenté par les femmes à la lignée xosroïde et que, les fils du roi n° 38 étant mineurs, Constantinople l’a choisi comme roi à la demande des grands32 Son successeur, Sfepanoz, renonça au titre royal par peur des Perses et des Grecs3 ’ Je ne m’essaierai pas à concilier ces deux traditions ici, j’observerai simplement leur double différence: choix par Constantinople ou par les éristavs eux-mêmes, subordination à la lignée principale des xosroîdes ou appartenance à un groupe de sept frères étrangers. L’histoire de ces sept frères juifs, captifs venus s’établir aux confins arméno- géorgiens pour fonder les familles royales bagratides, surprend de prime abord Mais le récit de cet «essaimage royal» qui conduit les Ibères à reconnaître Guaram pour l’un des leurs et à lui confier la garde de Mcxeta contient, selon moi, d’implicites références aux premières pages des Annales écrites par Léon Mrovéli34. Sur la base de traditions qui se retrouvent en Arménie, les Annales rapportent que les peuples de Caucasie sont tous issus d’un ancêtre commun, Torgom, descendant de Noé par Japhet Torgom vivait dans la dépendance du géant Nemrod (le Bel de la Bible) Pour se soustraire à cette captivité, il partit s’établir avec ses huit fils près de l’Ararat et partagea entre eux la Caucasie L’aîné, Haos, reçut un territoire qui fut désigné de son nom, Haïk, c’est-à-dire l’Arménie en arménien ; le second, Kartlos, reçut ce qui devint le Kartli, soit la Géorgie orientale; un troisième, Egros, eut l’Egrisi, ce qui désigne la Géorgie occidentale, les autres se répartirent le reste de la Caucasie Les fils de Torgom, qui étaient tous des êtres exceptionnels, des héros, des gmirni, réussirent à tuer Nemrod, venu les attaquer, puis, ainsi libérés, ils peuplèrent leurs domaines respectifs de leur descendance Les huit fils et petits-fils de Kartlos occupèrent les diverses régions du Kartli, ils leur donnèrent leur propre nom et y fondèrent 3U P 373, 19-24 P 374, 10-11 Eristm est un terme que l’on peut traduire par duc, car il signifie littéralement chef (tmi) d'un peuple ou d’une armée (éri a ce double sens, comme nopulus chez les Francs) 32 P 217-218 31 P 222, 12-13 Sur ces traditions, supra note 10 KC p 3-26
L'ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 19 des villes, l’aîné des fils, Mcxetos, fonda Mcxeta, au cœur du Kartli intérieur II n’y eut pas de roi parmi eux, mais un «père de la maison» qui tenait Mcxeta15 Cependant, après une période de confusion marquée par la domination de peuples étrangers qui introduisirent leur culte impie, un descendant de Kartlos, Parnavaz, réussit à libérer par la guerre toute la Géorgie, se fit reconnaître roi, s’établit à Mcxeta et, dans une solennelle consécration, dressa sur la montagne qui domine la ville, près du tombeau de Kartlos, la grande idole Armazi, double symbole de purification et de retour aux origines35 36 Après quoi Parnavaz établit huit éristavs, responsables de la garde des huit subdivisions du monde géorgien37. On peut souligner un certain nombre de correspondances entre ce récit et la première partie de l’œuvre de Sumbat' Aux fils de Torgom répondent les fils de Salomon, à leur captivité initiale en Palestine celle de la famille de Salomon, la parenté d’Haos et de Kartlos se retrouve dans celle des Bagratides arméniens et géorgiens; le baptême des sept frères renvoie à l’affranchissement des fils de Kartlos par la mort de Nemrod, le désordre maîtrisé par Parnavaz a son équivalent dans la confusion qui s’ordonne avec Guaram, et le nouveau roi de Mcxeta, fondateur de la première dynastie royale, apparaît comme la préfigu- ration du nouvel éristav de Kartli, «père des Bagratides» Sans doute pourrait- on souligner d’évidentes différences38, mais on peut, je crois, surtout conclure qu’il n’y a aucune connotation péjorative dans le récit qui présente les Bagratides comme d’anciens captifs venus d’ailleurs et trouvant en Ibérie la liberté et un royaume Et cela non seulement parce qu’ils sont de souche davidique, mais aussi parce que leur histoire est lourde de thèmes populaires, traditionnels en milieu géorgien, et qui se retrouvent semblablement dans la vie de sainte Nino. En tout état de cause, Parnavaz se profile derrière Guaram. 35 Ibid p 11,2-6 «Personne, parmi eux. n'etait le plus noble ou le plus célébré Mais en chaque endroit ils s’appelaient taxadni (chefs) Mais celui qui était à Mcxeta était pour ainsi dire taxadi sur les autres On ne lui donnait ni le nom de mépe (roi) ni celui d'éristaxi (duc), mais on l'appelait mamasaxlisi (chef de la maison ou de la famille), et pour les autres fils de Kartlos il était le conciliateur et le médiateur Car la ville de Mcxeta était la plus renommée de toutes, et on l'appelait Ville-Mère» Ibid p 25, 10-14 «Et Parnavaz fit une grande idole à laquelle il donna son nom, c'est rmazi, car en perse Parnavaz se dit Armazi II dressa l'idole au sommet du Kartli et il fit une grande consécration pour l'erection de l'idole» L histoire de Parnavaz est au centre de l'étude de G S Mami lia, Lu formation d une soc ietc e CliSSe e> d Un E,al d“n'‘ ancien KartH (en géorgien), Tbilisi 1979 On peut noter par exemple la préférence des Annales pour le chiffre 8. celle de Sumbat' pour e chiffre 7 Ou encore le fait que dans les Annales les eristax s sont nommés par le roi, alors que chez umbat ce sont les eristaxs qui, tous réunis, nomment Guaram
20 B MAR DN-HISARD L'arrivée de Guaram au Kartli marque le début de la deuxième partie de l’œuvre de Sumbat’, partie assez courte19, consacrée aux descendants du nouvel éristav jusqu’à Adarnasé père d’Asot Cette partie correspond à peu près à la période 580-780 qui voit l’affrontement des Byzantins et des Sassanides en Géorgie, puis l’établissement de la domination arabe La généalogie est remplacée par une brève liste de succession de père en fils à un Tel succéda un Tel son fils, ou après un Tel il y eut un Tel son fils Les premiers successeurs ont un titre (éristav, mtavar), ou une dignité (aiithvpato'é). les derniers n'ont que leur nom Deux d'entre eux ont une singularité Varaz- Bak’ur dont le nom est un hapax dans la famille bagratide, Nersé dont Sumbat' ne signale pas la parenté avec son prédécesseur qui est précisément ce même Vazaz-Bak’ur A trois reprises, Sumbat’ introduit dans sa liste des précisions événementielles les victoires d’Héraclius qui chasse les Perses d’Ibérie et rétablit la relique de la Croix à Jérusalem40, le début de l’expansion de l’Islam41, et la construction de deux églises à Mcxeta et à Tbilisi42 Sumbat’ n’a pas inventé les noms qu'il nous livre Ils figurent tous dans un texte du IXe siècle, qui est une liste des rois du Kartli, suivie d’une liste des Grands Eristavs jusqu’à Adarnasé père d’Asot41 On trouve dans cette deuxième liste la succession Guaram, St’epanoz I, Adarnasé, St’epanoz II, lesquels apparaissent également dans les Annales sous les nu 39, 40, 41, 42 On trouve encore, dans la liste, Guaram curopalate, le successeur pour Sumbat’ de St’epanoz II, c’est là également qu'il a puisé le nom de Varaz-Bak’ur44 et celui de Nersé, l’indispensable grand-père d’Asot Sumbat’ a coordonné en une lignée tous ces eristavs et il me paraît évident que, même si cela n'est pas dit, il considère que Nersé est le fils de Varaz-Bak’ur. Très explicitement en revanche il ’9 P 374-376, 6 40 Ces victoires sont racontées assez longuement a propos de Veiistas Sl'epanoz I, et en grande partie pour expliquer la construction de l'eglise de Mcxeta 41 Breve indication sous St’epanoz II 42 L'eglise de Sion à Tbilisi. celle de la Croix à Mcxeta 41 Cette Liste se trouve incorporée à la Conversion du Kartli. éditée dans le tome 1 des Monuments de lu littéruture hctgiogictphique géorgienne ancienne (en géorgien), Tbilisi 1963, p 81- 163 Cf G Paltsch, Die Bekehrung Géorgiens-, « Mokceicn Kcirtlisas », dans Bedi KartHsa 33. 1975.p 288-337 Les passages qui nous intéressent (ed p 94-97) disent ceci «A l’époque de Bak'ur prit fin la royauté du Kartli Et ils nommèrent Guaram éiistcu et curopalate Apres lui Stepanoz son fils fut éristav Et ensuite Adarnasé fut éiistm Apres lui Stepanoz son fils fut eristas Et Guaram curopalate fut éristav. et Guaram le jeune et Arshusha curopalate et Varaz- Bak ur patrice, ensuite Nerse et ses fils Pilip E. St epanoz, Adrnese, Guaram et Bak'ureani, et les fils d’Adrnése, St’epanoz et Ashot curopalate et Guram Ce furent les grands eristais» On a indiqué en majuscules les noms qui se retrouvent chez Sumbat' 44 Je ne saurais dire pourquoi Sumbat’ a retenu ce Varaz-Bak’ur en qui Toumanoff, Studies p 421 -422 verrait volontiers un prince d’Albanie Je me demande tout simplement s'il ne fallait pas un nom permettant à Sumbat' de présenter encore une sérié de 7 générations entre Guaram et Asot
LARISTOCRA1 1E GÉORGIENNE ET SON PASSE 21 fait de St’epanoz I le père d’Adarnasé et, ce faisant, il est en contradiction avec les Annales qui n’établissent aucun lien de filiation entre le n° 40 (bagratide par son père) et le n°41 (qui descend des xosroides), et il s'agit bien des mêmes personnes, les précisions données par le texte ne laissent à cet égard aucun doute. Il y a donc, chez Sumbat", comme un «détournement de lignée», surprenant de prime abord, mais que l’on peut expliquer de la maniéré suivante. Adarnasé et St’epanoz II partagent avec Guaram et St’epanoz I, dans les Annales, une caractéristique commune ils ont construit les églises de Sion à Tbilisi, de la Croix à Mcxeta et ils ont institué dans chacune d'elles une liturgie hebdomadaire particulière. Affirmations qui se retrouvent chez Sumbat" Le temps et l’histoire ont à peu près respecté ces deux églises toujours chères aux Géorgiens. Construites simultanément l’une auprès de l’antique capitale de Mcxeta, l’autre au cœur de Tbilisi, la seconde capitale où s’étaient établis les Perses, elles sont la traduction religieuse des résultats des victoires militaires remportées par Héraclius sur les Sassanides qu’il chassa dans un même élan de Géorgie et de Palestine. Par la dédicace de son église, Sion, Tbilisi se trouve rapprochée de Jérusalem à laquelle Héraclius vient de rendre sa sainte relique de la Croix: la ville des mages est redevenue elle-aussi une ville chrétienne A Mcxeta, l’église de la Croix est plus riche encore de symboles De nos jours encore, lorsqu’on se trouve au centre de cette ville, à l’emplacement du palais royal, le regard est immédiatement attiré par cette église qui domine Mcxeta, de l’autre côté de la rivière, dans une parfaite et aérienne solitude, jailhe dans son architecture nouvelle du roc abrupt Sa coupole enveloppe la modeste croix de bois que sainte Nino érigea, non loin de l'endroit où se dressait, près du tombeau de Kartlos, l’idole Armazi, formidable et pourtant balayée par la sainte. C’est donc un emplacement sacré où le souvenir des origines païennes, celui de Kartlos et de Parnavaz, se mêle au souvenir des origines chrétiennes, celui de Nino et du roi Mirian, par-delà la période de l’occupation perse, la nouvelle église marque le retour aux sources mêmes de l’identité géorgienne tout en exprimant la confiance en un avenir fondé sur la Croix, quelles que soient les vicissitudes du temps45 Les pieux fondateurs de cette nouvelle église ne peuvent être ignorés Trois bas-reliefs sculptés les évoquent sur la façade orientale au centre, St’epanoz, humblement agenouillé, offre l’église au Christ, entouré à droite et à gauche de son frère Démétré et d’un certain Adarnasé46 En exaltant la Croix — thème Sur la construction de l’eglise de la Croix (en géorgien D:hvari). G T< Ht binashmli, Le\ monuments du type de D:hvari (en russe) Tbilisi 1948, plus accessibledans la traduction italienne de E Zecchini, Milan 1974 Dans cette traduction, voir p 1-27 On trouvera des reproductions des bas-reliefs des fondateurs dans R Mepisac hvili. V
22 B MARTIN-HISARD du tympan de la façade principale47 —, les premiers éristavs affirment aussi le triomphe et l’éternité du royaume du Christ, et c’est peut-être pourquoi Sumbat' a préféré ne pas leur donner le titre de roi Des monnaies frappées à cette époque énoncent à leur manière les mêmes idées48 ; ce sont des imitations des pièces sassanides, mais elles portent le nom de St’epanoz et une invocation à la Croix en géorgien, et au revers la Croix se dresse triomphante au sommet d’un temple du feu où elle remplace la flamme ardente que représentent les pièces sassanides Il me semble donc qu’en considérant comme bagratides tous ceux qui ont contribué à construire les églises de Sion et de la Croix, Sumbat’ a voulu concentrer sur eux le souvenir de tout un passé géorgien, un passé où la grandeur originelle de Kartlos et de ses fils, ancêtres du peuple géorgien, et la victorieuse royauté paienne de Parnavaz et de ses descendants sont assumées et dépassées, à partir de sainte Nino, dans la royauté xosroïde qui commence avec Mirian. En Guaram, descendant de David et père des Bagratides qui, pour Sumbat’, ne sont charnellement liés ni aux Parnavazides ni aux Xosroïdes, peuvent ainsi se récapituler les gloires des deux premières dynasties Au-delà de St’epanoz II, Sumbat’ s’est contenté d’énoncer sobrement une courte succession de noms empruntés, nous l’avons dit, à la Liste des Eristavs et qui lui permettent de rattacher à Guaram Adarnasé père d’Asot. Une telle continuité est contredite par les Annales qui font d’Adarnasé «.mtavar de la famille du prophète David» un nouveau-venu au Kartli ayant cherché refuge auprès du roi Arçil, n° 44, qui l’accueille et l’établit dans son royaume49. Entre cet Adarnasé et Guaram, les Annales n’établissent aucune relation, mais ne nient pas non plus qu’il ait pu y en avoir une Nous sommes en présence de deux traditions, qui ne sont pas nécessairement incompatibles, mais présentent deux aspects différents d’un même personnage l'une souligne la continuité du rôle de sa famille au Kartli, l’autre insiste sur sa dépendance envers la lignée xosroide Le point de vue de Sumbat’ est remarquable si l’on considère le contexte historique dans lequel il inscrit cette continuité des Bagratides La période qui va de St’epanoz II à Adarnasé, de 650 à 780 environ, coïncide avec l’établissement, puis le durcissement de la domination musulmane en Ibérie A Tsintsadze. L art de la Géorgie antienne. Leipzig 1978, p 84-85 Le texte des inscriptions est édité notamment par G Tchubinashvili op lit tables 14-18 de la trad ital 47 R Mepisachvili op cit.p 80 Ces monnaies ont ete principalement étudiées par E A Pachomov, Les monnaies de Géorgie (en russe), dans Travaux de la Section de Vumismalique de In Sotiété Archéologique russe. Saint- Petersbourg, 1910. I, fasc 4, p 16-36 Résumé de ces conclusions sur le monnayage sassano-ibère dans Tchubinashvili op trt , p 23-24 de la trad ital , et dans Toumanoff, Studies p 428-429 49 KC p 243, 9-15
L'ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 23 travers le récit délibérément concentré et discret des Annales se trahissent de peu glorieux comportements enfouissement de trésors, fuite des cadres aristocratiques dans le Caucase et en Géorgie occidentale Une profonde crise sociale se produisit ici, comme en Arménie où elle est mieux documentée50 Les Annales, au début de la troisième partie, la laissent cependant mieux apparaître pour le Kartli lorsqu’elles affirment que le nombre des puissants, rivaux les uns des autres, se multiplia et que les Arabes s’efforcèrent d’écraser quiconque émergeait51 C’est alors que disparurent la famille xosroîde et, avec elle, six familles d'éristavs Ces familles sont mentionnées, pour la première fois, à l’époque du roi Arçil, elles descendaient, affirme Dzhuanser, de quelques grands serviteurs des rois Mirian et Vaxt'ang, et elles commandaient sous le contrôle d’Arçil, d’assez vastes territoires, peu différents des entités régionales définies par les fils et petits-fils de Kartlos ou des duchés créés par Parnavaz La lignée masculine des Xosroîdes s'éteignant, c’est aux six éristavs, chefs de ces familles aux noms très flous, que le roi Arçil maria ses nièces, filles de son frère Mir, la septième étant donnée au tout nouveau roi d’Apxazeti, humble client d’Arçil. J’ai étudié ailleurs le caractère légendaire de la soi-disant royauté d’Arçil52 et je me bornerai à souligner ici que les Annales n’ont précédemment jamais cité une seule famille géorgienne, en dehors des familles royales, mais elles en citent ici, à l’époque d’Arçil, qui sont censées remonter aux deux plus prestigieux rois xosroîdes, censées également recueillir le sang royal d'une lignée qui s’éteint. Mais, par la suite, ces familles n’apparaissent plus, et, sous les mtavars lované et Dzhuanser (n°45), les Annales ne connaissent que cette profusion de petits seigneurs aussi anonymes qu’indisciplinés, quant aux quelques familles qui interviendront plus tard, au Xe siècle, elles sont toutes nouvelles, à l’exception des Bagratides et de la famille des rois d’Apxazeti apparue à la fin du IXe s., et ces toutes jeunes familles se définissent au mieux par deux générations d’ascendants. Seule, donc, la famille bagratide a, au Kartli, échappé, d’après Sumbat’, à cette désagrégation des cadres aristocrati- ques; elle émerge ainsi dans toute sa permanence, depuis Guaram au Kartli, depuis le roi David à travers l'histoire Pour étayer cette continuité, Sumbat’ s’est d’abord fondé sur des textes bibliques plus ou moins interprétés, puis il a eu recours à de vieilles traditions sur les origines du peuple géorgien et de la royauté, s’est servi, en les annexant. On possédé pour l'Arménie le précieux témoignage du moine Ghèvond KC p 250, 12-20 Dans ce passage le mot de mtaiar que j'ai précédemment traduit par chef (surtout lorsque ce titre remplaçait celui de roi) me parait mieux rendu par puissant, seigneur, un équivalent du terme byzantin de dunastos B Martin-Hisard. Les Arabes en Géorgie ocridentale au VHP s Etude sur ! idéologie Politique géorgienne, dans Bedi Kart Usa 40. 1982, p 105-138
24 B MART1N-HISARD du prestige religieux de quelques étistavs, pour livrer, enfin, un véritable défi aux réalités historiques En filigrane sont apparus le roi David, le roi Parnavaz, le roi Mirian. Tout cela devrait maintenant normalement conduire à des développements sur la restauration du pouvoir royal au Kartli en faveur des Bagratides II n’en est rien La troisième partie de l’Histoire des Bagratides commence avec la présenta- tion d’Asot fils d’Adarnasé sur lequel Sumbat' donne quelques précisions, comme il l'avait fait pour Guaram. Mtavar et curopalate à Tbilisi, sans que l’on sache ni comment ni pourquoi, Asot fuit avec ses fils la pression des Arabes et se réfugie, au sud-ouest du Kartli, dans les montagnes déshéritées du T'ao-K’lardzheti, à partir de la vieille forteresse restaurée d’Artanudzh, il impose aux Arabes le respect de son indépendance et meurt à une date que Sumbat’ formule avec grande précision «l’an de la Création 6330, 46e année du 13e cycle du k’oronikon, le 26 du mois de janvier», soit en 82753 Ce même Asot figure, sous le n° 46, dans les Annales comme un curopalate du Kartli ayant mené plusieurs guerres contre les Arabes et divers mtavar s, mais elles ne mentionnent pas son enracinement particulier en K’iardzheti, et si elles évoquent parfois le «royaume» ou la «royauté» d’Asot, elles ne lui donnent cependant pas le titre de roi54 Sumbat’ consacre toute la troisième partie de son œuvre aux descendants d’Asot jusqu'à Bagrat’ I, non pas selon une ligne purement verticale de succession, mais sous la forme d’une nécrologie 69 personnes apparaissent, en 8 générations, au fur et à mesure de la date de leur mort, dans une série de très courts paragraphes qui se présentent le plus souvent ainsi • à telle date mourut un Tel, fils de un Tel, avec tel titre, sans enfant ou avec des enfants mâles qui portaient ou allaient porter tel titre. Le texte appelle ici deux séries d’observations, sur la datation d’une part, sur ce qui caractérise les individus d'autre part Le temps est maintenant intégré au récit Pour la première fois Sumbat’ fournit des éléments précis de chronologie qu’il formule dans le calendrier géorgien du k'oronikon dont le 13e cycle a commencé en 781 55. Le système du k’oronikon n’est entré en usage en Géorgie qu’au IXe siècle, il est attesté pour la première fois dans un manuscrit copié en 864, et le premier événement historique qu’il a servi à dater est la mort d’Asot. Il y a de fortes présomptions pour que ce calendrier ait été créé en milieu bagratide, une tradition ultérieure ” KC p 376-377 54 Ibid p 252-254 Le k oronikon est fonde sur le cycle pascal de 532 ans. à partir d'une date de création du monde fixee en 5604 V Grumll, La Chronologie. Paris 1958. p 151-153
L’ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 25 considère que l’on a retenu la date de 5604 et non de 5508 pour la Création du monde afin de pouvoir faire coïncider le début d’un cycle avec un événement marquant de l’histoire des Bagratides : 781 serait ainsi la date à laquelle Asot prit le pouvoir56. Il y aurait donc eu non seulement apparition d’une mesure du temps propre à la Géorgie, mais encore, si l’on peut forger ce néologisme, une «bagratidisation» du temps, le début de temps nouveaux en tous cas Les individus présentés par Sumbat' sont assez nettement caractérisés pour qu’il soit possible de tracer à partir d’Asot un arbre généalogique de sa famille Il est restreint à la seule descendance mâle, une seule femme est mentionnée, la mère de Bagrat’ I, héritière du royaume d’Apxazeti qu'elle léguera à son fils57. Les 69 personnes retenues par Sumbat’ portent au total une dizaine de noms seulement: Bagrat’ 10 fois, David 8 fois, Adarnasé 7 fois, Asot, Gurgen, Sumbat’ 6 fois, puis Guaram, Nasra, Démétré, Giorgi 1 fois Ces noms se retrouvent chez les Bagratides d’Arménie, très rarement dans d’autres familles Il y a donc un stock onomastique propre qui définit les contours de la famille, c’est ce qui permet de penser que l’auteur de l’Histoire des Bagratides, Sumbat’ fils de David, appartient à cette famille Je n’ai pu repérer aucun principe d’attribution des noms, mais l’absence d’indication concernant la date de naissance ne facilite pas l’analyse II semble en revanche que Sumbat’ ait cherché à éviter tout risque de confusion entre les individus, non seulement parce qu’il précise toujours le nom du père et des enfants, mais aussi parce qu’il indique quelquefois un surnom : le grand, le petit ou le jeune, le noble, le beau, et encore l’idiot, le non-mûr Autant que je puisse m’en rendre compte, il n’y a surnom que lorsque deux Bagratides portent simultanément le même nom L’arbre des Bagratides, construit à partir du texte de Sumbat’, montre une famille qui est allée s’épanouissant jusqu’au début du Xe siècle vers 850 il devait y avoir 11 Bagratides, 15 vers 900 à l’époque du roi Adarnasé, ce qui est le maximum; puis la famille se restreint. 11 vers 925, 9 vers 980, 5 en 1000, 3 en 1010. Le nouveau comput sert uniquement à enregistrer l’ordre des décés L’accent ne porte donc plus sur la continuité de la transmission du sang qui n’a sans doute plus à être démontrée. Pourquoi enregistrer des décés9 On pourrait penser que Sumbat’ s’est préoccupé d’établir des droits à un héritage, souci que E Taqaishvili, Georgian Chronologc and ihe Beginnings of Bagiatid Ruie in Georgia, dans Georgica I, I, oct 1935. p 9-20 Pour des raisons techniques, on ne peut reproduire l’arbre généalogique de la famille bagratide d’après les indications de Sumbat’ Dans le schéma donné p 30. ne figurent que les noms et dates essentiels Les tableaux donnes par C Toumanoff, Manuel de Généalogie ei de Chronologie pour l histoire de la Caucasie chrétienne, Rome 1976, p 116-121, qui intègrent d’autres données que celles de Sumbat’ peuvent être utiles
26 B MARTIN-HISARD l’élargissement de la famille rendrait compréhensible Pourtant jamais n’apparaissent les termes ni même les notions de partage ou de succession Si, au début, Sumbat’ précise bien dans quelles régions sont établis Asot et ses fils58, il nous laisse ignorer par la suite si ces terres se sont accrues ou non, si elles ont été partagées et comment. D’autres textes montrent que ce fut bien le cas. Mais dans l’œuvre de Sumbat’ il n’est jamais question que d’un ensemble toujours défini comme «les biens patrimoniaux d’Asot» Les Bagratides vivent et meurent à l’intérieur d’un espace constant, non divisé, d’un espace clos également, car l’auteur ne parle jamais des relations entre les Bagratides et leurs voisins, et cependant ces relations ont existé, surtout au Xe siècle Les Annales, mais aussi les sources byzantines, arabes, arméniennes sont remplies du récit des guerres que les Bagratides menèrent avec ou contre les Apxazes, les Géorgiens de Hereti, de K’axeti, du Kartli intérieur, avec ou contre les peuples du Caucase, les Arméniens, les Arabes, les Grecs. Comment même ne pas s’étonner que Sumbat’ fasse si peu de cas du grand curopalate David (f 1002) dont les armées soutinrent le trône chancelant de Basile II et de Constantin VIII? Ce souci d’enfermer les Bagratides à l’intérieur d’un territoire défini une fois pour toutes peut expliquer l’absence des femmes par qui se développe ou se défait un patrimoine Si l’on ne transmet pas des terres, dans l’œuvre de Sumbat’, on ne transmet pas non plus de titres Ceux-ci sont cependant soigneusement notés, et l’on est frappé par leur diversité et leur progressive amplification, curopalate, mais aussi anthypatos et magisiros, c’est-à-dire certaines des plus hautes dignités que Constantinople puisse décerner59 ; leur présence est le meilleur signe de l’intérêt porté par le basileus aux Bagratides60 Des titres purement géorgiens apparais- sent aussi, non plus mtavar ou éristav, sans doute trop dévalués, mais éristav des éristavs, mampal (maître, seigneur) et mépé (roi) Dans le cours du texte, en dehors de tout souci de titulature, il arrive même à Sumbat’ de parler du «règne» de tel ou tel qui n’a cependant pas le titre de roi. Sumbat’ ne paraît pas toutefois s’intéresser à la transmission ou à l’évolution de ces titres, au point même que lorsqu’il en arrive à Adarnasé (f 924), cité comme roi des Kartvéliens, il n’accorde à ce titre aucune espèce d’importance61 Et s’il parle de ses descendants, David, Sumbat’, Bagrat’, Gurgen, comme de rois62, ce n’est jamais explicitement comme rois du Kartli Chose étrange enfin: Bagrat’ I, celui que les Annales sous le n° 51 qualifient de roi d’Apxazeti et du Kartli, Ces précisions géographiques sont une des grandes différences avec les Annales N O1KONOMIDES, Les listes de préséance byzantines des IXe-Xe siècles, Paris 1972 Constantin VII leur consacre deux longs chapitres du De Administrando Imperia C est ce que confirment les Annales sous le n° 49 Qualité que les Annales pour leur part ne leur reconnaissent pas
L'ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSE 27 celui à partir duquel la lignée bagratide détient continûment le pouvoir royal en Géorgie, n’est jamais appelé roi du Kartli par Sumbat’ Son importance est cependant reconnue puisque Sumbat' abandonne avec lui la forme nécrologi- que pour recourir à la notice61 Bagrat’ y est dit grand curopalate, roi des Apxazes, et Sumbat’ note deux aspects de sa domination Un aspect territorial en premier lieu il contrôle non seulement les terres patrimoniales de T’ao-K'lardzheti, mais aussi l’Apxazeti, le Kartli intérieur, le K’axeti, le Hereti, et tout le Caucase, il soumet l’Albanie et une grande partie de l’Arménie, il s’impose aux Arabes et aux Grecs qui le respectent64 Partout il gouverne avec sagesse et fait régner la paix Mais Sumbat’ note aussi à son sujet un certain comportement familial, et en particulier sa manière brutale d’éliminer ses derniers cousins en 1012-1013. La notice consacrée plus loin à son fils Giorgi est surtout le récit de ses guerres contre les Byzantins et contre des aristocrates révoltés. Bagrat’ et Giorgi diffèrent donc de leurs prédécesseurs sans attaches familiales ou en rupture avec elles, ils sont maintenant liés à un territoire nouveau, composite, élargi aux dimensions de toute la Caucasie, et ils sont désormais en rapport avec des puissances voisines dont ils se font respecter Mais Sumbat’ ne leur donne jamais vraiment de titre précis, même pas celui de roi du Kartli Ainsi la nécrologie qui occupe près de la moitié de l’œuvre surprend Elle donne l’image d’une famille épanouie, toujours plus prestigieuse par ses titres, donc toujours plus puissante, vivant paisiblement sur le patrimoine d’Asot. Cette nécrologie semble le tranquille mémorial d’un ensemble familial qui se confond avec le territoire qu’il habite Et l’on voit mal le rapport que cette nécrologie peut avoir avec les parties précédentes, linéaires, peu enracinées dans le temps et dans l'ensemble géorgien, et avec la dernière partie qui a pour décor l’ensemble du monde caucasien, pour thème la conquête et la défense d’un véritable empire, la sagesse d’un souverain Au terme de cette analyse, le résumé traditionnellement fait de ['Histoire des Bagratidesde Sumbat’ paraît faux dans sa simplicité65 Sans doute le roi David est-il bien aux origines de la famille, mais il est difficile de dire à partir de quand Sumbat’ considère que les Bagratides tiennent le pouvoir royal au Kartli • est-ce avec Adarnasé, ce roi sans successeur? ou avec Bagrat’ dont la puissance “ Kc P 382, 14 - 383. 3 p 382, 18-20 «En raison de sa puissance et de sa sagesse, le roi des Perses devint son ami et lui fui plus fidele qu'à ses propres parents, et même le roi des Grecs avait peur de lui en toutes choses» 65 Supra p 14
28 B MARHN-HISARD dépasse les limites du Kartli? Mais en definitive, ce n'est probablement pas cela qui importe L’Histoire s'inscrit dans une tout autre perspective, ce que l’analyse fait apparaître, ce sont deux registres différents celui que reflète plutôt la nécrologie (une famille, une région), et celui que suggère plutôt la quatrième partie (une lignée dynastique, de vastes perspectives) Ces deux registres correspondent pleinement aux deux phases successives de l’histoire des Bagratides leur affirmation comme famille dominante dans les régions du T’ao-K'lardzheti aux IXe-Xe siècles, leur émergence comme souverains dans le monde caucasien à partir du XIe siècle Et ce que Sumbat' a combiné dans son œuvre ce sont les deux supports idéologiques dont les Bagratides ont su se doter à chaque étape pour étayer leur puissance croissante, le support biblique, le support épique ou héroïque J’ai plus haut souligné la décomposition sociale et politique de l'Ibérie qu’entraîna au VIIIe siècle la domination arabe Dès le IXe s, la dispersion des mtavars commença à s’organiser autour de quelques pôles régionaux le Hereti, le K’axeti, l’émirat de Tiflis, le Kartli intérieur et le T’ao-K'lardzheti sur les marges duquel grandissait le royaume occidental d’Apxazeti. Asot a bien mérité le développement que lui consacre Sumbat’ Avec lui, les Bagratides surent donner aux régions isolées et désolées dans lesquelles ils s'étaient repliés la prospérité matérielle qui fonda leur dynamisme politique ultérieur, ils surent aussi regrouper autour d’eux la petite aristocratie locale des mtavars, mal connue mais bien réelle ; c’est de ses rangs que vont maintenant sortir la plupart des saints dont l’hagiographie géorgienne a conservé le nom à partir du IXe siècle Pour cette double construction politique et économique, les Bagratides trouvèrent des appuis dans les nombreux monastères dont le développement est une des plus grandes caractéristiques du T’ao-K’lardzheti de cette époque, l’initiateur de cette restauration monastique fut le moine Grégoire de Xancta, contemporain et ami d’Asot et de ses fils66 La Vie de Grégoire, écrite vers 960, montre l’appui matériel que les mtavars prêtèrent aux moines et les mille liens qui se tissèrent entre milieux monastiques et milieux aristocratiques Dans certains cas, le monastère devint le lieu d’une nécropole familiale, et les moines des hérauts d’une famille constamment évoquée dans leurs prières Par la protection qu’ils assurèrent aux monastères, par les généreuses libéralités dont ils les comblèrent, les Bagratides s’attirèrent la reconnaissance de Grégoire et de ses moines, souvent promus au rang de conseillers spirituels, Grégoire fut même le parrain du premier petit-fils d’Asot, et je croirais volontiers qu’on lui doit le prénom de David porté pour la première fois dans la famille bagratide Sur cet aspect de 1 œuvre d’Asot, B Martin-Hisard, Du T ao-K taidzheii à / Athos moines géorgiens et réalités sociopolitiques (IXe-XIe s ), dans Bedi Kaidisa 41, 1983, p 34-46
L’ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 29 Je ne crois pas qu’il fut l’inventeur de l’origine davidique de celle-ci, on la trouve affirmée dès le début du IXe s à Opiza, sur une stèle qui représente David près du Christ auquel Asot offre une église, la taille de David et sa place laissent penser qu’il s'agit bien du prophète, et non du petit-fils d’Asot67, cette origine est connue de Dzhuansher qui composa la deuxième partie des Annales Mais si Grégoire n’en est peut-être pas l’inventeur, lui et ses moines passent en tout cas au Xe s pour l’avoir admise et justifiée Ils l’ont admise. L’hagiographe de Grégoire lui attribue ce discours tenu à Asot: «Roi que l’on dit fils du prophète David qui reçut l'onction royale, le Christ Dieu te fera hériter de sa royauté et de ses vertus, et c’est pourquoi, je te l’annonce, le principal de tes fils et de leurs descendants durera à jamais en ces régions, ils seront plus fermes que les plus solides rochers, que les montagnes éternelles»68. Ils l’ont justifiée, au nom de l’excellence du gouvernement des Bagratides qui permet de les qualifier, en vérité, de royaux «Sachez, dit encore Grégoire, que vos armées, prêtes pour le combat spirituel, ces saints pères du désert qui sont vôtres, constituent la force de vos armées matérielles. Elles sont, dans la guerre, l’arme de tous les rois croyants, et plus spécialement la vôtre, vous qui dans le haut exercice de la fonction royale avez le souci des saintes églises et consolez les pauvres»69 A la lecture de ces textes, on peut dire, je crois, que les Bagratides ne sont pas rois selon un titre donné ou reconnu et qui se fonderait sur une origine davidique. Ils sont rois essentiellement ou, plutôt, ils sont royaux, quel que soit leur titre, quel que soit le pays ou la région qu’ils dirigent, il n’y a en effet aucune revendication territoriale chez eux (on ne voit d’ailleurs pas pourquoi les héritiers du roi David auraient vocation à régner au Kartli plutôt qu’ailleurs). Grégoire n’envisage le principal des Bagratides qu’en ces régions, pas nécessairement au-delà; et lorsque Constantin VII, au milieu du Xe s., évoque la tradition de l’origine davidique des Bagratides, tradition devenue assez forte pour que Constantinople la connaisse, il n’y décèle aucune prétention impérialiste70 Mais le comportement royal des Bagratides implique obéissance et respect de la part des mtavars, les moines étaient bien placés pour diffuser ces idées non seulement dans les milieux aristocratiques locaux, mais plus largement ensuite, puisque très vite ils peuplèrent les rangs de l’épiscopat géorgien. La nécrologie qui forme la troisième partie de l’œuvre de Sumbat’, avec son Ce bas-relief ornait la façade sud de l'église d'Opiza en K’iardzheti Cf V Beridze, Architecture de Tao-Klarjetie (en russe et en français) Tbilisi 1981, p 299-300 et pl 120 Vie de Grégoire de Xancta, dans Monuments de la littérature, on ch p 262. 25-31 ” Ibid p 276, 6-11 De Adm lmp , éd Gy Moravcsik, Washington 1967, p 204, 2-8
30 B MART1N-HISARD SCHÉMA DE L'HISTOIRE DES BAGRATIDES DE SUMBAT' D’Adam a Abraham D'Abraham à David De David a Josias ( 14) De Joachim a Cleophas. frère de Joseph, époux de Marie ( 14) De Nahum a Jacob (14) De Michée à Salomon (14) I GUARAM et ses six frères (erislav et curopalate. vers 500) I-------------------------1 ST’EPANOZ Ie eristav Demetrè (sous Héraclius) I ADARNASE mtavar I ST’EPANOZ II mtavar (expansion de l’Islam) I Guaram curopalate. eristav I Varaz-Bak'ur, anthypatos Nerse I------------LT----------------1 Philippe St’epanoz ADARNASE I-------------------------1 ASOT CUROPALATE + 827 Gurgen Adarnasé +942 BAGRAT’ curopalate Guaram /> I i DAVID curopalate I ADARNASE. roi + 924 886 + 1013 I --------------1----------------1 David roi + 938 Bagrat’ + 946 Sumbat' roi + 958 I । Adarnasé +962 Bagrat' l'idiot roi + 995 1----------------‘-i | Bagrat + 967 Davicl le Grand + 1002 Gurgen roi + 1009 BAGRAT' I' + 1015 roi d’Apxazeti et du Kartli I GIORGI roi + 1028 I BAGRAT' II roi
L'ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 31 SCHÉMA DES A X \ 4LLS RO > ALEX De Noé à TORGOM KARTLOS et ses sept frères dont Haos et Eeros I MCXETOS et ses 4 frères I UPLOS et ses 2 freres Ie roi PARNAVAZ (après l'expédition d'Alexandre) 21 successeurs parnava/ides par filiation ou mariage et adoption 23' roi MIRIAN xosroide, converti par Nino 1 9 successeurs xosroides 33' roi VAXT’ANG GORGASAL+ 502 34' roi Daçi fille 38' roi Bak’ur + 580 39' roi GUARAM bagratide 40e mtavar des éristavs | ST’EPANOZ 1' Démctre (Herachus) 41e mtavar ADARNASE 42' mtavar ST’EPANOZ II (Islam) t------1----> 43' roi Mir 44' roi Arçil il accueille ADARNASE «mtavar de la famille I | du prophète David» I 7 filles H-----------:----1 t-----1-----1 45' mtavars lovane Dzhuanser cp fille 46' curopalate ASOT bagratide I 47e curopalate BAGRAT' 48' roi DAVID curopalate I 49' roi-curopalate ADARNASE t 924 50' roi du Kartli । Constantin apxaze + 919 51'roi BAGRAT I'V 1008-1015 I 52' roi GIORGI + 1028 I 53' roi BAGRAT' Il 4 1072 I 54' roi GIORGI
32 B MARTIN-H1SARD comput propre, ses individus dont on se plaît à conserver le souvenir, à évoquer les titres et les dignités, c’est bien l’expression de la progressive emprise d’une famille sur une région et un milieu, avec l’appui des moines71 C'est dans ce contexte familial, régional et monastique que je placerais volontiers la formation et la popularisation du thème de l’origine davidique des Bagratides Je ne veux pas dire, par là, que certains Bagratides n’aient pas très tôt nourri de plus vastes desseins. ainsi Adarnasé fils de David, à la fin du IXe siècle Mais s’il réussit pour un temps à sortir de son patrimoine, à conquérir même, comme le racontent les Annales, le Kartli intérieur, ce qui lui valut le titre de roi du Kartli, ce fut une aventure de courte durée. Non pas seulement en raison de la puissance des Apxazes qui réussirent à l’évincer72, mais peut-être surtout parce que jamais la famille bagratide n’a été plus nombreuse qu’à ce mo- ment71, ce fut sans doute une chance sur le plan régional que ce rapide épanouissement de la famille qui lui permit d’encadrer de près les mtavars, mais cela signifiait aussi — quoi que dise Sumbat’ ou plutôt quoi qu'il ne dise pas — fractionnement des biens patrimoniaux, morcellement et donc faiblesse C’est bien pourquoi, je pense, le passage de la famille régionale à la dynastie, le passage de la principauté au royaume, ne purent se faire avec Bagrat’ I que parce qu’il était détenteur d’une double puissance celle que lui conféra l’Apxazeti hérité de sa mère, celle que lui conféra le patrimoine des Bagratides dont il restait l’unique héritier74 Mais au milieu des guerres que la puissance de Bagrat' lui permit de livrer et de gagner pour s’assurer la maîtrise de la Caucasie et le respect des Arabes et des Byzantins, apparurent, me semble-t-il, des références à un passé plus purement géorgien Sumbat’ a prêté à Bagrat', le souverain sage et guerrier, des traits qui l'apparentent au plus prestigieux des rois géorgiens, Vaxt’ang, non pas le roi historique du Ve siècle, assez pâle, mais Vaxt’ang Tête-de-Loup, le roi de légende créé au IXe siècle par l’auteur de la deuxième partie des Annales alors que le monde géorgien ployant sous la tutelle arabe cherchait dans son passé la grandeur qui lui rendrait confiance en son avenir, des souvenirs historiques habilement combinés à des traditions épiques populaires firent surgir ce personnage de Vaxt’ang auquel la Géorgie actuelle consacre encore des chansons et dont la fière statue équestre se dresse au milieu de Tbilisi7 5 1 La nécrologie recopie peui-être un obiuiaire 2 Le roi Constantin (n" 50) est apxaze 1 Supra p 25 4 L élimination de ses cousins y fut pour quelque chose B Martin-Hisard, Le roigeoigien Lïnt ang Gotgasai dans / histoi/e et dans ta tegende, dans Temps. Mémoire, Tradition au Mm en-Age (Public de l'Univ de Provence) Aix-en-Provence 1983. p 207-242
L’ARISTOCRATIE GÉORGIENNE ET SON PASSÉ 33 Vaxt’arig, fils de Nemrod enfin réconcilié avec les fils de Kartlos, c'est le souverain par excellence, héros et géant, combinant les fantastiques vertus physiques du héros caucasien Amirani et les vertus chevaleresques des preux, au service de la nation géorgienne tout entière pour regrouper tout son territoire sous sa domination d’est en ouest, faire trembler les rois du Caucase, servir de médiateur entre les Perses et les Grecs, régner dans la sagesse et la piété, car il tient directement sa couronne de la croix du Christ Le texte de Sumbat’ est plus discret au sujet de Bagrat', mais le rapproche- ment de ce dernier avec Vaxt’ang me semble fondé D’une part parce que, très tôt, l’adjectif forgé sur le surnom de Vaxt’ang, gorgasalien76, est devenu un attribut d’excellence propre à la dynastie bagratide Ensuite parce qu'un texte hagiographique du XIe siècle considère en Bagrat’ celui qui a rénové la royauté «que Vaxt’ang emmena avec lui au tombeau»77 Enfin, et surtout, parce que les Annales elles-mêmes, après avoir longuement parlé de Bagrat’, concluent ainsi: «Je dirai encore ceci’ depuis le grand roi Vaxt’ang Gorgasal il n'y eut personne qui put se comparer à lui par la grandeur, par la puissance, par la sagesse»78. De cette étude de VHistoire des Bagratides de Sumbat' fils de David, je retiendrai en conclusion les quelques idées suivantes. Je crois que Sumbat’, consciemment ou non, a réuni dans son œuvre les éléments de deux images complémentaires et successives de la famille bagratide La première image, probablement développée au IXe et au Xe siècles avec l’aide de milieux monastiques imprégnés de textes bibliques, est celle de l’excellence générale d’une famille, une excellence royale, elle s’est clairement manifestée avec Asot, initiateur de temps nouveaux ; ses descendants partici- pent tous d’une royauté qui est celle-même de David dont ils sont issus. A cette famille honneur, gloire et puissance sont dûs, surtout de la part de la petite aristocratie locale des mtavars C’est à cette image que l’on doit la construction arborée du texte: les racines davidiques dans la première partie, la continuité du tronc dans la seconde, l’épanouissement enfin au T’ao-K’lardzheti dans la troisième. Une deuxième image a donné les développements qui s’accrochent à Guaram et toute la dernière partie Plus tardive que la précédente, cette image s’est formée au XIe siècle lorsque la domination bagratide étendue en Caucasie fit reculer l’impiété musulmane et rendit aux Ibères indépendance et fierté nationales. Cette image suggère chez les descendants de David non pas 76 Gorgasal = Tête-de-Loup Il s agit de la Vie de David ei Constantin, cf B Martin-Hisard. Le\Arabes on di n 136 78 KC p 282,4-5
34 B martin-hisard simplement une excellence générale, mais une excellence toute particulière et plus familière, celle des grands rois du passé l’épopée de Vaxt’ang transparaît dans la grandeur de Bagrat’, les légendes de Kartlos, de Parnavaz et de Mirian permettent de décrypter les res gestae de Guaram et de ses premiers successeurs. L'Histoire des Bagratides n’est donc pas une histoire parallèle aux Annales Royales C'est la démonstration d’une parfaite adéquation entre une famille, excellente en ses origines, et une nation, excellente en son passé Bernadette Martin-H isard Université de Paris-I * B Outtier, consulté depuis la communication faite en 1983, a bien voulu me faire remarquer que 1 addition de la génération de Joachim dans la généalogie de Jésus est une des variantes anciennement attestées de la version géorgienne de l'Évangile de St Matthieu, Sumbat’ l’a donc simplement utilisée
le «de sectis» attribué à Léonce de byzance (cpg 6823) DANS LA VERSION GÉORGIENNE D’ARSÈNE IQALTOELI Rèslmè Deux travaux, issus d’un contexte totalement différent, ont vu récemment le jour. D’une part, Leila Datiachvili, dans la ligne d’une série de recherches sur Théodore Abu Qurra, vient de donner l’édition «princeps» de dix Traités qu’elle lui attribue D’autre part, ces dix Traités ne sont autres que ceux de Léonce de Byzance, dont l’édition critique grecque a été présentée comme doctorat à l’Université de Gand en 1982 par Maryse Waegeman. Le présent article entend confronter les deux travaux pour leur bénéfice réciproque Lorsque, en 1980, l’édition de L Datiachvili nous a été accessible, nous nous sommes immédiatement précipité pour savoir le contenu des dix traités inconnus de Théodore Abu Qurra qui remplissent les pages 24 à 77 de l’édition1 Or, au fur et à mesure que nous lisions, nous nous rendions compte qu’il s’agissait d’un traité bien connu dans l’histoire théologique du VIe siècle, le «De Sectis», dont l’attribution, au demeurant, a donné lieu à une série de publications et d’études fouillées2 Le présent article entend rappeler en premier lieu le contexte par lequel une œuvre du VIe siècle a pu aboutir à être confondue avec un auteur du VIIIe siècle Déjà deux manuscrits grecs s’étaient trompés, et on ne s’étonnera donc pas de ce que l’éditrice géorgienne ait commis la même méprise Du côté grec, la discussion sur l’authenticité de ce Traité est encore plus complexe, et comporte des éléments importants pour sa datation La confrontation de l’apparat critique grec, récemment élaboré, avec le texte géorgien, permet de situer avec assez de précision l’exemplaire grec dont Arsène Iqaltoeli s’est servi, et par le fait même, la version géorgienne est utile, non seulement à l’établissement du texte grec pour certains passages moins clairs, mais aussi pour l’évolution des attributions, si controversée en zone grecque. Teodore Abuklra Ttaktatebi da dialogebi targmni/i berynulidan Arseti Iqaltoeüs ntiet. Teksti gamosacemad moamzada. gamokvleva, sakutar saxelta sa3iebeli da leksikoni daurto Leila atiasvilma, Tbilisi 1980. 126 p Collection ycetkat tuli pilosopiuri ÿeg/ebi tekstebi da ÿiebani, n 6 Principalement M Richard, Le traite «de sectis» et Leonce de Byzance, in Reçue d histoire eelésiastique, t 35(1939), p 695-723 (= Opéra Minora II, Turnhout-Leuven 1977) Citeci-aprés Le traité
36 M VAN ESBROECK La nouvelle édition géorgienne entraîne inévitablement un réexamen de tous ces problèmes Le contexte de l’édition géorgienne Publié à la suite d’une série de travaux sur Théodore Abu Qurra3, le texte géorgien du De Sec lis s’inscrit aussi dans le prolongement des nombreux travaux dTvane Lolachvili, rédacteur de l’ouvrage, et promoteur de la collection Monuments, textes et recherches de philosophie en géorgien ancien4 Le cinquiène tome de cette collection est d’ailleurs dévolu à la personnalité d’Arsène Iqaltoeli5 C'est par ce biais qu’il nous paraît le plus opportun de situer le texte géorgien du De Sectis En se basant principalement sur les indications de colophons de manuscrits, I Lolachvili nous a restitué le cadre de la vie d’Arsène Iqaltoeli Probablement né à Iqalto dans le Kakheti, vers 1050 environ, il est décédé à une date inconnue après la mort de David le Constructeur qui survint le 24 janvier 1125. Bien que Teimuraz ait supposé une éducation au couvent de Sainte-Croix de Jérusalem, il est plus probable que le jeune homme fit partie des 80 jeunes gens que Georges Mtatsmindeli amena de Géorgie à Constantinople en 1065. De 1066 à 1080 environ, Arsène réside au couvent de Mangana à Constantinople, où se forment également Jean Petritsi et que fréquente Michel Psellos Nul doute qu’il ait eu l’occasion de visiter également le couvent d’Iviron Quelques colophons de la Montagne Noire mentionnent un Arsène comme compagnon de traduction d’Ephrem Mtsire, et notamment le ms. A-24, au fol 137v, écrit explicitement qu’il s’agit d’Arsène Iqaltoeli On doit donc considérer que jusqu’à la mort d’Ephrem Mtsire vers 1103, Arsène est demeuré près d’Antioche, à la Montagne Noire De là il revient en Géorgie où il s’installe d’abord à Shio-Mgvimé, avant de passer à Gelathi que le roi David entreprend de construire II aurait terminé ses jours à l’académie d’Iqalto qu’il a lui-même 3 L Datiasvjlj a publié successivement «Abukuraw originalobis sakitxisatiis. dans Mac ne 39 (1967 6), p 169-194 [Sur la question de l'originalité d’Abu Qurra], « Tedote edeselis c xoxrebisa» da « Abukura» dans Jic/z kartuli nuerlobisa da rustxelologiis sakitxebu t 5 ( 1973), p 144-174, Kartul- Bizantiuri literatursi urtiertobas istoriidan, dans la même revue, t 7-8 (1976), p 65-101, enfin Arsen Iqaltoeli targmani Teodore Abukuras traktatisa « Sagnirtoxsa da garesisa pilosopobisatxis». dans îÿxeli kartuli Hteratura(Xl-XVlIl), Tbilisi 1977. p 20-40 Ce dernier article touche de plein fouet les dix Traites de Léonce de Byzance, et sera cité Arsene 4 Les quatre premiers tomes de la collection ont paru en 1968, sur l'échelle des vertus de Jean Petritsi, en 1969 sur les sentences des philosophes, en 1972 sur les problèmes de Denys 1 Areopagite. et a nouveau en 1973 sur Denys l'Areopagite et Pierre l'ibère selon les historiens géorgiens et européens I A Lolasvili a signé encore plusieurs autres livres sur l’Historien de la reine Thamar, sur David Soslani, sur Sulkhan-Saba Orbeliani, etc Le tome 5 de la collection Ivane Lolasvili, Arsen Iqaltoeli (Cxovreba da mogvaceoba), Tbilisi 1978, 163 pp Cité plus bas Arsène
LE «DE SECTIS» ATTRIBUÉ À LÉONCE DE BYZANCF 37 contribué à développer, sinon à Shio-Mgvimé qui était alors l'un des princi- paux centres d’activité intellectuelle A la demande du roi David, Arsène Iqaltoeli a créé des recueils liturgique, dogmatique, juridique et homilétique destinés à promouvoir le profond désir de réforme de l’Église qui inspirait le souverain géorgien Le plus ancien de ces gros recueils a certainement été commencé à l’époque où Arsène était encore à Constantinople, et c’est précisément le Dogmatikon, vaste florilège de traités divers, choisis selon le critère de ce qui paraissait à l’époque le plus utile pour l’Église géorgienne Aussi imposant est le Nomocanon, maintenant admirable- ment édité par E. Gabidzachvili6, qui est basé principalement sur la collection grecque des XIV chapitres (CPG 7556) A la demande de David, Arsène traduisit le Canon d’André de Crète. Comme le montre le Mravalthavi H-1347, il ne dédaigna pas non plus l’hagiographie c’est à lui également, bien que le nom d’Arsène y soit mutilé, qu’l Lolachvili fait l’honneur de la recension métaphrastique de la Vie de Sainte Nino7 On lui doit aussi la fameuse charte de David le Constructeur en 11058 Dans cette œuvre considérable, le traité de Sectis a trouvé place à l’intérieur du Dogmatikon Cette collection est représentée par deux manuscrits plus importants, qui ont chacun une descendance Le manuscrit dont personne ne peut se passer est le codex S-1463, du XIIe siècle, ou même, comme l’indique une réflexion de L Kadjaïa à M Rapava, de la fin du XIe9 Ceci veut dire que le codex a dû être écrit à Constantinople même. Précisément dans les fol 190v- 202v de ce précieux codex, il y a des feuillets irrémédiablement abîmés- heureusement, un autre codex ancien permet d’y remédier, à savoir celui du Musée de Kutaisi Gelathi 23, du XIVe siècle, fol 189r-222' L’édition de L. Datiachvili utilise les deux manuscrits, mais n’indique pas les différences entre les manuscrits, et où le ms de Tbilissi est complété par celui de Kutaissi Du codex S-1463 dépendent deux copies vers 1777, l’une celle de Giorgi Dadiani Tchqondideli Q-51, fol. 242v-285, l’autre le ms. S-401, fol 224v-266r. Nous ne savons pas dans quelle mesure ces mss ont été également utilisés pour le texte aujourd’hui imprimé. Une autre copie ancienne, le ms A-205, du XIIIe siècle, ne contient que neuf des dix discours II a une descendance plus nombreuse encore. Le ms. H-601 en est une copie de Teimuraz II datée de 1746 qui s appuie sur le ms A-205, et plus encore le ms. A-64, copié en 1751 pour le E Gab1dzasvili,E Gu nasvili.M Dolxkidze.G Nim a, Didi Siliutiskanoni Tbilisi 1975 628 pp I Lolasvili, Arsène, p 74-81 E Gabidzasvili, Ruis-Crbnisis krebis ÿegliscera. Tbilisi 1978. p 14-18 Avec E G . nous suivons la date de 1105 plutôt que celle de 1103. proposée par I Lolachvili M Rapava, loane Damaskeli, Dialektika. Tbilisi 1976. p 50
38 M VAN ESBROECK catholicos Antoine, au fol 288r-315v Cette dernière copie a donné lieu à d’autres plus jeunes dans le ms. A-848 en 1767, dans deux mss de David Bodbeli, le A-267 ( 1778), fol 134r-164v et A-269 ( 1782), fol 157v-187v, dans le ms H-985 vers 1790 et dans le ms S-158 écrit en 1802 par un certain Dimitri à Qaraba10 La préface de l’édition, qui alléchait le chasseur de textes inconnus et est parue sous forme d’article indépendant, ne tient compte que du ms. A-64 dans la seconde branche de la tradition manuscrite11. Donnons tout de suite un type de question qui surgit à la lecture du texte géorgien, et que l’on aimerait voir traité avec tout le raffinement d’un apparat critique en géorgien P 47,4, le texte géorgien parle des ôoi^otno^obbo 3ô3ôûb6o, les apocrisiaires du Pape Le mot géorgien n’est pas repris dans l’index Son étymologie au vu du grec ne fait pas de doute - il s’agit du mot TOTroTqpqTqç, où la première syllabe a été éliminée comme un article Une structure analogue se trouve dans l’emprunt bmbôb^Qtno, pour le grec f|ai>-/(m>Tîjpiov, où la première syllabe peut aussi paraître un article, d’autant que l’accent des mots grecs tend à dévaloriser la première syllabe. Seulement, le mot bmbôb^Qtno est passé dans le dictionnaire d’Abuladze, celui de n’a pas eu cette chance Voici donc notre question Si le mot TO7roTqpqrf]ç a été d’abord exactement translitéré en géorgien, le ms S-1463 qui le contient n’est pas un autographe d’Arsène Iqaltoeli mais une copie contemporaine Si dès le début le mot a été déformé par une loi analogue à celle de bmbôb^Qtno, il est étrange que le mot ne soit pas entré davantage dans la langue courante, le traducteur aurait probablement eu le réflexe de cette transposition populaire en face du modèle grec complet. Mais précisément, le feuillet 195v du ms S-1463, nous dit L Datiachvili, est ici très abîmé12 il se pourrait donc bien que le premier exemplaire ait porté (^mdm^otno^obbo, jugé trop long par le second copiste Les indications critiques manquent, qui permettraient de savoir à quel modèle le mot imprimé a été repris. De l’ensemble de la collection du Dogmatikon, le tableau a été donné sommairement par le catalogue des manuscrits '3, et avec un certain commen- taire approprié par I. Lolachvili14. Ce contenu est très important puisque c’est lui qui a entraîné L. Datiachvili à considérer comme allant de soi l’identification du Théodore qui figure dans le titre, avec Théodore Abu Qurra. 10 Nous empruntons ce tableau général à I Lolachvili, Arsene. p 146-151 11 Cf Datiachvili. Arsene, p 22-23 L'annonce de l'inédit n'est pas moins alléchante chez I Lolachvili, Arsene. p 115-116 1 ~ Datiasvili, Arsene. p 22 A BaKRAdze dans Kartul xelnac ei ta agi eriloba S kolekc Usa. t 2 (Tbilisi 1961 ), p 2 B- 222 14 I Lolasvili, Arsene. p 104-144
LE «DE SECTIS» ATTRIBUE À LÉONCE DE BYZANCE 39 Le catalogue compte 72 titres dans le Dogmaticon le plus ancien L'ouvrage qui nous concerne y porte le n“ 18, et s’insère après une série d’œuvres d’Anastase le Sinaïte, de Jean Damascène et de Cyrille d’Alexandrie II est suivi par des Erotapoknseis et des Lettres touchant les conciles, surtout celui de Chalcédoine. Les n" 28 à 37 sont de Nicétas Stéthatos, suivis d'un texte de Michel Psellos15 Les textes 39 à 54 sont de Théodore le Philosophe, spécifié comme évêque de Harran au n° 41 Ce sont effectivement les petits dialogues de Théodore Abu Qurra, connus déjà en grec, et que L Datiachvili a publiés à la suite des 10 traités de Léonce de Byzance16 C’est évidemment le titre de philosophe donné seulement à Théodore dans plusieurs de ces opuscules qui a incité L Datiachvili à reconnaître le même Théodore Abû Qurra dans le Traité n° J 8 Aussi I Lolachvili indique-t-il déjà le caractère absolument neuf des dix traités au moment de commenter le Dogmaticon17 Cependant, la place assez éloignée du traité 18 par rapport au n" 39 aurait pu inciter à une certaine prudence Notre traité est manifestement dans l’orbite des discussions qui suivent Chalcédoine II ne me paraît pas du tout évident qu’Arsène Iqaltoeli ait cru lui-même que ce traité était également de Théodore Abu Qurra. Mais le titre de ces Traités, curieusement, a été l’objet de discussions énormes, non seulement pour reconnaître l'auteur en géorgien, mais surtout pour déterminer l’auteur d’après les variantes du titre en grec Disons tout de suite que l’attribution de ce Traité à Théodore Abu Qurra (environ de 720 à 840) est absolument exclue du fait que le «De Sectis» est employé par le florilège dogmatique «Doctrina Patrum», qui le cite sous le nom de Léonce Or ce florilège diphysite grec a été écrit, comme l’a montré F Diekamp, entre 668 et 680 18 L’ouvrage est donc sûrement antérieur, et son attribution à Léonce exige ici le commentaire du — ou des titres — en grec et en géorgien. Pour ce faire, nous devons nous tourner maintenant vers la tradition manuscrite grecque, à laquelle M Waegeman avait déjà consacré un article en 197619. Le contexte grec de l'édition du «De Sectis» Le texte imprimé par Migne au tome 86 de la Patrologia Graeca, col 1191- 1268, reproduit celui de l'édition de Leunclavius, qui a vu le jour à Bâle en 1578 Texte édité par I LOLXCltviLI. Mikael Pselosis pilosopiur-egzeçetikiii i iiakiuti «Pirmsoisatsis», dans j’e/i kai tuli nuetlobis sakitxebi. t 2 (1964). p 74-91 16 Datiasvili, Tiakiatebi p 78-115 Lolasvili. Ai sene p 115 18 Voir plus bas M Wafglmw The Text Ttacliliott of the Ttecitise De Sectis (Ps Leentius Bszantinus >. in L Antiquité Classique, t 45 (1976). p 190-196
40 M VAN ESBROECK L'éditeur se basait sur le ms de Vienne Theol gr 190, du XVe ou XVIe siècle (W). Le recours à tous les manuscrits montre que l'édition appartient à un petit groupe de manuscrits plus récents. SOUFW — Moscou Musée Historique Synodal 433, du XIIe siècle (S) — Vienne Théol gr. 19 (1300) (O) — Utrecht ms gr 3, du XIVe siècle (U) — Florence Med Laur Plut. IV, 12 (F) L’éditrice élimine comme copie de U deux exemplaires de Leiden, Vossianus gr F 30 (XVIIe s ), et Perizon. Q 49 (XVIIe siècle) Le groupe le plus nombreux et le plus ancien est le suivant EABTCVMLP — Escorial gr 462, III 7, XIe siècle (E) — Athènes gr 1431, XIIe siècle (A) — Athos Vatopedi 286, du XIIIe siècle (B) — Vienne Théol gr. 173, XIV-XVe siècles (T) — Athos Vatopedi 236, XII-XIIF siècles (C) — Vatican gr 668, de 1305 1306 (V) — Madrid Bibl Nation 4798, XVe siècle (M) — Londres ms. Arundel 529, de 1111 (L) — Paris gr. 1115, de 1276 (P) A ces témoins, l’éditrice ajoute encore quatre mss du XIV/XVe siècle, qui ne contiennent que le premier des dix traités, et appartiennent au groupe le plus nombreux20 Une comparaison minutieuse du grec et du géorgien fait apparaître une très grande affinité entre le modèle d’Arsène et C Mais avant d’en faire la démonstration, il convient d’analyser le titre qui réserve quelque surprise Le titre qu’Arsène Iqaltoeli a eu devant les yeux est celui du ms C : L/ôLia àità (pravfjç ©eoôrâpou toù OeotptLecrrâTou ’A0pâ Kai ootprarctTOU tpiLoocxpou rijv te Oeictv Kai è^cotiktiv cbç /pq (ptLoootpijoavToç ypatpijv Selon l’analyse même de M Richard, à l’époque où Arsène est à Constantinople à la fin du XIIe siècle, cela signifie simplement «d’après, selon» Théodore21 On traduira donc «Scholies de Théodore l’abbé très aimé de Dieu, et le très sage philosophe exerçant comme il convient la philosophie sur les écrits sacrés et profanes» Ceci est très proche de ce que le titre géorgien nous transmet coQcnçocnfôQ 20 Nous utilisons la these de Doctorat dactylographiée M Wafgeman, Het traktaat de sec ti v (Ps Leonlius Bszantinus) Tekstkritische uitgave en vertaling Deel I Tekstkntische inleiding 279 pp , Deel II Tekst268 pp , Deel IV Kritische aantekeningen, 175 pp Gand 1982 Nous n'avons pas eu l'accès a la troisième partie contenant la traduction flamande du texte de Léonce Les mss cites sont tous décrits dans le t 1 21 M Richard. Atro Otovfi; in B\zanlion. t 20 (1950).p 215-222 Cite désormais 4po phone s
LE «DE SECTIS» ATTRIBUÉ À LÉONCE DE BYZANCE 41 u(vj3C’XP (nSfnœob Soiy^jôfiobô 3m5ô‘bm5obô qoô ggftoiûloço ôfodyBobù co£) 3000061 UôcoôBôçotn ôtnb a^cpob^BoljymcrjôQ l^gftcncnQbô çpô jôtnySobô go^robrogro&oljô bo^y^pcoôu On peut tradui- re- «Des paroles du moine très aimé de Dieu Théodore et plus encore du sage philosophe, comment il convient de comprendre la philosophie divine et profane» Ce parallélisme sans problème se complique fort à la lecture de toutes les discussions provoquées par le titre dans la famille UFW (O lacuneux) et du ms A qui ajoute, après «Scholies», de «Léonce de Byzance le Scolastique» C’est évidemment l’origine des citations dans le florilège de F. Diekamp, sous le nom de Léonce. La position des patrologues pour l’interprétation du titre complet grec a varié: F. Loofs en 1887 a estimé qu’il s’agissait d’un remaniement d’un ouvrage de Léonce de Byzance par un certain Théodore22 Mais il concevait le «Grundschrift» comme substantiellement différent du remaniement de Théodore. A cette conception, qui considère que les Scholia de Léonce ont été perdus, et composés entre 538 et 543, J P. Junglas a opposé une objection En effet, Loofs considérait le texte des citations du florilège comme originales par rapport au texte de Théodore Junglas montre qu’il n’en est rien, et que c’est plutôt le De Sectis qui est original23 Indépendamment l’un de l’autre, M Richard et S. Rees, en 1939 ont réexaminé les affinités et les différences entre les Traités qui sont sûrement de Léonce de Byzance et le «De Sectis» Tous deux arrivent à la même conclusion • le Florilège de la fin du VIe siècle a eu entre les mains le De Sectis que nous possédons aujourd’hui, tout en le commentant avec assez de liberté; par ailleurs, les différences doctrinales et politiques qui se manifestent entre l’opinion de l’auteur du De Scetis et celle de Léonce de Byzance sont suffisantes pour écarter l’hypothèse qui attribuerait à un même auteur les deux ouvrages Mais il reste évident que le De Sectis connaissait les vrais ouvrages de Léonce de Byzance et les utilisait24 De ce fait, S. Rees conclut à une lecture différente du titre que nous reproduisons ici: «The treatise was originally a sériés of lectures delivered by Théodore: this is the meaning we are obliged to give to the ànà rpcovfjç ®£oS(ôpou in the title Among those who attended the lectures of Théodore on the History of Sects and Heresies, there was a certain ‘Leontius, a scholasticus of Byzantium’. The ‘Scholia’ mentioned in the title are the ‘notes’ of this F Loofs, Leontius son Bszan: und die gleichnamigen Schriftsteller dei grieihisthen Kirihe Leipzig 1887 24 ^UNGLAS- Leontius son Bszanz Studien :u seinen Schriften, Paderborn 1908, S Rees, The «de seetis» a Treatise Attrihuted to Leontius of Bizantiunt. in Journal of Theological Studies, t 40 (1939), p 346-360 M Richard. Le Traité, p 695-723
42 M VAN ESBROECK Leontius, who is thus responsible for the transmission of the lectures of Théodore in their présent shape, viz the De Sectis»25 Cette conclusion assez apodictite a été entièrement reprise par M. Richard, beaucoup plus tard, dans une étude sur l'usage de l’expression ànè> tpravfjç dans divers titres scolaires d’ouvrages à partir du VIe siècle. M Richard écrit que le De Sec tis se présente comme un relevé de cours et que son titre doit se traduire Notes de Léonce le scolastique prises au cours de Théodore le très pieux abbé et très sage philosophe »26 Pourtant, les parallèles qu’il met en œuvre ne nous paraissent pas convaincants. M Richard produit notamment l’exemple d’un traité de Jean d’Alexandrie (VIIe siècle) divisé en Ttpû^etç avec des clausules identiques à celles du De Sec tis L/ôLia 'InnoKpâTOVç eiç rô rtepi rraiôiou tpûosroç ctitô (provijç Troàvvov En note, M. Richard demande de lire le génitif Hippocrate en le reliant au titre qui suit - l’exemple l’a visiblement gêné 27 Le parallèle appliqué au De Sectis produirait un titre assez proche de l’interprétation proposée par F Loofs- «Cours de Léonce le scolastique interprété oralement par le très pieux abbé Théodore . » La souplesse des formules utilisées ne nous paraît pas permettre l’exclusion de cette interprétation La raison qui nous fait revenir à l’interprétation de Loofs est précisément la distance qui sépare Léonce de Byzance de son interprète Théodore D'une part ils se connaissent et Théodore utilise sûrement le florilège dogmatique et les Traités. Mais il modifie essentiellement en fonction de l’intégration du point de vue gaianite: les variations d’opinions qui ont été relevées par Marcel Richard sont exactement proportionnelles à la nécessité de distinguer l’union de l’âme au corps en vue d’intégrer le point de vue Gaîanite»28- lr.vi>nôc>TOÆOv et sa relation aux accidents et à l’hypostase sont évoqués dès le début en fonction de l’aphthartodocétisme dont le De Sectis offre un exposé remarquablement bien informé. La différence d’attitude vis-à-vis de Théodore de Mopsueste et d’Origène, soulignée par S Rees, sont également du même ordre d’une transposition d’un cadre de cours entre les mains d’un interprète différent Mais déjà Rees a bien remarqué que les positions respectives à l’égard de Thédore et Origène étaient celles qui se faisaient jour en Palestine, d’après la Vie de Saint Sabas par Cyrille de Scythopolis29 Un des problèmes majeurs du De Sectis, est constitué par l’absence d’aucune 25 Rees, art cit. p 359 26 Richard, Apo phones, p 200 2' Ibid , p 205 et note I 28 M Richard, Le Traite, p 698-699, 703-705. et 710 29 S Rees, art cit . p 357-358
LE «DE SECTIS» ATTRIBUÉ À LÉONCE DE BYZANCE 43 allusion au concile de Constantinople en 553 Cette absence a posé un problème que tous les interprètes essaient d’éclairer, sans grand succès En effet en rigueur de terme, les indices chronologiques pour la datation du Traité sont extrêmement, même trop visibles l’action V qualifie Justin de l’adjectif «premier», donc au moins sous le règne de Justin II après 565 Par ailleurs dans la même action (1232 C), on énumère les évêques d'Alexandrie jusqu’à Eulogius (580-607) Les allusions aux Agnoètes et aux trithéistes sous Théodose pourraient à la rigueur exiger une date postérieure à 553, on reste loin en tout cas de la date limite imposée par la Doctrina Patrum30 le nom d’Eulogius a été ajouté, et celui de ses prédécesseurs immédiats, aussi long- temps que le traité est demeuré d’actualité, c’est-à-dire pratiquement jusqu’aux problèmes monothélites Le seul mot «premier» ajouté à Justin ne représente pas non plus davantage qu’une précision faite après la rédaction du De Sectis Ces indices s’avèrent d’autant plus maigres que, précisément dans les énuméra- tions de personnages l’érudition des copistes semble en avoir rajouté L’examen de l’apparat critique grec, augmenté de la version géorgienne, ne fait aucun doute là-dessus Nous observons en outre l’étrange remarque à propos de Gaïanos, exilé par Justinien «depuis lors il disparut jusqu’à aujourd’hui» (1232 C) L'éviction de Gaianos par les soins du cubiculaire Narsès a eu lieu en 535 Comment un auteur qui écrirait après 681 aurait-il eu le réflexe de cette remarque? Au contraire, si le De Sectis à été écrit peu après 543, après les premières décisions doctrinales de Justinien et avant le concile de 553, la structure entière du Traité devient très naturelle, si on admet les quelques suppléments On ajoutera que, si Léonce de Byzance et Léonce le scolastique sont indentiques la mort de ce dernier en 543 rend la reprise du cours par un autre tout à fait plausible Les acrobaties tentées pour expliquer l’absence d’aucune référence au concile de 553, deviennent alors sans objet La difficulté a été bien vue par Rees, qui propose déjà de considérer que le De Sectis fait suite à l’initiative de Justinien en 54331. L’étude de J. Speigl sur la politique de Justinien en fonction du De Sectis n’est pas moins embarrassée : entérinant complètement la position de M. Richard, J Speigl tente de montrer le peu de poids que l’auteur attribue aux interventions plutôt mal venues des empereurs pour l’organisation de conciles œcuméniques Dans cette ligne, le concile de 553 lui aurait paru non F Diekamp, Doctrina Patrum de Incarnatione t erbi Ein gnechisches Florilegium aus der endedessiebentenundachtenjahrhunderts, Münster, 1907, p LXXIX F Diekamp montre que es arguments déjà présentes par Loofs pour dater les 31 premiers chapitres restent valables avant Or, les citations de Léonce se trouvent déjà dans cette première section Sur la question des agnoetes et des tritheistes, nous reviendrons dans les Mélangés \an Roei 1 S Rees, art cit, p 354
44 M VAN ESBROECK nécessaire à être invoqué Pourtant il est patent que le concile de Chalcédoine n’est jamais répudié par Théodore, qui en fait la pierre de touche de son analyse32 De considérer le De Sectis comme anterieur à 553 permet également de faire justice aux arguments de Loofs les objections des monophysites contre Chalcédoine en fonction de l’acception de Theodoret et Ibas devraient tomber puisque le concile de 553 les a condamnés, et de même les formules cyrilhennes pour la christologie ne sont plus à récupérer du moment que le concile de 553 les a entérinées33 Ces remarques préliminaires sur l’auteur du Traité laissent ouverte la question de savoir si Théodore de Raithu, distinct de Théodore de Pharan, a pu compléter et adapter à l’actualité le cours de Léonce de Byzance, «l’origéniste» de Cyrille de Scythopolis Le tableau nuancé que M Richard a tracé de ce Léonce, l’identification admise par Darrouzès, le caractère somme toute assez orthodoxe de l’ermite, permettraient de le laisser croire34 A la fin de ce paragraphe qui traite de l’identité de l’auteur et de la forme du titre du «de Sectis», il nous faut relever une coïncidence fortuite, mais piquante eu égard à l’édition géorgienne sous le nom d’Abu Qurra En effet, dans le titre, la formule grecque àppà Kai a été transformée en àPouKapà dans deux des mss secondaires qui ne possèdent que le premier traité Cet accident remonte cependant plus haut, car il a fait florès dans le manuscrit E, qui ajoute au bout du titre toù èTttKLrjOévTOç ’AflouKKoCpa, qui s’appelait Abu Qurra, tandis que le manuscrit B écrit plus simplement Qeoôrôpou toù ’AflouKapà Ttepi aipéoerov De Théodore Abu Qarra, sur les hérésies Que ces titres n’ont aucune influence sur l’insertion de cet auteur dans l’édition géorgienne, on le verra d’autant plus clairement que le ms. le plus proche s’avère un ancêtre de C L’apport de la version géorgienne à rétablissement du texte Nous commencerons par établir l’étroite affinité de G (géorgien) avec le ms C Une vingtaine de leçons suffiront à l’établir, on indiquera ici la ligne de la Patrologie afin de permettre à tout lecteur la vérification du passage Les chiffres qui précèdent le terme géorgien renvoient à la page et à la ligne de l’édition de L. Datiasvili CM 1196 A 15 prj§a|ifi + Kai Ttàvrq 25.8 yon3cpôço. 32 J Speigl, Der Autor der Schrift iiber die Kcmzilien und die Religionspolitik Justinians. in Annuarium Historiae Comiliorum Internationale Zeitschrift für Konziliengeschichtsforschung, t 2 (1970). p 207-230 33 Cf 34 M (1947), p M Richard, Le Traité, p 722 Richard, Léonce de Byzance était-il origéniste' dans Reçue des Études Byzantines, 31-66 5
LE «DE SECTIS» ATTRIBUÉ À LÉONCE DE BYZANCE 45 CM 1196 B 1 Ttavra om 25,9 CM CM CM CM PST 1196 B 2 èv toïç om 25 10 1196 B 4-5 âvOpamov KÔapov 25 12 6(033(^0 1196 D 6 ’EPpaîot Kai ’lovôaîot intervers 26 3 1197 B 8 èvoÎKqoaç, ÈvavOpcûTtqOEV 26 36 30680360 CMVLPSTE 1197 B 10 vocpôv om 26 37 CMV c tea 1197 C 14 Kptvai Çrôvraç Kai vEKpoùç Kptcnv ôtKairov Kai àôiKcov 27.17 30600006300 3ô(ôcocpcoô çoô 3(0^0000 1201 A 2 oùpâvou. avOpcintou 29 11 803060a CMVLP EA 1208 A 3 Ttpotpfirpv — Épi: om 33.28 C L TEAB 1213 A 7 Elarâprov Mùprov 37 30 83(0(060600 C V TEAB 1228 C 5 Ota: "Ocra 48 1 (00(0(03660. CMVLP TEAB 1233 C 13 tiveç • ttôAâoi 52 13 8(0030^60 C TEAB 1233 D i /tévTE ij rpiâKovra- Ttévre ij ’towç n/.EÎovEÇ 52.15 C V C V P TEAB b£)oo6o ô6£) E>£)£)3£)Q ooô £)8(ôô3£p3b6o 1236 C 9 àkk ô pôvov akkà pôvov â 53 26 0(0063(0 Sbcocpcoço (Ôô6gco£) 806 . 1214 B 3 aiT^oç àpéoroç 52.35 ^606^3^(00 C V C VLP TEAB 1248 B 1 §ùo roç’ ôpotroç 61.25 8630360(0 1248 D 12-14 om ôpo/-O7('.ic>0m ôri aùrôv <pùoEt . 62.25 C VLP TEAB 0(000(036306 £)3£)3 30000(083(0 6^)636000 . 1249 D 3 §ùo eoTiv §ùo r.ïôq eo-tiv 63.29 <o(ô6o 606360. C V TEA 1264 B 8 rjv + rpv TÉ/vqv 75 19 33(^(03636000 De ce bref tableau, il ne résulte cependant pas que C soit un modèle direct de G (= géorgien) On notera par exemple 1237 C 4 CV -rpv cmvoôov om., alors que G écrit bien 3(036060 54.36 Des lectures spécifiques de C paraissent expliquer seulement une adaptation géorgienne dans un autre cas : pour le texte de Migne (W) 1240 D 3 KaO' ô ôv ècm Ktti KctO'êauro on a: Kai KaOô ôv èon Kai KctOô Kai KctO'ëctirco rendu en 56.36 3(0000(0 3000061 05,0 Sycng 0(06 çoô 83(0(03(0 30000(0 030 aôboosbQÔooo d abord en tant qu’il est existant, ensuite en tant que par lui-même... Un autre passage semble permettre de récupérer un homoioteleute disparu de tous les manuscrits grecs, là où Migne écrit 1252 D 1 Kai oùk è£, àvâyKqç §eî ra ôpo^.oyoùpeva ttùvtoç riOévar G ajoute juste auparavant: çoô ô(ôô ôô^ofntnço 5^3(0 °JTi ô(o6ôô(Ô3&^)cpcoô çpô 30000(083(0 66.8-9, Quel on peut aisément rétroverser. «K.ai où xpqoiproç Ertpene rà ôpo^oyoùpE- Va tiOévat ÔTt...».
46 M VAN FSBROECK En 1264 B 6, Gest seul a spécifier ÈrriOCcrar par dmdmbbô bgçoô 75.10 «èiriwv Pwpôv» Du côté des noms propres les différences sont particulièrement intéressantes On a déjà vu qu’Eulogius d’Alexandrie pouvait difficilement faire partie du De Sectis original Le passage se trouve cependant dans tous les témoins, y compris en géorgien, 50 34. Pour d'autres passages où les noms interviennent, la différence entre les groupes est plus sensible. En 1212 D 7, g omet en 37 20 la phrase qui exclut Eusèbe de Césarée et Théodoret «oûç ctvàyKriç où ÔE/opeOa» En 1212 B 5, à la série des prophètes, g ajoute çoôboocp Daniel 36,29 avant Ananie. Le groupe EABTCMLPg rejette Clément de Rome en 1213 A 6, et Denys l’Aréopagite à la ligne suivante. C’est semble-t-il le même érudit qui a transformé dans SOUFW Méthode de Myrrhe en Méthode de Patare. Si dans ce passage, on peut encore discuter quelle famille est originale, l’exemple suivant nous paraît plus éclairant En 1216 C 5 sont énumérés une série de Pères de l’Église Les critères du choix sont à la fois christologiques et géographiques. L'auteur tend à donner un nom pour chaque siège important touchant la christologie de 325 à 430. A nouveau la famille SOUFW ajoute, après Nectaire de Constantinople, Atticus, Jean, Proclus et Flavien Après Epiphane de Chypre en 1216 D 7, le géorgien a ajouté spontanément Jean Chrysostome, pourtant moins représentatif pour la Christologie. EABTCMg forment ici à nouveau un groupe. Un peu plus loin, en 1220 D 7-8, les personnages du concile de 381 sont énumérés après les deux Grégoire, BTCLPMV et g ajoutent et Basile (g 42 37), après Amphiloque d'Iconium, EA ajoutent en premier lieu Mélèce d’Antioche, également cité par g 42 38 Mais les deux mss AE continuent par une série de noms forts éloignés de 381, comme Cyrille de Jérusalem, Diodore, Isidore, Helladius et Timothée d’Alexandrie En 1228 D 5, l’évêque Pierre Monge est cité sans son qualificatif par EABTCVLPM et g 48 15, comme si la chose allait encore de soit Par ailleurs, en 1229 C 1 c’est certainement par erreur que dans l’énumération des patriarches monophysites d’Alexandrie la famille ABTCVSOU et g 49 7 a oublié d’insérer «kcù rtctLiv ’IcûàvvTjç», pour désigner Jean Nikiotes (505-516) Le lecteur qui aura eu la patience d’apprécier ces différences se rendra déjà compte de la structure du stemma grec élaboré par M Waegeman Le ms C avec VM remontent à un archétype q, lequel avec LMPS qui dépend lui-même de 0 remontent à l’archétype 8. A ô fait face y qui réunit la descendance EABT, E étant le plus ancien des témoins, le seul ms. grec antérieur au ms S-1463 géorgien La famille a réunit y et 8. Les originalités propres de g obligent à le situer entre a et 8, à l’exclusion absolue de la famille 0, dont la descendance comporte S par contamination, et surtout O, U, F et W, le modèle de l’édition
LE «DE SECTIS» ATTRIBUÉ À LÉONCE DE BYZANCE 47 de 1578 Le nombre des dissensions entre a et P est suffisamment élevé pour demander un jugement général de valeur sur le choix à faire Disons de suite que ce choix, M Waegeman l’a tranché en faveur de p dans la plupart des cas où l’hésitation est possible Il y a pour cela des raisons impressionantes La principale vient toutefois de la manière dont le florilège dogmatique «Le Sceau de la Foi» cite le «De sectis» On voit, par exemple, que dans le florilège annexé au Traité 9, FW sont les seuls mss à citer deux passages patristiques, qui précisément se retrouvent dans le florilège d'avant 680 Surtout, la citation par le nom de Léonce correspond au titre de la famille UFW Mais on a vu les difficultés suscitées pour une attribution directe à Léonce de Byzance • celles-ci ont pu provoquer la disparition du titre dans les deux branches EBT et 0, comme dans l'archétype d’Arsène Iqaltoeli Au surplus, le ms A est considérablement augmenté d'une série d’extraits de Jean Damascène, de Timothée de Constantinople, des véritables traités de Léonce de Byzance (PG 86, 1940 C — 1941 A et 1485 B), et d’un long factum dont l’éditrice n’est pas parvenu à identifier l’origine35 On voit que la capacité de rallonger ou de remanier faisait partie des mœurs de l’époque. Nous ne contesterons pas que le groupe SOUFW a souvent gardé des leçons correctes vis-à-vis de toute la famille a Mais nous voudrions cependant reprendre par le menu quatre exemples où la question de l’antériorité ne nous semble pas pouvoir aussi aisément être tranchée en faveur de ce groupe Entre Justin I et Justinien, la phrase 1229 C 11 Kai d>ç |ir,ra fjprcm êviaurov ev0éa>ç disparaît dans A, tandis qu’elle disparaît avec et y compris le nom de Justinien dans g 49 16 Au lieu de Eva fjpiau èvtauTÔv B aévvÉa Èvrawràv, L évéa èvtaOrovç et PM évvéa Éviauroûç II est évident que neuf ans séparent le règne de Justin de celui de Justinien, de 518 à 527 Le ms A comprend directement qu’il s’agit du règne conjoint de Justin et Justinien Les autres manuscrits de la branche semblent admettre que Justin aurait régné par lui- même un an et demi, avant d’être complètement relayé par Justinien, mais même cette interprétation est impossible car la déposition de Sévère s’est faite immédiatement en 518. Nous avons l’impression que le couple Justin et Justinien a été évoqué directement au début, selon Ag Puis, à cause du pronom relatif Toutou ôe. on a spécifié «et de suite après une demi-année Justinien», leçon gardée dans le groupe P On sait que le neveu de Justin, Pierre Sabbatinus, fut adopté par son oncle Justin, et reçut à cette occasion son gentilice de Justinien. La date de cette opération est antérieure au début de 519. car le pape Hormisdas lui écrit déjà sous le nom de Justinien36 Dès lors, les M Waegeman. Het Imktaat t 2, p 254-268 A A Vasiliev Justin the kit si Cambridge Massachusetts, 1950, p 92-94
48 M VAN ESBROECK décisions de Justin lui-même sont en fait celles de Justinien La seule phrase «Justin et Justinien. Ce dernier régnant », peut se comprendre en rapportant le règne à Justin La spécification d’une demi-année a pu être à l'origine dans le texte, et serait alors à mettre au compte d’une documentation excellente pour le moment de l’adoption légale de Justinien M. Waegeman mène l’analyse dans un sens bien différent37 II semble que l’harmonisation à neuf ans soit certainement secondaire, et, comme l’avait déjà vu Loofs, opposée à l’adjectif eùGéroç, «de suite». A et G ont cependant eu ici un réflexe commun qui pourrait être une dépendance Un autre passage intéressant, 1233 D 1, fait réfléchir le passage est extrêmement corrompu et les variantes nombreuses La lecture choisie par l’éditrice est la suivante- ETtEtra Se, eî Kcti ttévte ij rpiÙKovra àrro xrôv ÊcuKoaicov rpictKovrct èkeIvwv eûpeOévteç èv rij cmvôôro È<pàvr|crav TtakipPou- Lot, où §ia toèito xprj /L' àvôptàv cmvoôov ÙTtoPctLLEcrOctt Pourtant FW ajoutait ij TtLeiro avant ij rpiÙKovra. Le texte géorgien nous paraît de loin le plus intelligible parmi les innombrable variantes, ô8obbô 'aQpçojmSôço, ôfiô 6^30063 ^00303 1386103^36- 6o çoô^çojfimdQcpbo 30683 38013636 36136060 806, 3 j^bôbtnyçoôôcocoô 303000 36136060 8ôco dcpoco '83^361036301300 52.14-18 Ensuite, même si cinq ou même davantage se sont trouvés inconstants dans le concile, il ne convient pas de mépriser pour autant les 630 hommes du concile» L’apparat critique est brouillé par un report de rptaKovra à partir du chiffre du concile, reporté dans le raisonnement « Si cinq, ou davantage, ou trente...» L’accord CREAT est ici remarquable par rapport à la faiblesse de SOUFW Un troisième passage intéressant est l’omission 1248 D 12-14, où à nouveau à SOFW s'opposent EABTCVLP et g 62,25 A première vue, il s’agit d’une énumération de propositions garanties par l’Écriture, dans une série où le saut du même au même semble s’imposer «Que l’on croie que» commande une série de six ôri dont le contenu est souvent très proche, à savoir «qu’il est lui- même [Dieu et Homme, qu’il est lui-même proprement Dieu et proprement Homme (c’est-à-dire non par métaphore), qu'il est lui-même] Dieu par nature et Homme par nature, qu’il est lui-même consubstantiel au Père et consubstan- tiel à nous-mêmes, qu’il est lui-même Un de la Trinité et un de nous, et que Dieu le Verbe a daigné devenir Homme» Nous avons mis entre crochets le passage manquant dans la famille a. Après cet exposé, l’auteur soumet ces propositions à l’épreuve de la nature unique, selon trois types de rattachement à l’hypostase humaine: l’âme seule, le corps seul et l’homme complet Dans les cas qu’il M WaEgfman. Het Tiaktaat. I IV, p 89-92. ou la piste est mise sur les confusions graphiques orientales entre Justin et Justinien
le «de sectis» attribué à Léonce de byzance 49 applique systématiquement, il traite successivement la consubstantialité, l’identité propre et l’identité par nature. L’identité par nature se trouve toujours en queue des arguments, particulièrement en 1249 C • on y retrouve ad litteram le développement que nous avons traduit ci-dessus au passage 1248 D 12-14 et cette fois tous les manuscrits le possèdent en entier Le crescendo des démonstrations particulières va toujours vers «Dieu par nature et Homme par nature». Aussi, il ne nous paraît pas évident qu’il s’agisse d’un accident par homoïoteleute en 1248 D 12-14. La première fois qu’il embraye le raisonne- ment Léonce a pu directement viser le «par nature», puis dans toutes les applications, il suit les échelons de la consubstantialité et de la propriété de Dieu et de l’homme Puis à cause des parallélismes, une version qui retouche le texte a pu récupérer dans 1248 D les formules de 1249 C, pour l’élégance de la présentation. La famille a ne nous paraît donc pas nécessairement la moins originale. Un dernier exemple touche le passage 1249 D 3 • il s’agit d’une nouvelle aporie touchant l’union insécable des accidents, envisagée du point de vue adverse de l’unique nature, et produisant deux ou quatre hypotases. L’énoncé grec est le suivant. Kai trôç ètri évôç ùtÔ|iou §ûo fiôr| tpûoEiç ëotiv cCpeiv, leçon de S suivie par M. Waegeman. Disons de suite que FW omet fjôr| tpûoetç, et que O écrit eïôq tpvcmiç. EABTCVLP et g 63,29 écrivent simplement eï§r|, qui est certainement la bonne leçon. Vis-à-vis de l’insécabilité, dès le début du traité, la forme eîôoç est annoncée sous le point de vue de la substance insécable, en 1193 A Par ailleurs, le développement suivant qui analyse l’insécabilité de la substance du Christ du point de vue de l’unique nature ne peut évidemment pas se prévaloir d’une distinction méthodique préliminaire de deux natures: c’est pourquoi «deux formes» est certainement la leçon exacte. Mais la réaction du groupe SOFW est hautement significative. FW très intelligemment a éliminé le groupe r)5r| (pùcmtç, parce qu’il se rendait compte qu’il était inacceptable. Par itacisme, eïôt] original s’est trasformé en rjôq, «déjà», et le complément tpûcmiç s’est inséré à la place laissée vide. La leçon (pûcmtç se trouvait à l’origine de la famille P Mais c’est la famille a qui a conservé le texte le meilleur S’il est donc vrai que le florilège composé entre 668 et 680 utilise la famille P. qu il se permet d’ailleurs de remanier en vue de sa propre thèse et afin d expliciter le contenu de son modèle, cela ne signifie pas nécessairement que la famille p soit plus originale que la famille a Celle-ci s’en trouve reportée à une époque précédant le remaniement, dont seul le ms. A a conservé l’attribution à Léonce, le scolastique de Byzance
50 M VAN ESBROECK La qualité du texte géorgien d’Arsène Iqaltoeli Ayant examiné la manière dont la version géorgienne s’insère dans le stemma grec, il nous faut revenir maintenant sur les caractéristiques d’Arsène Iqaltoeli comme traducteur, et sur la qualité du texte grec qui lui servait de modèle Les correspondances ci tées pl us haut pourraient laisser l’impression au lecteur que la version géorgienne n’a pas d’accidents propres, ni aucune erreur. Il n’en est rien Nous donnons ci-dessous une liste des principales altérations dues, soit au modèle grec d’Arsène, soit déjà à des fautes de transmission dans le ms S- 1463 1193 A 7-8 toùtôv - rctvrôv om. g 25 11, par homoïoteleute 1197 A 8 kcù yvcopioOévTeç - iœorpp om G 26 21 1208 C - 1208 D est subtantiellement résumé dans g 34 25 1212 B 7-8 roù Kûpou - Ttoteîv om g 36.31. 1236 B 1 ùàà'ôti àKoivrovqoîav èttoîr)CTE -rrâ paKctpiro Aéovrt om. g 53.5 cette variante nous paraît une réaction antilatine 1236 D 8 et 1257 B 2 écorchent le nom de Mari en Mani 9ô6o, cette erreur pourrait n’être due qu’à la mauvaise condition du ms S-1463, suppléé par le ms. Gelathi 23 Les lettres 6 et (n sont proches par la forme 1244 D 10-14 ’Apé^ei - roôrrov om. g 59.31. 1248 B 14 perù rqv ëvrocnv om g 61 38 1249 D 1-2 (Bote - XpicToC) om g 63.26. 1252 B 12-13 kutù g”/éc>iv - oâpKct om g 64 27 1252 B 14 ëvvoia est curieusement traduit par dô£po qui correspond normale- ment à ôûvaptç 64 26 1256 B 10 Le titre Karà pépoç niariq om g 67 18 1257 A 11-15 akka piav qwotv - eItte om g 68.23 par homoïoteleute, dont le traducteur s’est aperçu deux lignes plus bas en récupérant la citation sautée de Cyrille en 68 28 En outre, dans le florilège dogmatique du Traité 9, qui n’a pas d’équivalent dans la Patrologie de Migne, nous citons les pages et les lignes du t. II de M. Waegeman. 215.93-216.104 pù^^ov - npounocmpKoï. il manque la fin de la citation de Grégoire de Nysse en g 71.13, qui correspond à PG 45, 1215 D-5/1216 B 5. 221.144-222.157 sont sautées deux citations de Cyrille d’Alexandrie, en g 72.16, correspondantes à PG 68, 637 A 7 - B 2 et PF 77, 257 B 11-15. On notera en outre dans le florilège géorgien que les titres des passages cités sont deux fois mal découpés Comme il n’y a aucune indication sur l’extension éventuelle des rubriques dans le manuscrit de base, on est réduit à se poser des
LE «DE SECTIS» ATTRIBUE À LÉONCE DE BYZANCE 51 questions. Le premier passage touche l’édition géorgienne p. 70, 12-13, où la fin de la citation d’Athanase est rattachée en caractères gras à l’annonce du titre suivant de Grégoire le théologien De même p 71, 15-16, la première ligne de la citation d’Ambroise doit faire partie du titre en grasses’ «D’Ambroise évêque de Milan et confesseur, de la lettre à l'empereur Gratien, et le même témoignage est fourni par le bienheureux Cyrille dans son écrit contre Nestorius». Le témoignage est tiré de PL 16, 576 13 - C 5 Observons qu’à l’inverse, en 1200 C, M Waegeman a vainement cherché sans la trouver une citation de Grégoire de Nazianze Un seul regard sur la version d’Arsène Iqaltoeli explique que sa recherche s’est soldée par un échec L’édition géorgienne permet immédiatement de constater qu’Arsène Iqaltoeli lisait la citation, non pas avant «wç tpqoiv ô Tpqyôpioç», mais après (g 28 26) La référence ne me paraît d’ailleurs pas littérale, mais se rapporter à la manière dont Grégoire de Nazianze traite la question dans le cinquième discours théologique, particulièrement PG 36, 142 A 3 et 141 C 8 Quant à la citation repérée par M. Waegeman avant wç tpqcnv ô Tpriyôpioç, dans VHodegos d’Anastase, elle se base sans doute sur le De Sec lis U n traité perdu de Grégoire ne serait cependant pas à exclure car la citation va certainement jusqu’à la fin du premier Traité. Ces nombreuses déficiences de la version géorgienne ne font qu’accentuer son indépendance vis-à-vis des deux embranchements de la famille a, dont elle constitue une troisième forme. Elle contribue donc à inviter l’édition critique à ne pas donner nécessairement trop de poids à la prépondérance de la famille FW, d’ailleurs singulièrement plus récente. Pour ce qui touche au vocabulaire d’Arsène Iqaltoeli, L Datiachvili a renoncé à créer un glossaire indépendant pour l’édition des dix traités Le langage philosophique grec lui paraît être suffisamment éclairci par l’édition du Dialektika de Jean Damascène, qui figure au début du Dogmaticon d’Arsène Iqaltoeli, et a été édité avec d’excellents index par M Rapava38 En l’absence du modèle grec des dix Traités, on comprend que L. Datiachvili n’ait pas été tentée par une restitution du vocabulaire grec sous-jacent Tout au plus a-t-elle commenté longuement le terme gjôbfôQQ'bcnQcnboco, parce qu’Arsène Iqaltoeli lui-même en a laissé une description, sinon un copiste ancien, en marge de feuillet où figure son premier emploi39. Un coup d’œil sur le modèle grec permet de lire la solution. l’expression n’est autre que èk ôtapÉrpou. Voir dans quelle mesure Arsène est resté strictement fidèle dépasse la mesure d’un article’ 39 M Rapava. loane Danwskeli. Tbilissi 1976, p 181-300 L Datiachvili, Arsene, p 28-29, d'apres le fol 191'
52 M VAN ESBROECK constatons par exemple que rô ôicupopov est traduit alors que dans la Dialektika, f| Sicttpopà se traduit par coococnbôbg ou coocooigQfno Ceci revient à dire que l’on est en droit d'attendre maintenant la publication d’une édition critique du De Sec tis en géorgien, et nul ne sera mieux placé pour le faire que L Datiachvili Cela sera l’occasion également de corriger les coquilles assez nombreuses dans l’édition du texte d’Arsène, et surtout de l’harmoniser à un vocabulaire philosophique basé sur le grec, qui pourra être utilement confronté à celui qui a été employé par Arsène dans la traduction de Jean Damascène Ainsi, Léonce de Byzance, s’il s’agit bien de lui comme il nous paraît probable, à travers son interprète posthume Théodore, trouvera son prolonge- ment, digne de la structure très forte des dix Traités, dans la version d’Arsène Iqaltoeli Michel van Esbroeck Rome
AN OLD GEORGIAN GRAMMATICAL TREATISE IN A COLLECTION OF HOMILIES ATTRIBUTED TO JOHN CHRYSOSTOM The MS. n 6 from the Georgian Iviron Monastery on Mt Athos has never been the object of concentrated study Briefly described by both A Tsagareli (n. 85)1 and R. Blake (n 6)2 as a late copy of John Chrysostom’s some works impossible to identify owing to the damaged State of the MS , it failed to attract the attention of scholars, Georgian or Western. It seemed hardly probable that a MS. believed by Blake to hâve been copied in the 17th century, reduced to half of its original volume and well-nigh illegible in the remaining half, should contain anything of importance. However, as anyone who has had to do with manuscripts knows to happen, the MS. has proved to be unique in more respects than one' it has been found to contain translations otherwise unknown in the Georgian language. Furthermore, it has enabled us to add a new and unexpected chapter to the history of Old Georgian original literature. The study of this MS. was undertaken in connection with a grammatical treatise formely found only in a single MS. copied in the year 1541 (S-312, Institute of MSS., Tbilisi). This important specimen of Old Georgian literature, which has passed unnoticed to the présent day, was written as a grammatical commentary on a certain passage in one of Chrysostom’s works which the author of the treatise had found difficult to translate owing to the différence between the Greek and the Georgian languages. Neither the title nor the exact contents of the composition he had undertaken to translate were indicated by the anonymous author. It was then that I turned my attention to the search for more information on the subject, namely, to an old list of the Athos MSS., compiled by a monk, Ilarion, at the beginning of the 19th century3 Ilarion had little or no knowledge of the science of cataloguing, and his list is not only incomplète but lacking in technical description of any kind whatever. However, m one respect at least his list contained information absent in the American p 94^ UarapejiH, CBeaenust o naMaimiKax rpyattHCKoü nncbMeHHocTn. Bbm I. 1883, CLIo . R Blake, Catalogue des manuscrits géorgiens de la bibliothèque de la Laure d'Iviron au Mont Athos, Paris, 1932, p 26 A L(arape,nu, CBeaenua, Bbin I, npmi I
54 M SHAN1DZÉ scholar’s catalogue Ilarion had copied out some of the headings from a MS which was likely to be n 6 of Blake’s catalogue, adding after one of them a note of his own, which proved to be an important due: "And in this same chapter the sainted interpréter Euthymius says that the article (artroni4) befits the Greek language well, but the Georgian it does not ” In the spnng of the year 1981, when the microfilms of the Athos manuscripts were transferred to the Tbilisi University, I availed myself of the opportunity of examining the MS n. 6 My surmise proved to be correct. the five titles reproduced in Ilanon’s list were identical with the titles of the homilies 19-23 in the MS n 6. The first of these, namely, the 19th, contained the grammatical treatise on the articles inserted in the text of the translation itself. Morever, it became apparent at once that the MS contained works not only previously unknown in Georgian translations but of some importance for Chrysostomian studies as well; these were the reasons which prompted me to undertake a more detailed investigation. We may now pass on to a description of the manuscript itself. In its présent condition the MS. consists of 167 folia, there are also some fragments of leaves at the beginning. There are no page-markings; the gatherings of eight folia (rveulï) are marked in capitals in the usual Georgian manner. The manuscript must hâve contained not less than 296 folia, the last quire bears the number 37 (/z), but the first half of the manuscript has been lost • the first quire-number is 18 (zë) An uncertain number of leaves has also been lost from the end of the manuscript; the colophon of the scribe is missing. The remaining part of the manuscript has also suffered damage from corrosive ink, which has eaten through the paper; the fines are blurred and often illegible ; in many places the leaves are mutilated, the bnttle paper having broken into pièces which hâve fallen out; thus portions of the text are irretnevably lost The State of the remainder is such as to make the reading of almost every line a thorny task The condition of the leaves is worse at the beginning, which leads us to assume that corrosion is also responsible for the destruction of the first half of the manuscript. The dimensions are approximately 370 mm x 275 mm. The writing is arranged in double columns. The scnpt is a regular, closely set, slightly rounded nusxuri, clearly the work of a skilled and experienced scribe. The punctuation follows the System onginated by Ephrem Mtsire (one, two, three and six points) Quotations are indicated by marks in the margin. There are also spécial signs for marginal notes, the stress, and for the interrogative forms 4 The transcription here and elsewhere is the one used in H Vogt's Grammaire de la langue géorgienne. 1971
AN OLD GEORGIAN GRAMMAIICAL 1 REATISE 55 This again indicates the influence of the literary school of Ephrem A remarkable feature is the marking of breathing and stress in Greek words and articles in the Grammatical treatise From the point of view of orthography the MS. is almost faultless, scnbal errors being few and insignificant. Variations in orthography are practically non-existent. The language of the texts is Old Georgian, but it évincés certain peculiarities which are ordinanly met with only after the lOth century, such as the absence of ë in noun-endings, the use of -din instead of-dian in the third pers plural of the Ist subjunctive. Apart from this, no divergence from the established morphologie norms of Old Georgian seems observable This, and above ail the style of the scnpt, show that the manuscnpt cannot be dated later than in the 12th century, the latest it might hâve been written is the beginning of the 13th cent, the palaeographic peculiarities of the manuscnpt being the same as those of some dated manuscripts of the same penod. In its pristine State the manuscript comprised not less than 33 different works. Due to the regrettable destruction of the first half of the MS only some of them hâve corne down to us The headings being numbered, it is certain that 16 of the compositions once included in the copy hâve been lost Ail the works in the remaining part are recorded under the name of John Chrysostom (loane Okrop’in) • misive c’midisa mamisa cuenisa loane Okrop’irisa k’onst’ant’inup’olel mtavarep’isk'op'osisa “of the same, our holy father, John Chrysostom, the archbishop of Constantinople . .’’ I am inclined to believe that the missing part of the MS. also comprised works attributed to the same author. The compositions are defined in the titles as sit’q’iiay “sermon" or umliay (ôpiZia). In its présent State the manuscript contains the following homilies : iz (17). misive . sit'q'uay samarit’elisatws da ray itargmanibis .. The following test — a whole column — is illegible The next column reads ray uk’ue rasa it’q’ws c’inaysc’armet'q’ueli ara seemsios, area dasures (Jes. 40,28)? xolo Mat’tt (sic) maxarebeli macxovrisatws it’q’ws’ daimarxna ray dyenio ormeoeni da yameni ormeoeni, uk’uanaysk’nel seemsia (Mt. 4,2) xolo loaneca maxarebeli k’ualad it’q’ws. lesu uk’ue masurali (J 4,6) da romelime it’q’ws, vitarmed’ seemsia, da romelime k’ualad pnad dasura da vitar c’inaysc’armet’q’ueli it’q’ws, vitarmed. ara seemsios, area dasures? da vitar sesajlebel ars ertqmaobit sesc’orebad c’inaysc’armet’q’uelebasa tana9 garna area c’inaysc’armet'q’ueli mt’q'uar ikmana — nu iq’opin ! — area ntocikulta ucxod tkues .. (q 19, f lv) Cf. PG 59,535: Lqpepov f|pïv ô Xpiorôç . Ti oùv ’Haictç ô 7rpo<pf]rr|Ç Léyci 'O ©eôç ô pèyaç. The authenticity is dubious, the homily is thought to be the work of Leontius of Jérusalem or Sevenan of Gabala (CPG, n. 4581 ; IPG, II, 406; Aldama,
56 M SHAN1DZÉ Repertorium Pseudochrysostomicum, n 457) It should be noted that the Greek text here does not correspond in length to the Georgian, the former being more lengthy. The Georgian text quoted here and elsewhere has not been translated in cases when the Greek original has been indicated, the reason being that the Georgian translation follows the Greek original for the most part almost word for word to such an extent that often the normal Georgian syntax and style are rudely violated. sobitgan brmisatws . sit’q’uay surisatws k'etilmsaxurebisa da sobitgan brmisatws. c’q’aroy natlisay sit’q’uayymrtisay natlita savse da natel brc’q’invale gananatlebs gonebata, rametu igi tavisagan twsisa da tavsa soris twssa brc’q’inavs da mimyebelta mista ganabrc’q’invebs, da ara xolo gananat- lebs morc’muneta gonebasa, aramed saxelsa natlisasa natlisagan mianic’ebs da rametu saymrtoy c'erili umecrebasa sina zrdilta da urc’munoebasa soris cocxalta samartlad saxel-sdebs bnelad (Q 19, f. 7V) Cf PG 59,543 flriyq (p®TÔç ô Toô ©eoô ^ôyoç . The authenticity is dubious Sevenan of Gabala is believed to be the author (IPG, II, 325, Aldama, Repertorium, n. 413, CPG n. 4582). it (19) misive .. (Q 21, f lv). This is the homily containing the text of the grammatical treatise It will be discussed in more detail below k’(20) misive .. c’midisa Ak'ak’istws da mc’q’emsisa da cxovrisa da k’ret’sabmelisatws da salxinebelisa: k’ualad mart’wlta qsenebay, k’ualad k’etilmosavta dyesasc’auli, k’ualad angelozta mizezi, k’ualad ek’lesiisa k’rebay, qsenebay moc’ame-kmniltay, xolo p’at’ivi moc’ametay. p’at’iv-icemebian moc’ameni knst’estws vnebulni, xolo taq’uanis-icemebis knst’e q’oveltatws vnebuli. rametu mat vidreme vnebata mier tavni twsni simdablit simayled ayiq’vannes, xolo macxovari simaylit ymrteebisayt simdabled kacebisa movida ara didebisagan gamosruli, aramed gangebulebisa momvac’rebeli . (q 23, f lr) Cf. PG 52,827: flâ^rv paprùprov pvqpr|, rrâ^tv r.ÛGT.p&iv êoprai The author is Sevenan of Gabala (IPG, II, 280, Aldama, Repertonum, n. 382; CPG n.4189). k’a(21) misive. umliay c’midisa da ertarsisa samebisatws jwnad c’midisa da tanaarsisa da ganuq’opelisa samebisa enata aymleselni da borgneulni da mxolodsobilisa da sulisa c’midisa yirsebisa damqobad qel-mq’opelni im- xilebian vidreme misve c’midisa sulisagan, met’q’uelisa c’midata mier c’inaysc’armet’q’uelta da sit’q’wsaganca mkadagebelisa tavisa twsisa sak’utansa da qorcita damoslvisa cuen zlit( ?) kalc’ulisagan c’midisa-kmnilisa gamoutkumelad da ukcevelad .. (q 24, f. lr). Cf. PG 48, 1087' Oi Kccrà rfjç ayiaç Kai ôpoouoiou .. The authenticity is dubious Severian of Gabala is probably the author (IPG, II, 101, Aldama, Repertorium, n 295; CPG n. 4507)
AN OLD GEORGIAN GRAMMATICAL TREATISE 57 k’b (22). misive ... umliay sarc’munoebisatws • samk’urnalosa mimsgavsebul ars ek’lesiat-mO3yuari mravalta da mravalguarta sentsamk’urnalota c’amalta mkonebelsa da titoeulisa sneultaganisa saqmarebisaebr vnebisa mimcemelsa c’ainlisasa. vitar-igi movides vietnime samk’urnalosa ek’lesiisasa simsiv- nisayta sneulni senita amp’art’avanebisayta ayzuavebulni da mimyebelta emp’last’rosa simdablisasa simsivne amp’art’avanebisay ganik’urnes . (q 25, f lv). Cf. PG 60,767: ’lcrtprà ëotKev ô Tfjç èKKÀ.r]crir]ç ôiôùaKu/.oc The homily is attnbutable to Severian of Gabala (IPG, I, 514, Aldama, Repertorium, n. 190, CPG n. 4206) k’g (23). misive ... igavisa mistws bevreulta t’alant’ta tana-mdebisa da asisa drahk’nisa mimqdelisa (Mt. 18,24-34) da vitarmed q’ovlisa codvisa 3wris- q’senebay U3wres ars: vitarca grçelisa mgzavrobisagan uk’mokceuli tkuenda momart, esret mq’op var dyes rametu moq’uaretada, razams ver semslebel iq’vnen tana-kmnad megobarta, araray sargebel ars maxlobelobisagan, romlis- atws uk’ue da cuenca, sinagan mq’opni, c’arsrultagan ararayt ganq’opil viq’venit, vinaytgan c’arsrulsa zamsa zraxvad raysme tkuenda momart ver seuslet. gama sendobay guecit, rametu area udebebisay iq’o, aramed uslure- bisay dumili... (q. 25, f. 7r). Cf. PG 51,17*.' Qç èk paKpùç àno8r]|i(aç... There may be doubt as to whether the authenticity is definite (CPG n 4368) k’d (24). misive .. sit’q’wsa mistws saxarebisa, vitarmed. romlita qelmc’ipebita amas ikmt (Mt. 21,23). dasabam maexovarebisa k’actaysa ars sisi ymrtisay da 3ir q’ovelta cuen sons k’etilta sjuli ymrtisay. xolo area sjuli ymrtisay twnier sisisa, area sisi twnier s^ulisa. rametu syilsa zeda- ganc’esebatasa msaxurad akus sisi, xolo sissa zed-dac’esebulta msa^ulad akus S3uli. vinayea ukue sisit s^ulisa ymrtisa(?) mimart(?) mosruli da s^ulisa momeemelisa ymrtisa, c’midata soris mokalakobs da yirsta sons ayic'erebis .. (q. 27, f. 2r). Cf. PG 56,411. ’Apyi) ororripiàç avOprortrov ô toô ©eoô tpôPoç .. The homily is attnbutable to Sevenan of Gabala (IPG, I, 99; Aldama, Repertorium, n. 43, CPG n. 4193) k’e (25). misive .. sit’q’wsa mistws Luk'ays saxarebisa, met'q’uelisa- nasobno ikednetano, vin gicuena tkuen sivlt’olay gulvebadisagan nsxvisa (Le. 3,7) da meergasisatws : lamp’an k’etilmsaxurebisay da kadagebay ymrtis- tnecnierebisay ars ganatlebay ymrtiv-sulierta c’erilta moy/urebisay rametu c enlta mo3yurebay k’etilmsaxurebisa c’q’aro da c’esmant’ebisa dasabam da c midata k adniereba da morc’muneta molodeba, mk’wdrovnisa tavisupleba da sulisa maexovareba. rametu ara esret mnatobni cata, raoden sulta cuenta ïtnrtisa sit’q’uani ganabrc’q’inveben, ara esoden kueq’anasa naq’opta mraval- perobay, raoden sulta cuenta c’enlta gwrgwnosan-hq’ops mo3yurebay, ara esret c q aroni da mdinareni twsta dastxeven c’q’alta, raoden c’midisa sulisa m°3yurebani t’k’bilta da ganc’medilta daadenen mdinareta . (q. 29, f. 1v). Cf
58 M SHANIDZÉ PG 64,1365. In illud, Genimina viperarum (Mt. 23,33, Le. 3,7) Inc.' Aaiinàç eûaePeiaç Kf]puypa Or.oyvcoa'Kzq . The homily is attributable to Sevenan of Gabala (CPG, n. 4947) To the best of my knowledge, there is no existing édition of the text k’v (26) misive . sesxmay c’midata moc’ametay: moc’ameta vidreme k’rebay semt’k’icnebis cuenda, xolo Krist’es survilman da madlman sek’ribna vinayea siq’uarol(7) iq’o uplisa cuenisa lesu Krist’es 31itita(?), moc’ameta p’at’ivisa mimart visc’rapot Vidremeya(?) moc’ameta p’at’ivis-mcemelsa Knst’e uq’uars, xolo uk’uetu tkueni semc’q’narebeli me semic’q’narebs (Le. 2,10), moc’ameta sadme p’at’ivis-mcemeli mat mier c’amebulsa p’at’iv- scems. moc’ameni iqsenebian da Krist’e’ididebis, rametu p’at’ivi K’rist’esi qsenebay moc’ametay da rametu ver sesa31ebel ars moc’ameta [...] elisa twnier sesxm [....] c’arslvad qsenebisa, rametu saqsenebeli martlisay sesxmit. xolo sesxmul ikmnebian moc’ameni ara raytamat kebay miiyon, aramed rayta cuen kebata mier . . (q 30, f 8V). Cf. PG 64,1367- Encomium in sanctos martyres. Inc : Mctpwprov pèv f|pàç navriyupiç cmveKpôrqoev.. As far as I know the text is unedited (CPG n 4950) k’z (27). misive ... sit’q’uay mswdobisatws- angelozni zecata xoroysa semamt’k’icebelni axarebdes mc’q’emsta met’q’uelni. gaxarebt dyes tkuen sixarulsa didsa, romeli iq’os q’ovlisa erisa (Le. 2,10). ac’ uk’ue mat c’midata angeloztagan da cuenca mvasxebelni qmisani gaxarebt tkuen dyes vitarmed. dyes ek’lesiisani dac’q’narebasa sina da mc’valebelnitani yelvasa, dyes navi ek’k’lisiisay dac’q’narebasa sina da uyelvosa navtsaq’udelsa mswdobisasa sevida da mc’valebelta borgay twsta sam-mokcevta sinais iyelvebis. dyes mc’q’emsni uzrunvelobasa sina da samc’q’soy uctomelobasa sina, mt’erni uyonoebasa, mgelni umokmedobasa dyes venaqi maexovnsay iepobasa sina da mokmedni siborot’isani moc’q’inebasa sina ... (q. 31, f. 7V). Cf. A Papadopoulos-Kerameus, Avct^sKra Tepooo^upirtKfïç cs-ra/uo^oylaç I, Petrop., 1891,15. Oi âyyekoi rôv oùpâviov /opôv owrr]crâ|ievoi... See also PG 52,425: Sermo ipsius Sevenani De Pace. The homily is attributable to Sevenan of Gabala (CPG n. 4214). k’ê (28). misive ... samocikuloysatws sit’q’wisa, vitarmed: tavs-gedva tumea cemisa mciredi rayme ugunurebisay (2 Cor 11,1). q’ovelta vidreme vhq’uarob c’midata, xolo uproysya net’arsa P’avles, c’urc’elsa gamorcevisasa, saq’wrsa zecisasa, si3is-mq’vanebelsa Knst’essa, xolo ese vtku da t’rpialebay sons semoviye, rayta tkuen ziar-gq’vne saq’uarelisa( ?) da rametu garesita vidreme t rpialebita t’rpialta sesabamad vinayme hrcxu [enis] aysaarebad [twstaca] tavta sircxwleul mq’opelta da sxuataca mavnebelta. xolo amisni t’rpial- kmnulni nuodes dadumnebian da rametu tavtaca twsta da msmeneltaca sargebel eq’vnen ketilisa aysaarebisa mier. igi vidreme t’rpialebay codva ars,
AN OLD GEORGIAN GRAMMATICAL TREATISE 59 xolo ese — sesxma, igi vidreme vneba sulisa seginebul, xolo ese — sic'mide suüsa da sixarul da samk’aul suenier (q 32, f. 4V) Cf PG 51, 301. "Aîtavraç pèv <piX.œ toùç âyiouç The authenticity is a matter of dispute (IPG, I, 73, II, 285. Aldama, Repertorium, n. 392, CPG n 4384) k’t (29). misive . sit’q'wsa mistws, vitarmed k’ma ars senda madli cemi, rametu 3ali cemi u31urebasa sina srul ikmnebis (2 Cor 12,9) odes q’ovlad sec’q’obilsa amas soplisa dasabamsa ayamzadebda ymerti, sak’wrvelta sak’wirvelta zeda amokmedebda semokmedebisa mier, ara s^ulsa bunebisasa mmonebeli, aramed qelmc’ipebita 3alisayta q’ovlisa aymgebeli, vitar rasa vit’q’w? dasabamsa kmna ymertman cay da kueq’anay (Gn 1,1) ixile c'esi da semdgomobay. p’irvelad sartuli da merme iat’ak’i' rametu vitar-igi vtku, ara sjulsa bunebisasa hmonebda, area c’essa qelovnebisasa, aramed qelmc’ipebasa jalisasa; daadgina sartuli, da iat’ak’i ara c’ina iq’o, rametu 3ali mokmedisay q’ovelsave ip’q’robda ... (q. 33, f. 4V). Cf PG 59,507: "Ote tov 7tctvctp|iôvrov TOUTOVl KÔopov ... The authenticity of the homily is dubious It is believed by some to hâve been written by Sevenan of Gabala (IPG, II, 188, Aldama, Repertonum, n 346, CPG, n. 4576). 1 (30). misive ... sit’q’uay U3yebisatws [3isa] da xisa cnobadisa k’etilisa da borot’isa da avazak’isatws : p’irvelad cuenda, 3mano, didman da ymrtiv- suenierman maexovrisa gamocinebaman, mdidrisa damgebelman t’ablisaman da zest gardacemulisa t’ak’uk’isa saymrtoysa pilosoposobisasa ganmzavebel- man q’oveli en, xolo uproysya q’oveli, vitar satkumel ars, mk’wdroani daatro Daitrvneno, rametu it’q’ws c’inaysc’armet’q’ueli. sip’oxisagan saxlisa senisa da yuarisa sasuebelisa senisasa asuam mat (Ps 35,9) xolo razams saymrtoy c’erili it’q’odis simtrvalesa, ara ywnosa it’q’ws damatrobelsa, aramed sit’q'uasa ganmabrçnobelsa. xolo seudga maexovrisa moslvasa sinanulisa naq’opi, rametu sesa[dgi]nebel iq’o namdwlve gamobrc’q’invebasa ... (q 34, f. 7r) Cf PG 59,627. flptbriv fjpîv f) peyaki] . . The homily is attnbutable to Severian of Gabala (IPG, II, 384, Aldama, Repertonum, n. 446, CPG n. 4200). la (31). misive ... Luk’ays tavisa saxarebasa sina c’erilisa drakmisatws da sit q’wisa mistws, vitarmed. k’acsa visme esxnes or 3e (Le. 15,8)' k’ualad c tayni Krist’esni daucxromelta c’q’alta siq’uarulisata aymoaceneben, k’ualad [----]isa lamp’arsemosili sibrçne, aymntebeli santlisa Krist’esi, sasantlesa zeda ntaxeovarebisasa dadgmuli, q’ovelsa mk’wdroansa gananatlebs k’etilmsa- Xurebisa mimart amis santlisa mqumevelman ymrtisa sibr3neman da ertisa drakmisa d’arc’q’medulisa me3iebelman da mp’ovnelman cxrani drakmani angeloztani seauylna. xolo vin arsa dedak’aci mkonebeli atta drakmatay?
60 M SHAN1DZF sac’iro ars tkumad, saq’uarelno' igi ars ymrtisa sibrsne, mkonebeli atta drakmatay, romeltay ayricxuen angelozta, mtavarangelozta, mtavrobata, qelmc’ipebata, salta, saq'darta, uplebata, kerovimta da serapimtay da Adam p’irvel-dabadebelisay (q 35, f 8r) Cf. PG 61, 781 Hù^iv oi kôXttoi Xpiarob dTtctuo-rov The homily is held to be Pseudo-Chrysostomian (IPG, II, 280, Aldama, Repertorium, n 386, CPG, n. 4661) Ib (32) misive ... ganryueulisatws sartulit stat'evebulisa, vitarmed ara igi ars loanes tavsa sina c’erili da 3isa mamisa tana sc’orebisatws mimtxueulta ganryueulisata p’irvelad sabanelisa soris cxedarsa zeda mdebarisasa mravali da didi saurrje vp’oet ara aymomtxrelta kueq’anisata, aramed ganmxilvelta gonebisata, vp’oet saun^e ara vecxlisa mkonebeli da okroysa da kvata p’at’iosantay, aramed motminebisa da pilosoposobisa da momc’irneobisay da mravlisa ymrtisa mimart sasoebisay rametu namdwlve okroysa da q’ovlisa k’etilp’ovnierebisa up’at’iosnes ars da rametu grjnobadi simdidre avazak’taca, zeda-moslvisa c’ina 3es ... (q 36, f. 3V) Cf PG 51,47" riEpiw/ôv-rEÇ Ttprorjv rrâ napaXüTiKÙ) .. (CPG, n. 4370; IPG, II, 321) 1g (33) misive ... vitarmed 3er ars ergasistaca da samaradisod marxvisa qsenebay; da vitarmed ara xolo marxvata mq’opobay, aramed da qsnilobayca mati sargebel ars da ymrtisa c’ina-gangebisatws, da vitarmed sxuatave tana ara mcire natel(?) ars bunebiti igi msobeltay sobiltamien siq’uaruli, da vitarmed ara mamatada mxolod, aramed da dedatadaca ganc’esebul ars ganc’urtad svilta, da dasasrulsa sit’q’wsasa annaystws vinaytgan uk’ue ucxosa visme, moc’evnulsa cuenda momart, dyeta raodentame semc’q’narebelni siq’uarulis mzrunvelobit, sit’q’uataca da t’ablata viziarebt mas da esret c’arvavlent, xolo semdgomad c’arslvisa misisa dyesa dagebasa t’ablisasa meq’seulad moviq- senebt missa da sit’q’uata ertbamad q’opisata da mravlita ... (q. 37, f. 8r) Cf PG 54,631 . ’ETTEtôàv ^évov riva Kara/Gévra . . The homily is considered to be authentically Chrysostomian (IPG I, 334, CPG 4411 (1)) This collection seems remarkable in many respects In the first place, none of the homilies mentioned above were previously known in Georgian translations. To judge from Kekelidze’s famous Catalogue5, there are even no parallel texts in earlier translations The same is to be said of n. 19. Again, as already pointed K K ek elize, Et’iudebi, V, 1945 Ucxo avl'orebi ^vel karlul mc'erlobasi. Et'judebi 5\eli kartuli lil'erat’urat’uris ist’orijdan, V, 1957
AN OLD GEORGIAN GRAMMATICAL TREATISE 61 out, the Georgian version contains matenal the importance of which may be appreciated more fully when considering the problems presented by the Greek texts themselves. détermination of authorship is not definite in several cases, further, some of the homilies are of a rare occurrence in the Greek manu- scnpts6 * ; another stumbling block for the textual investigation is the absence of translations, these which are known to be translated are nns 17 and 29 of our collection (Slavic), n 18 (Latin), 22 (Armenian and Ethiopie), 27 (Latin abndged) No definite conclusions can of course be reached until a detailed study of the whole text of the collection has been undertaken, but enough has been revealed to allow us to stress the importance of the Georgian translations in future research. The homily containing the text of the grammatical treatise is the one bearing the number it (19). The title is in the same style as those of the other homilies- misive c’midisa mamisa cuenisa loane Okrop’irisa konst'ant’mup’olel mtavarep’isk’op’osisa sit’q’wsa mistws, vitarmed: Krist’e aymosavali aymo- savaltay da vitarmed ayvida da stavida da sulisatws c’midisa, vitarmed q’ovlisa mp’q’robel ars “Of the same, our holy father John Chrysostom, the archbishop of Constantinople, concerning the words “Christ is the Orient of Orients,” and concerning this- “he ascended,” and. “he descended,” and concerning [the words said] of the Holy Ghost, which are "It is Almighty.” The last word, q’ovlisa mp’q’robeli, is a literal rendenng of the Greek nav-tOKpœtcop. No such title is known to me in its entirety, though there are some points of resemblance to certain works that are also Pseudochrysostomian The homily commences with the following words gusin cuen, ô Krist’es moq’uareno, c’inaysc’armet’q’uelta da maxarebelta semosrulta qmata mxolod-sobilisa ymrtismet’q’uelebay gangwbrc’q’inves knst’es-moq’uaresa ersa. da eqsenebis ese t’k’iviltmoq’uareta da mosc’rapeta msmeneltaganta, tu vitar cuen ymrtismet’q’uelebisa 3ht ganguemart’a sit’q’uay mravlad vidreme yirsebisagan dak’lebuli. The first four words correspond to the incipits of some Greek texts beginning with the words X0èç f|pîv ro tpiLô/pierrot (PG 52,813 De sancto spiritu. Cf. also PG 63,543: In illud, In pnncipio erat verbum . . etc.), but the actual textual resemblance seems to go no further. An approximate English rendering of the text quoted above is the following: “Yesterday, O lovers of Chnst, the voices of the Prophets and the Apostles which reached)9) us, 6 M Aubineau, Textes de Jean Chrysostome et Severien de Gabala Athos Pantocrator I Jahrbuch der ôsterreichischen Byzantinistik 25 B, Wien 1976, S 25
62 M SHAN1DZÉ illuminated the theology of the Only-begotten to us, the people who love Christ And it is known to those who are painstaking and diligent amongst the listeners, how a discourse greatly lacking ment(?) has been explained to us by the force of theology " The text of the homily falls into two distinct parts In the fïrst the discussion seems rather rambling, touching upon several points, the second, on the other hand, being a fierce harangue against the heretics, is well and forcefully written. It is in the second part that we find the passage which the translator found necessary to explain in more detail: egretve da maxarebelica • dasabamsa iq’o sit’q’uay da sit’q’uay iq’o ymrtisa tana da ymerti iq’o sit’q’uay (J 1,1) garna ixile, tu ray p’oa mc’valebelta siborot’eman, rametu it’q’wan, vitarmed • teos vidreme c’enl ars, romel ars ymerti uartronod, xolo o teos ara c’eril arso, romel ars ymerti artroniani . . razams mamisatws c'erili it’q’odiso — it’q’wan — artronsa daudebs .. xolo 3esa twnier artronianisa sit’q’wsa c’erili, rayta gasc’aos ganq’opilebay, rametu artronisa vidreme mkonebelsa uplebayca umet’esi akuso, xolo ar-mkonebelsa artronisasa udaresi akus yirsebay k’anonni ese sadayt migiquman, ô amaoo mc’valebelo da ara- ymrtismet’q’uelo? P’avlesgana gina sxwsa visganme? da hp’ovea gancxadebuli mo3yurebay, vitarmed artronisa konebay udidesad acuenebs ymertsa9 rametu me vidreme amas ara vhp’oeb, xolo vp’oeb nacvalsak’uetebelsa sactunsa misisa maxwlsa. rametu ara uyono var cuenebad — vinaytgan artronisagan hpilosoposob da ara c’esmant’ebisa — ara uyono var cuenebad 3isaca artronianad kadagebulisa “And thus says also the Apostlc In the beginning was the Word, and the Word was with God, and God was the Word (J. 1,1) But behold [the way] the evilness of the heretics has found, for they say thus • [there] we find teos — that is, God — wntten without the article, but we do not find [it] wntten [thus] o teos, — that is, the God — with the article .. When the Holy Wnt speaks of the Father — so they say — it puts the article [before his name], but [the name of] the Son is written without the article to teach you the différence, for he that has the article has more right — such are their words — but the rank of one who has no article [used with his name] is less. Where hast thou taken those rules from, O vain heretic, thou who art no theologian9 Has Paul or any other person given them to you? and has thou found a manifest doctnne [proving] that God, having the article [used before his name] has a higher rank? For I hâve not found it, but I hâve indeed found a weapon against this deceitfulness! For I am not unable to show — since your philosophy is founded on the article and not on the truth — I am not unable to show that Son announced with the article.” It was to make the meaning of this passage plain for the Georgian reader that the grammatical treatise was written. In the Athos manuscript it has no
AN OLD GEORGIAN GRAMMATICAL TREATISE 63 title7, being inserted in the text of the homily, but it is written in a column that is always the one on the outer side of the page A small sign, a circle, commonly used to dénoté marginal notes, is found before the first word of this composition, the same sign being placed after the Greek word leos, trans- literated in the usual Georgian manner It is thus apparent that the com- position was conceived by the author as a marginal note, what he achieved in the end is an independent grammatical work which is of the highest importance for the history of the origin and development of grammatical studies in Georgia. The author commences his work by stating the reasons which led him to undertake thetask of writing Sit q ’uay artrontatws seisc'ave, vinaitgan artronta 3ht umecrad da bnelad sagonebel ars enasa cuensa zeda leksi targmanebuli, romelsa c’midata soris loana Okrop'in mc'valebeltagan moyebulad cuen martlmadidebelta momartad ifq'ws lekssa mas loane maxarebelisa tkumulsa jisatws, da bei^ulsa sina vidreme natlad 3es leksi igi, xolo gardamoitargmnos ray, dabneldebis uartronobisatws enisa cuenisa da cxadsa da natelsa sit’q'uasa ucnaur vinayme hq’ops, rametu seu31ebel ars targmnay misi enasa zeda kartulsa, xolo rayta gamovacinot, tu ray ars artroni da vitar ver egebis enasa zeda kartulsa targmnay misi da vitar iqumeven amas artronsa bei^enni, ara davparot 3alisaebr da gulisqmisq’opisa cuenisa “Know that the word said by the Apostle John is commented upon by John Chrysostom, who is with the saints. He says that this word is the one used as a weapon by the heretics against us, the holders of the orthodox faith It is unfathomable and difficult to understand in our language because of the articles. In the Greek language this word is clear indeed, but when translated it becomes obscure, for the reason that the article is lacking in our language Thus the discourse which is clear and explicit becomes incompréhensible, since it is impossible to translate the article into the Georgian language Therefore, we shall conceal nothing to show you what an article is, also to show the impossibility of translating it into the Georgian language, and the way this article is used by the Greeks, as well as our power and understanding permit." Apart from this introduction the rest of the grammatical treatise, which fïlls 11 columns of the manuscript, is concerned with purely grammatical matters It is stated at the beginning that ail Greek nouns — saxelni q'ovelta sulierta da usulotani, xilulta da uxilavtani “the names of those that are animate and manimate, visible and invisible” — hâve three natesavi "genders” mamali masculine,” dedali “féminine” and sua "neuter ” The wnter goes on to say The title sit q ua\ artrontahs s “A discourse on articles” is given to it in the MS S-312
64 M SHANIDZÉ that each gender has declension characteristic only of it ara titoeulsa saxelsa samnive da samtaganve saxelis-debata ec’odebian, aramed q'ovelta saxelta sons gina tu mamali ec’odebis saxeli, gina tu dedali, gina tu suay da twsisa saxelisa akus gank’utnvilebay, da ara gardaerc’q’umis erti meorisasa saxelta cvalebulebay, aramed titoeuhsa natesavisasa scavs titoeuh drek’asa saxeltasa “It is not so that each name (i.e. noun) could be defined as having ail three genders or any of the three, every noun is either masculine, or féminine, or neuter and belongs to nouns of its own gender And the change of the form of the names of different genders goes not coincide, but that of each gender maintains its own form in the declension (drek'a) of nouns ” The author then passes on to the articles (artroni) used with the nouns of each gender As mentioned above, the Greek words and articles are transliterated, the trans- literated forms are of spécial interest in that they show the Greek pronunci- ation of the time, thus, s, ai are e, i, q - i, o, o> - o, ou - u, ot - w, y - y (yrammat’ik’osta), / - x (inioxi), P - v, but in well-known loanwords and Personal names the old traditional forms are retained The numbers in the Greek language are three eriobiti “singular,” orobiti “dual” and ganmravlebiti “plural ” Five cases are named. advilobili “nominat- ive,” sobilobiti or natesavobiti, the latter being used more frequently “genitive,” micemiti “dative,” mizezobiti “accusative” and c'odebiti “vocative ” The articles are c’ina-dasadebelni saxeltani "those which are put before the nouns.” The articles of the masculine gender are the following - o t u, t’o, t on, o; t’o, t’wn, o; w, t’on, tws, t'us, o Féminine • i, t'is, t’i, t’in, o, t’a, t'en, o; e, t’on, t'es, t’as, o. Neuter : t’o, t’u, t’o, t’o, o; t’o, t’wn, o; t’a, t’on, t’ws, t’a, o It can be seen that the translitération, though consistent, is hardly perfect, several of the Greek forms being indistinguishable: t’o = rù), rô, t on = rôv, tôv, o = ô, m. We may assume that the signs for breathing and stress mentioned above must hâve compensated for this deficiency in some measure in the author's autograph; but in a copy made by a scnbe probably ignorant of the Greek language their use is faulty and inconsistent The use of the articles is illustrated, the examples shown being the words teos (9eôç) for the masculine, t’rias (rptâç) for the féminine and p’nevma (nvEupa) for the neuter. The declension of these nouns is given both with and without the articles. In dealing with the Greek nouns and articles, the writer draws the attention of the prospective readers to the divergence between the Greek and Georgian languages in several aspects xolo orobittatws vitarya cxad-vq’ot, rametu area igini arian enasa zeda kartulsa9 “and how shall we explain the dual, since it does not exist in the Georgian language?” In the description following this
AN OLD GEORGIAN GRAMMATICAL TREATISE 65 rhetorical question the forms of the dual are defined as formally opposed to those of the plural, rametu tkumita, vitarmed to teo orni p'irni sacnaur ekmnnes msmenelsa, xolo t’wn tewn ese igi ars vitarmed •/merttani, garna ortasa sacnaur-hq’ops da ara mravaltasa "for when one says t'o teo, the hearer understands that that two are spoken of, and t'wn tewn, that is, "of the gods," shows only two but not many.” The reason for there being fewer cases in the dual is the following: orobitnica xutni anan da ganmravlebitnica, garna orobittasa orta ortronta gardaarc’q’umen sxuata orta zeda amistws, xuttagan orni ray orta zeda gardaarc’q’une, samad seikmnebian “the [forms] of the dual are five, as those of the plural, but two of the five of the articles dual merge with the other two; thus, when you merge two of the five with [the other] two, they become three.” Here again a formai linguistic cnterion is employed When translating the Greek exemples, the author uses the Georgian nominative for the same case in Greek - o teos-ymerti. For the Greek genitive the “double case” — e.g. the genitiver, having other case-endings is employed • t’u teu-ymrtisay “that of God.” The Greek dative and accusative are both translated in the same way: t’o teo, ton teon-ymertsa, the last fôrm being the dative case in Georgian. It is here that the anonymous author’s linguistic intuition cornes to light. He writes be^ulad ganq’opilebay akus micemitsa da mizezobitsa, vitarca zemo twt igi leksni gwcenian, garna kartulad ert leksad itkumis, dayacatu 3ali on akus “in Greek the dative and the accusative are dissimilar, as we hâve shown above [with different] words. But in Georgian both are expressed by one word, though it has two meanings.” The reason for the dative being called micemiti is the following: micemiti amistws ec’odebis lekssamas: razams et’q’odi visme, vitarmed: vis miscem amas rasme? da man grkuas, vitarmed : ymertsa ... anu tu k’acsa "this word is called dative, because when thou askest anybody: “whom dost thou give this to9,” he will answer. “to God ... or to a man ” The accusative is explained in the same way xolo mizezobiti [ec’odebis] amistws, vinaytgan ik’itxvide ray visganme, vitarmed • vis ejieb? da man grkuas, vitarmed : ymertta gina tu k’acta “and the accusative is called thus because when thou askest anybody “whom dost thou seek?” He will answer: “Gods” or “Men”. This is in accordance with the grammatical theory of the Greeks, but it is but ill-fitting for the Georgian language, as we hâve seen the author to hâve felt. It is of course natural that he adapts the Greek case-system as adéquate to the Georgian, we should not expect a scholar ln the eleventh century, however learned, to know that there is no accusative case in the Georgian language, either old or new. One should also bear in mind that the influence of other grammatical Systems is felt even five centuries later, m the grammatical works of Zurab Sansovani and Catholicos Anthony ' It is
66 M SHAN1DZF our anonymous author who has the crédit of being the first to hâve noticed one of the basic différences between the Greek and the Georgian declension even if his reasomng does seem primitive to us Proving the absence of the article in the Georgian language was, as said above, the task the author had set himself Therefore, having examined the forms of the articles in the Greek language, the author again considers this question da amat atcamet'ta artrontagan erti oden sesaslebel ars emsa cuenisagan tkumad, romel ars c’odebitisa tavit k’erjo oy, da sxuam artronm kue dagwt’evianp) da ara tu esret vinme, vitarca bersulad anan, dausxnes, sxuebr seuslebel ars targmnay "and of those thirteen articles only one is used in our language, which is oy, the one put before the vocative And the other articles we hâve left out(9), they must be used in their Greek form, it is impossible to translate them in any other form " This statement is followed by a complété paradigm of the three Georgian words having the same meaning as the Greek ones chosen to illustrate the Greek declension, with Greek articles ymerti "God,” samebav "Trinity.” su// "Ghost" o ymerti. t'n ymrli.sav .. n ymertni .i samebav t'a samebani e samebani t'o suli t’ws sulta, t'a sulta, ô sulno The writer seems to hâve been aware of the slightly comic effect the combination produces, for he remarks drily. garna area egebis esret tkumay kartulad da area suenis enasa cuensa artroni berjuli. da kartulni artronni ara anan "but one must not say thus in Georgian, neither does the Greek article suit (literally adorn) our language. and articles do not exist in Georgian” The one exception allowed by him, namely, for the vocative, seems to contradict his assertion, what he believes to be an article, however, is in reality an interjection — as it is in Greek After a final reference to the theme of the controversy between John Chrysostom and the heretics, the wnter concludes the composition with a statement concerning the relative pronouns which are called artronni damorci- lebitni “subjective articles” Here the author does not go into details, he contents himself with indicaling ten forms for each gender. os, u, o — . n v, a, the cases are four nominative, genitive, dative, accusative The System of translitération here is the same as elsewhere, damorcilebiti is a literal rendering of the Greek Û7to§ctKTU<ôc; The writer explains that he has refrained from a detailed discussion of those “articles” since ac’indelsa sif q’uasa amatisa salisa ganmart’ebay ararad eqmareboda "it was not necessary for the présent discourse to explain their meaning”. What is important here is that the relative pronouns are classified as artronni, that is. as the articles Here we find another significant proof of the author’s knowledge of the Greek grammatical theory The grammatical terms found in the treatise are also direct translations from
AN OLD GEORGIAN GRAMMATIC AL TREATISE 67 the Greek language. Even advilobiti, literally meaning "easy", is of Greek origin' other examples are to be found of the respective Greek term having been thus understood8 The last question to be dealt with here is obvious Who is the author of the grammatical treatise — sit’q’uay artrontatw y9 Unfortunately, the answer must of necessity be founded on indirect evidence Ail we know for certain is that this composition was written by a learned scholar who translated the ni- neteenth homily in this collection One can also infer with reasonable certainty that he was the man who undertook the translation of the whole collection the similarity of the language and style everywhere is apparent The monk Ilarion says in his list than Euthymius the Hagiorite is the interpréter, however, what even our limited knowledge of the individual style of the famous Athonite scholar permits us to be certain of is that Euthymius cannot hâve been responsible for the translations found in the Athos MS n 6. The long, winding sentences and constructions modelled on the Greek syntax are as far from Euthymius’ clear, concise style as could be, Ilarion’s opinion merely reflects the fact that Euthymius was believed to hâve translated nearly everything known in old Georgian literature! The translations found in the Athos MS n. 6 were made by a représentative of the literary school founded by Ephrem Mtsire, but we must gain more knowledge of his style as well as of that of his eminent pupil, Arseni Iq’altoeli, before we turn to a doser considération of the questions of their possible authorship. The wide scope of knowledge Ephrem displays, the bnlliancy of his original works, his well-known interest in matters linguistic and philological, his famous scholia — ail lead one to believe in his possible authorship. But it should also be added that Arseni followed his illustrions master in many of the latter’s literary pursuits; Catholicos Anthony mentions both Ephrem and Arseni as “worthy grammarians” In some respects the linguistic characteristics in Arseni’s translations bear a close resemblance to those found in the texts in the Athos MS. n. 6. To quote a single example. the frequent occurrence of the word vidreme in the sense of an emphatic particle seems to point to Arseni rather than to Ephrem Another thing we can be certain of is that the equally famous loane P’et’nc’i, a scholar whose works also display the writer’s considérable interest in grammatical theory, cannot hâve possibly been the interpréter of the collection and, consequently, the author of the grammatical treatise : the artifîcial morphologie formations common in his H Ajiohu, «Hhohhchh C^PcIkhhckhh h apMancKne T07iK0BaTe.ni. Flerporpaa. 1915. p CLXVIII
68 M SHANIDZÉ works are absent here. However, as the matters stand, judgement should be reserved until more relevant data are found In order to appreciate more fully the importance of the grammatical treatise for the history of the grammatical theory in Georgia one should bear in mind that the earliest hitherto known works that are concerned solely with grammar are those of Zurab Sansovani (1737) and Cathohcos Anthony (first version 1753, second 1767). On the other hand, interest in linguistic questions is clearly indicated in old Georgian literature some fragments from the TÉ/vq ypap- lictTiKii of Dionysius Thrax are to be found in the celebrated Shatberdi Codex (lOth cent.) as well as more fragments from Epiphanius' treatise “On Weights and Measures” concerning the Hebrew alphabet, in a compilation supposedly composed by a Georgian scholar ; an alphabetical list of words which is defined by Ephrem Mtsire as a liksik'oni “lexicon” is included in his Commentary on the Psalms (MS. Q-37, a. 1091) Several of the terms and définitions in the Dictionary of Sulkhan-Saba Orbeliani (1658-1725) indicate his knowledge of grammatical theory. However, sit’q’uay artrontatws “A discourse on articles” is the first concrète evidence of the fact that grammatical research started in Georgia as part of scholarly studies as early as in the 11 th-12th centuries. The fact that the beginning of grammatical studies in Georgia lay in the work of Christian theologians does not in any way diminish the importance of a composition such as sit’q’uay artrontatws Apart from its background, the work of the anonymous Georgian author is purely grammatical. The wnter displays not only a knowledge of the Greek language and the Greek gram- matical theory, but also an ability to reflect on the structure of his native language and to apply his knowledge to an analysis of the facts of his mother tongue. We can now be certain that the grammatical works wntten in the 18th century were based on a continuity of tradition going back to its source in the works of the eminent wnters of the eleventh and twelfth centuries. That was the time when the foundations of Georgian grammatical literature were laid M Shanidzf
DE LA COMPOSITION DES «INSTRUCTIONS GÉORGIENNES» DE BASILE DE CÉSARÉE Il est difficile d’apprécier à sa juste valeur la contribution au développement de la culture géorgienne qui fut celle d’Euthyme l’Athonite, le fondateur de l’école littéraire du Mont Athos Le mérite du supérieur du monastère géorgien du Mont Athos, écrivain de grand talent et habile organisateur, réside en premier lieu dans son activité de traducteur Euthyme l’Athonite, qui fut le fondateur de ce foyer de culture sur la péninsule lointaine de Chalcidique, occupa une place de choix parmi ses confrères également grâce au niveau élevé de ses traductions. Son biographe Georges l’Hagionte signale tout spéciale- ment que grâce à ses traductions Euthyme «étonna tout le monde parce qu’hormis les siennes, de telles traductions n’apparurent plus dans notre langue et je pense qu’il n’en paraîtra plus jamais de semblables» Selon Georges, Euthyme envoyait ses traductions directement au roi David Curopalate, «qui élevait dans la joie des louanges à Dieu qui nous envoya en ces temps un nouveau Chrysostome»2. Nous pouvons nous faire une idée, sans doute incomplète, mais certaine, des œuvres traduites par Euthyme l’Athonite, à partir du colophon de son père, loanné, repris presque sans modification par Georges l’Hagionte dans son œuvre «Les Vies d’Ioanné et d’Euthyme». Le nombre des traductions qui y sont mentionnées dépasse la cinquantaine La première œuvre adaptée en géorgien par Euthyme fut «Le Commentaire de l’Evangile selon saint Jean», puis les «Instructions» de notre saint père Basile, du même, «Le Commentaire des Psaumes»3 etc. Le colophon nous apprend qu’encore tout jeune, du vivant de son père loanné, au commencement de son activité de traducteur (975-977), Euthyme traduisit «La doctrine» du grand cappadocien Basile, puis ses «Commentaires des psaumes» Le fait que le plus ancien recueil du Mont Athos contenant «La doctrine» de Basile soit recopié en 977 l’atteste de son côté Comme il apparaît dans le colophon ci-dessus mentionné d’Ioanné l’Athonite, Euthyme répartit C horebay lovanesi da Ep'twmesi. Jveli k'arluli agiograp iuli literaturis jeglebi. II, 1967, P 61 2 Id 3 Id , p 62
70 T KOURTSIK1DZÉ FT N KADJA1A ces sermons ou les homélies constituant «l’Ethique» sous les titres suivants- «Instructions de notre saint père Basile» et «Commentaire des psaumes» Le texte des «Instructions» se trouve dans des recueils aussi anciens que Ath 32 (977)4, H 2251 (Xe s )5 et Jer 14 (1055)6. Quant aux textes du «Commentaire des psaumes», ils sont contenus dans Ath 337 et A 135 (XIe s )8. Plus tard, sans doute par analogie avec les manuscrits grecs, ces sermons seront à nouveau réunis et les recueils géorgiens porteront le titre d’«Ethique»9 Le recueil le plus ancien A 92710 contenant «l’Ethique» date du XIIe siècle Tous les autres manuscrits sont d’ongine plus tardive: A 394 (XVIIIe s.)11, A 100 (1713) *2 *, S 376 (1798)11. A 181 (1816)14, H 2350 (XVIIIe s.)15, S 3661 (XVIIIe s)16. Comme nous l'avons déjà mentionné, la traduction de la première partie de «l’Ethique» ou des «Instructions» de Basile de Césarée par Euthyme l’Athonite nous a été conservée par trois des manuscrits les plus anciens. Ce sont Ath 32, H 2251 et Jer 14 Le manuscrit Ath 32, fut recopié au Mont Athos où il est conservé jusqu’à nos jours II fut recopié en caractères calligraphiques nouskhouri par Saba Les post-scriptum du manuscrit mentionnent le traducteur Euthyme, le copiste Saba et le père d’Euthyme, loanné, «le possesseur du présent livre», ainsi que 4 R Blake. Catalogue des manuscrits géorgiens de la Bibliothèque de la laure d'Iviron au Mont Athos. Revue de l’Orient Chrétien, troisième série, t IX (XXIX). 1933-1934, N“~ 1 et 2, pp 150- 155 5 L Mep arisvili, etc Helnacert'a agceriloba. sak'art vélos saistorio da saet nograp io sazoga- doebis qop'ili muzeumis helnac erebi ( H kolek'c’ia. T'bilisi. 1949 t V. pp 179-181 11 R Blake. Catalogue des manuscrits géorgiens de la Bibliothèque patriarcale grecque à Jérusalem. Revue de l’Onent Chrétien, troisième série, t III (XXIII), 1922-1923, N"' 3 et 4, pp 380- 385 R Blake. Catalogue des manuscrits de la laure d’Iviron au Mont Athos pp 155-159 8 T Bregaje, etc K'art'ul helnacert'a agceriloba. qop’ili saeklesio muzeumis (A) kolek'c'iisa. T'bilisi, 1976, t 12, pp 154-158 9 Quant à la composition de «['Ethique» cf N C OPURASVILI (N KAJAIA), «it'ikis» sedgenilobisat'vis dans Mac ne. enisa da literaturis séria. 2 ( 1973), pp 64-78. ibid 1 (1974). pp- 71- 89 10 M Dzanasvili. Opisame rukopisei Cerkovnogo muzeja, Tiflts. 1908, III, pp 201-202 11 P Zordania, Opisanie rukopisei Cerkovnogo muzeja, I, 1903, pp 387-389 12 T Bregaje, etc Kart'ul helnacert a agceriloba. qop'ili saeklesio muzeumis (A) kolek'c'iisa T'bilisi. 1973, t I, pp 450-454 11 T Bregaje. etc K art ul helnacert a agceriloba, qop'ili k art'velt'a soris cera-kit’hvis gamavrc elebeli sazogadoebis (S) kolek'c iis. T'bilisi. 1959, t I. p 434 14 T Bregaje etc . k art'ul helnacert a agceriloba qop'ili saeklesio muzeumis (A) kolek'c'iisa. T'bilisi. 1976, t 2. pp 291-292 " L Mep ansvili. Helnacert'a agceriloba, Sak'artvelos saistorio da saet nograp io sazogadoe- bis qop'ili muzeumis helnacerebi (kolek'cia H). T'bilisi. 1949. t V. pp 242-247 16 T Bregaje. etc. Kart'ul helnacert'a agceriloba. qop'ili k art velt'a soris cera-kit'hvis gamavrc elebeli sazogadoebis (S) kolek'c ia. T'bilisi, 1967. t V. pp 139-145
DF LA COMPOSITION DES «INSTRUCTIONS GEORGIENNES 71 leur frères spirituels et leurs partisans Le post-scriptum atteste que le manuscrit «fut copié au saint Mont Athos, lieu de séjour de la Sainte Vierge, au monastère de saint Jean l’annonciateur» en 977 (313 r) Le manuscrit comprend 313 feuillets et contient 27 homélies dont 21 sont dues à la plume de Basile 1 leiun I 8 Invidia 15 Princ J oh 2 leiun II 9 Destruam 16 Sp S 3 Attende 10 Divites 17 XL mart 4 Grat, act 11 Fam et sicc 18 Ebrios 5 lulitta 12 Princ Prov 19 Lacizis 6 Deus non auct 13 Bapt 20 Humilit 7 Ira 14 Fide 21 Mund adh Les six autres homélies appartiennent à d'autres auteurs 1 Grégoire de Nazianze, Vie et mémoire de saint Basile (lv-47v) - PG 36. 493-605 2. Grégoire de Nysse, Mémoire sur le saint et grand Basile son frère (48r- 58r) - PG 46, 788-817 3 Grégoire de Nazianze, Commémoration des saints Macchabées (253r- 263r) - PG 35, 911-934 4. André de Crète. Commémoration du saint et glorieux martyr Georges (263r-278v) - PG 97, 1169-1192 5. Sermon du même sur l’Exaltation de la vénérable Croix (278v-285r) - PG 97, 1017-1036. 6. Du même, Sur la dormition de notre toute sainte reine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie (285r-313r) Dans le manuscrit Ath 32 les œuvres de Basile sont bien séparées de celles des autres auteurs dont les deux premières sont placées au commencement du manuscrit ( 1 v-58r), et les quatre autres à la fin du manuscrit (253r-313r) Le manuscrit H 2251 est défectueux. Il y manque des feuillets aussi bien au commencement qu'au milieu et à la fin A ce jour il comprend 419 feuillets II est muni d’une pagination aussi bien par cahiers que par feuillets La première de ces paginations est contemporaine du manuscrit, tandis que la seconde est de notre époque, elle a été faite après que le manuscrit ait subi des dommages et perdu des feuillets La prise en considération des lacunes de la pagination ordinaire, de même que la comparaison des textes des manuscrits Ath 32 et Jer 14 avec des textes correspondants atteste qu'il manque 49 feuillets au manuscrit H 2251 et que dans son état primitif il comptait 468 feuillets Mentionnons par ailleurs que
72 T KOURTS1KIDZÉ ET N KADJA1A l’homélie «Princ Joh » s’est conservée jusqu'à nos jours dans le manuscrit H 2251, accompagnée d’un fragment d’une demi page sur le dernier feuillet, tandis qu’à la différence des manuscrits Ath 32 et Jer 14, on ne trouve pas dans ce manuscrit «Sp S» et «XL mart » qui dans le manuscrit Ath 32 suivent immédiatement le texte de «Princ Joh» Ce fait nous amène naturellement à nous demander si le manuscrit H 2251 ne contenait pas, lui aussi, les trois homélies ci-dessus mentionnées, dans la même succession, mais placées à la fin du manuscrit et si les trois textes ne disparurent pas avec les feuillets égarés du manuscrit, tout en laissant une trace sous la forme du petit fragment du «Princ Joh»9 Les post-scnptum du manuscrit indiquent à plusieurs reprisses que le traducteur de ce recueil est Euthyme l’Athonite, tandis que son copiste est «le béni père lordané», spécialement envoyé au Mont Athos par le roi des Géorgiens David dans le but de recopier ce manuscrit et de le rapporter C’est un fait hautement révélateur sous l'angle de l’étude de l’histoire de nos lettres et de notre culture afin d’enrichir d’un seul monument littéraire son pays, David, le roi des Géorgiens, envoya un copiste au lointain Mont Athos (situé à 96 journées de trajet) en lui assignant comme tâche de copier cette œuvre et de rapporter sa copie en Géorgie L’importance des post-scnptum d’Euthyme et d’Iordané ne se limite pas à l’histoire et à la genèse du manuscrit- les données qu’ils contiennent servent à préciser la date de l’exécution de la copie et à mettre au point les titres des rois de Géorgie En effet, les post-scnptum mentionnent six fois David quatre fois en tant que «roi des Géorgiens» et deux fois en tant que «roi» Le roi des Géorgiens qui vivait au temps d’Euthyme l’Athonite et qui s’intéressait à son activité de traducteur, comme l'atteste par ailleurs la citation ci-dessus empruntée aux «Vies d’Ioanné et d’Euthyme», n'est autre que David Curopalate Toutefois le manuscnt mentionne David non pas en tant que curopalate, mais, comme nous venons de le dire, soit en sa qualité de «roi des Géorgiens», soit tout simplement à titre de «roi» Or nulle part les sources historiques ne mentionnent David Curopalate comme «roi des Géorgiens», ce qui incitait à penser qu’il ne portait guère ce titre. Mais ce sont précisément les post-scriptum de ce manuscrit qui attestent que pendant un certain temps David Curopalate porta effectivement le titre de «roi des Géorgiens» Cette période embrassait les années 994-1001 qui suivirent le décès du roi des Géorgiens Bagrat (T 994) Si l’on part de ce fait, on peut dater avec plus de précision 1 établissement de la copie du manuscrit El 2251 lordané l'aurait faite après l’adoption par David Curopalate du titre de «roi des Géorgiens», et avant son décès, c -à-d entre 994 et 1001
DE LA COMPOSITION DES «INSTRUCTIONS GÉORGIENNES» 73 Le manuscrit H 2251 contient au total 26 homélies, dont 19 sont dues à Basile, les sept autres appartenant à d’autres auteurs Par comparaison avec le manuscrit Ath 32, le manuscrit H 2251 comprend en plus l’homélie «Sur le baptême» de Grégoire de Nazianze; en revanche, il ne contient pas deux homélies de Basile: «Sp. S» et «XL mart». La succession des chapitres du manuscrit est la suivante. 1. Vie et mémoire de saint Basile 2. Mémoire sur le saint et grand Basile .. 3. Bapt. 4. Bapt. (Gr. Naz.) 5. leiun. I 6. leiun II 7. Attende 8. Grat. act. 9. lulitta 10. Deus non auct. 11. Ira 12. Invidia 13. Destruam 14. Divites 15. Fam. et sicc. 16. Princ. Prov 17. Ebnos 18. Lacizis 19. Humilit. 20. Mund. adh. 21. Commémoration des saints Macchabées 22. Commémoration du saint et glorieux martyr Georges 23. Sur la dormit ion . de la Vierge Marie 24. Sur l’Exaltation de la vénérable Croix 25. Fide 26. Pnnc. Joh. 1er 14 est un manuscrit daté. Il fut spécialement copié pour le monastère géorgien de la Croix à Jérusalem (496r). Le manuscrit comprend 496 feuillets. Les post-scriptum attestent que ce manuscrit remarquable «fut écrit et orné par loanné Dvali» et par son fils Mikael. «Ce fut en l’an 1055» (496r) A part le traducteur et le copiste, les post-scriptum mentionnent «le saint père Prokhoré» qui bâtit le monastère de la Croix «sur l’ordre et avec l’aide d’un homme béni, le père Euthyme». (490 v).
74 T KOURTS1K1DZÉ ET N KADJAIA Le manuscnt Jer 14 comprend 36 œuvres, dont 21 sont des homélies de Basile. Autrement dit, toutes les homélies présentes dans le manuscnt Ath 32, le sont également ici, seul leur ordre de succession est modifié. Parmi les 15 autres œuvres, cinq — «Vie et mémoire de saint Basile», «Mémoire sur le saint et grand Basile », «Commémoration du saint et glorieux martyr Georges», «Sur l’Exaltation de la vénérable Croix» et «Sur la dormition .. de la Vierge Mane» — sont déjà contenues dans les manuscnts Ath 32 et H 2251 et appartiennent à d’autres auteurs Par rapport aux deux autres manuscrits mentionnés, il manque à Jer 14 la «Commémoration des saints Macchabées». Quant aux dix autres œuvres, ce sont 1 La doctrine (289r-291r) Inc . «La vraie justice . .» 2 Sur les miracles qui se produisaient à cause de Basile et de Nersès (291r- 299r). Inc. «Alors l’évêque .» 3 . La doctrine (299v-307v) Inc . «Notre Dieu qui aime les hommes .. » 4 Sur la pénitence (307v-31 Or). Inc. «Mes frères, est-ce que celui qui tombe ne se relève pas9 .» 5 . La doctrine (310r-322r) Inc. «Qui veut en vérité » 6 . La doctrine. (322r-336v). Inc. «Il est écrit dans l’Evangile ..» 7 La doctrine (336v-340v). Inc. «Bien-aimés, si dans un petit...» 8 . La doctrine (340v-342v). Inc . «Quand tu es assis dans ta chambre ...» 9 . Lettre de notre saint père Basile à Grégoire de Nazianze (342v-349r) 10 Les doctrines sur la prière et sur les autres vertus pour revivifier l’âme (349r-379v) Inc. : «Saint Basile dit: la prière est la conversation de l’âme avec Dieu . » Les œuvres que le manuscnt Jer 14 contient en plus de celles contenues dans Ath 32 et dans H 2251 sont rangées à la fin du manuscnt à la suite les unes des autres (289r-379v),7. L’étude comparée de ces trois manuscrits atteste qu’il n’existe point de lien direct entre eux et qu’ils ne sont guère copiés les uns sur les autres. La table suivante pourrait traduire, suivant la composition et la succession des chapi- tres, les différences qui existent entre ces manuscnts ' ’ Nous ne traiterons pas ici spécialement de ces chapitres II s'avère que ces œuvres n'ont rien de commun avec la tradition des sermons Empruntes à des recueils de caractère tout à fait differents, ceux-ci trouvèrent place dans le manuscrit Jer 14 et dans celui de «['Ethique» non pas comme une partie originale, mais bien à titre d’œuvres de Basile de Césaree traduites par Euthyme l’Athonite A propos de ces chapitres voir pour plus de détails N K'afaia, Basili Kapadokielis meore epistolis kart’uli t’argmanebi, Mravalt avi. X, 1983, pp 139-145, du même auteur. Les traductions anciennes géorgiennes des lettres de Basile de Cesarée, Bédi Kartlisa, Revue de Kartvélologie, vol XLI. 1983, pp 152-154, du même auteur, Basili Kapadokielis ert’i t'hzulebis k art uli t argmani. sous presse. «Mac'ne», sérié de langue et de littérature
DE LA COMPOSITION DES «INSTRUCTIONS GÉORGIENNES» 75 Ath 23 H 2251 Jer 14 Vie et mémoire du saint Basile 1 1 1 Mémoire sur le saint et grand Basile son frère 2 2 2 leiun I 3 5 3 leiun. II 4 6 4 Attende 5 7 36 Grat. act 6 8 7 lulitta 7 9 34 Daus non auct 8 10 5 Ira 9 11 8 Invidia 10 12 9 Destruam 11 13 6 Di vîtes 12 14 10 Fam et sicc 13 15 11 Princ. Prov 14 16 12 Bapt. 15 3 31 Fide 16 25 13 Princ. Joh 17 26 14 Sp. S 18 27* 15 XL mart. 19 28* 35 Ebrios 20 17 16 Lacizis 21 18 17 Humilit. 22 19 18 Mund. adh. 23 20 19 Commémoration des saints Macchabées 24 21 Commémoration de st. Georges 25 22 33 Exaltation de la Croix 26 24 32 Dormition de la Vierge 27 23 30 Sur le Baptême 4 Doctrine de Basile — — 20-29 (10 homélies) Au commencement des trois manuscrits se trouvent les œuvres de Grégoire de Nazianze et de Grégoire de Nysse. Les œuvres d’autres auteurs sont placées en annexe au manuscrit Ath 32. Comme on a jugé possible d’admettre que les homélies «XL mart » et «Sp. S» se trouvaient primitivement à la fin du
76 T KOURTSIKIDZ.E ET N KADJAÏA manuscrit H 2251, on a mentionné ces homélies dans H 2251 en ajoutant des astérisques auprès des chiffres 27* et 28* Par sa composition et par la succession de ses chapitres le manuscrit H 2251 suscite un intérêt exceptionnel Les œuvres de Grégoire de Nazianze et de Grégoire de Nysse sont suivies non pas directement de l'ensemble des homélies de Basile, mais par son homélie sur le baptême, elle-même immédiatement suivie de l’homélie sur le même sujet par Grégoire de Nazianze, en sorte que les homélies sur le Carême ont été repoussées à la 5e et à la 6e places, inhabituelles pour elles Un tel intérêt porté aux homélies sur le baptême et le fait qu'elles sont placées au commencement du recueil ne sont sûrement par dûs au hasard D’après nous, nous avons sans doute à faire ici à une influence de la pratique liturgique18 Après ce déplacement (à partir des homélies 3 du manuscrit Ath 32 et 5 du manuscrit H 2251), pour les 12 homélies suivantes (y compris Pnnc Prov ), les ordres de succession des manuscrits H 2251 et Ath 32 coïncident totalement Mais à partir de la 15e homélie du manuscrit Ath 32, comme l’atteste la table, la différence redevient manifeste. Les quatre œuvres plus haut mentionnées de Grégoire de Nazianze et d’André de Crète, qui se trouvent à la fin du manuscrit Ath 32 et qui occupent respectivement les places 24 et 27, se déplacent dans le manuscrit H 2251 pour y occuper les 21e et 24e positions A première vue il semble étrange que «Fide» et «Princ Joh.» soient transportées vers la fin du manuscrit H 2251 où ces homélies occupent les 25e et 26e places, à la suite d’œuvres d’autres auteurs. De fait, Euthyme attribue à Basile également ces œuvres d’auteurs étrangers19 Le manuscrit Jer 14 comprend 36 homélies. Comme l’atteste la table, à la différence des manuscrits Ath 32 et H 2251, il manque à ce manuscrit la «Commémoration des saints Macchabées» Sous le titre des «Instructions» de Basile y figurent, aux chapitres 20-29, dix œuvres dont l’une constitue la seconde lettre de Basile adressée à Grégoire de Nazianze On se demande d’où viennent une telle composition et une telle répartition des homélies dans les manuscrits géorgiens On ne saurait définir la composition de la traduction géorgienne en partant uniquement de manuscrits géorgiens et sans tenir compte des données des 18 A propos de Baptême (homelie des 5 et 6 janvier). Y Rudberg observe que les recueils qui la contenaient étaient généralement utilisés pendant les six premiers mois de l’annee liturgique (Stig Y Rudberg, Etudes , p 109) 19 Dans ces textes des trois manuscrits Basile le Grand figure en tant qu'auteur. à l'exception toutefois de la «Commémoration des saints Macchabées» dans le manuscrit Ath 32 ou le véritable auteur, Grégoire de Nazianze. est mentionné dès le titre (253r) et, dans H 2251, de la «Commémoration de saint Georges», dont on ignore l'auteur
DE LA COMPOSITION DES «INSTRUCTIONS GÉORGIENNES» 77 manuscrits grecs Si l’on prend en considération les manuscrits grecs, leur composition et la succession des chapitres qu’ils contiennent, on contribue à élucider le problème du modèle grec de la traduction géorgienne20 Selon Y Rudberg, les recueils grecs, renfermant des sermons de Basile de Cappadoce, contiennent en principe I 18 sermons écrits d'après les psaumes (PG 29, 209-493, PG 30, 72-117), II. 31 sermons divers ou causeries (PG 31, 164-617, 1429-1509), on y trouve également ce que l’on appelle des «supplé- ments» qui ne sont rien d'autre que des épîtres de Basile (plus souvent 45, 46, 243 260); des écrits ascétiques du même auteur, des œuvres appartenant soi- disant à Basile et des œuvres d’autres auteurs On appelle généralement ces recueils «rà ijOiKÔ» Y. Rudberg répartit en 14 groupes les recueils grecs contenant des homélies de Basile. Les manuscrits du groupe A21, le premier et le plus fourni, révèlent l’existence de liens particulièrement solides avec le Mont Athos Sur 32 manuscrits, 14 en proviennent La plupart des manuscrits de ce groupe remontent aux IXe-XIe siècles La succession des chapitres qui les constituent varie entre les chapitres 1-55 Sur cet ensemble six manuscrits contiennent 42 chapitres chacun. Selon T Rudberg, les manuscrits comprenant 42 chapitres représenteraient l’état primitif du «corpus» A En vue de prouver cette considération il attribue une importance particulière au manuscnt Vat gr 418, Xe-XIe siècles, comprenant 44 textes, dont 42 seulement sont numérotés A quoi le copiste a joint: ré^oç w tjOiKrov. Ce qui veut dire que dans Vat gr. 418, dans le manuscrit copié il y a 1.000 ans, sous le titre «rà r|0iKa» il n’y avait que 42 chapitres. C’est pourquoi en établissant le «corpus» pnncipal des manuscrits du groupe A le savant se limite aux six manuscrits ci-dessus mentionnés. En prenant en considération que le recueil le plus ancien des «Instructions» a été recopié au Mont Athos, nous avons porté notre attention précisément sur les manuscnts grecs et plus spécialement sur les six manuscnts mentionnés, dont se rapprochent, dans une certaine mesure, par leur composition et par la succession de leurs chapitres, les manuscnts géorgiens, surtout Ath 32 Quoique, comme nous l’avons déjà mentionné, Ath 32 enfreigne la tradition des manuscnts grecs contenant des homélies de Basile et ne comprenne que divers sermons, la comparaison d'Ath 32 avec la partie pnncipale du «corpus» A ou athonite atteste une fois de plus leur parenté 20 Y Rudberg a consacre un travail spécial (Etudes . pp 53-120) à l'etude des recueils grecs contenant les sermons de Basile Comme l'observe Y Rudberg, avant son étude personne n'avait tenté de classer les manuscnts grecs contenant des homélies Id , pp 11-12 Nous partons des résultats de cette recherche 21 Etudes , pp 57-60
78 T KOURTSIK1DZÉ ET N KADJAIA Le «corpus» A 1 2 leiun I leiun II 1 2 3 Attende 3 4 G rat act 4 5 lulitta 5 6 Deus non auct 6 7. Ira 7 8. Invidia 8 9 Destruam 9 10 Divites 10 11 Fam et sicc 11 12 Princ Prov 12 13 Bapt 13 14 Ebrios 18 15 Fide 14 16 Princ J oh 15 17 Sp. S 16 18 Barlaam — 19 Gordius — 20. XL mart. 17 21. Lacizis 19 22. Humilit. 20 23. Mundh adh 21 24 Adolesc — 25 Chr gen — Ath 32. Ainsi donc, les treize premiers chapitres des manuscrits grecs-géorgiens se succèdent dans le même ordre Le chapitre XIV (Ebrios) du «corpus» A changea de place en géorgien. C’est là l’unique modification dans la succession des chapitres du manuscrit Ath 32 Le caractère inattendu de ce déplacement est attesté par le manuscrit H 2251 où Ebrios retrouve sa position primitive Mis à part cette différence, il manque au recueil géorgien, comparé au «corpus» A, quatre autres œuvres «Barlaam», «Gordius», «Adolesc », «Chr gen » A propos de cette dernière il faut observer que plus tard cette œuvre fut incorporée quand même aux versions complètes de «l’Éthique» (A 394, A 100. S 376, A 181) et prit place là où il fallait s’y attendre par analogie avec les manuscrits grecs, c -à-d à la fin du recueil. Quant aux trois premières homélies.
DE LA COMPOSITION DES « 1NSTRLC1 IONS GÉORGIENNES 79 dont il n'existe point de traductions géorgiennes, il se peut que l'original d’Euthyme ne les ait pas contenues Ainsi donc, quoique le manuscrit Ath 32 soit effectivement défectueux, toutefois, sous le rapport de la succession de ses chapitres et de sa composition, il se trouve être dans une certain mesure plus proche des recueils grecs que ne le sont entre eux les manuscrits grecs de divers groupes Telle est la composition des trois manuscrits géorgiens comprenant les «Instructions» de Basile Les manuscrits géorgiens ne contiennent point les trois homélies que l’on trouve dans les recueils grecs «Barlaam», «Gordius», «Adolesc » Ceci confirme une fois de plus la supposition émise par des savants quant à l’origine pseudo-basilienne de ces œuvres Par contre les recueils géorgiens contiennent tous sans exception «Lacizis», œuvre également tenue pour pseudo-basilienne Il serait difficile d’aflirmer, partant des manuscrits géorgiens, que «Lacizis» appartient à Basile Toutefois, lors de l'étude de la composition des manuscrits grecs du Mont Athos il serait souhaitable que soit prise en considération la composition de l’un des manuscrits d’origine géorgienne les plus anciens (977) qui contient «La doctrine» de Basile Tsiala Kourtsikidzl, Nino Kadiaïa
DIE GEORGISCHE VERSION DER PSEUDO-MAKARIOS SCHR1FTEN Rfsumff Die georgischen Übersetzungen der unter dem Namen Makarios des Agyp- ters bekannten Werke markieren eine sehr alte und ochinteressante Période in den kulturellen und literarischen Beziehungen Géorgiens zur griechischsprachi- gen Welt. Am «Makariosproblem» sind heute zahlreiche Wissenschaftler interessiert Erforscht und verôffentlicht wurden bisher die griechischen, arabischen und âthiopischen Versionen. In der vorliegenden Ausgabe1 werden erstmals die georgischen Übersetzungen der «Werke des Makarios» verôffentlicht, die hinsichtlich des Alters der Redaktion und der Handschriften Beachtung verdienen. Dem Begründer der agyptischen Klosterkolonie und Glaubenseiferer des IV Jahrhunderts, dem «groB» genannten Makarios dem Àgypter, werden zahlrei- che Schriften zugeschrieben, die in griechischer, arabischer, syrischer und amharischer Sprache vorliegen. Heute dominiert in der wissenschaftlichen Literatur die Ansicht, daB die literarische Erbschaft, die die handschriftliche Tradition jahrhundertelang Makarios dem Àgypter zuschrieb, nicht ihm gehôrt Es besteht die Meinung. daB der Archetyp der bis heute erhalten gebliebenen, zu verschiedenen Sammlungen zusammengebundenen und unter dem Namen des Makarios bekannten Schriften in Gebieten von Syrien und Mesopotamien entstanden sein kônnte Die Tatsache, daB der Archetyp in griechischer Sprache verfaBt wurde, ist nicht zu bestreiten In einigen unter dem Namen des Makarios bekannten arabischen und griechischen Handschriften erschien der Name Symeon, der sich spater mit den Schriften des Makarios fest verknüpfte Nach Ansicht des Forchers und Herausgebers der Makarios-Schriften, H Dôrries, sollte Symeon ein mesopo- 1 Psevdomakaris txzulebata karluli versia, teksti gamosacemad moamzada. gamokvleva da leksikoni daurlo G Ninuam, Tibilisi. 1982
DIE GEORGISCHE VERSION DER PSEUDO-MAKARIOS SCHRIFTEN 81 tamischer Glaubenseiferer gewesen sein, den Theodoret (Hist eccl. IV, 11,2) den Messalianerfuhrer nennt Der obengenannte Archetyp der Makarios-Schriften ist nicht erhalten geblieben. Deswegen ist die ursprüngliche Reihenfolge seiner Bestandteile und das Aussehen, das ihm sein Autor gab, in den gegenwàrtig existierenden Sammlungen schwer zu ersehen und vorstellbar, weil die letztgenannten erst nach mehrfacher Bearbeitung des Archetyps entstanden sind Wenn der Autor des Archetyps der Messalianer Symeon war, dann ware selbstverstàndlich bei der Bearbeitung des Archetyps das erste Ziel der Redakteure die Vernichtung der durch das Konzil verfluchten messalianisch- heretischen Spuren in den neuen Redaktionen gewesen. Demzufolge ist heute das Auffinden von Spuren der Messalianitat in den Texten der in griechischer Sprache erhaltenen Schriften erschwert Die Schwierigkeit liegt auBer im Fehlen des Archetyps dieser Schriften noch darin, daB in keiner Sprache eine einzige echt messalianische Schrift erhalten geblieben ist. Noch schwieriger ist es, messalianisch-heretische Spuren in den Übersetzun- gen zu finden. Sowohl die westhche als auch die ôstliche Kirche beauftragte ihre gebildetsten Vertreter, die Übersetzungen anzufertigen. Ins Georgische wurden die meisten der Makarios-Schriften vom Glaubenseiferer des georgi- schen Athos-Klosters — Euthyme Athoneli (955-1028) übersetzt Eine bekannte Tatsache ist das groBe Ansehen von Euthyme und die unbestreitbare Anerkennung und Verbreitung seiner Übersetzungen in Géor- gien. DaB er ein allseitig gebildeter und wahrhaft orthodoxer Gelehrter war, ist ebensowenig zu bezweifeln. Aus historischen Quellen ist bekannt, daB er die zu übersetzende Literatur mit groBer Vorsicht auswahlte. Er kannte die apokry- phische und die hâretische Literatur Es stand nicht in seiner Absicht, der gecrrgischen Kirche und natürlich auch der georgischen Nation Literatur haretischen Charakters zu ùbermitteln Und als Euthyme «Das Buch des Makarios» zur Hand nahm, um es zu übersetzen, war für ihn der Autor dieser Sammlung nicht etwa irgendein Pseudo-Autor, sondern ein groBer âgyptischer Glaubenseiferer. Es ist nicht zu bestreiten, daB die Sammlung, die Euthyme zur Ubersetzung ausgewahlt hat, in den Kreisen, in denen der georgische Glaubens- eiferer verkehrte, ùber jeden Zweifel erhaben war. Euthymes Tâtigkeitsfeld war recht umfangreich. Er hatte enge Verbindungen zu allen damais bekannten kulturellen Zentren. Gebiete des Athos-Berges, Athens und Konstantinopels sind die Orte seiner unmittelbaren Tatigkeit Es ist bekannt, daB Euthyme mit klôsterlichen Kreisen vom Sinai-Berg, mit den Gebieten vor Syrien und Palâstina und überhaupt mit ôstlichen Kirchen in stândiger Verbindung stand Die meisten der Makarios-Schriften sind in griechischer Sprache erhalten geblieben. Von den Gelehrten H. Dôrries, E Klostermann, H Berthold, M
82 G NINUA Kroeger und anderen werden die unter dem Namen des Makarios bekannten, zu verschiedenen Zeiten entdeckten Handschriften-Sammlungen in vier Typen geteilt Diese Klassifikation zeigt uns deutlich bestimmte Stufen der Bearbeitung und Redakiierung der Texte In georgischer Sprache sind von den unter dem Namen Makarios des Âgypters bekannten Schriften 2 Episteln und 26 Lehren, also insgesamt 28 Schriften, erhalten Unsere Untersuehung berührt nicht die Apophthegmata, die es in der georgischen Überzetzung der Pateriken hâufig gibt. Es muB aber erwahnt werden, daB wir ein Apophthegma nicht auBer acht lassen konnten Das ergab sich daraus, daB in allen georgischen Handschriften der Episteln und Lehren diese Erzahlung, die wir bedingt «Vater Essajas Erzahlung» nennen, den Makarios-Schriften als 27 (oder 29 ) Kapitel zugezahlt wird und dadurch die Sammlung der auf dem Boden Géorgiens unter dem Namen dieses Autors bekannten Werke abschlieBt. Die mit dem Namen des Makarios verbundenen Werke haben wir nach ihrem Wesen. ihrer Beziehung zum Original und unter Berucksichtigung der Übersetzungszeit und der Persônlichkeit des Übersetzers in drei Gruppen gegliedert 1. Zwei Episteln 2 26 Lehren und 3 «Die Erzahlung von Vater Essaja» Die letztgenanntesteht, wie oben erwahnt, nicht auf gleicher Stufe mit den ersten beiden, da diese Erzahlung anderen Charakter tragt und ein anderes Genre verkôrpert. 1 ZWEI EPISTELN Die zwei Episteln des Makarios sind nicht spater als im IX. Jahrundert ubersetzt worden. Ihr Übersetzer ist unbekannt Die Texte der Episteln sind in zwei uralten und unikalen georgischen Handschriften der Sinai-Kollektion erhalten — Sin 35 (907 J) und Sin 25 (X Jh). Diese alten Übersetzungen wurden wahrscheinlich von spâteren Abschrei- bern zusammen mit Euthyme Athonelis Übersetzungen in drei georgische Handschriften des XI -XII Jahrhunderts eingefugt. Ath 21 (abgeschrieben auf dem Olympus in Bitwini in Jahre 1030), Jer 73 XI.-XII. Jh und Kutaisi 181 (abgeschrieben in Palawra XL Jh.). In allen drei Handschriften finden sich Bewerkungen der Abschreiber, in denen ganz deutlich darauf hingewiesen wird, daB die zwei Episteln früher ubersetzt wurden Die Lehren aber, mit Ausnahme der «Erzahlung des Vaters Essaja», sind von Euthyme Atoneli übersetzt Somit ist uns der vollstândige Text der georgischen Übersetzung von zwei Episteln des Makarios durch 5 georgische Handschriften bekannt: die zwei Handschriften der Sinai-Kollek- tion sind âlter (Anfang des X. Jh.), drei Handschriften gehôren in die spâtere Zeit des Euthyme Athoneli.
DIE GEORGISCHE VERSION DER PSEUDO-MAKARIOS SCHRIFTEN 83 Von groBem Interesse ist die Existenz von 2 Episteln, die der im Jahre 907 abgeschriebene Cod Sin géorg 35 enthâlt In dieser Hs gibt es auBer 2 Episteln des Makarios noch andere patristische Werke und ein alphabetischer Paterik Unsere Aufmerksamkeit wurde auf eine Erzahlung des alphabetischen Pateriks gelenkt — das Apophthegma des Vaters Apollo, an dessen Ende gesagt wird' «Als Vater Apollo in den letzten Zügen lag, baten ihn seine Brüder flehenthch, ihm einige Worte des Trostes zu sagen Er aber sagte zu ihnen: Was im Herzen Gottes liegt, hat Makarios der Agypter in seinen zivei Episteln geschrieben. Merkt euch das, und euch wird Jésus erscheinen» Die gleiche Erzahlung mit genau demselben Text gibt es auch in der Cod Sin géorg 25 (Siehe 137 r-v) Der georgische Text dieser Erzahlung ist nach zwei Handschriften verôffentlicht worden — Ath géorg 12 (XI Jh) und Sin géorg 35 (Siehe «Georgische Übersetzungen der Novellen des Mittelalters», II, heraus- gegeben von M Dwali, Tbilissi, 1974, S 37) Im griechischen Text des alphabetischen Pateriks, der dieser Erzahlung entspricht und den wir nach der im Bande 65 von Migne, P G verôffentlichten Version kennen, fehlt der Teil, der die zwei Episteln des Makarios betrifft Woher stammt in den georgischen Handschriften die Nachricht, daB die zwei Episteln Makarios dem Agypter gehôrenB 9 Zwei Handschriften der obengenannten Sinai-Kollektion enthalten viele solcher Schriften, deren griechische und fremdsprachige Quellen verlorenge- gangen sind, deshalb wurde diesen Übersetzungen die Bedeutung des Originals zugesprochen. Für bedeutungsvoll hait diese Hss B. Outtier Er unterstreicht den Umstand, daB die in der Laura des heiligen Saba geschaffene Cod Sin géorg 35 auBerst alte apophthegmatische Stoffe enthâlt und führt an, daB die griechischen apophthegmatischen Sammlungen nach dem Typ der Laura des heiligen Saba nur in den Handschriften der Jahre 1071-1072 enthalten sind. Den Sin géorg 35 kennzeichnen die aus spâteren griechischen Handschriften bekannten Besonderheiten des Pateriks in der Redaktion der Laura des hl Saba. Und wenn wir uns an das Alter der georgischen Hs erinnern (abgeschrie- ben 907), wird deren Bedeutung für die Entstehungsgeschichte griechischer Sammlungen âhnlichen Typs sichtbar. Wie B. Outtier schluBfolgert, sollte der in Sin georg 35 bewahrte anonyme alphabetische Paterik ungefâhr Ende des VII oder Anfang des VIII Jahrhun- derts in die georgische Sprache ubersetzt worden sein2. Das oben Angeführte gibt uns die Môglichkeit, den SchluB zu ziehen, daB in B Outtier. La plus ancienne traduction géorgienne des apophthegmes son etendue et son origine, mravaltavi, VII, Tbilisi, 1979, 10-11
84 G NINL'A zwei sehr alten georgischen Hss der Sinai-Kollektion anzutreffende Nachricht darüber, daB der Autor der zwei Episteln Makarios der Agypter sei, keine von den georgischen Abschreibern oder Übersetzern ausgedachte, eigenwillige Hinzufügung ist. Einen realen Grand oder eine Notwendigkeit zum Ausdenken solch einer Nachricht gibt es für die georgische Wirklichkeit nicht Die in zwei sehr alten georgischen Hss, in Sin georg 25 und 35, bewahrte Auskunft der «Erzahlung des Vaters Apollo» darüber, daB diese zwei Episteln dem Makarios gehôren, ist zu berückzichtigen und regt zum Nachdenken an wenn wir annehmen, daB die zwei Episteln von einen Pseudo-Autor stammen und nicht Makarios dem Agypter zuzuschreiben sind, dann sollte auch diese Nachricht als Deckmantel des Pseudo-Autors in die uralte patristische Erzah- lung hineingetragen worden sein Das heutzutage verlorengegangene Original aber sollte vor dem VII Jahrhundert geschaffen worden sein und diente demzufolge als Beweis der wirklich orthodoxen Inhalts und der orthodoxen Fârbung Anderenfalls sollte man annehmen, daB der griechische Autor des Pateriks sicher war, das die zwei Episteln Makarios dem Agypter gehôren, und aufrichtig begeistert von deren Inhalt war Wenn wir uns auf diese Auskunft stützen, dann wird es klar, daB der Autor Makarios ist und die Anwesenheit eines Pseudo-Autors hinsichtlich dieser zwei Episteln auszuschlieBen ist Aus diesen zwei obengenannten, in georgischer Sprache erhalten gebliebenen Episteln gibt es für die erste keinen entsprechenden fremdsprachigen Text, für die zweite — wurde der erste Teil einer athiopischen Makarios-Schrift ent- deckt3. Wenn wir den Umstand berücksichtigen, daB der Text der genannten athiopischen Schrift in den Handschriften spaterer Jahrhunderte (XV.-XVIII Jh.) erhalten ist, ist anzunehmen, daB die georgische Übersetzung der zweiten Epistels die einzige alte Version bewahrt hat Da gegenwartig die erste Epistel nur in georgischer Übersetzung bekannt ist und für die zweite nur ein spaterer fremdsprachiger Text vorhanden ist, bekommen die in georgischer Sprache bewahrten Schriften die Bedeutung des Originals 2. 26 LEHREN. Die unter dem Namen des Makarios bekannte 26 Lehren enthaltende Sammlung ist von Euthyme Athoneli ubersetzt Diese als «Das Buch des Makarios» bezeichnete Übersetzung sollte Ekwtime am Anfang seiner ubersetzerischen Tàtigkeit, ungefahr im letzten Viertel des X Jahrhun- derts, gemacht haben. Diese Übersetzung von Euthyme, dazu die noch früher ubersetzten 2 Episteln und die «Erzahlung des Vaters Essaja» gibt es in drei Handschriften’ ’ Colleclio monastica. Interprelatus est Victor Arras, Louvain. 1969 S 1-19
DIE GEORGISCHE VERSION DER PSEUDO-MAKAR1OS SCHRIFTEN 85 Ath georg 21 (1030), Jer georg 73 (XI -XII Jh.) und Kutaisi georg 181 (XI Jh.). Die georgische Sammlung der Schriften, die die 26 Lehrer enthâlt, entspricht sowohl der Reihenfolge, als auch dem Text nach der einzig vollstandigen Handschrift der griechischen Sammlung des sogenannten IV Typs-Cod Par Gr 973 (1045). Es gibt einen Beweisgrund, der sich auf die Ergebnisse des textologischen Studium der griechischen Sammlungen aller vier Typen und deren Wechselwir- kung stùtzt, demzufolge die griechische Sammlung des IV. Typs als alteste Redaktion betrachtet wird Auf das Alter der griechischen Sammlung IV von den 26 Logoi weist auch jene Tatsache hin, daB der georgische Übersetzer Euthyme Athoneli (Ende des X. Jh.) für seine Übersetzung gerade diese Redaktion als Original benutzte Die einzige volstândige Hs Par Gr 973 der griechischen Sammlung IV, sowie die georgische Übersetzung von Euthyme, umfaBt 26 Logoi Dem ersten Werk in der griechischen Handschrift, das dem ersten Kapitel der Überzetzung von Euthyme entspricht und dessen Text aus verschiedenen Grùnden nicht mit anderen Makarios-Schriften verôffentlicht wurde, fehlen ungefahr zwei Seiten am Anfang. Aile drei georgischen Hss sind vollstandig Demzufolge stellen die drei georgischen Handschriften, die Euthyme Athonelis Überzetzung enthalte- ne, Hss-Ath 21, Jer 73 und Kutaisi 181, zusammen mit Cod Par Gr 973 die griechische Sammlung vom Typ IV dar. Unserer Meinung nach ist die Existenz der georgischen Übersetzung von Euthyme auch für die Geschichte der griechischen Sammlungen anderen Typs bedeutungsvoll. Sie gibt zum Beispiel die Môglichkeit, das Datum der Entste- hung der griechischen Sammlung II Typs, der «50 geistlichen Homilien», festzulegen. Im Vorwort der Berliner Ausgabe der «50 geistlichen Homilien» (1964) wird gesagt, daB der in die Sammlung des II Typs eingefugte Text der Homilien nach Annahme von U Schulze (Diss 1962) im Gefolge der Bearbeitung der arabischen Version und einiger griechischer Sammlungen entstand, d h. erstellt ein kompendium dar, das aus der Hand eines fremden Autors stammt, dessen Schaffenszeit aber noch nicht zu ermitteln ist. Man nimmt an, daB der Redakteur der griechischen Sammlung des II Typs em Zeitgenosse Symeons des Neuen Theologen war und daB diese Redaktion auf dem Athos-Berg und im Umkreis Konstantinopels im X/XI. Jahrhundert entstand4. Die 50 geistlichen Homilien des Makarios. Herausgegeben und erlaulert von H Dôrrics E Klostermann, M Kroeger, Berlin. 1964
86 G NINUA Euthyme Athoneli war gerade auf dem Athos-Berg und im geographischen Umkreis von Konstantinopel literarisch tatig und wirkte auch in dieser Période — im letzten Viertel des X und Anfang des XI Jahrhunderts (Er starb 1028) Ware die neue vollstandige Redaktion der Makarios-Schriften zu seiner Zeit erschienen, hatte Ekwtime sie selbstverstândlich früher kennengelernt, und er hâtte diese Sammlung, die spater groBe Verbreitung fand, zu seinem Original gewahlt. Aber Euthyme war die griechische Sammlung des II Typs nicht bekannt. Er ùbersetzt eine ganz andere Sammlung, die des IV Typs, die viel âlter ist als die Sammlungen des I und III Typs. Daraus ist zu schlieBen, daB «Die 50 geistlichen Homilien» im X. und Anfang des XI Jahrhunderts noch nicht vorhanden waren Diese Version wird auch durch den Umstand unterstützt, daB die àlteste griechische Hs des II Typs keine Datumsangabe besitzt und nach ihrer Schrift in das XI -XII. oder auch XIII Jahrhundert datiert wird. Man kann sagen, daB Euthyme Athoneli die Sammlung der Makarios- Schriften, die die 26 Logoi enthâlt, im letzten Viertel des X Jahrhunderts ùbersetzt hat. Ihr griechisches Original ist heutzutage die als IV. Typ bezeich- nete Sammlung, derer einige volstàndige Hs wir nicht als Euthymes unmittel- bares Original annehmen dürfen, da sie 17 Jahre nach seinem Tode abgeschrie- ben worden ist und dadurch einer spàteren Zeit angehôrt als die Hs Ath georg 21 Der Vergleich der griechisch-georgischen Texte ziegt, daB Cod Par Gr 973 ein Exemplar des griechischen Originals ist, das Euthyme benutzt hat. Die georgische Version, die die 26 Lehren enthâlt, gibt uns neuen Stoff, der das Alter der griechischen Sammlung des IV. Typs zu bestàtigen scheint. Das erste Kapitel aus den 26 «Lehren» die Euthyme Athoneli ùbersetzt, entspricht dem sogenannten «GroBen Lehrbrief» des Makarios, den W Jaeger in Bûche «Two Rediscovered Works of Ancient Christian Literature. Gregory of Nyssa and Macarius», Leiden, 1954, verôffentlicht hat W Jaeger ist der Ansicht, daB der «Lehrbrief» eine erweiteste Périphrase des Traktats des Gregor von Nyssa «De instituto christiano» ist Euthyme Athoneli kannte das überkommene litterarische Werk des Gregor von Nyssa sehr gut, da er es übersetzte, jedoch findet sich unter den von ihm übersetzten Traktat «De instituto Christiano» nicht. Als Euthyme das erste Kapitel des «Lehren» (den sogenannte «Didaktischen Brief») übersetzte, zweifelte er nicht, daB er ein Werk Makarius der Agypters vor sich hatte. Folglich, wuBte es entweder nichts von der Existenz des Traktats des Gregor von Nyssa, oder er verstand ihn als Périphrase des Werk Makarius. Und so geben uns die Analyse des georgischen Version des Sammelbandes, der unter dem Namen des « Makarius » laufenden Werke und die Ergebnisse des
DIE GEORGISCHE VERSION DER PSEL'DO-MAKARIOS SCHRIFTEN 87 vergleiches dieser Version mit den in anderen Sprachen überlieferten Versionen das Recht den SchluB zu ziehen, daB sowohl der «Lehrbrief» (das I Kapitel) und die anderen 25 «Lehren» von ein und demselben Autors stammen Was die Zwei «Episteln» des Makarius angehe, die schon von Euthyme übersetzt wurden, so kônnen sie nicht vom selben Autor wie die «Lehren» stammen da sie sich in Struktur und Stil der Abfassung stark von letzteren unterscheiden. Wir neigen dazu anzunehmen, daB gerade diese zwei «Epi- steln», die in dem altgeorgischen Handschriften erhalten sind, den Makarius des Àgypters angehôren Gulnara Ninu\
LE IVe SYMPOSIUM SUR L'ART GÉORGIEN À TBILISI (23 MAI-3 JUIN) Le IVe symposium sur l'Art Géorgien s'est déroulé du 23 mai au 3 juin 1983 Il incluait deux excursions du 28 mai au 1er juin Deux cent vingt-cinq participants étaient inscrits au programme, venant d'une douzaine de pays extérieurs à l'URSS, et d'une dizaine de républiques soviétiques Les travaux et conférences annoncés approchaient les deux cents Ces seuls chiffres montrent la difficulté de rendre compte en quelques lignes de l'événement Après la séance inaugurale plénière dans le grand auditoire de l'Université de Tbilissi, les communications se déroulaient dans six sections, lesquelles fonctionnaient simultanément La première regroupait la culture et l'art de l’époque préchré- tienne, sous la direction d’A Djavakhichvili V Béridzé dirigeait personnelle- ment la section de l'architecture médiévale T Virsaladzé et C Alibégachvih présidaient aux très nombreuses conférences sur la peinture médiévale La quatrième section regroupait les contributions à la connaissance de la sculpture et des arts mineurs médiévaux, sous la conduite de S. Barnavéli et K Matchabéli. Le Prof N Djanbéridzé conduisait le groupe dédié à l’Art géorgien moderne et soviétique Enfin une dernière section était dévolue à la protection et la restauration des monuments sous la conduite du Prof I Tsitsichvili Il est à peine besoin d’observer qu'aucun des participants n'a pu suivre personnellement toutes les communications On comptait certains participants supplémentaires, d'autres n'avaient pu venir en dernière minute La séance finale pour l'évaluation des résultats obtenus, et qui fut télévisée, témoignait par elle-même combien il était difficile de synthétiser en quelques mots l'abondance des domaines couverts, même en ne prenant le point de vue qu'à partir de chaque section Une chose est évidente les échanges furent très fructueux, et la plupart des participants a beaucoup appris On observe sûrement un affinement des techniques Les communications qui ont été faites sur l'église de Bethania par E Privalova, et sur celle d’Aténi par Abramichvili démontrent qu’aujourd'hui les fresques peuvent être lues en plusieurs couches, comme les palimpsestes, et révéler des datations plus fines, et des adaptations après quelques années A côté de ces présentations, les images neuves n’ont pas manqué, comme celles, très belles, offertes par Mme N Thierry sur l’église de Kiranc, pleine d’inscriptions géorgiennes
LE IV' SYMPOSIUM SUR L'ART GÉORGIEN À TBILISI 89 Ces nombreuses conférences méritent certes une longue méditation Du point de vue du participant étranger, le clou du symposium est cependant sans contredit les sites visités - Bolnisi d’abord Quelles que soient déjà les descrip- tions qui en ont été faites, et les photos qui ont été publiées, le contact direct avec le monument rend immédiatement sensibles des facteurs que les photos ne transmettent jamais. Beaucoup plus monumentale que ne le laisse croire son aspeet extérieur, très élargi par deux fausses nefs supplémentaires, l’église de Bolnisi en impose de l’intérieur par son élévation. On trouve aussi à la base des pilastres autour du chœur des traces de sculptures du type conservé et mis a jour par les fouilles à Sveti-Tskhoveli, visité le 25 mai, en même temps que Djvari, débarrassée des échafaudages qui l’emprisonnaient lors du IIe sympo- sium. Du dimanche 29 au mardi 31, le centre des excursions est devenu Bordjomi. Les hôtes étaient logés dans un pavillon, un chalet de montagne à plusieurs étages, construit pour être une maison de repos pour compositeurs, et que les membres du symposium étaient les premiers à habiter Quelques mélomanes ont pu ainsi jouir de pianos à queue Petrov, insérés dans des petits pavillons annexes autour de la résidence principale De Bordjomi, les partici- pants ont pu visiter sur le chemin d’accès Aténi, Samtavissi, Kintsvitsi et Tsromi, où une expérience heureuse de restauration provisoire a été effectuée Le tambour de l’église, écroulé de longue date, a été suppléé par une structure de bois, redonnant à l’édifice une silhouette plausible, et protégeant ce qu’il en reste à l’intérieur Le clou de l’excursion était cependant Saphara et surtout Vardzia. A Saphara, ce qui frappe le plus, c’est l’importance du complexe monastique dans le fief des Djakeli, dont le château en ruine surplombe les structures ecclésiastiques. De nombreux groupes folkloriques ont présenté aux spécialistes de l’art la contre-partie musicale de la symphonie des fresques, non sans provoquer quelques contestations dues au fait que le temps de photogra- phie s’en trouvait diminué La beauté de la nature dans les sites choisis pour ces églises est exceptionnel- le. L’on monte en général fort haut dans un vallon de plus en plus escarpé, pour trouver subitement au tournant les formes paisibles et riantes du vieux monastère, où jadis Arsène de Saphara vécut A Vardzia, le spectacle est encore plus grand. Les plus fanatiques se passèrent du déjeuner afin de visiter les grottes lorsque le soleil était encore haut L’ensemble de Vardzia est sans doute un des plus grands complexes rupestres monastiques La manière dont les artistes ont tiré parti de la roche pour reproduire le programme normal d une église à coupole est surprenant A l’extérieur de la nef creusée, une annexe malheureusement un peu entamée par l’érosion a placé ce qui ailleurs relève de la coupole. La reine Thamar, dans la nef principale, préside aux destinées de la prière monastique.
90 M VAN ESBROECK De Bordjomi, par des chemins de traverse où la longue théorie des autocars se faufilait près des maisons villageoises, le symposium s’est retrouvé à Timotesubani, où l’accueillaient encore des choristes et des danseurs La journée s’y est terminée par un de ces festins dont les Géorgiens ont le secret quelques vaches observaient pacifiquement l’énorme pique-nique, où les animaux pendus aux arbres étaient enfilés sur les broches, posés sur les braises, et arrosés de vin généreux et d’herbes vertes Au cours du colloque, on a pu voir également plus d’un Musée, et quelques expositions dont deux nous paraissent particulièrement dignes d’être mention- née Une série de pièces rarissimes de Svanétie étaient exposées au Musée d’État des beaux-arts de Géorgie, visité le mardi 24 mai Tandis que le 1er juin, le mercredi, on a pu admirer à l’institut des Manuscrits une collection vraiment étonnante par son éclat d’évangéliaires enluminés, et de manuscrits parfois moins connus où les spécialistes sentaient venir l’eau à la bouche Mentionnons enfin plusieurs concerts qui ont été offerts le soir aux heureux bénéficiaires du colloque, témoignant par là que l’Art géorgien n’est étranger à aucun domaine de l’Art humain Au terme de ces journées, les remerciements sont allés au comité d’organisation du IVe symposium, qui n’a rien épargné pour promouvoir une réussite qui s’avère évidente, même si quelques spécialistes auraient eu l’envie d’attirer plus de temps en faveur de leur propre spécialité Dans le comité lui- même, les applaudissements les plus nourris revinrent, comme il est bien naturel, à Vakhtang Beridze, qui est incontestablement la cheville ouvrière la plus décisive de cette quinzaine d’étonnement et d’admiration. Qu'y a-t-il en effet de plus humain que ces qualités de l’enfance qu’un Pirosmani ajetées sur la toile? Un saut furtif dans une autre section permettait d’en saisir quelques images admirables. Mais il s’est vraiment pas possible d’entreprendre le résumé dense de 200 études vécues en six groupes par 225 personnes La seule satisfaction que portent les participants au moment de leur retour est celle de continuer, et sans doute en Toscane cette fois, l’approfondissement des expressions variées de l’Art Géorgien Michel van Esbroeck
ARCHITECTURE géorgienne de la période transitoire (MILIEU VIIe S. - DEUXIÈME MOITIÉ Xe S.) 1. Nous avons appelé «période transitoire», dans l’histoire de l’architecture géorgienne, l’espace de temps compris entre la deuxième moitié du VIE siècle et le milieu du Xe siècle. Le début de cette période correspond à un événement des plus importants pour la destinée du peuple, celui de l’invasion des Arabes qui établissent pour longtemps leur pouvoir dans le pays, la fin de cette période se rattache à l’époque où avait déjà pleinement mûri le problème de la réunifica- tion politique des différentes parties disséminées du pays en un seul Etat, et où se dessinent nettement, dans l’art, et en premier lieu dans l’architecture, les contours d’un style nouveau qui s’affirme définitivement à la limite des Xe-XIe siècles. Les événements essentiels de la vie politique et culturelle du pays sont les suivants: malgré les lourdes pertes subies par la Géorgie dans sa lutte exténuante contre les Arabes, ceux-ci ne réussirent pas à soumettre entièrement le pays à leur joug, la Géorgie occidentale resta hors de leur domination, et en Géorgie orientale, ils ne réussirent à se fixer d’une manière stable qu’à Tbilissi, devenu résidence de l’Emir, et dans quelques régions du Kartli Avant l’invasion arabe, le territoire de la Géorgie était divisé en deux Etats. le Kartli, descendant de l’ancienne Ibérie dans sa partie orientale, avec Tbilissi pour capitale, l’Egrissi, ou Lazique, sur le territoire de l’ancienne Colchide dans sa partie occidentale, sur le littoral de la mer Noire L’époque qui nous intéresse — à la limite des VIIIe-IXe siècles — voit se former de nouveaux groupements étatiques géorgiens: le royaume d’Abkhazie avec sa capitale à Koutaissi, comprenant toute la Géorgie occidentale, la Kakhétie, occupant les provinces orientales, le royaume de Tao-Klardjétie, situé dans la région Sud- Est, la partie septentrionale de la région centrale du pays, le Kartli, bien que le pouvoir n’y fût pas stable, se trouvait également entre les mains des Géorgiens, ainsi que d’autres provinces des hautes contrées. 2. Les IXe-Xe siècles, époque de la formation et de la consolidation du système féodal, sont des périodes créatrices. Les terres, dépeuplées par les envahisseurs, se repeuplent graduellement, l’économie nationale se rétablit, de nouvelles villes apparaissent, et d’anciennes se restaurent, des forteresses s erigent. C’est également l’époque de la fondation d’un grand nombre de monastères — en Kakhétie et particulièrement dans la région de Tao- KJardjétie, dévastée par les Arabes — dont le rôle fut exceptionnellement important pour la renaissance du pays, le développement de la littérature nationale, le renforcement de la conscience nationale et la propagande de l’idée d unification des provinces désunies. C’est précisément cette tendance à 1 unification et la lutte pour la création d’un seul Etat national, dictées tant par es exigences d’un développement économique normal du pays, que par
92 V BhRIDZÉ l’identité de langue et de culture, et la nécessité vitale de s’unir contre l’ennemi extérieur, qui marquent ces siècles, malgré les contradictions intérieures inévitables dans toute société féodale, les péripéties complexes de la lutte pour le pouvoir et, d’autre part, les rapports non moins complexes avec les Etats voisins intéressés. C’était, tout d’abord, l’Arménie qui, comme la Géorgie, avait eu à lutter sans cesse pour son indépendance, et deux grandes puissances agressives' le Khalifat arabe et l’Empire de Byzance. La présence des Arabes, en qualité de forces d’occupation étrangères, devait inévitablement marquer de son empreinte la vie du pays, et ce, non seulement à cause de la domination arabe qui pesait d’un poids accablant sur le peuple, et des incessantes expéditions de répression qui ruinaient l’économie du pays — il s’agissait évidemment encore de deux religions hostiles, de différentes idéolo- gies, de différentes cultures. Il est d’autant plus remarquable que les Géorgiens aient su conserver, sous la domination arabe, la religion chrétienne, qui s’était déjà profondément ancrée dans le peuple, ce qui équivalait, en ce temps, à sauvegarder son originalité nationale et à conserver sa langue maternelle C’est pourquoi l’incursion et la domination arabe n’ont pas causé en Géorgie de déformation aussi importante dans la vie sociale et culturelle du pays que, par exemple, en Iran, en Egypte ou en Syrie où, avec l’instauration de l’Islam, une ère nouvelle s’était ouverte dans l’histoire de ces pays Les Arabes ne laissèrent aucune trace dans l’art géorgien, notamment dans l’architecture — l’évolution de l’art national suivait sa voie en se développant d’une manière organique La littérature n’a certes pas manqué de refléter les événements ayant trait au joug arabe, mais cela s’est manifesté — ce qui est caractéristique — dans la création d’œuvres de tendances anti-arabes parlant précisément de martyrs de la foi et. par là-même, propageant activement des idées patriotiques Il va sans dire que la lutte contre les musulmans-arabes avait stimulé le rapprochement avec la coréligionnaire Byzance dont la culture acquérait une influence de plus en plus grande dans le monde oriental chrétien Le royaume de Tao-Klardjétie avait officiellement reconnu Byzance pour son suzerain Mais un danger menaçait la Géorgie, de ce côté-là aussi: sans parler des prétentions politiques de Byzance, et de la pression qu’elle avait exercé sur les Etats géorgiens au cours de leur fondation aux IXe-Xe siècles et au moment de leur lutte pour l’unification, le danger consistait encore en ce que Byzance tendait à une pleine hégémonie dans les domaines religieux, théologique et scientifique du monde chrétien oriental tout entier. La Géorgie ne pouvait s’y plier. Tout en portant un grand et profond intérêt à la science byzantine, et en l’assimilant avec persévérance, les hommes d’Église et les savants géorgiens menaient une lutte idéologique assidue pour la reconnaissance de l’indépendance géorgienne non seulement politique, mais idéologique et cultu- relle, en faisant ressortir les thèses sur l’égalité en droits de l’Église chrétienne géorgienne, sur sa propre illuminatrice, Ste Nino, et sur l’égalité en droits de la langue géorgienne. C’est encore la période d’un impétueux épanouissement de 1 hagiographie qui servait, en définitive, aux-mêmes buts. En parlant des rapports avec Byzance, il faut noter que. a) malgré sa dépendance vassale, le royaume de Tao-Klardjétie adoptait fréquemment une politique indépendante, ne répondant pas aux intérêts de l’Empire, et des
ARCHITECTURE GÉORGIENNE DE LA PÉRIODE TRANSITOIRE 93 conflits militaires les mettaient quelquefois aux prises, b) l’iconoclasme qui avait pendant longtemps ébranlé Byzance et avait laissé son empreinte sur le développement de son art, était resté inconnu en Géorgie 3. En jugeant d’une manière rétrospective la Période transitoire, et en déterminant la place qu’elle occupe dans l’histoire du pays, on peut affirmer sans exagérer que son importance dans le développement culturel de la Géorgie est très grande. C’est précisément alors que furent jetées les bases de la «Grande époque», du «Siècle d’or» de la Géorgie médiévale, aussi bien dans le domaine de la littérature, que dans celui des sciences et de l’art II nous est impossible de parler ici, même en passant, des remarquables œuvres littéraires ______ originaux et traductions — qui furent créées à cette époque dans les monastères géorgiens, tant en Géorgie-même qu’au-delà de ses frontières — en Syrie, en Palestine et dans les Balkans, des nombreuses œuvres en repoussé, des enluminures de livres manuscrits, des miniatures et des modèles premiers de la peinture monumentale C’était une période de grande intensité créatrice dans la vie artistique du pays. Nous sommes en droit d’en dire autant de l’architecture l’examen et l’étude minutieuse des monuments de la Période transitoire nous permettent d’affirmer que l’opinion qui se rencontre dans la littérature spécialisée, surtout en Occident, et selon laquelle cette époque aurait été celle d’un silence monumental, ne correspond pas à la réalité. Il ne faudrait pas oublier, non plus, que seule une partie des monuments créés à l’époque est parvenue jusqu’à nous 4. Qu’y avait-il avant cette période, et par quoi avait-elle été suivie, autrement dit quels phénomènes de la vie artistique relie-t-elle entre eux, et entre quoi constitue-t-elle une transition7 L’étape qui la précède, c.-à-d. la première période de l’architecture médiévale géorgienne qui se situe entre l’époque de la christianisation, dans la Ie moitié du IV' siècle, et l’invasion arabe, pourrait être appelée «classique», précisément compte tenu des particularités du style qui, vers la fin du VIe et le début du VIIe siècles, avait atteint sa pleine maturité. C’est l’époque d’une architecture austère, équilibrée, sobre, quant à son décor architectural, d’une architecture «pur sang», si je puis m’exprimer ainsi, et dont les monuments caractéristiques sont: l’église de Djvari, à Mtskhéta, et les églises de «type Djvari», les églises de Tsromi, de Bana et de Samtsévrissi, et parmi de plus anciennes • les basiliques de Bolnissi, d’Antchiskhati, d’Ourbnissi, et bien d’autres. La période qui suit la Période transitoire est celle d’une architecture du Moyen Age développé que l’on peut considérer comme le second épanouisse- ment de l’architecture géorgienne médiévale Elle dura jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Ce fut l’époque d’un essor national qui aboutit à la création d’un puissant Etat national unifié, l’époque d’une intense édification culturelle et celle de très grandes réalisations dans le domaine de la littérature, des sciences « de toutes les branches artistiques. Dans l’architecture, ce fut la période des tendances pittoresques prononcées qui se font sentir dans une nouvelle conception des tâches compositionnelles très différente de l’ancienne et une nouvelle conception de la formation du système purement décoratif, de arrangement des façades et dans la richesse de leur décor sculpté. Les volumes augmentent — la plupart des plus grandes cathédrales géorgiennes ont été
94 V BERIDZÉ édifiées ou restaurées dans la IIe moitié du Xe et au XIe siècles, les proportions changent, l’intérieur des églises était entièrement recouvert de peintures Les monuments de cette époque sont tous très connus, depuis la cathédrale d’Ochki et l’église du roi Bagrat à Koutaïssi jusqu’à Pitaréti, Kvatakhévi, et autres C’est entre ces deux périodes de grand épanouissement que se situe la période transitoire qui nous intéresse 5. Quelles conclusions pouvons-nous tirer des monuments de cette époque, parvenus jusqu’à nous? a) Ce qui présente tout d’abord une importance capitale, c’est qu’entre les VIIIe et IXe et au Xe siècles, non seulement le Kartli, la Kakhétie, la Tao- Klardjétie et les basses régions du royaume d’Abkhazie, autrement dit, les plus développées et les plus progressistes, mais encore les régions des hautes contrées, comme la Svanétie et le Khévi, dissimulés dans des gorges de la chaîne du Caucase, les régions en amont de la Ksani, de l’Aragvi, et autres, se rallient et prennept activement part à l’édification nationale «chrétienne», c.-à- d la construction d’églises, manifestant, d’ailleurs, des traits communs dans les constructions des diverses régions On constate même que des traces de contacts avec la culture géorgienne se retrouvent dans certains monuments du Caucase septentrional, comme, par exemple, l’église de Tkoha-Erdy en Ingouchétie Une telle «géographie» des monuments est peut-être l’indice le plus mar- quant de l’unité organique qui unissait les provinces historiques géorgiennes entre elles, encore avant leur unification politique — car les documents écrits de cette époque, et d’autant plus la production littéraire, ne se rattachent qu’à quelques provinces, alors que les autres — tout au moins jusqu’à maintenant — restent «muettes» Ainsi donc, l’importance des monuments d’architecture de la Période transitoire dépasse les limites de l’histoire de l’art, proprement dite. B) Du point de vue thèmes, on n’observe aucun changement avec l’époque précédente. Les églises restent, comme avant, l’indice le plus marquant de l’évolution stylistique. Les autres thèmes architecturaux sont également hérités de l’époque précédente. Mais si, auparavant, nous ne pouvions juger de ces thèmes — palais de seigneur féodaux, ensemble monastiques, certaines maisons d’habitation paysannes, constructions rupestres, éléments des intérieurs d’église aussi spécifiques que les chancels — que d’après des documents écrits, par analogies et par hypothèses, nous avons maintenant des témoignages matériels qui se sont réellement conservés (mal, mais néammoins conservés). — des monuments ou, tout au moins, leurs fragments. Quant à l’architecture des villes et de la masse des maisons d’habitation, nous n’en avons, comme par le passé, que des renseignements vagues et médiocres C) En ce qui concerne le développement du style, ce qui nous apparaît comme primordial et essentiel, c’est précisément le caractère transitoire de l’architecture de cette époque La «transitivité» se fait sentir autant dans la typologie des monuments religieux, dans les expériences thématiques, pourrait- on dire, qu’encore — fait particulièrement important — dans l’incarnation artistique et les particularités esthétiques des édifices. C’est une époque de recherches créatrices. Ce qui attire tout d’abord l’attention, c’est le grand nombre de types utilisés, leur caractère bariolé A
ARCHITECTURE GÉORGIENNEDE LA PÉRIODE TRANSI LOIRE 95 aucune échelle du développement de l'architecture géorgienne nous n’observons une telle variété d’édifices de culte. On y voit a) Types connus d’édifices à coupole et sans coupole qui s'étaient formés pendant l'époque précédente — chapelles à nef unique, habituellement avec abside d’autel demi-circulaire II y en a beaucoup en Tao-Klardjétie et en Kartli; en Svanétie, c’est la seule espèce d'édifices de culte de toutes les époques, dans les régions géorgiennes de hautes contrées (et non seulement là) le type répandu est celui des églises à abside rectangulaire, mais à conque fixée sur des trompes. Les églises à nef unique se conserveront dans l’architecture géorgienne tout au long du Moyen Age — Basilique à trois nefs répandues sur tout le territoire de la Géorgie les églises d'Alvani (VIIIe-IXe s ), de Zédazéni (VIIIe s ), à'Akoura (855) en Kakhétie, de Sioni et d’Akhaltsikhé (IXe-Xe s ), dans la province de hautes contrées de Khévi, de Kvahiskhévi (VIIT‘-IXe ss ) et à'Ourta (Xe s ) en Tao- Klardjétie, et autres L’existence des basiliques prend fin vers la fin de la Période transitoire et à la limite du siècle suivant — Basiliques à trois églises, type spécifique qui s’était formé en Géorgie aux Ve-VIe siècles et qui s’est maintenu, lui aussi jusqu’aux Xe-XIe ss , Ambara, en Abkhazie (VIIe-VIIIe ss ), Nédzvi en Samtskhé (IXe s.), Eredvi (906) en Kartli, et bien d’autres, dont quelques unes ont des déviations individuelles que je n’ai pas la possibilité d'aborder ici. — Echos du «type Djvari», ou d’un tétraconque à coupole, avec des pièces aux angles communiquant avec l’espace sous la coupole par des niches disposées en diagonales C’est un type qui s’était formé parallèlement en Géorgie et en Arménie (en Arménie le type Avan-Ripsimé) que nous avons mentionné plus haut : il avait déjà atteint sa pleine maturité artistique à la limite des VIe-VIIe siècles, et nous ne pouvons parler là que d’échos et non d’évolution créatrice En tant qu’exemple, citons l’église de Tchamkhoussi, en Tao-Klardjétie, construite, au plus tard, au IXe s et très mal conservée II existe encore une variété de ce thème — les pièces des angles sont rejetées, mais les niches qui les unissent au carré sous la coupole sont conservées. interprétation nettement décorative Le modèle le plus ancien — VIIe s — est la petite église à coupole de Dzvéli Chouamta - maintenant, à un autre échelon stylistique, déjà à la limite de l’époque suivante, nous en avons la réplique du Xe s à Kvétéra — Eglises à coupole du type «croix libre» ' petite église à Aténi, VIIIe-IXe ss , qui, comme dans les modèles connus de la période précédente (Samtsévrissi, Chio-Mgvimé, et autres), n’a qu’une seule abside (d’autel) et trois bras rectangulaires, mais à l’extérieur, tous les quatre bras sont de forme rectangulaire. - Et enfin, les églises du type «croix inscrite», qui prennent naissance avec la remarquable église de Tsromi Nous reviendrons à ce thème un peu plus loin. b) Types inconnus à l'époque précédente, variantes de types connus, composi- tions «mixtes», constructions uniques en leur genre, n’ayant pas de parallèles et restés sans suite: variantes du triconque, thème dont les modèles plus anciens, autrement dit, remontant à l’époque des IVe-VIIe siècles, nous sont inconnus, tout au ntoins jusqu’à maintenant Ils étaient édifiés en Kakhétie (Kvélatsminda à atchnadziani), en Kartli ( Télovanï) et surtout en Tao-Klardjétie (églises de
96 V BER1DZF petites dimensions. Dort-Kilissa, Issi, Oriouli, Bakhtchalo-Kichla et autres), où fut édifiée déjà dans la deuxième moitié du Xe siècle, la première église monumentale du type triconque — la cathédrale d'Ochki — variantes du têtraconque. simple quadrilobe où toutes les quatre absides ont, à l’extérieur, une forme rectangulaire, un même quadrilobe, avec l’annexion d'une ou deux pièces, têtraconque où les absides sont «rajoutées» à la partie centrale de chacun des côtés du carré, et la coupole repose sur quatre piliers libres (exemple unique — l’église de Bobisghéri en Tao-Klardjétie) — Églises à si\ absides qui ne subsistent que peu de temps au Xe s seulement, et ne se rencontrent plus en Géorgie après le début du XIe siècle Kiaglis-Altt, Goguiouta, Oltisai, en Tao-Klardjétie, Botchorma, en Kakhétie. Katskhi, en Géorgie occidentale — Église à huit bras disposés en rayons — Taoskari, en Tao-Klardjétie — Basilique à deux coupoles — église à deux coupoles, unique en Géorgie - Kvélatsminda à Gourdjaani, VIIIe siècle — Église du type Kuppelhalle — il y en a, en général, peu en Géorgie, et a l’époque qui nous occupe on n'en trouve que deux ou trois modèles — en Kakhétie et en Tao-Klardjétie (Solomon-Kala, Parnaki) — Églises qu’on ne peut rattacher à aucun type répandu, pour ainsi dire «formulé», par exemple. Tsirkoli (VIIIe s ), Armazi (864), en Kartli, dans les gorges de la Ksani, où, à part d’autres particularités, la coupole est dissimulée, à l’extérieur, sous un toit à deux pentes, l’église à coupole du monastère de Nékressi où le plan est formé d’un simple carré sous la coupole, avec une seule abside et un collatéral, église de plan cruciforme sans coupole — Sabatsminda. dans le village de Khéiti; église semi-rupestre d’une espèce toute individuelle, à Biéti, nombre d’églises rupestres à David-Garedja, à Samsari, et autres Cependant, des restrictions s’imposent, la classification par types est, dans bien des cas, conventionnelle,certaines constructions pouvant se rattacher à la fois à un type et à un autre Ainsi, par exemple, nous voyons des églises du type» «croix libre» sous l’aspect d’un triconque, d’un têtraconque et a abside unique, nous voyons des églises cruciformes avec seulement deux «angles remplis» — nous les avons conventionnellement appelées du type «croix semi-libre» — parmi celles-ci on trouve aussi bien des triconques et des tétraconques (Issi, Moukhladjighilissi, Kinépassi, et autres, en Tao-Klardjétie. Télovani, en Kartli, et de nombreuses autres plus tardives). — Et enfin, un monument tel que l’église de Kvélatsminda, près de Vatchnadziani, du IXe siècle, fixe, en quelque sorte, en soi les recherches et les expériences dans le domaine du plan et de l’espace d’une part on y observe nettement des liens génétiques avec le thème ancien de la basilique à trois églises (l’église centrale au collatéral annulaire) et, d’autre part, nous avons la une composition typique bien formée d’un «Kuppelhalle» et, enfin, on y voit le motif, trois fois répété du triconque — dans la partie Est de la salle du milieu et dans les locaux latéraux Est 6 Mais, malgré tout, dans ce mélange kaléidoscopique de types, produisant même, à première vue, l’impression d'une certaine discordance, on réussit a dégager et à suivre la tendance essentielle et la ligne générale du développe- ment: c’est l’élaboration et la formation d’un nouveau type, pourrait-on dire, national, d’église cruciforme à coupole Cela se réalise grâce à un rejet de tout
ARCHITECTURE GÉORGIENNE DE LA PÉRIODE TRANSITOIRE 97 «superflu» estimé comme incompatible avec le développement ultérieur Les résultats définitifs d’une semblable sélection seront obtenus et fixés dès le début de l’époque suivante. La solution définitive de ces recherches constructives est une église en axe allongé Est-Ouest, avec les masses constituant dans l’espace la forme d’une croix, avec deux bras longs (Est et Ouest) et deux bras plus courts, à leur intersection — un tambour polyèdre haut, recouvert d’une toiture pyramidale, soutenant une seule coupole; les entre-bras sont plus bas avec des toitures à une Dente. Mais avant que la formule définitive n'eût été élaborée, on voit apparaître différentes variantes dont il sera reparlé plus loin La période transitoire présente de l’intérêt du fait qu’elle nous permet de suivre l’évo- lution de l’art géorgien, d’en voir les chaînons, en tenant compte du fait que cette évolution était loin d’être rectiligne, si l’on peut dire «monoligne» Le premier monument, comme nous l’avons déjà noté plus haut, est l’église de Tsromi du premier tiers du VIIe siècle qui se présente sous l’aspect déjà bien formé du type «croix inscrite». Il nous faut spécifier là qu’avec les monuments analogues d’Arménie, Tsromi est l’un des plus anciens spécimens de ce type Ensuite viennent: la cathédrale de Samchvildé, en Kartli (VIIIe s.) dont le thème est déjà plus complexe, par suite de galeries latérales, constituant dans les masses extérieures comme des nefs supplémentaires; le plan initial du Métékhi de Tbilissi et l’église du monastère d'Ikalto, en Kakhétie, à quatre piliers, elle aussi. Il en existe beaucoup de modèles en Tao-Klardjétie • d’une part, nous voyons un plan cruciforme, avec la coupole s’appuyant sur les murs (Opiza, Doliskana), d’autre part, un plan à deux piliers (Khandzta, un peu plus tard, mais toujours au Xe s. — Valé et Khakhouli), des plans à quatre piliers soutenant la coupole (Vatchédzori), le même en Abkhazie — Mokvi (4 piliers + des piliers supplémentaires du côté Ouest), Likhny, Anakopia, Bzyh (à 4 piliers), Bitchvinta (Pitsounda — deux piliers sous la coupole). On observe une hésitation entre les bras Ouest à nef unique (Opiza, Ichkham) et à trois nefs (Khandzta, Khakhouli, Mokvi), on trouve encore d’autres variétés importantes sous forme de bras latéraux saillants prêtant au plan un aspect cruciforme (Opiza, et par la suite — Khakhouli, Ichkhani, Ochki) et sous forme d’un simple rectangle où la croix est réellement «inscrite» (Khandzta. Doliskana, en Tao- Klardjétie, Ikalto, Bartsana, Ozaani, monuments d’Abkhazie). Il faut noter, en particulier, dans le tableau général de l’évolution, le thème du triconque, mentionné plus haut. Nous pouvons suivre ainsi la ligne générale de la formation de ce thème, résultant, en quelque sorte, d’une «sélection», d’une étude de différentes possibilités. La formule définitive — d’une église cruciforme à coupole à deux piliers libres — simple, laconique, devenue stéréotype, est légalisée au XIe siècle (Samtavro, Samtavissi); il est toutefois important de noter qu’elle apparaissait encore bien avant, précisément pendant la période de recherches dont nous venons de parler (Bartsana, Ozaani, Khandzta, Bitchvinta, Valé, et autres). Pour Yp^er encore une fois où nous en étions à la deuxième moitié du Xe et aux -XIIe ss., je vais vous présenter quelques-uns des spécimens les plus importants (Ochki, église du roi Bagrat, à Koutaissi, Alaverdi, Svéti-Tskhovéli, à iskheta, Samtavro, Samtavissi, Ghélati, Pitaréti, Kvatakhévi, et autres)
98 V BERIDZÉ 7. Une comparaison s’impose tout naturellement avec les monuments des autres pays et, tout d’abord, avec ceux d’Arménie et de Byzance, les plus liées à la Géorgie Comme à l’époque précédente la parenté thématique la plus proche s’observe avec l’Arménie. Mais là, beaucoup plus qu’en Géorgie, le rôle prédominant est assigné aux édifices à coupole, quant à la construction des basiliques, elle est, pratiquement, nulle. Dans l’architecture à coupole, tout comme en Géorgie, on observe de grandes variétés • on y édifiait des tétracon- ques à l’état «pur», et agrémentés de différents éléments; des triconques, types d’église qui n’apparaissent en Géorgie qu’à cette époque, la construction d’églises à six absides a continué en Arménie pendant beaucoup plus longtemps — elles ont dû y apparaître avant la Géorgie, on y trouve plus de variétés du point de vue artistique; on y voit, en plus, des églises à huit absides, inconnues en Géorgie, on y construisait également des églises de type «croix libre». La plupart, sinon toutes les constructions citées ci-dessus, ont leurs prototypes à l’époque ancienne — le respect de la tradition se fait plus fortement sentir en Arménie qu’en Géorgie Dans cette grande variété de types, on distingue très nettement, en Arménie comme en Géorgie, un certain «leitmotiv» du développement — ce sont deux types essentiels qui resteront pendant longtemps dominants. Et c’est précisé- ment là que l’on sent qu’à partir de cette époque les voies de l’architecture géorgienne et arménienne bifurquent et s’éloignent l’une de l’autre: les thèmes qui, sauf de rares exceptions, deviennent primordiaux pour l’Arménie, ne trouvent pas de développement, ou restent entièrement inconnus en Géorgie et, d’autre part, la ligne thématique primordiale de l’architecture religieuse géorgienne reste également, sauf quelques exceptions, étrangère à l’Arménie L’un des thèmes arméniens essentiels qui, lui aussi, tire sa source de la période ancienne est celui du «Kuppelhalle» qui n’apparaît en Géorgie, comme nous l’avons dit plus haut, qu'à la Période transitoire et qui ne s’est répandu que partiellement; un autre thème est une église qui s’inscrit à l’extérieur dans un rectangle quelque peu rallongé, avec quatre pièces aux angles, séparées par des murs de l’espace central cruciforme et munies de leurs propres absides (comme par exemple les églises A'Astvatsatsin et d’Aménaprkitch de la Ie moitié et du milieu du Xe siècle, dans le monastère de Sanahine, et bien d’autres églises importantes d’époque beaucoup plus tardive), Ce thème reste entièrement étranger à la Géorgie. La distinction avec les édifices religieux byzantins est encore plus marquée Parmi le grand nombre de différentes constructions religieuses édifiées sur le territoire de l’Empire byzantin, qui comprenait des territoires ayant leurs propres traditions, on observe également un thème essentiel de recherches — c’est, derechef, le thème de l’église cruciforme à coupole qui, en se développant, aboutit au même type de «croix inscrite», mais suivant une voie très différente de celle de Géorgie, et passant par des étapes également toutes différentes. Le problème primordial est la création d’un espace central cruciforme Tout naturellement, le milieu est occupé par un carré, recouvert d’une coupole, et dont «poussent» sur les côtés les bras de la croix. Mais ce qui est caractéristi- que c’est qu’aucun des bras, excepté le bras Est (comportant l’autel), n’arrive
ARCHITECTURE GÉORGIENNE DE LA PÉRIODE TRANSITOIRE 99 jusqu’aux murs extérieurs de l’église, étant donné que l'espace central est entouré, de trois côtés, d’un collatéral, dominé par des tribunes — elles traversent et emplissent partiellement l'espace des bras transversaux, séparées de ces derniers et du carré de la coupole par des cloisons à colonnes (remontant, il se peut, aux cloisons latérales de la salle centrale de l’église Ste Sophie à Constantinople) Conformément à la corrélation entre les cloisons et l’espace central, la cruciformité se dessine dans une mesure plus ou moins grande (dans bien des cas, les bras de la croix ne sont qu’à l’état embryonnaire) Selon certains auteurs, on peut étudier l’évolution en commençant par l’église Kasr-ibn-Vardan du VIe s et, en poursuivant par des monuments tels que l'église de l’Assomptiom à Nicée, celles de Ste Sophie à Salonique, et de St Nicolas à Myre du VIIIe s., les églises de Constantinople — VIIIe et IXe ss — de St André à Krissev et de la Vierge Pamakaristos. de St Théodose, l'église de Dere-Agzy et de St Clément à Ankara, jusqu’au moment où les bras de la croix arrivent à «se frayer un passage» à travers le collatéral et les tribunes et atteignant les murs extérieurs, et forment un espace cruciforme «entier» (Akataleptos et Atik-Mustofa- pachadjami, à Constantinople) On remarquera sans peine que ce type d’église et son évolution n’ont rien de commun avec l’évolution des églises à coupole géorgiennes de la Période transitoire Je ne peux citer que deux monuments géorgiens qui se rapprochent de ceux de Byzance: Mokvi, dont les bras transversaux ne s’appuient pas non plus contre les murs extérieurs, mais contre le collatéral annulaire avec ses tribunes, et Dranda dont le plan se rapproche de celui d’Atik-Mustafa-pachadjami. Tous les autres monuments, y compris ceux qui se trouvent sur le territoire d’Abkhazie, dont les contacts avec l’architecture byzantine étaient plus étroits, sont d’un caractère tout différent. Il ne pourrait en être autrement, d’autant plus, qu’en fait, en Géorgie (comme en Arménie), le type «croix inscrite» était déjà parfaitement formé au VIIe s., aussi, dans son développement ultérieur, n’y avait-il aucune nécessité de faire des recherches en vue de la formation du type, le développement en était d’ordre strictement artistique et stylistique. Il est certain que durant cette période également, la distinction entre l’architecture géorgienne, arménienne et byzantine, comme leurs points com- muns, ne se limitent nullement à la seule typologie des monuments, mais se manifestent avec bien plus d’évidence dans l’incarnation artistique réelle — les proportions, le caractère et les procédés d’utilisation, des matériaux de construction, le système décoratif de la façade, l’originalité des diverses ornementations, leur corrélation avec l’architecture, le caractère stylistique général, l’étape du développement stylistique. Tous ces traits caractéristiques nous apparaîtront avec plus de plénitude ultérieurement, lorsqu’une nouvelle ctape de développement de l’architecture se sera formée définitivement dans tous les trois pays. Cependant, ils sont déjà reconnaissables à l’époque qui nous 'nteresse, puisque le développement de chaque art national étant organique, chaque degré de l’évolution est indissociable de celui qui le précède et de celui Qui le suit II m’est impossible de m’arrêter longuement sur des comparaisons, il aut cependant noter, en ce qui concerne Byzance, à part une toute autre conception des façades, une distinction très nette dans les proportions les glises byzantines de cette époque sont, dans leur majorité écrasante, beaucoup
100 V BER1DZF plus massives que les églises géorgiennes, ce qui se fait, surtout sentir, semble-t- il, dans les proportions du tambour de la coupole (prenons pour exemple l’église de l’Assomption à Nicée et n'importe quelle église géorgienne de la Période transitoire, voire d’une période moins avancée) Mais la distinction fondamentale réside en ce que les points de départ de l’architecture géorgienne et byzantine de la Période transitoire sont tout différents: nous avons déjà dit que l’époque précédente était pour la Géorgie celle d’un style de caractère classique, et l’étape suivante, précisément celle qui nous intéresse, est marquée par une déviation du côté d’un style pittoresque Quant à Byzance, l’architecture des Ve-VIIe siècles se distinguait, précisément, comme on le sait, par ces traits baroques hérités du monde antique: il est évident que l’évolution ultérieure du style ne pouvait y être la même qu’en Géorgie 8. Quels sont donc les signes distinctifs de l’incarnation matérielle des monuments de la Période transitoire9 a) Les monuments des VIIIe-IXe ss. étaient construits, pour la plupart, en pierres brutes, ou en pierres peu soigneusement taillées, mais qui étaient, il est vrai, fréquemment posées en rangées régulières (Niakomi, Vetchédzori) Le revêtement en pierres taillées n’était pas typique (une exception — Samchvildé, VIIIe s.). Un trait caractéristique est la combinaison d’un matériau plus solide et mieux travaillé pour certaines parties de l’édifice sciemment mises en relief (tambour, demi-sphère de la coupole, conques (pas toujours), chambranles de fenêtres et de portes, pilastres et arcs-doubleaux, parties décorées, inscriptions), et d’un matériau moins onéreux, d’une qualité inférieure — pour la majeure partie de l’édifice (Armazi, Tsirkoli, Télovani) b) Le décor ornemental est le plus souvent absent, ou très sobre et localisé partiellement. Il est loin des procédés d’entrelacs complexes qui se sont formés ultérieurement, offrant souvent le reflet de motifs répandus aux Ve-VIIe siècles Cependant, sur les façades, on trouve, quoique rarement, des figures en relief, isolées, d’un caractère «préplastique» (il y en avait à Opiza et Pétobani, à Doliskana, et autres). c) Jusque là, il n’existait encore pas aux VIIIe-IXe siècles de système de décor des façades bien formé. L’apparition d’arcs décoratifs formant des renforce- ments n’est que sporadique (Nékressi, Tsirkoli, Gourdjaani), et, on voit très rarement des arcs «aposés» sur la façade, autrement dit, plastiques, mais d’aspect rudimentaire (Télovani). d) Le tambour de la coupole se rapproche des traditions de l’époque précédente, il est octaèdre aux faces nettement marquées. Les proportions du tambour, comparativement à celles des monuments de l’époque ultérieure, restent encore massives; aux VIII-IXe ss. il se rattache encore au carré par des trompes (Armazi, Tsirkoli, Kabéni, Gourdjaani, Télovani, petite église dMten/j. mais on voit déjà apparaître quelques premiers pendentifs (Vatchnadziani) e) On ne voit encore pas sur la façade est de renfoncements-niches de plan triangulaire, motif qui s’était constitué à l’époque Djvari-Tsromi, c -à-d à la limite des VIe-VHe siècles, et qui deviendront plus tard un attribut presque obligatoire pour toutes les églises à coupole géorgiennes. Dès les premières décennies du Xe s., étape dernière de la Période transitoire, on observe un changement radical:
ARCHITECTURE GÉORGIENNE DE LA PÉRIODE TRANSITOIRE 101 ._ Le revêtement en pierres de taille reprend ses droits, jusqu’à la moitié du Xe s., dans bien des cas, on pratique encore l’agencement de pierres de taille avec des pierres moins bien travaillées’ mais à partir de la deuxième moitié du siècle — début de la période suivante — les surfaces des façades sont entièrement revêtues de pierres de taille. _____ Le Xe siècle est, en quelque sorte, un terme, après lequel commence la formation graduelle d’un système d’ornementation décorative des façades, ayant pour base le motif de l’arcature. Les arcs décoratifs s’appuyant sur des godrons embrassent d’abord le tambour de la coupole pour s’étendre ensuite sur tout le corps du bâtiment - Le nombre de sculptures en relief sur les façades, augmente nettement, l’ornementation sculptée acquiert une importance de plus en plus grande — mais tout ceci se produit à la limite des deux époques, et se rattache, en fait, à la période suivante. On peut en dire autant des pendentifs, qui supplantent définitivement les trompes, et des niches qui, à partir de la deuxième moitié du Xe siècle, deviennent l’un des éléments essentiels des compositions de façade 9. En parlant de l’aspect artistique des œuvres de la Période transitoire, il faut noter que, peut-être pas tous, mais un grand nombre de monuments témoignent, comparativement à l’époque précédente, d’une moins bonne qualité technique et artistique de l’exécution — cela concerne aussi bien l’appareillage des murs, des voûtes et des arcs, souvent assez négligé, que le dessin des profils, et des détails et motifs décoratifs peu nombreux II est évident que pour l’impression générale, la qualité et le niveau de l’agencement du matériau de construction n’y jouent pas le dernier rôle En ce sens, à partir du Xe, et surtout du milieu du Xe siècle, on observe également un tournant — le niveau de la maîtrise technique et artistique monte graduellement. Le recul du style «classique» développé de l’époque première se fait sentir, tant dans la construction compositionnelle et la conception générale, que dans les particularités. Les plans et, partant, l’espace intérieur des monuments de l’époque précédente (église du type Djvari, Tsromi, Bana) présentent des compositions à éléments multiples avec une nette différenciation des parties indépendantes, avec une salle centrale unique, ayant un espace nettement limité, déterminé, comme renfermé en soi, perçu simultanément, avec des formes d’une netteté absolue et comme graphiquement dessinée, l’éclairage y est uniformément réparti, paisible, sans contrastes, les proportions sont «solides» et, dans son ensemble, l’édifice laisse précisément une impression de sérénité, de stabilité, d’équilibre et d’absolue lucidité de l’ensemble et des particularités. On peut en dire autant de l’intérieur de plan simple du minuscule Samtsévrissi. Et voici maintenant les monuments de la Période transitoire ' Gourdjaani, église de Kvélatsminda du VIIIe siècle. Tout d’abord les corrélations proportionnelles y sont toutes différentes — la nef est étroite, comme soulevée dans les airs; l’éclairage y est inégal — la distribution de la lumière sur les murs principaux est irrégulière et les coupoles sont entièrement p?ns, l’cutbre; le mur Ouest de la nef centrale, l’élément le plus «expressif» de 1 intérieur déterminant son caractère individuel est entièrement sillonné de •arges baies à arcs disposées en quatre registres, à travers lesquelles s’infiltre
102 V BERIDZÉ dans la nef centrale un espace supplémentaire, très obscurci, aux contours confus, avec une seule porte éclairée de l’extérieur, dissimulée par un trumeau entre les arcs L'impression d’absolue lucidité, de précision et de statisme, fait place à un état de tension, de contrastes et de complexité spatiale. On peut en dire autant du majestueux espace intérieur d'un autre remarqua- ble monument de l’époque, l’église du IXe siècle, non loin de Vatchnadziani. dont le développement dans le sens vertical est également accentué, et la perception rendue complexe par ce qu’on pourrait appeler la «multimotivité», on y voit une puissante plastique des saillies latérales et un rythme assez complexe des arcs et des baies de fenêtres latérales de hauteur inégale d’où paraissent s’infiltrer dans la salle principale les espaces supplémentaires du collatéral et du premier égage, et des renfoncements rectangulaires latéraux recouverts de conques sur trompes et, enfin, un motif nouveau — des pendentifs soutenant la coupole dont les surfaces glissantes témoignent égale- ment d’une nouvelle conception dans l’arrangement de l’espace Un autre exemple est l’intérieur de l’église de Tsirkoli, et, pour terminer— la merveilleu- se miniature où l'architecte donne libre cours à son imagination, comme s’il voulait créer un admirable jouet — l’église de la forteresse de Kvétéra, du Xe siècle: à l’intérieur, toute sa carcasse, sans un seul angle droit, qui abonde d’éléments plastiques, semble modelée plutôt que construite, on a l’impression d’un mouvement ininterrompu de formes changeant à vue d’œil. C’est là un monument qui se trouve déjà aux abords de l’époque suivante. La même corrélation s’observe, tout naturellement, dans les masses extérieu- res . d’une part, à Djvari, Tsromi, Samtsévrissi, ce sont — la même sensation d’équilibre, de sérénité, avec la perception des masses principalement frontale, l’harmonie de l’espace intérieur et des formes extérieures, les larges et puissantes surfaces du magnifique appareillage des murs en pierres de taille parfaite, la même précision impeccable des formes nettement différenciées, la formule de la construction générale d’un laconisme maximal, les «larges» proportions, le décor sobre et réservé Aux VIIIe-Xe siècles, les proportions ne changent pas d’un seul coup et partout, mais l’évolution se fait sentir là très nettement, comme, d’ailleurs, dans les intérieurs; v. par exemple, les monuments d’Abkhazie, l’église à coupole de Nékressi, quelques églises à six absides, celles mêmes de Gourdjaani et de Vatchnadziani et, d’autant plus, les monuments du commencement de la période suivante — les basiliques A'Otkhta Eklessia et de Parkhali, sans parler des églises à coupole. Il arrive fréquemment que les formes extérieures ne correspondent pas à l’intérieur (à Armazi, à Tsirkoli, et partiellement à Vatchnadziani), parfois ce sont certains éléments de l’aspect extérieur qui ne correspondent pas entre eux, autrement dit, on sent l’immaturité de l’époque, en particulier, bien entendu, en ce qui concerne les monuments d’ordre secondaire Nous avons parlé plus haut de la progression, déjà à la fin de la Période transitoire, de tendances décoratives, qui devait aboutir à la formation d’un système décoratif de façades bien achevé, érigé en formule et, plus tard, à de nches ornements sculptés. Ces tendances trouvent leur confirmation dans un motif, n’ayant aucune fonction constructive, tel que la corniche du tambour à
ARCHITECTURE GÉORGIENNE DE LA PÉRIODE IRANSITO1RE 103 plusieurs frontons et, conséquemment, la toiture en forme d’entonnoir (Opiza, Khandzta, Botchorma, Katskhi, des équivalents en Arménie) Et ces quelques exemples (Tsromi, Tsiikoli, Opiza, Gourdjaani) montrent la progression gra- duelle du dynamisme et de la tension dans l’ornement des façades par des arcs décoratifs. Pour conclure, revenons à Kvétéra, mais à présent à l’aspect extérieur de l’église non moins mouvant, comme ondulant, extrêmement pittoresque et d'un caractère décoratif accentué Je n’ai abordé là que l’architecture religieuse de la Période transitoire et certains de ses traits caractéristiques Les palais et les maisons d’habitation originales de cette époque font l’objet d’un thème spécial Pour terminer, je voudrais ajouter que a) Tout en s’écartant, et en rejetant en quelque sorte, l'héritage de l’époque précédente, l’architecture géorgienne de la Période transitoire lui reste organi- quement liée, en découle et lui succède sans aucun doute possible. Par ailleurs, elle est la base sur laquelle se fonde l’architecture de l’époque suivante — des Xe-XIIIe siècles. b) Les problèmes et les thèmes de l’architecture géorgienne de cette époque, ainsi que ceux de l’époque précédente, la rattachent à l’architecture du monde chrétien oriental dont elle fut une partie organique c) Cependant, elle continue, maintenant encore, à se développer indépen- damment, choisissant ses propres voies dans l’élaboration de principes idéolo- giques et artistiques. La Période transitoire est l’une des étapes les plus importantes et les plus intéressantes de l’histoire de l’architecture géorgienne. V Beridze
OUPLISTSIKHE - LA VILLE RUPESTRE A TEMPLE Ouplistsikhé, monument unique en son genre de la culture géorgienne, est situé à 15 kilomètres de la ville de Gori, sur un massif rocheux descendant vers la rive gauche du Mtkvari. Le monument attire de loin l'attention par son aspect pittoresque qui donna naissance à de nombreuses légendes mariant, comme cela est fréquent, la fiction et la réalité Les sources écrites nous ont conservé de nombreuses données sur ce monument, mais elles ne reflètent que des épisodes isolés de son histoire. L'éminent historien et géographe géorgien du XVIIIe siècle, Vakhouchti Bagrationi, donne une caractéristique imagée d’Ouplistsikhé, précisant que c’était une ville dès avant Tchinguiz-khan (avant le XIIIe siècle) et qu’à présent «elle est détruite II y a des édifices inhabituels, taillés dans le rocher, de grandes salles, également taillées dans le rocher, un grand tunnel atteignant le Mtkvari A l’Ouest il y a un rocher abrupt et, à son intérieur, des cavernes, également démolies. On s’imagine des guerriers, armés d’arcs et de lances, des cavaliers se rendant à une expédition militaire Ce lieu, considéré comme siège de l’oracle, est désigné sous le nom d’Ouplistsikhé» Ouplistsikhé attire depuis longtemps l’attention des historiens de l’architecture, des archéologues, des historiens d’art, mais l’étude systématique du monument n'a débuté qu’en 1957 avec une expédition pluridisciplinaire du Musée des Beaux-Arts de la Géorgie. Cette expédition procède régulièrement, chaque année, à des recherches archéologiques assez vastes, menées sur place, découvrant page après page son histoire complexe et plusieurs fois séculaire D’autre part il faut mentionner que le Département principal, scientifique et industriel, chargé de la Protection des monuments, près le Conseil des ministres de la R S S. de Géorgie, mène parallèlement des travaux visant à consolider et à conserver les salles rupestres de la ville délaissée. Aujourd’hui la ville est presque entièrement déblayée, son aspect architectu- ral est mis en évidence, on a procédé à des fouilles et à des prospections préalables dans plusieurs endroits attenants au monument et directement liés à celui-ci Les matériaux révélés reflètent la vie politique, économique et culturelle non seulement de cette importante région historique de la Géorgie Orientale, mais aussi de l’ensemble du pays, à commencer par l’époque ancienne de l’âge de bronze jusqu’au bas Moyen Age. Ces mêmes matériaux révèlent l’existence de
OUPLISTSIKHE - LA VILLE RUPESTRE A TEMPLE 105 liens de - l’ancienne population d’Ouplistsikhé avec l’Ourartou, l’Iran, l'Arménie, l’Asie Mineure et le monde gréco-romain La partie principale des matériaux a été étudiée par l’académicien Ch. Amiranachvili, le professeur D. Khakhoutaichvili, l’architecte T Karoumidzé et d’autres savants dont les travaux contiennent des conclusions intéressantes concernant les aspects les plus importants de l’histoire du monument C’est de la manière suivante qu’on peut se représenter les débuts de l’histoire d’Ouplistsikhé: sans doute le rocher — symbole de la puissance et de la pérennité — a-t-il attiré dans ces lieux le premier homme qui, ayant attribué à un ou à plusieurs rochers une signification magique et y ayant logé ses dieux, se rendait là pour les vénérer. D’après les données archéologiques ceci a eu lieu à la fin du IIe millénaire avant notre ère Jusqu’à présent on n’a guère découvert de cavernes artificielles remontant à cette époque ou aux quelques siècles suivants. Elles ont sans doute apparu plus tard. En tout cas, il est hors de doute que vers le milieu du Ier millénaire avant notre ère ces cavernes étaient déjà assez nombreuses. Les sources manuscrites mentionnent Ouplistsikhé parmi les villes anciennes les plus importantes de la Géorgie Orientale dont l’existence est largement antérieure à la formation définitive, au commencement du IIIe siècle avant notre ère, du royaume uni du Kartli (de l’Ibérie). Mais ce n’est qu’à l’époque hellénistique que la ville constitua une entité architecturale C’est aussi de cette époque que datent ses constructions principales dont il sera question plus bas. Nous disposons de données disant qu’au Ier siècle avant notre ère on a procédé dans ces lieux à d’importants travaux de restauration A l’époque de la basse Antiquité on continuait à construire dans la ville. L’importance d’Ouplistsikhé tombe soudain après la promulgation du christianisme religion d’Etat (les années 30 du IVe siècle), ce qui paraît naturel à la lumière de certaines circonstances liées à sa destination fonctionnelle antérieure. Par la suite, à l’époque du Moyen Age, Ouplistsikhé se ranime à nouveau et, à titre de ville forte, continue de jouer un rôle assez substantiel dans l’histoire du pays. Ainsi, au Xe siècle, lorsque Tbilissi se trouvait entre les mains des Arabes, Ouplistsikhé était, de fait, le centre du Kartli A l’époque du bas Moyen Age la ville étend sensiblement ses frontières (atteignant dans ses limites nouvelles 9,5 hectares). On observe une grande concentration de la population civile et des armées, ce qui a laissé son empreinte sous forme de constructions nouvelles et d’une quantité importante d annexes destinées à l’économie. A l’époque où les Mongols envahissent la Géorgie (le milieu du XIIIe siècle) la vie s’éteint graduellement dans la ville. Grâce à la citation ci-dessus de l’œuvre de Vakhouchti Bagrationi, nous avons déjà pris connaissance de la dernière page de l’histoire d’Ouplistsikhé Au
106 T SAN1K1DZÉ XVIIIe siècle la ville est détruite et les constructions qui survivent à la démolition sont utilisées par les habitants des villages voisins comme abri temporaire lors des attaques ennemies Naturellement, au cours d’une période de temps aussi longue chaque génération d’habitants d’Ouplistsikhé modifiait quelque chose sur place, ajoutait des locaux ou les appropriait à ses besoins. C’est pourquoi il faudrait procéder à un tri minutieux des matériaux réunis, afin de se représenter plus ou moins nettement l’aspect de la ville à telle ou telle autre étape de son histoire Dans la présente communication nous ne nous intéressons qu’à la période principale de la construction de la ville, vu que la majeure partie des matériaux nouveaux mis en évidence par notre expédition au cours des dernières années, se rattache précisément à cette période Ainsi donc, quel est l’Ouplistsikhé hellénistique ou, d'une manière plus générale, de l’époque de la basse Antiquité, vu aujourd’hui, à la lumière de récentes fouilles archéologiques et de déblayages effectués? Heureusement Ouplistsikhé a conservé toutes ses composantes, caractéristiques pour les villes anciennes. La ville possède un plan net et une structure, ce qui fait penser qu’au commencement il y a eu des principes préétablis de construction, élaborés concrètement pour cette localité et réalisés, quant à leurs données principales, au cours d’un laps de temps relativement réduit Le grand nombre d’édifices, les formes architecturales d’apparat, la réalisa- tion grandiose de l’ensemble taillé dans un massif rocheux et, enfin, la dénomination même de «Forteresse du Seigneur» («Oupali» désignant le seigneur et «tsikhé» la forteresse) attestent l’importance à l’échelon de l’Etat que revêtait Ouplistsikhé (T. Karoumidzé). La ville, située sur un versant rocheux, était bien fortifiée des côtés Sud et Ouest où le rocher est presque vertical et, partant, inabordable. Du Nord et de l’Est elle est entourée d’un ravin naturel, mais élargi et approfondi artificielle- ment. Le long du ravin, du côté de la ville, jadis il y avait un mur fortifié d’une largeur de quelques mètres auquel étaient incorporées des tours à plusieurs étages, recouvertes de tuiles (Le mur et les tours ont été fortement endommagés). Les entrées de la ville sont situées dans sa partie Sud. Parmi celles-ci l’entrée principale, qui se présente sous forme d’un pandus large et assez abrupt, au- delà du ravin, hors de la ville rejoint une magnifique route rocheuse se dirigeant vers l’Est Du côté opposé, de l’Ouest, une route longue (de 60 mètres), étroite (1,5 m ) et entamant profondément le rocher (formant la petite porte) monte vers la ville Par ailleurs, la ville possède une autre entrée secrète, soigneusement dissimulée et prenant forme d’un tunnel, donnant sur la rive du Mtkvari Toutes ces entrées rejoignent la rue principale, traversant le centre du rocher et
OUPLISTSIKHE - LA VILLE RUPESTRE A TEMPLE 107 constituant, dans le plan et l'espace, l’axe de la ville Les édifices sont disposés dans les rues latérales, partant de la principale, et sont principalement orientés de l’Est au Sud Partant de la densité des constructions, de leur importance architecturale et fonctionnelle, on peut dégager trois parties principales de la ville, située sur le versant de la montagne du Sud au Nord La partie centrale occupe un territoire beaucoup plus important que les deux autres, situées au Sud et au Nord et qui, de ce fait, constituent des banlieues de la ville. La partie Sud est même délimitée par un ravin pas très profond Une telle répartition de la ville correspondait sans doute à un certain «statut» conditionné par sa particularité fonctionnelle Les constructions les plus importantes sont situées dans la partie centrale. Elles sont de grandes dimensions, se distinguent par la netteté du plan géométrique et des formes architecturales, par leur traitement hautement artistique Le rocher (le grès étant le matériau se prêtant le mieux au traitement) est travaillé avec des outils de fer et est soigneusement poli. (Les locaux médiévaux sont traités d’une manière beaucoup plus grossière et portent les traces de l’instrument de travail) Les constructions s’échelonnent en terrasses sur le rocher, ce qui constitue un principe caractéristique de la planification des villes de la Géorgie Orientale à l’époque antique. Devant chacune de ces constructions la rue ou la place est nivelée d’une manière artificielle. Toutes les salles de la période antique sont à un étage unique Sans doute les bâtisseurs savaient bien que des constructions à plusieurs étages sont inadmissibles dans le grès (les constructeurs du Moyen Age ont enfreint ce principe) La plupart des édifices constituent un complexe architectural au plan régulier ayant comme base un thème architectural unique dont la solution est dans chaque cas particulière Le noyau de la composition du complexe est constitué par un portique voûté et rectangulaire, découvert sur toute sa largeur et hauteur, réunissant les salles relativement réduites qui lui sont architecturalement subordonnées Devant le portique se trouve un petit terrain en forme d’une cour découverte constituant une partie organique du complexe L attention est plus spécialement attirée par le fait que les édifices rupestres sont taillés grâce à l’utilisation de procédés ordinaires de construction sur terre C est pourquoi les édifices en question possèdent non seulement des intérieurs, niais encore, souvent, des façades dont la solution architecturale est dans P us,leurs cas réfléchie à l’avance. Ce phénomène, unique en soi dans l’histoire e 1 architecture, revêt en Géorgie une importance particulière vu qu’aucune construction de l’époque antique ne s’y est conservée dans sa forme primitive Qu elles sont toutes détruites 11 faut mentionner ici même que dans le
108 T SANIKIDZÉ système de l’ornement des salles rupestres on trouve, entre autres, un décor caractéristique pour l’architecture de pierre (caissons de forme variée, chapi- teaux, pilastres), de même que l’imitation de divers éléments de constructions en bois («poutres» plates et semi-circulaires au plafond). A part les salles rupestres, Ouplistsikhé nous a conservé des vestiges de constructions érigées avec des procédés ordinaires Parmi celles-ci on peut mentionner une puissante tour de guet rectangulaire près de l’entrée principale de la ville et dont la partie inférieure est constituée de blocs calcaires soigneusement taillés. Le maçonnage est sec, comme cela se pratiquait à l’époque antique Les blocs sont reliés entre eux grâce aux coins métalliques en forme de queue d’aronde introduits dans le maçonnage, ce qui est également caractéristique pour l'art de la construction de l’époque mentionnée La partie supérieure de la tour est bâtie en briques crues et s’est écroulée actuellement au fond d’un ravin C’est l’aboutissement d’un ravin naturel profond et long (de 80 mètres environ), orienté vers le NSO (avec une sinuosité au milieu) et coupant la ville intérieure en deux parties inégales. Le ravin était entièrement empli de terre dont l’expédition a commencé l’extraction dès 1965 (à l’aide d’un téléférique spécial on a pu retirer près de 20 000 m3 de terre) On a découvert sur place des couches de plusieurs cultures et des matériaux archéologiques allant de l’époque de la haute Antiquité au bas Moyen Age. Des vestiges de nombreuses constructions se sont conservés à des niveaux différents Tout à fait en haut se trouvait une salle immense (20 x 15 m.), taillée dans le rocher, mais faite avec un matériau différent. Sur le plancher en terre glaise on a découvert des fragments de céramique remontant essentiellement au haut Moyen Age et, en partie, à l’époque de la basse Antiquité. Plus bas que ce niveau, le long du mur rocheux du ravin se dirige un fosse d’écoulement qui ne constitue qu’une des branches de tout un système de canaux analogues recouvrant l’ensemble de la ville. En 1977-78 on a découvert dans le ravin, à une profondeur de 10 mètres, un trésor d’une importance exceptionnelle. Sous une couche épaisse de charbon et de sable mélangés (traces d’un incendie) on y a découvert des objets en or, en argent, en bronze, en fer, en céramique, en os etc. La plupart de ces objets étaient sans doute enfermés dans un coffre en bois aux pieds de bronze en forme de sabots de bœuf Le coffre était enterré et c’est pourquoi il a brûle lentement lors de l’incendie tout en conservant son contenu A côté du trésor on a trouvé des restes de quatre grandes jantes en fer de roues en bois, aux diamètres différents (exactement 170 cm; approximativement 130, 47, 39 cm ) Les deux premières jantes ont été forgées dans du métal massif et ornées de grosses boules ou pointes, introduites chacune séparément à travers la jante
OUPLISTSIKHE - LA VILLE RUPESTRE A TEMPLE 109 dans le bois et cernant les roues d’un «collier» dense A en juger d’après le nombre de trous faits par les clous sur une surface donnée de la grande roue, on peut supposer que la roue était ornée de 96 boules semblables. Les deux petites jantes répètent la structure des grandes, mais sont faites en fer fin et sont ornées, à défaut de boules, de clous à tête plate pentaèdre Tous ces vestiges sont fort endommagés Les chefs de différentes expéditions (dont moi-même) ont émis l'hypothèse, rendue publique aussitôt après les deux campagnes archéologiques ci-dessus mentionnées, selon laquelle on a découvert les vestiges d’un atelier d’orfèvrerie à destination multiple qui aurait subitement brûlé. Mais après examen plus minutieux de la matière il convient sans doute de poser la question sous un angle différent. C’est que la plupart d’objets découverts n’ont aucun rapport à ce domaine de l’artisanat Parmi ceux-ci il n’y a point d’instruments appro- priés d’orfèvrerie, on constate quasi l’absence de demi-produits, tandis que tout le contenu du cofiie en bois — des trousseaux de clochettes de bronze et d’os d’animaux, une boule hochet en céramique parsemée de petits trous, des récipients en miniature, des représentations de femmes etc ne sauraient constituer que des objets de rite Le coffre était recouvert d’un tissu épais (dont un lambeau s’est conservé), parsemé de broderie d’or (colliers de verroterie, rosettes, deux représentations massives de lotus à ornement granuleux, l’arbre de vie etc ), dont une partie a un sens symbolique et indique, en même temps, l’importance particulière du contenu du coffre On remarque l’effigie d’un oiseau à rayures (dont la tête ne s’est pas conservée) qui détient une place particulière au sein du système com- plexe de symboles du soleil, de même qu’une petite sculpture en terre cuite (11 x 10 cm.) d’une femme à demi couchée avec des traces de dorure. Selon ses données de style, la sculpture appartient au cercle largement répandu dans le monde hellénistique de monuments et trouve les analogies les plus proches dans la production des ateliers de Tanagradu IIIe siècle avant notre ère. Il est hors de doute que cette sculpture est importée, de même que de nombreux autres objets découverts dans la ville rupestre et dans ses environs. Sans doute la sculpture a-t-elle été perçue sur place comme représentation de la divinité suprême identifiée, à son tour, au soleil (il est intéressant de rappeler que les auteurs antiques, en caractérisant la religion des tribus caucasiennes, donnent aux dieux locaux des noms gréco-romains). Les habitants d’Ouplistsikhé ont hérité de ce culte du village voisin de Katlanikhévi où jusqu'au premier quart du 1er millénaire avant notre ère il y avait un sanctuaire de la divinité suprême du panthéon astral des tribus géorgiennes — de la Grande Mère Nana (Mzékali, Barbalé) et où une sculpture la représentant s’est conservée sous les décombres d une église. Cette sculpture témoigne d’un degré assez développé du culte du soleil (D. Khakhoutaïchvili)
110 T SAN1KIDZÉ Pour l'instant les jantes en fer des roues de bois demeurent sans analogie directe II est douteux que ces jantes aient appartenu à un char ou à un chariot, à cause de leurs diamètres différents, des dimensions peu pratiques et du décor extérieur Même en admettant que ces jantes aient appartenu à quatre chars différents, il aurait été difficile de les utiliser pratiquement, car il est impossible de circuler dans une ville rupestre avec de telles roues. Ce qui plus est, selon nous l’accès de la ville était, d'une manière générale, interdit aux personnes se déplaçant sur des charrettes et chars, voire même à cheval Sans parler de la petite porte et du tunnel, même l’entrée principale ne s’y prête guère. Ici un pandus large à la limite même de la ville est d'une manière préméditée divisé en deux rues étroites avec des fossés d’écoulement occupant le milieu, trop incommodes pour s’y déplacer sur des bêtes Du côté Nord non plus il n’y avait pas de route pour le transport. Dans cette direction, à une distance de 800 m de la ville, nous est parvenue une partie (également taillée dans le rocher) d’une voie de commerce et de transit connue jadis dans la Transcaucasie. Sans doute les roues ci-dessus mentionnées sont des emblèmes de représen- tants du culte astral géorgien païen — des principales divinités du soleil et de la lune, ainsi que de deux autres corps célestes De tels emblèmes, mais de formes réduites, se sont conservés en grand nombre dans plusieurs endroits (dont les plus proches sont les disques de céramique provenant de Katlanikhévi) Les dimensions différentes des roues d’Ouplistsikhé pourraient éventuellement indiquer la prédominance du dieu du soleil C’est de la manière suivante que nous imaginons leurs utilisation au cours du rituel religieux lors d’une certaine fête on fixait la roue sur des planches (dont les restes se sont conservés sur place), on la portait dans un portique découvert de telle ou telle autre église et on la faisait tourner, en touchant en même temps les boules bordant la roue avec un objet à bonne résonance Le son aigu qui en résultait effrayait l’assistance. L’intimidation des gens faisait partie du rituel païen (par analogie avec la fête païenne de Mtskhéta, décrite dans la «Vie de Sainte Nino») Le mouvement circulaire en était un trait caractéristique (V. Bardavélidzé), à preuve — le symbole du soleil tournant (bordjgali), fortement ancré dans le folklore sous forme d’ornement traditionnel Il est difficile de se représenter l’édifice qui abritait la roue et le coffre de bois Nous n’avons même pas réussi à reconstituer son plan. En 1980 furent terminées les fouilles archéologiques et le déblaiement d'une partie importante d’Ouplistsikhé — du complexe de Makvliani situé à gauche, à quelques mètres du ravin Là aussi on a pu constater la présence de plusieurs couches culturelles et découvrir d’intéressants matériaux archéologiques re- montant à des époques différentes
OUPLISTSIKHE - LA VILLE RUPESTRE A TEMPLE 111 Le complexe est taillé dans le rocher et appartient à la période principale de la construction d’Ouplistsikhé Ce sanctuaire païen, occupant une superficie de 385 m2, constitue une variation complexe du thème principal de l'architecture de l’ensemble de la ville La composition de cette construction se développe en suivant l’axe longitudinal SN qu’empruntent, en un rythme net, ses formes s’affirmant dans l'espace et le volume Une cour rectangulaire se trouve devant la construction, cour entourée de trois côtés par des murs L’unique accès à l’église — la baie rectangulaire de la porte avec un seuil élevé — est taillé dans le mur rocheux légèrement à l'Ouest du centre. La partie orientale de ce mur est en partie bâtie en pierre brisée et recouverte de plâtre Vient ensuite une salle quadrangulaire, entièrement découverte par le haut II est difficile de dire si elle a jamais été recouverte, quoique quelques pierres se soient conservées par terre ayant une ressemblance avec des bases de colonnes qui, naturellement, auraient dû supporter quelque poids. Le long des trois murs de la salle (à l’exception de celui du Sud) on voit passer une marche massive à deux degrés — élément rare dans l’architecture d’Ouplistsikhé II n’est pas exclu que cette marche ait servi de siège aux prêtres Le long de l’axe longitudinal, mais plus près du mur Sud, un trou rond (dont la profondeur ne dépasse guère 10 à 12 cm ) est creusé dans le plancher, destiné sans doute à recevoir le sang des bêtes immolées A Ouplistsikhé un trou analogue s’est conservé également dans le complexe de l’église à deux colonnes Le même trou a été constaté à Vani et dans d’autres lieux et, d'une manière plus générale, dans la réalité ethnographique, toutefois, sous forme quadrangulaire et non pas ronde Partant de la salle, un escalier large, solennel, de huit marches (chiffre sacral, souvent lié à la représentation du disque solaire, la peinture murale de Karmir- Blour en est un exemple éclatant) conduit à une plate-forme étroite et longue Un des sanctuaires de Vani (IIIe siècle avant notre ère) possède exactement le même escalier à huit marches (d’autres parallèles s’imposent également), ce qui atteste définitivement l’idée que Makvliani a une destination de culte Au centre du septième degré on a creusé une mortaise carrée qui accueillait peut- etre l’autel — un pilier rehaussé d’une plaque horizontale (cf les autels de ce même Vani). Au-dessus de la plate-forme s’élève, découvert du côté Sud de toute sa hauteur et largeur, un portique voûté (la voûte en est demi-circulaire, légèrement déformée) — le noyau du sens et de la composition de l'édifice — le long des côtés EON duquel sont situés des locaux plus bas Par ailleurs chacun des côtés EO est partagé en deux segments et porte les traces d’une transforma- tion effectuée à l’époque du Moyen Age, ce qu’atteste la manière grossière de tailler la surface du rocher. A ce local se joignent deux petites pièces secrètes
112 T SANIKIDZÉ avec des entrées en forme de trous ronds (souvenons-nous de ce que les temples païens étaient également des trésoreries) La pièce au plafond orné de caissons carrés, située à côté du portique, était sans doute destinée aux cérémonies solennelles. Derrière elle le point le plus élevé de l'ensemble est occupé par une autre petite pièce avec un escalier étroit et escarpé. Toutes ces parties composantes de l'édifice sont réunies en un organisme architectural unique qui se distingue par son caractère harmonieux et imposant La définition de la destination fonctionnelle de l’église de Makvliani revêt une importance exceptionnelle pour Ouplistsikhé II en résulte que tous les édifices possèdent un tel portique découvert, c -à-d. la majorité absolue de complexes rupestres dans la partie centrale de la ville constituent des temples et non pas des habitations comme on le pensait naguère. La solution du plan du portique mentionné est en analogie directe avec les églises de Vani en forme de la lettre russe et se trouve génétiquement liée aux simples autels sous forme de petites constructions à trois murs qui se sont conservés dans les parties montagneuses de la Géorgie. Ceci devient plus évident dans la version simplifiée des églises d’Ouplistsikhé où un portique somptueusement orné (avec des niches dans les murs, des «poutres» au plafond) et possédant une couverture en architraves, a un local unique taillé d'une manière moins appliquée dans le rocher, comme on le fait pour des locaux supplémentaires Observons, par ailleurs, que cette version s’associe également à un type connu d’église (sans piliers, car ils auraient été superflus pour de si petites construc- tions rupestres). Différents en substance des constructions se rattachant à ce principal thème architectural, les complexes immenses, comprenant des salles à deux et à quatre piliers, étaient, selon l’opinion unanime des chercheurs, destinés au culte Sans aucun doute, au centre de la ville rupestre, à l’endroit le plus élevé et le mieux visible, là où de nos jours s’élève une basilique chrétienne à trois nefs, se trouvait également un temple païen, construit par des procédés ordinaires (sur terre), sur une base de rocher. Il est possible que c’était précisément à ce temple qu’appartenaient les blocs soigneusement travaillés de granit foncé, inclus çà et là dans le maçonnage de briques de la basilique, tandis que la petite excavation large, située sous son mur Est, formait l'entrée du temple En 1980-81 notre expédition découvrit encore un sanctuaire dans la partie Nord d’Ouplistsikhé, où ces derniers temps on a procédé à l’investigation archéologique et au déblaiement d’un territoire assez vaste, comportant de nombreux édifices rupestres et ordinaires. Le sanctuaire est situé à plusieurs niveaux et constitue un dépôt de vin (un «marani») avec un pressoir et des niches creusées dans le rocher et où se trouvaient 25 grandes cruches (des «kvevris»), alignées les unes près des autres L’idée qu’en Géorgie ancienne le
OUPLISTSIKHE - LA VILLE RUPESTRE A TEMPLE 113 dépôt de vin était un lieu de divin office est attestée par de riches matériaux archéologiques et ethnographiques auxquels vient de s’ajouter notre découver- te. Le dépôt de vin fut supprimé au début de l’époque chrétienne II est symptomatique que sur place on n’ait trouvé des débris que de trois ou quatre cruches, tandis que les autres ont sans doute été retirées avec soin pour usage ultérieur. Autrement dit c’est précisément le sanctuaire qui a été supprimé et ceci malgré la volonté des fidèles qui conservèrent par la suite, selon la tradition, le souvenir de ce sanctuaire. A l’époque du bas Moyen Age un sanctuaire existe à nouveau à cette place __modeste foyer rituel, comparé à l’énorme marani d’antan — dont l’autel de terre glaise a la forme d’un support à arcs en miniature. Un autre sanctuaire semblable et de la même époque a été découvert légèrement plus bas (vers le Sud) que le grand dépôt de vin. On connaît également un fragment d’un troisème autel analogue (découvert dans la partie centrale de la ville en 1968), orné de représentations en relief de trois cercles concentriques Le premier de ces cercles a en haut des saillies en forme de cornes (celles-ci étant sans doute brisées sur les autres), ce qui le rattache au culte du taureau, largement répandu dans toute la Géorgie et attesté à plusieurs reprises aussi bien dans la ville rupestre que dans la région attenante. Le lien du culte du taureau avec l’ancien panthéon astral géorgien révèle encore une particularité des mœurs religieuses des habitants d’Ouplistsikhé. Ainsi donc, l’existence des sanctuaires ci-dessus mentionnés à Ouplistsikhé, de même que les données contenues dans les sources manuscrites (T Jordania) servent de preuve éclatante de la présence dans ces lieux d’éléments païens également à l’époque chrétienne, pendant toute la période du Moyen Age. Tout ce que nous venons d’exposer nous conduit à une conclusion essentiel- le : aux époques hellénistique et de basse Antiquité Ouplistsikhé était une ville à temple, un lieu sacré à l’instar de la ville de Vani, située sur une colline (O. Lordkipanidzé), ou encore des villes bien connues, consacrées au culte, en Grèce et en Asie Mineure. Les chercheurs considèrent Ouplistsikhé comme un important centre politique, économique et religieux de l’ancienne Ibérie Certes, cette définition, juste pour l’essentiel, ne suscite aucun doute, mais il convient néanmoins d’en déplacer les accents, vu que c’était le caractère religieux et le service du culte qui conditionnaient la force et la puissance d’Ouplistsikhé Sans nous pencher pour l’instant sur les détails assez intéressants de la question, contentons-nous simplement de constater que cette conclusion peut sensiblement faciliter l’élucidation de nombreux mystères d’Ouplistsikhé. Tamaz Sanikidzé
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UN ENCENSOIR PROTOBYZANTIN À LAGURKA À PROPOS DES TRÉSORS D'ART EN SVANÉTIE Récemment a paru un très intéressant petit livre consacré aux objets précieux étrangers conservés dans les trésors de quelques églises de Svanétie1 La variété et la qualité des pièces, étudiées en détail, donnent idée de la renommée des sanctuaires auxquels ces dons furent faits au cours des siècles L'auteur s'est attachée aux plus remarquables d'entre eux un carafon sassanide, une cruche d’argent iranienne des XIIe-XIIIe siècles, une coupe syrienne ornée de scènes christologiques2, des encensoirs historiés en bronze du type dit .syro- mésopotamien connu de l’Egypte à la Transcaucasie3, enfin des objets occiden- taux tels qu'une croix vénitienne du XIIle-XIVe siècle ornée de miniatures, des médaillons de plomb ajouré représentant des figurines italiennes des XIIIe et XIVe siècles, l'un ayant conservé la mention de l'origine de l'artiste, Milan (MAGISTER PETRATIUS DE MEDIOLARO ME FECIT), un calice allemand du XVIe-XVIIe siècle du type Ananaspokal caractéristique de l’orfèvrerie de Nuremberg (à son poinçon s’ajoute la dédicace niellée du propriétaire, Chochita, éristav de Ratcha au XVIIe siècle) De cet inventaire particulier destiné à mettre en valeur le caractère conservatoire des trésors d’églises de Svanétie, on tire également l'impression de leur grande richesse, ces objets n’étant qu’une petite partie de l’ensemble4 Lors de deux voyage d’étude en ces montagnes reculées nous avons pû examiner quelques uns des trésors les plus importants, ou plus exactement une partie de chacun d’eux, les conservateurs en effet, soit par réserve, soit par lassitude, ne montrent aux visiteurs qu’un certain nombre de pièces, rarement 1 Kitly Matchabeli. Tiesin d ai t en Sianetie Tbilissi 1982 En géorgien, résumés russe et français P 65-73 Pièce 1res curieuse dont l’attribution au VIe s n’emporte pas la conviction étant donnée 1 illustration présentée, l'hypothèse d’une appartenance aux Vlllc-Xe s nous paraitrait Plus recevable De datation étalee, du VP-VIT au XIIIes . premier article. G de Jerphamon. Un nouvel encensoir syrien et la sérié des objets similaires, Mél Dussatul. I. Paris 1939. p 297-312. these en cours (corpus) d'Ilse Richter. Berlin En supplément, p 171-81 l'auteur donne la description rapide d'un certain nombre d'autres ° jets (en géorgien seulement) Pour l'ensemble, depuis Bernoville. la Comtesse Ouvarova ^*Stlu aux inventaires plus précis actuellement en cours, sur les icônes (G Alibegachvili). les pièces orfèvrerie (R Kenia). la preuve est faite de son extrême richesse et intérêt
120 N THIERRY la totalité5 Dans le trésor de l’Église St-Cyr et Julitte à Lagurka nous avions remarqué un petit encensoir protobyzantin6 sur lequel nous voulons revenir comme exemple d’objet d'importation C’est un encensoir très usé d’un beau bronze à patine brune, de forme hexagonale, pourvu de trois pieds courts qui sont le simple prolongement de l’intersection des panneaux sus-jacents; ceux-ci sont un peu plus hauts que larges (environ 55 mm sur 40) et sont ornés de cercles concentriques moulurés et gravés, le rebord supérieur, plat déborde nettement sur la caisse, trois anneaux de suspension y sont implantés (fig 1 ) L’encensoir mesure à peu près 60 mm de haut (sans les anneaux), 70 mm de diamètre pour le corps et 100 de plus grand diamètre du bord supérieur Ses dimensions comme sa forme, la qualité de sa fonte et son ornementation de cercles concentriques sont tout à fait caractéristiques d’un type d’encensoir byzantin dont nous connaissons quelques rares autres exemples Les deux plus voisins se voyaient dans le commerce dans les années soixante, au Grand Bazar d’Istanbul où les marchands les donnaient comme provenant des démolitions de la ville. Nous en donnons ici la description Encensoir no 1 (fig. 2 et 3) Encensoir hexagonal à panneaux à peu près carrés (33 à 37 mm de large sur 35 de haut) orné de cercles concentriques dont le plus grand diamètre est de 31 à 33 mm La caisse de l’encensoir s’inscrit dans un cercle de 67 mm de diamètre et le bord supérieur dans un cercle de 104 mm de diamètre. Ce bord déborde fortement aux angles, s’avançant en pointe à leur aplomb Le fond est plat, orné également de deux cercles concentrigues à double tracé, respectivement de 46 et 20 mm de diamètre (fig. 3). Les pieds, qui dépassent le corps de l’encensoir de 18 à 21 mm s’y rattachent par une pièce angulaire qui prolonge l’intersection des deux panneaux sus-jacents, ils sont recourbés et légèrement bombés, rappelant la forme en sabot de cheval stylisé La hauteur totale de l’objet (sans les anneaux de suspension) est de 64 mm Les parois sont minces et présentent des traces d’usure, dont un trou dans l’angle inférieur d’un des panneaux La patine est brune, laissant apparaitre le métal poli et doré Encensoir no 2 (fig. 4 et 5) Encensoir hexagonal à panneaux à peu près carrés (34 à 37 mm de large sur 35 de haut) orné de cercles concentriques à double tracé dont le plus grand diamètre est de 28 à 31 mm. La caisse de l’encensoir s’inscrit dans un cercle de ’ N Thierry. Notes d'un voyage archéologique en Haute-Svanetie. Bedi Kantisa. XXXVII 1979, p 133-79.Id Notes d’un second voyage. BediKa> ttisa, XXXVIII, 1980, p 51-95 (p 83-8s) 6 N Thierry, op lit 1979. p 156-57
UN ENCENSOIR PROTOBYZANTIN À LAGURKA 121 70 mm de diamètre et le bord supérieur, au niveau des angles dans un cercle de 102 mm de diamètre. Le fond, légèrement bombé était orné de deux doubles cercles inscrits, de 45 et 16 mm de diamètre (fig 5); les cercles intérieurs ont déterminé une zone de rupture si bien que le fond est troué en son centre Les pieds sont bombés et articulés nettement sur l'attache angulaire La hauteur totale (sans les anneaux) est de 65 mm La patine est brune et brillante Cet encensoir a conservé ses trois chaines de bronze et sa pièce de suspension terminale. Celle-ci est en forme de rectangle dont chacun des angles est orné de deux têtes d’oiseaux adossés (fig. 5) De petits cercles creusés à la bouterolle marquent les angles de la pièce rectangulaire, les yeux des oiseaux, et dessinent une croix au-dessus du gros anneau intermédiaire7 On voit que l’encensoir de Lagurka, compte tenu de son usure avancée, s’apparente étroitement à ses homologues provenant de Constantinople par sa taille et son aspect. En particulier, on note la forme presque carrée des six panneaux, la forme étoilée du bord supérieur mousse dont les angles pointent très en dehors du corps de l’encensoir, la qualité de la fonte qui donne des arêtes arrondies et une patine onctueuse, enfin la similitude des cercles concentriques, leur centre ombiliqué, la couronne en modelé doux entre les deux cercles périphériques et les deux cercles intérieurs Quant aux pieds, on voit que ceux de Lagurka sont incomplets, comme si, au-dela de l’attache d’angle, ils avaient été amputés Bref, les trois encensoirs relèvent du même type artisanal, des mêmes traditions de fondeur Un autre encensoir peut leur être rapproché, il provient d'un cimetière des environs de Besalu, en Catalogne, et se trouve au musée archiépiscopal de Vie 7 Ce mode d’ornement assez pauvre est connu aussi dans le travail du bois, de l'ivoire, de l’os et de la pierre, pour son usage sur des bronzes, H Sc iiliink, Kunst dei Spatantike im Miltelmeer- raum, Berlin 1939, n° 153, p 54 (chandelier provenant de Constantinople), M C Ross Metalwork, Ceramics, Glass. Gh.pliis. Painting. Catalogue of the byzantine and rat/1 mediayal Antiquities in the D O Collection, I, Washington 1962, iT 48. 49, p 44-45, pi XXXIII Early Christian and byzantine art (Catalogue de ! exposition dit Musée de / ai t'y, Baltimore 1947, n° 98, 157, 158, 193, 449. p 39. 50. 55. 96, pl XIX. XXI. XXXII. LXVII1 Une bonne partie des objets cités ont ete trouvés en Egypte ou lui sont attribues par analogie Mais on sait que l’inventaire égyptien est depuis longtemps, et de loin, le plus avancé et que, d'autre Part, le Caire a été durant des décennies le plus grand marché d'antiquités et par con- séquent a constitué un lieu d'appel pour tout le petit materiel de l'empire ottoman oir à propos d'une patère de D O les difficultés d’identification du lieu de fabrication certains bronzes (C M Ross, p 46-48) Rares sont les objets provenant de fouilles régulières ou [importance d’une petite boucle ornee de ces petits cercles caractéristiques, trouvée à ntioche avec des monnaies byzantines d'Anastase I à Constant II. M C Ross. Jenelty, Enamels. and Art of the migration period, Catalogue. II. 1965. p 46-48
122 N THIERRY (fig 6)8 9 On note comme ressemblances - la forme hexagonale et les panneaux carrés ornés de cercles, comme différences la fonte plus sèche, les arrêtes très franches, le bord supérieur rectiligne, l’existence d’un bord inférieur qui sépare la caisse des pieds, lesquels sont en forme de pattes griffues L’ornement des cercles concentriques est autre, fait de multiples cercles régulièrement espacés Enfin, les anneaux de suspension sont ornés de deux têtes d’oiseaux adossés dont l’aspect et la technique sont semblables à ceux qui décorent la pièce de suspension de l’encensoir n° 2 provenant de Constantinople (fig. 5) Ainsi cet encensoir s’apparente aux trois précédents bien qu’il soit d’un atelier nettement différent S’agit-il d’un objet fait en Espagne d’après un modèle constantinopo- litain ou d’un objet directement importé99 On sait combien les bronzes d’époque wisigothique fondus sur place s’inspiraient des types grecs; de nombreuses buires et patènes du VIE siècle ornées de cercles concentriques en donnent de multiples preuves10, l’encensoir de Vie pourrait, lui aussi être une réplique Quoi qu’il en soit, les quatre encensoirs considérés ici constituent une séné isolée par rapport à l'ensemble du matériel liturgique actuellement inventoné Il est vrai que ces objets relativement modestes n'ont guère attiré l’attention des chercheurs. Si l’on dépouille les catalogues des collections de Londres, Berlin et du Caire, on est étonné de ne rencontrer aucun autre encensoir du type décrit ici, on y voit seulement quelques rares encensoirs hexagonaux, avec ou sans pied, rappelant simplement le corps de l’objet de Vie, mais sans aucun de ses ornements11. Comparativement, on est frappé par la qualité des trois encen- soirs, de Constantinople et de Lagurka Le fini de leur décoration et la beaute de leur patine sont d’une qualité qui évoque celle de la belle argenterie byzantine du VIe siècle et de la première moitié du VIE siècle. Notamment toute une série de pièces d'argent massif, chandeliers, plats, patènes et carafons 8 H Schlunk, Ane sisigodo. Ane attuiiano. dans An Hispaniae, II, Madrid 1947, p 320 fig 336 (notre figure). J Guiggari, Encenser de l'epoca rom.ina crisliana, L Asens, 1889. p 38-40 Mentionné dans le D4CL, V 1. col 27 9 La seconde hypothèse est celle de H Schlunk. cf n 8 10 H Schlunk. op < it . p 320-23, fig 338-41. de même pour les boucles de ceinture, p 311 lig 327, A. B. C. E, F (noter sur la broche B le décor des peiits cercles) 11 J Strzygowski Catalogue généra! des 4nii</uite'i égyptiennes du Musée du Caire, Vienne 1904, petits encensoirs, p 281-3 (certains ronds ou hexagonaux, avec ou sans pied), O Wulff und W F Volbach. Die altchiisiliihen und mittelalterlkhen byzantinischen und italienisihen Bildneilst Berlin-Leipzig, I. 1090, p 202-7 (le n“ 983, trouvé en Egypte, rappelle le corps de l’encensoir de Vie pl XLVII. encore moins proche, celui de la fig 4068 du DACL, V. 1. repris dans Strzygowski) Nous n'avons nen trouve dans le catalogue du British Muséum et Catherine Metzger nous a précisé qu'il n'y avait pas d'encensoir de ce type dans les collections du Louvre (lettre du 5-12-1983 dont nous la remercions ici) Par courrier (janv 1984), V H Elbern nous dit en avoir vu au Musee de Berlin (exemplaire non répertorie) et un chez un antiquaire de Francfort Enfin nous ajoutons celui de Tbilissi, cf en fin d'article
UN ENCI NSOIR PROTOBYZAN HN À LAGURKA 123 datés par leur poinçons des règnes de Phocas, Héraclius et Constant II, présentent cette ornementation rythmique de cercles concentriques (parfois avec un léger rinceau ou un autre décor sobre) et cette onctuosité de la matière qui caractérisent nos trois encensoirs12 C'est en raison de ces éléments stylistiques que nous pensons pouvoir dater ces encensoirs de la fin du VIe siècle ou de la première moitié du VIIe siècle et les attribuer à des bronziers constantinopolitains dont la technique se pliait aux mêmes directives esthétiques que celle des fondeurs de vaisselle d’argent L’attribution à Constantinople des deux premiers encensoirs (fig 2-5) nous parait justifiée par l'absence d’encensoir semblable provenant d’Egypte ou de Syrie et par les trouvailles concomitantes, à Istanbul, de nombreux petits objets (ustensiles divers, verreries courantes, sceaux) découverts fortuitement à l’occasion des importants remaniements urbains entrepris depuis 20 ans Nous n’ignorons cependant pas que le Grand Bazar concentrait, jusqu'à ces dernières années, une bonne partie des objets d’antiquité provenant de toute la Turquie, Antioche y compris (avec, alors, la concurrence des marchands de Beyrouth) Ajoutons que le problème de la production constantinopolitaine d’objets usuels reste ouvert, d’une façon générale, on attribue les bronzes modestes aux ateliers d’Egypte ou de Syrie, mais il s’agit en partie d'un fait scholastique entrainé par les catalogues de Strzygowski et de Wulff et entretenu par l’absence de recension des objets trouvés en Asie mineure et à Constantinople C’est bien des atelier de la capitale que proviennent les superbes portes de la Grande Sainte Sophie et l’on sait que les bronziers de Constantinople «occupèrent tout un quartier de la ville depuis le règne de Constantin le Grand jusqu’à la fin de l’Empire»11 II est bien évident que ces artisans produisirent toute une foule d’objets, utilitaires et liturgiques Selon toute vraisemblance les deux encensoirs considérés en faisaient partie * * * La présence en Svanétie d’un encensoir qu'ou peut aisément rattacher à la production constantinopolitaine est évidemment du plus grand intérêt On sait que Byzance exportait ses produits manufacturés et même ses marbres sculptés, comme en témoignent les divers fragments d’un ambon du VIe siècle utilisés pour édifier la chapelle des Dadiani sur le côté sud de l'église de Xobi en , A Bank, By zantine ai t in the lollenion of the L SSR Moscou 1966.pl 74,85 90. p 742. ^4-45,M C Ross, op dt n 7(1, 1962), p 20-7 pl X1X-XX (n“ 15-17), bibliographie sur le sujet. n° Le travail de l'argent, dans L Ad byzantin, ad européen. Athènes 1964, p 408-9. 13 -505 L encensoir de Tbilissi s’ajoute aux trois autres, cl note finale M C Ross. Le travail du bronze dans L 4rt byzantin, op lit n 12. p 438
124 N THIERRY Mingrélie (fig 7-9) '4 L’encensoir du trésor de Lagurka témoigne de l’apport de petit matériel liturgique byzantin, soit directement, soit plus vraisemblablement à partir de l’Aphkasie ou de la Mingrélie, régions occidentales ouvertes par la Mer Noire sur le monde méditerranéen14 15 Ainsi est illustrée par ce petit monument la christianisation de la Géorgie et des hautes vallées de Svanétie où fleurirent des lieux de pèlerinage comme l’église de Saint-Cyr et Julitte Nicole Tint nm NoTL ADDlTIONNf LL1 Nous retrouvons dans notre documentation photographique l’image d’un encensoir semblable aux deux exemplaires constantinopolitains, encenson exposé dans une vitrine de la Salle du Trésor du Musée des Beaux-Arts de Tbilissi, avec quelques encensoirs du type syro-mésopotamien (fig 10) On reconnaît la forme hexagonale, les panneaux presque carrés où s’inscrivent les cercles concentriques, la forme étoilée du bord supérieur et les pieds en sabots, ici fortement articulés sur la pièce d’angle solidaire du corps de l’encensoir Cette articulation constituait sans doute un point de rupture qui explique la disparition des pieds de l’encensoir de Lagurka (fig 1) Les proportions générales de l’objet ainsi que sa belle patine brune, sont également celles des trois encensoirs déjà décrits De plus, il a conservé sa pièce de suspension en forme de tente à expansions foliées Compte-tenu de la rareté des témoignages relatifs à l’archéologie des objets usuels, la présence en Géorgie d’un autre exemplaire de cet encensoir bien typé illustre encore la normalité des importations d’articles byzantins aux VIe et VIL siècles. 14 Sur la production des atelier de Proconnèse. son exportation, son rayonnement, cfcf 1 étude très documentée de J -P Sodini. La sculpture architecturale à l'époque paléochrétienne en lllxri- cum, EICHTHCEIC TOY AEKATOY A1E0NOYC CYNEAPIOY XPICT1AN1KHC ARXAIOAOEIAC. Salonique. 28 sept-4 oct 1980, p 31-119 (l'homogeneité de la sculpuue monumentale des V'-VI' s est expliquée par «le poids considérable du marbre de Proconnese ci des marbriers de Constantinople», p 97. ex p 46 60-64. 69 79. 80) 15 P Peeters, Les débuts du christianisme en Géorgie d'apres les sources hagiographiques Analecta BoHandiana. 50. 1932, p 5-58 Les voies maritimes de la christianisation suis iront celles de L hellénisation. la pénétration se faisant ensuite à partir des villes de Pityonte. aujourd'hui Pilzunda et Dioscurias, Sukumi (p 13-18, l'auteur, p 16 sous-estime cependant le caractère consenaloiie de la Svanétie dans son appréciation sur la presence de manuscrits anciens) Sur la christianisation de la Géorgie occidentale et l'introduction de la liturgie byzantine de langue grecque, quelques mois dans M Tamara, L Église géorgienne des origines à nos /ouïs, Rome 1910, p 146-9. 197-200 Sur l'influence de Byzance en Géorgie à partir de 591, cf P Goubert, Btzante osant l hlani 1, Paris 1951, p 226-46, K Salia, Histoite de la Nation géorgienne. Paris 1980. p 127-30
UN ENCENSOIR PROTOBYZANTIN À LAGURKA Fig. 1. — L'encensoir de Lagurka Fig 2. — L’encensoir n° 1 provenant de Constantinople.
126 N THIERRY Fig 4. L'encensoir n“ 2 provenant de Constantinople
UN ENCENSOIR PROTOBYZANTIN À LAGURKA 127 Fig. 5. - L'encensoir n° 2, vue inférieure.
128 N. THIERRY Fig 6. — L’encensoir de Vie (H. Schlunk, fig. 336). F'g 1 — Xobi. Fragments protobyzantins utilisés pour les murs de la chapelle des Dadiani
UN ENCENSOIR PROTOBYZANTIN À LAGURKA 129 Fig. 8. — Xobi, détail de l’ambon protobyzantin. Fig. 9. — Xobi. détail de l'ambon protobyzantin
Fig. 10. — Tbilissi. Musée des Beaux-Arts. Encensoir protobyzantin THIERRY
PEINTURES GÉORGIENNES EN TURQUIE I Au cours de son histoire la Géorgie a dépassé les frontières de son territoire soviétique actuel. Ainsi trouve-t-on aujourd’hui des monuments géorgiens en Turquie1 et dans les régions septentrionales d’Arménie soviétique2 Le fait s’est observé particulièrement du IXe au XIe siècle pour le royaume de Tao- Clardjétie et du XIIe au XIIIe siècle en Arménie du nord. Le royaume de Tao-Clardjétie (Sch. 1), qui finit par occuper, en gros, le bassin du fleuve Çorhu, s’est développé à partir du IXe siècle, quand le reflux de l’invasion arabe laissa aux dynastes locaux leur autonomie Ces seigneurs, d’origine arménienne mais ibérisés par mariages, étaient de culture et de religion géorgiennes; bref, ils étaient devenus géorgiens. Leur ibérisation allait de pair avec la survie d’un foyer géorgien indépendant et très actif lors de la période arabe, ce phénomène d’ibérisation se retrouvera d’ailleurs en d’autres moments de l’histoire de la Géorgie. Aidés par Byzance, ils accrurent leurs domaines et relevèrent le pays de ses ruines. Chaque prince eut à cœur d’illustrer son règne par la construction d’une ou plusieurs églises et par des donations aux monastères Le royaume connut son apogée dans la seconde moitié du Xe siècle, non du fait des titulaires du trône, mais grâce à un vassal, David le Grand de Tao, qui agrandit son fief considérablement et fonda ou restaura de nombreux monastères dont Parhal, Sur ces régions, E Takaichvili, Expédition archéologique de 1917 en Géorgie méridionale, Tiflis 1952, V Béridzé, Architecture de Tao-Klardjétie, Tbilissi 1981 (analyse J-M Thierry, Byzantion 1984) Principaux articles D Winfield, Sorne early médiéval sculpture from north-east Turkey, Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, XXI, 1968, p 33-72, N et M Thierry, Peintures u X' s en Géorgie méridionale et leurs rapports avec la peinture byzantine d’Asie mineure, C A , et Vorlorum reprints, London 1977, ch V, p 73-113, W Djobadze, The georgian urches of Tao-Klarjet’i Construcion methods and materials (IX to XI c ), O riens Christianus, ’ 1978, p 114-34, N et M Thierry, Notes d’un nouveau voyage en Géorgie turque, Bédi artlisa, XXV, 1968, p 51-65, articles où l’on trouvera une bibliographie complémentaire Nous avons déjà publié des études sur les peintures de trois d’entre eux N Thierry, Les Peintures de la Cathédrale de Kobayr, C A , 29, 1980-81, p 103-21, Id , Le Jugement dernier Axtala, Bédi Kartlisa, XL, 1982, p 147-85 Id, A propos de l’église de Kiranc’ Rapport Préliminaire, Bédi Kartlisa, XLI, 1983, p 194-228 Autre monument, J-M Thierry, L'église Bgavor * on, Communication au 1 Ve symposium international sur l Art géorgien, Tbilissi 1983
132 N THIERRY Schéma 1 Carte du Tao-Oardjetie (J-M Thierry) Les flèches indiquent l’extension du royaume
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 133 Hahul et Ôçvank A sa mort, en 1001, le fief fut partagé en deux parties délimitées par le cours de la rivière Oltuçay La partie occidentale fut intégrée à l’empire byzantin tandis que la partie orientale revenait au royaume de Tao- Clardjètie qui devint, sous Bagrat III, royaume de la Géorgie Unifiée Le foyer de civilisation géorgienne se déplaça alors au nord-est, dans la région de la haute Kura, maintenant partagée entre Turquie et Géorgie soviétique De beaux monuments (Pekreçin, Urta, Djala) témoignent de la persistance d’une brillante activité artistique sur les rives du lac de Çildir jusqu’au XIe siècle Le Tao-Clardjètie fut peu touché par l’invasion turque qui marqua la fin du siècle Par contre, après la conquête mongole, au XIIIe siècle, les princes Djakélides, qui gouvernaient la région maintinrent sans éclat une principauté chrétienne jusqu’au XVIIe siècle. Peu de monuments peuvent être attribués à cette dernière période D’ailleurs la conversion des Djakélides à l’Islam (1625), imposée par les Ottomans, devait entrainer une déchristianisa- tion rapide des populations3. Les monuments de Tao-Clardjètie sont particulièrement importants en raison de leur beauté et de l’ancienneté de leur témoignage, c’est dire l’intérêt qu’il y aurait à leur conservation aujourd’hui totalement négligée Ils sont, en effet, les relais entre les monuments du VIIe siècle, antérieurs à la domination arabe, et les nombreux monuments de la Grande Géorgie du XIe au XIIIe siècle4. La plupart des monuments conservés comprenaient des peintures murales, malheureusement fort endommagées mais qui méritent cependant d’être publiées. Jadis nous avons donné la description des peintures d’Içhan et de Dôrtkilise5. Dans ce premier article nous traiterons de celles d’Opiza, de Doliçhan6 et de Nikoma, laissant pour un second celles de Hahul, Ôçvank et Tbèti, en Chavchétie7. L’église de Parhal était peinte mais malheureusement secondairement badigeonnée. 3 M F Brosset, Histoire de la Géorgie depuis / Antiquité jusqu au XIX' siède, St-Pétersbourg. 1849,1,K Salia, Histoire de la nation géorgienne, Paris 1980 p 141-60. V Béridze, op lit n I, p 216-33 4 Voir la liste et la description des monuments dans V Beridzé, op rit . p 231-33, 281-316 Pour les églises du lac de Çildir, N et M Thierry, A propos de quelques monuments chrétiens du vilayet de Kars (Turquie), Rev des études arméniennes, VIII, 1971, p 205-13 N et M Thierry, op cil n 1, nous complètion l'analyse d'E Takaichvili Pour Dôrtkilise. nous reviendrons sur certains points dans notre second article Nous avons déjà publie une vue intérieure de la coupole. N Thierry. Turquie. Monuments géorgiens, Archéologia, n° 25, nov -déc 1968, p 75 Depuis E Takaichvili et N Marr, nous avons identifié, a Hahul. l’Ascension d’Elie dans la coupole (N Thierry, La peinture médiévale géorgienne, Vatiorunt reprints. ch VI, fig 1. Id . A Propos de l’église de Kiranc’, Bédi Kartlisa, XLI, 1983, p 210, fig 13), et à Tbeti comme à Ôtjk. la etsis de type triangulaire, c a d avec Marie et le Baptiste sous-jacents au Christ trônant (N
134 N THIERRY Opiza8 Il s’agissait d’une église en croix libre à long bras ouest, une des plus anciennes de ce type caractéristique du Tao-Clardjètie (sch 2)9 Lorsque nous l'avons visitée en 1959, la coupole était encore conservée avec son décor d’arcatures à colonnettes jumelées sous la toiture en ombrelle (fig l)10 A l’intérieur, dans les 6 arcatures aveugles du tambour qu’encadraient des colonnes à peine engagées, chaque fois étaient peinte une grande figure drapée (fig 2) Il ne restait que la partie médiane des corps, le bras droit levé vers le ciel, l’un des personnages tenant encore un rouleau déployé dans la main gauche II s’agissait vraisemblablement de prophètes, situés sous les apôtres d’une Ascension qui occupait la coupole sus-jacente, conformément à un programme de coupole répandu dans le monde chalcédonien depuis le IXe siècle et qu’on peut suivre en Géorgie jusqu’au XIIIe, la croix centrale remplaçant souvent le Christ dans sa gloire11 La datation exacte de ces décors disparus n’est guère possible La structure du monument évoque les Xe-XIe siècles, période qui pourrait aussi bien convenir que la fin du XIIe siècle ou le début du XIIIe qui furent une époque particulièrement brillante pour le monastère12 Thierry, A propos des peintures d’Ayvali kôy Les programmes absidaux à trois registres axes Déisis en Cappadoce et en Géorgie, Zograph, 5, 1974, p 15 et 22, fig 20 et sch 6) 8 V Beridzé, op lit .p 299-301, fig 43-45 M et N Thierry, Notes d'un voyage en Géorgie turque, Bedi Kartlisa. VIII-IX. 1960, p 27-29 Le couvent d'Opiza, consacre à saint Jean Baptisie est le plus ancien du Tao, Grigol de Xanjt'a y résida vers 780. Asot le Grand v construisit une église au début du IXe s (inscription) mais, d'apres Kékélidze, il s’agirait d'Asot III son petit-fils (mort en 869) ou le fils de ce dernier, Gwaram (mort en 882) Le couvent a eu une activité importante du X' au XIII' s comme scriptorium (cf l'Evangile d'Opiza. 913), et atelier d’orfèvrerie (illustré par Beka Opizari et Besken Opizari), siégé d’évêché jusqu’au XVIIe s (notes de cours de M Thierry, a 1TNALCO, 1983-84) Portraits sculptés des donateurs dans R Mépisachvili et V Tsintsadze. L a> t de la Géorgie ancienne, Leipzig 1978. p 246 et dans V Béridze, fig 120 ’ A Katchatrian. Les églises cruciformes du Tayq, ( A , XVII, 1977, p 203-8 10 Cf n 8 11 Cf l'exemple de Ste-Sophie de Salonique (885), A Giabar. L Iconoclasmes bxzantin Doss.tt archéologique, Paris 1957, p 194-96, fig 122-36. les nombreux exemples capadociens, cf index dans G de Jerphanion. Les églises rupestres de Cappadoce, Paris 1925-42. Il, p 492 (El Nazar. Bell, kilise. Kihclar, Elmali, Damsa, Mavrucan) et N et M Thierry. Voioc/Zes églises rupestres de Cappadoce, Paris 1963. p 235 (Agaç ait), p 80), les programmes géorgiens, cf exemples plus tardifs de Doli$han (infra, p 135) et de l’église de Tigiane Honentz à Ani, N et M Thierry, Notes sur des monuments arméniens en Turquie. Rei des ét mm. II. 1965, p 167, fig 2 (monographie en cours) Période d'activité des célébrés orfèvres Béka et Besken. Ch Amiranachvili, Lart dis ciseleurs géoigiens. Prague-Paris 1971, p 130-42 (l'auteur décrit une école d'Opiza). encore. Leila Khouskivadze. Beka Opisari, Tbilissi 1976
PHNLLRL GEORGlf NNL 1 X 1 URQUIt 135 tuiema 2 Plan d Opiza ( LM Thierrx) D()l GHAN ' 1 C'est une église dont le plan est en croix semi-libre à absidioles rectangulaires et chevet plat, elle est surmontée d’une coupole sur tambour dodécagonal comme celui d’Opiza, mais coiffée d'un toit conique Nous avons visité le monument en 1964 et 1967, il y restait quelques fragments de peintures en trois points, dans l’abside, dans la coupole et le tambour et sur le tympan extérieur de la porte méridionale, dans le narthex (sch 3) Décor absidal Il n’est conservé qu’au sud, et partiellement, mais on reconnait aisément le programme à trois registres, organisation bien connue en Géorgie et en Asie mineure depuis le Xe siècle14 Dans la conque figurait le Christ trônant dont ne subsistent plus que le bas de la tunique pourpre couverte d’un manteau bleu pale amplement drapé et un des pieds nus chaussés à l’antique reposant sur le suppedaneum (fig 4) Plus bas figuraient les apôtres, debout de face conformé- ment à certaines compositions du XIe. il reste les silhouettes acéphales des six apôtres situés à droite de la fenêtre centrale, à droite du premier (fig 3bis), à hauteur de la tête détruite on lit le nom abrégé de Jean (ÿ|) Les draperies à D Winfteld, o/> iii n I p 3s-38 V Beridze p 285-86 fig 47-80 Inscription de fondation a rattacher à Sembat 1“ curopalate et roi de Géorgie entre 98S et 9S8 le monastère est antérieur mais postérieur a Grigol de Xanjl’a ( VIIP-IX') Portrait sculpte du donateur D Winfield pl 4 N Thierry, Les programmes abstdaux . <>/> cit n 7 Superposés Déisis, apôtres évêques
136 N THIERRY Schéma Plan de Doliçhan (M Dupin) l’antique ont gardé leurs couleurs, surtout les deux premières tunique rose sous manteau vert d'eau et tunique gris-bleu sous manteau brun rouge (fig 3) Le registre inférieur était consacré aux évêques dont il reste six figures, séparées du piédroit absidal par un haut chandelier (fig. 3) Les Pères de l'Église sont debout de face, statiques et tenant le livre, leur costume comprend la tunique, la chasuble et les accessoires caractéristiques' l’omophorion (l’étole étant souvent repliée sur le bras gauche, le livre posé dessus), l'épitrachélion et l’enchirion, les manchettes ne sont pas décorées et fépigonation, accessoire tardif, est absent15 Les attitudes sont stéréotypées, tous esquissent le geste de 1S Typologie peu varice du milieu du XIe au milieu du XIIIe cf N Thierrv Le costume épiscopal byzantin du IX1' au XIIIe s d'après les peintures datées l'uiiomm jepiinis. ch II
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 137 la bénédiction tout en maintenant le livre sur l'avant-bras gauche couvert d’un pan du manteau Les couleurs sont très altérées, seuls les deux derniers évêques ont encore des vêtements bien colorés tunique bleutée sous une chasuble brun rouge et tunique rose sous une chasuble vert d'eau. Deux noms sont conservés, à droite de la tête du second des six, on ht en Géorgien Hilaire- , puis, encadrant la tête du suivant, st Grégoire le Thaumaturge. $ T,'Lrl'1 b H T (bSÛ-f" 53 l0. Les autres noms manquent et ce qui reste d’inscriptions de part et d’autre des épaules des deux derniers évêques est très fragmentaire, de la mention d’un prieur, SThCF on peut supposer qu’il s’agissait d'un texte historique17 Au bord extérieur du registre on a représenté un très haut candélabre jaune pourvu d’un grand cierge, cette image d’ordre liturgique est très caractéristi- que de certains programmes d’absides géorgiennes18 Décor de la coupole et du tambour Jadis se développait une belle composition étagée, les deux registres de l’Ascension dans la coupole, une série de figures de l'Ancien Testament dans le tambour. Là encore, il n’en reste que des fragments, bien visibles il est vrai lors de nos visites, les paysans ayant construit un plancher à la base du tambour pour utiliser l’espace supérieur de l’église comme mosquée à laquelle on accédait par une échelle. De l’Ascension ne subsistent que le buste du Christ en gloire, la partie supérieure de deux des quatre archanges atlantes, le buste de saint Pierre et quelque chose de l’apôtre qui suivait (fig 5-7). Le Christ n’est plus qu’une silhouette assombrie; on reconnaît sur l’épaule gauche le drapé bleu-violet du manteau drapé sur une tunique rouge, et l’esquisse de la tête, le dessin très ombré des yeux et de la bouche, l’arête nasale fine et la masse opulente des cheveux encadrant le visage, l’ensemble étant dans la tradition de la plastique et delà typologie des portraits d’Aténi (1072-1089)19 Les archanges sont drapés 6 Nous remercions ici le R P Bernard Outtier pour la lecture, vérification et commentaires de nos inscriptions 17 Communication du P Outtier 18 Nous l’avons rencontre dans trois décors de Svanétie dus a Théodore upeint/e du toi» Iprari, 1096, Cvirmi, c 1100, Nakipari, c 1130 et, du XIlIc-XIVe, à Enas (N Thierry. Notes d'un voyage archéologique en Haute-Svanetie. Bedi Kartlisa. XXXVII, 1979. p 150. 159, 162 et 146. N Aladachvili, G Alibegachvili, A Volskaïa. Les centres du peinne Theodme en Haute Stanetie Tbilissi, 1966, en russe, sch 1,9, 13), ailleurs, à Baskovo Sur leur inspiration d'origine liturgique S Dufrenne, Cierge de la Chandeleur dans la Présentation au temple en Géorgie, Communication au IVe Symposium sur I Art géorgien. Tbilissi 1983 Dans ce n” de Bedi Kattlisa. p 111-111. n 49 à 55 Ch Amiranachvili, Histoire de la peinture monumentale geotgienne. Saxelgami, 1957.pl 75.
138 N THIERRY dans une tunique rose sous un manteau gris-bleu ou gris-bleu sous un manteau rose, ils volent vigoureusement, leurs ailes sont puissantes et leur corps est ployé de façon très dynamique, le buste étant relevé élégamment, les mains soutenant la gloire, la tête légèrement tournée de trois-quart Leurs visages restent de type classique, à joue plate et menton carré comme sur les beaux modèles de la Renaissance macédonienne, mais le graphisme géorgien se décèle à l’extrême finesse du nez et à un certain allongement de la face La couleur de la chair a viré au noir en raison de l’emploi du cinabre20. Plus bas on voit deux apôtre levant les bras, le second, à longue barbe se devine à peine, le premier est relativement en bon état et l’on reconnaît aisément saint Pierre a son type physique. Le visage est carré, encadré d’une barbe ronde et d’une chevelure régulièrement bouclée, le nez est mince, le front saillant, le cou large, les yeux qui ont conservé leurs prunelles noires donnent de l’animation à la figure La typologie est celle que l’on voit souvent à Pierre à partir du XIL siècle dans l’art byzantin21 L’apôtre est drapé à l’antique dans une tunique gris-bleu et un manteau brun orangé. Des 8 arcatures aveugles qui rythmaient les parois du tambour (deux entre chaque fenêtre), deux seulement présentent encore des décors, on avait représenté quatre figures dont trois sont identifiables - Abraham, Melchisédech et Joël (fig 5). Abraham est le mieux conservé. r'Ofr)! (r)j 3-? ïC5 , Abraham Patriarche, debout de face, le visage de trois-quarts (fig. 6), vieillard à barbe bouclée et longue chevelure, tenant le rouleau à deux mains II est vêtu à l’antique d’une manteau brun rouge posé sur une tunique blanche à plis bleus. Après lui vient le grand-prêtre Melchisédech, également nommé Patriarche. 3 C 3 C 3 3-Û' 3-1 T> +ô B (1) ST k) 22• Le personnage se présentait de face, les cheveux blancs et courts coiffés d’une sorte de couronne plutôt que d’une tiare, son vêtement 20 L’alteration est due à l'oxydation du mélangé de blanc de céruse et de cinabre, nous l'avions déjà décrit a propos de Dôrtkilise et I$han. ainsi qu'à Tokali II, en Cappadoce, N et M Thierrv op ut n 1, p 105-06 Rappelons que le cinabre était coûteux, pour les peintures pauvres on utilisait les ocres Quant au type physique de l’ange, signalons sa parente avec celui d'une icône provenant de Lagurka. R Mépisachvill. V Tsintsadzé, L au de la Géorgie ancienne, Leipzig p 283 (cf parallèlement, le saint Georges, p 273), attribuée au XI'-XIT par Gaiane Alibegachvili, Monuments de la peinture d'icone en Haute-Svanétie, L art médiéval La Russie La Géorgie, Moscou 1978, p 158-75, p 163 21 Déjà fixée au XI's cf A et J Stylianou, The painted churches o/ C\prus, Stourbridge 1964 fig 9 (St-Nicolas de Kakopetria), Ch Amiranachvili, op cil n 19, pl 70 (Aténi, 1072-1089) Pour des exemples des XIIe-XIIIe s, S Pelekanidis. Kastoria. Thessalonique 1953, pl 53 (Sts- Anargyres), G et M Sotiriou, Icônes du Mont Sinai, Athènes 1958, pl 14, 36. 37, 64, 121 22 Orthographiquement, Metk izedek'. l'y pour l'i, est fréquent Note de B Outtier qui renvoie à Z Sardjveladze dans Matsné 1982. n’’ 3, p 000, lequel en donne des exemples, à Zarzma notamment Ici, autres exemples sur le rouleau de Joël (fig 7)
peinture géorgienne en Turquie 139 est celui d’un grand-prêtre, sous un grand manteau une tunique longue brodée sur laquelle est passée une tunique également ornée, comme on le voit fréquemment pour Melchisédech ou Zacharie23 De la dextre levée, il désigne le Christ en gloire. L’arcature suivante était consacrée à deux prophètes dont la seconde image est à peu près détruite (fig 7). La première est identifiable grâce à l’inscription Prophète Joël24' Il déploie un long rouleau sur lequel se lit ?£b «fe)! JHW blM SLTfrr ï-tfl rj-an Q/*| cp'fc'iï UC Ï7(jjr>d- n(3>0-pljT O-HaHnjfiUr 7 jQ'bÇfir O+fQ-tljR bZ 'LJ'5’1«Le Seigneur dit ceci Fils de Sion, soyez dans l'allégresse et réjouissez-vous dans le Seigneur votre Dieu car il vous a donné la subsistance'» (Joël, 2, 23) Le visage du prophète a été détruit, il portait cheveux court et barbe arrondie et mi-longue Ses vêtements sont clairs, tunique blanche et manteau d’un vert léger. Décor de la porte d'enirée sud Le narthex, du moins sa paroi nord (sch. 3), était consacré au développement d’un vaste Jugement Dernier25 dont le fragment restant, accroché sur le tympan de la porte, faisait partie Malgré le mauvais état de la peinture, on reconnaît facilement l’image paradisiaque du Patriarche Abraham trônant et tenant en son giron la petite figure de l’âme de Lazare, sujet bien codifié26 II ne reste plus que l’esquisse, les couleurs ayant disparu, il est difficile de dire s'il s’agit d’un tableau non terminé ou dépigmenté mais nous penchons plutôt pour la première hypothèse, on voit en effet, que l’empiècement noir qui orne le col de la tunique d’une des petites figures debout au pied d'Abraham, est seulement dessiné pour les autres L’ensemble rappelle le Jugement dernier dessiné, ainsi que d’autres sujets, à Bertubani27 23 Cf G et M Soliriou, op ctt n 21, pl 54, J Lassus, L illusticitiort btzantine du Liste des Rois, Paris 1973, fig 112, 113, G Alibegachvili, Miniatutes des manuscrits géorgiens du XL au début du XIIL s , Tbilissi 1973, fig 7 24 Le a de Yoela est a ajoute aux exemples donnes par Z Sardjveladze dans son article sur les anthroponymes et toponymes à finale en a (Note de B Outtier) 25 Même situation dans le narthex de St-Gregoire de Tigran Honentz a Ani, le paradis étant, comme ici, sur la paroi nord (documentation inédite, à paraître dans une monographie en préparation, rappelons que le Jugement Dernier est postérieur aux peintures de l'eglise. lesquelles sont de peu anterieures à 1215) 26 Cf les exemples de Baskovo et Torcello dans V Lazarev, Storia délia pitlura bizantina Torino 1967, fig 352, 370, N Thierry, Le Jugement dernier d'Axtala, Bédi Kan Usa, XL, 1982, fig 12, p 178 A Ateni ( 1072-89), c'est egalement le seul sujet du Paradis qui soit conserve. Abraham jouxtant la porte sur laquelle figure le séraphin. Ch Amiranachvili. op cil , n 19, pl 72 Nous navions pas reconnu le sujet en 1967. Bédi Kartlisa, XXV, op cil . n 1. p 55 27 G Tchoubinachvili, Le monastère rupestre de Dasid Garidp. Tbilissi 1948.pl 110, 111
140 N THIERRY N’est conservée que la partie gauche de la composition II est vraisemblable qu’au centre du tympan se trouvait la Vierge trônant entre deux archanges et, a droite du groupe, le bon larron et la porte du Paradis alors qu’à gauche étaient donc situés le Patriarche et les âmes des justes qui se pressent vers lui (fig 9) De la Vierge ne subsiste plus que le bas de la tunique, de l’ange placé à gauche on reconnaît les jambes élégamment dessinées sous les plis du drapé à l’antique D'Abraham, assis de face sur un coussin à extrémités coniques, on distingue le torse, le ventre rond, les jambes habilement représentées, l’une de face, l’autre de trois-quarts écartée, en une pose conventionnelle, de l’âme de Lazare, on devine la silhouette, assise de côté Symétriquement, deux groupes d’âmes élues, sous la forme de petites figures pressées les unes contres les autres, les mains levées en signe de prière, accostent la grande image du Patriarche Caractères et datations de ces décors Dans l’abside, le style des draperies, la schématisation des plis sur les épaules ou sur les jambes (fig 3 et 3bis), la chute des plis au bas des tuniques et manteaux, le graphisme des drapés sur les jambes du Christ trônant (fig 4). font partie d’un répertoire comparable à celui d'Aténi (1072-1089) et à celui de Macxvarisi (1 140)28. Le seul ornement qui subsiste, la ligne de ruban brisé qui sépare les registres, entre apôtres et évêques, (fig 3) correspond également aux traditions du XIe-XIIe siècle29 Bref, les peintures du sanctuaire nous parais- sent relever de l’art en usage en Géorgie à la fin du XIe siècle et au début du XIIe, art illustré par l’ensemble majeur d’Aténi Dans la coupole, ce qui reste de l’Ascension, du buste du Christ, des deux archanges et des deux apôtres (fig 5-7), nous ramène également à l’art des confins des XIe et XIIe siècles. Nous avons vu que la typologie des visages correspondaient aux normes du classique en usage alors et il est vraisemblable que la coupole date de la même campagne décorative que le sanctuaire II est même possible qu’il s’agisse du même peintre si l’on tient compte de la règle qui veut que ce genre de sujet dynamique entraine l’artiste à un lyrisme et à un maniérisme que les présentations hiératique de l’abside excluent30 28 Ch Amaranachvili. op lit ,n 19, pl 53, 57-59, 63 a. T Virsaladze, Les peintures murales d» peintre Mikaeli Maglakéh, Ars Géorgien, 4, 1955. p 169-231, pl 57. 59. 68. N Thierri Iconographie cappadocienne et géorgienne. Bédi Kartlisa, XXXVIII, 1980, p 96-112. fig 3-5 29 Encore Ateni Ch Amaranachvili, pl 72. 79, et Macvarisi T Virsaladzc.pl 63. N Thieirs fig 4, egalement à Zemo-Krixi, XIe s , R Mépisachvili, V Tsintsadzé, L art de la Géorgie am ienm Leipzig 1978, p 167 Encore employé mais à titre plus secondaire au XIIIe s , cf Eka Privalova Lu peinture murale de Timot'esubani. Tbilissi 1980. fig 9-11, 45b Notons que l'emploi du bandeau pour séparer les registres (notre fig 3) est celui d'Aténi 30 Remarque faite par Ch Delvoye à propos de l'Ascension de la Panaghia des Chaudronniers de Salonique et celle de Ste-Sophie d'Okrid, «d un stsle plus usance que les autres fresques de'
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 141 Dans le tambour, le style est différent de celui de la coupole En premier lieu on voit que le peintre des figures était de talent médiocre, ainsi, le visage d’Abraham est disharmonieux (fig. 9) alors que celui de Pierre est satisfaisant (fig. 7)- Parallèlement, on note que les inscriptions sont sans élégance (fig 9) Par contre, l’ornementation, très développée, présente de beaux morceaux comme les élégants bouquets de polyphyles dans les écoinçons (fig 8), on reconnaît là le répertoire des miniaturistes ou des orfèvres tels que Béka Opizari31. On note comme autre ornement la couverture rouge semée de points blancs des colonnes engagées, destinée sans doute à imiter l’aspect du porphyre rouge Enfin, les cintres sont ornés d’un rinceau de feuilles disposés en S qui rappelle les bandeaux épigraphiques de caractères coufiques décorant les céramiques moulées ou peintes et les pièces d'orfèvrerie et de dinanderie musulmanes de la fin du XIIe siècle et du XIIIe32 C’est à cette époque que les peintures du tambour nous semblent se rattacher Reste enfin le fragment du Jugement dernier peint dans le narthex Son style d’un graphisme précieux nous rappelle à la fois celui du miniaturiste du Traité d’Astronomie de 1188 et celui d’un des peintres de l’église de Tigran Honentz, celui qui, notamment, a peint les draperies moulantes sophistiquées du grand ange de la scène des Femmes au tombeau (fig. il)33 II est vraisemblable que ce Jugement a été peint à l’occasion de la construction de ce narthex méridional, au premier ou au second quart du XIIIe siècle En conclusion, on voit combien les décors de Doli^han étaient de caractère disparate et rendaient compte des nombreux remaniements de l’église. Il est évidemment regrettable que la modicité des fragments conservés n’en permet- tent une meilleure définition. Nikoma34 Le hameau de Nyakom, aujourd’hui appelé Vank par les paysans est situé à trois heures de marche de Tavuçkert, en montagne calcaire II se trouve dans un memes églises», L’archeologie byzantine au XIIIe congres international des etudes byzantines d Oxford, Byeantion, XXXVI, fasc I, 1966, p 298 Même chose pour les Ascensions des Églises à colonnes de Gôreme, N Thierry. L’art monumental en Asie mineure du XIe siècle au XIVe. DO P 29, 1975 (Variorum reprints 1977, ch Vil), p 87-89 31 G Alibegachvili, op cil, n 23, fig 42, 43 Pour Beka, cf n 12 32 Marthe Bernus-Taylor, 10 000 tins dan en Ssrie, Catalogue. Paris 1983. n° 346. 348, 350. ^33^ 2^*301. 308, Kitty Matchabeli, Trésor d art en Ssanétie, Tbilissi 1982. fig 8-10 Ch Amiranachvili, Miniatures géorgiennes, Moscou 1966, pl 56,57.61,64,66 Pour l’eglise 6 T.jgran ^onen^z" monographie en préparation Encore appelé Niakom, Vank harabesi, Kalmaxi, couvent de Vac'ejori, Didi manastiri (c à Grand monastère en géorgien) Cf E Takaïchvili, Expédition archéologique en Kola Olthissi et
142 N THIERRY bouquet d’arbres, au niveau d’un petit bassin fertile dû à un élargissement du ravin où coule un gros torrent Le chemin qui remonte la vallée passe devant une petite chapelle avant d’arriver aux principaux corps de bâtiments groupés près de la grande église St-Etienne, bâtiments en partie remaniés pour servir de maisons et de granges. En 1974, l’état était celui qu’avaient trouvé D Hill et D Winfield, c'est à dire très dégradé depuis l’expédition de Takaichvili en 1907 Notre intérêt archéologique s'attachait essentiellement à l’église et à la petite chapelle L'église St-Etienne C'est une église en croix inscrite (sch 4) aujourd'hui caractérisée par l’étroitesse des bas-côtés latéraux et les énormes colonnes maçonnées qui soutenaient jadis la coupole sur trompes (fig. 12, 13)35 D’après les documents publiés, V Béridzé date l’église du IXe siècle ou peut-être de la première moitié du Xe siècle Nous avons noté encore que l’appui des arcs directement sur les colonnes puissantes se retrouve à Ninotzminda au niveau des restaurations du Xe siècle, arcs supérieurs et vestiges du tambour sur trompes36 L’église était jadis entièrement peinte et Takaichvili avait encore identifié des images de prophètes tenant le rouleau dans le tambour, l’archange Michel dans le sanctuaire, quelques évêques dont Jean le Thaumaturge, Joachim et Anne ' En 1974, dans les ruines ne subsistaient plus que d’infimes morceaux et quelques silhouettes délavées sur les colonnes nord. On peut seulement remarquer que les saints étaient alignés en registres superposés tout autour des fûts (fig 12), disposition de tradition ancienne illustrée surtout par les longues théories murales de figures hiératiques mais dont on a quelques exemples du même type comme celui des volumineux piliers de Direkli kilise en Cappadoce38. Il est difficile de tirer des conclusions très assurées d’après les débris conservés, le meilleur fragment représente deux saints qui apportent cependant quelques éléments (fig. 13) On reconnaît à droite un martyr tenant sa croix de la main gauche et relevant la dextre ouverte, en geste d’orant, il est vêtu d’un en Tchangti, Paris 1938. p 54-61. pl 15-19, D Hills. Mt iratels in Turkes. London 1964, p 227 pl 24. D Winfield, op cit .n t. p 66 pl 32 b. V Béridzé, op cit , n t. p 313-14, ( Vatchedzori) Les sources historiques manquent et les inscriptions, déplacées, sont difficilement interprétables 15 Plan analytique dans I Zdanévitch, L ilineiaite géoigien de Ru\ Gonzales de Clati/o et églises aux confins de / Atcihegat. Paris 1966, fig 35 16 R Mepisachvili, V Tsintsadze. op cit , n 29, p 78 E Takaichvili, op cit . n 34 38 Eglise datee du régné de Basile II et Constantin VIII (976-1025) et vraisemblablement de la fin du Xe s plutôt que du XIe, N et M Thierry. cSoutelles églises rupestres de ( appadoce La région du Hctscin dcigt. Paris 1963. p 183-92, pl 84-85
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 143 Schéma 4 Nikoma Plans de l'église Sl-Ettennc et de la chapelle (d'après E Takaichvili) manteau vert foncé à plis vert clair et empiècement pectoral blanc et d’une tunique rouge à plis roses réhaussée d’un empiècement blanc autour du cou et à la racine du bras39 A gauche, il ne reste du saint qu’une partie de la tête et l’épaule gauche couverte d’une tunique verte claire à plis vert foncé A droite se trouvait un autre saint dont ne subsiste que le bord du vêtement rouge et vert L’alternance des deux mêmes couleurs et de leurs teintes dégradées témoigne de ,<< En Géorgie nous n'avons retrouve cel empiècement, approximatif, qu à Sabércébi n" 7. dont les peintures peuvent être attribuées à la fin du IXe s ou au début du Xe T S Sevjakova. Peintures monumentales de Gieotgie. Tbilissi 1983. fig 35
144 N THIERRY la relative pauvreté des décors Parallèlement le tracé des draperies est assez rudimentaire bien que d'une main sûre, les anatomies sous-jacentes étant correctes On note la forme particulière de la tête partiellement conservée, l'ovale régulier se raccordant au front large que barre une coiffure bouclée et en boule40 Ces peintures sont trop fragmentaires pour que soit clairement appréciée le part d’un hypothétique archaïsme, cependant, la schématisation des draperies et de la tête conservées, comme le détail de l’empiècement supérieur de la tunique, sont en faveur d’une attribution à la première moitié du Xe siècle ou au milieu de ce siècle plutôt qu'à une époque ultérieure La chapelle sud-est C’est un modeste bâtiment rectangulaire semblable à une maison, construite en petit appareil et en partie ruinée La chapelle à une nef est à fond plat et couverte d’une voûte en berceau renforcée par des doubleaux appuyés sur des piliers engagés (sch. 4) Elle était jadis entièrement peinte mais actuellement, l’enduit est en partie tombé, entraînant les décors, il ne reste vraiment que les figures des parois occidentale et méridionale, figures non épargnées cependant par le vandalisme Le programme comprenait quelques sujets christologiques et une importante série de portraits de saints Les premiers se trouvaient sur le mur oriental et à la voûte, il n'en reste que d’infimes morceaux On reconnait une Annonciation a gauche de l’autel, la silhouette élégante de l’archange s’avançant vers la droite, la Vierge debout devant sa maison étant à peine discernable On note encore une fragment d’une Vierge à l’Enfant, Jésus, assis de côté se tourne de l'autre, allongeant son corps et son bras droit, vraisemblablement vers des rois mages disparus. Reste enfin à la voûte la partie centrale d'un baptême du Christ, la scène est difficile à identifier, le Christ debout au centre, le Baptiste à gauche et les anges, groupe informe, à droite Le programme hagiographique est mieux conservé et il est aisé d'en décrire plus que Takaichvili, les personnages étant en assez bon état bien que les visages aient été détruits La paroi occidentale est organisée autour de la porte (fig 15) Celle-ci est encadrée par trois saints militaires au sud et quatre saintes au nord, les inscriptions permettent de reconnaître la plupart d'entre eux Le premier a gauche est saint Démètre, P5 vêtu d'une tunique blanche sous une armure jaune d’or que couvre un grand manteau bleu turquoise éclatant II porte l'épee “ Forme dont les prototypes remontent au VII1 s , cf à St-Démetre de Salonique par exemple V Lazarev. op c it n 26, fig 48-51. encore fig 68
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 145 appuyée sur son épaule droite et protège son bras gauche par un grand bouclier blanc à bordure jaune d’or et umbo turquoise, bouclier à peu près conique (fig 16). Démètre est jeune et imberbe, comme à l’habitude Les deux saints voisins sont moins bien conservés, il s’agit d’Eustat/ie,’tHBC<M, saint très populaire en Cappadoce et en Géorgie, et de st-Procope, U>QMQU1 Tous deux figurent comme adultes à barbe courte, la main droite maintenant la lance verticale, la gauche reposant sur le bouclier appuyé au sol (fig 15). L’un est vêtu d’une tunique turquoise sous un manteau rouge, l’autre d’une tunique blanche sous un manteau vert, les cuirasses sont semblables à celle de Démètre, celle de Procope étant barrée d’une écharpe turquoise nouée à hauteur des aisselles Au nord de la porte se trouve en premier lieu sainte Catherine, 73 ’mrE'lMfiC , sa couronne est détruite, son manteau turquoise est enrichi d’empiècements jaune d’or sur les épaules et sur la ligne médiane, une étole qui évoque le loros tombe de son bras gauche, enfin, on reconnaît un thorakion de forme abâtardie sur la cuisse droite (fig. 17)41 De la dextre elle tient la croix des martyrs et de l’autre main, paume relevée, elle esquisse le geste de prière A ses côtés, dans la même attitude, se trouvait sainte Barbe reconnaissable à ce qui reste de sa coiffe ronde et du voile latéral qui encadre le visage, elle porte un long manteau orné de galons et d’empiècements en rosaces sur les bras A droite était située sainte Marine, pÿ DEL.BC. Une quatrième sainte terminait la série, elle portait un maphorion rouge sur une tunique blanche, son nom est détruit Au-dessus de cette rangée de saints et de la porte, un entrelacs grêle ménageait une série de médaillons encadrant des bustes (fig. 15)42 Au centre, c’est à dire au-dessus de la porte d'entrée figurait la Vierge à l’Enfant, aujourd’hui à peu près détruite. Latéralement on avait représenté d’illustres moines orants, à présent très délavés et endommagés. Seul celui qui est au- dessus de sainte Catherine est identifiable, il s’agit de saint Ephrern le Syrien, 7T>7? rbQj>7, vieillard à barbe blanche assez ronde, visage mince et chevelure courte et bouclée au-dessus des oreilles (fig. 18). E. Takaichvili avait encore identifié Syméon stylite et saint Sabas. Sur le mur sud ont été conservés quelques saints, essentiellement les deux Sur cet «écusson de forme mate ressemblant à un bout lier et broche d or» qui orne le costume des impératrices et saintes vêtues comme elles, cf G de Jerphanion Le «thoralion». caractéristi- que iconographique du XIe s , La sois des monuments, \ou\elle sétie, Paris 1938, p 263-78 Ce type d’encadrement apparait relativement tard, déjà à Nerezi, 1164 (R Hamann-Mac Lean, H Hallensleben, Die Monumenlalmalerei in Setbien und Makedonien. Giessen 1963. fig 37) son usage se répand au XIIIe, cf la Panaghia i Koympelidika à Kastoria (S Pelekanidis op cit . n-2/,p\ 102), St-Jean Chrysostome a Hiéraki (N C Moutsopoulos, G Dimitrokallis. Getaki. Les églises de la bourgade, Thessalonique 1981, fig 19, 20, 24-26) et au XIVe. cf Cerven (R Hamann- Mac Lean, H Hallensleben, op cit . fig 26)
146 N THIERRY saints militaires, saint Georges près de la fenêtre orientale, fSW'g 19)et saint Théodore à l’extrémité occidentale, le long du pilier inscrit, 0»|(fig 20) Saint Georges tient devant lui sa lance dont l’extrémité est détruite, sa main gauche repose sur la grande épée dans son fourreau, il porte le grand bouclier rond accroché derrière le dos, ce qui est une particularité qui apparait assez tard dans l’iconographie43 Le saint est vêtu d’une tunique bleu turquoise, d’une cuirasse ceinte d’une écharpe au niveau des aisselles et d’un grand manteau rose attaché devant le cou, aux membres inférieurs, il porte des jambières. La jeune tête est coiffée d’une chevelure rousse bouclée et le visage imberbe a conservé son ovale que cerne une ombre verte, la typologie étant celle en usage depuis la fin du XIIe siècle44 Saint Théodore répond également à la tradition (fig 21), le visage, excep- tionnellement préservé, est celui d’un adulte aux joues creuses et à la barbe courte et fine, ici bifide II porte une cuirasse différente, faite d’un petit nombre de rangées de longues lanières (fig. 20), elle est couverte d’un beau manteau turquoise et ceinte d’une écharpe de la même couleur D’un côté il tient la lance plantée en terre, de l’autre il maintient le bouclier appuyé au sol, bouclier turquoise à bord et umbo jaune d’or C’est la même couleur turquoise qui marque les ombres profondes du visage, modelant le masque vigoureux Restent encore quelques fragments de saints, le bas du corps de deux figures vêtues à l’antique et les bustes très endommagés de deux évêques, un pontife d’Alexandrie, c'bl+UFiôj'l 11 45, sans doute Cyrille car on distingue un fragment de coiffe blance sur sa chevelure (fig 22)46, et un second évêque que nous n’identifions pas. *' Dès la fin du XIIIe s , on voit le bouclier, rond et petit, accroché dans le dos des saints guerriers debout, mais sa taille est nettement inférieure a celle de notre image, cf a St-Nicolas et St-Jean-Chrysostome de Hieraki (N C Moutsopoulos. G Dimitrokallis, op cil .fig 39, 11 et 23) La grande taille du bouclier est peut-êire caractéristique de la Géorgie, la forme représentée ici en cône étale, y est courante au XIIIe s. cf Eka Privalova, Timoiesubani. op cil . n 29 pl l l'attitude traditionnelle étant celle de l'appui au sol, la main du soldat étant posée en coin sur l'angle supérieur, comme sur notre fig 20 A Oubissi, 1er moitié du XIVe s , saint Georges porte un bouclier encore plus grand et régulièrement concave, il le porte au bras gauche dégageant bien le système de fixation, CH Amiranashvili Geoigian painiet Dcitnicinc. Tbilissi 1974. fig 51 (on remarque combien le costume est plus sophistiqué qu'à Nikoma où les saints guerriers sont vêtus comme aux XIIe et XIIIe s ) 44 Ainsi à Vardzia. Q'inc'visi et Timot'esubani, cf G Gaprindashvili, I ardzia. Leningrad 1975, pl 124,0 Piralichvili. Lee peintutey de Q inc iici. Tbilissi 1979, pl 27 E Privalova, op cil n 29. pl L 45 La fin du mot d Alexandrie aurait dû être 5J'Tbl au lieu de ôJ'H.'i (communication de B Outtier) 46 Ch Walter, Ait and ri tua! <>/ the Byzantine Church. l'aiionim publications. London 1982 p 104-5. fig 6
PE1N1 LIRE GÉORGIENNE LN TURQUIE 147 (Caractères de c es peintures et conclusions Il s’agit là d’un décor à la fois sophistiqué et pauvre, en effet, l’art est précieux et de bonne tradition mais la palette du peintre est limitée à un petit nombre de couleurs De celles-ci il a cependant tiré un très heureux effet, réalisant une étonnante harmonie faite de roses, de jaunes et de bleu turquoise Les fragments des deux inscriptions peintes jadis près de saint Georges (fig 19) n’apportent malheureusement pas de renseignement précis sur l’origine de ces peintures On note la beauté des caractères épigraphiques D’une façon générale, le vocabulaire iconographique et stylistique de ces représentations se place dans la tradition du XIIIe siècle géorgien mais présente quelques particularités comme le jeu d’entrelacs du mur occidental, ou la façon dont saint Georges porte son bouclier dans le dos47, qui évoquent la fin de ce siècle ou le début du XIVe Les deux ornements conservés n’ajoutent rien à cette conclusion Sous les figures du mur sud court une frise assez mal dessinée mais d’un type très répandu en Géorgie, frise où alternent les boutons de fleur avec sépales en accolade et les palmettes (fig 23)48 Le second ornement est connu de façon plus générale (fig 24)40, c’est un jeu de quadrillage obtenu par l'intersection de lignes ondulées réalisant ainsi des sortes d’ailettes en hélice Ainsi pensons-nous pouvoir attribuer ces peintures à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe Ceci nous amène à supposer que l’inscription découverte par D. Winfield, réemployée dans une construction voisine, pourrait avoir trait à cette chapelle, elle mentionne une fille du roi Dimitri II (1271-1289) comme donatrice d’une église50. Ajoutons qu’E Takaichvili avait trouvé une inscrip- tion de 1306 relative à la construction d’une annexe de l’église Saint-Etienne51 Il est donc évident qu’aux confins des XIIIe et XIVe siècles, le couvent de Nikoma a connu une période de renouvellement qu’illustrent encore les peintures de cette chapelle Elles témoignent du maintien, malgré les difficultés matérielles de l’époque, d’un bon niveau de la tradition picturale géorgienne à l’orée du Bas Moyen Age au Tao-Clardjètie. Nicole Thierrx 47 Cf notes 42 et 43 48 La frise fait partie du répertoire de Beka Opi/ari, Ch Amiranachv ili, op cit n 12 fig 83 II est courant en peinture murale et on le retrouve a Kobayr Berfubani. Timot'esubani, Q'inc'xisi. Kiranc , bibliographie avec ce dernier exemple. N Thierrv. A propos de l'église de Kiranc’. Bedi Hcirtlitu, XLI. 1983. p 213. n 52. fig 14c Pour le XIP s citons les exemples des Sis Anargy res de Kastoria. S Pelekanidis op cit n pl 5, ll,28(sch p 11 ) ei de Nerezi R Hamann-Mac Lean. H Hallensleben op cit. h 42. fig D Winfield. op cit n l, p 66 E Takaichvih, op ( u n 34
50 N. THIERRY Fig. 3. Doli$han. Partie sud de l'abside
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 131 Fig. 3bis - Doliçhan. Abside Les deux premiers apôtres.
152 N. THIERRY Fig 4. - Dolijhan. Partie inférieure du Christ trônant
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 153 Fig. 5 — Dolijhan. Détail de l'Ascension Archange et saint Pierre.
154 N THIERRY Fig. 6. Doliçhan Visage du second archange. Fig 7 Doliçhan Visage de saint Pierre.
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 155 Fig 8 Doliÿhan Le tambour Abraham. Melchisédech et Joël
156 N THIERRY Fig 9 — Doliÿhan Abraham
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 157 Fig 10. Doliçhan. Tympan du narthex sud Abraham et les âmes des justes. Fig 11 - Ani Eglise de Tigran Honentz. L’ange de la scène des femmes au tombeau
158 N THIERRY Fig 12 Nikoma St-Etienne Colonne nord-est \ue vers l'est
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 159 Fig. 13 Nikoma St-Elienne Côté nord vu vers l'ouest
160 N THIERRY Eig 14 Nikoma St-Elicnne Fragment de peinture. Deux saints
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 161 Fig. 15. — Nikoma. Chapelle. Vue générale du mur occidental
162 N THIERRY Fig. 16. Nikoma. Chapelle. Saint Démètre.
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 163 Fig. 17 Nikoma Chapelle. Saintes Catherine. Barbe et nom de Marine
54 N THIERRY Fig 18 — Nikoma Chapelle. Saint Ephrem le Syrien
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 165 Fig. 19 — Nikoma Chapelle Saint Georges et inscriptions
Fig 21 Nikoma Chapelle Visage de saint Théodore.
PEINTURE GÉORGIENNE EN TURQUIE 1 Fig. 22 - Nikoma. Chapelle. Saints evèques. Fig 14 Nikoma. Chapelle Ornement.
CIERGE DE LA CHANDELEUR DANS LA PRESENTATION DU CHRIST AU TEMPLE, EN GEORGIE Un certain nombre d’œuvres de l'orfèvrerie géorgienne et une icône de bois, étagées entre le Xe-XIe siècle et le XVIe siècle1, figurent, dans la scène de la Présentation du Christ au Temple, un ou deux cierge(s), détail inconnu, pour ce sujet, dans tout l’art des Églises d’Orient2 Dans ces images géorgiennes, les personnages du récit de saint Luc (2, 22-38) sont normalement évoqués la Mère de Dieu tend l’Enfant à Syméon qui le reçoit, mains voilées, saint Joseph, tenant les deux colombes du sacrifice, est derrière Marie, alors que la prophétesse Anne suit Syméon Le cierge apparaît soit dans les mains d’Anne soit dressé sur un chandelier placé au sol, entre Syméon et Marie4, soit encore, par deux fois figuré, au sol et dans les mains d’Anne5 Quelques études ont mis 1 Les pièces d'orfèvrerie que je connais attestant ce détail des cierges dans la scène de la Présentation du Christ au Temple sont toutes publiées a) plaque en argent doté et en argent, de Sagolacheni. conservée a Tbilissi Mus Nat des Beaux-Arts de Géorgie (G M 1 G J n" K-46 G Cubinasvili (Tchoubinachvili) LOGcmciu veoi vienne des \ IH' -X \ HT siedes. Tbilissi. 1957, pl 15 Cf avec bibliographie antérieiue le Catalogue de l Exposition de Paris (Grand Palais, av -juil, 19X2), Au pa\ s de la Toison d ()i ht aiuien de Geoigie soxieiic/ne, Paris, 19X2 N59 pp 136-137 Pièce datée du X‘-X1‘ siècle b) une des scènes de l'encadrement de l'icône de la Vierge de Zarzma en argent dore conservée a Tbilissi. G M I G N 6-77 Cubinasvili op ut pl 39 Catalogue, op t il , N 62 pp 140-141 ci pl en couleur p 26 Pièce datée du XT s c) icône emaillée de l'ancienne Collection Botkine, conseivee a Tbilissi G M 1 G N 3223 C AmiRanac hvii i. Les émaux de Geotgie Paris 19X2 pp 60-61 C atalogue op cil, N 176 Pièce datee du X1P-X11P siecle d) croix de Sadgéri Tbilissi. GM IG Clbjxasvilj. op cil pl 170 pièce de lorlcvie Mamne, datee de 1447-1451. p 20 A Alpago V Blrhvf J Lm-o\taj\i -Dosogm An and 4/c liiiec fine in Mediexa! Gemgia, Louvain-la-Neuve 19X0. fig X0 V Berid/e p 40 date celte œuvre du XVIe siècle c) icône en bois de cyprès, de 1 ancienne Collection Stiglic conservée a Leningrad, Musée de 1 Ermitage, Collection orientale N 276 publiée par A Kakovkin. Gruzinskaia derevjannaia ikonka «Sretenie», dans Soobacenija Gosudarstvennogo Ermitaza 33 (1971) pp X2-X5 (icsiinie anglais p 105), qui date celte œuvre du XVP siècle f) une scène de la bordure de l icône de la Vierge d'Ackuri. publiée par G N Ci binasvii i Gruzinskoe cekannoe iskusstvo Tbilissi, 1959. fig 252 datée du XVIe siècle 2 Voir surtout avec les références anterieures la présentation de K Wi ssh Darsteilung C hristi im Tempcl. dans Reallexikon ~ui b\ zaminischen Kunxt l (1966) coll 1134-1145 Poui 1 Arménie Dt R Nlrslssi w limenian \fanusaipts in the heci Gallei i o/ Washington 1963 p 52, a souligne que l'iconographie avec cierge n'était pas attestée pour ce sujet ' Plaque de Scgolacheni op en n I a croix de Sadgeri op cit n 1. d J Email op cit n 1 c Icône de Zarzma n 1 b icône de 1 Ermitage n 1 e icône d'Ackuri n 1 f
CIERGE DE LA CHANDELEUR 169 en valeur et partiellement élucidé la présence de ce cierge0 Pourtant ce détail, replacé dans un contexte iconographique global, semble mériter une rapide reprise du thème de la fête de la Rencontre (Hypapante), si on lui donne son nom byzantin, de la purification de la Vierge, selon le vocable plus courant en Occident, ou, dans la formulation même de saint Luc, de la Présentation du Christ au Seigneur, en son Temple6 7 Parallèlement à ces images qui introduisent un cierge dans la composition, la Géorgie connaît l’iconographie purement byzantine (sans cierge), avec ses variantes traditionnelles8. Dans les œuvres géorgiennes de toute technique, plusieurs types de schémas se distinguent Des formules abrégées, privées de l’un ou l’autre des personnages, attestent néanmoins l’autel. Ainsi, une des quatre scènes du Triptique de Martvili ne figure-t-elle pas Anne, mais, sur un fond d’arcatures, Marie, suivie de Joseph, tend l’Enfant à Syméon, au-dessus de l’autel9 Plus réduite encore, la composition tardive de l'icône de la Vierge aux douze fêtes de Vani, se limite aux trois personnages de Syméon portant l’Enfant et de Marie • entre eux, une sorte de plaque, où semble reposer un livre, se détache sur le fond ornemental et signifie sans doute l'autel10 Ailleurs la composition est comme décentrée Marie y est en effet suivie d’Anne, partiellement cachée et se tournant vers Joseph qui tient les oiseaux du sacrifice: Syméon porte l’Enfant vers lequel Marie tend les mains11 Dans les images de ce type l’autel est parfois nettement figuré ainsi une fresque de l’église du peintre Gherassimé, à Ubisi12, sur l’icône de la Présentation du XVF-XVir s. de Sio-Mgvime13, sur l’ômophorion de Cilkani14 Une porte 6 A Baumstark, Eine Wanderausstellung gcorgischer Kunst, dans Chiens ehiistumus, 3e série. 5 (1930), pp 239-242 et surtout p 241, où est releve le détail des eierges figures dans la scène de la Présentation du Christ au Temple et où sont soulignes les liens de cette iconographie avec la liturgie géorgienne, rattachée à l'antique liturgie de Jérusalem et a sa procession de la C handeleur pour ces divers rapports, A B , dans cet article, se réfère simplement au témoignage de la Vie de Théodose le Coenobite Cubinasvili, op cit , (n 1), 1959 pp 205-206 reprend les remarques de Baumstark et les complète par l'argument, donné par un des noms de la fête du février en langue géorgienne qui évoque les cierges, selon les remarques de K Kekeliszl, leiusalimskii Kmu.nm Vil veka. Tiflis, 1912, pp 180-183 7 Quelques remarques sur la date de célébration et sur les noms donnés a cette fête dans Wessel, op cit, (n 2). coll 1134-1135 8 Pour l’iconographie byzantine, voir Wessel. op cit , (n 2) coll 1135-1144 voir aussi D C Shorr The Iconographie Development of the Présentation in the Temple, dans The Ai i Bul/eiin 28 (1946), pp 17-32 Les variantes concernent essentiellement le fond architectural, le nombre et la position des acteurs de la scène, leurs gestes La presence de l'autel est de règle a l'cpoque post- iconoclaste (voir ci-dessous) 9 Cubinasvili, 1957, op cit , (n I), pl 4, a 10 Cubinasvili, 1957. op cit . (n 1). pl 179 1 Sans tenter de dégager des conclusions qui exigeraient une etude plus globale, il faut remarquer que ce schéma où se regroupent Marie. Anne et Joseph est atteste des le début du VIIIe siècle, dans la mossique disparue de l'Oratoire romain du pape Jean Vil (v ci-dessous n 25) et sera fréquent en Occident (voir Shorr. passim) S Amiranisvili, Georgian Puintei, Dimiinne, Tbilissi 1974, pl 34 W Seibt et T Sanikidze. Schutskaniniei Geoigien Miitelulteiliihe Kunsi mis dem siasili- ehen Kunstmuseum Tbilisi (catalogue de l'exposition du Kunstlerhaus Wien sept-nov 19X1) Vienne, 1981, N 86, p 134 et fig 103 14 Catalogue de Vienne, op cit (n 13), N 10, p 138 et fig 113
170 S DUFRENNE d’iconostase(9) et un ciborium suggèrent aussi l’autel sur l’icône composite de Martvili '5, alors qu’aucun autel n’est visible sur l’icône du XVIT-XVIir siècle de Kachi16 Les compositions plus classiques où Anne est derrière Symeon, et Joseph derrière la Mère de Dieu, tantôt présentent l’autel (ainsi la pièce de Chonciori17, la fresque de Timotesubani '8), l’ômophonon de Tbilissi '9, tantôt omettent l’autel, comme sur l’icône de Semokmedi20 et sur la plaque de Sapara21, pour autant que l’état de ces pièces permet d’en juger, d’après les reproductions publiées Les artistes géorgiens, adaptant l’iconographie bien connue du monde byzantin, semblent ainsi avoir hésité sur la présence d’un autel dans l’iconographie de la Présentation du Christ au Temple Par contre sur les six images que je connais et qui figurent un cierge, l’autel est toujours absent Certes, à Byzance, de rares exemples post-iconoclastes de schémas abrégés de cette iconographie peuvent ne pas présenter d’autel, ainsi le diptyque d’ivoire de l'Ermitage22 * mais c’est pure exception En fait l’absence de l’autel dans cette scène, dans le domaine byzantin et dans les terres para-byzantines, caractérise les œuvres les plus anciennes Sans évoquer l’image par trop exceptionnelle, remontant au Ve siècle, de l’arc triomphal de Sainte Marie Majeure, à Rome21, la fresque de Castelseprio, datée sans doute du VIIIe siècle, situe la scène dans le cadre architectural d’une abside à synthronon, sans figuration d’autel24 Quand à la mosaique constantinopolitaine de Kalenderhan Djami, datable du VIIe siècle, elle présente seulement Marie, Syméon et l’Enfant sur un fond d’or dominant un sol vert et délimité par un cadre ornemental. aucune architecture, aucun meuble ne s'ajoute aux person- nages25 Nous ne connaissons qu’à travers un dessin de Grimaldi du XVIIIe siècle, la Présentation qui faisait partie du cycle de mosaiques de l'Oratoire de 1S C dialogue de Paris, op cit (n 1 ), pp 213-214 Sur cctic icône le c>cle des fêtes est attribue au XVII1 on \ remarque ca et la des influences occidentales 16 Catalogue de Vienne, op cit (n B) N 105-109. p 140 fig 115 1 C UBINasvH l. 1959, op cit (n 1). fig 386 18 E L Privalova Rosph Ttniotesuhani Tbilissi 1980 fig 17, p 56 19 Catalogue de Vienne (op cit (n 13) N 99 p 138. fig 112. où les details se laissent difficilement distinguer 2,1 Alpago Blridzl Lafoniaim-Dosognp op cit (n 1) fig 85 21 R Ml Pisx< H\ IL1 et V Tsimsaozi. L an de la Oeotgic ancienne. Leipzig. 1978. p 255 22 K Wht/m\nn An Ivorv Dipivch of the Romanos Group in the Hermitage, public en russe dans lo )/ ?2 ( 1971 ) repris en anglais dans B\zantine Book Illumination and haiics Londres 1980 N Vlll pp 1-11 Cf Le catalogue de l’Exposition tenue a Leningrad et Moscou en 1976 1977 Iskusstvo bi/antn \ sobianijach SSSR Vol 2 Moscou. 1977 N 583. pp 97 et 100 2< H Karpp Die fiûluliiialichen und nihielaliet lichen Mosaiken in Santa Maiia Maxime zn Rom Baden-Baden 1966 fig 13-17 B Bri nk. Die /1 ûhc lu tahc hen Mosaiken m S \fana Ma^iote zu Rom. Wiesbaden 1975 pp 19-24 4 K Weit/mann The f tesco C \cle of S Manu di C aste/sepi io, Princeton 1951 pp 73-75 fig 7 en i 1 “s C L STRiKLRetY D Kl ban. Work at Kalenderhane Camii in Istanbul Third and Fourth Preliminarx Reports, dans DO P 25 (1971). pp 255-256 fig 11 Composition superposable en Cappadoce. N Thilrra l n décor pré-iconoclaste de Cappadoce Açikel aga Kilisesi, J* 1. XVIII 1968 p 33-69 (p 47-9)
C IhRGE Dh LA CHANDfL I IR 171 Jean II, à Rome (début du VIIIe siecle) une abside, sans tiace d'autel, est figurée derrière Syméon24 Toutes ces œuvres de haute epoque ignorent donc la figuration d'un autel L'autel ne parait que sui l'émail de la Slavrothèque du Sancta Sanctorum. attribué au pontificat de Pascal I (817-824)2’ Car on ne peut rien déduire du fragment d'icône du Sinai2S. que K Weitzmann date de la fin du IXe ou du début Xe siecle L'importance du sacrifice dans le texte même de saint Luc (2, 24) et dans certains commentaires a dû entraîner l'intioduction d'un autel dans cette iconographie, sans qu’il soit possible de rejetei systématiquement une allusion eucharistique24 L'ampleur des architectures suggérant le Temple et dominant les personnages contrastent, dans nos images géorgiennes, avec l'absence d’autel Cette absence, inscrite dans les images les plus archaïques, peut être signifiante et souligner, qu’après la destiuction du Temple de Jéiusalem et la disparition des sacrifices de la loi de Moise. seules les colombes peuvent traduire le texte évangélique et l’offrande rituelle Quant à l’évocation aichitec- turale, elle évoque naturellement le cadre même où se déroula la scène et rappelle ainsi qu’aucun martyrium ne pouvait être consacré à ce souvenir Et d’ailleurs la procession évoquée par Egérie. célébrant cette fête de la présenta- tion du Christ, avait lieu, on le sait, à l’Anastasis10 ce contexte «archéologi- que» explique peut-être pourquoi la Présentation est inconnue sur les ampoules palestiniennes11, alors que les sources écrites témoignent de la présence de l'épisode dans les cycles de l'Enfance des églises de Terre Sainte12 une 2(1 J P Nordh XGi The Mosatcs ol John VU (705-707) The mosaïc hagmenis and then technique, dans icia ad en c haeoio^iam cl ai mm lnsioi uim pci nneniia 2(1965) pl XV111 2~ K Wi ssi L Die b\:aiuinise he Emai/kimsi \om > bis ! 7 Jaln liundei i Reckiinghauscn 1967 pp 48-52 2K K Wiir/vi\\\ The \/ondsicH ai Saint Caiheiitic ai Vhnmi Sinai / he /cons Vol 1 jnnn l/ie si\ih ( enmi i t > ihe iciuh cenmi i Pnnceion 1976 B 45 pp 77-76 pl XC l\-(. 2Q Luc 2.24 Dans la veision latine des Seimotis d Oitgcnc sur saint Luc pai Rulm d'\quilcc la consécration des piemiers-ncs devant 1 autel est mise en \aleui pai la citation d Lx 74 2 7 cl Origenl Homélies sur saint Luc, 14.7 ed Sonne s ( /neiitinics 87 Paris 1962 pp 226-227 On doit néanmoins souligner qu un texte aussi populaire a Bvzance que 1 Hvmne de la Présentation du Christ au Temple de Roman os le Melode qui chante de strophe et stiophe le «seul ami des hommes» ne mentionne «1 holocauste» qu en passani pour exaltet 1 enseignement prophétique de Sxmeon sut le Christ voir le texte et les icniaiques sui 1 intioduction de la léie a Constantinople, au début du VIe siècle, et sur ce chant de Romanos dans 1 édition de I Grosdidier de Matons. Romvxos Ihmnes 11 24 (Soin ces (/indiennes) Pans 1965 pp 167-197 Les allusions eucharistiques que peuvent contenir l’iconographie des autels correspondant a des textes d’Ancient Testament, figures dans Part byzantin a 1 image des autels chrétiens mériteraient une enquête plus vaste Egérie Joiiined de toi a%e i Itineianc > et Lettre sm la B 1 Lgeiis (S C 296) Pans 1982 pp 252-257 L'excellente introduction de P Mataval est ires renouvelée pai nippon a celle de 1 édition de 1948 1 A Grabvr (mpoides de Tchc Sainte ( Monza-Bobbio) Paris 1958 12 Au VIe siècle, Choricius de Gaza, Laudaiiu Maniam 1 56 (éd R Focistei et b Richtsteig Leipzig, 1929, p 17,cl tradition anglaise de C Mwgo The At i of ihe S\~aninu Enipin A/2-/4>A P 65). mentionne la Présentation du C hrist au Temple paimi les mosaïques d un cvcle de 1 En lance dans 1 église Saint Serge de Gaza Par ailleurs, en 876 dans leur lettie a I empeieui Théophile les patriarches orientaux évoquent les peintures de l'église de la Nativité a Bcthleem qu ils attribuent
172 S DUFRENNE iconographie palestinienne pouvait donc exister, mais on en ignore tout1 11 serait tentant de la supposer reflétée dans les images sans autel, partout les plus anciennes et toujours si fréquentes en Géorgie, même en dehors de nos images a cierges II serait tentant aussi de voir dans l'autel une adjonction byzantine Mais, dans l'état actuel de nos travaux, avant une étude critique de tous les monuments paivenus jusqu'à nous (une étude de l'iconographie de la présen- tation du Christ au Temple reste à faire1), il s’agit là de pures hypothèses Par contre la figuration ou l'absence de cierge dans nos images est indiscutablement liée à l'évolution de la liturgie de la fête dans les divers rites chrétiens A Byzance, la fête dTHypapante, introduite dès le VT siècle, n'a jamais comporté de procession avec cierges" l'iconographie byzantine, qui ignore le détail des cierges, répond donc bien à la pratique liturgique La procession de la fête de la Présentation, attestée à Jérusalem des le IVe siècle, selon une remarque de Cyrille de Scythopolis, dans la Vie de saint Théodose, où il évoque «la bienheureuse Hikélia . (qui) donna alors pour la première fois l’exemple de l’emploi des cierges dans la procession de la Rencontre de notre Dieu Sauveur» 14 Sans doute le développement de cette procession n'est-il pas tout-à-fait clair pour nous en effet le lectionnaire de Jérusalem, connu à travers ses versions arméniennes et géorgiennes15, et les deux homélies sur la Présentation du Christ du Temple d’Hésychius de Jérusalem16 l'ignorent Peut-être aussi la procession avec cierges, que d'ailleurs l’Arménie n'a jamais introduite dans sa liturgie17, s'est-elle primitivement limitée au Cathisma d'Hikélia pour se généraliser postérieurement18, cai elle est attestée dans une des Homélies palestiniennes attribuée à Cyrille de Jérusalem39, mais en fait postérieure à Hésychius et sans doute datablc des environs de 450 Malgré quelques incertitudes du détail des rites hagiopohtes. dans leur chronologie et leur topographie, tout spécialement dans le déroule- à Constantin le Grand et qui. dans le cycle de l'Enlance du Christ comprend une image de la Présentation du Christ au Temple (Epistola synodica patriarcharum orientalium ed, L Duchesne dans Roma e l Oiienie, 5 (1912-1913). pp 273-274. cl traduction anglaise MXNGo, p 176) Cl V Grabar, Mai 11 rium. II. Paris, 1946. pp 242-246 " Sur l'introduction de la fête a Byzance, mises au point de Grosdidilr de Ma ross. «/> ai (n 29). pp 164-165 Sur la célébration à Byzance voir Wl SSH . <>/> ai (n 2). coll 1134-1175 14 A-L FksTt giere, Les mailles d Oiteiit. III 3 Les moines de Palestine. Paris. 1963 p 58 C I A Blldal, Die Pilgeneise dei 4ethetia. Paderborn. 1927 pp 90-91 ” Le P A Renoux m a aidee à entrevoir la complexité des données liturgiques hiérosolinniai- nes en me renvoyant aux etudes les plus récentes qui m'avaient partiellement échappés je I en remercie vivement Sur le lectionnaire de Jérusalem, transmis dans les veisions arméniennes 3 Rl\oix. Le codex arménien Jérusalem 121 (P O 35 1 et 36 1). Turnhout. 1969 et 1971 von en particulier dans le deuxième volume p 91 229) Pour la version géorgienne. M TarchmsviLi li grand leitionnaiie de l Église de Jérusalem (V'-VIII' s ), I. Louvain. 1959, pp 34-36 M Ai.binlaI', Les homehes festales de leiusaient. I Bruxelles 1978 pp 1-75 Voir aussi pp 2-4, l'excellente introduction sur la fête au début du Ve siècle 1 Der Nersessiax, op cit (n 2). p 52 Re\oi x, op cit (n 35). vol 36 1. p 91. n 2 "* Migne. P G . 33, col 1188. C Aubixeau (n 36). p 4. n 2. pour la date tardive (ca 450-’-) avec renvoi à R Caro. La homiletica Mariana griega en el siglo V. dans Maiian Lihiat i Sindus NS 3-5. pp 596-599
CIERGE DE LA CHANDELEUR 173 ment de la fête de la Présentation du Christ411, on peut affirmer l’existence à Jérusalem, dans la seconde moitié du Ve siècle, d’une procession de la Chandeleur L’influence de la liturgie de Jérusalem sur la liturgie géorgienne est connue Elle ne cède à celle de Constantinople qu’après 900/9304' Un Euchologe géorgien du Xe siècle, conservé à Sainte Catherine du Mont Sinai, sous la cote géorg 54, comporte deux oraisons de bénédiction du cierge de l’Hypapante Les Géorgiens avaient d’ailleurs deux noms pour désigner la fête du 2 février, l’un traduisant le nom de Rencontre, l’autre, le mot «lamprobay», la fête des «lampari», notre Chandeleur II faut rappeler aussi la traduction géorgienne de l’homélie palestinienne, attribuée à saint Cyrille de Jérusalem, très explicite sur l’emploi de cierges le 2 février40 41 42 Il est donc aisé de situer l’origine des types iconographiques géorgiens de la Présentation du Christ au Temple L’iconographie sans le cierge traduit l’influence de la liturgie byzantine et elle provient soit de l’adaptation des images au rite nouvellement introduit, soit - plus probablement — de la pénétration (antérieure, comtemporaine ou postérieure à l’adoptation du nouveau rite) de modèles byzantins L’image accompagnée de cierge(s) reflète, elle, le rite hiérosolymitain, acclimaté en Géorgie, plusieurs siècles durant Mais, faute de documents conservés d’origine sûrement palestinienne, on ne saurait affirmer que nos images avec cierge(s) reproduisent fidèlement un type créé à Jérusalem Et le détail ici analysé peut tout aussi bien s’expliquer par l’introduction dans l’iconographie, à un moment donné, du reflet d’un rite vivant, lointainement originaire de Terre sainte L’évolution liturgique et iconographique, vécue hors de Byzance et hors de la Géorgie, peut nous aider à cerner d’un peu plus près ce problème A Rome, la procession de la Chandeleur, introduite dans la fête du 2 février, dès le pontificat de Serge I (687-701 )43, a souvent été présentée comme un moyen de faire reculer une fête paienne44, mais il ne faut pas négliger le rôle 40 Aubineau, op cit (n 36). p 2 Le travail entrepris pour rassembler et etudier les divers fragments du lectionnaire géorgien pourra peut-être fournir des données plus précisés voir B Outtier, K Kekelidsé et le lectionnaire géorgien, dans Bedi Kartlisa Revue de kartvélologie 38 (1980), pp 23-35 Par ailleurs A Renoix, op cir (n 35). 2e vol pp 165-166 a bien souligne les limites des renseignements fournis pas les lectionnaires On peut ajouter que les indications données par les homélies, en raison du cadre et du genre même, sont elles aussi fragmentaires Leur silence face à ce que transmettent Egerie et C>nlle de Scythopolis. ne peut être interprété en certitude 41 Toutes les indications et références que je donne ici el qui complètent celles qui avaient etc utilisées dans les travaux anterieurs, m’ont été fournies par le P B Outtier qu’il me soit permis de l’en remercier chaleureusement 42 Voir ci-dessus, références n 39 C est notamment l’opinion du P B Outtier. dans une lettre du 8 septembre 1982 43 Sur les origines de la fête de la Chandeleur en Occident, voir 1 Del G-St . la testa délia purificazione in Occidente (secoli IV-V11I), dans Studi MedieniH. Sérié terza 13 (1974), pp 143- 216, spécialement pp 145-146 44 Sur les liens entre le développement de la fête et le désir de faire oubier une fêle paienne. voir les textes de Bède le Vénérable et d’Ambrosius Autpertus dans Dei g-Si . op cit (n 43). pp 146- 151 Sur les éventuelles confusions entre «une fête en l’honneur de Pluton», evoquee par Béde. et les Lupercales. combattues par le pape Gclase Ie au Ve siecle. voir déjà les remarques de Shorr. op
174 S DU! RI NNF qu’ont pu jouer les pèlerinages et les coutumes venues de Jérusalem4"5 Or, maigre la vitalité du rite, il faut attendre près de cinq siècles46 pour que soit attestée son influence dans le domaine iconographique au XIIe siecle en effet sur la verriere de l’Enfance du Christ de la façade occidentale de Chartres une procession de deux femmes nimbées, portant chacune un cierge, et d’une femme portant les colombes s'approche de la scène principale, où Marie tend l’Enfant à Symèon46 Un tel décalage chronologique en Occident, entre le rite et l’iconographie, tendrait à suggérer l’absence d’une iconographie avec cierge dans la Palestine de haute époque sinon il faudrait échafauder une hypothèse gratuite distinguant complètement l’influence liturgique venant éventuellement de Jérusalem et le domaine iconographique d'où cette influence serait exclue L’Arménie, pénétrée d’influence liturgique hiérosolymitaine. ignore le cierge dans l'iconographie de la présentation du Christ au Temple, comme elle a toujours ignore, d’ailleurs, la procession de la Chandeleur47 En contraste avec la Géorgie et avec l’Occident tardif, le monde chrétien témoigne d’une relative homogénéité de l’iconographie de la Présentation du Christ au Temple et, à haute époque, partout, sauf en Géorgie, le cierge est exclu Ces réalités semblent attester que le détail de l’image du cierge n’a pas bénéficié du rayonnement que lui aurait sans doute conféré une iconographie issue de Jérusalem Et nos images géorgiennes semblent donc bien témoigner d'une adaptation iconographique, vraie création géorgienne En dehors des questions de la localisation première du détail iconographique du cieige. plusieurs conclusions peuvent se dégager de cette modeste étude Et d'abord l’impressionnant décalage chronologique entre l'apparition, ou le développement, d’un rite et son effet iconographique (attesté pour l’Occident) trouve une sorte de réponse dans la survie d'une image bien au-delà de la disparition de ce rite dans la liturgie nos images géorgiennes du XVIe siècle, comme aussi le reflet linguistique en géorgien de l'antique Chandeleur, véhiculent des souvenirs de célébration quelque cinq siècles apres leur aban- don48 De tels écarts démontreraient, si besoin était, les précautions nécessaires à l'utilisation chronologique de tout détail iconographique Nos images géorgiennes attestent par ailleurs, avec toute la précision requise, l’origine strictement liturgique de l’apparition de cierges dans l'iconographie orientale et plus généralement médiévale Ils ne sont pas une simple transcrip- cit (n 8) en ajoutant la piesentation de l'affaire des Lupeicales et les textes dans Gi-L\sr 1 Leuu iiuilie /es / ttpc i < <//es ci di\-hiiil mi om du Soi i iinu uiiiii < Icniin (ed G Pomares S C 65) Paris 1959 aucune allusion dans ces textes a 1 introduction éventuelle de la fête de la Purification 4' Sui I importance des peleiinages en Terre Sainte von I Wiiki\s<i\ Jouculeni Piliiium befou Cimudu Jeitisalem 147" “ E M1LI / un ulu;Lii\ du \ll du h i u ! i.mu Pans 1922 pp 122-127 fig l()s V DiLVPorti et E Hot m 1 Lu miiuiix de lu < iiihuh ale de C hui m s 1 Chaînes 1926, pl IV 4 Voir ci-dessus n 2 Quelques exemples de 1 tconogiaphie annenienne dans le recueil d articles de S Di R Ni rsi-ssias, Fiudex be zcinlinc e cl ai nu niciime Louvain 1977 lig 470 472 44> (miniatures bv/anunisantes daiani lespecnvement du XV 1‘s eiduXV's cf p 665 669-70 68 7) Kakovkis, op cit (n I) p 84 a momie que la teprise tardive de la Présentation du Christ avec cierge est un phénomène de « renov atio» tvpique de la Géorgie occidentale du XVI' siecle de tels mouvements de «renaissance» sont on le sait une constante de 1 art médiéval
CIERGE DF LA CHASDI LEUR 175 tion visuelle du terme de lumière, même quand le texte qu'ils évoquent est porteur de la piomesse de lumière divine ils reflètent un rite liturgique, vivant au moment de la création inconographique du schéma considéré On peut évoquer d'abord les cierges allumés diessés sur d'etroites parois d'hcmicvcle d'abside, si fréquents en Géorgie49 Ils sont sémantiquement lies à la liturgie céleste où officient les saints hiérarques Cette liturgie, modèle spirituel de la liturgie ecclésiale, terrestre, est iconographiquement tianscnte pai les données matérielles de la liturgie qui se joue sur terre, dans ('Église les images de tels cierges dans l'abside de l'ossuaire de Backovo. ou ils sont encadrés par la procession des saints évêques, l'attestent et imposent une lecture semblable pour les cierges des absides géorgiennes, même si les évêques > conservent l’attitude ancienne, frontale5" Il faut surtout citer certaines images de la Dormition51, certaines figurations de scènes de baptême, illustrant des textes néo-testamentaires52 on peut tout spécialement mentionner le fol 64v du Pai gr 645\ où le rite baptismal chrétien est doublement suggéré dans l'image du baptême du peuple, donné par saint Jean Baptiste sur les bords du Jourdain en effet le vêtement traditionnel des Juifs est, pour un des nouveaux baptistés. transformé par les points d'or de son étoffe, en vêtement «blanc», de gloire baptismale54, et le cierge du nouveau baptisé est mis dans les mains de ce personnage55 40 Madame N Thicri\ me signale (et je Ton remercie beaucoup) la liequence de la ligiualion de cierges allumes au registre infcileui de 1 hemicvcle du sanctuaiie dans tiens églises du même peintie «Théodore, peintre du roi», les églises des Sainte A/changcs d Ipiari 11096) de Saint Geoigcs de Nakipari (veis 11 30). du Saint Sauveur de C virmi (\ci s I 100) et dans 1 église du village d Lnas (XII 1e XIVe) voir N Thh RRù Note d un vovage archéologique en Haute Svanetie dans Bedi Kartlisa. 37 (1979) pp 15(). I 59, 162 et 146 l n cinquième exemple est foui ni par une eglise de Géorgie méridionale, a Dolishan (viliage de Hamamli, en Turquie) N M \ RR |oui nal de vov âge en Chavchétie et en Clardétie dans Textes et lecheiches sur la philologie aiméno-gcorgicnne Saint-Pclersbourg. 1911 pp 183-189, ne piecise pas ce détail poui cette uglise dont les peimuies sont attribuées au XIIIe siècle dans ce N de Bedi Km i/isa N Thienv p 00 et lig 00 (Dolishan) C'est sans doute de ces cierges que parle T Vi LM vxs La koine giecque et les légions pciiphériques orientales du monde bv/antin. dans ,/ O B 11 2 ( 1981 ) 16 < mupes inie) n d emdes b\-anime \ p 693 comme pour les evêques et les apôtres «qui les encadienl» et qu elle raitache a la Deisis de la conque, elle les détaché sens aucune preuve de toute évocation lituigique pou/ les ijppioche/ de textes d Isaie et de 1 Apocalvpse 50 A Grabar, La pemuue leh^ieuse de Buh’uue Pans 1928 p 27 I ai 1 intention de revend sur ce sujet poui tentei de situer ce detail dans le contexte bv/antino-gcoigien 51 On peut se reporter (en attendant la suite de sa recherche) au memone de maîtrise piepaie sous ma direction, par I -H Mohrv Sniicimc ci e\o/\ui(>ii du schéma ic<nm^iaphic/ue de la I ic i es dans /</ peiniui e mm ale b\ -anime /usc/u au 111 siècle Paris-Soi bonne 1981 pp 94-95 où a itisie titre, il rapproche ces «meubles» de 1 encenson Voir au moins les exemples siciliens du baptême de saint Paul chapelle palatine de Palet me et cathédrale de Monreale O Di Ml s The Momies (>t \mmmi Sicd\ Londres 1949 fig 40b et 79 H Omo\t. Mmiaiuies des plus anciens manusciiis çiecs de la Bddiihcepic \aimnale du I / au -V/H' veele, Paris 1929, pl LXXXV M RiGHiTTi \1anuaie di simia liim^ua H ! saciamenii scuiamcnudi Milan |9s9 pp 122-124 Réferences à plusieurs textes de haute époque dans L Bot \ir. Le m\sieic pascal Paris, 1954 p 437, n 5C RlGiitTTi op cit (n 54) p 124 C Boi MR op cit (n 54) p 437 n 5|
176 S DUFRENNE Un dernier trait retiendra l’attentions si le poids de la liturgie est bien connu à Byzance dans le monde post-iconoclastes”, nos images géorgiennes, les plus anciennes, sont attribuées en Xc/Xle siècle, au temps même où le rite de la Chandeleur va disparaître Comme rien ne permet, autant que je sache, de les mettre au compte d’un réflexe défensif à l’égard d’une tradition en voie d’extinction, on peut les créditer d'une création plus ancienne et voir là un des exemples précoces de l’influence directe de la liturgie dans l’art d’Orient Suzy Di tRi \\i Paris Sb Voir en particulier l'influence de la liturgie dans la peinture manuscrite dans K Wi itzm xw An lllustrated Greek New Testament of the Tcnth Centurv in the Walters Art Gallerv dan^ Catherin^ in Hanoi oj Doiodn E Minet. Baltimore 1964 pp 19-3S rced dans Bizumini Lùuigiial Psaheis and gospels Londres 19S0 IX Voir aussi ID The Narrative and Liturgical Gospel Illustrations, dans M M Panis and 4 P Mikgicn (éd ) Ven Testament Ma/msiiipi Studies, Chicago, 1950. pp 1S 1-174 et 21 5-219 réed dans K Wljtzm xxx. Studies in C lassiial and Bxzaniine Manust > ipt I/hmiinadon. Chicago-Londres 1971 pp 247-270
A VENET1AN MANUSCRIPT ABOUT THE TURKISH INVASION OF GEORGIA BY SULTAN AMURAT III (XVIth c )* I hâve chosen to propose a Venetian manuscript of the XVIth century in order to offer a starting point which, as far as I know, has never been exploited by western historians in the field of Georgian History After the encouraging results obtained by discovering documents, letters, drawings and rich infor- mation about Georgia composed by travellers and missionaries especially from the XVIIth century, the research seems to resign itself not to going backwards, since there is lack in sources to be found, with the exception of some well- known and already-studied works by travellers and gentlemen as Ambrosio Contarini (1474-1476), Hans Schiltberger (Ist half of the XVth c ), Ruy Gonzales de Clavijo (1405) (1405) (M A HOIIIEBKTOB, 1935 95-99,172- 173). The only contribution given to the histoncal research in the period before the XVIIth century about the western sources speaking of Caucasus is that of a very interesting Georgian work which was published in Tbilisi in 1981 (under the éditorial staff of Z N Aleksidze, V N Gabasvili, N S Dzanasia, S V Dzidzigun, I. S Dolidze, S G Kauchcisvili. R K Kiknadze, G A Melikisvili, E. P. Metreveli, E V Chostarija, editor of the volume Dz Oliseli, editor of the sériés S G. Kauchcisvili) entitled The Italian Travellers of the Xl'th C in Georgia1 In this work is pointed out the fact that those news taken from the three published relations by the Italian diplomatists Catenno Zeno, Giosafat Barbara and Giovanni Maria Angiolello are greatly important, as the scarce information about the history of Georgia in the XVth century available in the country are partially supplied by those given by foreign travellers and । IVth International Symposium about Georgian Art Tbilisi. 23rd May-2nd June 1982 / Viaggiatori Italiam ciel ieiole AT cliGimgia Tbilisi. 1981 XIV translation from the Italian language by E M Mamistsalisvili
178 P LIC1NI particularly by the Italian ones (/ Viaggiatori Italiani del secolo XV di Giorgia, 1981 89) It seemed to me that it might be useful to go on following the suggestion given by the Georgian Colleagues in this work and to seek the possibility of finding western histoncal documents regarding also the XVIth century about Georgia which may be interesting for the research in many fields, as Geography and Arts I hâve turned to a particular sort of document, the so-called “Relatione”. which every Venetian diplomatist had to Write in order to give the Government of Venice a complété report about the events he had seen dunng his permanence in a foreign country I mean those documents which were to be composed under some strict and précisé rules, as the wnter had to tell the truth on his own responsability (Antonibon, 1939’ 13) Every report, or “Relatione”, was then handed over to the Senate of Venice, where it was kept “in sécréta” The peremptory prohibition against the spreading of the news had been repeatedly pointed out in the centuries since 1238 (Antonibon, 1939 13) and it was severely confirmed towards the end of 1500, when the battle of Lepanto (1571) against the Turkish Empire and the following peace with Venice had put the «Serenissima» in a very dangerous and diplomatically délicate position both in Europe and in the East Since the beginning of the XlIIth century Venice had been sending its ambassadors to Megalopoli (Constantinople), where no other western country was allowed to (G. Soranzo, 1934 : 305) After the development of the sea-trade through the centuries, the Venetian interests in that area had spread out to reach Trebizond, Mesopotamia, the Persian Empire and the Black Sea up to such a level, that it was easy to say " . per totum Mare Ponticum in regionibus Bulganae, Gazariae, Zichiae, Avogasiae tôt sunt loca vel portus, unde portantur frumentum, carnes, salse, mel, cera, pisces saisi, legumina, ordeum et avena non in mediocn, sed m excessiva etiam quantitate" (Broccardo 508, da G Soranzo, 1934 305)2 Dunng the years following Lepanto (1572-1575) Venice tned at any rate to restore trade relations with the East The “Serenissima” couldn’t do without, even if this meant co-operation with the Turks or at least political connections with them (Dionisotti, 1966 472-473). Moreover the Venetian Republic had also to face the keen com- pétition of the Low Countries after the discovery of the new way through the Cape of Good Hope (Sassi, 1948. 122) These reasons couldn’t do but increasing the sharp cunosity on the part of ail the foreign ambassadors in Venice because of the secrets of State these 2 A\oga\iu = Abkhazia. in the north-western part of Georgia SSR
A VENETIAN MANUSCRIPT ABOUT THE TURKISH INVASION 179 reports contained and especially for ihe fact that the information written in them had many particulars and political considérations the official documents never had, since these last ones were meant to keep certain diplomatie standards As the foreign diplomatists wanted to seize upon the reports, they entrusted any yielding copyist with the task of taking down the texts (Antonibon, 1939 18) Consequently there was a great diffusion in the number of copies of the same report, sometimes with substantial différences in contents, both for some mistakes or textual errors and for a sort of masked censor "in extremis" by the copyists themselves Among ail these relations I hâve chanced to locate one entitled Successi délia guerra fra Sultan Amoral Imperator de Turchi et Saih Mehemet Chotavent Re di Persia, et H Giorgiani Christian! dal 1577 fin al 15813, which speaks about the Turkish invasion of Georgia dunng the war between the Osman Empire and the Reign of Persia in those years. Two are the versions of the manuscnpt kept till our days the first one, which has never been published, lies in the Bibliothèque Nationale of Paris (181 -Italien 1284, 2e Partie, f 68r° à 110r°) and cornes from the archives of Saint Germain4 This cartaceous manuscript (cm 29 x 22) is not in good conditions, since damp and antiquity patches cover the whole inferior half of every page The other version of the same manuscript is kept in the Biblioteca Braidense of Milan (AF. IX 75, n° 1, f 1 r°-78v°) This miscellaneous document cornes from Sir Gino Capponi’s collection (God N LXXXII, n° 7) and was published in 1844 by E Albèri (Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, Firenze, vol. II, sene III, pp. 427-470), but his transcription is so full of mistakes, gaps and interpolations, that by no means it is possible for a scholar to make use of Albèn’s pnnted version, if he wants to avoid dangerous misunderstandings, especially as for the points speaking about Georgia5 Since the manuscript version of Milan (which I hâve called ms 2) has some cuts and répétitions, surely due to the copyist, if compared with that of Paris (ms /), I will ground my analysis on the last one (ms /), which is probably the This ms is composed by four different relations 1 Memoria d'un viaggio fatto a Costantionopoli. et di alcune cose notate a quella Porta nella Circoncisione di Sultan Mahometto figliuolo di Sultan Amorath présente Imperatore de’ Turchi. l’anno 1532". f 1 r"-67 r". by Giacomo Soranzo (not signed) II. 'Successi délia guerra" quoted, III, "Discorso sopra la Republica di Genova , f 11 lr"-l 18r“ IV, Battaglia intravenuta ira il Preteiano et il Re de Trogloditi l'anno 1583 , f 119r‘’-!22r° A Marsand (1835 702) speaks only about the first three documents I must express my thanks to Prof Alberto del Pizzo. Director of the "Istituto Italiano di Cukura of Grenoble, who has kindly helped me in obtaining the manuscript Many of the passages suppressed by E Albèri are just those speaking about Georgia Albèn’s pnnted version differs from the ms of Milan from the very beginning in fact it is entitled "Successi ella Guerra tra sultano Amurat, Imperatore de 'Turchi, e sultano Caidar Mirza. re di Persia. et 11 kJiorgiani Cristiani. dal 1577 sino all'anno 1581"
180 P L1CIN1 most reliable of the two6 1 shall avail myself of ms 2 only in those cases in which ms 1 is completely indecipherable The use of compairing two or moie copies of the same Venetian "Relatione’' is besides encouraged by ail the most authoritative critical works on the subject (Antonibon, 1939 22, Firpo, 1965 VI), which always stress the fact that the collections published by many editors could hâve been philologically much more correct, if they had taken also the numerous variants into considération The relation I am proposing here speaks about the great Ottoman invasion of the Georgian countries in 1577 dunng the campaign of sultan Amurat 111 against shah Mohammed Kodabende of Persia In this circumstance the Georgian People shew a great courage in order to face the Turkish van towards the East (Meskhia, 1968 26-27) Many councel- lors of the Safavid dynasty were Georgian, ail trying to put an end to the dangerous centralized government established in Persia during the fîrst half of the XVIth century (Shaw, 1978 180) Being surrounded by Musulman armies. the Christian People of Georgia had tned to ask for help to the western European countries in order to avoid any invasion Since Venice was particularly interested in keeping itself at the same time neutral and sensitive to any development in that area (see above). it might be probable that the relation examined is part of a group of still-to-be- discovered documents on the grounds of the fact that there are at least other two relations speaking about the Georgian People at the end of the XVIth century (Albèri, 1844, v II, s III 257-294, 103-127)7 It may be observed, however, that the manuscript of Pans présents man} peculiarities which go beyond the simple chronicle A full range of names ot castles and fortifications in Georgia, as those of Tschildir (Childir, ms 1 76 r"). Vêla (ms /• 77r°), Sumuch (ms 1. 79 r"), Ton (ms 1 90r°), together with the mutual distances in days or miles, can be useful in the study of the Georgian défensive System. Similarly, the names of many ponces, captains and rulers give histoncal evidence to the events and help in the rebuilding of the political and social structure of the time8 Closely connected with ail this are, of course, the incidents of the war, the 6 See wls 2 f 37v°. where the copyist wrote in the margin "manca qualche paroletta. per che par che il senso non sia chiaro in queste righe a faceia" (some little words hâve been omiited, because these lines in front don't makc sense), f 78v" there is a line which indicates the bounds the copvist hadn’t to go beyond The Ist one is entitled ’Relaxione delli successi délia guerra tra il Turco e il Persiano dall'anno 1577 fine al 1587" by Giovanni Micheh. consul in Aleppo of Sona. the 2nd one is a relation read in the Council of the Ten on 24th September 1572 by the ambassador from Persia Vincenzo Alessandn (Antonibon. 1939 116 90) 8 Details will be given in the course of the présent study
A "VENETIAN MANUSCRIPT ABOUT THE TURKISH INVASION 181 répétition of which will be kept up with the analysis of ms 1 The reasons which led to the invasion of the Georgian territory are generally vague and the western histonography on the subject scarce N Jorga (1910 217-261) gives more details, but he avails himself expecially of E Albèn, leaving out ail the passages omitted by him Beanng this reason in mind, it is not too rash to say that our manuscript can help in rebuilding the events in detail It is in the light of such argument that the Ottoman attack upon Persia and the Georgian allies can be put down to the throne of Iran, as it is common knowledge (Shaw, 1978 180-181, Sykes, 1930 171, Jorga, 1910 236) So far then as the évidence of ms l goes, it was a diplomatie incident with religious implications that caused the war Thus we read “In June 1577 . Ismael [the king of Persia] wanted to be crowned in Babilonia, by the shrine of Imam Chussein, its prophet Since he couldn't go there without a powerful army, because that country was under the Turkish rule, Ismael gave out money, horses and weapons to his people so that they could draw up and take him to crown and gird on his sword, according to their custom In fact, the kings of Persia are in the habit of not girding on the sword until they are crowned on the tomb of that Prophet”. (ms 1 68r1’)9 In 1577 the cruel king Ismail had succeeded to his father Tahmasp, who had married a Georgian lady from the family of Chalikachvili of Samtzkhé (Manvelichvili, 1951 282) Contranly to his predecessor. who was a good friend of the Turks, king Ismail didn’t want to reconfirm the pact of peace before going to Babilonia, even if exhorted by his council (ms 1 68r") As sultan Amurat hadn’t in fact sent him any congratulation on his ascending to the Persian throne, he was irremovable in his resolution (ms 1 ' 68 v°) King Ismail’s warlike plan was stopped by some opposers, who poisoned him. Nevertheless, his successor, the blind brother Mohammed Kodabendel0, was determined to move against the Turks, since he was obliged to be crowned in Babilonia (ms 1: 68 v°, ms 2 2v°) The news spread over the countries and reached sultan Amurat, who was urged by his “paça” to be “the first to attack” (ms 169v°) Lastly, the shah of Persia had offended the Turkish royal family, as he had invaded the land of Nell anno 1577 nel mese di Giugno Ismael wolendo egli farsi incoronare nclla cittâ di Babilonia sopra la sepoltura de Imam Chussein suo profeta. ei non potento egli andar in detto luoco senza grande essercito per esser paese de Turchi et era molto ben guardato dispense danari cavallj et armi alii suoi fîgli acciô che si mettessero in ordine et andarsene armata inansi ad incoronarsi, et cingersi la spada com'é loro usanza Imperoché li Re di Persia hanno questa usanza di non si cinger spada. se prima non si coronono sopra la sepoltura del dette loro Profeta" (m / 68 r°) In E Albèn's transcription, p 42 Caidar Mirza"
182 P LICINI sultan Amurat's uncle, sultan Basasit (m.s 1 70 ru) Hence the war11 which lasted till 1581 At any rate the Georgian People succeeded in saving the country from a total submission to the Turks, even if the numberless quarrels among the princes of Georgia facihtated their advance Thus the events. sultan Amurat gathered his armies, his third vezir Lala Mustafa Paya and the fourth one Sinan Paya were named générais of the forces against Caucasus and the reign of Babilonia respectively (ms 1 70r°) (Shaw, 1978 180, Bagrationi, 1976'42) It was the 17th of January, 1577 At this very point there is the first hint to "the Christian Georgians" who were "friends and confédérale with the Persians”. After passing through Scutari (ms / 70v°), Trebizond (ms 1 11 v“), Erzurum (ms 1. 73 r°), Mustafa attacked the reign of Kartli (ms 1. 75 v°, ms 2 13 ru. absent in Albèn’s transcription) on the Ist of August, 1578 Now the manuscript reports the exact way followed by Mustafa's troops through the Georgian territory and it is interesting to point out how precisely the histoncul news is, with a view to analyze the Georgian défensive System and the political alliances both with the Turks and the Persians. The Georgian resistence was so strong that Mustafa had to ask the Turkish general Osman of Marassi for help (ms 1 77v°). It was only after the défection of Manuschiar, one of the most powerful Georgian princes, that the Turks succeded in seizing the fortresses of Tchildir (14th August Ms 1 76r“, ma 2 14v°), ofVêla(14th August Ms 1 llr°',ms2 15v°) and Sumuch(16th August Ms 1: 79r°, ms 2 19v°, Sumuch, Albèn, 1844 442, Tumach) Three other Christian princes of Georgia, Imolehor, Christiano and Vachtenghi (ms I 79ru, ms 2 20r°-v°, absent in Alberi’s transcription), joined with Mustafa and were appointed "sancak bey", military commanders Now the way to Tiflis was smoothed After conquenng two other castles which were feebly defended, Baiatalli and Parretheo (msl: 79r°, ms 2: 20v°; absent in Albèri’s), the Ottoman army headed straight for the capital of Kartli, which was found deserted (ms 1 79 r°) In the summer of 1579 Mustafa marched into the kingdom of Imereti King Alexander managed in order to preserve independence and sent Mustafa his ambassadors to offer him nch présents and allegiance (ms 1 79rü-80v°, ms 2 22v°-23v°; absent in Albèn’s), which the Turkish general accepted with pleasure. The only tribute the country was laid under was the payment of one sequin for each Imeretian family King Alexander was also compelled to strike 11 As far as the organization of the Turkish army is concerned. our manuscript givcs a detailed description of it. ms / 75v’-76r° Il would be interesting to analizc it and make a comparison vnlh drawings and sketches of the time
A VENETIAN MANUSCRIPT ABOUT THE TURKISH INVASION 183 a coin with the portrait of sultan Amurat (ms 1 81r°), but his country was rescued from destruction Mustafa’s forces went on for the Persian district of Shiraz, which was divided from Georgian by the river Kanak (ms 1 81 vu, ms 2. 24 v“) The campaign of Shirvan was very hard and cruel By the end of novembre the Turks moved back to Imereti in order to find supplies (ms 1 89v°, ms 2 39v°) On 26th of November the Turkish army arrived at Tiflis and after four days it went to the fortress of Tor, in the hands of the Georgian prince Simon This prince was the king of Tiflis’nephew and he had been sent by the shah in order to attack the Ottoman rear-guards (ms 1 90 rü), which were in trouble for the snow. The march went on to Osger, Manuchiar’s twon, and to Erzurum (21st of December, ms 1 90v°, ms- 2. 42r°), where the Turkish army was temporarily dismissed to winter. It was not without success that Simon profitted by this occasion (Tucci, 1956: 380): he joined the Persian captain Caracan, who besieged Tiflis, and tried to conquer the town (ms 1 93v°, ms 2: 45vu-46r°) For this reason Mustafa organized a new attack to be launched He divided ail the terntories he had already conquered and those to be taken into four areas' Tiflis, Shirvan, Suchum and Gurdshistan (Jorga, 1910 239) But our manuscrits ends here Far from exhausting the information about Georgia given by this document, I hope I hâve made an attempt to underline the richness of this kind of histoncal source, expecially considenng the fact that there are, in my opinion, many unexplored possibilities as for the Venetian reports And the research might begin from the names of some Venetian famous diplomatists, as Tommaso Contranni (relation of 1 Ith December 1593) and Antonio Tiepolo (relation of 9th June 1576)12, with a view to learning more and more not only about the events in the history of Georgia, but also about the relations which hâve connected Venice and Caucasus through the centuries Patrizia Lu ini Sourc ES — Bibliothèque Nationale, Paris 181-Italien 1284, 2e Partie, f 68r° à 110r°, (ms l) Biblioteca Btaideiisc, Milano' AF IX 75, nu 1, f lr°-78v°, (ms 2) 2 T Contanni was consul in Sona, while A Tiepolo was sent to Costantinople as bailo in
184 P LICINI BlBl lOGRAPin Albèri, E , Relazioni cleglt ambasciatori veneti al Senato dttranto il sec Xi f Firenze, Tip Clio, vol II, sérié III, 1844 Antonibon, F , Le Relazioni a stampa di 4mbasc talon' veneti. Padova. Tip del Seminario, 1939 Firpo, L, Relazioni di Ambasciatori Veneti al Senato-Tiatle dalle million edizioni disponibili e ordinale cronologicamente, Torino, Bottega d’Erasmo, 1965 Jorga, N , Geschichte des Osmanischen Reiches, Gotha, F A Perthes, 1910 Manvelichvili, A , Histoire de Géorgie, Pans, Ed de la Nouvelle Toison d'Oi 1951 Marsand, A, / manoseritti italiani delta Regia Biblioteca Paiigina. Paris. Stamp Crozet, 1835 Quflllr, D , Early Venetian Législation on Ambassadeurs Genève Lib Dioz 1966 Sassi, F , La politica navale veneziana dopo Lepanto, Venezia, C Ferrari, 1948 Segarizzi, A , Relazioni degli Ambasciatori veneti al Senato, Bari Laterza 1912-1916 Shaw, S. J , History of the Ottoman Empire and Modem Tttrkey, Cambridge. Cambridge Univ Press, vol E 1976 Soranzo, Giovanni, “Accenni a Navigazione di Veneziani e Provenzali nel Mar Nero durante l'Impero Latino d’Oriente”, in Archivio Veneto, vol XV 1934 Svkls, P , A History of Persia, London, Macmillan Co , 1930 Tucci, G., Le civiltà dell’Oriente, Roma, G Casini ed , 1956 ----. Viaggiatori Italiani del seco/o XV di Giorgia, Tbilisi, Mezniereba, 1981
INFLUENCES QAJAR DANS LA PEINTURE DE LADO GOUDIACHVILI ’ Déjà Maurice Ravnal, lorsque, en l'an 1925. il a dédié un livre à l'œuvre de Lado Goudiachvili, a su iclevei une vérité indiscutable, c'est-à-dire la capacité extraordinaire de Goudiachvili d'accueillir, fidèle en cela à la devise de Molière. «Je prends mon bien paitout où je le trouve», les enseignements les plus différents dans le domaine de l'art En utilisant un langage nuancé de gastronomie, Raynal a écrit «Que Lado ait piatiqtié toutes les cuisines et toutes les inventions recenles du métier de peintre, son œuvre le prouve assez»1. Mais il ne s’agit pas seulement pour Lado des «inventions récentes du métier de peintre», mais plutôt, comme le même Raynal met en évidence, d’accepter et réinterpréter pour les héros de ses toiles «la noblesse d’attitude chère aux représentations byzantines», sans oublier «que la frontière persane n’était pas loin et qu'avec l’art persan ils avaient à compter avec le chatoiement vivant de la couleur, l'enlacement souple de l'arabesque et l'inspiration la plus colorée»2 Que l’élément persan fut très profond chez Goudiachvili c’était une opinion très répandue parmi les critiques parisiens. En effet quelques mois avant Raynal, A Salmon avait soutenu «L'art du plus proche Orient (. .) n’est plus tout entier enfermé dans l'ovale des dessus des boîtes persanes ( ), mais la peinture de Lado Goudiachvili inscrit cet art dans les ondes sans limites de l’art vivant»1 Sur l'aspect d'une présence persane dans l’œuvre de Goudiachvili, avait parlé en l'an 1919, et donc bien longtemps avant M. Raynal et A Salmon, B Korneev en écrivant «Souvent le peintre essaye de lier la construction de la ville [c'est-à-dire Tbilisi] avec la nature, et ici il tombe au pouvoir de la miniature persane avec ses caractéristiques (la femme, le daim, les fleurs)»4. Qu’ensuite les tendances les plus différentes et nombreuses se mêlent dans l’art de Goudiachvili c’est une constatation qu’en 1926, à l’occasion de la première exposition de Lado à Tbilisi après son retour en patrie de la France, T ician T’abidzé, en écrivant l'introduction au catalogue de l’exposition, reprend et réaffirme avec beaucoup de conviction «Lado Gudiasvilis semok- M Raynal, Lado Goiahaihyili Paris 1425 p 14 2 Ibid. p 15 A Salmon. Lado Goadiailnili Pans 1425 p t B Korneev Lado GadiasGli «Feniks» 1414 1
186 I MAGAROTTO medeba ixsneba arn samk’utxedit kartuli prcsk'a da sp'arsuli miniature. Nik’o Pirosmanis p'rimitivi, tanamedrovc saprangctis mcmarcxcne mxat'- vroba»s (c’est-à-dire «L'œuvre de Lado Goudiachvili est expliquée par le triangle suivant les fresques géorgiennes et les miniatures persanes, le primitivisme de Nik’o Pirosmani et la peinture contemporaine française de gauche») T T’abidzé, donc, délimite et précise quelles sont les sources de la peinture de Goudiachvili et on peut ici dire, sans possibilité d’erreur que sur les dites sources les spécialistes de Goudiachvili ont trouvé, pour ainsi dire, un accord de principe et ils les ont répétées jusqu'à nos jours comme le fondement de l’art de Lado Goudiachvili Certainement chacun d’eux a apporté sa particulière contribution au développement de la recherche sur Goudiachvili, mais sur les sources de sa peinture on a eu une convergence d’opinions presque totale Maintenant je voudrais bien, dans ce domaine précis, avancer une proposi- tion, ou plutôt, disons, formuler une hypothèse Comme nous l'avons vu, on a toujours parlé d'une influence des miniatures persanes dans l’œuvre de Goudiachvili et, en même temps, des héros et des thèmes de la peinture de Nik’o Pirosmani (je ne parlerai pas de fresques géorgiennes, je voudrais seulement rappeler ici comme exemple la fresque du prince Georgi Gurieli qui se trouve dans l’église de Chemokmedi) On pourrait alors affirmer que chez Goudiachvili on retrouve une attraction extraordinaire pour le romantisme, soit exotique et lointain (en ce qui concerne l'influence persane) soit naïf et voisin (pour ce qui est de l’œuvre de Pirosmani) On sait déjà, toutefois, que la vieille Tbilisi avec son milieu bohémien et ses personnages caractéristiques, qui sont les thèmes principaux dans l'œuvre de Pirosmani, est reprise par Goudiachvili d’une façon tout à fait différente, il donne, avec les moyens des écoles européennes, et surtout aux héros, un mouvement fort rapide, par lequel ils retrouvent une vie complètement nouvelle Bref, comme a écrit V Béridzé, si dans l’œuvre de Goudiachvili il y a de l’émotion, de l'intuition et de la subjectivité, il y a aussi toujours des éléments rationnels6 II en est de même avec l’engouement de l’Onent et surtout de la Perse. En effet Goudiachvili n’accueille pas la netteté, l'élégance, la maîtrise des miniatures persanes, il est beaucoup plus frappé par la naïveté (ou la superficialité, comme dit B W Robinson7) de la peinture Qajar Donc plutôt que par un art déjà complète- ment codifié et rationalisé comme l'art des miniatures, il est attiré par la peinture Qajar, qui est hybride, archaïsante et occidentalisante, pompeuse et ' T T’abidzé. Lado Gudiawili dans T\:ulchani srnii omad II Tbihsi 1966. p 171 11 V Bêndze Gudias'ili Tbilisi-Budapest 1975 p 25 B W Robinson La piuiua di iohc in Peisia dans Qajai Milano 1982. p 17
INELUENC ES QAJAR DANS LA Pl IN I URE DE GOUDIACHVILI 187 parfois populaire8 II est vrai qu'on peut dire, pour les meilleures toiles Qajar, qu'il s'agit de miniatures étendues, mais elles gardent leurs caractéristiques stylistiques et esthétiques d'une infériorité évidente Mais dans cette infériorité on peut trouver les limites entre lesquelles bouge Goudiachvili, a savoir la rationalisation évidente (la perspective scientifique, par exemple, que quelques peintres avaient apprise en Italie) d'un côté et le sentimentalisme (l'élément fantastique ou bien psychologique) de l'autre Maurice Raynal avait écrit que la frontière persane n’était pas loin, mais à vrai dire des toiles Qajar extraordinaires se trouvaient (et se trouvent) au Musée national des arts à Tbilisi, en particulier il y a le portrait d'un jeune aristocrate où l'on commence à voir une analyse psychologique du personnage Mais plutôt que par la recherche psychologique, Goudiachvili est charmé par le Qajar exotique et fantastique (il nefautjamais oublier que son imagination exceptionnelle, comme a affirmé M Kagan, «rivalise avec l'imagination populaire»1') lui donnant la possibilité de reproduire un Orient géorgien ou une Géorgie orientalisante Dans les analogies que je vais proposer ici entre les tableaux de Goudiachvili et les tableaux Qajar on doit y voir simplement des influences, des tendances, des mouvements, qui à la fin des fins sont des prétextes pour essayer d'entrer dans le monde imaginaire de Lado et d'en comprendre les fondements Certes, l’engouement oriental de Goudiachvili n’est pas tellement fort au point de déterminer une orientation générale dans ses tableaux, parce que, comme on le sait déjà, il a l'inhabituelle capacité, comme un nouveau roi Midas, de changer en réalité géorgienne (historique, sociale ou populaire) tout ce qu’il prenait ou trouvait à l’étranger Alors au lieu d’une directe influence persane, ou peut voir souvent (et seulement) des fragments, des éclats d'une conventionnalité orientalisante ou mieux persane-Qajar [Photo 1] Dans le premier tableau, «Le trio oriental», de l’an 1929, nous avons le thème même qui facilite la reconstitution d’un milieu oriental, lequel est toutefois mélangé avec des éléments géorgiens (les instruments, les objets etc.) Ici il y a la façade d’une mosquée (qui en réalité sont les bains de Tbilisi), mais elle fait partie du milieu général du tableau Ce qui nous intéresse ici ce sont les sourcils et le nez, surtout des musiciens, qui nous rappellent la forme [Photo 2] typique du nez, du front et des sourcils des soldats a la cour du Chah Fath Ali, tandis que les chapeaux aussi sont d’in- fluence persane, mais bien plus stylisés Mais si nous regardons avec un peu d’attention, nous verrons que le trio est statuaire, ce sont des musiciens qui en effet ne jouent pas, parce que, comme il arrive dans la peinture 8 B M Alfieri Soinis simo haii «FMR» 1982 2 M K agani. Lado Oudiuxi/7/s xc/oy/wbu «Sabc ota xelovneba» 198^ 1
188 L MAGAROTTO Qajar, la reproduction de manière, tandis qu’elle renforce l’intérêt pour le portrait, provoque une décadence du symbole et, par conséquent, les personnages perdent leur vitalité10. Les couleurs chez Goudiachvili sont bien plus sombres que dans le tableau Qajar et dans l’ensemble le décor d’une Tbilisi onentalisante est vu à travers les enseignements européens A ce moment là, alors, je voudrais me demander, si vous voulez, d’une façon contradictoire, si l’influence de la peinture persane sur Goudiachvili est due au voisinage de la Perse même ou, au contraire, si l’orientalisme n’est qu'une mode parisienne En d’autres termes, la frontière persane est-elle plus loin de Tbilisi ou de Pans9 C’est pour cela que je parle toujours d’influences fragmentaires ou limitées [Photo 3] Dans le deuxième tableau, «Le sort adverse des amoureux», de l’an 1938, on voit que le mouvement de la toile est donné par la position du cheval qui, avec les bêtes féroces, forme un ensemble dynamique rigoureux Les nuages orageux, le terrain périlleux, les couleurs sombres participent eux aussi aux événements. [Photo 4] La même chose se passe avec «Le prince attaqué par le dragon» Nous voyons ici aussi l’ensemble prince, cheval, dragon qui se tient très étroitement dans son mouvement complexe et aussi bien les bêtes féroces chez Goudiachvili, que le dragon ne touchent pas la terre, ils enserrent leur proies au vol 11 est vrai, comme a écrit S. J. Falk11, qu’il semble que le prince soit moins préoccupé que son chien, mais les amoureux du tableau de Goudiachvili ne sont ps eux non plus tellement épouvantés, le seul étant visiblement effrayé chez chez Goudiachvili c’est le cheval, qui a les yeux exorbités. Le paysage du prince attaqué n’est pas caractéristique de la Perse, il nous rappelle l’Europe, il y a trop de vert, trop d’eau, mais, pareil à celui de Goudiachvili, il est vide et solitaire [Photo 5] Le tableau «La danseuse Leila», de Tan 1939, nous rappelle, dans le mouvement des bras et le regard un peu triste et un peu faussement naif, les danseuses [Photo 6] Qajar qui dansent au son des castagnettes Evidement la danseuse Leila n’a pas de castagnettes car elle est en train de danser au son d’une musique géorgienne, mais la flexuosité, ou mieux l’affectation des mouvements sont proches de la manière Qajar [Photo 7] Et puis des seins nus ou des voiles on en trouve beaucoup dans la peinture Qajar Les éléments orientalisants ou persans naturellement ne s’épuisent pas ici. et nous pourrions continuer à les énumérer, ([Photo 8] on voit par exemple 10 G Scarcia, Di alcuni dipinti persiani di epoia zand e qàgiii conseriaii pressa il Mw \aziona!e Geoigiano d 4rte Figuratiia in Thiliti. «Annali dell'Istiluto Universitario Orientale di Napoli». 1962. XII "SJ Falk. Qu/ai Paintings, London 1972, p 32
INFLUENCES QAJAR DANS LA PEINTURE DE GOUDIACHVILI 189 les moustaches ou les sourcils de ce chasseur en haut), de sorte qu’on pourrait découvrir, dans l’œuvre de Goudiachvili, une typologie du détail et du particulier marquée souvent à l’empreinte Qajar Mais, je l’avais dit, je voulais simplement formuler une hypothèse de travail et j’espère avoir atteint mon but. Université de Venise Luigi Magarotto
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LES TRÉSORS ET L’HISTOIRE DE LA GÉORGIE Nous avons eu en son temps occasion de dire ici tout le bien que nous pensions du très remarquable ouvrage de notre confrère et ami K. Salia consacré à une histoire de la nation géorgienne C’est un monument d’érudition de très grande importance car cet ouvrage comble une lacune dans la littérature; il nous a paru de très heureuse initiative qu’un tel livre culturel de base, couronné par l’Académie française, puisse trouver l’élar- gissement qui lui est dû par une édition en langue anglaise Celle-ci vient de paraître en traduction de Katharine Vivian Entretemps s’est tenue à Paris la fort belle exposition du Grand Palais «Au pays de la toison d’or ou l’art ancien de Géorgie», cette exposition a eu deux résultats le premier fut de faire connaître les richesses culturelles et les trésors artistiques (orfèvrerie et émaux notamment) de ce pays grâce aux visites qui y furent faites mais aussi grâce aux nombreux articles de presse dont la revue de Kalistrat Salia Bedi Kartlisa, nous donne une synthèse en son copieux numéro de 1983 (vol. XLI); le second fut de permettre à l’éditeur d’assurer à l’édition anglaise de «History of the Georgian nation» une iconographie tout à fait exception- nelle, partie en couleur, et qui vient encore ajouter à son intérêt en soutenant visuellement un texte précis, concis et très riche L’ouvrage est disponible, en français ou en anglais, comme la revue Bedi-Kartlisa, chez notre vice- président K. Salia, 8, rue Berlioz, 75116 Paris. Maurice Déribére
L’«ÉTENDARD À LA CROIX» DES MONGOLS EN GÉORGIE Dans un précédent article, nous avons parlé de la première invasion mongole en Géorgie par Soubotaï et Chepé-Noyon, les compagnons d’armes et valeureux généraux (orkhons) de Gengis-Khan' C’était en 1220, et les Mongols revinrent à nouveau en 1236 en une nouvelle invasion qui allait se compléter d’une implantation. Ce nouveau fait et ce qui s'ensuivit en ce pays est relaté dans l’Histoire de la Nation Géorgienne2 Entre ces deux événements la Géorgie avait connu des changements importants, la Reine Russudan, qui régnera de 1223 à 1247, avait succédé à son frère, Lacha Giorghi et s’était trouvée face à de cruels démêlés avec les Khorezmiens de Djelal ed Din qui étaient aussi ennemis des Mongols. En 1230 la Reine Russudan avait déclaré comme étant co-souverain avec elle, son fils David, âgé de cinq ans et elle l’avait fait couronner. Djelal ed Din disparu, la Reine reprenait son royaume en main, mais elle n’en eut guère le temps Les Mongols revenaient auxquels la première incursion avait préparé les voies et qui s’étaient tracé une route vers l’Occident qui passait du Sud au Nord au travers de la Géorgie En cette seconde phase de l’invasion Mongole de la Géorgie se situe un épisode assez curieux et peu connu qui est celui de l’«étendard à la Croix». Les Mongols qui, selon leur coutume, anéantissaient les villes et les gens qui leur résistaient bravement, se montraient en général plus cléments pour les villes qui se rendaient à eux sans résistance Cela était une règle aisément compréhen- sible en raison de leur éloignement de leurs bases et de la nécessité d’assurer leurs arrières. Le sachant, et quittant Tiflis à leur approche, la Reine Russudan donna ordre de faire évacuer la ville par la garnison sans combattre et les Mongols y entrèrent ainsi sans coup férir. En sa retraite, la Reine Russudan adressa au Pape, par l’entremise de 1 évêque d’Ani, David, une lettre de protestation à vrai dire assez surprenante et quelque peu naïve. Cette lettre exposait que les Mongols, qui avaient attaqué ses troupes et envahi son territoire, avaient déployé devant leurs rangs «un M Déribére. Les Armees Mongoles de Gengis-Khan en Géorgie. Bedi KarlHsa, 1983. P 188-193 K Salia, Histoire de la Nation Géorgienne, p 219
200 M DÉR1BÉRÉ étendard portant la Croix, ce qui avait induit les Géorgiens à penser à tort que les Mongols étaient Chrétiens»3 Autrement dit elle les accusait ainsi de trahison et d’un subterfuge indigne de loyaux combattants Les Mongols ne manquaient certes pas de ruse en leurs entreprises mais il ne semble pas en l’occurence qu’ils en aient eu besoin. Quant à la réclamation de la Reine, ils n’en avaient guère cure Ils allaient sous le signe de l’étendard aux neuf queues (de yak) de Gengis-Khan portant sur triangle le gerfaut bleu au centre et trident à la hampe. Ce n’était pas celui-là qui avait pu être cause de telle confusion, mais l’étendard en question était réservé au Khan et ses chefs disposaient d’autres drapeaux de rang de types divers L’un d’eux, peut-être, pouvait se prêter davantage à une interprétation de la croix. De toutes manières il semble que la lettre ait mis beaucoup de temps à parvenir au Pape ou que celui-ci ait pris large temps de réflexion Toujours est-il que c'est seulement en 1240 que Sa Sainteté informa la Reine Russudan que «l’Europe n’était pas en mesure de lui porter aide». Cette affaire du drapeau à la croix, bien que peu connue, fait couler un peu d’encre sous la plume des historiens4 Plus tard, à la bataille de Leignitz, le 9 avril 1241, les chroniques polonaises mentionneront encore un étendard sur lequel on voyait un «emblème semblable à une lettre grecque X, ou croix de Saint André» Que ce fut un emblème symbolique d’un «rang» mongol, un signe des chamans qui les accompagnaient et dont une mauvaise interprétation fit une croix, ou la figure de ralliement en croix réelle d’un groupe de Nestoriens inclus dans l’armée mongole où ils étaient nombreux, il convient de considérer cette anecdote comme n’étant qu’une mauvaise excuse des vaincus, en l’occurence quelque général géorgien s’abritant derrière ce fait pour expliquer ou tenter d’expliquer sa défaite et pour s’excuser auprès de sa Reine Pour sa part celle-ci se montrait peu avisée en le prenant au sérieux et en écrivant la lettre dont nous avons parlé, y moins qu’elle n’ait pensé que cela pouvait conduire le Pape et la Chrétienté à s’occuper plus sûrement de son affaire, ce qui en ce cas n’eut pas l’effet escompté Du reste, en toute cette histoire de l’occupation mongole de la Géorgie on verra aller de pair, et souvent en prépondérance, diplomatie et combats La Reine Russudan ne s’y montra pas particulièrement habile puisqu’elle n’y récolta aucun résultat heureux M Déribfrf ’ Histoire Secrète des Mongols 4 J Lamb. Gcngis Khan. Stock. Paris, 1929
LA COLONISATION GRECQUE DU LITTORAL DE LA COLCHIDE Depuis déjà plus de quarante ans, les chercheurs scientifiques étudient le problème de la colonisation grecque du littoral oriental de la mer Noire, au cours des deux dernières décennies, l’on assiste à une intensification des travaux de recherche du fait du nouveau tournant sur lequel ils se trouvent engagés à la suite de la découverte de nouveaux matériaux archéologiques, mis au jour au cours des fouilles qui se sont poursuivies sans relâche sur les emplacements des villes antiques de Colchide (dans les environs de Soukhoumi, de Poti, de Kobouleti-Pitchvnari, sur les lieux de la forteresse de Batoumi), matériaux qui s’ajoutent aux monuments archéologiques précédemment découverts à Otchamtchiré et qui ont déjà donné matière à des publications. Dans le présent article le problème de la colonisation grecque du rivage de la Colchide est à l’étude principalement sur la base de matériaux archéologiques ci-dessus mentionnés. L’analyse des sources écrites historiques (en l’occurence, les informations fournies par les auteurs gréco-romains) en constitue une partie importante. Elle nous a permis d’arriver à la conclusion que les textes des auteurs de f Antiquité, relatifs à l’histoire et à la géographie, recèlent aussi bon nombre de données permettant d’éclairer d’un jour nouveau certains aspects du problème que nous traitons. Bien que la plupart des informations parvenues jusqu’à nous présen- tent un caractère schématique et fragmentaire, une analyse minutieuse de leurs origines et leur confrontation avec d’autres données (notamment, archéologi- ques et numismatiques) permettent cependant d’y déceler des éléments de vérité historique. Aussi, estimons-nous qu’après l’examen critique qui s’impose, les témoignages écrits dont nous venons de parler, doivent, sans aucun doute, être pris en considération et utilisés dans la mesure du possible pour l’étude des relations entre le monde grec et le rivage oriental de la mer Noire, car ils constituent une des sources fondamentales de ces dernières. Toutefois, à l’étape actuelle des recherches, quand se trouvent déjà rassem- blés d’importants matériaux archéologiques, il apparaît manifestement que, de ces sources écrites gréco-romaines, se dégage une image, peut-être même substantielle, mais cela ne constitue que quelques épisodes de l’histoire de la colonisation du littoral de la Colchide Le processus de colonisation se révèle infiniment plus complexe, comporte de bien plus nombreux aspects qu’on ne
202 M INADZÉ pouvait l’imaginer en se fondant sur les données écrites fragmentaires qui étaient jusqu’alors en notre possession. C’est au cours des travaux de recherche que naissent nombre de questions qui ne se résolvent pas uniquement à base de matériaux concrets (souvent limités à un domaine) ci-dessus mentionnés, mais exigent que l’on embrasse le processus de la grande colonisation grecque dans son ensemble, et que l’on examine sa manifestation dans des régions distinctes. A cet égard, sont d’un grand prix les travaux des chercheurs soviétiques et étrangers, dans lesquels le problème en question est envisagé au niveau le plus récent de la recherche scientifique' d’énormes matériaux archéologiques relatifs à la colonisation hellénique des bords de la mer Noire et de la mer Méditerranée y font l’objet d’un examen serré d’où sont tirées des vues d’ensemble, permettant une nou- velle approche dans la solution de toute une série de problèmes généraux dans le domaine de la colonisation grecque1. La mise au jour continuelle sur le rivage de la Colchide (à Pitchvnan, sur les lieux de la forteresse de Batoumi, à Tsikhisdziri, dans les environs de l’antique Phasis — la localité de Simagré) de céramiques anciennes d’importation, dont le nombre croît d’année en année (fragments de poteries anciennes — remontant à la fin du VIIe, première moitié du VIe s. avant notre ère —, amphores de Chio, objets de céramique ioniens, ornés de bandes rouge foncé, céramiques de la classe Kamir, dis à «dessins rhodiens-ioniens», et autres)2, permet de supposer que ce sont des villes-états du monde grec oriental (Milet, Chio, Rhodes) qui prirent une part active à la mise en valeur commerciale et économique de la bande côtière de la Colchide. C’est cependant à Milet que revient le rôle prépondérant dans la colonisation de cette contrée, comme en témoignent, outre les matériaux archéologiques et la tradition littéraire trans- mise dans les écrits d’auteurs antiques (Héraclide, le Pseudo-Scymnius, Pomponius Mêla, Flavius Arnen3, et d’autres encore), des monuments numis- matiques (didrachmes colchidiens de type archaïque, où est représenté, sur le 1 Cf Recueil d'articles «Les problèmes de la colonisation grecque du littoral nord et oriental de la mer Noire Les matériaux du Ier symposium de toute l'Union de l’ancienne histoire du littoral de la mer Noire Tskhaltoubo — 1977, Tbilissi, 1979 (en russe) G Vallet, La cité et son territoire dans les colonies grecques d’Occident, Napoli, 1968, G Vallet et F Villard, Les Phocéens en Méditerranée Occidentale à l’époque archaïque et la fondation de Hyéle, « La Parola del Passato, CVII-CX, 1966» etc 2 O D Lordkipanidzé, Le monde antique et la Colchide, Tbilissi, 1966, p 73 (en géorgien, résumé en anglais et en russe), O D Lordkipanidzé, La Géorgie et le Monde Grec, BCH, XCVIII, 1974 T K Mikéladzé, L'exploration archéologique dans le plat pays de Rioni, Tbilissi, 1978 (en géorgien), A I Kachidze, Les villes du rivage de la Géorgie à l'époque antique, Tbilissi, 1971, p 112, 113 (en géorgien) 3 Héraclide XVIII ««Paouivmv ttokireia», Pseudo-Scymnius, Peneg. §3, Pomponius Mêla, De chorographia, 1 110, Flavius Arrien, Periplus, 6
COLONISATION GRECQUE DU LITTORAL DE LA COLCHIDE 203 côté face, un lion couché, la gueule ouverte, réplique exacte du lion du statère de Milet4) ainsi que l’adoption dans les colonies ici fondées des cultes des Dioscures et d’Apollon, si populaires à Milet. A en juger des toutes dernières découvertes archéologiques faites à Echeri (localité située à 10 km de Soukhoumi)5, à une époque assez reculée, la Colchide du Nord, et, avec elle, la région centrale, étaient dans la sphère des intérêts commerciaux de colonisation de Milet et d’autres centres ioniens Ces mêmes éléments confirment que les processus de colonisation du rivage de la Colchide et d’autres régions du Pont se sont déroulés dans un même cadre chronologique qui s’étend, dans ses grandes lignes, de la fin du VIIe à la seconde moitié du VIe s. avant notre ère; cette colonisation se voit conditionnée par de nouveaux facteurs apparus à cette époque à Milet (dévastation et diminution des terres arables de la cité, aggravation des luttes sociales, etc.). Les résultats des récentes fouilles archéologiques poursuivies dans la partie sud-ouest de la Colchide6, permettent d’établir que, dans la période qui englobe la fin du VIIe et la première moitié du VIe s. avant notre ère, des établissements ioniens avaient également été fondés dans les régions métallifè- res du nord du bassin du cours inférieur du Tchoroch, sises sur l’emplacement de Pitchvnan, de la forteresse de Batoumi et de Tsikhisdzin Toutefois, l’on ne trouve dans les écrits des auteurs antiques aucune allusion à ces établissements ioniens (exception faite, peut-être, de la colonie urbanisée sur l’emplacement de la forteresse de Batoumi, que certains chercheurs identifient à BaOéct mention- né par Pseudo Aristote7). Cette absence, dans les dits écrits de quelque relation concernant l’activité colonisatrice de Milet dans la région sud-ouest de la Colchide ne pouvait manquer de susciter l’intérêt à cet endroit des chercheurs scientifiques. Ce mutisme des auteurs anciens peut s’expliquer soit par une omission fortuite de leur part, soit encore par le fait que la fondation de ces établissements, à la différence de celle de Phasis et de Dioscunas, n’était pas directement liée à l’activité colonisatrice de Milet, et, par conséquent, qu’il s’agissait en fait simplement de comptoirs commerciaux de moindre importan- ce, établis par certains centres ioniens afin de drainer les ressources naturelles de la région (principalement les métaux). 4 Cf pour plus de détails M P Inadzé, Les villes littorales de l’ancienne Colchide, Tbilissi, 1968, p 167-169, (en russe, résumé en anglais), A I Boltounova, Colchidki, Voprossy drevney istony, 1973, p 98-100 (en russe), G Doundoua, Pour la genèse des monnaies colchidiennes avec la représentation du lion, «Matsné», la séné d’histoire, Tbilissi, 1972, 1, p 56-71 (en géorgien) 5 G Chamba, L’ancienne cité d'Echeri, Tbilissi, 1980 (en russe) A 1 Kachidzé. Les fouilles archéologiques de Pitchvnari et certaines questions de la colonisation grecque du littoral oriental de la mer Noire Cf Les problèmes , Tskhaltoubo — 1977, p 311-317 (en russe) T S Kauoukhtchichvili, Les renseignements des écrivains grecs sur la Géorgie, II Tbilissi, 1969, p 10-12 (en russe)
204 M INADZÈ Dans une telle conjoncture, il y a lieu de s’interroger sur l’importance de Sinope, le rôle qui lui était dévolu lors de la mainmise des Grecs sur le sud-ouest de la Colchide, et sa contribution à la fondation d’établissements ioniens, puisque cette ville, à l’époque, était le centre commercial de transit le plus important de tout le littoral sud du Pont, commandant donc l’accès, en vue de leur colonisation, des régions orientales, riches en minerai de fer8 II est parfaitement plausible que Sinope qui ne cessait d’élargir ses relations écono- miques, ait étendu son influence aux régions sud-ouest de la Colchide, lesquelles jouxtaient les territoires où s’exerçait si activement son œuvre colonisatrice Les travaux de recherche archéologique qui ont été effectués en de nombreux points échelonnés le long de la côte de l’ancienne Colchide (dans les environs de Soukhoumi, à Echen, dans les environs de Poti, à Pitchvnan, sur l’emplacement de la forteresse de Batoumi), ont permis d’affirmer qu’une population dense vivait aux alentours des territoires des colonies helléniques, et cela bien avant l’arrivée en ces lieux des colons (fin du IIe millénaire-premiers siècles du 1er millénaire avant notre ère), son niveau de développement économique et social s’avère avoir été suffisamment élevé, après l’arrivée des colons grecs, elle resta sur place, consacrant ses activités au travail de la terre, à celui du métal, à l’artisanat d’art et à la poterie, à la pêche et à d’autres branches de production dépendant étroitement du voisinage de la mer9 L’on relève dans la littérature scientifique spécialisée, l’opinion selon laquelle la vie publique dans le sud-ouest de la Colchide évolue au cours de l’avancée colonisatrice des Grecs en direction du rivage oriental de la mer Noire, et atteint un niveau sensiblement élevé, comparé à celui des peuplades des régions du Centre, et surtout du Nord du pays, c’est cet état de choses qui conditionne la fondation dans les parties centrale et septentrionale du bord de mer de colonies (apoïkias) milésiennes de Phasis et de Dioscurias, tandis que l’on ne voyait naître dans les régions du sud-ouest de la Colchide que des comptoirs commerciaux de moindre envergure (A. L Boltounova)10. Cependant, lorsqu’on confronte les résultats des fouilles archéologiques de Pitchvnan avec les matériaux mis au jour dans les environs de Soukhoumi (Gouad-Ikhou, Krasnyi Maïak, Mont de Soukhoumi)11 ainsi qu’à Echen12, il 8 M I Maksimova, Les villes antiques du littoral sud-onental de la mer Noire, M-L 1956 (en russe), I V Brachynskiy, Sinope et la Colchide, Les questions de l’histoire ancienne, Tbilissi. 1975 p 180 (en russe) 9 Cf pour plus de détails la monographie de M P Inadze cité supra, p 132-136 10 A I Boltounova, Les apoïkias hellènes et la population indigène de la Colchide Les Problèmes , Tschaltoubo-1977, p 256 11 M M Trapch, Ancienne Soukhoumi. Troudy, 2, Soukhoumi, 1969 (en russe), G Chamba L'ancienne cité d’Echen, Tbilissi, 1980 (en russe) 12 G K Chamba, L’ancienne cité d’Echeri, Tbilissi, 1980 (en russe)
COLONISATION GRÈCQUE DU LITTORAL DE LA COLCHIDE 205 semble qu’on ne note point de différence essentielle, quant au niveau de développement des branches principales de la production (artisanat), agricultu- re etc.), entre la population du Sud et celle du Nord, sans parler même de celle du Centre de la Colchide Ainsi, par exemple, on observe, dans les alentours de la baie de Soukhoumi, de même que dans la Colchide méridionale, la consécration des outils de fer, suite à une large mise en valeur de la production du fer (VIIF-VIF s. avant notre ère). La découverte sur les territoires de Krasnyi Maïak et d’Echeri d’objets de fer dont les formes répètent fidèlement celles des outils de bronze, produits ici même, — leur filiation est indubitable —, confirme l’existence, dans les environs de Soukhoumi, d’un important foyer métallurgique où étaient travaillés non seulement le bronze, mais aussi le fer. L’on constale également que la population indigène des environ de Soukhoumi utilisait déjà en des temps reculés (VIF-VIe s. avant notre ère) des tours pour la fabrication de ses poteries. Il s’agit là d’autant de faits qui devaient immanquablement entraîner une évolution sociale et economique radicale de la société locale et, partant, la désagrégation de l’ordre tribal13. Effectivement, à en juger d’après l’inventaire funéraire des nécropoles de Krasnyi Maïak, les habitants des abords de la baie de Soukhoumi constituent véritablement, dans la période de pré-colonisation, une société suffisamment différenciée sur le plan de la possession des biens14. Par ailleurs, on note dans les environs de Soukhoumi, comme sur le territoire de Pitchvnan, une concentration de la population locale et un développement constant des agglomérations Tout au long du premier millénaire, et ce jusqu’au IF s. avant notre ère, les aborigènes en constituent la population non seulement le long de la bande côtière (Krasnyi Maïak), mais aussi sur les hauteurs entourant la baie de Soukhoumi (Mont de Soukhoumi, Gouad-Ikhou, Letchop, emplacement de l’actuel jardin botanique de Soukhoumi, et en d’autres lieux)15. De plus, les chercheurs ont été vivement intéressés par la ressemblance frappante que présentent les monuments archéologiques découverts dans les environs de Soukhoumi et à Echeri, avec le matériel culturel colchidien pris dans son ensemble (armes et outils, fibules ouvragées, diadèmes, céramiques, identité des formes et de l’ornementation des objets de terre cuite des régions centrale et méridionale de la Colchide). Tous ces monuments qui s’insèrent dans le cadre de la culture colchidienne, témoignent de l’existence de relations 13 M P Inadzé, La colonisation grecque du littoral oriental de la mer Noire, Tbilissi, 1982, p 106-114 (en géorgien, résumé en russe et en français) G T Kvirkvelia, La population indigène dans les alentours de la baie de Soukhoumi Les problèmes , Tskhaltoubo — 1977, p 317-322 (en russe) M P Inadzé, La colonisation grecque , p 114, 115
206 M INADZÉ étroites entre la société locale des régions indiquées du nord-est du littoral de la mer Noire et le monde colchidien dont elle faisait partie intégrante16. La seule différence qui se manifestait entre la population locale vivant autour de la baie de Soukhoumi et les sociétés de Phasis et de Pitchvnari, résidait en la présence du monde tribal qui environnait la première, et qui se composait d’unités ethniques diverses, socialement et économiquement peu évoluées en comparaison avec elle, animées d’un esprit belliqueux et portées à la piraterie, cet environnement ne pouvait manquer de rejaillir sur la population indigène des alentours de Soukhoumi et d’Echen et contribua à maintenir chez elle des traditions de caractère tribal (abondance d’armes dans les inventaires funérai- res, etc...). Cependant, la population locale de la baie de Soukhoumi nous apparaît comme un peuple pacifique, absorbé par un labeur intensif. Un fait corrobore encore ce qui vient d’être dit, à savoir que les Milésiens aient pris la décision d’établir une colonie dans leur voisinage immédiat, à côté des agglomérations denses existant autour de ladite baie. C’est un tableau analogue qui se dégage des résultats des toutes dernières recherches archéologiques qui ont été poursuivies dans les parties méridionale et centrale du littoral de la Colchide (Pitchvnari, emplacement de la forteresse de Batoumi, embouchure du Rioni), où des colonies et des comptoirs commer- ciaux ioniens avaient également été fondés en présence d’une forte population locale agricole, dont les activités s’étendaient à une production artisanale diversifiée et de haute maîtrise, et chez laquelle se dessinait déjà, avant l’arrivée des Grecs, une propension à constituer des centres d’échange, autour desquels essaimaient des groupes plus restreints d’habitants. Sur la base de l’étude des matériaux mentionnés précédemment, nous sommes arrivé à la conclusion que les colonies ioniennes, tant celles du sud et du centre que celles du nord de la Colchide, avaient été implantées dans un but de commerce et que leurs relations avec la population indigène étaient essentiellement pacifiques. C’est par l’intermédiaire de ces colonies que les Milésiens élargirent considérablement leurs sources d’approvisionnement en métaux, principalement en fer. Parallèlement, ces centres servaient à écouler la production de céramique des villes ioniennes. Ultérieurement, à l’exportation de la poterie, s’ajouta celle du lin, des tissus de lin de haute qualité, des bois précieux, entre autres. Il est permis de penser que les Ioniens obtenaient ces richesses naturelles et les exportaient avec la collaboration de la population locale, notamment par voie d’échange contre des produits d’importation. Les besoins en produits agricoles des colons étaient en majorité assurés par troc avec les aborigènes 16 La monographie de M P Inadzé citée supra, p 114
COLONISATION GRECQUE DU LITTORAL DE LA COLCHIDE 207 vivant dans les environs des villes Nous n’avons aucune donnée nous permettant de préciser dans quelle mesure se faisait éventuellement sentir l’expansion des colonies ioniennes de Colchide sur les territoires environnants, à l’époque première de leur histoire, et quels rapports de dépendance pouvait avoir avec elles la population indigène Au contraire, toutes les preuves archéologiques en notre possession parlent contre la possibilité, à cette époque en Colchide, de voir s’établir des «apoïkias» grecques indépendantes, fondées sur le principe de la propriété terrienne, considérée comme propriété supérieu- re de toute la collectivité des citoyens, c’est-à-dire sur le principe de la polis, avec son organisation complexe et stricte de la surface du sol, tant dans les limites de la ville q'u’au-delà des murs d’enceinte. Une telle éventualité était certes exclue dans la partie centrale du rivage de la Colchide en raison des conditions naturelles de la région — marécages et sol envasé dont le labourage supposait une longue expérience agricole et exigeait des efforts immenses Les matériaux archéologiques des nécropoles grecques de Pitchvnari, remon- tant au Ve s. avant notre èie, confirment que le commerce n’était pas la seule activité de la population hellène des villes côtières de Colchide ; les artisans grecs travaillaient principalement pour la construction navale, pour la préparation des matériaux nécessaires à cette dernière (confection de toile pour les voiles des navires, de cordages, etc ), dans le domaine de la poterie, il est à présumer que des maîtres grecs œuvraient aux côtés d’artisans locaux Les conjonctures politiques existant dans le pays au VIe s avant notre ère, mettaient obstacle, selon toute vraisemblance, à la naissance et au développe- ment en Colchide, dans la haute antiquité, de polis grecques autonomes, à organisation politique et militaire indépendante — les peuplades indigènes vivant sous l’hégémonie colchidienne poursuivaient leur consolidation dont le processus devait s’achever dans la seconde moitié de ce siècle avec la création de cette union de peuplades, peut-être précairement centralisée, mais cependant suffisamment puissante, qu’était l’empire de Colchide17 Les facteurs ci-dessus mentionnés auraient dû limiter les possibilités et l’envergure de l’activité colonisatrice de Milet sur tout le littoral de la Colchide18 En nous basant sur le «Politea des Phasiens», attribué à Aristote (IVe s. avant notre ère), et sur des faits concrets de l’histoire de la grande colonisation grecque, qui nous apprennent que l’organisation administrative municipale, 1 ordre étatique, étaient spécifiques non seulement aux «apoikias-polis» de caractère agraire, mais à de nombreuses colonies de commerce (telles Massalia, 17 M P Inadzé, Les villes littorales . p 158-173 G A Mélikichvili, Les questions de l'ancienne histoire de Géorgie. Tbilissi, 1959, p 244,245 (en russe)
208 M INADZÉ Ampuna, et d’autres)19, nous pouvons en déduire que les colons grecs de Phasis et de Dioscurias possédaient des formes déterminées d’administration, qui, bien que de leur époque, reflétaient l’influence des institutions locales, et que les règlements avaient dû subir des modifications, acquérant ainsi un caractère propre, à l’exemple de ce qui avait eu lieu dans nombre de villes de la périphérie du monde antique à peuplement hétérogène et qui offraient des formes gréco-barbares d’organisation municipale (cf. Strabon, IV, 1, 5) C’est dans cet ordre de pensée qu’un passage du «Politea des Phasiens» a retenu notre attention, il y est dit que les Milésiens sont si hospitaliers qu’ils ravitaillent les équipages des navires échoués et que ceux-ci, en retour, payent (aux Phasiens) la somme de 3 mines avant de reprendre la mer20. L’analyse des détails de ce passage laisse supposer que les arrêtés et réglements publics en vigueur à Phasis prenaient en considération, d’une part, les intérêts économi- ques des Milésiens (aide aux commerçants venus de divers centres du monde antique et victimes d’échouage à l’embouchure du Phase), et d’autre part, les coutumes et règles de la population locale (dans le cas donné, la survivance du droit, dit côtier, de prélèvement sur les navires échoués d’une partie de la valeur de la cargaison — 3 mines) Selon nous, après ce qui vient d’être exposé, l’on peut dire que de l’extrait du «Politea des Phasiens» se dégage l’un des traits caractéristiques du régime municipal propre à la ville de Phasis, à savoir un mélange d’institutions et de règles publiques helléniques et locales C’est cette particularité qui incita Aristote, qui nous a donné des relations sur les polis à régime municipal spécifique, à en écrire une sur celle des Phasiens21 Cette coexistence avec la population indigène devait certainement faire rejaillir l’influence de l’environnement local sur d’autres aspects de l’ad- ministration municipale, en les modifiant (frappe de la monnaie); il en est de même des mœurs (rituels funéraires) et des cultes que les colons grecs avaient apportés avec eux Avec le temps, la composition ethnique et le mode de vie économique des colonies grecques de la bande côtière orientale de la mer Noire se transformait également. L’étude des informations fournies par Plutarque22 et d’autres auteurs 19 Cf pour plus de détails Jean Bérard, L'expansion et la colonisation grecque jusqu aux guerres médiques, Paris, 1960, p 63, G Vallet et F Villard. Les Phocéens en Méditerranée Occidentale à l’époque archaïque, p 183, 184, R Martin, Rapports entre les structures urbaines et les modes de division d'exploitation du territoire Problèmes de la terre en Grèce ancienne Pans-I a Haye, MCMLXXIII. p 99. 100 20 T S Kaoukhthichvili, Héraclide et ses renseignements sur la Géorgie «La philologie orientale», 1, 1969, p 189-191 (en géorgien) 21 Cf pour plus de détails M P Inadzé, La colonisation grecque . p 29-37, 188-196 22 Plut, Periclus, XX (Plutarch's Lives with an english translation by Bernadette Persin 1H London, 1958, p 60-62
COLONISATION GRÈCQUE DU LITTORAL DE LA COLCHIDE 209 anciens23, ainsi que le bilan des fouilles archéologiques de Pitchvnari, d'Echeri et d’Otchamtchiré (l’ancien Hyénos), qui confirme l’existence en ces lieux, vers le milieu du Ve s. avant notre ère, d’établissements grecs assez importants où la céramique attique tient une place dominante, nous amènent à tirer la conclu- sion qu’avant la guerre du Péloponèse, les Athéniens (sous le gouvernement de périclès), dont le souci majeur était de consolider leur puissance sur les mers en renforçant leur flotte, s’efforçaient de raffermir leurs positions économiques et politiques dans les régions orientale et sud-orientale du rivage de la mer Noire, riches en matériaux indispensables à la construction navale, en fondant leurs clérouques à Amisus et à Sinope, et, grâce à ces dernières, se créaient des points d’appui, sous forme de comptoirs de commerce (facton) importants sur les territoires de Pitchvnari, d’Otchamtchiré (l’ancien Hyénos), de Soukhoumi et d’Echeri (près de l’ancien Dioscunas)24 Après l’afflux dans ces aggloméra- tions de nouvelles vagues de colons, venant d’Attique, on note l’apparition de nouveaux quartiers grecs — avec leurs nécropoles —, dans les zones périphéri- ques des établissements antérieurs, et l’on remarque aussi une profonde différenciation dans la société des colons où se détache alors nettement une aristocratie aisée de marchands25 Ces cités engagent, comme il apparaît, leurs relations commerciales avec le monde extérieur en de nouvelles directions, du fait de l’instauration de l’hégémonie d’Athènes sur le marché de la mer Noire Cependant, dans la mesure où les données en notre possession permettent de se faire une idée sur ce qu’il en était de la vie culturelle dans les colonies milésiennes du littoral de la Colchide, on note une stabilité, une continuité des traditions de vénération des cultes milésiens, et l’utilisation de l’écriture et du dialecte ioniens. Ceci s’explique vraisemblablement, d’une part, par les fortes impul- sions culturelles initiales, et, d’autre part, par les relations ultérieures des colonies milésiennes (Phasis et Dioscurias) avec les centres ioniens. Il est permis de penser que c’est à la perte par les Athéniens de leurs positions sur les marchés prépontiques et à l’extension de l’activité commerciale des cités du nord de l’Asie Mineure, en particulier de Sinope, qu’est due la fondation, dans quelques villes colchidiennes du bord de la mer Noire (Pitchvnari, Dioscourias et d’autres) des comptoirs commerciaux sinopiens, que tenaient des représentants des ethnies grecques d’Asie Mineure26. Cette migration de maîtres-artisans et de commerçants de Sinope et d’autre villes du sud du Pont Thuc , IV, 75, Diod , Bibl , XII, 72, 4, Jusl , Epil Historiae Philipiea. XVI, 3 M P Inadzé, Athènes et le rivage oriental de la mer Noire (à la seconde moitié du Ve s avant notre ère), «Matsné», la sene d'histoire, Tbilissi. 1975, p 44-63 (en géorgien, résume en russe) , AI Kachidzé, Le littoral oriental de la mer Noire à l'epoque antique, Tbilissi, 1981 'Autorepherate doctorscoy dissertaciy (en russe) Cf pour plus de détails M P Inadzé, La colonisation grecque p 171. 172
210 M INADZÉ vers le rivage de la Colchide, et leur étroite coexistence ultérieure avec la population locale, accélérèrent notablement l’hellénisation de cette dernière, hellénisation qui se manifeste par l’apparition de multiples formes de poteries exécutées à l'imitation de modèles de Sinope et d’autres villes grecques d’Asie Mineure, par l’emprunt de certains éléments à l’organisation de la production céramique (contrôle de la municipalité sur la production des tares de cérami- que), par la propagation des cérémonies religieuses grecques (rites funéraires) etc Les matériaux archéologiques mis au jour à Echen et Gvandra, attestent qu’à l’époque préhellénique l’on fabnquait dans les environs de Dioscurias des amphores portant le sceau de AIOSKOY27, ce qui indique que la production potière de cette ville était estampillée, qu’elle relevait donc de la ttôZiç, de même, les inscriptions nouvellement découvertes à Echeri, les fragments d’écrits grecs sur plaques de bronze28 et des pièces numismatiques29 permettent de cerner de plus près les caractères de la colonie grecque de Dioscounas et ses rapports avec la population locale pendant la période hellénistique Bien qu’elle dépendît dans une certaine mesure de l’autorité impénale de la contrée, elle nous apparaît comme possédant sa propre organisation administrative de la communauté. De plus, l’on doit présumer qu’une zone agricole s’était constituée, à l’époque hellénistique, autour de Dioscounas, qui exerçait sur elle un contrôle économique. Les nouvelles découvertes faites à Echeri révèlent qu’il existait au IVe s. avant notre ère, sur cet emplacement, une localité urbanisée à population mixte d’aborigènes et de Grecs, qui, selon toute vraisemblance, faisait partie de la «chora» de Dioscunas et jouait un rôle non négligeable dans sa vie politique et dans ses rapports avec la société locale En dépit de certains de ses aspects, propres à la ttôZiç, Dioscounas, à l’époque hellénistique, manifeste nettement la présence de deux éléments coexistants — l’élément grec et l’élément local. Il est indubitable que la population indigène prenait une part active à la vie de la cité, à l’œuvre artisanale, ce qui conférait et à la vie économique de la ville, et à son organisation sociale et politique, sa spécificité30 31. Les caractéristiques deviennent encore plus frappantes à Dioscounas vers la fin de la pénode hellénistique, lorsque le roi du Pont, Mithridate, anéantit le pouvoir impérial de Colchide3’, et que les villes 27 M M Trapch, Dioscounas, Trudy 2, p 222-223 28 G K Chamba, L’ancienne cité à Echeri, p 55 29 Cf pour plus de details l’article de K V Golenko, Le nouveau type des monnaies du roi Sav(lak), «Soobchenie AN GSSR», v XXV, N 1, 1960 30 Cf M P Inadzé, Les villes littorales de l’ancienne Colchide, p 128-142, 188-196 31 M P Inadzé. Le travail cité supra, p 227-233, G A Lordkipanidzé, Pour l’histoire ancienne de la Colchide. Tbilissi, 1970 (en russe)
COLONISATION GRÈCQUE DU LITTORAL DE LA COLCHIDE 21] acquirent le droit à l’autonomie (monnaie frappée au nom de Dioscurias)32 II faut remarquer cependant que même sous Mithridate, Dioscurias ne jouit pas d’une réelle autarcie car, soumise au royaume du Pont, elle constituait pour lui une base d’appui et servait ses intérêts politiques et économiques Ainsi donc, les éléments en notre possession permettent de présumer que les colonies grecques du littoral de la Colchide subirent des changements sur divers plans au cours du long processus de leur évolution. Ces changements tenaient à l’arrivée des diverses vagues de colons grecs, aux divers centres d’où partait la colonisation, aux causes qui la déterminaient et la dirigeaient au cours de son histoire, aux rapports qui s’établissaient entre les Grecs (Ioniens, Attiques, Sinopiens, etc. .) et la population aborigène au sein de laquelle naissaient les colonies. Par ailleurs, bien que fondées dans le cadre de la même situation démographique, ce qui déterminait en elles bien des traits communs, chacune de ces colonies helléniques eut son propre destin et suivit sa voie particulière d’évolution. M. P. Inadzé Docteur en histoire K V Golenko, La circulation monétaire de la Colchide a l’époque romaine, L , 1964, p 20
ÔSTERREICH1SCH-GEORG1SCHE KULTUR UND LITERATURBEZIEHUNGEN Ôsterreichisch-georgische Beziehungen reichen zuruck bis in die zueite Halfte des 14. Jahrhunderts' gemeint ist der letzte Minnesânger und zugleich Überwinder des Minnesangs, der bedeutendste lyrische Dichter des spàien Hochmittelalters aus einem Sudtiroler Rittergeschlecht, Oswald von Wolken- stein, der, wie bekannt, mit 10 Jahren dem Elternhaus entlief und dessen Wanderleben und Irrfahrten ihn bis nach Géorgien führten Wie bekannt, wurde er im Schwarzen Meer schiffbrüchig. In einen Gedicht von Oswald von Wolkenstein lesen wir Durch Barbarei, Arabia Durch Harmanei in Persia, Durch Tartarei in Suria, Durch Romanei in Türrgia, Iheria. Der Sprüng hab’ich vergessen Durch Preussen, Reussen, Eiffenland, Gen Litto, Liffen, ùbern Strand .. Der Name des alten Géorgiens lautet Iberien (Iberia) (Spâter ist Iwenen nachweisbar)1 Iberia hieB im Mittelalter auch Irland, aber am Schwarzen Meer, in der Nâhe von Persien, Arménien und Krim befindet sich weder keltisch Irland, noch die Iherische Halbinsel, sondern georgisch Iberien Der erste Europaer also, der Géorgien besuchte und daruber schrieb, war Oswald von Wolkenstein, der Ritter und Minnesânger aus Tirol Als zweite Stufe in den ôsterreichisch-georgischen Beziehungen kônnen wir die Versuche der georgischen Kônige betrachten, die mit ôsterreichischen Kaisern zwischenstaatliche Beziehungen aufzunehmen versuchten- gemeint sind die Schreiben des georgischen Kônigs Wachtang des VI an den ôsterrei- chischen Kaiser Karl VI (29.November 1722) und seinen Botschafter in Konstantinopel-Dirling (20.November 1722). Es erhielten sich auch die Schrei- ben des anderen georgischen Kônigs, Irakli des IL, an der Kaiser von Ôsterreich, Joseph II, (18.Oktober 1782). Unsere Kônige versuchten mit den ôsterreichischen Monarchen Kontakt, zwischenstaatliche Beziehungen aufzu- nehmen — es war eine der ÀuBerungen der west-europàischen Orientierung unserer Kônige, die sich von Moslems stets bedràngt und bedroht fühlten Sie baten um Hilfe und Unterstützung, da Mohammedaner ihr Land ununterbro- ’ Siehe Ulrich Muller, Dichtung und «Wahrheit» in den Liedern Oswalds von Wolkenstein Die autobiographischen Lieder von den Reisen, Gôttingen 1968, Schota Rewischwili, Deutsch- georgische Studien, Tbilissi 1977
ÔSTERREICHISCH-GEORGISCHE beziehungen 213 chen überfielen und verwusteten (Diese Schreiben sind im Ôsterreichischen Staatsarchiv aufbewahrt)2. Im Jahre 1798 erschien in Wien das Buch Franz Cari Alters, der an der (jniversitât Wien als Lektor tâtig war — «Über die georgianische Litteratur» 1799 wurde wieder in Wien ein neues Buch desselben Autors, «Philologisch- kritische Miscellaneen», publiziert, in dem es spezielle Ahschnitte über die georgianische (d.h. georgische) Sprache gab Im ersten Buch wurde ein kurzer AbriB der Geschichte der alten georgischen geistlichen Literatur gegeben Das waren die ersten europàischen wissenschaftlichen Arbeiten uber die georgische Literatur und Sprache. Sie schufen die ersten Grundlagen für ôsterreichisch-georgische kulturelle und literarische Beziehungen. Alter kônnen wir also als Begründer der europàischen Georgistik betrachten. In Franz Grillparzers dramatischer Trilogie «Das Goldene VlieB» (1822), die aus drei Einzelstùcken besteht («Der Gastfreund- ein Akt», «Die Argonau- ten» vier Akte und «Medea» — fünf Akte), spielt die Handlung in den ersten zwei Stücken im alten Géorgien, in Kolchis und die Hauptfigur der Trilogie ist eine Georgierin, eine Kolcherin — Medea (die Première dieser Stùckes fand in Wien im Burgtheater ara 26. und 27 Mârz 1821 statt). Neun Jahre lang (1876-1885) lebte in Géorgien die beruhmteste Ôsterreiche- rin, weltbekannte Friedenskàmpferin, leidenschaftliche Agitatorin, politische Journalistin, groBe Pazifistin, künftige Nobelpreistrâgerin Bertha Baronin von Suttner mit ihrem Mann, dem Schriftsteller Arthur Gundaccar von Suttner (wie bekannt, wurde die Verfasserin des Romans— «Die Waffen Nieder!» von den Friedensgegnern, Militaristen und Nationalisten als «Suffragete des Friedens», als palmwedelschwingende «Friedensbertha» verspottet) In Géorgien begann das Ehepaar mit seiner schriftstellerischen Arbeit. Bertha von Suttner hat ihren Aufenthalt in Géorgien ausführlich in ihren «Memoiren» (Deutsche Verlagsanstalt, Stuttgart 1909) geschildert. Sie haben abwechselnd in Gori, Kuthaissi, Tiflis und Zugdidi gelebt Die Suttners verkehrten in den georgischen intellektuellen und literarischen Kreisen des XIX Jahrhunderts. Das Dichterehepaar übertrug ins Deutsche und Franzôsische das georgische Nationalepos, Schotha Rusthawelis Ritterroman — «Der Mann in Panterfell». Diese Übertragungen wurden nie verôffentlicht und man weiB heute nicht, wo sich diese Handschriften befinden (ihr Privatarchiv wird in der Wiener Stadtbibliothek aufbewahrt, ein Teil des schriftstellerischen Nach- lasses der Friedenskàmpferin befindet sich in der Bibliothek der Vereinten Nationen in Genf)- Arthur Gundaccar von Suttner hat mehrere Romane und Erzàhlungen, auch ethnographische Abhandlungen über kaukasische und georgische Themen verfaBt, in denen der Schauplatz Kaukasus und Géorgien und Personen Kaukasier und Georgier sind. Romane — «Daredjan Mingrelisches Sitten- bud», «Schamyl», «Die Tscherkessen», «Ein Aznaour», Erzàhlungen — «Kinder des Kaukasus», zwei Bànde («Mein Nachbar Gudja», «Die Nach- <<Herr Gregor», «Arme Wardo», «Kethewan», «Margalita», «Mingre- ische Hochzeit», «Hadshi Aga Kendi und seine Pfeife», «Am Berg Urta», Siehe Ilia Tabagua, AuBenpolitik Géorgiens in der zweiten Halfte des XVIII Jahrhunderts, loihssi 1979 (georgisch)
214 N KAKABADZÉ «Lizas Gluck», «Suleli»). AuBerdem verôffentlichte er im Jahre 1884 in Tiflis in der russischen Zeitschrift «Kaukasus» eine Reihe von Beitragen über Schotha Rusthawelis Epos «Der Mann im Panterfell» Gundaccar Suttner komponierte auch mehrere Walzer, die georgische Themen betreffen, z B «Thamars Walzer», «Inguri-Walzer» u a Unter seinen ethnographischen Ab- handlungen kônnen wir «Aus Mingrelien» («Ausland», 58, 1885) erwahnen 1964 wurde in Wien Bertha von Suttners Biographie von Beatrix Kempf («Bertha von Suttner. Das Lebensbild einer groBen Frau. Schriftstellerin Politikerin Journalistin», Ôsterreichischer Verlag) verôffentlicht. 1969 hat mir die Verfasserin ihr Buch mit folgender Widmung überreicht: «Auf gute Beziehungen zwischen Ôsterreich und Géorgien im Geiste von Bertha v Suttner. Wien, am 1. Juli 1969. B. Kempf». 1854 erschien wieder in Wien Czernells «Der Kaukasus und seine Vôlker- schaften, deren Kâmpfe etc , nebst Charakteristik Schamils. Mit Karte» Unter den georgistischen Arbeiten H Abichs erwahnen wir ein in Wien 1896 herausgegebenes Buch «Aus kaukasischen Landern. Reisebriefe», hrsg. v seiner Witwe, 2 Bde Man kann zahlreiche Arbeiten von Fr. Müller über die georgische Sprache aufzahlen, darunter. 1. GrundriB der Sprachwissenschaft Bd. 3. Darin: Der südkaukasische Sprachstamm 1887 Wien 2. «Zur Conjugation des georgi- schen Verbums», in: Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Classe der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, Wien 1869 3. «Über den Ursprung der gruzinischen Schrift», in derselben Zeitschrift, Wien 1898. M. Scherwinsky verôffentlichte in «Allgemeiner Bauzeitung» (Wien 1891) «Die Baukunst in Géorgien» 1897 ist in Wien in der «Deutschen Rundschau fur Géographie und Statistik» J. Meurers Abhandlung «Zur Erforschung des Kaukasus» verôffent- licht worden Der bekannte ôsterreichische Sprachwissenschaftler, Professer der Grazer Universitât, ordentlicher Mitglied der Wiener Akademie, Hugo Schuchardt, untersuchte auch die georgische Sprache und widmete diesem Problem zahlrei- che Arbeiten, unter anderen folgende: 1. «Kharthwelische Sprachwissen- schaft», 1-3, In: Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes 10 1887 .2. «Über das Georgische», Wien 1895 3. «Über den passiven Charakter des Transitivs in den kaukasischen Sprachen», in. «Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften. Phil.-hist. Klasse, 133,1, Wien 1895» 4. «Georgi- sche Handschriften in Torre del Greco», In: «Beilage zur Allgemeinen Zeitung», Augsburg u. München 1896 5. «Zur Géographie und Statistik der khartwelischen (südkaukasischen) Sprachen», in • «Petermanns Geographische Mitteilungen», 43, 1897 6 «Das georgische Volk», in. «Beilage zur Allgemei- nen Zeitung», Augsburg u. München 1903 7 «Das georgische Epos Dilariani», in - «Beilage zur Allgemeinen Zeitung», Augsburg u. München 1904 Prof. Hugo Schuchardt stand im Briefwechsel mit dem bedeutenden georgi- schen Schriftsteller des XIX Jahrhunderts, Ilia Tschawtschawadse Es sind nur 5 Briefe von Schuchardt an Tschawtschawadse erhalten (eine auf georgisch, vier auf franzôsisch) Schuchardt war auch mit dem ersten Rektor der Tbilisser Universitât, Petre
OSTERREICHISCH-GEORGISCHE BEZIEHUNGEN 215 Melikischwili befreundet, dem er seine Arbeiten über die georgische Sprache schickte und mit dem er im Briefwechsel stand. Alexander Beschkenadse reiste 1905 zum Studium nach Graz, wo er bei Schuchardt an der Grazer Universitât studierte. Schuchardt grundete einen Zirkel der georgischen Sprache, wo er selber das Altgeorgische, Beschkenadse aber das Neugeorgische unterrichteten Noch heute hângt Hugo Schuchardts Bild in der Tbilisser Universitât. Ich môchte auch die besonderen Verdienste des Wiener Orientalisten Prof Robert Bleichsteiner (1891-1954) um die Entwicklung der deutschsprachigen Georgistik (oder- Georgologie) hervorheben. Seine Arbeiten auf dem Gebiet der georgischen Literatur und Sprache, der Ethnographie und Volkskunde, seine Übersetzungen aus der georgischen Literatur und Volksdichtung ins Deutsche sind in Géorgien allbekannt. Die Aufmerksamkeit der Fachleute haben besonders seine folgenden Untersuchungen auf sich gezogen • 1 «Beitrâ- ge zur Sprach- und Volkskunde des georgischen Stammes der Gurier», in «Caucasica», 7, 1931 2 «Besuch der Universitât von Tbilissi», in - «Wiener Universitâtszeitung», 2,1950, N° 19. 3 «Die Blatterngottheiten und die heilige Barbara im Volksglauben der Georgier», in - «Kultur und Volk», Festschrift für Gustav Gugitz (Verôffentlichungen des ôsterreichischen Muséums für Volkskunde. Wien 5 1954) 4. «Eine georgische Ballade von Amirani», in- Berichte des Forschungsinstituts für Osten und Orient 2, 1918 5. «Eine georgische Erzâhlung über den Râuberhauptmann Kôroghlu», in- Leipziger Vierteljahrsschrift für Südosteuropa, 6, 1942 6 «Géorgien gestern und heute. Eine Fahrt hinter den Kaukasus» Wien 1950 7. «Die georgische Übersetzung von Epiphanius’Edelsteinbuch», in: Jahrbuch der Ôsterreichischen Leogesell- schaft Wien 1930 8. «Der groBe georgische Dichter Nikolos Barataschwili, in: «Die Brücke», 1, 1945. 9. «Kaukasischen Forschungen» t 1 Georgische und mingrelische Texte. Wien 1919 (-Osten und Orient. Reihe 1, Bd. 1/1) Sprich- wôrter, Râtsel, Sagen, Mârchen etc. nebst systematischer Wôrtersammlung der georgischen und mingrelischer Sprache in lateinischer Transkription mit deutscher Übersetzung und Kommentar. 10. «Die kaukasischen Sprachgrup- pe», in: «Anthropos», 32, 1937 11. «Kaukasischer Vôlker Sprachen und Stâmme», in: Eberts Reallexikon der Vorgeschichte. Bd. 6 12. «Die Literatur Géorgiens», in: «Die Brücke», Wien, 3, 1948 13. «Der Mann im Pantherfell». Ein georgischer Minnesang aus dem 12 Jahrhundert, in : Asienberichte 5, 1940 14. «Masken- und Fastnachtsbrâuche bei den Vôlkern des Kaukasus», in. Ôsterreichische Zeitschrift für Volkskunde, 6, 1952 15. «Überblick uber kaukasische Vôlker und Sprachen», in- Berichte des Forschungsinstituts für Osten und Orient 2, 1918 16. «Die Vôlker des Kaukasus», in: Asienberichte 5, 1944, H. 22 17. «Das Volk der Georgier», in: «Die Brücke», Wien 4, 1949 u.a. Aus Bleichsteiners Übersetzungen kann man erwâhnen: 1. «Neue georgi- scher Dichter», Wien 1946 2. Simon Tschikowanis Gedicht, «Herbst morgen in Kachetien», in - «Die Brücke», Wien, 4, 1949 3. Daniel Tschonkadser Roman «Die Burg der Surami», Wien, 1947 4. Galaktion Tabidse’s Gedichte «Pfirsichblüten», in: Revue de kartvélologie 4-5, 1958, Paris, und «Der Hirsch Sieh Heinrich Rohrbacher, Materialien zur georgischen Bibliographie Deutsches Schrifttum Dr Rudolf Habell GMBH Bonn 1981, S 13-14
216 N KAKABADZÉ preist die Weide», in Revue de kartvélologie, 6-7, 1959 6 Tschola Lomtatidses «Legende vom Georgier», in • «Revue de kartvélologie», 2-3, 1957, Paris 1950 kam Bleichsteiner nach Géorgien, um georgische Kultur, georgische Mentah- tât, georgisches Volk unmittelbar zu erleben, um sich mit eigenen Augen von der Richtigkeit seiner theoretischen Thesen und SchluBfolgerungen zu uberzeu- gen Die Leistungen des anderen Ôsterreichers, des Dichters, Übersetzers und Essayisten Hugo Huppert sind auf dem Gebiet der ôsterreichisch-georgischen Beziehungen auch hervorragend von ihm stammt eine der besten europaischen Nachdichtungen von Schotha Rusthawelis Epos, die drei Auflagen erlebt hat Wàhrend seines Aufenthaltes in Géorgien, als er an der Übertragung des georgischen Nationalepos arbeitete, schuf der ôsterreichische Lynker die Gedichtsammlung «Georgischer Wanderstab», in der er das Georgien-Thema lyrisch zu bewàltigen versuchte Nach Osterreich zurückgekehrt hielt Huppert eine Reihe von Vortrâgen uber Géorgien, in der Zeitschrift «Weltbühne» verôffentlichte er eine Sérié von georgischen Impressionen In seinem Buch «Minuten und Momente», Ausgewahlte Publizistik (1978), finden wir zwei «georgische» Beitràge- «Ehrwürdiges Tbilissi Kleine Huldigung» (1959) und «Reporterblick auf Rusthaweli» (1956). Im dritten Teil seiner Autobiographie — «Schach dem Doppelganger» beschreibt Hugo Huppert eingehend seinen Aufenthalt in Géorgien und seine Beziehungen zu seinen georgischen Freunden und Bekannten, unter welchen viele Schriftsteller und Wissenschaftler vorkommen In Hugo Hupperts letzter lyrischer Sammlung «Indizien oder Vollmond auf Bestellung» (1981) steht eines seiner letzten Gedichte — «Im Kaukasus Nach Motiven Irakli Abaschidses». 1925 bereiste «der rasende Reporter» Egon Erwin Kisch die Sowjetunion, einige Tage weilte er auch in Géorgien. 1927 erschien sein Reisebuch «Zaren. Popen, Bolschewiken», in dem zwei Kapitel Géorgien gewidmet sind. Kisch beschreibt das damalige Tiflis, das um diese Zeit halb europâisch, halb asiatisch aussah Es gab in Tiflis noch sog «Kintos», die Hausierer (sie verkauften Grunzeug und Obst) und zugleich Bohémiens, eine Art von «Schlawinern» waren und die, zusammen mit «Karatschoghelis» (Tiflisser Handwerker und Bohémiens) dem alten Tiflis eine spezifische Atmosphâre verliehen hatten. Reiner Maria Rilke spricht in einem Gedicht («Das Stundenbuch», Zweites Buch, Das Buch von der Pilgerschaft» — 1901) von «braunen Fraun von Tiflis und Taschkent». 1932 verôffentlichte der berühmte ôsterreichische Romancier, Robert Neu- mann einen seiner Hauptromane, «Die Macht», dessen Hauptfigur ein Geor- gier namens Gregor Karachieraschwili, gekürzt Karachan ist, der aus Géorgien nach Europa flieht und in Wien ein Jahr lang lebt. Karachan ist ein Naturkind. er fùhlt sich einsam in der Anonymitàt der groBen Stadt Er ist freigebig, Geiz. Habgier und Kramergeist sind ihm wesensfremd Er ist ein «reiner Tor». ein «Màrchen-Dùmmling» à la Parzival — «ein glucklich gewordener Tor» 1928 wurde in Wien «Georgische Gesânge, Text von A. Dirr» publiziert 1929 ist ebenfalls in Wien J Pulner’s «Zur Volkskunde der georgischen Juden» (in Mitteilungen der Gesellschaft zur jüdischen Volkskunde) herausgegeben
ÔSTERREICHISCH-GEORGISCHE BEZIEHUNGEN 217 worden. Man kann auch zwei anthropologischen Arbeiten erwahnen J Weninger, Die Mingrelier aus dem Kaukasus in ihrer anthropologischen Stellung (Wien 1955) und J. Weninger und M Weninger, Anthropologische Beobachtungen an Georgiern. Transkaukasien (Wien 1959) Erwâhnenswert ist vielleicht auch die vom Ôsterreichischen Alpenklub herausgegebene Abhandlung «Zentralkaukasus, westlicher Teil» (in- «Ôster- reichische Alpenzeitung», Folge 1327, Jànner/Februar 1963)4. Jetzt einiges über die georgischen Handschriften, überhaupt über die georgi- schen Materialien, die in Ôsterreich aufbewahrt sind. Im Ôsterreichischen Staatsarchiv (Haus-Hof-und Staatsarchiv) befinden sich zwei Briefe des georgischen Kônigs, Wachtang VI. Georgische Gesânge (Worte und Noten), die von den georgischen Gefange- nen wâhrend des I. Weltkrieges aufgeschrieben wurden, sind im Wiener Phonogramm-Archiv aufbewahrt Materialien über Géorgien gibt es auch in der Bibliothek des armenischen Wiener Mechitharisten-Klosters Georgische Handschriften befinden sich auch in der Wiener Nationalbiblio- thek. 7 Georgische Handschriften sind in der Bibliothek der Universitât Graz aufbewahrt. Es handelt sich um Handschriften aus dem Katharinenkloster auf dem Berge Sinai, die Hugo Schuchardt der Grazer Universitâtsbibliothek vermacht hatte. Es sind liturgische Lesungen aus den Evangelien und Paulus- briefen, Psalter, das Leben Symeons des Narren um Christi willen, die Jakobusliturgie in ihrer altesten Fassung usw5 Dies ist ungefahr der ôsterreichische Beitrag zur Georgistik (im weitesten Sinne des Wortes). Es gibt auch einen anderen Aspekt desselben Themas, und zwar die georgische Rezeption der ôsterreichischen Kultur, der ôsterreichischen Litera- tur und überhaupt des ôsterreichischen Phânomens. 1876 hielt sich in Wien das Volkstanzensemble unter der Leitung von Michael Bethaneli zu Gastspielen auf, etwas spater studierte am Wiener Konservatorium bei Prof. Johann Fuchs die georgische Sângerin Clara Gura- mischwili6. 1910 fuhr der georgische Komponist Irakli Dshabadari nach Wien, um dort Musik zu studieren. 1913 hat er in Wien seine «Georgische Rhapsodie» komponiert7. Thinatin Goziridse studierte am Wiener Konservatorium und gab in Ôster- reich Konzerte. Siehe H Rohrbachers oben genanntes Buch Siehe dazu Gregor Peradze, Über die georgischen Handschriften in Ôsterreich, in Wiener Zeitschrift fur die Kunde des Morgenlandes 47. 1920 (Peradze war Archimandrit und Professer an er Warschauer Universitât), Akaki Schanidse, Georgische Handschriften in Graz, in Zeitschrift er Universitât Tbilissi, 1929, IX (georgisch), W Imnaischwili, Die altgeorgischen Handschriften ,n der Universitâtsbibliothek Graz, in Die Universitât Graz, Jubilaumsband Graz 1977. siehe au<-h Ilia Tabaghuas und Heinrich Rohrbachers oben genannte Bûcher SiehA Zamzischwili, Die georgischen Kunstler im Ausland. Tbilissi 1962. S 79 und derselbe. eimatlose, Tbilissi 1968, S 11 (georgisch) Siehe A Zamzischwili, Der Komponist Irakli Dshabadari, Tbilissi 1966, S 30-31
218 N KAKABADZÉ Viele Georgier studierten in der zweiten Halfte des XIX. Jahrhunderts in den ôsterreichischen Stâdten, aber der bedeutendste und beruhmteste unter ihnen war der kunftige georgische Prosaiker Niko Lordkipanidse. Er studierte in Leoben Bergwesen (1902-1907), aber sein eigentliches Interesse galt der Literatur Er verkehrte in den impressionistischen Kreisen, und seine ersten schôpferischen Impulse empfing er von Arthur Schnitzler und Peter Altenberg Nach Géorgien zuruckgekehrt propagierte er die Werke von ôsterreichischen Impressionisten, ùbersetzte ihre Skizzen und Erzâhlungen und hielt mehrere Vortrage über Schnitzler und Altenberg. Die erste Période seines Schaffens steht (das ist in der georgischen Literaturwissenschaft unbestreitbar aner- kannt) unter dem EinfluB der ôsterreichischen Impressionisten. Jetzt einiges über die ôsterreichische Dramatik auf georgischen Bùhnen Der bekannte georgische Dramatiker des 19 Jahrhunderts Giorgi Eristhawi hat Friedrich Halms «Griseldis» umgearbeitet, er hat das Stùck an die georgischen Verhâltnisse angepaBt und es «Kwarkware Athabegi» umbe- nannt Am 23. Februar 1913 wurde im Kutaisser Theater Friedrich Halms «Der Fechter von Ravenna» uraufgefuhrt (Régisseur: M. Khoreli; das Stück wurde im Almanach «theatri» gedruckt. 1913, -N° 6). Am 21. November 1906 in Kutaissi und am 9. Mârz 1916 in Tbilissi erlebte Philipp Langmanns «Bartel Turaser» seine Première (Übersetzung von Davith Bakradse). Am 18. Januar 1906 wurde «Korporal Stâhr», das Stück desselben Autors, in Tbilissi erstaufgeführt (Übersetzung von Irodion Ewdoschwili). Am 12 Februar 1909 hat W. Schalikaschwili in Kuthaissi Hugo von Hofmannsthals «Die Hochzeit der Sobeide» aufgeführt (Übersetzung von I Ewdoschwili). Am 29. Januar 1923 wurde «Elektra» von Hofmannsthal in Tbilissi uraufgefuhrt (Régisseur K. Andronikaschwili, Übertragung von D Kasradse). Es wurden drei Stücke von Hermann Bahr in Géorgien gespielt: «Die neuen Menschen» (am 10. Januar 1910, in Kuthaissi, übersetzt von Schalwa Dadia- ni), «Der Star» (am 9. Oktober 1911 in Tbilissi, übersetzt von L. Meschischwi- li), «Joséphine» (am 10. Januar 1913 in Kuthaissi, übersetzt von Al. Imeda- schwili). Der bekannte georgische Schauspieler Walerian Gunia hat speziell von Hermann Bahr «Das Konzert» übersetzt, aber dieses Stück wurde aus einem für uns unerfindlichen Grund nie gespielt. Am 2. Januar 1925 erlebte in Tbilissi im Rustaweli-Theater Franz Werfels «Spiegelmensch» seine Uraufführung (Regie von Sandro Achmeteli, Bühne- naustattung von Irakli Gamrekeli, Übersetzung von Sandro Schanschiaschwi- li). Es war die erste Auffuhrung dieses Stuckes in der ganzen Sowjetunion Dieses Drama wurde speziell dem 75 Jahrestag des georgischen Berufstheaters gewidmet8. Was die georgische Übersetzungsliteratur aus der ôsterreichischen Literatur anbelangt, ist sie ziemlich reichhaltig Das Hauptinteresse des Germanisten Dr. Viktor Kachniaschwili gilt dem Schaffen von Franz Grillparzer. Er hat übersetzt und verôffentlicht : «Das 8 Sieh Sch Rewischwili, Deutsch-Georgische Studien, Tbilissi 1977 (georgisch)
OSTERREICHISCH-GEORGISCHE BEZIEHUNGEN 219 Kloster bei Sendomir» (in: «Saundshe» N 4, 1980), «Der arme Spielmann» («Saundshe», N 3, 1982), «Rede am Grabe Beethovens» («Literaturuli Sakarthwelo», N 48, 28. XI, 1980) «Clara Wieck und Beethoven» («Lit Sakh. » N 48, 28. XI, 1980) — das ailes mit Vorwort und Kommentaren versehen erscheint demnâchst in Buchform. AuBerdem arbeitet Kachniaschwili zur Zeit an der Übertragung der dramatischen Trilogie «Das goldene VlieB» «Der Gastfreund» ist schon abgeschlossen und erscheint demnâchst im Almanach «Saundshe» (n 2, 1983) — einige Fragmente sind schon verôffent- licht worden. Die Übersetzung wird eingeleitet: «Medeas Figur in der deutsch- sprachigen Literatur und Franz Grillparzers 'Das goldene VlieB’». Es sind einige Fragmente aus «Argonauten» und «Medea» publiziert worden. LJberhaupt wird «Der Gastfreund» in Kachniaschwilis Buch — «Von Medea aus der Kolchis bis zum heutigen Géorgien» gedruckt, das in diesem Jahr im Verlag «Sabtschotha Adshara» (Batumi) erscheint 1960 erschien in Buchform Félix Saltens «Bambi», das zwei Auflagen erlebte (zweite Auflage im Jahre 1973), versehen mit einer kurzen Biographie des Verfassers. Seit langem ist in Géorgien Arthur Schnitzler beliebt und populâr Dies ist vor allem das Verdienst von Niko Lordkipanidse, von dem wir schon gesprochen haben. Es sind mehrere Erzahlungen, Novellen und ein Schauspiel von Schnitzler ins Georgische übertragen (unter anderen, «Sterben», «Die Frau des Weisen», «Der blinde Geronimo und sein Bruder», «Die Toten schweigen», «Andréas Thameyers letzter Brief» «Der Reigen» u.a. Bemer- kenswert scheint mir die Tatsache, daB die beliebte Zeitschrift «Mnathobi» einen ziemlich umfangreichen Nachruf verôffentlicht hat. «Arthur Schnitzlers Tod» — 1931, N 11, SS. 276-281). Peter Altenbergs Einführung in die georgische Literatur ist ebenfalls, wie schon gesagt, das Verdienst von Niko Lordkipanidse (auBer Lordkipanidse haben seine Skizzen Fragmente und Miniaturen Giorgi Matschutadse und Nodar Kakabadse übertragen). Hugo von Hofmannstahl wurde schon 1909 übersetzt («Die Hochzeit der Sobeide» — übertragen von I. Ewdoschwili). 1923 wurde seine «Elektra» von D. Kasradse nachgedichtet Hofmannsthals «Brief des Lord Chandos» haben R. Karalaschwili und S. Kiknadse übersetzt. («Saundshe» N 5, 1979). Von Stefan Zweig ist fast ailes ins Georgische übertragen worden (aile seine Novellen, sein Roman «Ungeduld des Herzens», «Joseph Fouché», «Balzac», «Stemstunden der Menschheit», «Maria Stuart», «Castello gegen Calvin», «Das Haus am Meer», «Die Augen des ewigen Bruders», «Magellan» u.a. Ubersetzer: K. Dshordshaneli, A. Tschkadua-Gelowani, M. Mamulaschwili, O. Chuzischwili, N. Kalandarischwili, N. Ruchadse, Leli Dshaparidse, Sch. Buatschidse, W. Bezukeli, A. Ebralidse, R. Margiani, E. Kwachadse u.a Rainer Maria Rilke ist ziemlich breit in Géorgien vertreten: seine edichte übersetzten Vertreter verschiedener Generationen. Surab Kakabadse (es war der erste Versuch Rilke in die georgische Literatur einzuführen) U MSetZte Und yerôffentlichte 1962 mehrere Verse Rilkes. Mit unterschiedlichem Erfolg übertragen seine Lyrik G. Gogiaschwili, D sumbadse, T. Tschchenkeli, Sch. Papuaschwili.
220 N KAKABADZÉ Wachuschti Kotetischwili, der von Beruf Iranist ist und sich durch seine Übersetzungen aus der persischen Poesie einen Namen gemacht hat, versuchte sich auch an Nachdichtungen Rilkes, er dichtete Rilkes «Duineser Elegien» nach und übertrug seine lyrische Prosa «Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke» Die Germanistin und Prosaikerin Naira Gelaschwili übersetzte Rilkes einzigen Roman «Die Aufzeichnungen des Malte Laurids Brigge» Rilkes Briefe übertrugen Asmath Pizchelauri und Thamar Orkodaschwili Leider kennt der georgische Leser Henimito von Doderer nur durch seine einzige Erzàhlung «Zwei Lügen oder Eine antikische Tragôdie auf dem Dorfe». Von Surab und Nodar Kakabadse stammen die ersten Kafka — Überset- zungen innerhalb der Sowjetunion («Die Verwandlung», «In der Strafkolo- nie», «Ein Hungerkünstler», «Das Urteil», «Vor dem Gesetz», «Alltagliche Verwirrung», «Ein Bericht für eine Akademie» u.a ) Nodar Ruchadse übersetzte «Ein Landarzt» Th Dshawachischwili und L Narouschwili veroffentlichten im Almanach «Saundshe» «Araber und Scha- kale ». Neulich wurde dem georgischen Leser Kafkas Roman «Der ProzeB» in Nelly Amaschukelis Übertragung zugânglich Georg Trakls Prosa — «Verwandlung des Bôsen» und seine Gedichte hat Naira Gelaschwili übertragen. Georgische Leser haben Robert Musils «Drei Frauen» in Übersetzung von Thengis Pataraia kennengelernt. G. Matschutadse übertrug Musils «Das Fliegenpapier» Paul Celans Gedichte übersetzten Davith Zerediani, Naira Gelaschwili. Nodar Kakabadse («Todesfuge»). Ingeborg Bachmann wurde von Nodar Kakabadse in die georgische literarische Welt eingeführt (der erste Versuch, ihre Gedichte nachzudichten, stammt von ihm). Bachmanns dichterrische Rezeption in Géorgien setzte D Zerediani fort. Besonders zu erwâhnen ist der georgische Almanach für Weltliteratur «Saundshe» dessen 5. Heft von 1979 ausschlieBlich der deutschsprachigen Literatur des XX Jahrhunderts gewidmet ist. Der ôsterreichische Teil, den Dr Reso Karalaschwili zusammengestellt hat, umfaBt auBer schon oben genann- ten Werken folgendes Material : Alexander Rodas «Der Fall Robida — Markowitsch» (georgisch von G. Matschutadse), Ôdôn von Horvaths «Der Tod aus Tradition» (G Matschutadse), Hans Leberts «Orakel» (G Matschu- tadse), Christine Lavants «Fragt nicht» (D Zerediani), H C. Artmanns «Abenteuer eines Weichenstellers» (G Matschutadse), Peter Handkes «BegrüBung des Aufsichtsrates» (G. Matschutadse), Barbara Frischmuths «Leichenschmaus» (M Beroschwili), Michael Scharangs «Das Mârchen vom Recht» (G Matschutadse), Alfred Polgars «Einsamkeit» (G Matschutadse) u.a. Zum SchluB einiges uber die Sekundarliteratur Vor allem môchten wir zwei Literaturwissenschaftler erwâhnen, die sich speziell mit der ôsterreichischen Literatur befassen — es sind die Dozenten Reso Karalaschwili und Dawith Dawlianidse. Sie haben zusammen für die
ÔSTERREICH1SCH-GEORGISCHE BEZIEHUNGEN 221 Georgische Enzyklopàdie einen eingehenden und aufschluBreichen Artikel über die ôsterreichische Literatur geschrieben Reso Karalaschwili leistete folgende ôsterreichische Beitrâge (sein enges Fach ist Hermann Hesses Werk) «Heimito von Doderer», «Elias Canettis verspâtete Anerkennung», «Einiges uber die gegenwârtige ôsterreichische Literatur», Nachwort zur georgischen Übersetzung von Robert Musils — «Die Portugiesin», «Ôsterreichische Lyrik der Nachkriegszeit», «Ôsterreichische Novelle». In der russischen Zeitschrift «Inostrannaja Literatura» («Auslandi- sche Literatur») hat er den sehr interessanten Beitrag «Bekanntschaft mit dem homo austriacus» publiziert, worin die ôsterreichische Mentalitat charakteri- siert wird (1982, n° 9) Davith Dawlianidse beschàftigt sich fast ausschlieBlich mit Robert Musils Schaffen: seine Promotionsschrift lautet «Robert Musils Frühwerk» (1973), unter seinen Arbeiten sind hervorzuheben «Robert Musils Début», «Robert Musils Roman — «Die Verwirrungen des Zôglings TôrleB», «Schneeflocke um Sommertag» (über «Tonka» von Musil), «Unter dem Zeichen des Mondes» (über die Novellen - «Grigia» und «Die Portugiesin»), Nachwort zum Buch Robert Musil, Drei Frauen, Tbilissi 1979, «Der Offene Romananfang Am Beispiel des ersten Kapitels von R. Musils Roman «Der Mann ohne Eigen- schaften», in: Musil-Forum, 4. Jg. 1/1978, ebenda: Rezension zu - H Althaus Zwischen Monarchie und Republik. Schnitzler, Hofmannsthal, Kafka, Musil, Kommentare zu: Robert Musil, Ausgewâhlte Prosa Verlag Progress, Moskau 1980; «Robert Musil und die Métamorphosé des Romans», in. «Wechselwir- kung zwischen der Gattung und Méthode in der auslandischen Literatur der XVIII-XX Jahrhunderte, Woronesh 1982 (russisch), «Robert Musil», in. «Loonung, 3 1982 (estnisch); «Robert Musil Transformation de la réalité poétique» in: «L’Herne», N° 41, Paris 1981, «Musils Beitrag zur Entwicklung des gegenwârtigen Romans», in- Wissenschaftliche Zeitschrift der Lehrerbil- dungsinstitute der Georgischen SSR Tbilissi 1978, Bd IV u a 1979 wurde Dawlianidse zum Mitglied des Kuratoriums der internationalen Robert-Musil- Gesellschaft gewâhlt. Er hat im November 1980 in Tbilissi eine Robert-Musil- Konferenz veranstaltet. Nodar Kakabadses Beitrag zur Erforschung der ôsterreichischen Literatur ist: mehrere Untersuchungen über Stefan Zweig, «Franz Kafkas Leben und Werk», «Thomas Mann und Franz Kafka», mehrere Arbeiten über Suttners «Versuch der Interprétation von Paul Celans ‘Todesfuge’» (Mitverfasserin: Chathuna Zinzadse), «Rainer Maria Rilke», einige Abhandlungen über Hugo Huppert, Randbemerkungen über Peter Altenberg u.a Über Rilke haben geschrieben: K. Gamsachurdia, Dali Sicharulidse (ihre Promotionsschrift behandelt Rilkes Lyrik), Asmath Pizchelauri (die ihre Diplomarbeit über Rilke an der Jenaer Universitât geschrieben hat), Lamara Narouschwili, Davith Dawlianidse, Nato Tchilawa u a. Über Georg Trakl schreibt Naira Gelaschwili. . Auf diese Weise kônnen wir die ôsterreichisch-georgischen Beziehungen in ihren Hauptlinien skizzieren. Nodar Kakabadzè Tbilissi
DIE FOLKLOR1STISCHEN VARIANTEN DER «BEKEHRUNG GEORGIENS» Die Chnstianisierung Iberiens, das Endergebnis des Wirkens der hl Nino, ist im Text der «Bekehrung Géorgiens» folgendermaBen wiedergegeben : «Und als das Zeichen des Kreuzes im Lande Kartli aufgerichtet war, stùrzten sofort zu der Zeit aile Gôtzen, die in Kartlis Grenzen waren, und zerbrachen, und ihre Heiligtümer zerfielen, als man dieses erstaunliche Eteignis und Wunder sah, das das siegbnngende Zeichen des Kreuzes an den Gôtzen tat, wunderte man sich darùber noch mehr und verherrlichte Gott und verehrte freudig das unbefleckte Kreuz. Und Kônig Mirian und das gesamte Volk von Mzcheta brachten an diesem Tage dem unbefleckten Kreuz ein groBes Opfer und legten einen Festtag für das siegreiche Kreuz fest ...» (1, 351). Mit den gleichen Worten wird der Versuch wiedergegeben, die Gebirgsbevôlkerung Géorgiens zum christlichen Glauben zu bekehren- «Dann verlieB die heilige Nino die Stadt Mzcheta und begab sich zu den Leuten im Gebirge, die wie Tiere lebten, um ihnen das Evangelium zu künden und ihre Gôtzen zu vernichten» (1, 349). In einem anderen Text lautet derselbe Versuch mit Mirians Worten, die an die hl. Nino und den Bischof gerichtet sind, so: «Ich will, daB wir die Bergbewohner gewaltsam mit dem Schwert bekehren ... und sie dem Sohn Gottes unterwerfen und das unbefleckte Kreuz verehren lassen ...» Und schlieBlich: «Da hob der Eristawi des Kônigs ein wenig das Schwert gegen sie und zerstôrte ihre Gôtzen mit Gewalt» (2, 125). Dieses nach dem mythischen Modell als gleichzeitiger Akt — Vernichtung der heidnischen Gôtter durch Ernchten des Kreuzes — aufgefaBte epochale Eteignis, das das ideologische Bild der Flachlandgebiete Géorgiens von Grund auf wandelte, hinterlieB seine unauslôschliche Spur auch in den gesellschaftli- chen Institutionen der Gebirgsbewohner Ost-Georgiens Doch das einmal mit Waffengewalt oder der Macht fnedlichen Predigens eingebürgerte Chnstentum nahm im Lauf der Zeit (und aus verschiedenen Gründen) hier eine so eigenartige Gestalt an und wich âuBerlich so stark vom orthodoxen Gittes- dienst der Métropole ab, daB die Ideologen des Flachlandes argwôhnisch deren Kult zu beobachten begannen, obwohl dessen chnstliche Grundlage auBer Zweifel stehen durfte. Der Chronist der Kônigin Tamar schreibt (im zweiten Jahrzehnt des 13 Jh.). «Und die Pchower sind Diener des Kreuzes und geben
F FOLKLORISTISCHEN VARIANTEN DES «BEKEHRUNG GEORGIENS» 223 vOr Chnsten zu sein» (3, 111). Trotz des Kontextes (die Rede ist vom gemeinsamen Aufstand der Pchower, der Vorfahren der Pschawen und Chew- suren, und der Didoer, die als wilder Stamm dargestellt sind, gegen den Kônigsthron) bnngt der Chronist vorsichtig seine eigene (oder die offizielle) Ansicht zum Ausdruck. Diese lakonische Bemerkung beinhaltet wohl weniger, daB die Pchower, Diener des Kreuzes, keine Christen sind, als vielmehr deren subjektive Überzeugung, sie seien Chnsten Es ist zu vermerken, daB dieser Satz recht tolérant, ein wenig ironisch und etwas von oben herab, von der Hôhe des glanzvollen Kônigsthrons, formuliert ist, aber gleichzeitig das Hauptmerk- mal des Kultes der Pchower, den Dienst am Kreuz, als sei dies der Unterschied zum Flachland, festhalt. Dieser Nachncht entspricht die Situation der folgen- den Jahrhunderte im sakralen Wirken der Bergbewohner, die Tatsache nam- lich, daB die gebràuchlichste Bezeichnung fur ihre Heiligtümer und die darin hausenden «Gottheiten» (oder richtiger: Engel) Dshwan (Kreuz) ist Wie wir sehen, hat der Chronist nicht gesagt, daB die Pchower Heiden sind. Doch die Mehrzahl der Wissenschaftler unserer Zeit hait es fur môglich, daB in der heutigen Gebirgsbevôlkerung Überreste vorchnstlichen Heidentums wei- terleben, mehr noch: sie halten das im Kult und Brauchtum (Ornament auf Kleidung und Hausgerât) der Gebirgsbewohner gebràuchliche Kreuz, seine Darstellung (mit den Worten der «Bekehrung Géorgiens» das «Zeichen des Kreuzes») für ein Symbol vorchristlichen Ursprungs. In Wirklichkeit aber sehen wir, daB ein offizielles Dokument dem Kreuz nicht weniger Bedeutung beimiBt. Wir berufen uns auf den oben angefùhrten Auszug aus der «Bekeh- rung Géorgiens», wo fùnfmal das Kreuz erwahnt ist, und auf das gesamte Werk, wo im wesentlichen nur vom Kreuz die Rede ist. Das Kreuz steht im Mittelpunkt des Interesses, wenn es nôtig wird, die in den zwanziger oder dreiBiger Jahren des 4. Jh vor sich gegangenen Verànderungen sakralsymbo- lisch zu bezeichnen. Zu dieser Zeit ist die einzige Figur das Kreuz, das unbefleckte Kreuz, das Zeichen des Kreuzes Die einzige Sorge der neubekehr- ten Bevôlkerung ist es, ein Kreuz aufzunchten, das die Gôtzen und ihre Heiligtümer und in deren Gestalt das Heidentum endgultig besiegt Unter dem Zeichen des Kreuzes zog das Christentum in das Flachland Géorgiens ein, um Gôtzen zu vernichten, und das gleiche Zeichen des Kreuzes war es, das die Gôtzen in der heidnischen Gesellschaft des Gebirgslandes vemichtete. Die Vernichtung der Gôtzen begegnet gewôhnlich als symbolhafte Handlung m den Texten, die die Einführung des Chnstentums behandeln. Der heilige Apostel Andréas vernichtet mit der Macht des Chatis (Dshwari (Kreuz) und Chati sind in der Sprache der Bergbewohner synonym) der Gottesmutter die Gôtzen Apollo und Artémis (hinter den griechischen Namen vergergen sich natürlich Gôtzen mit einheimischen Bezeichnungen) in den Provinzen Süd-
224 Z KIKNADZÉ westgeorgiens, und zwar in Meskhetien und anderswo Doch nicht minder spielt auf seinem Missionsweg das Eisenkreuz eine Rolle, das er als Siegeszei- chen an einem bestimmten Ort aufnchtet und das ein bis heute bestehendes Toponym bildet. Rkinis Dshwari (Eisenkreuz), besonders hervorhebenswert ist ein mythisierter symbolischer Akt, das Tôten eines Drachen mit diesem Eisenkreuz, uni die Macht Christi zu beweisen. Wie fanden in der Folklore der «Diener des Kreuzes» aus dem Gebirge die Fakten aus der «Bekehrung Géorgiens», das Ergebnis des Wirkens der heiligen Nino, der Sturz der Gôtzen in ganz Kartli und teilweise im Gebirge durch die Macht des Kreuzes ihre Widerspiegelung9 Wenn nicht christlichen, welch anderen Ursprungs sollten die im Gebirge Ostgeorgiens verbreiteten Legenden haben, von den Gebirglern Andrese1 genannt, in denen vom Kampf gôttlicher Wesen, die unter der Bezeichnung Dshwari (Kreuz) bekannt sind, gegen Gôtzenungeheuer in sogenannter prahistorischer Zeit benchtet wird9 Sondert man aus diesen Andresen die mythologischen und Heldenmotive aus, erhalt man das Modell, in dem auch die Hauptgeschichte der «Bekehrung Géorgiens» untergebracht ist der Sturz der Gôtzen durch die Macht des siegverleihenden Kreuzes und die Begründung einer neuen Religion, der Religion des Kreuzes, anstelle des heidnischen Glaubens Der Dewi (Ungeheuer) dieser Andrese ist das gleiche wie der Gôtze aus der «Bekehrung Géorgiens», ein Antagonist des Kreuzes, der den Menschen feindlich gesonnen ist. Diese Wesen werden oft als Dew-Kerpi (Gôtzenungeheuer) bezeichnet. Noch frùher, vor der Schaffung der Andrese, in denen das Kreuz oder ein Sohn Gottes2 oder ein Heiliger (in einigen Vananten) den Ungeheuern gegenùbergestellt wurden, fand diese Opposition als figürliche Widerspiegelung des christlichen Glaubensbekenntnisses energisch wie ein Mythologem seinen Ausdruck im ersten Werk der georgischen Hagiographie, dem «Martyrium der heiligen Schuschaniki», wo die Herrin mit folgenden Worten ihren vom Chnstentum abgefallenen Mann rugt- «Dein Vater hat Heilige in seinem Hause versammelt, du aber hast Ungeheuer um dich geschart» (IV, 23-24) Es ist zu vermerken, daB der zum zoroastrischen Glauben ubergewechselte Warsken gar keine Ungeheuer um sich scharen konnte, denn diese letzteren sind der Terminologie dieses Glaubens zufolge Gegner der Gruppe der Heiligen des Ahuramazda, der Ameschaspenten Aber in diesem Kontext hat 1 Nach dortiger Définition «Wenn eine Begebenheit alter wird. wird sie zum Andres» 2 y vtissvili (Sohn Gottes). ein sakrales Synonym des Kreuzes, ist eine folkloristische Dialekt'J riante des klassischen «yvtis je» («svili» und «je» sind Synonyme zweier verschiedener Schichien der georgische Sprache). doch mit ihm ist nicht Christus gemeint. sondern irgendein Heiliger (meisl der hl Georg) oder ein Engel (meist Michael), die als Schutzherren der Gesellschaft von Pschaw Chew'sunen gelten
FOLKLORISTISCHEN VARIANTEN DES «BEKEHRUNG GEORGIENS» 225 F das Wort Dewi verallgemeinerte Bedeutung gewonnen, es beinhaltet den Feind des wahren Glaubens, sozusagen den Antikult, die Gegenreligion In der gleichen Bedeutung hat dieses Wort in die Folklore der Gebirgsbewohner, und zwar in die Andrese, Eingang gefunden, wo «Dewi» und sein Synonym «Kerpi» (beides Worter iranischer Herkunft) heidnische Kulte bezeichnen, die dem christlichen Kreuz in Kartli und im Bergland entgegentraten und von ihm bezwungen wurden. Diese in die Folklore ubergegangene Konfrontation des Kreuzes mit den ortsansâssigen Gôtzen, der Sieg des Kreuzes und seine Einbürgerung anstelle der alten Kulte formte sich zum Mythos, als heiliger Andres, der im Laufe der Zeit wenigstens teilweize Züge einer Heldensage annahm, aber trotzdem seine sakrale Autoritat als Widerspiegelung eines (nach einem Terminus von M. Eliade (6,82)) illo tempore geschehenen Fakts beibehielt, weil der Diener des Kreuzes in seiner Gegenwart das Ergebnis des Kampfes zwischen Kreuzen und Gôtzen real vor sich sah in Gestalt der traditionell feststehenden Religion, deren christlichen Charakter er nie bezwei- felte («dideba ymertsa, madli ymertsa, dideba dyes dyesindelsa, r^uls knstian- tasa ...» (Ruhm sei Gott, Segen sei Gott, Ruhm dem heutigen Tag, dem Glauben der Chnsten ...) beginnen aile Huldigungslieder), weil er sah, daB noch heute das illo tempore gegrundete Dshwari-Heiligtum uberall in der Gesellschaft bestand so wie die Kreuz-Kirche auf dem Berg über Mzcheta. Darin sah der Diener des Kreuzes die sakrale Wahrhaftigkeit des Andres. Die gegen die Ungeheuer (bzw. die Gôtzendienerei oder das Heidentum) Kâmpfenden erscheinen in den Andresen unter dreierlei Namen: als Heiliger, als Kreuz und als Gottessohn. Aile drei Namen führen uns an den Anfang der christlichen tradition. Diese drei Bezeichnungen bnngen drei Aspekte der Kraft zum Ausdruck, die das Christentum in Kartli und seinem Bergland einbürgerte Es sind gleichsam drei Hypostasen einer Kraft der Heilige ist ein Mensch, das Zeichen des Kreuzes das Instrument in seiner Hand, und der Gottessohn tragt denselben Namen wie Christus, Gottes Sohn. Als fernes Echo jenes Eteignisses und der Kirchentradition, derzufolge das Christentum durch eine Heilige (die hl. Nino) eingefuhrt wurde, bewahrte uns eine Gruppe von Andresen die Vorstellung von einem Kampfer gegen die Gôtzenungeheuer, der als Heiliger3, als Mônch oder als Gottanbeter in Erscheinung tritt : «lachsari4 war zuerst ein Mensch, ein heiliger Mônch, ein Gottesanbeter und hatte von Gott groBe Kraft erhalten. Von Gott besaB er auch die Macht, gegen die Ungeheuer zu kampfen und sie zu vernichten, denn Ennnem wir uns an die oben zitierte Stelle aus dem «Martyrium der hl Schuschaniki» l'h. ’ater hat Heilige in seinem Hause versammelt, du aber hast Ungeheuer um dich gescharl» Name eines Gottessohnes
226 Z KIKNADZÉ zu jener Zeit traten die Gôtzenungeheuer offen auf, tôteten und fraBen die Leute .. Darum verlieh Monge Ghmerti (Gott der Ordner)5 lachsari und Kopala6, zwei heiligen Mônchen, die befreundet waren, die Kraft und das Vermôgen, gegen die Ungeheuer zu kâmpfen und sie zu vernichten», benchtet der Andres (4, 143). Nach der Erfüllung der Mission, die ihm von Gott aufgetragen ist, nach der Vernichtung der Ungeheuer, verwandelt sich das menschliche Wesen in einen Gottessohn, ein Kreuz oder ein Heiligtum. In der Sprache der Ortsansassigen «wird er zum Engel», d.h. er steigt eine Stufe hôher auf der hierarchischen Leiter des Wesen. «lachsari und Kopala hatten die Ungeheuer ganz ausgerottet. Aus Mônchen verwandelten sie sich durch Gottes Kraft in Gottessôhne .. », benchtet der Andres (4, 150). Den gleichen Aufwàrtsweg hat das Mâdchen genommen, die den Georgiern das Christentum gebracht hat- nach der Erfullung ihrer Mission wurde aus der einfachen Sterblichen eine Heilige. In einer Gruppe von Andresen wurde die Tatsache gestaltet, daB ein heiliges Mâdchen das Chnstentum in Kartli eingeführt hat, indem sie das Kreuz brachte. Das ist die folklonstische Variante des Lebens und Wirkens der heiligen Nino. Der Andres berichtet von der Griindung des Kreuzes von Karati (Ort in Chewsurien) «Die hier das Kreuz begründete, war ein Mâdchen, die hieB Nino (nach einer anderen Version • Minani. S. K.)... Sie starb schlieBlich im Kreuz, innen im Raum. Man konnte sie nicht herausbekommen ... Dann befahl das Kreuz: Begrabt sie in meiner Nâhe. Man begrub sie im Kreuz von Karati» (4, 161). Dem Andres zufolge erschien das Kreuz dem Mâdchen beim Huten des Viehs, es nahm sie gefangen, und sie predigte. «Das Volk erfuhr davon. Wir werden sie umbringen, sagten sie. Das Mâdchen verbarg sich bald hier, bald dort. Sie folgte dem Kreuz ... Das Mâdchen kannte keine Menstrua- tion, keinen Mann und keine Schwangerschaft... Sie folgte dem Kreuz. VerlieB das Kreuz den Ort, ging auch das Mâdchen. Das Mâdchen ging zu FuB, das Kreuz flog. Es zeigte ihr den Weg ... Wieviel Dôrfer es auch in Tuschetien gab, überall legte sie Abgaben fest, manchmal Schafe, manchmal Silbergeld. Die Didoer (ein nordkaukasischer Stamm - S. K ) hat dieses Kreuz christianisiert, zum Glauben bekehrt. Zuerst begann sie in ganz Chewsurien zu predigen, auch in Gudani und Chachmati (Orte in Chewsurien - S. K.). Das Mâdchen ging immer zum Kreuz, um zu beten. Dann baute sie eine Kirche, richtete einen Gemeinderaum ein und bestimmte Festtage: Atengenoba, Amaghleba und andere. Das Volk lieB das Mâdchen nicht zur Ruhe kommen : Wer ist das, was 5 Der allschaffende Gott, dasselbe wie Gottvater 6 Einer anderen Tradition zufolge sind Kopala und lachsari ein und derselbe Gottessohn «Er ist ganz ein und deselbe, man kann ihn lachsari nennen oder Kopala» (4, 158) Es wird angenommen, daB unter beiden Namen der heilige Georg zu verstehen ist
FOLKLORISTISCHEN VARIANTEN DES «BEKEHRUNG GEORGIENS» 227 macht sie da, was soll das! ..» (4, 162). «Das Màdchen erfullte nicht die Rituale des Priesters, sie predigte nur» (4. 163) In diesem Andres sind mit erstaunlicher Genauigkeit bedeutsame Einzelhei- ten der Persônlichkeit der hl Nino und ihrer Tatigkeit festgehalten, auBerdem einige spezielle Momente der Verbreitung des Christentums. Das Màdchen des Andres mit Namen Nino (nach der Kirchentradition) oder Minani (nach der ôrtlichen Tradition) ist vom Kreuz gefangen, was deutlich das in der griechi- schen Quelle belegte Epitheton «Gefangene» fur die Bekehrerin der Géorgien zum Ausdruck bringt (in nichtphysischer Bedeutung der Gefangenschaft). Und zwar ist Nino im Werk des Kirchenschriftstellers Theodontes (393-458) dreimal als «Gefangene» bezeichnet (ôopuà/.ojToç, aixiiâZcoroç) (7, 4, 5). Ebenso bezeichnet sich die hl Nino auch der georgischen Literaturtradition zufolge als Gefangene und gibt sich als solche der georgischen Bevôlkerung zu erkennen (2, 93), und obwohl sie nicht genau sagt, was diese Gefangenschaft bedeutet, so ist doch kiar, daB das apostelgleiche Màdchen dasselbe meint wie der Apostel Paulus, als er im 2. Bnef an Timotheus (1,8) schrieb • «Schame dich nicht des Leidens unseres Herrn noch meiner, der ich sein Gebundener bin (Sèaptou aùroô)» Die heilige Nino wird in ihrer Hymne als Predigerin bezeichnet: «Predigenn des Wortes Gottes», und in einem umfangreichen Gesang des Hymnographen Arseni Bulmaisimisdse aus dem 12. Jh. heiBt es verschiedentlich: «Predigenn Christi und Schwester Apostel», «Von Christus predigend, kam Nino herein», «He, du unsere Predigerin and Bekehrenn» u a. Ebenso bezeichnet der Andres das vom Kreuz gefangene Màdchen als Kadagi (Predigenn), doch im Sakral- wesen des Gebirges bedeutet dieses Wort nicht Predigerin, sondern «Prophetin, Verkünderin» des Wortes und Willens des Herrn. Die Kadagi ist die Sklavin des Kreuzes, seine Gefangene, die Kündenn seines Willens7 Eine solche Persônlichkeit war der «Bekehrung Géorgiens» zufolge die hl. Nino und nach dem chewsurischen Andres das Hirtenmàdchen. Das Fehlen der Menstruation verdeutlicht einerseits den realen Status einer Sklavin (oder Hierodule) des Kreuzes und einer Verkünderin, andererseits ist es eine Widerspiegelung der Reinheit des Madchens. Gleichzeitig ist besonders der Fakt hervorgehoben, daB das chewsunsche Màdchen trotz ihrer groBen initiatorischen Rolle nicht den Gottesdienst als Pnester verrichten konnte. Dies vermochte auch die hl. Nino nicht, wie wir in Leonti Mrowelis Chronik lesen, obwohl sie den Aposteln gleich war: «... und sie empfingen die Bürde des Lernens von der heiligen Nino auBer der Taufe, denn es fand sich kein Priester, Über das Institut des Verkundens im Bergland Ostgeorgiens siehe Ociauri, T kartvelta “Svelesi sarcmunoebis istonidan, Tbilisi 1954
228 Z KIKNADZÉ der taufte . » (2, 95). Die Bekehrerin bereitete durch ihre Tatigkeit die Bedingungen, in deren Gefolge bekanntlich ein Bischof und Priester aus Konstantinopel eingeladen wurden, um das Volk zu taufen. Dem Andres zufolge war das Madchen, das zuerst das Christentum verkundete, eine Hirtin, der das Kreuz beim Hüten erschien, nach dem literanschen Werk erschien der nach Kartli gehenden «Gefangenen» (der hl Nino) in ahnlicher Weise in den Bergen Dshawachetis in der Behausungen der Hirten ein Brief mit Jésus’ Siegel, auf dem zehn Worte standen, das Programm der Missionstatigkeit (2, 86) Aus dem Andres geht hervor, daB die Dienerin des Kreuzes, die den neuen Glauben nach Chewsurien brachte, von den Leuten am Verkunden gehindert und mit dem Tode bedroht wurde, weshalb sie gezwungen war, sich bald hier, bald dort zu verstecken. In der «Bekehrung Géorgiens» ist das nicht klar gesagt, aber es ist nicht ausgeschlossen, daB die hl. Nino in der ersten Zeit nicht offen ihren Glauben bekennen konnte und sogar verfolgt wurde. Im Text lesen wir. «Und so lebte sie drei Jahre lang Sie betete heimlich an einem Ort, der von Brombeergestrüpp uberdeckt war» (1, 322). Und in Leonti Mrowelis Chronik hat sich ein Hinweis auf das Vorhaben Kônig Mirians erhalten, sie zu verfolgen: «LaBt uns in bôser Absicht aile Glàubigen des Gekreuzigten ausrotten .. » (2, 109), was er nicht in die Tat umsetzen konnte wegen des Wunders auf dem Berg Tchoti (Erblinden und Wiedersehendwerden nach einem Gebet zum gekreuzigten Gott)8 Und schlieBlich ist das Land Kartli des Kirchendokuments ganz naturlich durch Chewsurien ersetzt, wo dem Andres zufolge die chewsunsche Verkùnde- nn den Erfolg der hl. Nino wiederholt, trotz des Widerstandes der ansassigen Bevôlkerung die Verehrung des Kreuzes durchsetzt (Kirchen baut, Gebaude für das Kreuz errichtet, Festtage bestimmt u a.), dem fliegenden Kreuz nach Tuschetien folgt und sogar ins Land der Didoer geht (eine allgemeine Bezeichnung für Daghestan), wo sich das Christentum bekanntlich via ibenca verbreitete, wozu die hl. Nino den Impuls gab, und es ist nicht auszuschlieBen, daB das unter dem Zeichen des Kreuzes eingedrungene Christentum auch dort im Laufe der Zeit eine Form angenommen hatte, daB der Chronist ahnlich wie uber die Pchower auch von ihnen gesagt hatte, sie seien Diener des Kreuzes und nàhmen für sich in Anspruch, Chnsten zu sein. Auf jeden Fall findet das georgische Wort Dshwari (Kreuz) zusammen mit dem Christentum in die sakrale Terminologie der Wainachen (Tschetschenen und Inguschen) und wahrscheinlich auch anderer ethnischer Gruppen (ebenso wie in Kartli bezeich- 8 Vgl das Erlebnis des Apostels Paulus auf dem Weg nach Damaskus (Apostelgeschichte, 9, 3- 18)
FOLKEORISTISCHEN VARIANTEN DES «BEKEHRUNG GEORGIENS» 229 net dieses Wort auch in deren Sprachen sowohl das Kreuzzeichen als auch das Kultgebâude) und hinterlaBt eine tiefe Spur in der Toponymik (5, 214) Folglich gibt dieser Andres in seinem sakralen Inhalt recht genau die Christia- nisierungspolitik von Kartli und dem spateren Géorgien wieder. Woher kommt dieser mâchtige Kult des Kreuzes, der vor allem fur die Gesellschaft des ostgeorgischen Gebirgslandes charaktenstisch ist? Naturlich nicht aus heidnischer Zeit, wie wir es oftmals lakonisch oder mit Überzeugung formuliert in unserer Literatur finden Denn trotz seiner weiten Verbreitung in fast allen Kulturregionen unseres Kontinents seit àltester Zeit und trotz seines hohen und polysemantischen Symbolgehalts ist das Kreuz, «den Juden ein Àrgemis und den Heiden eine Torheit» (Worte des Apostels Paulus uber den Gekreuzigten, 1. Brief des Paulus an die Korinther, 1, 23), nie in irgendeiner Gesellschaft zum Objekt der Verehrung geworden, geschweige denn zu einem gôttlichen, engelhaften Wesen. Die christliche Herkunft des chewsurischen Kreuzes als einer Schutzgottheit des Stammes ist klar. Um diese Frage nicht ausführlich im Umfeld der allgemeinchnstlichen Lebensweise und des christli- chen Schrifttums zu behandeln, begnügen wir uns unmittelbar mit dem Text der «Bekehrung Géorgiens». In dem zu Anfang dieses Beitrags angeführten Abschnitt ist das Kreuz fùnfmal in zweierlei Bedeutung erwahnt: das eine ist das unbefleckte Kreuz, das himmlische, geistige Wesen, das andere ist das Zeichen des Kreuzes, die materielle Darstellung des unbefleckten Kreuzes Es gibt nur ein unbeflecktes Kreuz, aber viele Kreuzzeichen, von ihm, von denen mehrere auf Veranlassung der hl Nino an verschiedenen Orten Kartlis zum Zeichen der Annahme des Christentume aufgestellt wurden. Aus dem Ab- schnitt ist auch ersichtlich, daB das Objekt der Verehrung nicht das Zeichen des Kreuzes ist, sondera sein geistiger Prototyp, das unbefleckte Kreuz («sie verherrlichten Gott und verehrten freudig das unbefleckte Kreuz», «wir haben sie zu Knechten des Sohnes Gottes gemacht und zu Verehrern des unbefleckten Kreuzes»), mit anderen Worten: der Christ verehrt das Zeichen des Kreuzes, weil er in ihm das Kreuz als Geist erblickt, dessen vollstandiger Epitheton ist. unbeflecktes hehres Kreuz in den Himmeln. Das neubekehrte Volk von Mzcheta sah die wahre Gestalt des Kreuzes, das geistige Kreuz, wie es über dem von ihrer eigenen Hand geschaffenen und aufgestellten Kreuzzeichen erschien: «Siehe, da stand eine Saule auf Licht in Form eines Kreuzes über dem Kreuz» (1, 351) und an anderer Stelle: «Dann sahen sie noch ein anderes Wunder des unbefleckten Kreuzes: Wie Feuer stand es und wie eine Flamme brannte es über dem Kreuz, dreimal leuchtender als die Sonne» (1, 351). Das «unbefleckte, hehre Kreuz in den Himmeln» — dieses Epitheton ist die verkürzte Wiedergabe der Hierophanie des geistigen Wesens, ein Theologem, das im Text der «Bekehrung Géorgiens» ausführlicher beschrieben ist: «Siehe,
230 Z KIKNADZÉ ein Kreuz von Feuer kam herab, von Sternen umkranzt, und blieb über der Kirche stehen bis zum Morgengrauen .. Und als es tagte, kaum daB es dâmmrig wurde, gingen zwei Sterne von ihm aus. Einer zog nach Osten und einer nach Westen Und es selbst verweilte genauso leuchtend, und ganz langsam bewegte es sich zum Aragwi hin und verharrte uber einem Felsenhu- gel» (1, 348), d.h. an dem Ort, wo jetzt die Kreuzkirche gegenüber von Swetizchoweli auf dem jenseitigen Ufer des Aragwi steht. Wie wir sehen, ist dem Text zufolge die Kreuzkirche von Mzcheta der materielle Ausdruck des geistigen Kreuzes. Jetzt wollen wir untersuchen, wie sich der «Diener des Kreuzes» aus dem Gebirge sein Heiligtum, das Kreuz, vorstellte, wie die Hierophanie des Kreuzes beschaffen ist, in der (und nicht im Zeichen des Kreuzes, in den überkreuzten Balken) er einen Geist, eine gôttliche Individualitât begriff, sei es der hl. Georg oder der Erzengel Michael. Obwohl das unbefleckte Kreuz im Gebirge nicht mit solchem Glanz und in solch strahlendem Schmuck erscheint wie dem neubekehrten Volk von Kartli, beschreiben uns die Andrese doch im wesentli- chen das gleiche Bild der Hierophanie Allenthalben ist ersichtlich, daB das sozusagen «arme» Kreuz des Gebirges eine «provinzielle» oder «folklonsti- sche» Variante des von kôniglichem Glanz umgebenen unbefleckten Kreuzes der «Bekehrung Géorgiens» ist. Bekannt sich Andrese, die vom Erscheinen sogenannter «fliegender Kreuze» in Gestalt eines leuchtenden und oftmals unfaBbaren Dings berichten, obwohl derjenige, dem der Andres die Vision zuschreibt, in diesen unerklarlichen, leuchtenden Dingen, die stàndig ihre Form wechseln, bald als Taube, bald als Feuerball oder in Gestalt des Kreuzes selbst dahinfliegen und ab und zu «ausruhen» und mit diesem Niederlassen den Ort heiligen, wo spâter ihr Zeichen in Form eines Turmes oder eines einfachen Steinwalles gebaut wird, obwohl der Visionâr, sei es ein Hirt oder ein Jàger, in diesen Dingen sofort bei ihrem Erscheinen die materielle Manifestation des Kreuzes als geistigen Wesens erkennt und ihr folgt (oder genauer: das Kreuz fùhrt den Menschen), bis sich die Taube oder der kreuzgestaltige Gegenstand dort niederlaBt, wo sein Heiligtum gebaut werden soll. Es geschieht auch, daB vor den Augen des Visionàrs ein feunges Zeichen des Kreuzes aus dem Hauptheiligtum auffliegt und sich an einer hôher gelegenen Stelle niederlaBt, um auch dort den Ort zu heiligen (so wie das unbefleckte Kreuz aus der «Bekehrung Géorgiens» sich jenseits des Aragwi auf einem hohen Hügel niederlieB). Andrese dieses Typs, die von fliegenden Kreuzen berichten, sind auf dem gesamten Terntonum des Berglandes Ostgeorgiens verbreitet (in Pschaw-Chewsurien, Tuschetien, Chewi, Gudamaqari-Mtiuleti), in fast allen Orten und lassen eine deutliche Verwandtschaft zum Mythologem des Erschei-
FOLKLORISTISCHEN VARIANTEN DES «BEKEHRUNG GEORGIENS» 231 nens und der Ortsveranderung des unbefleckten Kreuzes aus der «Bekehrung Géorgiens» erkennen. Das Kreuz als Geist, als engelhaftes Wesen, als Sohn Gottes verwandelte sich zugleich mit der Ausbreitung des Chnstentums in ein Heiligtum der GebirgsbewohnerOstgeorgiens Dies kann nicht in vorchristlicher Zeit von stat- ten gegangen sein. Das Kreuz als eine Macht, die das in Gestalt von Gotzenungeheuern vertretene Heidentum vernichtete, faBte in der Gesellschaft des Gebirges unter dem gleichen knegerischen Aspekt FuB, unter dem dem Imperator Konstantin vor der Entscheidungsschlacht das Kreuzzeichen mit der Aufschnft erschien : hoc signe vinces. Die georgischen Gebirgsbewohner sahen in dem Kreuz einen siegreichen Kâmpfer, den hl. Georg, oder den ebenso siegreichen, satanbezwingenden Erzengel Michael, und obwohl es in seiner Ausgangsgrundlage das Zeichen eines gekreuzigten Gottmenschen war, ver- wandelte es sich in dieser kriegenschen Gesellschaft aus durchaus einleuchten- den Gründen in das Zeichen eines sieghaften Gottessohnes. Surab Kiknadzé Verwendete Literatur: 1. Mokceva kartlisa (satberdis krebuli), Tbilisi 1979. 2. Kartlis exovreba, I, Tbilisi 1955. 3. Kartlis exovreba, II, Tbilisi 1959 4. Ociauri, T. • mitologiun gadmocemebi aymosavlet sakartvelos mtianetsi, Tbilisi 1967. 5. Goniasvili, T : kartvelta da naxta kulturuli kontaktidan (kavkasiis etnograpiuli krebuli, III, Tbilisi 1971). 6. Eliade, M.: Le Sacré et le Profane, Gallimard 1965. 7. Eprem Mcire: ucqeba mizezsa kartvelta mokeevisasa ... Tbilisi 1959.
Marius Schneider 1.7.1903-10.7 1982
Dr Marius Schneider Né le 1.7 1903 à Haguenau (Alsace) Marius Schneider fit des études de philologie, de musicologie, de piano et de composition à Strasbourg, Paris et Berlin. Il obtenait son doctorat par une thèse sur «Pars nova du 14e siècle en France et en Italie» (1930). Partant de l’art harmonique de l’Europe médiévale il s’est spécialisé dans l’étude de la polyphonie des autres continents en se basant sur les enregistrements déposés dans les archives d’ethnomusicologie au musée de Berlin, dont il prit la direction en 1932. Cette confrontation des polyphonies mondiales publiée en 1933 a été augmentée et publiée en seconde édition en 1969 (Geschichte der Mehrstimmigkeit). Comme chef de la section folklorique de l’Instituto Espanol de musicologia à Barcelone, Sch. s’est consacré à l’étude des couches archaïques des traditions populaires en vue de la reconstruction des anciennes cosmologies et des relations existant entre la musique et l’architecture (El origen musical de los animales — simbolos 1946, La danza de espadas y la tarantela 1948, Singende Steine 1955*). A partir de 1954 il occupait la chaire d’ethnomusicologie à l’Université de Cologne et — en plus depuis 1966 — celle de l’Université d’Amsterdam. Durant sa retraite (1970) ses recherches se concentrent sur la typologie musicale et le rôle de la musique dans les anciennes philosophies cosmologiques et les rites correspondants (symbolisme dans R Manuel. Histoire de la musique I 1960 et dans J. Porte, Encyclopédie des musiques sacrées I 1968). Un choix de ses travaux sur la nature de la musique a paru en traduction italienne sous le titre «Il significado délia musica» Milano 1970. Ses travaux sur la musique arabe ont commencé avec une publication de chants des Fellahs égyptiens (1943) En 1966 il créa les «Colloques de Beyrouth» où se rassemblent périodiquement différents musicologues de l’Afrique du Nord et de l’Asie mineure pour confronter et analyser les différentes techniques de la musique arabe, turque et persane. Comme premier fruit de ces colloques a paru un fascicule analysant la nouba tunisienne ed Dhil (1970). Un deuxième cahier de ces «Etudes méditerranéennes» éditées en allemand et en français présentera les relations existant entre la musique arabe et turque et celle de l’Europe méridionale... Des archives correspondant à ces documents ont été constitués à Beyrouth sous la direction du docteur K Khatchi. Une bibliographie de Sch. a paru dans le lexique «Musik in Geschichte und Gegenwart» (1964) et dans la revue «Ethnomusicology» XIII (1969). Chant des pierres 1976
THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE IN THE SEVENTH AND EIGHTH CENTURIES Abstract This study is an aspect of my work on the early history of Azerbaijan It brings together the available information on the subject in order to show what I believe to hâve been the décisive effect of the Arab conquest on the fate of the Albanian State and, in the long-run, on the survival of the Albanians as a distinct ethnie group. The Arab invasion of Albania in the fifth decade of the seventh century and the graduai incorporation of that small country into the political and économie fabric of the Caliphate caused a steady weakening of the Albanian polity These events, in turn, contributed significantly to the ethnie assimilation of the Albanians, a slow process that was to last many centuries and would resuit in their “disappearance” from history This paper will be concerned first with the circumstances of the Arab conquest of Albania and then with the connection between foreign domination and the ultimate fate of the Albanians. I On the eve of the Arab invasion Albania was a semi-independent principality ruled by the native dynasty of the Mikhranids. Although the Albanians recognized the Sasanian rulers of Persia as their suzerains and paid them tribute, they had, nonetheless, managed to preserve their political autonomy and their traditional social structure From our meager information on the subject it appears that a small noble class, composed of both lay and ecclesiastical lords, dominated Albanian political and économie life. The great nobles, who controlled large tracts of land, which, moreover, was their chief source of wealth and power, seem to hâve enjoyed considérable autonomy within their own domains. They were also the dominant force in the central administration, for they served on the suprême councils of the ruling prince and were primarily responsible for military service. The prince was a large landholder in his own right and seems to hâve had great authority, but at the same time he had constantly to be on
THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE 235 guard against ambitious or disgruntled nobles. By the beginning of the seventh century the church had become a powerful économie and political force. It was second only to the ruling prince as a landowner, and its holdings were constantly increasing through donations and purchases At the head of a numerous clergy stood the Catholicos, whose authority over the church and its faithful was almost unlimited He could even disobey the ruling prince with impunity and, through his power of excommunication, he could usually bring refractory nobles to obedience1 Bishops also exercised great authority in their diocèses and behaved like true ecclesiastical princes. Finally, at the base of the social pyramid stood the peasantry, who formed the bulk of the population The majority were bound legally or economically to lay and ecclesiastical lords, and in a society that was overwhelmingly agricultural they produced most of its wealth through their labor and taxes2. The seventh century represents a watershed in the history of the Albanians For most of that period four powerful neighbors fought one another for domination of the Albanian homeland • the Byzantines in the west, the Khazars to the north, and the Persians and then the Arabs to the south. This sériés of conflicts was inaugurated early in the century with the last of the wars between the Persians and the Byzantines, which lasted from 603 to 628 A number of Albanian nobles took advantage of the situation to rebel against Persian rule Their action had wide support. The Catholicos, Viro (596-630), was deeply involved and may, in fact, hâve been one of the leaders of the revoit Because of sudden changes of fortune, about which we hâve little information, Viro eventually took refuge at the Persian court, where he found a protector in the emperor’s wife3. While in exile Viro exercised the full range of his gifts as a diplomat and negotiator He participated in the so-called Persian Council of the Albanian church in 612-613, which attempted to provide Emperor Chosroes II (591-628) with an explanation of the Chalcedonian and anti- Chalcedonian creeds4. Viro obtained from Chosroes the récognition of the Albanian princes of the Mikhran family as “Lords of Gardman and Princes of 1 The History of the Caucasian Albanians b\ Movsès Dasxurami Translatée! by C J F Dowsett (London, 1961), p 137 (Henceforth. Dowsett, History) For general accounts of the Albanian political and social structure before the Arab invasion, see K V Trever, Oierki po istorii i kuljture kavkazskoi Albanii (Moscow-Leningrad, 1959). pp 234-250, Zija Bunijatov. Azerbaïdjan v Vll-IX vi (Baku, 1965), pp 38-70, Z M Bounyatov [Bunijatov], “Rapports sociaux et économiques régnant en Albanie du Caucase à la veille de la conquête arabe (fin Vl'-début VIF siècles),” Bedi Karl Usa, Vol 29-30 (1972), pp 313-322, and Farida Mamedova, "Istori/a Alban" Moiseja Kalankatuiskogo kak istoenik po obscestiennomu stroju rannesrednesekovoi Albanii (Baku, 1977), pp 89-175 3 Dowsett, Histors, pp 93-94, 229 4 Istorija episkopa Sebeos Translated by S Malxasian (Erevan, 1939), p 104
236 K HITCHINS Albania,” and he himself consecrated the First such ruling prince, Varaz Grigor, in Ctesiphon, the Persian capital, in 6275 In the same year a new danger threatened Albania from the north The Khazars, who had alliée! themselves with Byzantium against Persia in 626, invaded the Caucasus, causing immense destruction of life and property in Albania6 By 629 or 63ü Albania had fallen completely under the domination of the Khazars, who exacted huge sums in tribute from ail éléments of the population But the Khazars soon withdrew to the north, and Albania maintained her links to Persia. These campaigns of Byzantines, Persians, and Khazars undoubtedly weakened the political and social order in Albania Yet, it is clear from the sources, however inadéquate they may be in other respects, that the event which precipitated the final crisis of the Albanian polity was the expansion of the Arab Caliphate into the Caucasus. Albanian princes very early recognized the danger from the south To protect their country from the Arabs they took to the battlefield, but more often they resorted to diplomacy, playing off one hostile neighbor against another. During the Arab campaigns against the Persians in the reign of the Caliph Umar (634-644) Albanian forces under Prince Djevanshir (623-681) fought alongside the Persians, but after the defeat of the latter at Qadisiya in 637 the Albanians returned home7. Arab forces finally reached the borders of Albania after the final defeat of the Persian armies at the battle of Nihavand in 642. In danger of being overwhelmed and now on his own, Djevanshir appealed to the Byzantines for protection, offering in return to become their vassals. The Emperor Constans II (641-668) agreed because he, too, was anxious for help against the seemingly invincible armies. After lengthy negotiations the two rulers concluded a formai alliance in 6548. But there was widespread oppo- sition to the alliance from the monophysite Albanians, and, as a conséquence, Byzantine forces in Albania took to treating the inhabitants more as enemies than allies9. In the same year as the Byzantine-Albanian treaty the Caliph Uthman (644-656) sent a large army into Armenia in order to counter a 5 Dowsett, History, pp 109, 229 On Viro's career, see Z M BunIJAtov, "O dejateljnosti katolikosa Albanii Viro (596-630 gg ),” in Bliinii i Srednii Vostok Sbornik statei (Moscow- Leningrad, 1962), pp 15-20 6 M I Artamonov, Istorija Xazar (Leningrad, 1962), pp 145-154, Dowsett, History, pp 81- 84 1 On Albanian résistance to the Arabs in coopération with the Persians, see Dowsett, History, pp 109-113, and Bunuatov, Azerbaïdjan, pp 71-74 8 Dowsett, History, pp 116-119 9 Istorija episkopa Sebeos, p 155
THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE 237 Byzantine advance. A part of these forces entered Albania, perhaps as a response to that country’s rapprochement with Byzantium. The Arabs seized a number of cities, including Barda, the capital. But on this occasion they withdrew, and the Albanian State remained intact10 Djevanshir took advantage of the turbulence during the reign of the Caliph Ali (656-661) to seek protection against the Arabs through a new alliance with Constans II In 660 they came to an understanding, but it, too, proved to be of little value to the Albanians. Djevanshir himself apparently had serious doubts about the usefulness of Byzantine guarantees, particularly after the destructive raid of the Khazars into Albania in 662. He was able to fight off the Khazars this time, but they came again in 664, causing enormous destruction up and down the Kura valley. They could be appeased only by Djevanshir’s acceptance of their peace terms : vassal status and the regular payment of a large tribute11 In the decade of the sixties Djevanshir was confronted again by the threat of a large-scale Arab invasion Convinced that Byzantium was too weak to defend even her own borders, he decided to submit at last to the “yoke of vassalage” of the “king of the south,” as a chronicler described the Caliph12 He thereupon abandoned the Byzantine alliance and entered into negotiations with the Caliph Muawiyah (661-680), the first of the Umayyads. He went to Damascus twice, where Muawiyah received him with ail due honors. The Albanian prince was impressed by the military power of the caliphate, which he judged to be far superior to that of Byzantium. He also recognized that, because of the Arab conquest of Armenia, he had been effectively eut off from direct contact with his nominal suzerain, the Byzantine emperor. In return for the acceptance of vassal status Djevanshir obtained the desired peace treaty with Muawiyah in 667, which guaranteed the autonomy of Albania and recognized him, Djevanshir, as her ruler13. For his part, Muawiyah, who appreciated the strategie importance of Albania, wished to use Djevanshir’s forces to defend the northern frontiers of his new acquisitions in the Caucasus against the 10 The Arab compaigns in the Caucasus in 654-655 are described in A N Ter-Gevondian, Armenija i Arabskii Xalifat (Erevan, 1977), pp 38-44 The writings of Arab historians and geographers also contain useful information about military action in Albania For a brief discussion of these works, see Z M Bunijatov, Obzor istoenikov po istorii Azerbaidzana Isiocniki arabskie (Baku, 1964), 36 pp One may also consult N M Velixanly, “Istorija izucenija arabskoî istoriceskoï i geograficeskoï literatury ob Azerbaidzane (IX-XIII vv ),” Azàrbaijan SSR Elmlàr Akademiîasynyn Khâbârlâri Tarikh, Fàlsàfâ vâ Hiigüg seriîasv, 1970, No 2, pp 26-30, N M Vàlikhanly, IX-X11 âsr ârâb joghrafiïashünas-süüahiarx Aràrbaijan haggynda (Baku, 1974), 223 pp From these descriptions it is évident that Arabie sources contain little spécifie information about internai Albanian political and religious problems 11 Dowsett, History, pp 120,122-123 12 Ibid, p 125 13 Ibid , pp 124-126
238 K HITCHINS Khazars. He permitted the Albanians to manage their own internai affairs, but as an acknowledgement of their vassal status he subjected them to the kharaj He also stationed small numbers of his own troops at strategie places in the country. He apparently thought well of his new vassal, for in 670 he invited Djevanshir to corne to Damascus again, this time to serve as an intermediary in his negotiations with the Byzantine Emperor Constantine IV (668-685)14 Djevanshir took advantage of the relative calm following his submission to the Caliphate to consolidate his position within his own country. He undertook a systematic and, as it turned out, ill-fated campaign to bring the independent- minded nobility securely under his control. His interférence with feudal privilège aroused widespread hostility, and in 681 his enemies, some of whom were pro-Byzantine and opposed to the Arab alliance, had him assassinated15 Shortly afterwards an assembly of notables was convened in Barda and chose as Djevanshir’s successor his nephew Varaz Trdat (681-704) The Caliph Yazid I (680-683) confirmed the élection by accepting him as his “governor for the Eastern régions and ruler of the Kingdom of Albania and the province of Uti.”16 During Varaz-Trdat’s reign the struggle among Khazars, Byzantines, and Arabs for control of Albania reached a climax of destructiveness. The Khazars overran the country in 684, during one of their most powerful invasions of the Caucasus, and for a time they forced the Albanians to stop paying tribute to the Arabs17 18. To meet this new challenge from the north the Byzantine Emperor Justinian II (685-695) and the Caliph Abd-al-Malik (685-705), whose armies had been fiercely contesting control of Armenia and Georgia as well as of Albania, agreed in 685 to a truce, the terms of which provided that they would share equally the taxes both claimed from the Albanians. To escape what had now become a kind of triple vassalage Varaz Trdat decided to end payment of the tribute to Byzantium and to seek a closer relationship with the Caliphate He took this momentous step in the belief that it was the only hope of assuring the continued autonomy of his country Yet, he was anxious to settle his différences with Byzantium peacefully, and in 699 he travelled to Constantinople for negotiations But upon his arrivai Justinian imprisoned him and held him in Constantinople until 704’8. In Albania, in the meantime, a struggle for power was taking place between 14 Ibid, pp 127-128 15 Ibid , pp 142-145 10 Ibid , pp 149. 151 1 Istorija xalifov \ardapeta Ge\onda, piwtelja VIH veka Translatée! by K PaTKAnian (St Petersburg, 1862). pp 9-10 18 Dowsftt, History. p 202
THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE 239 the advocates of close relations with the Caliphate led by Varaz Trdat’s heir resumptive, Prince Shero, on the one side, and a pro-Byzantine party led by Varaz Trdat’s wife, Sprama, and the Catholicos of the Albanian church, Nerses Bakur (688-704), on the other. The Caliph Abd-al-Malik decided to take drastic action to eliminate once and for ail the anti-Arab opposition and for the fïrst time intervened directly in internai Albanian political affairs As a resuit, by the time Varaz Trdat was able to return home from Constantinople in 704, Albania had lost her vassal status under the Caliphate. Henceforth, she was to be administered by officiais appointed by the Caliph and responsible directly to him. The Prince and the Catholicos, who were retained for the time being, had practically no authority of their own. In the course of the eighth century Albania was gradually integrated into the political and économie structure of the Caliphate. For administrative purposes the Arabs usually included Albania within the same province as Azerbaijan, Armenia, and parts of eastern Asia Minor, but Arab writers often described it as a separate territory19 The Arabs regarded Albania primarily as a source of tax revenues Before they had asserted full control over the country, taxation does not seem to hâve been unduly onerous As Christians (dhimmis) the Albanians paid two taxes — jizyah and kharaj — and in assessing them, officiais took into account the ability to pay20. Under Hisham (724-743), the last great Syrian Umayyad Caliph, a general census of the population, land, and other possessions and the application of rigorous new tax policies based upon it brought increased burdens for the population of Albania. Unfortunately, owing to the lack of sources, it is impossible to ascertain how much the Albanians contributed to the Umayyad treasury and what portions came from taxes on land and from other sources. Similar information about Albania under the Abbasids is also lacking, at least before the tenth century21 Both the Umayyads and the Abbasids were also interested in Albania for its commercial potential A number of its cities were situated along important trade routes to the north and northeast. Barda, in particular, played a major rôle in the international trade of the Caliphate, primarily with the peoples of the northern Caucasus and the Don and Volga river basins. Numerous Albanian cities and towns contributed the products of their own thriving artisan industries to this commerce. The consolidation of Arab rule over Albania in the eighth century by no means went uncontested. A sériés of wars with the Khazars often rendered the 19 Bunuatov, Azerbaidzan. p 143 20 Ibid, p 118 21 Ibid. pp 122, 138
240 K HITCHINS Arabs’ hold precarious and at the same time contributed greatly to the political fragmentation of the country Albania was almost constantly a battleground because of its own abundant resources or its strategie importance for control ot the Caspian seacoast and Armenia. The last major success of the Khazais came in 796-797 when a massive army defeated the Arabs and occupied Albania for two months. But for the remainder of the reign of Harun al-Rashid (786-809) Khazar raids ceased, and a general peace prevailed22 II A number of scholars hâve viewed the Arab conquest of Albania as one of the main causes of the disappearance of the Albanians According to an interprétation of events which has found favor among Azerbaijani historians, two processes — Islamization and Armenianization — were mainly responsible for that disappearance and were at work more or less simultaneously, the first was set in motion and the second greatly advanced by the Arab conquest The progress of Islam in Albania seems at first to hâve been marked b\ a relatively harmonious relationship between the Arabs and the local population In the second half of the seventh century there were still relatively few Muslims settled in Albania, and minority status necessarily imposed restraints on their behavior. The Arabs were also bound to accord the Albanians some measure of toleration, since they were People of the Book The friendly réception accordée! to the Arabs by various segments of the Albanian population also helped to diminish the inévitable friction between conqueror and conquered In the second half of the seventh century many Albanians welcomed the Arabs as peacemakers, who had brought an end to the warfare between the Byzantines and the Persians and the periodic dévastation wrought by the Khazars. The Arabs demanded submission and collected taxes, as we hâve seen, but initially they did not interfère in local political and religious affairs Their main objectives in Albania were material and strategie, and so long as the local population satisfied these requirements, the Arabs did not concern themselves with the inner workings of the Albanian polity. There is some evidence. however meager, to show that the Arab advance into Albania during the reign of the Caliph Umar was accomplished as much by negotiation as by bloodshed For example, the Arab military commander took the city of Bailakan bv a peace treaty, according to which, he guaranteed the inhabitants their lives and property in return for payment of the kharaj and jizyah At Barda, after a short 22 The wars are described in Bunuatov, Azerbaïdjan, pp 107-115. Dowsett, Histori, pp 208- 210, htorija xaüfoi \ardapeta Geionda. pp 71-72, 80-81. 92-93, and Artamonov, htorila Xazai pp 202-232
THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE 241 siégé he came to a similar agreement with its inhabitants23 Once the Arabs had established themselves more firmly in the country, they found the Albanians to be useful auxiliaries, employing both converts to Islam (mwi/i) and Christians (dhimmis) as soldiers24. The use of Albanian dhimmi units, which often served as a rearguard or performed other hazardous duties, continued into the first half of the eight century25. Although the Arabs exerted little direct pressure upon the Albanians to accept Islam, there were, nonetheless, strong économie incentives for them to convert. For example, to remain Christian meant a heavier tax burden, specifically, payment of the jizyah in addition to the kharaj. Certain éléments of the population, therefore, showed a greater inclination than others to receive the new faith. Islam had its greatest success among the nobles, whose conversion allowed them to retain their lands, and among merchants and artisans of the towns, to whom the Arabs granted various privilèges in order to stimulate économie activity and increase revenues The towns, moreover, because of their mixed population, which was composed of Armenians and Arabs as well as Albanians, were generally more open to assimilation than the rural areas. Nonetheless, in the countryside a number of peasants, perhaps the well-off, also converted in order to escape the jizyah and to retain their lands, but the majority of the rural population remained loyal to their traditional faith. Their attachment to Christianity may hâve been reinforced by the apparent willingness of the Arabs to tolerate existing agrarian structures in order to gain the support of the landholding upper classes26. In spite of analogies to general trends in other Arab-dominated areas, the true extent if Islamization in Albania in the late seventh and eighth centuries, owing to the paucity of sources, remains an open question. We are no better informed about a complementary process — Arabization Under the later Umayyad caliphs an influx of Arab settlers into Albania occurred. We do not know their numbers, but many were soldiers who garrisoned the military settlements established along the northern frontier to guard against attacks by the Khazars. Others settled in the towns in the interior as merchants, artisans, and administrators. But there seems to hâve been little direct or sustained contact between the Arabs and the bulk of the population, 23 Bunijatov, Azerbaïdjan, p 83, citing Al-Balazuri, Kitah futah al-Biddau Liber ex- pugnationis regionum Ed M J de Goeje (Leiden, 1870), pp 203-204 Bunijatov, Azerbaïdjan, pp 83-84, citing al-Balazuri, Ibid , pp 200, 439, and Annales quos scripsit Abu Djafar Mohammed ibn Djarir ai-Tabari Ed MJ DE Goeje, Vol 3 (Lugduni Batavorum, 1901), p 639 25 Dowsett, Hisiory, p 209 For a brief account of Islamization in Albania in the seventh and eighth centuries, see Bunijatov, Azerbaïdjan, pp 86-91
242 K HITCHINS which lived in the countryside. Arabization, like Islamization, probably had its greatest success among Albanian nobles in the eighth and ninth centuries A certain number, again we do not know how many, took Arab Muslim names and adopted the Arabie language and culture. When the Seljuk Turks arrived in the latter décades of the eleventh century these Arabized Albanians and the Arabs themselves underwent Turkization. One effect of Islamization and Arabization on the Albanians, then, may hâve been to facilitate their assimi- lation by other Islamic peoples, in particular, the Turks27. The spread of Arab political domination and of Islamic religious influence in Albania became intertwined with long-standing religious controversies within the Christian community itself, notably the rivalry between the Albanian and Armenian churches As with so many aspects of Albanian history, the sources for a study of this fundamental problem are sparse and sometimes con- tradictory Moreover, the whole matter has been clouded in recent years by partisan exchanges between Azerbaijani and Armenian scholars in the Soviet Union28. The dispute has centered about the existence of an independent Albanian church separate from and equal to the Armenian. One body of opinion, represented mainly by Armenian scholars, holds that the Albanians never had such a religious organization, but were, instead, subject to the Armenian Catholicos and carried on their religious functions in Armenian2"' The consensus among Azerbaijani historians, on the other hand, is that the Albanians did hâve their own, independent church, that they used their own language in the service, and that a written literature in Albanian, consisting of ritual books and other religious works, flourished30. Here is not the place to 27 Ibid, pp 171-172, 177-178 28 The immédiate cause of the polemics was the appearance of Bunijatov’s Azerbaidzan i VII- IX vv , which was critical of the rôle played by the Armenian church in diminishing the independence of the Albanian church and in removing Albanian as the liturgical language A severe indietment of Bunijatov’s views was made by Asatur Mnatsakanian and Paruir Sevak "Po povodu knigi Z Bunijatova ‘Azerbaidzan v VII-IX vv Patma-Banasirakan Handes, 1967 No 1 (36), pp 177-190 A reply came from M A Ismailov, “Citaia knigu i recenziju o neï, ’ Azârbaïjan SS R Elmlâr Akademiiasynvn Khâbürlüvi Tarikh, Fàlsâfâ vâ Hügüg seriiasy, 1969, No 1 pp 123-127 A careful, scholarly discussion of the Azerbaijani and Armenian positions may be found in Robert H Hewsfn, “Ethno-history and the Armenian Influence upon the Caucasian Albanians,” in T J Samuelian, Classical Armenian Culture (Philadelphia Scholars Press, 1982) pp 27-40 29 A Sh Mnatsakanian, O literature kavkazskoi Albanii (Erevan, 1969), pp 108-127 Support for Mnatsakanian came from H S Anassian, "Mise au point relative à l’Albanie caucasienne," Revue des Études Arméniennes, Vol 6 (1969), pp 299-330 For a criticism of Mnatsakanian’s views, see Vorosil Gukasjan, "O nekotoryx voprosax istorii albanskoï pisjmen- nosti i literatury," Azârbaï/an SS R Elmlâr Akademiïass nyn Khâbàrlâri Àdàbïiïat, DH vâ Injâsànâi seriïasv, 1968, No 2, pp 85-101 ’° Bunuatov, Azerbaidzan, pp 92-94 On the Albanian alphabet and literature, see Dowsett History, pp 54, 69, Trever, Ocerki, pp 306-315, Vorosil Gukasjan, “Opyt desifovki albanskix
8 THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE 243 examine in detail the merits of these two positions, but the controversy itself deserves attention because it raises fondamental questions about the fate of the Albanians Although much of the religious history of Albania is obscure, evidence indicates that at least by the latter part of the fifth century a regular church organization headed by a Metropolitan (or Catholicos) and numerous bishops existed31. The subséquent development of this church in the sixth and seventh centuries was beset by internai strife between the adhérents of the Chalcedonian or dyophysite doctrine, who generally looked to Byzantium for support, and the monophysites, who relied for protection upon the Sasanians The interférence of these outsiders sometimes had a décisive influence on the ecclesiastical history of the Albanians For example, at the beginning of the sixth century the Sasanians tried to separate the churches of Albania, Armenia, and Georgia from the Church of Constantinople by supporting the monophy- sites at the expense of the dyophysites To strengthen the former the Sasanians thought it necessary to unité them and in 527 they sponsored a council of the three Caucasian churches at Dvin, in Armenia, which formally proclaimed the monophysite doctrine as the only orthodox creed The coopération of the three churches apparently did not affect the status of the Albanian Catholicos, who remained independent of his Armenian colleague The Albanian church asserted its independence at a new council at Dvin in 607, which ended the union of the three Caucasian churches32. Neither the first council at Dvin nor the subséquent persécution of the Chalcedonians brought religious peace to Albania. The struggle between monophysites and dyophysites continued unabated during the sixth and seventh centuries. The crucial test of Albanian church independence was precipitated by the long exile of Prince Varaz Trdat in Constantinople As we hâve noted, a struggle for power ensued between his wife, Sprama, and the Catholicos, the Chalcedonian Nerses Bakur, on the one side, and Varaz Trdafs legal successor, Shero, and his supporters, on the other side. Both parties had recourse to outside assistance: Sprama and Nerses Bakur looked to Byzantium; Shero to the Caliph As a conséquence, this local political and religious rivalry assumed broader dimensions It became another épisode in the long, drawn-out contest between Byzantium and the Caliphate for control of nadpiseï Azerbaidzana,’' Azârbaî/an SS R Elmlâr Akademiias) n\n Khâbârlâri Àdâbiaat, DU in Injàsânàt seriiiisy, 1969, No 2, pp 52-74, and Voroshjl Gukasian, "De l'histoire de l’Albanie caucasienne et de l'écriture albanaise,' Bedi Kartlisa, Vol 32 (1974), pp 275-284 31 Dowsett, Histori, pp 50-54, Mamedova, "htorija Alban", pp 153-175 Vorosil Gukasjan, “K osvesceniju nekotoryx voprosov istorii Azerbaidzana v monografii Azerbaidzan v VII-IX vv Azarbaî/an SSR E/mlür Akademiîasinyn Khàbâr/âri Tarikh, Fâlfâfâ, và Hügüg seriiasy. 1968, No 4, pp 128-130
244 K HITCHINS the Caucasus The Caliph Abd-al-Malik found a valuable ally in the person of the Armenian Catholicos, Ilya It was Ilya, in fact, who had warned him thaï the Albanians (i.e., the Chalcedonians led by Nerses Bakur and Sprama) had joined with Byzantium to oppose Arab rule31 Ilya’s objectives were straightforward to remove those whom he regarded as heretics from control of the Albanian church and to bring that institution firmly under his own direction Abd-al-Malik, for his part, saw in the struggle over the Albanian throne and the related doctrinal complications a splendid opportunity to undermine Byzantine influence and strengthen his own position in the région Consequently, he instructed Ilya to take charge of the Albanian church, to rooi out ail malefactors, and to send Nerses Bakur and Sprama to his capital for judgment33 34. In this way Shero and the pro-Arab, monophysite party prevailed But their victory proved to be a hollow one. Soon after his accession Shero together with a number of nobles, at the behest of the Caliph, followed Nerses Bakur and Sprama to Damascus where ail trace of them was lost Varaz Trdat, who had returned to Albania from Contantinople in 704, may hâve helped the Caliph remove Shero35, but he had little time to savor his triumph, for he died the following year What little political autonomy Albanian rulers had managed to retain disintegrated as their country came under the direct control of the Caliphate. While the political fate of Albania was thus being decided, the way was opened for the Armenian clergy to extend its influence over the Albanian church. The Armenian Catholicos assumed the power of appointing the head of the Albanian church. He also began to replace the Albanian clergy, many of whom he suspected of heretical leanings, with Armenians and initiated an extensive proselytizing campaign to win over those Albanians who for one reason or another had resisted Armenian influences or Islam. His work was facilitated by the mixed population of the towns and certain rural districts, where many Armenians had settled As Ilya’s work proceeded religious manuscripts in Albanian were destroyed36 on the grounds that they were fîlled with heretical teachings. A number of scholars hâve regarded these ecclesiastical events as the beginning of the end of Albanian as a literary language37. They argue that its use not only diminished in the church, but that it also began to disappear from 33 Dowsett, Hislor\, pp 191-192 34 Ibid , pp 192-193, Gukasja^, K osvesceniju, pp 130-131 15 Dowsett, Histon, pp 202-203, noie 2 36 Ibid, p 193 37 See, for example, Gukasjan, K osveiceniju, p 131
THE CAUCASIAN ALBANIANS AND THE ARAB CALIPHATE 245 educational institutions and the State administration. Hence, as time passed, perhaps after several centuries, its sphere was largely restricted to the hearth and the market place. The spoken language endured, but the number of speakers gradually declined The persistence of spoken Albanian in the région around Barda in the ninth and tenth centuries is recorded by Arab geographers who reported that ail the inhabitants spoke their native tongue, and the Armenian historian Kirakos Ganzakets’i, who was living in Ganja in the thirteenth century, noted that only the Albanian upper classes spoke Armenian. Although the extension of the Armenian language seems to hâve been a slow process, it is no less évident that under strong Armenian influence in the church and éducation the Albanian language was in retreat III From this brief account of the Arab invasion and domination of Albania it appears that the rôle of the Caliphate in the disintegration of Albanian political and ecclesiastical institutions was décisive The destruction of the Albanian State, semi-independent or vassal though it was, deprived the Albanians of effective control over their own destiny Henceforth, their political and social development would be dépendent upon the interests of others. But even without a separate State the Albanians could perhaps hâve maintained their separate identity, if they had been able to preserve the ethnie character of their church. In the absence of other “national” institutions, an Albanian church, like those of the Balkan Orthodox peoples at a later time, could hâve served as an effective guardian of language and tradition As it was, the loss of an independent church proved especially destructive of Albanian community life. Since the written language was primarily a tool of ecclesiastics, the replacement of Albanian by Armenian as the language of the church led to the dérogation of Albanian as a medium of literature and higher culture. The abandonment of Albanian, especially by the educated and the upper classes, in turn, hastened the loss of ethnie identity and facilitated assimilation with other peoples Perhaps in these events is to be found an explanation for the disappearance of the Albanians. University of Illinois Keith Hitchins at Urbana-Champaign
LE MOT (noô EXISTE-T-IL EN GÉORGIEN ANCIEN9 Ce mot, qui apparaît dans une homélie de Mélèce d’Antioche (CPG 3425 (8)), est une faute de copiste. Dans la langue géorgienne moderne, on trouve le mot (noô ; il provient de la racine ^30 et signifie remue-ménage, tapage, tumulte1 Quant à savoir si le mot existe dans la langue géorgienne classique, il manque dans le Dictionnaire de Soulkhan-Saba Orbéliani, dans toutes les éditions de textes anciens munies de lexique que nous avons pu consulter et, plus curieusement, dans le Dictionaire de la langue géorgienne où I. Abouladzé a rassemblé tous les mots dignes d’intérêt recueillis au cours de sa féconde carrière d’éditeur de textes géorgiens anciens2. Si cette dernière omission est surprenante, c’est qu’l. Abouladzé a lui même édité un texte, connu seulement en géorgien et transmis uniquement par le manuscrit Tbilissi, Institut des manuscrits, A-95, texte qui contient le mot (noô. Il s’agit de l’homélie de Mélèce d’Antioche sur l’Annonciation (CPG 3425 (8))3 Le prédicateur explique ainsi Luc 1,32- «Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David et il régnera sur la maison de Jacob»: «(trône) qu’il lui promit aux jours de Jacob, et il régnera à Jérusalem, et pas seulement à Jérusalem sur une seule tribu, ni seulement ô9ôL> (noôb4 sur les dix tribus, mais il régnera sur toute la maison de Jacob et sur les douze tribus de Jacob et non comme le royaume de David sera prévu son royaume pour ses successeurs et non à quelqu’un de sa descendance sera donné son pouvoir, comme celui des rois d’Israël. mais il régnera jusqu’à la fin des temps et son règne n’aura pas de fin.» Le texte se développe, on le voit, selon une série d’oppositions destinées à mettre en relief le caractère unique du règne du Christ par rapport aux autres 1 Kartuli enis ganmart ebiti leksik oui. sous la direction générale d'A Cikobava, t VI, Tbilissi 1960, col 429 ria-ria 2 I AbulaJe. jveli kartuli enis leksik oni (masalebi) publie par Elene Met reveli et Ciala Kurcik iJe, Tbilissi, 1973 3 I AbllaJe, Mrasaltasi. dans Enis, ist oriisa da mat eriahtri k ult uris inst it ut is moambe 14 1944, p 265, 1 5 Nous devons un exemplaire de cette publication au R P M van Esbroeck, qui préparé l'édition intégrale des œuvres de Melèce conservées en géorgien et en arménien c'est lui qui nous a posé cette question de vocabulaire Le texte a été commodément réédité dans le t III des Sromebi d'I Abulaje, Tbilissi 1982 (p 55) 4 Dans son travail fondamental sur Les plus am iens homéliaires géorgiens. Louvain-la-Neuve. 1975, p 309, M van Esbroeck omet prudemment de traduire
LE MOT fnoô EXISTE-T-IL EN GÉORGIEN ANCIEN’ 247 successeurs du roi David Ce ne sera pas un règne limité à Jérusalem ou sur le royaume de Juda seulement; l’auteur fait ici allusion à la séparation d’Israël d’avec la maison de David, d’où naquirent un royaume de Juda (et Benjamin) dont la capitale était Jérusalem, et un royaume d’Israél, comprenant les dix autres tribus et ayant son centre à Sichem en Samarie (voir 1 R 12) Ainsi, il est désormais clair que l’on doit lire • «et il régnera à Jérusalem, et pas seulement à Jérusalem sur une seule tribu, et pas seulement bôdôtnoôb: en Samarie sur les dix tribus, mais . » Ce manuscrit célèbre a eu un scribe parfois négligent on en trouverait d’autres exemples dans les Apophtegmes de saint Antoine, dans le texte d’Ephrem (f 169r), ô pour ôÇ, pour L’on doit donc donner raison à Soulkhan-Saba s et I. Abouladzé qui n’ont pas accueilli le mot (noô dans leur Dictionnaire, et l’on ne peut s’appuyer sur ce passage pour conclure à l’existence du mot en géorgien ancien Dom Bernard Outtier Abbaye de Solesmes 5 Soulkhan Saba a connu ce manuscrit voir les citations qu'il en fait, par exemple aux mot 83^30 et jmfnojm'bo (textes connus uniquement par ce manuscrit, au moins le premier)
GEORGIAN DENDRONYMS There are obvious reasons for concentrating on dendronyms for a variety of linguistic purposes. they are likely to represent a language’s primary voca- bulary and yet remain more stable than many other basic lexical items, they provide dues to the mobility and origins of speakers of the language, they assist us with cultural history, with the associations and genetic and generic relationships between languages The word and the phenomenon are slow to alter among the speakers and users Let us keep in mind certain réservations, for the lunatic fringe of etymology is as thick here as elsewhere. Trees do disappear and appear from a large area in the space of one génération, names are lost while the species survive Take for instance the fact that no English child will see the elm as a familiar species, or that the word rowan has been replaced by mountain ash over large areas of England, though the tree is even more common. In the Caucasus the loss of species and the flux of dendronyms has been exceptionally drastic The temptations for persisting with an investigation of Georgian den- dronyms are strong. Here we hâve a language spoken on the same terri tory long enough to be regarded as autochthonous; we hâve the intersection of two axes, north-south and east-west, so that the species of Europe and Asia Minor. the Mediterranean and Central Asia — wild and cultivated — hâve long existed and been named, with the ’Explanatory Dictionary of the Georgian Language’ we hâve an exceptionally reliable corrélation of lexemes and plants The data are probably ncher than in any other language1. At the same time there are curious anomalies in the phonological structure of dendronyms and in their relationship to other Caucasian, Indo-European and Mediterranean dendronyms that provide some answers and raise some questions about the position of the Kartvelian languages vis-à-vis N W and N.E Caucasian, Indo- European, and non-Indo-European Mediterranean I cannot say that a study of dendronyms simplifies the question, it does lead us into the same sort of quandary as comparative typology or more general etymological study One stnking fact about Georgian tree names is the paucity of simple roots 1 Ail we lack are the Carbon 14 pollen datings which hâve been so useful in the study of Indo European dendronyms
GEORGIAN DENDRONYMS 249 While there appears to be little prefixation — which does nothing to help those who search after fossilised class exponents in Georgian nouns — there is considérable suffixation, especially with stems in -el, -o and -(x)v The -l- suffixes give a derivatory quality to the tree names • a phenomenon which we find in Latin, too, with stems in -ul- (Betula, Populus) and -in- (Carpinus, Fraxinus). In a Caucasian context, suffixation suggests that tree names are secondary : this is certainly true of N W Caucasian where most dendronyms seem to be secondary formations from the fruit or even the manufactured product of the tree2. In Georgian, too, such pairs as cicibo (Beechmast, cf N.E.C. Karata, t$itçibo, fir cônes), and cipeli (Beech) suggest that the fruit is primary, the tree secondary (as in modem French). Apart from suffixation, reduplication also occurs, thought no more frequently than in other nouns; oddly enough, such possibly reduplicative forms as cacxvi (Tilia sp.), zazuna (Crataegus sp.) and jejvz (Paliurus spinachristi) tend to be among the few dendronyms with non-Kartvelian, Caucasian echoes (e.q Chechen hex (Tilia), dzaz (Paliurus), Andi zaz (Quickthorn). Suffixation, however, does not seem entirely random Dendronyms in -la, e.g. tela (Ulmus), rcxila (<*krcxeml-) (Carpinus), (r)txmela (Alnus), cahla (Castanea) are ail large trees of importance as timber. Apart from cipeli (Beech), other trees providing wild fruit tend to hâve the suffix -eli (e g tameli. Sorbus torminalis — Chequers); kimeli, vanous edible crategus. Many other fruiting trees are suffixed -/.., or -al.. — zgmartli, Medlar (cf. the -il- in Greek and Latin mespilon, mespilus) vasli, Apple, andi, Elderberry, msxali, Pear; tqemali (if the root is not -mal-), Sloe, for example Herbaceous and shrubby fruitbearing plants, however, tend to be suffixed in -v or -xv. • mocvi, Blueberry; marcqvi, Strawberry ; kacvi, Sea Buckthorn as well as the more tree- like legvi, Fig and sotxvi, Bird cherry. Coincidence and convergence by analogy may not be enough to explain this phenomenon, even if Caucasian languages do generate consonantal suffixation spontaneously. It has been pointed out in the past how many cultivation vocabula in Georgian, supposedly imported from Indo-European, hâve -o stems But apart from gvino and terms connected with ploughing, far more indicative is the primitive, non-cultivated nature of tree and other plant names ending in -o, which makes borrowing from Indo- European supererogatory. Many are poisonous but of primary importance for dyeing and medicine. We can list tutubo (Rhus cariaria), Sumach (a tanner’s dye); kvido (Ligustrum), Privet (a 2 E g Kabarda lanaj, three-legged stool > lanajej. Acer species. but compare English 'spindle' and spindle tree Euonymus
250 A RAYFIELD black dye), endro (Rubis tinctona) Dyer’s madder; qaqaco. Poppy; suro, Ivy In addition, some spice herbs — qaqaco again, as weil as onco, Satureia, tenco, Watermint, — share the same stem Three aromatic wild fruiting shrubs can likewise be grouped together phonetically. hia, Quince (though with Indo-European an Mediterranean cognâtes), svia, Hops and gvia, Juniper While other ‘rhyming’ groups (e g those in -ani) sometimes owe their suffixes to a Turkic or Iranian source, systematic groupings of tree and plan names appear to exist, and these are groupings that we shall see to hâve more in common with indo-European (Latin and Greek) on a Mediterranean substratum than with those of neighbounng Caucasian languages Admittedly companson with N W , N. and N E Caucasian is difficult In the case of Abkhaz-Circassian we are hindered by the fact that fundamental dendronyms for oak, maple, lime, willow, elder, cornelian cherry etc. (import- ant économie species for millenia) appear to be derived from even more basic roots Thus Kabarda bzsxw (Tilia) or Ubykh bzss (Salix) seem to be composed from roots for water and light, while N.W words for oak (Kabarda zagex Abaza Jc°s) seem to be secondary formations from a root meaning acorn or tree. Admittedly lexical and etymological work in N W. Caucasian is still in its early stages and the étymologies proposed by scholars from Abayev to Shagirov include ludicrous and dubious solutions, but for N.W. we are lefi with a very few fundamental dendronyms (e.g. Beech, txwey, Fir, psey), many homophonie roots and possible borrowings (such as Adyghei ptseli, Pussy Willow, with its correspondences throughout Europe and Asia) which leave the questions of connections with Kartvelian unanswerable In any case the structure of N W. Caucasian roots is so simple and the consonantal material so rich that everything is possible and nothing is certain. Certain dendronyms. e.g. Kabarda heywe. Quince, may be cognate with, rather than borrowed from Chechen hayba or Georgian bia, Abkhaz -dzar, Kabarda ze, Cornelian cherry, may link with Georgian zazuna, Hawthorn, but the saner linguist will turn to other evidence for the relationship with Kartvelian languages (other than Svan, which has borrowed extensively from Circassian, e.g. /ira, Oak) One possibly significant point is that the suffix -eï used in Kabarda to dérivé tree names from fruit recalls the suffix -ea we find in Greek dendronyms of non- Indo-European ongin (e.g Itea, Melea, Pteled) With Nakh-Daghestani languages the position is less ambiguous. We suffer, however, from the same lack of systematic preliminary research. Furthermore, with the great défoliation of the eastern Caucasian forest in the nineteenth century, the species as weil as the names hâve been lost, perhaps irretrievably. Nevertheless, the limited correspondences with Kartvelian are clearer. Some
GEORGIAN DENDRONYMS 251 are widespread terms, such as komal, Cannabis (Georgian kanapiy bali, Cherry, an Iranian word which can be found in ail Caucasian languages, or Chechen hamc, medlar, which has the labial/sibilant basis to be found in ail Indo-European and Turkic words for this fruit3 (The medlar is not par- ticularly palatable, but its importance as the last autumn fruit to be harvested has left a unique mark in the languages of Eurasia) Other fruit such as Chechen 4zz (and many Daghestani languages share the root) convincingly resemble Georgian vasli, apple, and perhaps mazalo, crab apple To a small degree, Chechen has undergone the same Hellenic influence as Georgian évidence for this lies in the word komar, whose basic meanings include both fig and mulberry, a combination only likely if it is derived from the Greek composite sykomoron, (lit. fig/mulberry) Most correspondence between Chechen and Georgian involve border species, e g. the Norway maple, Acer platanoides (Chechen lega, Georgian lekis xe), the rough elm, Ulmus scabra (Chechen müsdecig, Georgian telamusi — a combination of tela, elm and the Chechen root). Georgian muxa, Quercus, is linked with such Daghestani forms as Rutul mâxw, and has in fact supplanted an earlier Kartevlian term, cqani (cf. the toponym Cqneti) The Daghestani connections of cipeli, Beech, hâve already been mentioned (with a typical change of spécifie meaning) The Daghestani languages are as volatile as the Indo-European in switching species of dendronym (cf Greek phagos, Beech, Latin quercus, Oak, English yew, Russian iva, Willow), so that our conclusions must be tentative. There is a tempting parallel in the typically Daghestanian Lezghi word for both tree and birch, werx with Georgian arqi and Indo-European terms. Other compansons, such as with terms in N. & N E Caucasian for hornbeam and beech, hinge too much on the presence of a single labial consonant to be worth making. Much more attention needs to be paid to these connections with Hellenic and Mediterranean dendronyms that cannot be explained as mere borrowings Among these are Georgian pievi, bza, elaii, tela, psta, dapna (Spruce, Box, Pine, Elm, Pistachio, Laurel) which appear to be more or less closely related to Latin Picea, Greek pyxos, elatê, ptelea, fistikos, daphne of the same meaning Against the assumption that they are borrowed are the facts (a) that these trees are as much indigenous in Georgia as in Greece and (b) that they ail originale in Latin and Greek from a pre-Indo-European Mediterranean source. On the other hand, such forms as elati and dapna are so exactly like the Hellenic word that if they are of common origin, then some Hellenising force has ‘corrected’ them. In my judgement forms such as tela are cognate rather than borrowed (rare Cf Ubykh barac , Turkish and Russian musmula
252 A RAYFIELD though the borrowing of an alien term for an indigenous thing may be, it is even less plausible when we find parallels such as Armenian t'eli) Other dendronyms, such as kerati (Ceratonia), kedari (Cedar), kviparisi (Cupressus) and al vis xe (poplar, from Gk aloe), are clearly borrowed, Generally, however we are led towards a ‘Mediterranean’ hypothesis by supporting evidence the links between a great number of herbal terms whose indigenous ongin is hard to doubt and yet which clearly are close to Mediterranean terms Among these are halha (Malva), ia (Viola, cf Greek za), salbi Salvia), pitna (Mentha) z/szzp/ (Hyssop)4. Where comparative study of the Kartvelian languages allows us to re- construct earlier forms than old and modem Georgian can show, many more plant names seem to hâve significant similarities with Indo European The hornbeam — a tree whose distribution and name hâve proved remarkably stable — shows a pattern of velar, ‘r’ and labial (Latin carpinus, Russian grab) identical to the reconstructed *krcxeml- for Georgian rcxila, the reduplicative pattern of qaqaco, poppy, as well as the common p[q alternations suggest a meaningful link with papaver. This is an area of research where fieldwork, let alone thinking, remains to be done and it will help to lead us away from the conception of the Caucasian languages as a family, towards the idea of their being an orphanage where underneath the superficial similarities imposed by a common fate and environment there can be detected individual and deepcr genetic traits. Queen Mary College, University of London Donald Rayheld * If pilna and Mentha are non-Indo-European, we must discard yet another of the popular herbalist ‘étymologies’, which links ‘mint’ and ‘mind’, Russian mjatà and (pà-)mjat etc , etc
PATSITSE-LE-CORBEAU, conte tcherkesse en dialecte ABZAKH René Gsell, Isak Tsey, Catherine Paris, Nia: Batouka, A Tlich, Pierre Dréan, Marc-Yves Lautrou. 1. Istrodi c no\ 1.1. L’enquête de René Gsell Dans le cadre d’une mission officielle (mai 1982) auprès des Universités yougoslaves de Belgrade, Skopje, Sarajevo et Pristina, l’un des co-auteurs du présent article, René Gsell, professeur à l’Université de Paris III, a eu la chance de pouvoir faire une enquête linguistique chez les Tcherkesses du Kossovo. Les Tcherkesses de Yougoslavie, ainsi que l’avait indiqué C. Paris dans un travail antérieur (Bedi Karl Usa, vol XXXV, 1977, p. 28) vivent actuellement — à part quelques familles isolées — regroupés dans le village de Stanovce (Région autonome du Kosmet) et dans ses environs immédiats, et parlent le dialecte abzakh Les traditions anciennes y sont très bien conservées et la langue maternelle de tous les jeunes enfants est le tcherkesse, plus tard, comme leurs camarades de la région, ils apprennent actuellement à l’école l’albanais et le serbo-croate. Avant la réforme récente du système éducatif de la région autonome, ils étaient scolarisés d’abord en turc, puis en serbo-croate Beaucoup d’entre eux continuent d’ailleurs maintenant encore à apprendre le turc pour pouvoir correspondre avec les membres de leur famille établis en Turquie. Les étudiants apprennent en outre à l’Université une langue occiden- tale, généralement l’anglais, si bien que la communauté de Stanovce est multilingue et par là même d’un grand intérêt pour le linguiste. Grâce à l’obligeance du professeur Murat Bejta de l’Université de Pristina, marié à une dame tcherkesse et parlant lui-même la langue, R. Gsell a été reçu avec les plus grands égards par Hadj Shahib Hassan, propriétaire à Stanovce et membre influent de la communauté. Ce dernier a bien voulu enregistrer dans une langue très pure des récits sur l’arrivée des Tcherkesses au Kossovo. Dans l’après-midi, R. Gsell, Madame Gsell, le Prof. Bejta et sa femme ainsi que plusieurs membres de la famille Hassan se sont rendus à Pristina sur l’invitation de Madame Çerkezi qui avait en leur honneur organisé une petite réunion culturelle tcherkesse, au cours de laquelle Suzan, la fille de la maison, étudiante d’anglais à l’Université, a chanté des Ballades et des chansons populaires. Isak Tsey, un cousin de la jeune artiste, lui-même originaire de Stanovce, poète et écrivain à ses heures — dans le civil ingénieur — a improvisé la version du conte Kole Patsitse, que l’on lira ci-après. La réunion était empreinte d’une grande chaleur humaine, nourrie bien sûr par l’intérêt
254 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE que tous les assistants prenaient aux chants et aux récits du folklore du Caucase, mais entretenue également par les plats nombreux et variés, le café et le thé à la menthe que les dames de la maison avaient préparés pour leurs hôtes et qu’elles ne cessaient de monter au salon Les bruits des portes, les allées et venues des dames, les applaudissements de l’assistance — et les miaulements du chat, désireux de participer lui-aussi à la fête — ont quelquefois interrompu le narrateur en donnant ainsi sa véritable couleur locale au texte RG 1 2 Le travail en séminaire M. René Gsell ayant eu l'amabilité de mettre à la disposition du séminaire de C. Paris (Université de Paris III, Institut de Linguistique et de Phonétique, 19, rue des Bernardins, 750005 Paris, de 14h30 à 16h) une copie du conte d’Isak Tsey recueilli dans les circonstances dont on vient de lire le récit, le deuxième semestre de l’année universitaire 1982-1983 a été consacré à la transcription, l’analyse et le commentaire collectif de ce texte avec la participation de Niaz Batouka et A. Tlich, locuteurs abzakhophones, Pierre Dréan, René Gsell et Marc-Yves Lautrou, la version définitive a été élaborée par C. Paris et réexaminée lors d’une dernière réunion du séminaire Kole-Patsitse, le héros de ce conte, n’est pas un inconnu, ni des Caucasologues, ni des locuteurs actuels de la langue, tels N B. et A.Tl., qui ont vu, dans ce nom de Kole-Patsitse, un nom propre ordinaire d’un seul tenant qui ne nécessitait donc, pour eux, aucun commentaire Le Dictionnaire Abzakh (en préparation) que nous avons établi avec N B. contient cependant un nom propre masculin Patse, et N B. lui-même indique, à la p 20 de sa thèse de 3e cycle intitulée Les préverbes abzakh (dialecte tcherkesse occidental) (soutenue en Sorbonne le 2 Juin 1983, 449 pp ), une tribu occidentale à Quneytra qu’il appelle les Patsits. D’un autre côté, q"ale (ou q"'ale) qui, pour N B , est un nom générique désignant toute espèce d’oiseaux rapaces, entre dans la composition du mot q°'ele z (où za est l’EC «vieux», «grand», «vilain», «redoutable» qui peut prendre, selon le contexte, d’autres nuances sémantiques): c’est le nom du corbeau. Les différents dictionnaires de l’adyghé littéraire contiennent les mots et les définitions suivantes - DAd L et DAd IL q°elebzaw «oiseau»: tame zay'ew babarepsewasheme afa'°e «on le dit des animaux volants possédant des ailes», (felez «corbeau», «corneille». q°elebzawme as as' «appartient à l’espèce des oiseaux»; avec les exemples, q^elezar q)'ay-qoay a'°eze maÿ'eAe corbeau crie koar-koar», et q°elezam cetzaye'/er yeha «le corbeau emporte les poussins» (d’où la définition de N B. pour qu'aie en abzakh) Le DQ donne les mots q°'ay «corneille», q°'ale «choucas» et q°'elebzav\ «oiseau sauvage». Selon le DE de A K. Chaguirov (art 750), qa'elebzaw/q°elebzaw est la dénomination commune de toutes espèces d’oiseaux sauvages, où bzaw désigne les «petits oiseaux» et/ou le «moineau», et où q°'ale!q°ale (toujours lié à un autre mot) entre dans la composition du lexème occidental q°ele z: «corbeau» ou «corneille», indifféremment. L’élément oriental-occidental commun q°'elq°e est analysé, par G.V. Rogava, comme étant le mot radical, -le comme un
GSELL, TSEY. PARIS, BATOUKA, TLICH. DRÉAN ET LAUTROU 255 suffixe figé Le mot est comparé à géorgien mingrélien k'vcaria (<q’waria) et à laze q’waozi «corbeau» Etant donné le rôle joué par le héros dans le récit, N B interprête q°'ale dans le nom propre q"'ele-Pacayce, ni comme «rapace», ni comme «oiseau» ou même «corneille», mais comme «corbeau», oiseau qui symbolise pour lui la ruse. J’ignore cependant s’il s’agit là d’une interprétation qui lui est propre ou d’une représentation courante dans la culture tcherkesse 1.3.Abréviations, définitions et sources A . Classe prédicative A. monoactancielle, du type k°'e «aller, marcher» Adv . . ar.-t A. Tl B Adverbial .arabo-turc .. . A Tlich . Classe prédicative B., biactancielle, du type re ne «lui donner un coup». C . .Classe prédicative C, biactancielle, du type «le voir>> Conj D Conjonction. Classe prédicative D , triactancielle, du type ic./a «le lui donner» DAd DAd. I .Dictionnaire de l’adyghé littéraire Khatamov, A A., Kerac hfva, Z L, Tolkovy/ slovarj advghejskogo jazyka (Dictionnaire raisonné de l’adyghé). Ad Knizn. Izd , Maïkop, 1960 DAd II .. Chaov, J.A, Adyghejsko-russkij slovarj (Dictionnaire adyghé-russe), Maïkop, 1975 DE Chaguirov, A K., Etimologiceskij slovarj adyghskikh (cerkesskikh) jazykov (Dictionnaire étymologique des langues adyghées (tcherkesses)), Izd Nauka, Moscou, 1977, 2 vols dq Kardanov, B M , Kabardinsko-russkij slovarj (Diction- naire qabarde-russe), Gos Izd Inostr i nac slovarej, Moscou, 1957. E ... Classe prédicative E., monoactancielle à préverbe, du EC type q'e ka'e «venir». Elément Central Un Elément Central est défini a) du point de vue distributionnel, en s’opposant aux Eléments Périphériques qui, selon leurs fonctions, peuvent le précé- der ou/et le suivre, b) du point de vue fonctionnel, comme pouvant être noyau prédicatif, c) du point de vue séman- EC. I. ... EC. La EC. I.b EC. III. ... Edisc tique, comme étant un lexème .. . Elément Central de catégorie I ou «nominal» Elément Central de catégorie I a ou «substantif» Elément Central de catégorie I b. ou «adjectif» Elément Central de catégorie III. ou «verbe de procès» Elément discontinu
256 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE Empr . . Emprunt EPpostEC Elément périphérique post-radical (voir la définition sous EC ), ou «suffixe» EPpostECc(omp) . Elément périphérique post-radical composé EPpostEC dise Elément périphérique post-radical discontinu EPpréEC Elément périphérique pré-radical (voir la définition sous EC ). ou «préfixe» EPpréECc(omp) Elément périphérique pré-radical composé Expr Expression I Ts . Isak Tsey Loc Locatif NB ... Niaz Batouka p(ers ) . . personne Pl .pluriel pos . . position postpos . postposition Pr é Prédicat d’état. Pr pr Prédicat de procès. sg singulier synt syntaxique t ..turc 2 LbTEXTE 2.1 q°'ele-pacayce, le texte en tcherkesse 1 ne.pe.K m c'e za xebar-gfe (r)e q’a s° /e.s ’°e.s.t. 2 . za "e.le-c'a.k°'-g°e.(re)m q°'ele-Pacayc' s.c'ay2 3 y.a ne.re-y a te.re1 3a.de.vv a ya s;0’e.w4 sa ta y5 4 . a.ha.yb y.a.wane yac'ayay1. 5 zada k°'e re r.ay a.s'e re.r ay8 a.ma.i'e z ew /sale m/9 a./e ta y 6. za.ma.fe-g°e.re m y.a ne r ay'°a.y «q°'ele-pacayc10, ya te m ko’<?y", pxe.n.c'a.pxe.'a.p'e12 q'a.t fe.h ,13 7. ma x°a.ï a x°a.me14 ta pxe n.c'e.n ew » 8. «t/e./’a.ba16 ! s ey n17 ! q'a (p.)/<? s.ha.s.l18» a '°a.y ya te.m k°'a ye. 9. ya.te m ya.c' ay, (f’a.she "a.b-g°e.(re.m'y \enew, z.e c'a A-°'a.m.ay19 sa 'a a.Xe’fa s rts y, ye.pka.n ew de.k°'eya.y20 10. za.de.k°'a.ye.m ’fa.say, ya./’e.g0 a ma./’e ta z.ew ye ya y. a d.r(e).a.bŸ>a m 11. ses.ay ma.fa y21 k°'a ye 12 ps.ay za.psa ne °’a z-g°e (re).m22 '°a-fe.k ha y23. 13 a.^pie.w24 (za)da y.ste.y â r25 pxe.n c'apxe.ye r q'a.r ay - wa.ps'a n ew26 a d.ey a ye.'a Â.ay ye saya y27. 14 '/.es ew psa ya.ye.t ay28
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUK.A, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 257 15. ye-r° a ne y>eS29 maq'e za ze/e.y./a.m30, q'a z e was'a m, yanazk°ap (f'a.she.''a.ba.m q°'e.s.ye.vi zey Âe/’a.m fa.dei w) sana ye 16. z(e:r).a.wa.bata (s:)ta.r31 z ey.s’e.m z ay ye save.pc'a.y32 17. a.she.c’e.re m33 yana z.me34 a.wa.èa/.ay y a.wane a ha y35 18. fe.Àa.za.y. 19. z.e.fe.Àa.za.m, saye-be.t.ew, yana z.me a.'°a.y. «ma "e.le-e'a k°'a.r na ce pe za.saye.re m36 ta wa c'a si». 20. 5e53.ni ye nef .w) yana.z-g°e.(re.)m a.ya.s°'a y, p xate p.ay.h.ay - n ey was a fe.de.m a.wa.c’a.n.ew37 - z.ey ye.'a Âa.m, - q°'ele-pacayce saye-be t ew, - saye.pc’.a z.ay.s'.ay -, c’a.s°e.m de.k°'e.yay yana.z me a sa f, psa z°e q’a.i'a.r.ay.c'e.n.ew38. 21. cf’ele-pacayce saye.pc' a fe.de z ay.s'.ay - ce ta.k°a.m za pxe.teq'e.z-g°e( r)e de.k.l.ay39 - ya.j'er.e(w) za'sa saye re.m "a y A ha y40 ye z c'etakaam k°’a.y de.waè°e.ïa y 22. yana.z.me sesa.m ye ne.w psa z°e.r cfa.r.a.c'a ya.y 23. pse.da.za.m q’a.z ej’.Ae.m41 - a.ye z°a y(e) me ashn.ew - q^'ele-pcicayce "e.À! 24. «wallah-allah\» a.'°a.y «a.de' ma.fe.da.y z psa z°e . (. .) wa 5<?je.s°a y.a? q0'ele-pacayc\9.>> z.ey.’°e.m. 25. «sa.saya y, x°a.s:t, fajiv42 ps'a.t'e q’a.se./ay, yac'ay fa be l'e k0' sa.pa.y ne.h43’, de.f.a, de.f a, sa.reheta.y, sa.saya.y, the s°.ey ye pse w», a.'°a y, «na.ce.pe.re.rn.ee». 26. ama a.y e.s'e.fa.y yanaz.me, ma.fe.da y.z psa.z°e q’a.r.a c'a ya ye m m ew r ze(T.a)y.m.ye.z°a ye.r44' 27. n.ey.was.re.ses.m.ay45 «a.sa.fa.m46» a’°a.y «d.ye.saye.n za ses na q°’e m ta.wa.c’a.sl.» 28. n.ey.wasa.re.sesa.m a.ye.fe À ha y yana.za r se.za.ye a.’a y a47 q’a z.ey he m a.wa.c’a.n.ew, q’a.z -sa.ke.t ay 29. «A! yana.z'» a.'°ay, «se ÿa re-fe de.re4'9 ye ne.w s.ey.ne tx°a.z°e-fe.be- c’a.k0'*9 cf a.s-.fa.y .s'a.z.ay50 s.ay y a.ske.(s f)la.y. 30. s°e s°a.y ’.a? za g°e.(r)e q’a s° :fe.s'a.n.ew51 ?» z ey.'°e m 31. «q’a.t:/e.ma.5’.a52 x°a.n.a?» a.'°ay, «we na cepe.re.m.ce wa.ta.y.he' a.ye.ba9!». 32. z.e.c'e.m53 tx°a z°e-fa.be cf(a).f a.s'.ay a.ye.skay. 33. fe.Xa.za.y. 34. z.e.fe.ka.za.m sesa.m ca.s°e.m de.k°’a ye.yay (deha) se za ye q’a.X.a.’°a.n.ew a.ye.hezera.y, a.ha.y deha pxe teq'e.za.r q’a.h ay "a.r.ay.ye.fe.X.ha.y54, 35. j.en-55, za:sa.5ax-(s:)ta.ye m d.ey.
258 36. 37 38 39 40. 41 42 43 44. 45. 46 47. 48 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55 56. 57. 58. 59 60. PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE sesa m ye ne w se za ye ye r q'a r.a.ja./.ay q’a/.a’u a(y), pxe.teq'e.za.m, yana z ye.r q'.ay.he.n a z e.x°a m56 ye.z sa.y "e.ye A he.za.y q'a.ze.(r e)j he ye w57 q'epka y58. a ye s'e fa.'i Âe.s.ew: «ma.r deha ta.ho c’a ye ba9'» a.’üa.y59 «wa .vait'.s°a y a9 qa'ele-pacayc^» za.'°fm «sa.maAOj’e s°.a ,v°a.n a9 (de.y'0 ew sam....) ma.wane m t'e.k0' bza yye ye60 las.ye za s a ye.saya ye p ah-*’1 V’a.s't, ,vua.s't, de y°.a, the sü vy.yepse H’62, sa.saj-a.y». «wallah-allah\ sa tZ.e(w) c' a.p' e ma.q"'ele-pacavce'» a'°a.y, «m ay j’e.t.s'e.n63 sa.'e p». «a sa.ya.m» a.’°a y, «we q'e p ha ye.me we ha z q’a.z:t/e.p /a.ye m, ya.ca > fe.f a ta x°a s’t.ep64 m ay » jâ q'e.7. ~fe ta ye yana.za m apse.b.a d.a.ye.t'a.s ha y meza m r a.ye.ha y65 za.r a.ye.ha m ma.r sana ye y.a wane-ne.s.e a.ha za n ew. cerez sag-g°e.(re.)m-d ey ray sa. A a y cerez.q°'a.tame qa wa.fa.y. «cerez t'e k°' pa.c ay66 ska (m.ay) yanaz’» a ’°a y m ay cereza m sa.ske-be t.ew61 cerez.q°'a tame(.r) z.ey w t’a.psam ma.r pa ye.na.ye.w niez g°a.ze.g°a m aslan-gae (re.)m a.pse h.a da fa.y r ay ha za y. k°awe me c’.ay me, Zz°aH'e.me c' ay g°e(.m)68 aslana.r aye.stay q'a.'a r.ay.ja y69. q'a.7. 'a r.ey.ja.m deha qa.s'a y 'a y q'e k°'e za.y70 q'a z.e k°'e.za m yana z me (a ’°a y) «wallah-allah \ deha q'e k°'e za.y ma r1 aslan m.ay a.ska.yc p, ma.sta ye p71 ’ wa k°awe srta.y !» a ’°a.y, «sa d p.s’e s.ta.y9» «wered s ’°e.s'ta.y, sa.txe srta.y, s.ay.ye.da d a z.e x°am» deha «q'a z de p./a.ye.m ha z!» a.'°a y, q’a.r a.ta.y. q’a.za r a.ta.m a pse.b a de.s.ew a.ha.za-be t ew yana.z.k°ap maz°e ze f a ^a, '°a.t.ye w72 akey°a.y. «a.de'» a.'°a.y, «wef s(a).q'e.ye.wac°.ay, m.ew s ey.ye.pk, ma maz°e- za ja.re me'» za.maz°e-3e de-z-g°e.(re.)m ye k°'a.A'a y «se.(ra)y q’e.saja.sl»73 a.'°a.y, «maz°e»1‘l. «(ma.r) b.ja n.a9» - «sa.ma 3 a ,v°a.s:t.ep» a.'°a y maz°e.m ye k°'a.À'a y q'a.q°'e.ma.s ew75 y.a.wa.ps'a y, m ew, yana.z.me. «m.ew, q°’a she.m ya."a.b.a',(’ k°ey-g°e (re.)ma.y c'af.ma y za.g°e(.re) q°’e ta?» z ey ’°e.m «q°’e ta.y, mewy, yana z.k°ey-g°e(.re) q°'e t, q°'ashem ya.”a.b.a, ,v°a.s t ep, he’°b> z a.’°e m «ma.maz°e.r za.sa.ja c’e sa ma wa c’a.n ye w!»
GSELL. TSEY. PARIS. BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 259 61. «ye.ma(r/y a v°a za n77, ye 'a cf'a s7ie m ya ”a /’.a za <c7K wa ma 3a79, a.r ne h wa ira c’a s ta y'» a ’°« 7. 62. «wallah-allcdd sa d ew A°’«.s:’e ma r, c'a k°' ew t et pka die r80, m ew je da.\ za m ma maz°e r a 3a s°a s ta9» 63. ye t°'a ne a y rat y.ay81 a pse h a de y ew k°'e-he t ew \anazk°ap z a.ye pc’a82, p.sa.m /e sa y 64. ye k°’a.A'a.y «s-e(ra)y zazye pc'as t» a’“a y maiawazam a pse b a q’.ej' x ay, z.ay ye pc'a-be t.ew 65. yana z.me - deha z e a waz.a ya ha 7e y - a ye sane n.ew83 66. ye.t°'a.ne q°'eye.t’e k°' ( .. ) yanazme a a y/a 7a 7e t ay84 psa m za.’a r.ay ye ba.ys5 q°’a\e(.r) /a y.2 ha 7 67 q°’aye(.r) /a.y.À ha y «s°a.q'a pA'» a'"a.y «may se ye c'e (s’)ta m86, ma.maz°e.m psa q'a ze( .re) "e z ye sa (s:)ta m'»87 68. yana z.ye(.r) q.ej'/üa-be t ew q°'a\e q'astayS8 z.ey p'a t'a.m psa qa."e sa y 69. a.ye.wa.^xde.ya 7e m fe.de w " ay yya za 789 70. deha Ae.s ew a ye.sana.ye y 3 a /’e.Au'a.m yana z ye.r 71. deha.ccha z!» a ’°a y a pse b a d a ye t'a s ha y a ha za-be.t ew, ia/ia z me pxe q’.a ha a.ye.sa.n ew 72. «Ae’°! q'e ye.wad’.ay, m ew, z e'» a '°a 7, «pxe m.ay90 q'a z(e r) a ha re r p.Âey°a re ba9'» 73. «sa d p s'e (s .)ta.r9» z.ey ’°e.m «w ew dde» a'°ay «c'a pse ce m ew ma.meza r q’e.s°a.pxa.h\r> 74 «he q'e.ta.pxa.he s .t?»91 za.’°e.m «ze.waz.e» a’°a y «q' a\ s./xa n a92, s.a.'a b. a93 ya.z.ye.y°e. Zie.n.a, za ler.c’e s ha n a94, 11 ew dde, k°eya m, 75. s'a.ma.fe.m ye ne.w d ye.sa (s :)t ne h95, m.ay ma f-q'e.s e za saga re-a de re p.h.ew wa.sa.'e s°a.(s )t ep.» 76. «ye.ma(r);ÿ.a ,Y°aza.n'» a '°a 7, «a.s t ew ps.'a v°a.(s-)tep, a meza.r ze.waz.e ”e p./xa.n ew ya .x°a (s )t.ep, a.r ze.waz.e te taye.ye.p» a.’°ay 77. ye.ra.Y°.c'e96 a y '°.a.sa.za.y. 78. ye.t° ’a.ne deha a.psé b.a q’.ay.ye t'a s ha.y a.ha n.ew r ay ye za y 79. yana.z.me a.’a.ème psa.ye r97 a.rap/a.ye.w98 q’ a ha-be.1 ew z ey.Aey°a.m- 80. «q'e.ye.wac°a.x, mew'.» a.'°a.y, «ma./'e.A°'a.m’99 81. se mapsa ne.r» a.'°a y «ze waz.e q'e s fa.he n.za, ze.w jâ ze.re..va t ewlüO s a.’'a.b a ya.ï.ye ’fe.k he n.za, k°eya m s ha (s )t ne.h» a.'°a.y 82. «m ew.s t.ew ma.f-q’e.se pxe cay me a-ra/ew s° ey.5°e.soa s .t.ep m.ay, x°a.s:t.ep» z.ey.'"e.m 83 «ye ma(r)3 a x°a.za.n'» (a.’°a.Y) «ma.r yana.z.k°eya bl e101 ze dray'02, w ey.'e x°as'l ep, ye.ma(r);ÿ.a x°a.i.a n'»
260 PATSHSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE 84 a sa -fa ni, «lana z, niai r) q'a z de p /e m ha z1» a '"a y 85 cf'ele-pacaice a "a ha q’a r ai ye /'ci A ha y \ana za m y a nane-ne s e q'a sa y 86 y a wane-ne s e q'a z ey se m i u us y r </ la y k°awe ye r a ye za y, k"eia m de s ye r ay 103 A “ait e w r a ye ici y 104 87 «laz/azar he k°eism q'epsï/79 taysAa(s)t, t ay ->ia c'a (s )t ' » a '"e z.e v*’a m105 88. «yaa' t ay ska s t ep .sait' z ei s°a m ye yet p'» 106 i ci ne re-i ci te re a r ay '°<7 7 89 ye rci 7e c'e zayaa./ay, iianem q’ai ha y t'a sa 7e107, ci hct 1 ita/jemay j-a.ma./e.w sesa m sane z.e v"a m, a '"ci y 90 «tv.ov dde, m ew c'a s°e m 108 q’ er s° ha y ay j<7 1 ana : ew ta 11a c'a.ya 7e me y adaye.'fa 7e109, m ew p'ciste q’e s° s" ay de t ska s t» z.ey '"e m 91. yana za.m za ze ye y.ya.m110 k°anie me c'a.va g°e( m) s’a y 'a y bza nam fe de w meza.m ye.Aci.da y iana z me a ye Ae de za y 92. (f'ele-pacayca y y.a wane q' ay ne za y, psa.w ew, txe z ew 111 q’e.ne za 7 2.2. Traduction 1 . Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire 2 /Il y avait/ un enfant /qui/ s'appelait Patsitse-le-Corbeau 3 Ses parents le chérissaient beaucoup 4 . Cependant /voilà qu’/il était sorti de sa maison. 5 . Il était là, /parmi les gens/, sans savoir où aller ni que faire 6 Un jour, sa mère lui dit «Patsitse-le-Corbeau, va au jardin et apporte-nous une brassée de plante à balai, 7 pour balayer si on n’a rien d'autre à faire 8 «D’accord, mère, avec joie, je vais t’en apporter» dit-il et il alla au jardin 9 . Il sortit du jardin et monta par derrière sur une colline qu’il aimait, même enfant, pour regarder 10 Une fois monté, il s’égara et, n’ayant pas retrouvé son chemin, il descendit de l’autre côté 11 II marcha des jours et des nuits 12. Comme il était fatigué, il se coucha à côté d’un (vieux) puits 13. Il mit la faucille qu’il avait prise avec lui pour couper les plantes à balai à côté de lui et s’endormit profondément 14. C’est qu’il s’était beaucoup fatigué 15 Ensuite, lorsqu’il entendit des cris et qu’il se réveilla, et qu’il vit venir de derrière la montagne un groupe de géants, il eut très peur 16 Lorsqu’il comprit que les géants allaient l’attraper, il feignit de dormir 17. Mais les géants l’attrapèrent et l’emportèrent chez eux 18 La nuit (venue), il se coucha pour dormir. 19 Quand il fut couché, pendant son sommeil, les géants dirent: «Ce soir, quand il dormira, nous tuerons ce garçon»
GSELL. TSEY. PARIS, BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 261 20. Toute la nuit, le géant le flatta, lui témoigna du respect — avec l’arrière- pensée qu’il allait le tuer le lendemain — et, lorsqu'il eut couché Patsitse-le- Corbeau, pendant que celui-ci dormait ou faisait semblant de dormir, un des géants monta au grenier pour lui verser de l’eau bouillante dessus 21. Patsitse-le-Corbeau fit semblant de dormir — il y avait là, dans le coin une grosse souche — il la mit à l’endroit où il devait dormir et lui-même alla se placer dans le coin 22. Les géants déversèrent de l’eau bouillante toute la nuit 23. Lorsque le matin ils entrèrent (dans la pièce) pour le manger s'il était /bien cuit, Patsitse-le-Corbeau était (toujours) là' 24. «Mon Dieu, mon Dieu!» dit le géant «tiens' (avec) autant d’eau bouillan- te. . As-tu pu dormir, Patsitse-le-Corbeau9'» qu’il a dit 25. «J’ai dormi, d’accord, mais j’ai transpiré, puis j'ai eu aussi un peu chaud, mais c’est tout, c’est bien, c’est bien, j’ai été à l’aise, j’ai dormi, merci à vous pour cette nuit». 26. Les géants étaient très étonnés du fait qu’après avoir reçu tant d’eau bouillante, il ne soit pas cuit' 27. «Alors» dirent-ils la nuit suivante, «nous allons l’endormir et nous le tuerons à minuit» 28. La nuit suivante ils le couchèrent, et, lorsque le géant entra dans la pièce pour le tuer, Patsitse-le-Corbeau bondit de sa couche et dit 29. «Ah! géant! Vers cette heure-ci ma mère me préparait toujours un peu de beurre fondu et me donnait à manger 30. Y a-t-il quelque chose que vous seriez capables de faire?» a-t-il dit 31. /Celui-ci répondit / «Existe-t-il quelque chose que nous ne soyons pas capables de faire9 N’étais-tu pas, cette nuit, notre invité9'» 32. Us lui préparèrent sur le champ du beurre fondu chaud et lui donnèrent à manger. 33. Il se coucha pour dormir. 34. Lorsqu’il fut couché, ils montèrent, la nuit, au grenier et se préparèrent à lui lancer des couteaux, mais il prit de nouveau la grosse souche et la mit dessous, 35. là, à l’endroit où il dormait. 36. Toute la nuit, les géants lançaient des couteaux d’en haut, les enfonçaient dans la souche et, lorsqu’ils s’apprêtaient à entrer dans la pièce, lui-même courut et se recoucha (à sa place) 37. Dès qu’ils entrèrent, il ouvrit les yeux. 38. Ils s’étonnèrent fort: «N'aurions-nous encore pas tué celui-ci?!» 39. «As-tu pu dormir, Patsitse-le-Corbeau?» dirent-ils; «Comment n’aurais-je pas pu dormir? (. ..) Mais il y a, dans cette pièce, quelques puces et elles m’ont empêché de dormir. 40. Mais ça va, ça va, c’est bien, merci à vous, j’ai dormi.» 41. «Mon Dieu, mon Dieu, que ce Patsitse-le-Corbeau est affreux» — dirent les géants — «on ne peut rien contre lui». 42. «Alors» — dirent-ils — «c’est toi qui l’as apporté, rapporte-le donc là où tu l’as pris, de toute façon, nous n’en viendrons pas à bout» 43. Ainsi, ils le mirent sur les épaules du géant qui l’avait trouvé et ils le lui firent remporter dans la forêt
262 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE 44. (Alors), Patsitse-le-Corbeau eut peur qu’il ne le rapportât jusque chez lui 45. Il le conduisit auprès d’un cerisier, en recourba une branche et lui dit «Cueille quelques cerises et manges-en. géant'» 46. Pendant que le géant mangeait des cerises, il laissa échapper la branche du cerisier à laquelle le garçon était accroché, celui-ci tomba, au milieu de la forêt, sur le dos d’un lion qui l’emporta. 47. Criant et hurlant sans cesse Patsitse-le-Corbeau effraya le lion qui le désarçonna. 48. Lorsqu’il fut désarçonné, il s’enfuit encore cette fois-ci et revint 49. Lorsqu’il revint, les géants (dirent.) «Mon Dieu, mon Dieu, il est encore revenu' Le lion ne l’a pas mangé, et il n’y a rien eu du tout!» 50. «Tu criais!» — dirent-ils — «qu’est-ce que tu faisais?» 51. «Je chantais, j’étais content, pendant qu’il me transportait si vite.» 52. Derechef. « Remporte-le là où tu l’as pris ! » dirent-ils (au premier géant) et ils le lui donnèrent 53 Lorsqu’ils le lui eurent donné, et pendant que le géant le remportait assis sur ses épaules, Patsitse-le-Corbeau vit un groupe de géants en train de se lancer des pierres, au bord (du chemin) 54. «Hé'» — dit-il — «toi' arrête-moi là et laisse-moi regarder ces lanceurs de pierre ' » 55. Ils s’approcha d’une énorme pierre et dit: «Moi aussi, je vais lancer une pierre » 56. «Tu as l’intention de lancer ça9» — «Je le veux absolument» — dit-il 57. Il s'approcha de la pierre, et, pas plus grand que celle-ci, là, il demanda aux géants. 58. «Derrière cette montagne là-bas, y a-t-il un village ou des hommes9» 59. «(Oui,) il y en a, là-bas, il y a un village de géants derrière la colline, non', ça ne va pas!» dirent-ils. 60. «(C’est) pour ne pas les tuer lorsque je lancerai cette pierre». 61. «Pour l’amour de Dieu, laisse-la par terre, ne lance rien derrière la montagne, tu les tuerais sûrement'» dirent-ils 62. «Mon Dieu, mon Dieu, qu’il est fort celui-là, qui pourtant nous apparaît petit, est-ce qu’il pourra lancer cette pierre à une telle distance9» 63. Ensuite, l’ayant enlevé de là, pendant qu’ils avançaient, Patsitse-le- Corbeau assis sur les épaules du géant, ils virent un groupe de géants se baigner dans l’eau 64. Patsitse-le-Corbeau s’approcha et dit: «Moi aussi, je vais me baigner», il descendit de l’épaule de ce géant et, pendant qu’il se baignait 65. les géants essayèrent, encore une fois, de lui faire peur 66. Ensuite, comme il avait un peu de fromage qu’il avait pris aux géants, il plongea sous l’eau, emportant le fromage 67. Il l’y enfonça et dit «Regardez ce que je vais faire de ça, comment je vais faire couler de l’eau de cette pierre'» et il plongea la main (sous l'eau). 68. Et, pendant que les géants regardaient, il prit le fromage et, lorsqu’il le serra, l’eau s’en écoula 69. Il le jeta comme s’il l’émiettait. 70 Alors, il fit de nouveau une grande peur aux géants
GSELL. TSEY. PARIS, BATOUKA. LLICH. DRÉAN ET LAUTROU 263 71, De nouveau, ils dirent «Remporte-le1» et ils le mirent sur les épaules du géant et, pendant que celui-ci le remportait, (voici que) des géants apportent du bois pour le brûler 72 «Non ' Arrête-les là un moment» — dit Patsitse-le-Corbeau — «ne vois-tu pas de quelle manière ils apportent là du bois9'» 73. «Que vas-tu faire?» — dit le géant, «Là-bas» — répondit-il — «ceinturez cette forêt-là avec une corde'» 74 «Pourquoi la ceinturer1’» — demandèrent les géants, «J’arracherai les arbres tous ensemble, puis je les mettrai sur mon dos, et je les emporterai d’un seul coup, là-bas, au village, 75. nous les brûlerons pendant tout l’hiver, ça vaut mieux, tu ne pourras pas vivre ainsi, en emportant chaque jour un arbre puis un autre» 76. «Pour l’amour de Dieu'» — dirent les géants — «Tu ne peux pas agir comme ça, tu ne dois pas, non plus, arracher la forêt entière, elle n’est pas toute à nous» et 77. il l'en éloignèrent avec peine 78. Ensuite, le géant le mit de nouveau sur ses épaules et se mit à l’emporter 79. Ayant vu des géants portant des récipients pleins d’eau attachés sur leur dos- 80. «Arrête-les ici ' — dit Patsitse-le-Corbeau 81. «Moi, ce puits, je vais piocher tout autour, puis je vais le mettre d'un seul coup, tel qu’il est, sur mon dos et je l’emporterai au village, ça vaut mieux, 82. sinon, vous ne pourrez pas en boire ainsi, en la transportant chaque jour dans des tonneaux de bois, ça n’ira pas» dit-il. 83. «Pour l’amour de Dieu'» (— dirent les autres —), ceci est la propriété commune de nos sept villages de géants, pour l’amour de Dieu'» 84. «Géant! Remporte celui-ci là où tu l’as pris!» dirent-ils alors et 85. le géant mit Patsitse-le-Corbeau sur ses épaules et l'emporta bien jusqu'à sa maison. 86. Lorsqu’il l’eut conduit jusqu'à sa maison, la mère et le père de Patsitse-le- Corbeau se mirent à crier, et tous les habitants du village se mirent à crier (eux aussi) 87. «Pourquoi as-tu amené le géant au village9'» — répétaient-ils — «Il nous mangera, il nous tuera'» 88 «Aa' Il ne nous mangera pas, allez' Ne vous en faites pas!» dit Patsitse-le- Corbeau à ses parents 89. Le géant se plia et entra avec peine dans la maison où il s’assit, très à l’étroit, la nuit, lors qu’il avait (déjà) peur, (il entendit Patsitse-le-Corbeau dire) 90. «Là, descendez de ce plafond-là la viande fumée des géants que nous avions tués, allez, préparez-nous aussi du gruau qu’on la mange avec!» 91. Le géant, ayant entendu cela, s’enfuit en criant et en hurlant, se précipita dans la forêt comme un oiseau et rejoignit définitivement les autres géants 92 Quant à Patsitse-le-Corbeau, il resta chez lui, sain et sauf, et vécut heureux
264 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE 3 Notes ali tfxtl 3 .1. Remarques générales 3 1 1. De caractère phonétique a) /r/ La prononciation de cette consonne est très affaiblie chez I Ts. notamment, dans l’EC I. b -g°e re «(un) certain», d’une grande fréquence, d’où les écoutes [g°ee, g°e\, g“em] etc Ce phénomène est signalé dans Blrsirov, «Yougoslavskije adyghi i osobennosti ikh reci» (Les Tcherkesses de Yougoslavie et les particularités de leur parler), Annual of Ibero- Caucasian Linguistics, VIII, Tbilisi, 1981, p 116-125 -r- interne disparaît complètement dans une série de mots et d'expressions grammaticales se.r.ay > [sey] (phrase 55), marÿ appel au secours, interjection > [wwj;], ze r.a.wa bald.s ts r > [zawabatastar] (phrase 16), ze r ay m ye zua ye r > [ze\myez°ayer\ etc Nous avons signalé ce phénomène, là où il a lieu dans le texte, par des parenthèses b) sk(e) EC. III. «manger» Contrairement au parler de NB , où ce groupe consonantique suit, quant à son second élément, tous les autres dialectes, aussi bien occidentaux qu’orientaux sy(e) ou sy(e), le parler de I Ts se caractérise par le passage de la fricative vélaire à l’occlusif [A] qui ne fait pas partie de l’inventaire phonologique de ce parler. La forme sk(e) est caractéristique du dialecte abzakh et ne concerne que certains de ses parlers c) deha «encore», du turc daha, est prononcé avec une pharyngale au lieu d’une glottale par rapport au parler de NB d) Il faut ajouter la prononciation tout-à-fait curieuse de l’initiale bilabiale dans le nom propre de Pacayce à certains endroits sur la bande magnétique (mais pas partout), où au lieu d’une bilabiale sourde on entend tantôt une sonore [6], tantôt encore une sorte de consonne «douce», entre [y] et [6], ce qui n’est caractéristique, à notre connaissance, d'aucun dialecte ou de parler tcherkesse II pourrait s'agir d’un «emprunt» au dialecte chapsough ou au bjedough qui distinguent trois séries d’occlusives sourdes, aspirée, glottali- sée et «forte» (ou non-aspirée et non-glottalisée), l’initiale de ce nom propre serait une consonne «forte» /pp/ dont les traces seraient maintenues ainsi dans le parler d’L Ts. (voir cependant 3 12c) 3.1.2. De caractère grammatical a) L’abzakh d’I Ts garde, par rapport au parler dp NB , la marque «brève» des possessions inaliénables et de la 3Ü position syntaxique des prédicats de procès à l’initiale phonétique absolue des troisièmes personnes, /a/ singulier et /a/ pluriel, de même que la marque du pluriel devant préverbe, contraire- ment au parler de NB où les possessions aliénables et inaliénables sont confondues à la 3° personne - y a- sg et ya- (ou, plutôt, j a-) pl b) Contrairement au parler de NB., mais suivant en cela le dialecte c'emg°a\ (tchemgouy ou kémirgoy ou témirgoy) ou encore l’adyghé littéraire, l’indice de la 3° personne du sg ya/ay en 3° position syntaxique tombe dans le parler d’I Ts. lorsqu’il est immédiatement précédé du préverbe directif q'(e)- «vers soi-même», q'a.h.ay au lieu de q’a y h.ay (NB et tous les autres
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUKA, TLICH. DRÉAN ET LAUTROU 265 dialectes) «lui, l’ayant apporté» (phrase 34), c/’a im fa y au lieu de q’a.y.wa.fa.y «lui, l’ayant penché» (phrase 45), q'a.sta y au lieu de q’ay sla.y «lui, l’ayant pris» (phrase 68), q'a sa y au lieu de q'a r sa y «il l'a amené» (phrase 85) c) Le morphème du futur -s t (et élément de l’imparfait -s ta ye) des dialectes occidentaux (à l’exception du bjedough), est prononcé tantôt avec, tantôt sans la chuintante sourde ///: -t et -ta.ye Dans les 32 occurrences de ces morphèmes dans le texte, la forme -s t prédomine (21 occurrences) sur la forme en -t (11 occurrences) -t étant un morphème caractéristique du dialecte bjedough (phonétiquement une «forte» -//), il faut supposer, dans le parler d’I. Ts. une influence de ce dialecte, avec assimilation de //// à ji 11 / selon les possibilités distinctives de l’abzakh Chaque fois qu’l Ts emploie cette forme dans le texte, l’élément chuintant est néanmoins transcrit entre parenthèes: -(s )t 3.1.3. Autres remarques a) De l’adverbe ye.t°'a ne (forme dans le parler de NB.) «ensuite», également d’une grande fréquence, la bande magnétique semble contenir trois phoné- tismes: [al°'ane] (phrase 15), [yat°'ane] ou [yaf'ane] (phrases 63, 66 et 78) Aucun des participants à la transcription n’ayant pu bien distinguer ces occurrences, nous avons adopté et généralisé la forme des parlers de NB et de A. Tl. : ye.t°’a.ne b) C’est le même phénomène qui s’était produit pour l’interjection marj en contexte, entendue comme [yama(r)^a] (phrases 76, 83), [yama( r)^a] (phrase 61) et comme [yema(r)^a\ (phrase 83) C’est cette dernière forme, qui est aussi celle préconisée par NB et A Tl, qui a été retenue et notée pour l’ensemble du texte. c) Les trois degrés démonstratifs sont exprimés, en abzakh (de même qu’en tchemgouy), par les morphèmes ma- «ce- ... ci», m en- «ce- là» et ci- «ce- ... là-bas». Dans certains dialectes, comme le chapsough, la marque du degré intermédiaire est cependant wa-, w.ew-. Pour ce degré, I Ts emploie deux formes de locatif: m ew d(d)e et w ew.d(d)e «là-bas» (cf. phrases 63, 66 et 78), apparemment de même valeur Dans la transcription, nous avons gardé les deux formes d) La postposition -he.t ew «pendant (que)», avec une sonore initiale, est une forme chapsough En abzakh de NB. (et dans les autres dialectes occiden- taux (sauf peut-être en bjedough?), l’initiale est une bilabiale sourde. -pe.t.ew, du pr é. pe{ 1 ) ta(2) «être debout, situé(2) devant(l)» mais aussi «le surveiller, le garder», déterminé par la marque d’état ~(e)w «lui) étant situé devant», «(lui) le surveillant, gardant» On peut concevoir, à partir de ce prédicat d’état et son sens «primaire», le transfert, métathétique et gramma- tical, vers une «postposition» (c’est-à-dire une expression qui ne varie plus selon les personnes) à sémantisme «pendant»: cf NB. saye-pe.t ew «pen- dant qu’il dort», sa.saye-pe.t.ew «pendant que je dors», mais *saye sa.pe.t.ew ou *sa.saye sa.pe.l ew. e) Les endroits peu ou mal audibles sur la bande magnétique sont signalés par des parenthèses dans la transcription.
266 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE 3.2 Notes au texte 1) Sans voyelle ouverte finale, sorte de citatif/vocatif 2) a.c'e ya y passé antérieur sur la bande magnétique, non justifié par le contexte narratif NB et A Tl. exigent le passé -y(e) • a.c'a y 3) Réunis par le morphème conjonctif/fréquentatif/duratif -re les syntagmes y.a ne «sa mère» et t a te «son père» expriment la notion générique de «parents» 4) $a.de.w a ya.s?'e.w la prononciation de la semi-voyelle bilabiale -h en position finale est également très affaiblie, entre $a.de h et a ya sa'e h c'est une sorte de friction pharyngale qui signale la présence d’un élément consonantique [jada£ayas°'a], en finale de g ya.s°'e.w la fermeture glottale après /s°7 semble être maintenue sur une durée inhabituelle et le relâche- ment se produit très brusquement, d’où l’impression d’une voyelle fermée [<?]• 5) sa.ta y «il était, fut», au singulier, NB rétablit, d’une part, le pluriel -y(e) et suggère l’emploi, d’autre part, du morphème -y e/-ey du passé, synonyme de -ye mais stylistiquement plus marqué: sa.t ey.y. 6) she.y ou a she.y dans le parler de NB. 7) Le passé antérieur est accepté ici par les deux abzakhophones 8) Formes de relatif présent, bien que le prédicat principal soit au passé, sans doute à cause de ya ma s'e z.ew «lui ne le sachant plus» où le morphème -(e)w exprime un état, NB. et A Tl. préconisent, pour une meilleure concordance des temps, za da k°'a.y a.s'a.y, formes relatives sans marque temporelle, en valeur sémantique de passé. NB a accepté cependant, en fin de compte, les deux formes 9) sale m est ajouté par NB. et A Tl. 10) Chute de la voyelle ouverte finale' impératif/vocatif. 11) k°'a.y. forme impérative (sans l’indice de la 2° pers du sg ) de k°’e' «va1» suivi de la conjonction -yal-ay «et» où la voyelle [a] en métathèse se substitue, tout en l’absorbant, à la voyelle finale de l’EC. + > k°'a.y Le découpage morphologique indique que l’EC. est à finale vocalique ouverte. 12) ’a p'e ou ’a p°'e où 'e est l’EC «main» et où -p’e et -p°’e sont des avatars phonétiques de *-pq'e «lieu, endroit»; «gerbe» et/ou «bagage» NB préfère cependant ’ap'e pour «gerbe», «brassée» (k°e c.’a.p’e «gerbe, brassée de blé» et meq°’.'a p'e «gerbe, brassée de foin»), mais 'a p°’e dans, p ex , wane ’a p°’e (où wane «maison»): «l’ensemble des objets apparte- nant à la maison». Il y a là peut-être l’embryon d’un processus par lequel *q'epq’e se scinderait, par un passage phonologiquement non significatif de *pq’e à p'e ou à p°’e, en deux paradigmes sémantiques différents selon les référents que l’on peut effectivement «embrasser»- 'a.p'e «brassée, gerbe» qui tient, en effet, dans l’espace des deux bras, et ceux qui sont trop volumineux pour cela, en passant par ’ap°’e «bagage», mais aussi «un ensemble d’objets volumineux». Peut-on parler, à ce propos, d’une valeur phonique symbolique de la labialisation qui, du point de vue articulatoire, forme un volume buccal plus important que la simple bilabiale? 13) Absence de la voyelle finale -a. marque (ici, redondante) de l’impératif
GSELL. TSEY. PARIS, BATOUKA, TL1CH, DRÉAN ET LAUTROU 267 14) nü x°a z a xaame, expression bâtie autour de TEC III v°<? «être», «devenir», où ma- est le préfixe négatif des formes non-finies, -za le suffixe itératif-réparatif-définitif, ici, en valeur définitive, et -me est la conjonction hypothétique «si», mot-à-mot «s'il advient qu'il ne sera plus», à interpré- ter comme «s’il arrive qu'il n’arrive rien» > «s’il n’y a rien d'autre à faire» 15) -n cir: la combinaison du morphème du futur intentionnel/nécessaire -n et de la marque d'état -(e)w («étant dans l’intention») sert à exprimer le but «pour balayer». (La marque de pluralité -ye peut s’intercaler entre -n et 16) -ba suffixe interrogatif négatif Bien que ce suffixe soit traité, dans certaines descriptions grammaticales, comme exclamatif, il contient tou- jours, dans quelque contexte qu’il apparaisse, un sémantisme négatif. Cf les contextes suivants, fournis par NB. et par A. Tl k°'a.y a? «est-il allé?», «est-ce qu’il est allé9» mais k°'a ye ba'1 «n’est-il pas vrai qu’il est allé9», «n’(y) est-il pas allé?» sa.k°'a ye ha 7 a Ae/’a ye ba 1 «n’(y) suis-je pas allé9 Ne l’ai-je pas vu9» — Parayz a adaga bze sa r a ya ,ÿe me sa.da m h1 ay ya s'e re'1 — «Comment as-tu appris qu’on enseigne le tcherkesse à Paris9» (ou, plus exactement, «Qu'est-ce qui te fait savoir s’ils enseignent le tcherkesse à Paris9»), — sa.k°'a ye.ba za sa.r a ya ÿ>e re m?' — «Ne suis-je pas allé là où on (ils) l’enseigne(nt)9'» Dans l’expression de.f'.aba, s ej n!9 la nuance exclamative semble l’emporter car il ne s’agit pas là d’une question, la nuance à la fois interrogative et négative de l’expression pourrait être interprétée par la paraphrase' «n’est-ce pas une bonne idée'9», d’où la traduction «avec joie» (analyse suggérée par M -Y L ) 17) s.j a.n dans le parler de NB. de yj a ne «ma mère», s.e) ne étant une forme orientale, la voyelle ouverte finale tombe dans les deux parlers abzakh, cette chute confère au syntagme un sémantisme impératif/vocatif (cf. également la phrase 24). 18) q’e s.ha.s t «j’en/je l’apporterai» sur la bande magnétique NB. et A. Tl exigent le préverbe fe- «pour»- q'a.(p )fe.s ha.s t «j’en/je l'apporterai pour toi (-p fe-)’, devant le préverbe fe- la marque de la 2° personne du sg p- ne se prononce pas. 19) z(a)-.. -m- marque discontinue de relatif temporel dans les dialectes occidentaux, «lors», «lorsque» Elle peut s’ajouter à tout EC dans les condition^ suivantes, a) à tout EC du type I, II ou III avec apparition d’un morphène -e- immédiatement avant l’EC et l’ensemble aura un sémantisme de passé' 0.z.e c'a.k°'a.m «lorsqu’il était petit», 0.z.e.sama.fe.m «lorsqu’il était malade», 0.zas.e.sam «lorsqu'il était assis» et 0 z.e.x°a.m «lorsqu’il advint»; b) aux EC II et III. sans le morphème préradical -e-, mais s’adjoignant le suffixe conjonctif/fréquentatif/duratif -re qui confère à l’ensemble un sémantisme de présent général/futur: 0.za.sa.sa.re m «lorsqu’il est assis en général», 0za.xPa.re.rn «lorsqu’il advient en général» ou «lorsqu’adviendra» Cette dernière forme est concurrencée par l’expression discontinue z(a)-. -ce de même valeur, mais qui s’ajoute à des formes prédicatives non-présentes
268 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE ou «pures», sans adjonction d'autres morphèmes — Si, dans les expres- sions relatives de lieu, l’indice relatif a besoin d’un support préverbial obligatoire — qui est donc sémantiquement «vidé» pour cette occasion (cf k°eyam m.a.ka'e «il va au village» sans préverbe locatif, mais c» za de k°'a ye r «le village là où il est allé») —, dans les expressions relatives temporelles le morphème relatif n’a pas de support préverbial et n’a qu’une obligation de place dans la chaîne syntagmatique 20) Dans la version de NB /«./e m yac'.ay q°'a she "a b-g^e re \enew z e c'a k°'a.m ay C a ya Aeÿ'a.s ta ye m ye p).a n or de k°'e ya y l’ordre des mots est changé et le prédicat ( yja ke-fa.s ta y est transformé en une expression relative 21 ) Version de NB. a) za ses za ma fe k°'a ye «il a marché un jour et une nuit» ou bien b) za ses.ay za ma /a v k°'a ye «il a marché tout un jour et toute une nuit» 22) NB et A Tl. ne sont pas d’accord entre eux sur l’interprétation de cette expression Pour NB. -za est l’EC. I b «vieux» et il traduit psa ne '"a z comme «embouchure d’un vieux puits» Selon les règles de composition cependant, le dernier élément étant le déterminant de tout le syntagme précédent, l’expression devrait s’analyser comme ([/psa.ne/ '"<?].z) «vieille embouchure de puits» Comme l’indique A Tl, «embouchure d’un vieux puits» serait exprimée par la formule analytique psa.ne z-g°e.re m y a ’aa Aussi, il ne s’agit pas, selon lui, de l’EC za «vieux», mais d’un morphème -za (la différence phonétique entre /z/ et /z/ en finale sur la bande magnétique est peu audible pour nous) qui signifierait «à côté de» et qui serait identique au morphème -z de la postposition -dey z «chez», «à côté de»: psa.'°a.z «(à) côté, au bord d’une rivière», '°a z «(à) côté, au bord de la mer», et, de même, psa ne.'"a.z «à côté de l’embouchure d’un puits», psa ne.’°, sans le morphème -f, devant signifier «l’embouchure, le haut d'un puits» (où l’on ne peut, évidemment, pas se coucher) Un tel emploi élargi du morphème -z nous apparaît cependant ici la première fois, quant à NB , il ne le connaît pas 23) '°a.-fe 2 ha.y. Le préverbe '°a- est commandé, dans la forme verbale, par le même élément, en fonction d’un EC L a , à partir de psa.ne.'0 24) -ew marque d’état, en tant que déterminant d’un EC I, — ce dernier étant le terme déterminé d’une expression relative, — semble servir, en abzakh, à détacher ce terme de son déterminant et à instaurer ou à conserver un ordre de détermination du type postposé- De + Dl (cf. X'az «homme vieux») Ce procédé semble s’être généralisé en abzakh face à l’ordre D' + De: a.(za ).day.ste.ya.ye-'fapse.r, de même sens, et qui reste tout-à- fait acceptable 25) 0.0 da ste y.â.r «ce qu’il avait pris avec» ; deux remarques sont à faire ici 1) L’indice 0 - du préverbe comitatif de- «avec» indique une troisième personne du sg.: «celui(-r) qu’(0) il(->) avait(y.d) pris(s/e) avec(<7e-) lui(0 )»; l’actant en 3° position syntaxique et l’actant préverbial étant en coréférence, ce dernier devrait être exprimé par le morphème réfléchi za- 0 za da y.ste.y â.r «celui qu’il avait pris avec soi» Selon NB , cette forme est, en effet, «meilleure», mais il accepte également la forme non-réfléchie — 2) La voyelle [à] longue représente le morphème -ye du passé
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 269 0,(za )da y ste ya ye.r, la concaténation de deux marques du passé expri- me la notion d’un passé antérieur par rapport à l'événement placé dans un passé ponctuel dans le récit 26) q'-dy w3.ps'd ou yawaps'a, pr. pr C «le couper», «l’abattre» Cette variante de l’EC ps'(e) et de l’EC composé wa.ps'f e) s’emploie, selon les deux locuteurs de la langue, pour les arbres ou les plantes, tandis que pour le référent «herbe» on utilise le prédicat wa ps'e C (via c y a na ps'e «on fauche, coupe l’herbe»), pour le référent «foin», le pr pr B yene (meq°'a.m ye we.y «on fane le foin»), et pour le référent «céréales», «champ de céréales», le pr pr. C /a (mesa r y.a /a «on fauche les céréales, le champ»), ya wa.ps’a contient deux éléments supplémentaires par rapport à wa.ps’e' le préverbe va- qui apparaît ici avec son sémantisme locatif désignant une «surface» et signale qu’en résultat de l’action le référent de l’actant en 1° position syntaxique se retrouvera dans une position spatiale horizontale «couchée», contraire à sa position spatiale innée ou normale, «érigée». En deuxième lieu, la forme consonantique finale de l’EC indique qu’il s’agit d’une action «extravertie»; cette affirmation est cependant difficile à maintenir face au prédicat waps'e, on remarquera seulement que l’EC. wa.ps’(e) a tendance à apparaître sous sa forme consonantique chaque fois qu’il est précédé d’un préverbe locatif (cf. g°e waps'a C «le couper d’à côté de», ye.wa.ps'a C/E. «l’entailler», dialecte de NB ). — L’emploi du préverbe directif q'e- «en direction vers soi» est déterminé par une situation générale du vécu et renvoie au gestuel de l’opération qui consiste à couper des végétaux avec une faucille et qui s’effectue toujours «vers soi». C’est ce gestuel, que l’on pourrait qualifier de «social», qui s’exprime dans la généralisation — et l’emploi quasi obligatoire — du préverbe q’e- dans ce contexte donné, même si l’énonciateur ne se substitue pas, dans les autres formes prédicatives de la même phrase, à son héros dont il relate les aventures (cf. a ye 'a A ay et non pas *q'a.y ye 'aAav, Xe.saya.y et non pas *q'a.xe.saya.y). 27) xesaye, pr. pr. E. «s’endormir» Il s’agit du pr pr. saye de classe A «dormir», «s’endormir», déterminé par le préverbe locatif «dans une masse (homogène)». Le pr. pr A saye pouvant déjà exprimer aussi bien la notion de «dormir» (’’e le-c’a.k°’a.r m e.saye «l’enfant dort») que la notion de «s’endormir» (’re.le-c’a k°’a r saya.ye «l’enfant s’est endormi»), ce n’est pas le préverbe /e- qui apporte cette nuance. xe~ peut exprimer, par contre, grâce à son sémantisme de «masse», différentes autres nuances sémanti- ques: a) celle d’une action involontaire. x°ama k°'e.r ye.saya y (A. Tl.) «le gardien s’endormit (malgré lui)», sama.ÿ r xe-saya.y «le malade s’endormit (par faiblesse, à cause de la maladie)», et, expressément, sa.ma.s’a.xe.w sa.xe.saya.y «je m’endormis sans m’en être rendu compte (sa.ma.s’a.xe.w)»; b) celle d’une action d’une durée excessive- sa.xe saya y au sens de «je ne me suis pas réveillé à temps». Dans le contexte de la phrase 13 et surtout dans celui de la phrase 14, /eJayay est donc à comprendre et à interpréter comme «il s’endormit profondément (à cause de la fatigue)» 28) -t.ay; conjonction de propositions (prédicats) coordonnées de sémantisme passé; ajouté à un prédicat pourvu déjà d’une marque temporelle du passé,
270 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE elle exprime une cause dont le prédicat à forme finie dénotera la conséquence, -/ ay relie ici la phrase 14 à la précédente Le passé antérieur -ya ye indique qu’«auparavant», «au cours de toutes ses aventures», le garçon s'était beaucoup fatigué psa est, en effet, un prédicat de procès 29) Y’ega EC. III., Pr pr A «crier», dans, p ex "e le-c’a k°'a r m.e.y°ega «l’enfant crie», ce qui ne semble pas concorder avec ce que l’on attend comme expression pour des voix de géants. Pour NB et A. Tl , fega ne s’emploie qu’avec le seul référent «enfant», voici une liste de «cris» et de leurs expressions selon un référent donné - k°awe A. «crier» s’emploie pour sad «âne», baze «renard», mais s’applique également à l’homme, ba.wa A «beugler, hurler» (onomatopée) s'emploie pour sem «vache», sah «cerf». taŸ’a z «loup», ’andaq’ «hyène», be^e.s «chacal», sa sa A. «hennir» s’emploie pour sa «cheval», q'e.q'e A «caqueter» — pour cet «poule, poulet»; he q°'a A «aboyer» pour he «chien», ps'e.wa A «miauler» — pour ceta.w «chat», ’°eya A «bêler» s’applique àpsen «chèvre» et à me! «mouton»; quant aux oiseaux, ils «disent» ca r-sa r (bza.war ca.r-sa r y e.'°e) ou ils «ont une voix» ca.r-sa.r. (ca r-sa r-maq'e «gazouillis») Ni NB., ni A. Tl. ne connaissent l’expression de la voix du sanglier, q°'e — Cette enquête, en marge du texte, a révélé en outre les noms des animaux suivants. sem.-ba.^.ye.s°e(mot-à-mot• «qui tête les pis des vaches»), sorte de grand lézard, he m p>.a z-tya ba ’° (NB.) ou he.m la w-tya ba ’° (A. Tl ) où he.m.pXa.z «lézard», he.m.la w, dans le dialecte de NB. «ver de terre» et tya.ba.'° «bossu»: «caméléon» 30) Expression relative temporelle où la marque relative za- fait défaut sur la bande magnétique: ze ye.y.ya m au lieu de za.ze %e.y ya.m, sans doute à cause de la présence de l’indice réciproque ze- de même articulation. La forme ze ye.y.ya.m est cependant bien acceptée par les deux locuteurs. 31) ze re- .. -r/m marque discontinue de relatif factuel et/ou de manière, ici «le fait qu’ils l’attraperont», la faible articulation du -r- fait qu’on a, à l’écoute, [zâwabatatar], avec un [«] particulièrement long, incorporant le morphème pluriel -a- NB. et A Tl ont insisté pour rétablir la forme grammaticalement «correcte» 32) L’EC. I pc'a «mensonge» peut fonctionner comme un EPpostEC III, désignant une action qui n’est qu’un faux-semblant: z.ay.ye.saya y «il s’endormit», mais z.ay ye.sayepc’a.y «il fit semblant de s’endormir, de dormir» (cf également les phrases 20 et 21) 33) Forme plutôt chapsough/bjedough, avec emploi du suffixe conjonctif/fréquentatif/duratif -re NB préférerait « she.y. 34) Bien que le suffixe relationnel -me contienne également la notion du pluriel, A. Tl. exige (mais non pas NB.) qu’on lui ajoute la marque de pluralité -/e: yana.z ye.me 35) Dans la prononciation d’I Ts , la voyelle ouverte finale /-e/ se fond dans la voyelle initiale /a/ du syntagme suivant: \yanazmawbatay\ et \yawanahay\ 36) z(a)- ...re.m: marque discontinue de relatif temporel (cf. également la note 19) à sémantisme d’un futur général ou a-temporel grâce à la présence du suffixe conjonctif/fréquentatif/duratif -re, za saye.re m étant suivi d’un prédicat fini au futur -s t, l’expression aura le sens d’un futur: «quand, lorsqu'il dormira».
GSELL. TSEY, PARIS. BATOUKA. TLICH. DRÉAN ET LAUTROU 271 37) n.ey.nasa fe de m a wa Ca n en il s'agit d'une incise, où la marque composée -n en figure avec son sémantisme «plein»' «lui, étant dans l’intention de» (cf note 15), fe de m «semblable)ment9) à» se rapporte à n.ex was.a et est interprété par NB et A Tl comme «un jour comme demain», avec, cependant, un degré élevé de certitude, «pour, certaine- ment, le lendemain . » 38) Plusieurs remarques sont à faire 1) A propos de la forme même du terme final q'a.ta ravc'enew. voyelle ouverte du préverbe / ey- chez NB q'a.te r ay c'e n en, trait spécifique de son propre parler -r- résulte de la rencontre de deux morphèmes préradicaux contenant chacun la semi- voyelle /i/ t ey- «sur» et va-f-ay indice personnel de 3° pers du sg en 3U position syntaxique 2) Variantes stylistiques proposées par les deux locuteurs abzakh' NB .p \cite p ay h ay z ey ye'a Aa m — n ey nas a fe.de m a.wa c'a n en — et A Tl .(f'ele-pacayce saxe pc' a z ay s'a y yana.z.me a sa s c'a s°e m de.k°'e va.y . 39) Deux remarques sont à faire 1) La bande magnétique contient une forme de.ka ye.s t ay, signifiant, hors contexte, «il était probablement couché dans un intervalle», ce qui est résolument rejeté — dans le contexte de la phrase 21 — aussi bien par A. Tl que par NB qui rétablissent de A t ay avec la conjonction de coordination causale -t ay à sémantisme passé (il s'agit là d’un prédicat d’état, cf également la note 28) 2) Ce ta ka «coin» Un coin étant, par définition, un endroit délimité de deux côtés, sa localisation appelle, dans le prédicat, le préverbe de- «dans un intervalle» La présence du préverbe de- est déterminée ainsi par ce qu'on pourrait appeler une «logique du vécu» ou une «logique situationnelle générale» (cf également le prédicat final de la phrase 21) 40) "e.À he Pr. pr. C. «le mettre dessous» A partir de ce moment du récit et jusqu’à la fin, tout état ou action localisés à l’endroit où se trouve le lit du héros exige et exigera, dans le prédicat, le préverbe "e- «sous, dessous», bien que la «logique du vécu» ou la «logique situationnelle générale» (cf note 39) s’inscrivent en faux à un tel emploi Les deux locuteurs, chacun de son côté, ont supposé à "e- un référent objectai NB la «cheminée», A Tl une «couverture», jamais mentionnées cependant dans le récit de façon explicite. A l’intérieur du récit même, toutefois, la couche du héros servira, à plusieurs reprises, de théâtre à des actions dirigées du haut vers le bas. à partir du grenier ou du plafond, les géants y jetteront de l'eau bouillante, y lanceront des couteaux, etc , on peut en conclure que, dès sa première apparition dans le texte, la couche du héros est déterminée — par une logique interne au récit — comme un «dessous virtuel» dans son essence (d’autant que le héros n’y dort jamais), d'où l’emploi régulier du préverbe "e-, 41) q'a.z.ey.he m (structurellement, q'azaya.ehem > q'azay.ehe.m > q'a.za.ey.he.m > q'a.z ey .he m) «lorsqu’il(s) entra (entrèrent) dans»' le préverbe ya- renvoie au référent — sous-entendu — wane «pièce» dont il est le localisateur privilégié dans le dialecte abzakh. — La proposition finale introduite par q'a z.ey.he.m, forme relative à sémantisme passé, est, par contre, au présent' 0 "e À «il(0) est couché (2) dessous (’ e)» (pour le préverbe "e- cf la note 40), le passage, dans un récit au passé, au temps
272 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE présent est le moyen stylistique qu’emploie la langue pour introduire un événement brusque, inattendu (cf les phrases 23, 63, 71 et la note 72) 42) Plutôt un râclement à timbre pharyngal sur la bande magnétique 43) Préposé à un EC I b , ne h exprime le degré comparatif et/ou superlatif de cet élément : ne.h da ye «plus beau», ne ha s"' «meilleur», i a ne h da ye. y a ne.ha s0' «le plus beau», «le meilleur» (mot-à-mot «leur plus beau», «leur meilleur») Postposé au même élément ou encore à un EC III, ne h semble fonctionner comme prédicat qu’on pourrait gloser par «c'est le plus», d’où les traductions, selon les contextes, de «ce n’est que», «c'est tout» ou encore «il vaut mieux», etc 44) ze re- . -rjm'. marque discontinue de relatif factuel (cf également la note n° 31) «le fait qu'il ne l’ait pas fait cuire» où le référent de l'actant en 3" position syntaxique est le syntagme relatif élargi psa z"e 0.q'a r a c'a.ya ye.m «(par) l'eau bouillante qu'ils ont versée ici, vers le bas» A l'intérieur de ce syntagme élargi, psa z°e aurait dû prendre, en abzakh, la marque d'état -(e)w (cf la note 24). c'est en effet la forme préférentielle pour NB qui accepte cependant aussi bien l'expression employée par I Ts. La traduction littérale du relatif factuel est la suivante « .. le fait qu’autant d'eau bouillante versée par eux sur lui ne l’ait pas fait cuire » 45) ses.m.ax sur la bande magnétique, sans [a] de liaison entre ses et -m a\ NB fait rétablir ce [a], car il fait une distinction entre sesa m ay [«nuit» + relationnel -m + ia/-ar conjonction d’insistance], «la nuit (suivante) aussi», d’une part, et ses ma i [«nuit» + suffixe hypothétique -me + \a - ay conjonction d’insistance] «même si c’est la nuit». On pourrait en conclure que [sesamat] et [sesma\] constituent une paire minimale où l’opposition réside dans la présence vs. l’absence de la voyelle [a] — et ceci hors d’un contexte de groupe consonantique —, ce qui conférerait à [a] le statut d’une voyelle phonologique /<?/ avec opposition à «zéro» Si l'on considère cependant les deux formes du point de vue des règles de composition, on s’aperçoit que la présence ou l’absence de l’élément [a] est prévisible et qu’elle est conforme aux règles énoncées par A H Kuipers pour le qabarde (cf A H Kuipers, Phoneme and Morphème in Kabardian (Eastern Adyghe), Mouton, La Haye, 1960, 124 pp). /CVC/4-C > CVCaC, /CVCaC/ + C > CVCaCaC c’est-à-dire sesama\, et /CVC/+/CVC/ > CVC CVC, c'est-à-dire ses ma v, -ma y étant en quelque sorte «préconstitué» comme marque composée où -ay est déterminant de - me, tandis que dans sesa.m ay il se rapporte au syntagme sesa m entier, ainsi préconstitué 46) a se ’fa.m, avec une voyelle ouverte /e/ sur la bande magnétique, ailleurs, cependant, a sa '/'am 47) a.'a y.ew «lui, le tenant», aperture minimale et absence de -a sur la bande magnétique De fait, -a peut se substituer à diverses marques grammatica- les en fin de syntagme (cf. la partie Lexique) 48) ja «maintenant», fe de «semblable», la marque conjonctive/ fréquenta- tive/durative -re désigne ici, d’une part, le caractère «fréquentatif» de la notion temporelle qu’elle détermine, un «maintenant» «répétitif», et, d’autre part, le caractère indéterminé de l’heure dans te de re' «vers un
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUKA. TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 273 maintenant semblable et répétitif», d’où la traduction «vers cette heure-ci» (A. Tl préférerait: 5» re Je de m) Le suffixe fréquentatif -re préfigure, en outre, la conception temporelle de toute la phrase dont le prédicat de forme finie est à l’imparfait: s.a\ ya ske y ta y «il/elle me faisait manger», en en soulignant, justement, non pas la nuance durative, mais fréquenta- tive/répétitive 49) Les deux locuteurs comprennent ici un met qu’ils connaissent sous le nom de trf'a.zezafe (mot-à-mot- «retombées de beurre grillé») beurre cuit qu’on mange avec du pain c'a k0' «petit» est à comprendre, d’autre part, selon NB. et A Tl. comme «un peu», bien que l’expression appropriée t'e.k0' existe. Etant donné le mot /a-°» ze.za.fe — différent de i x°a z°e fe be- c’a.k°' du texte — et avancé par NB. et l’emploi du mot «petit» pour «un peu», seule une enquête directe avec le conteur pourrait davantage éclairer la signification de cette expression. 50) Selon NB., mauvaise concordance des temps, la conjonction -ay, ajoutée à une forme non-présente, comme c’est le cas ici, appelant un prédicat fini au passé (-ye); les deux expressions coordonnées ont alors un sémantisme de passé: q’a.s fa.y s'a.z.ay .... s ay.ye.ska y «il le fit pour moi et il me fit manger». Le prédicat fini à l’imparfait, en cas de coordination de deux (ou plusieurs) propositions, appelle automatiquement une forme non-présente, coordonnée par le morphème -t.ay qui n’a alors aucun sémantisme causal q’a.s -fa.y.s'a.t ay ... s.ay.ya ske.s ta.y «il le faisait pour moi et . il me faisait manger» (Tel est le cas également en chapsough de Cemilbey) Le suffixe -za dans l’expression donnée par I. Ts. rappelle le caractère itératif/répétitif de l’action, dans l’expression préconisée par NB., la «répétitivité» est incluse dans le morphème -t.ay et le prédicat final à l’imparfait NB. et A Tl admettent cependant également q’a.s. fa.y.s'a.z.ay. 51) fe.s'a Pr pr. E. (cf. aussi la phrase 31) est, en réalité, le pr. pr. fe s’a de classe C.: «le faire pour qq’un» d’où l’actant en 3° position syntaxique a été effacé. 0(1) q'a s-(2):/(3).ej(4)..v>(5) «il(4) le( 1 ) fait(5) pour(3) moi(2)» (le préverbe q'e- est automatique avec un indice préverbial de 1“ ou de 2° personne), ou, plutôt, «il/cela( 1) est le faire(5) de lui(4) pour(3) moi(2)» (ou «son faire», comme nous le glosions jusqu’ici, la glose «de» nous a été suggérée par M.L. que nous adoptons désormais, car elle rend mieux l’idée à la fois d’une possession inaliénable et celle d’une source d’où peut émaner une action) > 0)\).q'a s(2)-/e(3)./EFF/..y'a(4) «il/cela(l) est le faire(4) pour(3) moi(2)», c’est-à-dire «je suis capable de le faire» 52) Le déterminant non-actanciel du prédicat v°» «être, devenir, advenir (etc.)» prend une marque «oblique» -a lorsqu’il est à finale consonantique. Lorsque ce déterminant est à finale à voyelle ouverte, aucune marque n’apparaît. 53) z.e.c’e.m «tout d’un coup» > «en une fois», d’où «sur le champ». 54) ’'a.r.ay.ye.fe.A ha.y, avec un -r- explétif, comme en chapsough de Cemilbey (cf. C. Paris, La princesse Kahraman, Contes d’Anatolie en dialecte chapsough (tcherkesse occidental), Paris, SELAF, 1974, p 21) Selon NB., la forme sans -r-: "a.y ye fe.A ha y est «mieux», il accepte cependant la version qui figure sur la bande magnétique
274 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE 55) j.evv, avec 5» «maintenant», mais au sens locatif NB. le perçoit comme une interjection et propose, à la place, le véritable locatif m.ew «là-bas» 56) Le référent du relatif temporel à sémantisme passé 0 z.e x°a m étant impersonnel (cf wa.q'.ay he.n.a O.z.e v°a m et non pas *q' ay he.n a wa.z e.y?a m ni *wa.q' va he n a wa.z e x°a m), l’expression se traduit par «lorsqu’il advint» Le suffixe -n dans le déterminant dénotant un futur intentionnel/nécessaire, c’est la combinaison d’une intention future ou encore d’une nécessité situées dans le passé qui détermine le sémantisme de ce relatif temporel, celui-ci désigne une action non encore accomplie au moment auquel renvoie le temps dans le récit, d’où les traductions possibles «lorsqu’ils devaient entrer», «lorsqu’ils s’apprêtaient à entrer» — Pour le morphème final du syntagme q' ay.he.n.a cf. la note 52 57) ze re-....-ew marque discontinue de relatif temporel/factuel, ici à séman- tisme temporel «dès que» (cf également la note 100). 58) Désaccord, entre les deux locuteurs de la langue, quant à l’interprétation sémantique de ce prédicat Si l’on part du pr pr. de classe A. pÀc, il contraste avec sa variante à finale consonantique de classe B. ye pAa «regarder vers», «le regarder», en tant qu’action potentielle versus une action dirigée, volontaire, m ap>.e peut alors être interprété comme «il regarde sans intention» ou encore «il regarde en général», mais aussi comme «il regarde potentiellement», c’est-à-dire «il voit» au sens de «il est voyant» (et non aveugle). Ce sont bien là les deux sens que présente le pr pr. pÀe en tcherkesse Sachant que le préverbe q'e- apporte à tout EC le sens d’une action qui se fait «vers soi» — c’est-à-dire vers l’énonciateur — q'e.pXe peut signifier «regarder vers ici» • c’est l’interprétation qu’en donne NB. dans la phrase 37, en précisant que q'e- est énoncé par le narrateur qui s’implique ainsi dans le récit du côté des géants: «il regarda vers ici — et moi, narrateur, je parle du point de vue des géants». Mais le préverbe q'e- est automatique chaque fois qu’il s’agit d’une «action» dont î’Humain est témoin universel, passif, et donc obligatoire (le soleil se lève «vers ici», on naît «vers ici», il pleut, il neige «vers ici», etc ): c’est ainsi qu’on ne peut ouvrir les yeux que «vers ici», c’est-à-dire se rendre potentiellement voyant. Si q'e.pXe peut signifier à la fois «regarder vers ici» et «ouvrir les yeux», l’action d’«ouvrir les yeux» ne peut être exprimée que par le pr. pr E. q'e.pXe d’où l’interprétation préconisée par A Tl «il ouvrit les yeux» Etant donné le déroulement des événements narrés dans le récit, je pencherais volontiers du côté de A Tl. : le seul fait d’ouvrir les yeux suffit à prouver aux géants que le héros n’est pas mort et, du point de vue de l’économie des moyens expressifs, il n’y a aucun besoin d’un transfert volontaire de la part du narrateur 59) Bien que a '°a.y «lui, l’ayant dit» et a '°ay «eux, l’ayant dit» soient des expressions non-finies coordonnées nécessitant un prédicat final au passé, elles fonctionnent souvent comme un signe démarcatif de fin de discours direct (souvent, mais pas dans ce récit, elles sont suivies de prédicats finis identiques à elles-mêmes' a '°ay a.’°a.y «lui, l’ayant dit, il dit») et n’ont alors aucune autre fonction grammaticale ou sémantique que celle d’un «guillemet» de nos écritures C’est ce qui explique pourquoi, dans la
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 275 phrase 38, ci '°a.y est le point final d’une courbe intonationnelle descendan- te, sans qu’il soit suivi d’un prédicat fini 60) Métathèse, chez I Ts ]bza3e%e] 61) yew, avec un râclement initial très fort 62) the(\) s°(2) ei(3) ye(4)p.se ir(5) «que Dieu(l) il(3) vous(2) fasse(4) vivre) 5)», l’une des formes modales impératives/optatives 63) Mot-à-mot 0(1) ie(2) z(3) s>(4) h(5) «ce que(l) nous(3) lui(2) ferons(4- 5)» 64) Je.s°'a Pr é E «être bon pour qqch ou qq’un», p ex ma e’aq'e.r q'as fe.s"' «cette chaussure est bonne pour moi» > «cette chaussure s’ajuste sur moi», «me va», fe s°' a xua «devenir bon > ajustable» m.a\( 1 ) 0(2):/é.s’ü’a(3) m(4) xua(5) s z(6) epÇl) «nous(4) ne(7) deviend(5)rons(6) pas bons, ajustables(3) à lui(2), à celui-ci) 1 )», d’où’ «nous n’en viendrons pas à bout». 65) Le fait que le prédicat final ne contienne pas le préverbe /e- «dans une masse», pourtant en relation privilégiée avec le référent mez «forêt» qui le prédède dans la phrase, indique, selon NB , que meza m dénote ici non pas une localisation ponctuelle, mais seulement une direction : la forêt n’est pas le but final de l’action 66) Une prononciation de chuintante «forte» chez I Ts pa ss ay. 67) Deux remarques sont à faire 1) I Ts fait une métathèse entre les deux voyelles a/e’ se.ska, 2) Le préverbe locatif général sa- «là, y» a pour référent cereza.m «à la cerise» ou «aux cerises», dont NB donne deux interprétations différentes, en établissant la chaîne sémantique suivante A) meza.m(\) 0)2).s(3).e(4) s/e(5) «il(2) mange(5) (procès-présent-4) là(3) dans la forêt) 1)» où le référent du préverbe sa- désigne bien une localisa- tion et ne peut être interprêté autrement, B) s k'e r(l) meq°’(2) '«./<?( 3) m(4) s.e.s/e «le veau(l) mange là, dans le(4) tas(3) de foin(2)» où sa- restant toujours locatif, meq°' 'e le «tas de foin» peut être conçu à la fois comme lieu et comme objet de l’action de «manger», C) On peut passer de là, par un transfert objectai complet, à un fort affaiblissement du sémantisme locatif préverbial sans cependant que cela aille jusqu’à sa complète disparition, et cereza.m s e.s/e signifiera soit «il mange des cerises» (c’est- à-dire «il en mange»), soit «il mange dans le cerisier», soit encore, comme le veut NB , cereza.m s.e s/e contiendra les deux significations. 68) La conjonction, généralement hypothétique, -me apparaît ici dans sa fonction purement conjonctive, en reliant deux prédicats de même forme et de même valeur fonctionnelle, et sans être suivie d’un prédicat fini au mode hypothétique. La formule est double: -me. ..-me et/ou -me. ,-g°e m où - ^(e) est un morphème d’action itérative spécifique. 69) q’a.’re.^a Pr. pr C., mot-à-mot «le jeter, lancer de dessous, vers ici», le syntagme entier signifiant «le jeter (par terre)», «le jeter» et, dans le contexte de la phrase 47, «le désarçonner», le rôle sémantique du préverbe restant obscur Le coup de glotte palatalisée de l’abzakh /"/ < *lc"l, du fait de sa forte palatalitée, apporte souvent des perturbations dans la concaténation des morphèmes dans la chaîne parlée, ainsi, dans ce prédicat et à la 3° personne du sg., l’élément palatal est visiblement —
276 PATSITSE-LE-CORBFAU, CONTE TCHERKESSE audiblement — identifié à une semi-voyelle />•/, cf 0(1) ia(2) z(3) ja(4) y(5) «je(3) l’(l)ai(5) jeté(4) du dedans(2)» et 0(1) r(2) m(3) ja y(4) «il(3) l’( 1 )a jeté(4) du dedans(2)» où -r- représente l’avatar phonétique (ou morpho-phonétique) du préverbe ta- «dans» a ]a rencontre de l’indice personnel de 3" personne du sg contenant la même semi-voyelle /r/ On a, de même, 0</> ’ecja y «je l’ai jeté par terre», mais O.q'a ’ar ai ja y «il l’a jeté par terre» où non seulement le trait de palatalisation a été assimilé à /t / qui passe à //•/, mais où encore, de ce fait, le morphème ”e- «sous» s'est totalement dépalatalisé et se présente sous un phonétisme «plein» [Ye)] 70) Le préverbe q’e- dans les deux prédicats coordonnés signale ici un déplacement volontaire du conteur à côté des géants, théâtre des évène- ments qu’il s'apprête à conter. 71 ma st est l’expression «passe-partout» employée lorsqu'on ne trouve pas le mot exact que l’on cherche «chose», «machin» Ici, il est traité en prédicat et doté de la marque temporelle du passé et de celle de la négation «(le lion) ne l’a pas mangé, (et) il n’a pas été chose'» 72) yana.z k°ap sert de complément — et de référent — à la fois à l’actant en 3° pos syntaxique du prédicat 0(1) ze /(2).a(3).ja(4) «ils(3) le( 1 ) lancent(4) réciproquement les uns aux (pour les) autres(2)» et à l’actant en 1° position syntaxique de l’adverbial 0(l).’°a(2)/(3)/e(4) ir(5) «ils(l et 4) étant(5) debout/situés(3) au bord(2)» et du prédicat final 0(1) »(2) Aey°a(3) y(4) «il(2) le/les( 1 ) vit(3-4)» Le passage au présent (ze / a yya) dans un récit raconté au passé désigne l’avènement d’un événement inattendu 73) q'esa^as t ou q’e z $a s t, NB préfère cette dernière forme, de même qu’il préfère za z sa.c’e au lieu de za sa 3a c'e dans la phrase 60. La forme utilisée par I Ts. peut s’expliquer par le caractère sonore de la consonne initiale radicale, ce trait étant alors assimilé à la sonorité d’un /h/ ou d’un /m/, devant lesquels, qu’ils fassent partie d’un morphème ou d’un EC . le paradigme morphologique de l’actant en 3° position syntaxique prend la forme canonique de Ca (cf sa.ma.3a phrase 56, sa ma wa c'a n /e.w phrase 60, wa.ma.s(a) et wa wa c'a.s ta y, phrase 61, etc ) 74) Indéterminé • «une pierre» ou «des pierres» : «des pierres, moi aussi, je vais en lancer». 75) Il s’agit du pr. pr C q’a.q°’e sa «le mener, conduire de derrière qqch vers ici» dont l’actant en 3° position syntaxique a été effacé, ce qui aboutit à un pr. pr. de classe E., cf. maz°e m(l) 0(2) q'a(3).q°\4).ey(5) sa(6) «il(5) le(2) conduit)6) vers ici(3) de derrière(4) la pierre(l)» ou, plutôt, «il(2) est la conduite(6) de lui(5) vers ici(3) de derrière(4) la pierre) 1 )» > maz°e m(l) 0(2).<7>(3).<7°'e(4) /EFF /sa(5) «il(2) est conduit(5) vers ici(3) de derrière(4) la pierre) 1)», c’est-à-dire «il dépasse la pierre» Au négatif et déterminé par la marque d’état -(e)w, le syntagme signifie «lui, ne dépassant pas la pierre». 76) ya.’ra.h.a «à son dos», avec une détermination possessive aliénable ya-. bien que le mot "a.b «dos» entre dans la catégorie des possessions inaliénables et doive prendre, à la 3° personne du sg , la marque «brève» a- dans le parler d’I. Ts. (cf. les formes s.a.”a.b.d, a.”a.b a et a.”a b.a dans les phrases 74, 79, 81 et 85). Ce traitement «aliénable», régulier tout le long
GSELL. TSEY. PARIS, BATOUK.A. TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 277 des phrases 58 à 61, s’explique par l’emploi métathétique du mot «dos» et son attribution à une «montagne», c’est-à-dire à un référent inanimé (Cf également la note 93). 77) mars interjection, «appel à une action énergique, rapide», selon le DAd , également, et par extension, appel au secours, selon NB., sorte de supplication C’est à cause de ce dernier sens que nous maintiendrons la traduction «pour l’amour de Dieu», bien que la formule tcherkesse ne contienne ni l’idée d’«amour» ni l’idée de «Dieu» 78) ce «grain»; za «un», suivi d’une négation, le syntagme za ce signifie «rien» ( < «pas un grain»). 79) L’une des marques de l’impératif étant la chute de la voyelle finale du prédicat, wa.ma 3' serait ici l’expression «canonique» Bien que préférant cette dernière forme, NB. accepte également comme «correcte» la forme gravée sur la bande magnétique Au négatif de l’impératif, la marque de la 2° personne du sg réapparaît. 80) A première vue, l’expression ye.pka she r peut apparaître comme deux membres réguliers d’une proposition- c'a k°\ 1) ew(2) 0(3) ye(4) pÂa(5) she.y(6) 0(7).k°’a.s’e(8) «il(3) le(4) regarde/considère(5) comme(2) petit) 1) mais(6) il(7) est fort(8)» que l’on peut varier selon les personnes c ’a.k"' en G.q'ase pka she.y sak°'a.s' «il me considère comme petit, mais je suis fort»; c’a k°'.ew sa q'a wep/.a she.y wa k°'a s’ «je te considère comme petit, mais tu es fort» . etc, la marque du passé s’insérant entre le prédicat et she.y c’a.k°’.ew t.ey.pÀa.ye she.y . «nous le considérâmes comme petit, mais ...» Dans la phrase 62 cependant, la seconde partie de la proposition initiale est traitée en proposition indépendante et la première partie n’est, en quelque sorte, que le déterminant de ma r, une apposition relative, dont she.y fait alors partie intégrante même du point de vue de l'accent et de la mélodie intonative- c'a k°'.ew 0.t.ey.pAa.shé.y (cf c'a k°'.ew t éy.pka, shé y k°’à.s’e). -shey semble fonctionner dans ce cas, à l’instar des autres suffixes postradicaux, comme un EPpostEC à sémantisme «contrariant»: «(que) nous regardons/considérons mais», (cf note 32.) qui peut égelement faire office d’un EPpostEC. 81) Le préverbe ya- semble avoir ici une signification généralisante, à moins que ce soit la situation elle-même qui soit conçue comme un «trou» (cf le morphème ya-f-ay IL dans le Lexique) 82) Ordre: ..z.a yepca yana.z k°ap psa.m ye.say sur la bande magnétique, NB. fait rétablir l’ordre correct. Bien que k°ap «groupe» soit une notion «singulière», le mot semble être considéré par la langue comme un plurale tantum et son reflet indiciel est au pluriel (-a- et -/) dans les deux prédicats auxquels il se rapporte (cf. également la phrase 53). 83) Lorsque deux prédicats ou formes déverbales de classes prédicatives différentes se succédant dans une phrase donnée ont un actant en commun en début d’énoncé, celui-ci prend, en général, la marque relationnelle qui le relie au prédicat (ou à l’expression déverbale) le plus proche. C’est ainsi que NB. propose deux variantes pour la phrase 65. 1) yana z.ye r deha z.e ya.waz.a ya.ha.ye.y, y.a ye sane.n.ew ou 2) yana z.me y.q.ye sane n ew, deha z.e ya.waz.a y a.ha.y e y, préférant la première formule à la seconde et surtout à l’ordre figurant dans le texte de la bande magnétique
278 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE 84) a a i ./a ya ye s t ay sur la bande magnétique, signifiant, hors contexte, «il le leur avait probablement pris» que NB et A Tl refusent nettement (cf également la note 39) dans le contexte de la phrase 66 Ils remplacent donc cette expression par le même prédicat au passé antérieur, coordonné au prédicat principal par la conjonction -t ay de sémantique à la fois passé et causal, a a.y ya 7a 7e 1 «comme il le leur avait pris (des mains)». 85) Même phénomène que pour le pr pr q'a "e.^a (cf note 69) ra(l).’'ê(2) 5(3) e(4) ye(5) be(6) «je(3) me(l) fais(5) pencher/plonger(6) dessous(2)», au passé, za "e.z ye.ba.y. mais za 'ar ay.ye ba y «lui, s’étant fait pencher/plonger dessous», où -r- est explétif et /’'/ est dépalatalisé, au lieu de za."a y ye.ba y NB accepte cependant bien les deux formes. 86) La rencontre immédiate de l’indice personnel de la 1“ personne du sg s- avec une sifflante ou une chuintante initiale radicale provoque la collision des deux sons en un seul qui aura le trait supplémentaire d’une occlusion glottale : y a s se s ta.m > yac'es ta m, que l’affriquée résultante fasse partie ou non de l’inventaire phonologique du dialecte Ce phénomène caractérise les trois parlers envisagés ici • celui de NB., celui de A Tl et celui d’I Ts., il existe également, quoique à un degré moindre, en chapsough de Cemilbey. 87) ze re ..r/m: marque discontinue de relatif factuel/de manière (cf. notes 31, 44), ici, en valeur sémantique de manière: «la(-m) façon dont(ze re-) je(-c-) vais)-s t) la(«zéro») faire(yc-) s’écoulerfsa) de dessous)’e-)». (Voir égale- ment le relatif de manière q'a ze r a ha re r dans la phrase 72). 88) q'a.sta.y sur la bande magnétique Bien que la semi-chuintante puisse devenir une sifflante dans certains parlers chapsough, nous rétablissons ici la prononciation abzakh, en suivant en cela la première prononciation d’I. Ts lui-même (cf la phrase 13) 89) Sic dans l’original, sans -r- explétif (cf. les notes 54, 85). 90) « .. m ay pxe q'a ze r.a ha.re r.. » sur la bande magnétique, NB préfère l’ordre «...pxe m.ay q'a ze r.a ha.re r.. », ce qui ne change rien à la fonc- tion du locatif m.ay. 91) he q'e.t.pya he n ew sur la bande magnétique, forme que NB comme A Tl jugent incorrecte et qu’ils remplacent par he q'a.ta.pya he.s t «pourquoi le ceinturerons-nous», avec un curieux [a] de liaison entre l’actant en 3° position syntaxique et l’EC., qui, du point de vue structurel, ne devrait pas apparaître. 92) L’ordre des mots sur la bande magnétique est. « ze.waz e q'.ay.s.txa n a a.'"a y.. ». La modification de NB vise à rassembler sous le même discours direct toutes les formes coordonnées par -n a. 93) La langue peut utiliser trois formes de possessif pour, notamment, le mot "a.b, selon que celui-ci désigne le «dos» d’un référent concret, animé — auquel cas on emploie le paradigme des possessions inaliénables 5 "a b «mondos»,p.’a.è «tondos», a.”a.b «son dos» (cf. phrase 85) aupl. a "a b «leur dos» (cf. phrase 79) —, ou qu’il désigne — par un transfert anthropomorphique — le «dos» d’un référent inanimé, on emploie alors le paradigme «long» des possessions aliénables (surtout, évidemment, à la 3° personne) • ya ”a b «son dos», c’est à dire «le versant de la colline» dans les
GSELL, TSEY. PARIS, BATOUKA. TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 279 phrases 58, 59, 61 C'est par ce transfert que s’effectuera un autre, purement directionnel ou locatif, où le «dos» définira désormais tout ce qui y est attenant et désignera «ce qui est derrière» Aux Ie et 2e personnes le syntagme incorporera, avec des indices possessifs d'une troisième sorte de forme structurelle Ca-, un élément directionnel -a- qui n’apparaît que dans ces constructions 5 a "a h a «derrière moi», h a "a.b a «derrière toi», t.a 'a.b a «derrière nous», .s" a "a b a «derrière vous» Le directionnel -a- n’apparaît pas à la 3° personne du sg., possession aliénable et directionnel/locatif s'y neutralisant, d'autre part, les emplois des formes inaliénables et des formes directionnelles/locatives peuvent se confondre s a "a b a, dans les phrases 74 et 81 semble bien désigner une possession inaliénable, le «dos» du héros 94) Dernier membre d'une série de formes déverbales coordonnées au futur intentionnel/nécessaire -n (ici, avec un fort sémantisme d’intention), suivi de -a, substitut du morphème de coordination -za (cf la phrase 81) Dans les deux phrases, le prédicat final est au futur général -s t 95) ne h postposé à un prédicat fini, au sens, ici, de. «il vaut mieux», «ça vaut mieux» (cf. la note 43, de même que la phrase 81). 96) ye.ya.~f c'e ou ye.ya.ye i’e (cf phrase 89) «avec peine» où j e est l’EC I a «(le) mal», «(du) mal», -re- représente soit le suffixe conjonctif/fréquentatif/duratif, soit la forme à voyelle ouverte du préfixe instrumental /•<?-, soit encore l’intersection sémantique des deux éléments, et où -c'e est le suffixe instrumental/spatio-temporel «avec», «par» -/’e et -ye sont des suffixes de notions abstraites, sémantiquement liés au niveau du diasystème, mais différents sur le plan synchronique 97) psa.ye.r, au pluriel • «des eaux», les «récipients» ne sont que sous-entendus par la forme déverbale a ra p/a ye u «(des eaux) ayant été attachées à leurs dos», pour apparaître enfin dans la phrase 82 98) L’élément ra représente l’avatar du préverbe y a-, ici, de sémantisme locatif général («surface»), à la rencontre d’un autre élément préfixé contenant la semi-voyelle /_>/. Il faut supposer ainsi que, bien que de forme «inaliéna- ble» — c'est-à-dire réduit à l’expression du pluriel — l’indice personnel/possessif de la 3° personne du pluriel contient bien la marque véritablement personnelle r- (cf également a ra.t eu dans la phrase 82). a ra.pya.ye w représente, en outre, un syntagme d’où l’actant en 3° position syntaxique a été effacé. 99) L’ordre original est’ «. q'e ye.wac°a x m ew, ma t'e k°'a m a'°ay. NB. préfère l’ordre présenté dans la phrase écrite’ ma t'e k°'a m devenant ainsi une sorte de précision au locatif m.ew, par trop imprécis. 100) ze re-.. -ew: relatif discontinu à sémantisme temporel/factuel (cf note 57), ici, grâce au sémantisme du prédicat qu'il détermine, il signifie «tel que» - ze re.sa.t.ew «tel qu’il est» 101) La voyelle -e confère au syntagme k°eya bl «sept villages» à la fois et une fonction oblique et la signification de «autant que»’ «autant qu’à sept villages». 102) Forme réciproque comitative de l’EC et pr é B. ye «être à(9), apparte- nir». cf a.r(l) se(2) 0(3)a<?(4).v(5) «il(l) à moi(2) il(3)-à-moi(4) est,
280 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE appartient5)». «c’est le mien», a.r nr 0 wa r «c’est le tien», ar ye z 0.ya r «c’est le sien» et a.r ye za ye me 0 y a y «c'est le leur» ze de «être, appartenir réciproquement à (n'existe qu’au pluriel) permet les formes suivantes: a r 0.ze de ta i «il est nôtre, à nous réciproquement les uns avec les autres», a.r 0 ze de s°a i «il est vôtre, à vous réciproquement les uns avec les autres» et a.r 0.ze d r a i «il est réciproquement le leur» (dont les expressions relatives sont, respectivement, 0 ze de la i e r. O.ze de.s°a.ye r, 0.ze drayer, et 0 ze de.za ye r «ceux à qui c'est la propriété commune») Dans ze d r a r -r- résulte de la rencontre de l’indice pluriel y a- avec la semi-voyelle /y / radicale Ce fait — unique avatar de /r/ préfixai au contact d’une semi-voyelle radicale dans la langue — semble indiquer que l’EC re n'est, en effet, autre chose - comme le suppose G Rogava —, que l'indice personnel/possessif de la 3“ personne du sg. en fonction prédicative, quelle que soit la traduction qu’on donne à cet élément dans cette fonction 103) Au singulier sur la bande magnétique- k°eya.m de sa.r ay 104) ye.ze pr. pr B «se mettre à» exige un déterminant qui sera déterminé, à son tour, par la marque d’état - (e)y\ Au causatif, ( ye ye ze, classe D , cf la phrase 86), l’actant en 1° position syntaxique est «impersonnel» «ils /'ont mis en route», c’est-à-dire qu’ils ont mis en route «leur propre action» 105) Les expressions relatives temporelles présentées dans les notes 19 et 36 ont chacune une correspondance temporelle régulière avec une forme finie. Voici ces correspondances, à travers un pr pr A. et un pr pr C dans le dialecte de NB. Prédicat fini Relatif temporel Passé 0 k°'a ye «il alla» 0.y a ’°a y «ils le dirent» Impft 0 k'°e.s ta ye «il allait» 0 y.a 'ae.s ta.y «ils le disaient» Prés / m.a.k'°e «il va» «marche» a-temp. 0.y a [e] '°e «ils le disent» futur 0k°'es t «il ira» gén 0y.a.'°e.s t «ils le diront» 0 z e ka'e m «lorsqu’il alla» 0 z a[e ]'°e m «lorsqu’ils le dirent» 0.k°'e z e x°a m «lorsqu’il allait» 0y.a '°ez.e Va m «lorsqu’ils le disaient» 0.za k°'e c'e «quand il va, marche» 0.z.a.'°e.c'e «quand ils le disent» 0.zd.k°'e re.m «quand il ira» o z a "e.re m «quand ils le diront» (NB. ne peut donner, d’une part, le correspondant relatif du futur intentionnel/nécessaire k°'e n, y a '°e n, ni, d’autre part, le correspondant fini des expressions relatives 0.k°'e ou 0.y a.'°e 0.za x°a re m et 0 za x° c'e qui signifient, toutes deux, selon lui, «lorsqu’il arrive qu’il va/qu’ils disent ..»). Ainsi, a ’°e z.e ,\"a m dans la phrase 87, de même que s ay ye da d a z e x°a.m dans la phrase 51, désignent des actions à l'«imparfait», c’est-à- dire expriment une notion de répétitivité ou de durée «lorsque (ou plutôt, «pendant» qu’ils disaient» et «lorsque — pendant — qu’il me transportait»
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUKA, TL1CH, DRÉAN ET LAUTROU 281 106) pe Pr. pr. A «souffrir», «avoir du souci», sepe «je souffre», «j’ai du souci», m.a.pe «il souffre», «il a du souci», au causatif (pr pr C ). s.ey.ya.pe «il me fait souffrir», «il me donne du souci», 0ye ya.pe «il le fait souffrir», «il lui donne du souci» Selon NB , l’actant en 3" position syntaxique doit être obligatoirement une non-personne: "a.le r(]) q’a.ze re.ta.m(2) s(3) ey(4).ya(5)pe(6) «le fait qu'il reste absent(2), le garçon(l), il(4) me(3) fait(5) souffrir(6)». «l’absence prolongée du garçon me donne du souci», mais en aucun cas une 1° ou une 2“ personne *sa.we.ya.pe «tu me fais souffrir», «tu me donnes du souci» ou * wa.se.ya.pe «je te fais souffrir», «je te donne du souci» A l’impératif, — peut-être à cause de cette carence personnelle — ce même prédicat prend préférentiellement une double marque causative et passe dans la classe prédicative D. à trois actants z(l) ev(2).s°a(3).m(4) ye(5) ya(6) p(7) s’analyse de la façon suivante: «vous(3), ne(4) le(2) faites/laissez(5) pas faire(6) souffrir(7) vous-mêmes(l)» où l’actant en 2° position syntaxique est, apparemment, impersonnel (ou encore renvoie à la situation), «ne vous en souciez pas», «ne vous en faites pas» 107) L’ordre sur la bande magnétique est. ye ra ye ce wane m q'a\ ha y. z.ay.wa.fa.y, t'a.sa.ye. . 108) ca.s°e EC. I. a. «plafond» mais aussi «grenier», seule expression en tcherkesse pour les deux référents, signifie, ici, réellement «plafond», où l’on accroche, selon NB., la réserve en viande fumée de la maisonnée 109) la-ye.yPa.ye, mot-à-mot «viande qui a été séchée» désigne la viande conservée par un procédé d’enfumage: «viande fumée» la désigne aussi bien la «viande» que l’on mange que la «chair» des êtres vivants. 110) Prononciation «téléscopée» sur la bande magnétique, [ze/em], la forme correcte est rétablie par NB. et A. Tl 111) psa.wa.re txe z.ew.. sur la bande magnétique où -re est le suffixe fréquentatif, -ew étant la marque d’état. NB. et A Tl rétablissent l’homogénéité en attribuant aux deux syntagmes non seulement la même marque, mais encore celle dont le sémantisme s’accorde mieux avec le prédicat final q'e.ne.za.y «il resta définitivement» qui suppose un état permanent. 4. Lexique a- ou -a substitut a) de l’indice personnel de la 3° p. du sg en 3° pos syntaxique (à l’initiale phonéti- que absolue), b) de l’actant-possesseur (3° pos. syntaxique) de la 3° p du sg des posses- sions inaliénables; c) du relationnel oblique sg -m, d) de la marque d’état -(e)w, e) de la conjonction -za substitut a) de relationnel oblique, b) de la marque d’état -fejw
282 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE -(e)p EPpostEC -(e)w EPpostEC -a EPpostEC a- I. EPpréEC suffixe assertif négatif (à valeur prédicative) marque d’état suffixe interrogatif positif. préfixe démonstratif de 3° degré «ce- ..-là là- bas ». a- II. EPpréEC a) marque du pluriel des indices personnels de 3° personne en 2° et 3° positions syntaxiques, b) substitut de l’actant de la 3° p. du pl en 3" position syntaxique et de l’actant préverbial, c) substitut de l’actant-possesseur de la 3° p du pl., en 3° position syntaxique, des posses- sions inaliénables -a- EPpréEC a.de a.d.re- EC. I a.ha.y Conj. ama (t ) Conj a.r préfixe directionnel interjection. «(l’)autre» (NB - a.she y) «mais, cependant» «mais» pronom démonstratif de 3° degré, «celui-là là-bas» («non-raisonnable»), en relation directe, aslan (t ) EC I. a.she c'e.re m Conj. a.sd.'fd m Adv. (a)w/aw/yew Conj b- «lion» (NB. a she.y) «cependant» «alors» «mais» allophone de l’indice personnel na- devant consonne sonore (cf p-). -ba EPpostEC -be.t.ew Postpos. bld EC. I b-fd EC. I. bzd.w EC. I. bèd.^e EC. I. ce EC. I. c’a/EC. I. c'd.k0' EC. I. c'e EC. I. c’.a.p°'e EC I cerez (empr.) EC I c'd.ya EC III., Pr. pr. A. suffixe interrogatif négatif/exclamatif «pendant» «sept» «côte», côté» « oiseau » «puce» «grain» « homme », « quelqu’un » «petit» «nom» «sale (moralement)» «cerise» «hurler»
GSELL, TSEY. PARIS, BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 283 -ce EPpostEC suffixe relationnel instrumental/spatio- temporel «avec», «par» ca.pse EC I «corde» c'a s°e EC I. 1 «plafond», 2 «grenier» c'e.td-ka EC I «coin» d- allophone de l’indice personnel de la 1° pers du pl t(g)- en 3° position syntaxique des prédicats de procès. de- EPpréEC préverbe locatif «dans/d’un intervalle» de je Pr. pr E. «tomber dans un intervalle» de./o Pr. pr. C «l'enlever d’un intervalle», «le prendre dans un intervalle» -d.ey postpos 1. «chez», 2 «à côté de» de--...-ye Edisc. élément discontinu de dynamique spatiale ascendente «vers le haut» de.k°'e.ye Pr pr. E. «monter» de.ko pr. é E «être (couché), être situé dans un intervalle» de.ye.t'a.s he Pr pr C «le faire s’asseoir dans un intervalle» de.f EC. 1 «bon», «bien» de.sa Pr. é. E 1. «être assis, situé dans un intervalle», 2 «habiter dans» de.sk a Pr. pr C. (NB. de.sya) «le manger avec» de.wdé°e Pr pr E «se placer dans un intervalle» ja EC III., Pr pr C «le lancer, jeter» ja Adv. «maintenant» 3â < j.ar.a Interjection ÿt.de EC I. « grand » 3a.de.w Adv. «très» 3.a.fe.k°'d.m Adv/Loc. 1. «à cet endroit-là»; 2 «alors» 3-ew Loc. (NB m ew) «là» fe- EPpréEC préverbe «pour», «à l’intention de» fa.be EC. I. 1 «chaud»; 2. «chaleur» fa.be pe (A.) Expr «avoir chaud» fe.da.y.z EC. I «autant (que)» fe.de EC. I/pr. é. E. «semblable», «être semblable» fe.sa Pr. pr. E. «être capable de le faire» fe.s'a za Pr. pr C. «le faire — répétitivement — pour» fe.s°’d Pr. é E. «être bon pour, aller à qq’un» fe.s°’.d x°g (A.) Expr «y pouvoir quelque chose» fe.’°e Pr. pr. C «le dire pour, à l’intention de qq’un»
284 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE g’a.ze.g0 EC I. -g°(e) EPpostEC -g"e.re EC. I ha EC III, Pr pr C ha.za Pr. pr C he he"e EC. I he'° xehar (t ) EC I x°a EC III , Pr. pr A -%(e) EPpostEC «milieu» suffixe d’action répétitive «(un) certain» «le porter, l’emporter» «le rapporter» pronom interrogatif causal «pourquoi 9» «invité» Interjection «non» «histoire» «être, devenir» suffixe pluralisateur des EC I et de l’actant de 3U personne en 1° position syntaxique /e- EPpréEC préverbe locatif «dans/d’une masse homo- gène» /p.Âe de Pr pr E. /e. he Pr pr C. /e sa Pr é. E «se précipiter dans une masse» «le mettre dans une masse» 1. «être assis, situé dans une masse», 2 «habiter, vivre dans (une masse)» Xe.saye Pr pr E ye.ta Pr. é. E. ya te EC. I %e.'°a pr pr C y(aj-j-ay I. EPpréEC «s’endormir (profondément)» «être debout, situé dans une masse» «jardin», «jardin potager» «l’enfoncer dans une masse» a) indice personnel de la 3° pers en 3" position syntaxique (en position phonétique interne), b) indice de l’actant-possesseur de 3" p. (en 3° position syntaxique) des possessions aliénables, c) indice personnel de 3° personne en 2° position syntaxique des prédicats d’état ya-l-ay II. EPpréEC préverbe locatif a) «dans/d’un endroit clos», «dans/de l’intérieur de», b) «sur/de sur une surface» -y-af-ay- III EPpostEC Conjonction a) de mise en relief et d’insistance, c) de propositions (prédicats) coordonnées au passé / à l’impératif. (ya-)l-ay IV EPpostEC suffixe relationnel oblique pronominal et démonstratif. ya.c’a Pr. pr. E. ya.c'a.y Conj. ya.fe Pr pr. E «sortir de l’intérieur de» «et puis», «et en plus» 1 «tomber dans»; 2. «être contenu dans (à l’intérieur de)»
GSELL, TSEY, PARIS, BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 285 ya.he Pr. pr E y»./» Pr. pr. C. yana.z EC E ya.pye Pr. pr. C ya.ye.-fe.À. he Pr pr. C y a.sa Pr. é. E. ya.wapsa Pr. pr C. ya.’e Pr. é. C ye- I. EPpréEC ye IE Pr. é. B. ye.ha.ze Pr. pr D. ye.^a Pr. pr. B ye-.-.-ya Edisc ye.^'eA'e Pr pr B. ye-...-k'e Edisc. ye.ne.w Adv ye.pka Pr. pr. B. yer (t.) EC I ye.ye.ha Pr. pr D. ye.ye.pka Pr. pr D. ye.ye.ze Pr. pr. D ye.s'e Pr. pr. D ye.s°e Pr. pr. B. ye.se.A’e Pr. pr. D ye.ta Pr. pr. D. ye.t°’a.ne Adv ye.wa.ps'a Pr. pr. B. ye.z EC. I. ye.’e Pr pr. B. ye.’e.be.ya Pr. pr. B. ye.'°e Pr. pr. D y.a- EPpréECcomp. «entrer dans, à l'intérieur de» «l’enlever de dedans, de l’intérieur de» «géant» «l’attacher sur (la surface de)» «le faire se coucher sur (la surface de)» 1. «être assis, situé dans, à l’intérieur de», 2 «habiter dans, à l’intérieur de» «le couper (arbres, plantes)» «être à», («avoir») indice personnel de 3U pers en 2U position synt. des prédicats de procès «être à, appartenir à» «se mettre à l’emporter» «en descendre» Elément discontinu de dynamique spatiale descendante «vers le bas» «s’approcher de» Elément discontinu de dynamique spatiale approximante «s’en rapprocher» «toujours» «le regarder» «endroit, place» «le lui faire porter» «le faire, le laisser regarder» «le commencer», «se mettre à» «le lui faire» «(en) boire» «le conduire jusqu’à» «le lui donner» «ensuite» «demander à» pronom personnel de 3° personne, 1. «lui, il»; 2 «lui-même» («raisonnable»), «le toucher», «toucher à» «enfoncer la main sous», «faire un mouve- ment avec la main vers le bas» «le lui dire» a) indice personnel de 3° p. du pl en 2° position syntaxique; b) indice possessif de 3° p du pl. des possessions aliénables.
Z86 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE j a ne y.a te k°ap (empr.) EC I k°awe EC III, Pr. pr A k°ey (t ) EC I k°'e EC III, Pr pr A k°'a s’e EC I la EC I. Xefa EC III , Pr pr. C Xe.s EC I -m EPpostEC «(sa) mère» «(son) père» «groupe» «crier» «village» «aller, marcher» «fort» «viande», «chair» «le voir» «fort» suffixe relationnel oblique, marque de toutes les relations, actancielles ou non, à l’excep- tion de l’actant en 1° position syntaxique, ainsi que des fonctions obliques adverbiales ma- I. EPpréEC ma- II. EPpréEC -ma.y., -ma y conj. rna.st EC I/III maz°e EC. I -me I. EPpostEC -me IL EPpostEC ma.fe EC I -me....-g°e.m conj préfixe négatif des formes non-prédicatives préfixe démonstratif de 1° degré- «ce- ci» conjonction d’insistance «chose», «machin», «choser», «machiner» «pierre» suffixe hypothétique «si» suffixe relationnel oblique pluriel «jour» conjonction de procès simultanés répétitifs «tout en . et en . .» -me . -me conj. conjonction de procès simultanés (répétitifs) (cf. -me... -g°e.rn) maq'e EC I mars «voix», «bruit» interjection • appel au secours, sorte de supplication m ew- I. EPpréECcom. m.ew II Loc m.ew.r préfixe démonstratif de 2° degré- «ce- .là» «là», «là-bas» pronom démonstratif de 2° degré, «celui-là» (en relation directe) m.ew.s t.ew Adv. mez EC. I. -n EPpostEC «ainsi», «de cette manière-là» «forêt» suffixe temporel de futur intentionnel/ néces- saire, suffixe intentionnel na ce pe Adv. ne.h EC. I/pr. é «ce soir» «plus»; «plus que», «(le) plus»; «être (le) plus»
GSELL, TSEY, PARIS. BATOUKA. TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 287 EC I ne.pe Adv -ne s e Postpos -rt/.jew EPpostECdis «demain», «le lendemain» «aujourd’hui» Postposition «jusqu’à» a) suffixe discontinu intentionnel, b) marque du complément du prédicat ve ze et de ses composés (ne.)'0 EC I P- «bord de qqch » allophone de l’indice wa- en 3° position syn- taxique devant consonne sourde indice per- sonnel, possessif inaliénable et préverbiale de la 2° pers du sg pa.ca Pr pr C (I Ts passa) «l’arracher du bout», «le cueillir» pa ye ne Pr. pr. C pe EC. III., Pr pr A pc 'd EC E pxe EC I pxe cay EC. I pxe.n.c'a.pxe EC I pxe.n.c’e EC III., Pr pr A p.xate pa ha (C ) Expr psa EC L psa ne EC. I psa.z°e EC. I psa.w EC I psa EC. III, Pr. pr A pse.h EC I psa t'e EC I. pse daz EC I. p'a.t’a EC III., Pr pr C. p'aste (empr.) EC I (qa.)de.ya Pr. pr. C q’a.fe.ha Pr pr. C. (q’.)ay.ne za Pr. pr. E. «le faire rester (accroché) au bout» «souffrir», «avoir du souci» «mensonge» «bois» «tonneau de bois» 1 «balai», 2. «plante à balai» «balayer» «témoigner du respect à» «eau » «puits» «eau bouillante» «qui est en bonne santé» «se fatiguer», «être fatigué» «cou, à la hauteur des épaules» «sueur» «matin» «le serrer» «gruau» «l’enlever d’un intervalle (vers ici)» «l’apporter pour» «rester définitivement dans, à l'intérieur de (vers ici)» q’.ay.txa Pr. pr C q'a.cf'e sa Pr. pr E q’a.z sa de ta pr pr. E. (q’a.)”e yya( za) Pr pr C. «l’arracher de dedans, de la surface» «dépasser de derrière» «bondir (de position couchée ou assise)» 1 «le jeter par terre, (vers ici), (définitive- ment)»; 2 «le désarçonner»
288 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE (q'a.)"e sa Pr pr E q'e- EPpréEC q'e ha Pr pr C q'e-. . -he Edisc «s’écouler de dessous (vers ici)» préverbe directif «en direction vers soi» «l'apporter» Elément discontinu de dynamique spatiale circulaire «tout autour» (q' )ey c'aya Pr pr D «le verser — un liquide — vers le bas (vers ici)» (q'.)e\.5dyd Pr. pr D (q'.)ey.ha.ya Pr pr D q'e.ka'e za Pr pr E q'e.ne.za Pr pr. E q'e pya.he Pr pr C q'e pÀe Pr pr. E (q'e.)-fe ta Pr pr C -q'e.s e Postpos. q'e ste Pr pr. E. (q'e )se Pr pr. C (q'e )na fe Pr pr. C q’e.wasa Pr pr E. q'e.t'a.he Pr pr C cf’a.she EC I tf'a tame EC I. q°’e- EPpréEC (f'aye EC I (f'ele-pacayce EC I. «le lancer vers le bas (vers ici)» «l'apporter vers le bas (vers ici)» «revenir» «rester définitivement» «le ceinturer», «l'attacher tout autour» 1 «ouvrir les yeux», 2 «regarder vers ici» «le trouver (vers ici)» Postposition: «chaque fois que» «le prendre» «le conduir, mener (ici)» «le pencher, courber (vers ici)» «se réveiller» «le bêcher tout autour» «montagne», «colline» «branche» préverbe locatif «derrière/de derrière qqch » «fromage » Kole-Patsitse (Patsitse-le-Corbeau) nom du héros de ce conte tf’e.sa Pr. pr. E (f’e.ta Pr. é E -r I EPpostEC «arriver (de) par derrière» «être debout, situé derrière» suffixe relationnel direct (renvoie à l’actant en 1° postition syntaxique) -r/-r- II EPpréEC allophone a) d’un indice personnel de 3° pers b) d’un préverbe locatif ra-, ou explétif, à la rencontre de deux EPpréEC contenant la semi-voyelle />/ -re EPpostEC rehet (ar -t ) EC. I. ye- I EPpréEC -y(e) II. EPpostEC ye.da da ye hezera Pr pr C suffixe conjonctif/fréquentatif/duratif «confortable» préfixe «factitif/permissif» suffixe temporel du passé «le porter très vite, («le secouer9»)» «le préparer»
GSELL. TSEY, PARIS, BATOUKA, TLICH, DRÉAN ET LAUTROU 289 EPpostECc. ye.fa Pr. pr. C. ye.fe.k he Pr pr. C. ye.sa Pr- pr. C. ye.saye Pr. pr. C. ye.ske Pr. pr. C. ye.se.fe Pr. pr C ye.s°’e Pr. pr C. ye.sane Pr. pr. C ye.ste Pr. pr C ye.wac°a Pr. pr. C ye.wa.s°x°e ya Pr pr. C ye.Fe Pr. pr. C ye.'a.ka Pr. pr C fa.pse EC I. fega EC. III, Pr. pr A. /e.g0 EC I. fe.ka.za Pr. pr. A. fe.se EC. III, Pr pr A. s(a) EPpréEC sa.d EC. I. sa.d.ew Adv. se EC. I. sag EC. I. saye EC. III, Pr. Pr. A saye.pc’a Pr. pr A saw se EC. III., Pr. pr. A. se.za.ye EC. I. ska EC. III., Pr. pr C s’e I. EC. III., Pr. pr. C. s’e IL EC. III, Pr. pr. C. s°(a) EPpréEC -s°a EPpostEC s°e EC. I. suffixe temporel du passé antérieur «le faire sécher» «le coucher» «le faire brûler» 1. «le faire dormir», 2 «le laisser dormir» (NB ye sye) «le faire manger» «l’étonner» «le chérir» «faire peur», «l’effrayer» «l’effrayer» «l’arrêter» «l’émietter» «le faire bouillir» 1 «le placer par terre», 2. «le mettre de côté» «faucille» «crier, hurler» «route, chemin» «se coucher (pour dormir)» «s’égarer» indice personnel/possessif/préverbial de la 1° personne du sg. pronom interrogatif (non-raisonnable) «que, quoi» «comment», «combien» pronom personnel de la 1° personne du sg «moi» «arbre» «dormir», «s’endormir» «faire semblant de dormir» Interjection «courir» «couteau» (NB' sya) «le manger» «le faire» «le savoir» indice personnel/possessif/préverbial de la 2° personne du pl «vous» suffixe potentiel pronom personnel de la 2° personne du pl «vous»
290 PATSITSE-LE-CORBEAU, CONTE TCHERKESSE s"' d kefa (C.) Expr sa- EPpréEC sale (NB) EC E sane EC III , Pr pr A. sa.sa Pr é E. sa. ta Pr é E. sa.'e Pr. é E .fer EC. I ses na q° 'e EC I -(s )t EPpostEC «l’aimer» préverbe locatif général «là, y» «les villageois», «les gens» «avoir peur» «être d’entre», «faire partie de» «être, exister» «être, exister, y avoir» «nuit» «minuit» (NB: régulièrement -s t) suffixe temporel du futur général -(s )ta.y(e) EPpostECcomp (NB’ régulièrement -s ta.y(e)) suffixe tempo- rel composé de l’imparfait s'a. ma fe EC I. s'e.'e Pr. pr C. t(a)- EPpréEC «hiver» «s’enfuir» indice personnel/possessif/préverbial de la 1° personne du plurièl: «nous» ta- EPpréEC indice personnel/possessif en 2° position syn- taxique des prédicats d'état -t.ay I EPpostECcomp conjonction de prédicats coordonnés- a) en valeur temporelle de l’imparfait, b) à séman- tisme causal au passé ta.y- II. EPpréECcomp indice possessif aliénable de la 1° personne du pluriel: «notre» teEC I pronom personnel de la T personne du pl «nous» t ey.c'e Pr. pr. C. taq'e EC. I the EC. I txe za Pr. pr. A. t'a.sa EC. III., Pr. pr. A. t'e k°' I EC. I. t’e k°' II EC I w(a)- EPpréEC «le verser (liquides) sur» «souche» «Dieu» «vivre bien» «s’asseoir» «(un) peu» «lieu, endroit» indice personnel de la 2° personne du sg «tu» a) en 1° position syntaxique; b) en 3° position syntaxique devant /m/, jyf /w/ et générale- ment devant sonores wa.bata EC III, Pr pr C wa.c'a EC III., Pr pr. C. wane EC I «l’attraper, le saisir» «le tuer» 1. «maison»; 2 «pièce»
GSELL, TSEY, PARIS. BATOUKA. TLICH. DRÉAN ET LAUTROU 291 Wa. t'a.psa EC III , Pr pr C -waz.a y a he (E ) Expr «le lâcher» «l’embêter» (avec détermination possessive obligatoire) neEC I pronom personnel de la 2° personne du sg «toi» wallah-allah wered EC I wered ’°<? (C ) Expr w.ew- EPpréECc interjection-exclamation «chanson» «chanter» préfixe démonstratif composé de 2" degré, parallèle à m ch - (cf ) w.ew.dde Loc z- (NB m.ew dde) «là-bas» allophone de l’indice s(a)- en 3U position syntaxique devant consonnes sonores z(a)- EPpréEC indice réfléchi de la 1° position syntaxique des prédicats de procès et de la 2° position syn- taxique des prédicats d'état -za I. EPpostEC conjonction de prédicats coordonnés a) au présent et au futur, b) à sémantisme causal za II. Ec I z(a)- Edisc «un» Elément discontinu de relatif temporel à sé- mantisme passé. z(a) de- I. EPpréEC za de- II EPpréEC za de.ste Pr pr. C z(a)-....-re.m Edisc. préverbe relatif de lieu «là où» préverbe réfléchi comitatif «avec soi» «le prendre avec soi» Elément discontinu de relatif temporel à sé- mantisme a-temporel/futur za.ye.pc'a Pr. pr. C. za.ye.saye.pc'a Pr. pr. C. za.s'a Pr. pr. C za.sa- EPpréEC za wa.fe Pr pr C za.’"e.ye he Pr pr. C z(e)- EPpréEC ze- I EPpréEC 2-e II. Adv ze.c'e.m Adv. ze de- EPpréEC «se baigner» «faire semblant de dormir» «se faire (qqch )» préverbe locatif général relatif: «là où» «se pencher, se voûter» «plonger sous» indice relatif, personnel/possessif/préverbial indice réciproque «une fois» «d’un coup», «sur le champ» préverbe comitatif réciproque «l’un avec l’autre, les uns avec les autres» ze de.ye Pr. é B. «appartenir à plusieurs, réciproquement»
292 PATSITSE-LE-CORBEAU. CONTE TCHERKESSE ze Xe- EPpréEC préverbe locatif réciproque «les uns dans la masse des autres» ze /e x^ Pr pr C r er ye ye pe Pr pr D ze re- .-r/m Edisc «le distinguer», «l’entendre» «s’en soucier», «s’en faire» Elément discontinu a) de relatif factuel «le fait que», b) de relatif de manière «la façon dont» z e iv Adv ze h az e EC I za EC I -za EPpostEC 'a- EPpréEC 'a xa Pr. pr C 'a.ya Pr é. C ’«p'e EC I "a b EC 1 "e- EPpréEC "e le-c'a k°' EC I "e La Pr é E "e X he Pr pr C "e ye Ÿ'e X he Pr pr C "e ye.sa Pr pr C. "e -fe X he za Pr pr E "e txa Pr pr C '°a- EPpréEC «en une fois», «d’un seul coup» «tout», «tous» «vieux», «redoutable» suffixe itératif/réparatif/definitif préverbe «à, de la main de» «le prendre (des mains de)» «le tenir (à la main)» «brassée » 1 «dos», 2 «arrière de qqch » préverbe locatif «sous/de dessous» «enfant», «garçonnet» «être couché, situé sous qqch » «le mettre sous» «le mettre, le faire se coucher sous» «le faire s’écouler de dessous» «se recoucher sous» «l’arracher de dessous» préverbe locatif, a) «à/de l’embouchure de», b) «au/du bord de» va fe.X he Pr. pr E. «s’étendre devant, à l’embouchure de» ou «à côté de» sa.za Pr. pr C '°d ta Pr é E 'ne Pr. pr C «le ramener de devant de» «être debout, situé devant, au bord de» «le dire»
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS* Zum besseren Verstàndnis stelle ich meinem Beitrag eine Gliederung in vier Teilen \oran I Geographischer Überblick II Historischer Überblick III Sprachen des Berichtsraumes IV Bemerkungen zur Volkskullur Literatur I. Geographischer übfrblick Geographisch konzentriert sich der hier zu gebende Bencht im wesentlichen auf zwei Râume : 1 im Suden auf das Gebiet der transkaukasischen Sowjetre- publiken Géorgien und Arménien, 2. im Osten auf das Bergland des Dagestan und den westlich daran angrenzenden Bereich der Zentralkaukasischen Sprachen (ZKS), der uber die Ebene südlich des mittleren Terek und das angrenzende Gebirge bis zur Hauptkette des Kaukasus reicht Prinzipiell ausgeschlossen bleiben der westliche Kaukasus, d h die Heimat der West- kaukasischen Sprachen, deren eine, das Abchasische, den Nordwesten der Georgischen Sowjetrepublik bildet, das Bergland des zentralen Kaukasus als Sprachgebiet des indogermanisch-iranischen Ossetischen, dessen südlicher Teil auf georgischem Territorium liegt1, sowie die von Turkvôlkern be- siedelten Raume: im Südosten die transkaukasische Sowjetrepublik Aser- beidschan, im Nordosten der dagestanischen ASSR das Gebiet der Kumyken am Kaspischen Meer, deren nôrdliche Nachbarn die ebenfalls turksprach- lichen Nogaer sind ; die Wohngebiete der Karatschaier und Balkaren liegen ohnehin im westlichen Kaukasus (im Autonomen Karatschaier-Tscherkessen- Gebiet bzw. in der Kabardino-Balkarischen ASSR). IL Historischer überblick Die eben gegebene geographische Eingrenzung des Berichtsraumes auf die transkaukasischen Sowjetrepubliken Géorgien und Arménien im Suden und * Vortrag, gehalten an der Universitât Bonn im WS 1978 79 im Rahmen einer Ringvorlesung uber «Vôlker und Sprachen der Sowjetunion». spatere Literatur konnte nicht mehr berucksichtigt werden 1 Es handelt sich dabei um die Jugo-Osetinskaja avtonomnaja oblasf
294 K H SCHMIDT das Hochland des Dagestan sowie das daran angrenzende Gebiet der ZKS im Osten laBt sich auf den historischen Überblick nicht konsequent anwenden Unteilbar ist bereits der Name des Kaukasus, um dessen etymologische Deutung sich schon Plinius (23-79), n h VI 50 ohne sichtbaren Erfolg bemüht hatte: . appellavere . Scythae ipsi Persas Chorsaros et Caucasum montent Croucasim, hoc est nive candidum2 Bereits 500 Jahre vor Plinius weiB Herodot (484-425) I 203 zu berichten, daB das Kaspische Meer (fj §è Kacrnir]) im Westen vom Kaukasus begrenzt wird, «dem ausgedehntesten und hôchsten von allen Gebirgen» (êôv ôpérov Kai 7rZf)0ei péytcrtov Kai peyâOet uvr)Zô-raTOv) Herodot fahrt dann fort : «Auf dem Kaukasos gibt es viele und mancherlei Vôlker, welche zumeist von wilden Früchten des Waldes leben» (Ë0vea §è àvOpûnuov no/.Àà Kai navroîa èv éourâ) ë/ei ô KaÙKaaoç, rà noZZà navra an' CZqç âypirig Çôovra)3. Bei dem hier zu gebenden Überblick über die Geschichte des Kaukasus wollen wir pnnzipiell chronologisch unterscheiden zwischen den in histonscher Zeit nachweisbaren Fakten und den vorhistorischen und nur durch Hypothe- sen rekonstruierbaren Ereignissen In vorhistorische Zeit verliert sich der Ursprung der sog. palâo- oder ibero-kaukasischen Vôlker, die gegenwârtig in den Sprechern der Südkaukasischen (SKS), Ostkaukasischen (OKS) und Westkaukasischen Sprachen (WKS) weiterleben Die Frage, inwieweit diese autochthon oder von auBerhalb zugewandert sind, kann hier nicht verfolgt werden4 Auch bei Hypothesen zur Ausgliederung der idg. Sprachen hat der bereits in palâolithischer Zeit besiedelte Kaukasus mit seiner früh entwickelten Metallin- dustrie5 eine beachtliche Rolle gespielt, wie zwei Beispiele belegen môgen. a) F Sommer 1947, Iff vertrat die Meinung, daB die Sprecher der anatolischen idg. Sprachen (Hethiter usw.) bei ihrer Einwanderung in die anatolische Halbinsel den Kaukasus durchquert hâtten. T.V. Gamkrelidze 1970, 141 bemühte sich um Abstützung dieser These durch Hinweise auf isomorphe Erscheinungen in den südkaukasischen und idg. Ablautsystemen (kritisch dazu Schmidt 1971) Als archàologischer Hintergrund wird gegenwar- 2 Vgl EilersMayrhofer 1960, 115ff 1 Übersetzungen nach Braun Barth 1967, 101, zur Überlieferung des Kaukasus in der Antike vgl Gan 1884, Latysev 1890-1906 4 Vgl dazu elwa Halasi-Kun 1963, 3 «that none of the peoples of the Caucasus appear to be truly autochthonous», andererseits Krupnov 1963, 8 «that the beginning of the disintegration of the cultural and ethnie unity in the Caucasus refers approximately to the middle or the end of the 3rd millenium B C », Klimov 1969, 1 If 5 Vgl zB die «transkaukasische Kupferzeitkultur» im frühen 3 Jahrtausend (Gimbutas 1968. 546f )
VOLKER IM SUDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 295 tig die Expansion der als protoidg geltenden Kurgankultur im Kaukasus und in Anatolien diskutiert6 b) In seinen auBerordentlich umstnttenen «Gedanken uber das Indogerma- nenproblem» (vgl. die Kritik von Benveniste 1966, 107ff ) bestimmte Trubetz- koy auf Grand typologischer Knterien «das Gebiet, wo die altesten indoger- manischen Dialekte entstanden sind, irgendwo zwischen den Gebieten der ugrofinnischen und kaukasischmediterranen Sprachen» (vgl Trubetzkoy (1939) 1968, 220f.) Die hier zu gebende Darstellung der in historischer Zeit nachweisbaren Fakten soll auf doppelte Weise erfolgen . 1 durch verkürzte Aufzâhlung der Einfàlle und Einflüsse, die von auBen auf den gesamten Kaukasus als wichtige VerbindungsstraBe zwischen Europa und Asien7 eingewirkt haben und vor- nehmlich getragen wurden von a) Armeniern, b) Kimmeriern, Iranern, Griechen und Rômern, c) Hunnen, Türken, Arabern, Mongolen, d) Russen, 2. durch die erganzende Betrachtung der eigentlichen Berichtsraume Géorgien, Arménien, Dagestan 1 Von aufien herangetragene Einflüsse a) Armenier Der Einfall der idg. Armenier ist im Zusammenhang zu sehen mit dem Untergang des asianischen (altkleinasiatischen) Kônigreiches Urartu, das vom 9. Jh. bis 7. Jh. in den armenischen Bergen am Van-See florierte und seine Herrschaft in nôrdlicher Richtung nach Transkaukasien auszudehnen bemüht war. Die durch verschiedene Inschnften belegte urartâische (oder chaldaische) Sprache ist genealogisch verwandt mit dem früher auch Subarâisch genannten Hurrischen oder Hurritischen, der Sprache des in der 2. Halfte des 2 Jahrtausends unter indischer Oberhoheit stehenden Mitanni-Reiches in Kleina- sien, wahrend sie typologisch Merkmale der KS zeigt (besonders die spater zu 6 Vgl Gimbutas 1968, 547, «Die Kurgankultur in den eurasischen Steppen von der unleren Wolga bis zum oberen Jemssei» zum Terminus Kurgan «Die fruhesten Graber im unteren Wolgagebiet waren als Einzelgraber mil tiefen Gruben gebaut, in welchen der Tote auf dem Rucken lag mil angezogenen Beinen, die Skelelte wurden mit Ocker bestreut und mit Erdhügeln bedeckt Ich nenne diese Kultur die 'Eurasische Kurgankultur'. nach dem russischen Wort 'kurgan', welches Hugel bedeutet», vgl auch Winn 1974, 137 «On the basis of the Kurgan associations with the Trans-Caucasian culture, which extended into Anatolia. one is tempted to place the Hittites in the early third millenium in East Anatolia. where they would hâve become completely Anatolianized after adopting the local culture», s weiter Gimbutas 1970 7 Vgl etwa Nikuradse 1962, 83f «Führle doch der Handelsweg der hellenischen Welt nach dem fernen Osten, nach Iran und Indien vorwiegend über den Kaukasus — die Lander Kolchis -- Iberien — Albanien Auch uber Nordkaukasien verlief ein Handelsweg zwischen Gnechenland und Indien bzw China»
296 K H SCHMIDT besprechende Ergativkonstruktion)8 Mitte des 7. Jh s bricht Urartu unter dem Druck von Kimmeriern, Assyrern, Medern, Skythen und Armeniern zusam- men. Sein Herrschaftsbereich wird anschlieBend von den aus Kleinasien nach Transkaukasien einsickernden idg. Armeniern eingenommen (Halasi-Kun 1963, 5). b) Kimmerier und Iraner, Anfange der Griechen9 Von idg. Vôlkern sind es neben den Armerniern vornehmlich Griechen und Iraner, die die frühe Geschichte des Kaukasus maBgebhch beeinflussen Die Rômer treten erst spâter in Erscheinung Die griechischen Handelskolonien an der Küste des Schwarzen Meeres gehen in ihren Anfângen bis ins 7,6 Jh v Chr zurück. Zu ihnen gehôren (von Norden nach Osten). die milesischen Gründungen Tyras am Dnjestr (Tyras) und Olhia am Bug (Hypanis), die dorische Chersonesus Taurica und Pantüa- paeum (heute Kertsch) auf der Krim (letzteres war der Sitz der bosporanischen Kônige, die die Maiolis, das heutige Asowsche Meer, beherrschten), ferner Tanais im Delta des Don (Tanais), Phanagoria und Gorgippia an der Ostküste der StraBe von Kertsch, sowie Topsidas, Pitiunt, Dioskurias und Phasis an der Ostküste des Schwarzen Meeres '0 Zum Unterschied von dem auch machtpoh- tischen EinfluB, der spâter bis zur türkischen Eroberung 1453 in so hohem MaBe (besonders auf den südlichen bzw südwestlichen Kaukasus) von Byzanz ausstrahlt, sind die Einwirkungen durch die frühen griechischen Niederlassun- gen weitgehend fnedlicher (ôkonomischer und kultureller) Natur Bereits vor Grundung der griechischen Kolonien, d.h am Ende des 8. Jh s. brechen die Kimmerier in Transkaukasien ein, ein vermutlich idg. (thrakisches oder iranisches) Volk ", das schon in Homers Vorstellungswelt, wenn auch nur mythologisch, vorhanden war Od XI 14ff wird von ihren Wohnsitzen am Eingang der Unterwelt benchtet ëv0a §è Kipiiepirov àvSptàv ôrjpôç te zrôXiç te fjèpi Kai VEtpÉZq KEKa?m|i|iÉvoi 8 Vgl Friedrich 1969. Diakonoff 1971 9 Sofern nicht anders vermerkt, stülze ich mich bei der Darstellung von b) c) und d) vornehmlich auf Halasi-Kun 1963 10 Vgl Zgusla 1955. 39ff und s Halasi-Kun 1963. 5 «It was only a short time after the foundation of the Scythian Empire that Greek colonies began to appear along the Caucasian Black Sea coast They were centered around major cities . and formed an unimerrupted chain of Greek settlements in the Caucasus that hâve lasted until after World War II, since which time both the settlements and their traditions hâve disappeared» 11 Vgl Halasi-Kun 1963, 3, Zgusta 1955, 14ff Zur Diskussion über ihren Weg in den südlichen Kaukasus (Herodot IV. 11 Nordkaukasus vs Strabo I 3. 21 Bosporus) vgl Zgusta 1955 141
VOLKER IM SUDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 297 Den Kimmenern folgen die iranischen Skythen12 und weitere iranische Stâmme13, wâhrend gleichzeitig die Einwirkungen iranischer Vôlker (Skythen, spàter Sarmaten, noch spater Alanen) auf den nôrdlichen Kaukasus ihren Anfang nehmen. Als lebende Zeugnisse dieses Prozesses finden wir heute die bereits erwâhnten Osseten in der nordossetischen ASSR und in dem sudosseti- schen Autonomen Gebiet der Georgischen Sowjetrepublik (s FuBnote l)14 Weitere iranische Einflüsse haben ihren Ausgangspunkt im Süden • Ende des 7. Jh.s erfolgt die Eingliederung Arméniens in den medischen Staatsverband, im 6. Jh. die Unterwerfung Arméniens und Géorgiens durch die Achameniden, gegen 280 gründet Mithradates E (Ktiottiç) die iranische Herrschaft von Pontos am Schwarzen Meer, die spater (107) um die Griechenstadte des Bosporanischen Reiches und das westgeorgische Kônigreich Kolchis erweitert wird, schlieBlich aber im Mithradatischen Kneg (74-63) den Rômern erliegt Unter den Arsakiden (230 v. Chr. — 224 n Chr.) und Sassaniden (224-642) streiten Rom, spàter Byzanz, auf der einen und die iranischen Dynastien auf der anderen Seite um den südlichen Kaukasus, besonders um Arménien (Halasi-Kun 1963,7 ff.); 387 erfolgteine Teilung dasostgeorgische Kônigreich Iberia, das in Nordaserbeidschan und Sùddagestan gelegene palâokaukasische Reich Albania und der grôBere Teil von Arménien werden sassanidische Provinzen, die westgeorgische Kolchis (oder Lazika) bleibt unter byzantinischer Herrschaft; 591 werden auch Ibenen und Arménien Byzanz eingegliedert Wesentlich spàter, von Ende des 15. Jh.s bis zum Anfang des 19. Jh.s, hat der Süden abermals unter persischer Expansion zu leiden c) Hunnen, Türken, Araber, Mongolen Im Norden werden gegen Ende des 4 Jh s n Chr die iranischen Alanen von den Hunnen nach Süden abgedrângt. Turkstàmme aus Westsibinen, z. T mit den pontischen Hunnen vermischt und unter dem Namen Bulgaren bekanntge- worden, lassen sich bis ca. 550 im nordwestlichen Kaukasus nieder, ebenso die in ihrer Begleitung befindlichen finnisch-ugrischen Ungarn, die am Kuban und Asowschen Meer in der Nachbarschaft der Alanen siedeln Um 550 bereiten 12 Vgl Deeters 1957, 16. der die Einwirkungen kimmerischer und skythischer Superstrate auf die SKS in Betracht zieht, zu georgisch-iranischen Sprachmischungen vgl Andronikasvili 1966 Die wichtigsten DurchgangsstraBen für die Passierung des Kaukasus sind die Daiial- Schlucht im mittleren Kaukasus auf der spateren «Georgischen HeerstraBe» (georg Samyedro gza, russ Voenno-Gruzintkaja doroga) und die /Urfrat-Schlucht oder Kaspische Pforte (Bab el 4bwab) am Kaspischen Meer (vgl Klimov 1965, 6, 1969, 3f ) Vgl Oranskij 1975, I 129ff . Zgusta 1955, 52ff , zu den Namen alan. at. iat,.o\ti (oii). osetiny vgl Volkova 1973, lOOff . alla» < altiran àrxana- Abaev 1958, 47. zur Sprache der Osseten vgl in der Bibliographie die Arbeiten von Abaev, Isaev, Bielmeier, Schmidt 1974
298 K H SCHMIDT die Kôk-Türken aus der auBeren Mongolei der Herrschaft der pontischen Hunnen ein Ende. Danach werden die Chasaren vom 7. bis 10. Jh. zur fùhrenden Macht des ganzen Nordkaukasus, eine Position, die sie anschlieBend an die Kiptschaken und die von diesen teilweise turzisierten Alanen abgeben müssen Im Süden beenden die Araber die Sassanidenherrschaft und drângen Byzanz nach Westen zuruck- Kartli (die alte ostgeorgische Iberia), Arran (vordem Albania) und Arménien werden im 7. Jh zu arabischen Provinzen, Lazika (die alte Kolchis) bleibt zunàchst byzantinisch, wird spàter armenisch und nach 717 unabhangig Von Aserbeidschan aus erobern die Araber 728 den Dagestan und führen dort den Islam ein (Erhorn oJ. 72) Trotz der Verdràngung des arabischen Kalifats aus dem sudlichen Kaukasus (gegen 930) bleibt der Südostkaukasus zunàchst islamisch und Tiflis wird zum Zentrum eines musli- mischen Chanats. Im 11. Jh. rücken die turkischen Seldschuken von Turkmenien und dem Nordiran aus nach dem südlichen Kaukasus vor, schlagen Byzanz in der Schlacht von Manzikert (1071) und beginnen mit der Turzisierung der Iranisch sprechenden Bevôlkerung von Aserbeidschan, der antiken Media Atropatene (Klimov 1969, 9)'5. Die mongolische Invasion des 13. Jh.s hat für den Kaukasus keine ethni- schen Konsequenzen, da die Bevôlkerungsstruktur dadurch nicht wesentlich veràndert wird, wohl aber politische: Es entstehen verschiedene mongolische Reiche; das Kiptschak-Imperium im Norden und einander ablôsende Dyna- stien im Suden (u.a. Il-Chane, Schwarze Hammel, 1391 Timur, WeiBe Ham- mel). Die osmanischen Türken vernichten 1461 das griechische Reich von Trapezunt am Schwarzen Meer, verdràngen Ende des 16. Jh.s die persischen Seffewiden zeitweilig aus dem Südkaukasus, dringen bis zum Kaspischen Meer vor und bringen den Dagestan unter ihre Herrschaft; auch das westkaukasi- sche Tscherkessengebiet steht in dieser Zeit unter ihrem EinfluB Die Auseinan- dersetzungen des 18. Jh.s zwischen Türken, Persern und Russen werden im 19 Jh. durch die Annexionen der Russen beendet. d) Russen Die Russen erobern 1556 das tatansche Chanat Astrachan, von wo aus sie sich an der Kuste des Kaspischen Meeres nach Suden vorschieben (vgl. Allen 1963) Der Feldzug Peters d Gr gegen Persien fuhrt 1722/23 zur formalen 15 Die Media Atropatene ist nach 'ArpoTrcttTp; benannt. dieser war Befehlshaber der Meder m der Schlacht bei Gaugamela, wurde aber 328 Satrap von Medien Im sudlichen Kaukasus werden heute noch drei iranische Sprachen gesprochen das Kurdisihe in Géorgien, Arménien, Aserbeid- schan, das Tatische (Mohammedanisch-Tatisch und Judisch-Tatisch) in Aserbeidschan und Dagestan, das Talyschisihe in Aserbeidschan
VOLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 299 Abtretung persischer Provinzen am Kaspischen Meer (darunter Derbent und Baku) 1783 verlieren die Turken die Krim und damit den entscheidenden EinfluB auf das Asowsche Meer und die nordôstliche Schwarzmeerküste Die 1784 erfolgte Grundung von Vladikavkaz (ab 1931 Ordschonikidse, daneben Dsaudschikau) in strategisch wichtiger Position, am Kopf der Georgischen HeerstraBe südlich des Terek, ermôglicht den Russen die Spaltung der ost- und westkaukasischen Stâmme Weitere wichtige Daten sind die Eingliederung von Géorgien (1801) und Arménien (1828) in das Zarenreich Die wahrend des 19 Jh.s durchgeführte Eroberung des Kaukasus wird abgeschlossen mit der Unterwerfung des Dagestan (1859) und der letzten unabhângigen Tscherkes- sengebiete (1864), sowie mit der zeitweiligen Abtretung der Provinzen Kars und Batum durch die Turken auf dem Berliner KongreB 1878 2. Erganzende Betrachtimg von Géorgien, Arménien, Dagestan a) Géorgien (Eigenbezeichnung sakartvelo) zerfâllt in der Antike in die Kônigreiche Kolchis (im Westen) und Iberia (im Osten) Kolchis, das bereits in urartâischen Keilschnfturkunden erwàhnt wird und ab Mitte des 6 Jh.s v Chr eigene Münzen prâgt (Meskhia 1972, 16f.), zeigt besonders enge Verbindungen zu Griechenland und zu den griechischen Kolonien an der Schwarzmeerküste, ich verweise etwa auf Herodot II 10416, der von den Kolchern als ehemaligen Àgyptern berichtet' tpaivovrat pèv yàp èôvreç oi Kô^/ot AiyVTmot, auf die Argonautensage oder auf die bereits von Hesiod (700 v Chr ) in seiner ‘Théogonie’ 510ff und von Aischylos (525-456) in dem ‘Gefesselten Prome- theus’ (fIpO|iTi0eùç Seopcorriç) behandelte Figur des Titanen Prometheus, deren spàtere Verbreitung als Sujet kaukasischer Dichtungen (vgl. Schmidt 1964, 1071) erklart sich dagegen wohl am besten umgekehrt durch Übernahme aus dem Griechischen. Ebenso kônnten georgische Lehnwôrter aus dem Griechischen — wie z.B aklemi ‘Kamel’ aus Kapp^oç — durch die westlichen südkaukasischen Sprachen der Kolchis vermittelt worden sein (vgl Deeters 1937, 268), soweit zie nicht im Zusammenhang mit der Bibelübersetzung auf gelehrtem Wege übernommen wurden (Deeters 1937, 269) Die Beziehungen zwischen griechischer Kultur und Kolchis werden spâter von Rom und Byzanz weitergefuhrt und ausgebaut17. Iberia'*, das spàtere Kartli mit seiner alten Hauptstadt Mc/eta, ist in 16 Eine georgische Übersetzung von Herodot II 103-105 gibt Melikisvili 1965. 7f . nicht zugànglich ist mir Qau/cisvili 1960 17 Vgl Allen 1932, 47 «Colchis was, then, in the first centuries A D the most civil part of the Caucasus, a part, in fact, of the Graeco-Roman civilization», zur fruhen Geschichte von Kolchis vgl auch Lomoun 1969 18 Zur Erklarung des (erstmalig bei Strabo genannten) Namens vgl Deeters 1956, 88, der von dem armen Lokativ Plural i Pïrs' ‘bei den Georgiern’ ausgeht
300 K H SCHMIDT stàrkerem MaBe persischem EinfluB ausgesetzt Seine Herrscher müssen politisch zwischen Persien und Rom lavieren19 65 v Chr von Pompeius besiegt, behalt das Land seine angestammte Dynastie Vespasian (69-79) ehrt den Kônig Mithradates durch eine Ehrenmauer in Mc/eta, Antoninus Pius (138-161) den Kônig Pharamanes durch eine Reiterstatue in Rom. Der Kampf zwischen den persischen Sassaniden und Byzanz um die Vorherrschaft im sudlichen Kaukasus führt schlieBlich 367 zu der bereits erwahnten Übernahme des Landes durch die Sassaniden Mitte des 4. Jh s wird das Christentum zur Staatsreligion in Géorgien, nachdem die Apostelin Nino um 330 Kônig Mirian bekehrt hatte20 Im 7 Jh erobern die Araber Ostgeorgien und machen Tiflis ( Tbilisi), das im 5. Jh. erbaut worden war und im 6. Jh. Mc/eta als Hauptstadt abgelôst hatte, zu dem bereits erwahnten Zentrum eines Chanats. Der Einigung Géorgiens unter den in Abchasien an die Macht gekommenen Bagratiden Bagrat III (980-1014) und Bagrat IV (1028-1072) folgt im 12 und 13 Jh. der Hôhepunkt georgischer Macht: Unter David II, dem ‘Erneuerer’ (1089-1125), Giorgi III. (1154-1184) und Kônigin Tamar (1184-1212) wird das auch in kultureller Hochblüte stehende Reich erweitert: es schlieBt jetzt Teile von Arménien und Persien in sich ein und reicht vom Schwarzen bis zum Kaspischen Meer Nach der Eroberung durch die Mongolen um 1240 und der Plünderung durch Timur um 1386 lôst sich Géorgien Ende des 15. Jh.s auf : es entstehen die Kônigreiche Kartli und Kachetien (im Osten), sowie Imeretien (im Westen). auBerdem mehrere Fürstentümer (Samc/e, Odisi, Gurien, Abchasien) Kartli und Kachetien werden von Persien abhangig; Westgeorgien kommt unter den EinfluB der Türken, der zur Ausbreitung des Islams und zur Unterwerfung von Samc^e, Atschanen und Lasien fuhrt. Die Vereinigung von Kartli und Kachetien erfolgt 1762 durch Kônig Erekle IL (1744-1798), der 1783 einen Schutzvertrag mit dem russischen Zaren abschlieBt Dieser Vertrag fuhrt 1801 zur Annexion von Géorgien durch RuBland (zunàchst von Kartli und Kache- tien, darauf in der ersten Hàlfte des 19. Jh.s auch von Westgeorgien) Mehrere Aufstânde der Georgier im 19. Jh schlagen fehl Nach dem russischen Zusammenbruch von 1917 erklart Géorgien 1918 seine Unabhângigkeit, wird jedoch 1921 von der Sowjetarmee erobert und von 1922-36 (zusammen mit Arménien und Aserbeidschan) in die Transkaukasische Sozialistische Fôdera- tive Sowjetrepublik eingegliedert; seit 1936 ist es eine eigene Sowjetrepublik 19 Vgl Allen 1932. 47 «Iberia remained the rougher land over the mountains, the up-countrx parts, its kings, cadets of the Persian royal houses and veenng in their politics between the Roman Emperors and the Court of Ctesiphon. their capital was rather ruder, more remote than those ol the Armenian kings in the cities on the Araks. their wetght in politics much less significant» 20 Vgl ABfalg'Kruger 1975, 122ff
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 301 b) Arménien (Eigenbezeichnung hayastan21) ist bereits in den altpersischen Achamenideninschriften bezeugt (als Provinz Armina- mit der Ableitung Arminiya- ‘Armenier’). Herodot VII 73 benchtet von den Armeniern, die — wie eingangs bemerkt — im 7. Jh. v Chr Urartu okkupiert hatten, sie seien Opuycov âiroiKOi ‘Abkômmlinge der Phryger’ und Eudoxos (bei Stephanos von Byzanz, s.v. Armenia) bemerkt ’Appévioi §è rô yévoç ék Opuyiaç Kai rrj <pû)vr| rto/Aà (ppuyiÇoucnv ‘die Armenier stammen ihrer Herkunft nach aus Phrygien und gebrauchen in ihrer Sprache viele phrygische Wôrter’ Nach dem Zusammenbruch des Achamenidenreiches gérât Arménien unter die Oberherr- schaft der makedonischen Seleukiden (312-64 v. Chr.), aus der sich GroBarmenien und Sophene nach der Schlacht bei Magnesia, in der Antiochos III. (222-186) 190 von L Cornélius Scipio besiegt wird, befreien kônnen Wâhrend der Zeit der Seleukidenherrschaft war das Land in verschiedene Herrschaftsgebiete geteilt • 1) Grofiarmenien (Hauptstadt Artaxaid) ôstlich des Oberen Euphrat, das im Süden uber den Van-See und den Araxes hinausreich- te, im Norden den Sevan-See, das Karabach-Gebirge und Teile von Südgeor- gien in sich einschloB, 2) Kleinarmenien westlich des Oberen Euphrat, dem auch die Bezirke von Siwas und Erzintschan angehôrten, grenzte im Osten an das antike Kappadokien, 3) die kleinen Kônigreiche Sophene und Kommagene im Südwesten, von einander durch den mittleren Euphrat getrennt (vgl Lang 1978, 124). Nach der Niederlage der Seleukiden bei Magnesia werden GroBarmenien (unter Artaxias) und Sophene (unter Zariadris) zu unabhângi- gen Staaten (Lang 1978, 126). Seine grôBte Ausdehnung — vom Kaspischen Meer bis nach Syrien und zum Mittelmeer — hat Arménien spàter unter Kônig Tigranes II (95-55), dem GroBen, der jedoch 69, von Lucullus und Pompeius geschlagen, zum rômi- schen Vasallen wird. Kleinarmenien, von Pompeius als Klientelstaat konsti- tuiert, gliedert Vespasian (69-79) in das Rômerreich ein. Mit dem von den Rômem als Kônig eingesetzten Tiridaies I. (63-80), dem Bruder des Partherkô- nigs Vologeses, beginnt die Dynastie der armenischen Arsakiden, die eine betràchtliche Stàrkung des persischen Einflusses nach sich zieht (Lang 1978, 141) und bis 428 andauert. Das Land wird in diesen Jahrhunderten teils von Rom, teils von den Persem dominiert; im Frieden von Acilisena erfolgt 387 die bereits erwàhnte Aufteilung, bei der die sog. Persarmenia ein fùnfmal so groBes Gebiet einnimmt wie der rômische Anteil im Westen (inklusive Sophene) 301 bekehrt Gregor der Erleuchter Kônig Tindates III. zum Chnstentum und leitet damit die Chnstianisierung Arméniens ein (Lang 1978, 155ff ). Auf die arabische Oberherrschaft vom 7. Jh. bis zum Ende des 8. Jh s folgt mit Asot 21 Literatur zur Etymologie des Namens vgl bei Schmidt 1974, 3927
302 K H SCHMIDT I. (886-891) die Bagratidendynastie (bis 1080) Byzanz gelingt es anschlieBend, wieder einen Teil von GroBarmenien zu erobern (Kleinarmenien war ohnehin unter seiner Oberhoheit geblieben), wahrend Ruben (oder Roupen) 1080 ein neues armenisches Kônigreich in Kilikien (Hauptstadt Sis) gründet, das spâter nachhaltig die Kreuzzuge unterstützt, 1375 jedoch den agyptischen Mameluk- ken erliegt (Lang 1978, 200ff.). Nach Eroberungen durch Mongolen, Turkme- nen 1468, Perser 1472 okkupieren die Turken unter Selim I. 1514 den Hauptteil des Landes, der Osten bleibt persisch An der Spitze der armenischen Selbstverwaltung steht in dieser Zeit der Patriarch von Konstantinopel Im fruhen 17 Jh. deportiert der persische Schah Abbas d Gr (1588-1629) Tausende von Armeniern nach Isfahan, wo eine armenische Kolonie entsteht (Lang/Walker 1977, 8, Lang 1978, 210f.) Im 19 Jh erfolgen die bereits erwâhnten russischen Eroberungen: 1828 verlieren die Perser Erevan, 1878 die Turken Kars, Ardahan und Batum Durch turkische Massaker 1895/96 und 1914/15 werden über eine Million Armenier getôtet (Lang/Walker l.c ) Nach dem 1 Weltkrieg verlàuft die Geschichte Russisch-Armeniens âhnlich der georgischen Geschichte: der Un- abhangigkeitserklàrung der nationalen Republik Arménien von 1918 (Haupt- stadt Erevan) folgt 1920 die Besetzung von Kars und Ardahan durch die Türken, der Rest des Landes wird 1922 in die Transkaukasische Sozialistische Fôderative Sowjetrepubliek eingegliedert und ist seit 1936 eine eigene Sowjetre- publik. c) Der ostkaukasische Dagestan unterscheidet sich von Géorgien und Arménien durch das Fehlen grôBerer nachantiker Herrschaftsstrukturen, wenn man absieht von dem untergegangenen fruhchnstlichen Kônigreich Albania (armen. Aluank', arab Arrân) in Nord-Aserbeidschan und Sùd-Dagestan zwischen Derbent im Norden, Kachetien im Westen, den Flussen Kura und Araxes im Sùden und dem Kaspischen Meer im Osten (Hauptstadt Kabala). das spâter in kleinere Furstentumer (Schirwan und Scheki) zerfàllt22 *. Strabo (63 v Chr - 19 n. Chr ) benchtet uber die Albaner u.a , daB sie zwischen den Iberern und dem Kaspischen Meer wohnen (oiKoûoi §è pera^ù tôv Tpfjprov Kai Trjç Kacntiaç OaZctTrr]g, XI 4,1), ein grôBeres Heer als die Iberer aufstellen, d.h. bis zu 60000 Mann FuBvolk und 22 000 Reitern (gté/.Lowi §è peiÇtt) rfjç 'ipiiprov orpanav. ’On/_i/oi>c>i yàp Kai puptâôaç tteÇtûv, inttèag 5è ôtopupiouç Kai ôic>'/i/.ioi>g XI 4,5) und daB in Albanien 26 Sprachen gesprochen werden (CLÔT-rat ô't'.îaiv ëE, Kai eÏKoai aùroîç XI 4,6)2J. 22 Vgl Trever 1960. 2. Sanidze 1960. Dowsett 1961. Nikuradse 1962. ABfalg Krüger 1975. 5CT mit weiterer Literatur. Rzaev 1976 Zur Geschichte der Mùkoi, Kûottioi, Oüeioi als fruheren Siedlungsschichten Albaniens vgl Aliev 1960 21 Vgl Gan 1884, 70f , Nikuradse 1962. 86
VOLKER IM SUDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 303 Die letzte Bemerkung laBt den SchluB zu, daB Albanien in Strabos Verstând- nis mehr als den eben beschriebenen Raum, d h den gesamten Dagestan, einschloB24. Die Christianisierung Albaniens erfolgte im 5. Jh 25 Wie die Kônigreiche Iberia, Kolchis und Armenia ist auch Albanien stândigen Angrif- fen von auBen ausgesetzt 67/66 wird es von Pompeius erobert, im 3 Jh geraten die Albaner in Abhangigkeit von den persischen Sassaniden, die zur Sicherung der Kaukasusübergange befestigte Stâdte anlegen (Kabala, Schir- wan, Derbent. Nikuradse 1962, 88) Die von Byzanz Anfang des 7 Jh s ausgeùbte Herrschaft wird abgelost durch die der Araber und Chasaren, diese führte zur Islamisierung des Landes (8 -13. Jh ), an der auch seine zeitweilige Zugehôrigkeit zum christlichen Géorgien im 11./12. Jh. nichts mehr ândern kann. Die chnstlich gebliebenen Albaner gehen im 13. Jh in den Armeniern und Georgiern auf, die Mehrkeit der Bevôlkerung wird turzisiert, eine Fort- setzung der Sprache vermutet man in dem heutigen Udischen Unter den histonschen Quellen besonders zu nennen ist die armenische Übersetzung einer Geschichte Albaniens aus dem 7. Jh , deren albanisches Original verlorenge- gangen ist (vgl. Dowsett 1961) Eines der wesentlichen Merkmale des Dagestan, das auch bereits in der Beschreibung Albaniens durch Strabo zum Ausdruck gebracht wird, stellt seine ethnische und sprachliche Zersplitterung dar (vgl. Danijalov, in. Kosven/Chasaev 1955, 6): neben den ‘autochthonen’ ostkaukasischen Vôlkern im engeren Sinne, deren Zahl in histonscher Zeit 28 betragt, wenn man sie an der Verschiedenheit ihrer Sprachen miBt, und unter denen im Dagestan Awaren, Darginer, Lesgier und Lakken, im zentralen Kaukasus Tschetschenen und Inguschen, eine besondere Position einnehmen, befinden sich in diesem ‘Sprachenberg’, wie man den Dagestan von alters her genannt hat (Danijalov, Le.), auch iranisch- und turksprachige Vôlker, d h. einerseits Taten und Bergjuden, andererseits Kumyken, Nogaer und Aserbeidschaner DaB vorhistonsch innerhalb des Dagestan Verschiebungen eingetreten sind, ist wahrscheinlich. So vermutet Trubetzkoy 1937, 173, «daB die awaroandi- schen Stamme, die heute den westlichen Daghestan einnehmen, nicht die Ureinwohner dieses Gebiets sind. Dies wird dadurch bestatigt, daB das Lakkische und die tschetschenischen Sprachen mehrere gemeinsame Züge besitzen, die den awaroandischen Sprachen unbekannt sind» Andererseits dient der Name der Lesgier, womit heute ein einzelnes Volk im sudlichen Dagestan benannt wird, noch in jüngster Zeit zur Bezeichnung aller palàokau- 24 Vgl Lasserre 1975, 146. der die Albani folgendermaBen bestimmt «Peuple installe à cheval sur le Caucase oriental, occupant au sud l'Azerbaidjan jusqu'à la Koura, au nord le Daghestan jusqu’au Terek» 25 ABfalg Kruger 1975, 7 «von Arménien aus», anders Nikuradse 1962. 86
304 K H SCHMIDT kasischen Dagestanstamme26 Wie der südliche Kaukasus hat auch Dagestan vom Mittelalter bis zur Neuzeit unter einander ablôsenden Eroberern (Ara- bern, Mongolen, Persern, Türken, Russen) zu leiden Besonders wichtige histonsche Daten sind • a) die bereits erwàhnte Eroberung des Landes durch die Araber im 8 Jh (728), die zur Übernahme des Islams führt und (durch die Einsetzung erblicher Herrscher) die Begründung des Feudalismus nach sich zieht (Erhorn, o J. 72). Eine auBergewôhnlich mâchtige Position unter den Herrschern nimmt der Chan der Awaren ein (Nikol’skaja, in : Kosven/Chasaev 1955, 25), der in Chunzach residiert, b) die 1859 abgeschlossene Unterwerfung des ‘Berglandes', das ist die Bedeutung des türkischen Wortes Dagestan, durch die Russen, diese kônnen sich jedoch erst nach 2 1/2 Jahrzehnten gegen den awarischen Imam Schamil und die von ihm geleitete islamische Bewegung des Muridismus durchsetzen (1834-59), c) schlieBlich die 1918 konstituierte und von RuBland unabhangige Nordkaukasische Republik, der 1921 durch die Sowjetunion ein Ende gesetzt wird Die Dagestanische ASSR (Hauptstadt Machatschkala) und die Tschetschenisch-Inguschische ASSR (Hauptstadt GroznyJ) — das ist das Gebiet der ZKS — werden zu Teilrepubliken der RSFSR Die Tschetschenisch-Inguschische ASSR wird 1944 zwangsweise aufgelôst, ihre Bewohner siedelt man nach Zentralasien um, 1957 wird die Republik wieder hergestellt (Deeters 1963, 11) III Sprac HEN DES BERICHTSRAUMES Wenn man die westkaukasischen, iranischen und Turk-Sprachen, sowie den auf die Gegend von Erevan konzentrierten neusyrischen Dialekt Ai.sor als Reprasentanten der semitischen Sprachen27, auBerhalb der Betrachtung laBt, dann bleiben hier drei Sprachen bzw. Sprachfamilien zu behandeln. 1 das idg Armenische, 2. die SKS, 3 die OKS. Die Darstellung dieser Sprachen soll jeweilig unter 5 Gesichtspunkten erfolgen: a) Aufweisung der Quellen, b) Genetische Identifikation, c) Areale Stellung, d) Typologie, e) Soziolinguistische Position 26 Vgl Klaproth 1X12-1814, Bd 2 2. 5. der von «Daghestan oder Lesgjistân» spricht. fernei Abdullaev Mikailox 1971, 14f Bodensiedt I 1855, 300ff Vgl Geiger et alii 1959, 60f
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 305 1 Armenisch a) Quellen Die Überlieferung des Altarmenischen oder Klassischen Armenischen setzt im 5- Jh. n. Chr ein Die Texte sind in der Nationalschnft aufgezeichnet, deren Erfinder Mastoc oder Mesroh hieB28 ; ihre Sprachform, die die im Gebiet von Van entwickelte Literatursprache des klassischen Zeitalters wiedergibt, ist als oskedarean hayerên ‘Armenisch des goldenen Zeitalters’ bekannt (Jensen 1959, 2). Zu den àltesten Texten gehôren Übersetzungen aus dem Griechischen und Syrischen meist kirchlichen, aber auch weltlichen Inhalts Das seit dem 10 Jh überlieferte Armenische von Kilikien (vgl. Karst 1901) stellt eine Form des Mittelarmenischen (10.-15. Jh ) dar, eine Zwischenstufe zum Neu-Westarmenischen, dem der Dialekt von Konstantinopel zu Grunde liegt, wâhrend das heute in der armenischen Sowjetrepublik gesprochene Neu- Ostarmenische auf dem Dialekt von Ararat aufbaut (vgl Solta 1963, 8529) b) Genetische Identifikation Das Armenische wurde zuerst von Hubschmann 1875 als selbstandige idg Sprache erkannt, vor diesem Zeitpunkt hatte man es den iranischen Sprachen zugerechnet (vgl. eine Zusammenfassung dieser Literatur bei Schmitt 1975) Zu den diachronen Transformationen, die das phonologische System des Altar- men. dem idg. Rekonstruktionsmodell gegenüber veràndert haben, gehôren vornehmlich; a) Lautverschiebungen der drei Artikulationsartklassen oder Serien, die in ihren Ergebnissen der German Lautverschiebung ahnlich sind (Tenues > Tenues Aspiratae, Mediae > Tenues, Mediae Aspiratae > Mediae30), 0) Satamentwicklung, d.h. Palatalisierung der Palatale und Über- gang der Labiovelare zu Velaren; der für die Mehrzahl der Satamsprachen charaktenstische Zusammenfall von Velaren und Labiovelaren ist im Armeni- schen bei den Tenues und Mediae Aspiratae mit Sicherheit nicht eingetreten, 28 Vgl Meillet 1913, 2 Mastoc nach Koriwn und Lazar von P'arpi, Mevob nach Moses von Choren, vgl weiter Melik-Baehsjan/Akopjan 1962 29 Das (in Syrien. Libanon, Agypten, Irak, Frankreich. USA ua gesprochene) Neu- Westarmenische (Solta 1963, 85) wird auch von den Mechithariw’n gebrauchl. «einer 1701 von Petros Mechithar in Konstantinopel gegründeten, 1717 nach San Lazzaro bei Venedig übergesie- delten und seit 1810 auch in Wien heimischen Kongregation armenischer Christen» (Jensen 1959 2) Ost-Armenisch wird auBerhalb der Sowjetunion in Persien und Indien gesprochen 30 Zur Diskussion um die Verschiebung der Mediae Aspiratae vgl zusammenfassend Pisowicz 1976, 13ff , Job 1977, 95ff , die von Gamkrelidze Ivanov 1973 vertretene Position setzt dagegen fur das Protoidg die Serien der Glottoklusivae (statt Mediae), Tenues Aspiratae (statt Tenues) und Mediae Aspiratae an und rückt das Armenische (wie das Germanische) in die Nahe dieses Rekonstruktionsmodells Gegen diese Théorie sind jedoch verschiedene Einwande môghch
306 K H SCHMIDT wie durch das unterschiedliche Verhalten dieser Phoneme in bestimmten Kontexten bewiesen wird31, y) kontextbedingte Palatalisierung der armen Reflexe idg. labiovelarer Tenues und Mediae Aspiratae Einige Beispiele môgen diese Transformationen verdeutlichen • armen. k’an ‘als’ lat. quam armen ein ‘Geburt’. idg *genos armen jerm ‘warm’: idg *g"hermos armen. km ‘Frau’: idg *g"enà Vorhistonsch gehôrt das Armenische in den Kreis der ostidg. Sprachen Griechisch, Phrygischund Indo-Iranisch (vgl. Schmidt 1980a). Noch in histori- scher Zeit zeigt das Gnechische von allen idg Sprachen die meisten Überein- stimmungen mit dem Armen (vgl. Pedersen 1921, 225, Bonfante 1937), gefolgt (nach den Feststellungen von Solta 1960, 482) vom Altindischen, Germani- schen, Baltischen und Slavischen. Eine wichtige Isoglosse zwischen Armen , Griechisch, Indo-Iranisch und Phrygisch ist der Gebrauch des Augmentes *e- beim Indikativ der Tempora der Vergangenheit, z.B ostidg *e-bher-e-t ‘trug’ griech. ë-tpsp-s ( = Ipf ) altind. a-bhar-a-t ( = Ipf.) armen e-ber ( = Aorist) aphryg. eôctsç ‘ernchtete’: heth. dais ’setzte’ Unter den gnechisch-armenischen Isoglossen, an denen offenbar auch das defektiv uberlieferte Phrygische teilhat, nimmt der sog. prothetische Vokal eine besondere Position ein (vgl. dazu letztlich Greppin 1973) Es handelt sich bei diesem um «die Erscheinung, daB gewisse Wôrter mit einem Vokal anlauten, der in den verwandten Sprachen fehlt» (Porzig 1954, 155, s auch Winter 1965, 100f.), z.B. gnech ùvpp ‘Mann’, armen ayr < *anêr, phryg. ctvap vs. Altind nar-, oskisch ner u.a. ; gnech. ëpePoç ‘Dunkel der Unterwelt, Totengrund (poet seit II.), armen. erek, -oy ‘Abend’ vs. altind. rajas (n.) ‘dunkler (niederer) Luftkreis, Dunst, Staub’, got. riqis, Gen riqizis (n ) ‘Dunkelheit’ Diese Isoglosse verliert auch dadurch nicht an Wert, daB sich der protheti- sche Vokal nicht selten als Reflex idg Laryngale interpretieren laBt, wofùr u.a auch einige Belege mit heth Entsprechungen, d.h. mit anlautendem h- im Heth., als Beweisstücke angefuhrt werden kônnen32. Andererseits setzt die ” Vgl Schmidt 1974, 394 «im Armenischen konnten nur die stimmhaft-aspinerten und stimmlosen Labiovelare des Idg umgebungsbedingt palatalisiert werden (cork ’4‘, ierm 'warm'. aber kin 'Frau'). nicht jedoch die ererbten Velare (k erem 'Schere', geljk' ‘Drusen’, krunk Kranich')» 12 Vgl zB heth lumanza (zu lesen /niants) 'Wind' griech *â(5)r;ai 'weht' altind lâti ‘wehf (Lindeman 1970, 69f )
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 307 offensichtlich spâte Prothèse in Beispielen wie armen erek' ‘3’ < *treies relativ-chronologisch den Schwund des anlautenden i voraus33, die Prothèse dient in diesem Falle der Vermeidung von anlautendem *r- und hat mit Laryngalen nichts zu tun c) Areale Stellung Die Struktur der armen. Überlieferung ist nicht nur bestimmt durch das Faktum, daB es sich dabei (sozusagen in vertikaler Sicht) um eine idg Sprache handelt, sie wird darüber hinaus entscheidend beeinfluBt durch seine (horizon- tal zu verstehenden) Sprachkontakte in vorhistorischer und historischer Zeit Übereinstimmungen mit dem Gnech und Indo-Iran haben Porzig 1954, 162 zu der SchluBfolgerung kommen lassen, «daB die Ursprünge des Griechischen, Armenischen und Arischen im idg Sprachgebiet benachbart gewesen sind» Historisch sind dagegen beispielsweise die armenischen Kontakte mit dem idg. Iranischen und den SKS. Erstere haben die Übernahme zahlreicher parthischer Lehnwôrter durch das Armenische nach sich gezogen34, z B. armen. asxarh ‘Land, Welt’ < parthisch xsahr (av xsaOra-), woraus auch neupers. sahr. Letztere haben in der Nachfolge von N. J Marrs (1864-1934) Japhetitentheorie eine Reihe falscher Feststellungen ergeben • der Kern des Armen., einer hybriden Sprache, gehe auf zwei Stàmme zuruck (Samo jadro dvwodnoe. Marr 1903, XXXI), die Armenier sprachen eine asianische, d h. nichtidg. kleinasiati- sche, Sprache (Kapancjan und dazu kntisch Godel 1970, 153f.) u.a. Trotz anfechtbarer Grundthesen kann der armenische Linguist Kajancjan (vgl Kapancjan 1952) jedoch einige armenische Etymologien als Entlehnungen aus den stidkaukasischen Sprachen Lasisch und Mingrelisch erklàren, z B. armen cane ‘Fliege’ : las. mcaÿi, mingrel. can^-i (mit jungerer Lautent- wicklung gegenuber georg. meer-ï). Da der armenische Wortschatz nur zu einem geringen Prozentsatz35 aus dem 33 Vgl Meillet 1936, 32, der auch auf altarmen eiëc 'trpFoPûrrpo^'. das er mit lat piisiui vergleicht, hinweist, s auch eibaxr ‘Bruder’, wo die Prothèse relativ-chronologisch vor der Dissimilation von *r zu / r anzusetzen ist 34 Eine altéré Zusammenstellung der (persischen, syrischen und griechischen) Lehnwortschich- ten im Altarmen gibt Hübschmann 1897, zu den iranischen Lehnwôrtern vgl auch die Arbeiten von Meillet (zitiert bei Bolognesi 1960, 54), ferner Bolognesi 1960, Benveniste 1958 und 1964. vgl ferner Kusik’jan 1964, 10-23 und Greppin 1975 Die parthischen Lehnwôrter entsprechen dem medischen und avestischen Lautstand auf altiranischer Stufe, vgl z B *Â, g. gh > med , avest parth v, z vs altpers 9, d, *tr > Qr, parth hr (armen rh, h) vs » > i im Persischen 35 Kapancjan 1946, 31 und Abaev 1978, 47 sprechen von 10 (im Verhâltnis zu 35 im Ossetischen). zur Frage der hethitisch-anatolischen Einflüsse auf das Armenische vgl SchultheiB 1961, Greppin 1975a (mit weiterer Literatur). allgemein abgelehnt wird Austins Hypothèse über den anatolischen Charakter des Armenischen (vgl Austin 1942)
308 K H SCHMIDT Idg zu etymologisieren ist, bleibt die Aufdeckung der verschiedenen Lehn- wortschichten eine zentrale Aufgabe Die durch armenisch-sudkaukasische Nachbarschaft auf anderen sprachh- chen Ebenen (Phonologie, Grammatik) aufgekommen Interferenzphânomene. d h Sprachmischungserscheinungen, wurden bereits 1926 27 von Deeters m seiner wichtigen Arbeit über «Armenisch und Südkaukasisch» zusammen- fassend behandelt36 Im Prinzip richtig ist darüber hinaus die Formel von Vogt 1945, 223, daB Armenisch, Ossetisch und die SKS sich typologisch den Tuik- sprachen annahern, sie zeigen «un système des cas riche, l’emploi exclusif des postpositions et l'ordre des mots fixe déterminant-determiné» Insbesondeie haben sich auch die phonologischen Système von Georgisch und Armenisch aneinander angeglichen (Job 1977) d) Typologisch entspricht das Altarmenische noch dem flektierenden idg Modell mit Autonomie des Wortes im Satz, flektierender Morphologie u a Das Neuarmenische zeigt demgegenuber Gruppenflexion mit nicht flektiertem attributiven Adjektiv in der Syntax und deutliche Züge einer agglutinierenden Sprache in der Deklination : a) der pnmar akzentbedingte morphonologische Vokalwechsel des Altaï- men tendiert zum Ausgleich altarmen loys 'Lichf, Gen Dat Ablat lusox. Instrum. lusov > neuwestarmen. loys, Gen Dat loysi (lusoy archaisierend), Ablat. loysê, Instrum. loysov (lusov archaisierend)37. P) die im Altarmenischen unterschiedenen Stammklassen werden vereinheit- licht • altarmen. get ‘FluB’, net ‘Pfeif, zard ‘Schmuck’ Instrum. Sg get-o-v, nei- i-w, zard-u; Gen. Pl get-o-c, net-i-c, zard-u-c > neuostarmen Instrum Sg get- ov, net-ov, zard-ov; Gen. Pl get-er-ic, net-er-ic, zard-er-ic y) im Neuarmen sind die Funktionen für Plural und Kasus auf zwei verschiedene Morphème verteilt, wobei das Numerusmorphem dem Kasus- morphem vorangeht. Man vergleiche die soeben zitierten Genitive Plural im Neuostarmenischen (get-er-ii usw.) mit -er- als Numerus- und -ic- als Kasus- morphem. Die Regelung entspricht dem Sprachmodell agglutinierender Spra- chen, wâhrend beim flektierenden Sprachtypus ei n Morphem die Funktionen von Numerus und Kasus gleichzeitig beinhaltet, z B. altarmen. Gen. Pl. get-oc ‘fluviorum’(vgl weiter Schmidt 1971a und 1975) Die Korrelationen der Basil Order Subjekt-Objekt-Verb (SOV), die sich im attributiven Syntagma mit Determinans vor Determinatum und im Gebrauch von Postpositionen zeigen. gelten nicht für das pràdikative Syntagma. Dieses ist im unmarkierten Aussa- gesatz in der Regel SVO. 16 Vgl ferner Vogt 1938 und 1961, Schmidt 1974, 395ff ,7 Zu diesem Beispiel und den folgenden Belegen vgl Schmidt 1977. 7
VOLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 309 e) In seiner gegenwartigen soziolinguistischen Position mit über 2 Millionen Sprechern in der Armenischen Sowjetrepublik38 ist das Armenische durch mehrere Faktoren bestimmt 1 es handelt sich um eine alte Kultur- und Kirchensprache mit uber 1500 jahnger Tradition, 2 das Armen ist die Verwaltungs- und Schulsprache in der Armenischen Sowjetrepublik, 3 trotz des übermâchtigen Einflusses des Russischen ist die armen. Sprache in der Bevôlkerung fest verankert und verfugt über hohes Sozialprestige, intensive Sprachpflege wird betneben, 4 der Gebrauch des Armen auch als Sprache der Wissenschaft und des gegenwartigen Geistes- und Kulturlebens macht die stàndige Erweiterung und Erneuerung des Wortschatzes notwendig (vgl. Kusik’jan 1964), positiv auswirken dürfte sich auch die Existenz des Armen auBerhalb der Armen Sowjetrepublik. in diesem Zusammenhang ist besonders hinzuweisen auf das Wirken der gelehrten Mechitharisten-Kongregation in Konstantinopel, Venedig und Wien 2 SKS a) Quellen • Die SKS (geo. kartveluri enebi) umfassen vier miteinander genetisch ver- wandte Sprachen Georgisch (3,2 Mill Sprecher), Mingrelisch (300 000 Sprecher), Lasisch (50000 Sprecher), Svanisch (35 000 Sprecher). Das in der türkischen Provinz Lasistan an der Südostküste des Schwarzen Meeres in drei Dialekten (jpPurk vicur-arkabuli, atinuri) gesprochene Lasische oder Tschani- sche bildet zusammen mit dem in zwei Dialekten (senakuri, zugdidur-samurza- qanuli) in Westgeorgien (westlich des C/eniscqali und an der Schwarzmeerku- ste nôrdlich des Rion bis Ocamcire) gesprochenen Mingrelischen den zanischen Zweig der SKS, der von den georgischen Gelehrten als eine — dialektisch differenzierte — Sprache verstanden wird. Im Verhâltnis zu den übngen SKS nimmt das in den Gebirgstalern am Oberlauf des Ingur und des C/enisçqali in vier Dialekten (Oberbalisch, Niederbalisch, Laschchisch, Lentechisch) gespro- chene Svanische eine Sonderstellung ein. Das Georgische, dessen Überlieferung bereits im 5. Jh. einsetzt, ist die wichtigste unter den SKS und neben dem idg. Armenischen und dem im 13. Jh. ausgestorbenen ostkaukasischen Albanischen eine der drei alten christlichen Literatursprachen mit eigenen Schnftsyste- men39. Sprachgeschichtlich unterscheidet man zwischen dem Altgeo (5.-12. 38 Vgl Tumanjan 1966. 562, Geiger et alii 1959, 45, Lang Walker 1977, 14 setzen an 5.5 Millionen Armenier in der Welt, davon 3,5 Millionen in der SU (2 Millionen in der Armenischen SSR) 39 Dieses Alphabet ist uns in drei zeitlich unterschiedenen Varianlen uberliefert 1 Mrglovani Tucuri (5-\0 Jh ), 2 kut'ipvani oder nus%i<ri (10-18 Jh ). 3 nr/edruli ( 11 Jh - heute) Zum Stand
310 K H SCHMIDT Jh ), dem Neugeo (ab 19 Jh ) und einer dazwischenliegenden Übergangsperio- de. Das Geo lâBt sich nach ostgeo. und westgeo Dialekten differenzieren, zu den ostgeo. Dialekten gehôren die besonders altertümlichen «Bergdialekte» Chewsurisch, Pschawisch, Tuschisch, Mochewisch, Mtiulisch, auBerdem das Kartalinische und Kachische als Grundlagen fur die Schnftsprache, das Kisiqische, sowie auBerhalb Géorgiens das Ingiloische in Aserbeidschan und das Fereidanische im Sudwesten von Téhéran. Die westgeo. Dialekte Imerisch, Gurisch, Ratschisch stehen unter mingrelischem, die letschchumische Topony- mie unter svanischem EinfluB Imerchewisch wird innerhalb der Turkei gesprochen40 b) Genetische Identifikation Die SKS bilden einen der drei Zweige der KS. Obwohl auf Grund von Laut- und Wortgleichungen an der Verwandtschaft aller SKS kein Zweifel besteht, lassen die Merkmale des Svanischen auf frühe Trennung von den übngen Sprachen schlieBen. Die Position des Svan. zeigt sich: a) diatop in Umgestal- tungen von Wortschatz und Grammatik durch den EinfluB benachbarter KS. besonders des westkaukasischen Tscherkessischen41, P) diachron in der Bewah- rung von konservativen Sprachzügen42, y) im Wortschatz- 800 geo-zan Gleichungen (Lexemen und Affixen) stehen nur 360 geo.-svan bzw 335 zan - svan. Gleichungen gegenuber (Klimov 1965, 42f.) Neben der Théorie von Deeters 1930, 2, die auf Grund des Materials von einer làngeren gemeinsamen geo.-zan. Période ausgeht, wird heute auch die Hypothèse von Gamqreli3e/Macavanani 1965, 385 diskutiert, die fur einen frühen Zeitab- schnitt zwei Dialektareale ansetzen : das westliche Areal, das Svan und Zan einschlieBt, und das auf das Geo beschrankte ôstliche Areal Die wichtigsten der Diskussion über die Herkunft des Alphabetes (Armazi-Schrift = aramâisches Alphabet griech Alphabet) vgl Boeder 1975 40 Zorell 1930. Deeters 1930. 1963. Jijigun 1954. Sanije 1973. Cikobava 1936, 1938. 1950-64 1967, Schmidt 1962. 1978, Klimov 1962, 1964, 1965. Martirosovi 1964, Gamqrelise Macavariam 1965. Kipsidze 1914. Marr 1910, Dumézil 1967, Topuria 1931, 1967. 1979 Sanije Topuria Gujejtani 1939, Sanije Topuria 1938, Davitiani Topuria Kaldani 1957 Giginejsvili Kavtaraje Topuria 1961, Vogt 1971. Tschenkeli 1960-74. Molitor 1962, Oniant 1978 41 Vgl Dondua 1946 (dazu Schmidt 1962. 18) und 1975. 126ff 42 Vgl Schmidt 1976, 215 «Phonologisch stimmt das Svanische in seinem konservativen Vokalismus grundsatzlich mit dem Georgischen überein wahrend es durch semen eher konservati- ven Konsonantismus in die Nahe von Lasisch und Mingrelisch rückt Auf morphologisch- syntaktischer bzw syntaktischer Ebene gehôren zu den Archaismen die Bewahrung des alten Ergativs. d h die Nichtdifferenzierung von Adverbialis und Ergativ auf -d. die Bewahrung des kategorialen Unterschieds zwischen inklusiv und exklusiv in der 1 Person Plural der Verbalflexion die vorliegenden Belege von Tmesis statt univerbierter Verbalkomposition, die Haufigkeit von Pràfixen in Wortbildung und Grammatik »
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 311 Knterien für diese Einteilung sind geographische Lage der Sprachen und Übereinstimmungen im Affnkaten- und Sibilantensystem von Svan und Zan (vgl. letzlich die Diskussion bei Schmidt 1978) Für die genetische Verwandtschaft der durch Rekonstruktion zu erschlieBenden südkaukasischen Grundsprache mit den beiden nordkaukasi- schen Sprachengruppen der WKS und OKS sprechen etwa zwei Dutzend diskutabler Gleichungen (vgl Klimov 1969, 68), die aber im einzelnen doch nicht so gesichert sind, daB sie als absoluter Beweis für Sprachverwandtschaft gelten kônnten (vgl Deeters 1957a kritisch zu Bouda 1956) Ein viel zitierter gesamtkaukasischer Beleg ist das Wort für ‘Herz’ (SK *gw/-, WK *g"a, OK *da- kw*3, für das man kaum Lehnwortcharakter in Anspruch nehmen wird, da der semantische Bereich der ‘Kôrperteile’ erfahrungsgemaB dem besonders konser- vativen Grundwortschatz einer Sprache angehôrt Aile Versuche, die SKS bzw die KS mit anderen Sprachfamilien, besonders den asianischen Sprachen des alten Kleinasien, dem Baskischen oder dem Buruschaski, in genetische Verbindung zu bnngen, mussen beirn gegenwartigen Forschungsstand als verfehlt bzw. übereilt zuruckgewiesen werden c) Areale Stellung Auf dieses Problem war ich bereits wiederholt eingegangen 1. im Zusam- menhang mit Theorien, die für die vorhistorische Zeit die strukturelle Beein- flussung der SKS durch idg Superstrate (Hethiter, Kimmerier, Iraner) in Betracht ziehen, 2 im Zusammenhang mit den georgisch-gnechischen Sprach- kontakten, 3. im Zusammenhang mit den armenisch-südkaukasischen Sprach- kontakten bzw. mit der von Vogt 1945, 223 festgestellten konvergenten Entwicklung von Armenisch, Ossetisch und den SKS «vers un état qui se trouve déjà réalisé en turc», diese Transformationsnchtung kann aus histori- schen Grunden naturlich noch nicht für das Altgeorgische gelten, 4. im Zusammenhang mit der Differenzierung ôstlicher und westlicher Dialektareale für die vorhistorische Zeit. Noch wenig untersucht sind die Lehnbeziehungen der SKS untereinander (vgl. Deeters 1963, 37f ), bei denen das Georgische in aller Regel als Modellsprache wirkt, soweit es nicht seinerseits in Westgeorgien durch mingrelische und svanische Substrate beeinfluBt wird Die von auBen aufgekommenen Lehnwortschichten (besonders iranisch, armenisch, grie- chisch, arabisch, türkisch, russisch)43 44 sind in ihrem Alter von dem Einsetzen der historischen Kontakte zu den jeweiligen Vôlkern abhangig Demzufolge 43 Ansatze nach Klimov 1969. 68. vgl auch Deeters 1957. 13. Knobloch 1961, 551 Sagirov 1977. 1. 113 Wortgleichungen zwischen den OKS und den WKS vgl bei Trubetzkov 1930 (s p 315) 44 Vgl z B Deeters 1937, 1963, 33ff . Andronikasvili 1966, Dzaukjan 1973
312 K H SCHMIDT sind etwa turkische, neupersische oder russische Lehnwôrter für die altgeorgi- sche Période noch nicht zu erwarten d) Typologie Phonologisch teilen die SKS mit den OKS und WKS die Differenzierung des VerschluBlautsystems nach drei Artikulationsartklassen oder Senen (stimmlos aspiriert. subglottale Artikulation, stimmlos mit KehlkopfverschluB supra- glottale oder glottoklusive Artikulation, stimmhaft), die auf 6 bis 7 Artikula- tionsortreihen korrelativ verteilt sind (Schmidt 1962, 50, Macavanani 1965, 11), den Reibelauten fehlt die glottoklusive Sene, die Laryngale verfügen nur uber /A/. Die Gleichung geo. .s/- = svan H- (Prafix zur Bildung von Verbalnomina) laBt auf das vorhistorische Vorhandensein einer lateralen Spirans schlieBen (Schmidt 1962, 78) 1m Vergleich zu den WKS (Ubychiscli 82 Phoneme, Abchasisch bis zu 67, Adygeische Dialekte bis zu 66) und OKS (Chinalugisch 59, Tabassaranisch 55), fur die ungewôhnlicher Konsonanten- reichtum charaktenstisch ist, zeigen die südkaukasischen Konsonantensysteme mit 27-30 Phonemen eher einen begrenzten Umfang Syntaktisch entspricht den SKS das fur aile KS geltende kaukasische Modell, bei dem in Abhangigkeit von der Semantik des Verbums zwischen drei verschiedenen Konstruktionen unterschieden wird. 1. der transi tiven Ergati\- konstruktion. das Ziel des transitiven fâllt zusammen mit dem Subjekt des intransitiven Verbums in dem weitgehend unmarkierten Indefinitus oder Nominativ, der Agens steht in einem obliquen oder besonderen, Ergativ genannten, Kasus. geo monadirem (Ergativ) mokla (Aonst) iremi (Nominativ) ‘der Jager erlegte den Hirsch, 2. der intransitiven Nominativkonstruktion geo monadire (Nominativ) iqo (Imperfekt) kalaksi ‘der Jàger war in der Stadt', 3 der affektiven Konstruktion (bei Gefuhls- und Wahrnehmungsverben mit affizierter Person im Dativ45). altgeorg mi-quar-s (Dativ) kalculi (Nominativ) ‘ich liebe das Màdchen’ = ‘mir ist lieb das Màdchen’ Die Tendenzen, die im gesamten Kaukasus auf Verdrangung der ergativischen durch nominativische Konstruktion hinwirken (vgl Schmidt 1972), haben im imperfektiven Prâsens- system der SKS zu einer nominativischen Transitivkonstruktion gefuhrt, mit Ziel im Dativ als Ersatz für den fehlenden Akkusativ. monadire (Nominativ) klavs (Pràsens) irems (Dativ) ‘der Jager erlegt den Hirsch'46 45 Andere KS sind nicht an den Dativ gebunden im Awarischen wird z B zwischen Dativ bei Gefuhlsverben und sog Lokativ 1 bei Wahrnehmungsverben unterschieden 4<’ Zu den Grunden fur die Begrenzung dieser Transformation auf das Prâsenssvstem. den alteren imperfektiven Aspekt, vgl Schmidt 1980. wo auch auf die ausgleichenden Entwick- lungen im Lasischen (analoge Übertragung der Ergativkonstruktion vom Aorist aul Prasens undPerfekt zum Perf vgl Schmidt 1979) und Mingrelischen (Expansion des Agens im Ergativ
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 313 DaB die Morphologie der SKS pnmar flektierend war, ihre agglutinierenden Züge demnach erst im Verlaufe der Sprachentwicklung aufgekommen sind, lâBt sich, âhnlich wie beim idg Armenischen, durch Beispiele von altem Ablaut und erst spater Trennung von Numerus- und Kasus-Morphem in der Nominal- deklination belegen (vgl. Schmidt 1977, 8). Darüber hinaus bewirkte der morphonematische Wechsel, ggf in Verbindung mit Suffixen, in der SK Grundsprache eine Differenzierung der Verbalwurzel nach den Kategorien Tempus (aus àlterem Aspekt) und Diathese (im Sinne von trans /intrans ), so z.B. bei der Wurzel *drek-fderk- ’biegen, beugen’. trans. intrans. Pras. *drek- *drk- Aor. *drik- *derk- Als weiteres Merkmal zeigt die auBerordentlich komplexe fini te Verbalform (mit bis zu 12 aneinander gereihten Morphemen verschiedener Funktion48) im SK gemâBigt polysynthetische bzw. inkorponerende Züge. die auBerhalb der Verbalform stehenden nominalen Satzglieder tendieren (ahnlich wie in den WKS, aber in geringerem MaBe) dahin, durch Prafixe und Suffixe in die Verbalform aufgenommen bzw. dann abgebildet zu werden, z B. altgeorgisch da-m-i-dg-in-n-e-s ‘er wird uns mieten’ (8 Morphème- vgl Deeters 1930, 6f ) e) Die gegenwartige soziolinguistische Position des Georgischen innerhalb der Sowjetunion wird weitgehend durch die bereits im Zusammenhang mit dem Armenischen genannten Faktoren bestimmt: 1. Kultur- und Kirchensprache mit über 1 500 jâhnger Tradition; 2. Verwaltungs- und Schulsprache in der Georgischen Sowjetrepublik, 3 Feste Verankerung in der Bevolkerung, hohes Sozialprestige, intensive Sprachpflege (vgl. z.B. Poc/ua/Cabasvili 1967), 4. Sprache der Wissenschaft, deren Wortschatz stândig erweitert wird (vgl. z.B. Dvali/Gambasidze 1977). Eine im Erscheinen begriffene «Georgisch-sowjeti- sche Enzyklopâdie» zeugt von der Kapazitat der georgischen Sprache49 3. OKS a) Quellen. Die Familie der OKS oder nachisch-dagestanischen Sprachen umfaBt 28 Sprachen und ist damit wesentlich starker gegliedert als die SKS und WKS vom trans — auf den intrans Aorist) eingegangen wird Belege für diese Transformationen bei Cikobava 1936, 103 f 47 Zu diesem 'Schwebeablaut' vgl Gamqrelije Macavariani 1965. 429ff 48 Vgl Deeters 1930, 6. Schmidt 1978, 260f 49 Vgl Bibliographie unter Abasije 1975-1980
314 K H SCHMIDT Man unterschiedet vier Untergruppen: I. Die Zentralkaukasischen, Nachischen oder Wejnachischen Sprachen (In- guschisch waj nax ‘unser Volk’), die in manchen Übersichten als eigenstandige, zentralkaukasische, Sprachfamilie neben die Dagestansprachen als OKS i. e S gestellt werden, dazu gehôren die ‘Kistische Gruppe’, bestehend aus den Schriftsprachen Tschetschenisch, mit (1970) 613 000 Sprechern die grôBte unter allen Nordkaukasischen Sprachen, und Inguschisch (158 000 Sprecher), sowie das schnftlose Batsische (2 500 Sprecher). Wie schon bemerkt, werden Tschetschenisch und Inguschisch in der Tschetschenisch-Inguschischen Auto- nomen Sowjetrepublik gesprochen; das Batsische ist dagegen heute im Bezirk Achmeti der GSSR beheimatet. Die ZKS sind stark vom Russischen beeinfluBt, einzelsprachlich haben auBerdem eingewirkf auf das Tschetscheni- sche die Dagestansprachen, auf das Inguschische das Ossetische, auf das Batsische das Georgische50 II. Die Awarisch-Andisch-Didoischen Sprachen, die sich vorhistorisch im nordwestlichen Dagestan zwischen die Gruppen I und III geschoben haben (vgl. Trubetzkoy 1937, Bechert 1966, 1967), zerfallen in drei Untergruppen 1 Awarisch, neben dem turksprachigen Kumykischen und dem Russischen die wichtigste unter den Verkehrssprachen des Dagestan, wird von 396000 Menschen gesprochen Auf der Grundlage des Dialektes von Chunzach und der reformierten Heeressprache (bal ma c) des Imam Schamil wird Awarisch auch von den Sprechern der Untergruppen 2 und 3 als Schnft- und Verkehrs- sprache benutzt; 2. 8 Andische Sprachen (Andisch, Botlichisch, Godobensch, Karatinisch, Bagwalal, Tschamalal, Tindi, Achwachisch), die von ca. 35 000 Menschen im Tal des mittleren Andischen Koisu gesprochen werden, 3 4 Dido- oder Tsesische Sprachen (Didoisch, Hinuchisch, Chwarschinisch, Ka- putschinisch); diese sind die Muttersprachen von einigen Tausend Menschen am oberen Andischen Koisu51 III. Lakkisch und Darginisch sind zwei unabhangige Sprachen, die heute den Status von Schriftsprachen haben; ihre Sprecher leben zwischen den Gruppen II und IV Das Lakkische oder Kasikumükische wird von 86 000 Menschen in 5 Dialekten gesprochen, Darginisch von 231 000 Menschen in 3 Dialektgruppen mit zahlreichen Mundarten, das zur Urach-Gruppe gehônge Hurkilinische oder Htirkanische diente fruher zur Bezeichnung der gesamten 5l> Den bei Deeters 1963, Vinogradov 1967, Klimov 1969 gegebenen Literaturangaben fuge ich bei Aliroev 1965. Arsachanov 1969. Deserieva 1974, 1979, Crelasvili 1975, zur Stellung der ZKS vgl die bei Giginejsvili 1977, 21 ff diskulierte Literatur 51 Den bei Deeters 1963. Vinogradov 1967. Klimov 1969 gegebenen Literaturangaben fuge ich bei Gudava 1971. Magomedbekova 1971
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 315 Sprache, unter den Dialekten der Cudaqar-Gruppe am bekanntesten ist das Kubatschinische (5 000 Sprecher)52. IV. Die 10 Samursprachen oder Lesgischen Sprachen sind im sudlichen Dagestan bis zum nôrdlichen Aserbeidschan in den Stromgebieten von Samur und Gülgen-tschai (ca 350 000 Sprecher) beheimatet Die Gruppe umfaBt die Schnftsprachen Lesgisch (324000 Sprecher) und Tabassaranisch (35 000 Spre- cher), sowie die schriftlosen Sprachen Agulisch, Rutulisch, Tsachurisch, Kry- sisch, Buduchisch, Artschinisch, Chinalugisch, Udisch, unter denen die drei letztgenannten eine Sonderstellung einnehmen Einige Argumente sprechen dafür, daB wir in dem Udischen die Fortsetzung des im 13 Jh ausgestorbenen Albanischen vor uns haben53 Grundlage für die lesgische Schriftsprache ist der kürinische Dialekt, auf dem bereits im 19 Jh die von P Uslar entwickelte Schulsprache aufbaute54 b) Genetische Identifikation Gesichert ist die Verwandtschaft der vier Untergruppen der OKS, die sich aus einer gemeinsamen Grundsprache ausgegliedert haben Daruber hinaus hat Trubetzkoy in seinem Aufsatz von 1930 über ‘Nordkaukasische Wortgleichun- gen’ die genetische Verwandtschaft zwischen den OKS und den WKS wahr- scheinlich gemacht55. Der genaue RekonstruktionsprozeB steht allerdings noch aus, er setzt die Gewinnung von Rekonstruktionsmodellen der einzelnen Untergruppen und deren Konfrontation zur ErschlieBung der Ostkaukasischen Grundsprache voraus. Das so gewonnene Rekonstrukt muB anschlieBend mit dem Modell der westkaukasischen Grundsprache verglichen werden. 52 Den bei Deelers 1963, Vinogradov 1967, Klimov 1969 gegebenen Liieraturangaben fuge ich bei Abdullaev 1971, Gvinjilia 1978, vgl besonders Magometov 1963 53 Vgl Sanidze 1960. llff.derua einige albanische Monatsnamen deutel 1 Monatsname Nawasardun (Genitiv) sc Monat, als Monat des Neuen Jahres (vgl georg A'/jil-disa-j) der Naine stellt eine Entlehnung aus dem Persischen dar, das Gen Formans -un liegt ebenfalls im Udischen vor zB àjz 'Dorf, Gen àjz-un, 11 Monatsname Exna(j) < e/‘Ernte’ + na(j) Genitivformans. beide Morphème îinden sich auch im Udischen Udisch us 'Ochse, Slier', Gen us-na/, xas "Mond', Gen xâs-naj u a , et bune dünianun axsr ô Sè Oeptapoç auvré^Eia aitùvôç èartv Math 13, 39, vgl auBerdem im Georg mkata tse ‘Erntemonat, 2 Monatsname Tulen als Gen des Monats der Weinlese ('’). allerdings ware im Udischen tu/ 'Weinstock', Gen tul-naj zu erwarten, dem in arabischen Quellen genannten Namen fur Markt, al-kürkij, konnte griech KVptctKi) (ppÉpa) 'Sonntag' als Lehnwort zu Grunde liegen (Sonntag als Markttag), vgl auch Klimov 1967 54 Den bei Deeters 1963, Vinogradov 1967, Klimov 1969 gegebenen Liieraturangaben füge ich bei Magometov 1970, Jeiranisvili 1971. Kibrik,Kodsasov Olovjannikova 1972, Pancvije 1974. Kibnk et alii 1977, 1, 1977, 2. Ibragimov 1978. vgl besonders Bouda 1939a. Magometov 1965 55 Vgl oben p 38 u FuBnote 43, s auBerdem Trubetzkoy 1922, 1926, 1929, 1931. den Versuch einer Rekonstruktion des ostkaukasischen Konsonantensystems unternimmt Giginejsvili 1977 Vorarbeiten zur Erfassung des Wortschatzes sind Murkelinskij 1971 und Chajdakov 1973
316 K H SCHMIDT c) Areale Stellung Noch wenig erforscht sind die Lehnwortschichten, die sich für die OKS aus ihrer arealen Position und historischen Vergangenheit ergeben und vornehm- lich dem Arabischen, Turkischen und Russischen zuzurechnen sind Diese Schichten sind bedingt durch die zur Islamisierung führende arabische In\a- sion des 7./8 Jh.s, durch die Nachbarschaft von Kumykisch im Norden und Aserbeidschanisch-Turkisch im Süden und durch die russische Okkupation im 19. Jh. Hinzu kommen u a. iranische (besonders persische und ossetische) und georgische Lehnwôrter. Da die OKS im Gegensatz zum Georgischen und Armenischen über keine alte Überlieferung verfügen, ist der Nachweis ihrer typologischen Transforma- tion schwerer zu fuhren als beim Georgischen oder Armenischen Immerhin lassen Reste alten morphonematischen Wechsels in der nominalen und verba- len Flexion (vgl Verf 1968 und 1976a) die Vermutung zu, daB das agglutinie- rende Flexionspnnzip — ahnlich wie beim Sudkaukasischen und Armenischen — auch in den OKS erst durch turksprachlichen EinfluB aufgekommen ist In die gleiche Richtung weisen auch Tendenzen zur Vokalharmonie. d) Typologie Phonologisch zeigen die OKS stark ausgebaute Konsonantensysteme (beson- ders in den Gruppen IV und II). Neben den 3 Artikulationsartklassen stimmhaft, stimmlos, stimmlos mit KehlkopfverschluB (glottoklusiv), die für aile KS relevant sind, verfügen die OKS in einzelsprachlich unterschiedhcher Verteilung über lange oder geminierte Konsonanten (sog. Stàrkekorrelation) ZahlenmàBige Differenzen im Konsonanteninventar der OKS erklaren sich durch das Vorhandensein bzw. Fehlen lateraler, labiovelarisierter und palatali- sierter Phonemreihen. Die Lokalisierungsreihen schlieBen vielfach im hinteren Teil des Rachenraumes Uvulare, Pharyngale und Laryngale ein. Affnkaten und Spiranten sind reich vertreten. Vokalarmut, ein für KS typisches Merkmal. gilt für die OKS nur begrenzt, besonders nicht für die Gruppen I und einige Sprachen von II. Pharyngalisierte, nasalisierte, umgelautete und gelangte Vokale tragen in Einzelfâllen neben Diphthongen zur Vermehrung des Vokal- inventars bei. Morphologisch uberwiegt die Agglutination Funktionaler Vokalwechsel findet sich als Archaismus (z.B Awarisch hetér ‘Kopf, Gen. botrôl, Nom Plural butrùl) und weist hin auf altéré flektierende Zuge (vgl. Deeters 1963, 29 f.) Die OKS, denen (wie allen KS) die Genus-Kategorie fehlt, unterscheiden sich von den übrigen Gruppen der KS durch Klassenflexion die Substantiva
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 317 sind auf der Grundlage semantischer Merkmale selektiv nach verschiedenen Klassen differenziert. Die grammatisdhe Konkordanz zwischen den Substanti- ven und den ubrigen Satzgliedern (Attributen, Prâdikaten) wird durch Klas- senzeichen hergestellt, z B. Tabassaranisch ermi ti-r-ynuw "der Mensch flog’ (r = Klasse ‘Mensch’) vs li-H-ynuw ‘der Vogel flog’ (m = Klasse ‘Nicht- Mensch’). Fur das Rekonstrukt der ostkaukasischen Grundspreche setzt man vier Klassen an: 1. mannlich vernünftig, 2 weiblich vernunftig, 3 sonstige Individuen, 4 Stoffnamen, Kollektiva. Einzelsprachlich schwankt die Zahl der Klassen zwischen O (Udisch), 2 (Tabassaranisch) bzw 8 (Batsisch), die meisten OKS verfügen jedoch über Vier- bzw Dreiklassen-Systeme Dem finiten Verbum56 fehlt im OK die Kategorie Person, es bestehen aber Tendenzen zum Ausbau einer personalen Verbalflexion mit Hilfe beigefügter Personalpronomina, z.B im Udischen (Pràsens von be.sun ‘machen’)- Singular 1 besa-z(u) 2 besa-n(u) 3 besa-ne Plural besa-jan besa-nan besa-qun Ein weiteres Merkmal sind starkausgebildete Kasussysteme, die OKS stellen hierin einen direkten Gegensatz zu den WKS dar, in denen die Lokalverhaltnis- se überwiegend am Verbum durch Prâverbien ausgedrückt werden Die SKS nehmen eine mittlere Position ein Fur die OKS sind in der Regel vier grammatische Kasus (Nominativ, Ergativ, Genitiv, Dativ) und eine groBe Anzahl lokaler Kasus zu unterscheiden Grundlage des Systems ist der unmarkierte Nominativ, der als Indefinitus mit dem Stamm des Wortes züsammenfallt; vom Nominativ/Indefinitus wird durch Suffixe oder Vokal- wechsel ein gleichzeitig als Ergativ dienender obliquer Stamm abgeleitet, der seinerseits die Basis für die weitere Deklination darstellt. Diese geschieht bei den Lokalkasus nach dem Prinzip der sog. Serienbildung. von dem obliquen Stamm sind einzelsprachlich bis zu 8 Essive (auf die Frage wo?) ableitbar, von diesen wiederum Allative (auf die Frage wohint), Ablative (auf die Frage woher?), manchmal auch Translative (auf die Frage wohindurch?), z.B. tabass Indefinitus (= Nominativ) ywan ‘Stein’ > Obliquus (= Ergativ) ywan-^i ) Lokativ (der Bedeutung ‘unter’) ywan-^i-kk ‘unter dem Stein’ > Allativ ywan- 5i-kk-na ‘unter den Stein’. Syntaktisch zeigen die OKS in der verbalen Rektion das kaukasische Modell mit transitiver Ergativ-, intransitiver Nominativ- und affektiver Konstruktion (bei Gefühls- und Wahrnehmungsverben). Die ‘Basic Order’ weist hin auf die 56 Vgl letztlich Chajdakov 1975
318 K H SCHMIDT merkmallosen Positionen SOV, Determinans vor Determinatum (mit Zugen von Gruppenflexion), Nebensatz vor Hauptsatz. In Nebensatzen wird das finite Verbum durch Konverbien (Partizipien, Gerundia, Verbalsubstantiva) ersetzt e) Soziolinguistische Slellung Sieht man ab von den âuBerst dürftigen albanischen Fragmenten und von vereinzelten Aufzeichnungen, die bis ins 18., 19. Jh., beim Awanschen bis ins 15. Jh. zurückgehen, so verfügen die OKS — zum Unterschied vom Georgi- schen und Armenischen — über keine alte schriftliche Überlieferung. Dem Georgischen und Armenischen vergleichbar, besaB lediglich das Albanische ein eigenes Schnftsystem Die übngen Sprachen bedienten sich früher des arabi- schen, lateinischen, gelegentlich auch des georgischen Alphabetes Heute werden die Schrift- und Schulsprachen unter den OKS — Tschetschenisch. Inguschisch, Awansch, Lakkisch, Darginisch, Lesgisch und Tabassaranisch — in kynllischer Schnft geschneben. Diese Sprachen allein haben z.Zt eine Überlebenschance. Die ubrigen leiden zusâtzlich unter zu geringer Sprecher- zahl. Der Wortschatz der Schriftsprachen wird durch Entlehnungen und Übersetzungen, vornehmlich aus dem Russischen, stàndig erweitert. IV Bemerkungen zur volkskultur literatur 1 Armenisch Es gehôrt zu den Besonderheiten der armenischen Literatur, daB das sog Goldene Zeitalter (oskedarean hayerên)der klassischen Période direkt mit dem Beginn der schnftlichen Überlieferung in der ersten Halfte des 5. Jh s zusammenfâllt. «Die Sprache der gleich nach der Erfindung der Schrift entstandenen Literaturwerke wurde weiterhin und noch bis in die neueste Zeit als mustergültig betrachtet und mit wenigen Abânderungen als Schriftsprache (grahar) verwendet» (Jensen 1959, 1 f.). Vor diesem Zeitpunkt bedienten sich die christlichen Armenier des Griechischen und Syrischen als Schrift- und Literatursprachen Daher standen nach der Erfindung eines eigenen Schriftsy- stems durch Mastoc oder Mesroh (ca 407) genügend Übersetzer zur Verfu- gung, um innerhalb von nur 50 Jahren (407-450) Bibel, Liturgie und wichtigste griechische und synsche Kirchenvater, aber auch weltliche Literatur wie beispielsweise den Alexanderroman (Meillet 1913, 2), zu übersetzen und durch armenische Onginalschôpfungen zu erganzen (ABfalg/Kruger 1975, 40). Das wichtigste unter den selbstandigen Werken ist «Wider die Sekten» (e/c alandoc) betitelt und von Eznik von Kolb, dem Bischof von Bagrawand und Schùler des
VÔLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 319 Mesrob (ca 400 geb ), verfaBt Es stellt eine Auseinandersetzung mit Mazdais- mus, Manichaismus und Gnostizismus dar57 Die Übersetzung der Bibel erfolgte 410 zunachst aus dem Synschen, wurde dann aber nach dem Konzil zu Ephesos 431 nach dem Muster griechischer Texte umgearbeitet Die alteste datierte Hs dieser Übersetzung, die die Evangelien enthalt, stammt aus dem Jahre 887 und wurde zuerst 1666 in Amsterdam gedruckt Weitere Quellen des 5. Jh.s sind Koriwn, der ca 450 eine Lebensbeschreibung des Mesrob verfaBte, sowie die Historiker Agat’angelos (Bekehrungsgeschichte Arméniens), Faustos von Byzanz (Übersetzung eines verlorengegangenen gnech Onginals), Lazar von Farb und Elise (Elisaeus) Die Geschichte Arméniens (Patmut iwn ha\oc) des Moses von Choren, die bis zum Sturz der Arsakiden (428) reicht, ist uns erst in einer spâteren Bearbeitung erhalten. Nach dem Tode der ersten Übersetzergeneration folgen ab Mitte des 5 Jh s das Silberne Zeilalter (450-570) und die durch sklavische Nachahmung gnechi- scher Modelle charakterisierte hellenophile Schule (570-610). Einen zweiten Hôhepunkt erreicht die armenische Literatur im Reich von Kilikisch-Armenien (1080-1375) mit dem Katholikos Nerses Schnorhali(= der Anmutige, Begnadete) als zentraler Figur Nerses (1102-1173), der den Reim in die armenische Dichtung einführte (ABfalg/Krüger 1975, 215), schrieb u a eine armenische Geschichte in epischer Form, eine Elegie auf die Stadt Edessa und die aus 4000 achtsilbigen Zeilen beste’nende Dichtung «Jésus der Sohn» (Inglisian 1963) Als Theologe trat er für die Union mit der byzantinischen Kirche ein Die mittelarmenische Aschughen-Dichtung (von arabisch 'asiq ‘verliebt’) der Troubadoure des Mittelalters stellt den Übergang dar zu den im 19. Jh. entwickelten neuost- bzw neuwestarmenischen Literaturen Als Begründer der ostarmenischen Literatur gilt K. Abovian (1809-1848), der 1840/41 den ersten armenischen Roman «Die Wunde Arméniens — das Klagelied des Patrioten» schneb (Inglisian 1963, 241), einer der fruhesten Vertreter der ostarmenischen Sowjetliteratur war dagegen der Lyriker H Hakohian (1935+) (ABfalg 1964, 139). Innerhalb der armenischen Folklore nimmt der erst im 19 Jh. entdeckte und schnftlich festgehaltene Zyklus um David von Sassun eine besondere Stellung ein (Burney/Lang 1971, 243ff ). Die epische Schilderung der von den Bergbe- wohnern von Sassun (sudwestlich des Van-Sees) vollbrachten Heldentaten wurzelt in dem Freiheitskampf der Armenier gegen die Kalifen von Bagdad im 10 Jh Um eine Renaissance der altarmenischen Sprache und Literatur bemüht ist 51 Vgl Meillet 1913. 2, Jensen 1964, 84. Inglisian 1963, 160. Burne> Lang 1971, 230
320 K H SCHMIDT der 1701 von Mechithar von Sebaste (1676-1749) in Konstantinopel gegründe- te armen -kath Orden der Mechitharisten (vgl auch FuBnote 29) 2 SKS Innerhalb der Kulturen der SKS kommt der geo Literatur eine überragende Bedeutung zu Poesie und Prosa der schriftlosen Sprachen Lasisch, Mingre- lisch, Svanisch sind dagegen wenig entwickelt und nur durch mündhche Tradition und vereinzelte Aufzeichnungen von Gelehrten bekannt. Die geo Literatur58 laBt sich in 5 Perioden einteilen 1 altgeo geistliche Literatur (5.-11 Jh ), 2 weltliche Literatur des Mittelalters (11 -13 Jh ), 3 Literatur der vorneugeo Epoche (13.-19 Jh ), 4. neugeo Literatur (19 Jh- 1921), 5 sowjetische Période (ab 1921) Trâger der altgeo geistlichen Literatur waren überwiegend Mônche, die in Klôstern innerhalb und auBerhalb Geoi- giens wirkten (Gelati, Ikalto, Palâstina, Sinai, Athos, Antiochia, Backovo) Die Literatur dieser Epoche umfaBt Übersetzungen aus dem Armenischen, Syrischen, Griechischen; auBerdem Originalschôpfungen. Zu den bedeutend- sten Übersetzern gehôren Euthymius ( 10281), Abt des Iviron-Klosters auf dem Athos, dessen Nachfolger Georgios Hagiorites, Ephrem Mcire (ca. 1103+) und der Neuplatoniker Johannes Petrizi (ca 1125f). Der altesten Evangelienüber- setzung lag eine armenische Vorlage zu Grunde, bei der es sich um eine im Armenischen nicht mehr vorliegende besonders alte Version handelt, die in den erhaltenen armenischen Evangelienhandschriften nach der griechischen Vorla- ge überarbeiteten Texte sind demgegenüber jünger59. Der archaischste georgische Bibeltext ist durch das sog. Evangelium von Adys aus dem Jahre 897 überliefert, dieses Evangelium ist nach seinem Fundort in der Kirche des svamschen Dorfes Hadys benannt (Deeters 1963a. 133) Unter den literanschen Neuschôpfungen zu nennen ist I Curtavelis «Marty- rium der heiligen Susanik» (Martvilobaj Susanikisi) aus dem 5 Jh Dieses âlteste geo. Literaturdenkmal uberhaupt schildert die Leidensgeschichte von Susanik, einer Tochter des armen. Heerführers Vardan, deren georg Gemahl zum Mazdaismus abfiel (vgl Curtaveli 1978; 1978a). Erwahnt seien ferner I Sabanis3es «Martyrium des heiligen Abo von Tiflis» (Abo Tpileli), eines Arabers, der wegen seines Übertritts zum Christentum 786 von dem arabischen Emir in Tiflis hingenchtet wurde, die Kompilation «Das Leben Ninos» (Ninob cxovrebaj) oder «Die Bekehrung Géorgiens» (Mokcevaj Kartlisaj), die m mehreren Redaktionen vorliegt (die âlteste datiert man in das 8./9 Jh ), und die 88 Vgl Deeters 1963a ABtalg 1964 139ff i:| Vgl oben p 318 f
VOLKER IM SÜDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 321 buddhistische Legende von Barlaam und loasaph, deren georgische Version môglicherweise durch den Hagioriten Euthymius aus dem Georgischen ins Griechische übersetzt wurde (Lang 1966, Deeters 1963, 136f ) Persisch beeinfluBt waren die an den Furstenhôfen gepflegte mittelalterliche Dichtung und Prosa In Prosa abgefaBt sind die nach orientalischen Modellen verfaBten Ritterromane Amirandaredsehaniani des Moses Choneli und Visra- miani des Sargis Tmogweli, letzterer behandelt ein «Tristan und Isolde» vergleichbares Motiv60. Besondere Bedeutung als georgischem Nationalepos und Werk der Weltliteratur kommt dem«Recken im Tigefell» zu Als Verfasser gilt der Mônch Sota Rustaveli, ein Zeitgenosse der Kônigin Tamar (ca 1200) Die âltesten Hss. des Epos stammen aus dem 17. Jh , die erste gedruckte Ausgabe aus dem Jahre 1712. Die über 1650 Strophen des Textes bestehen jeweilig aus vier 16-silbigen Versen, in der Mitte und in den Halbversen durch Caesur geteilt : 4 + 4 = mayali sairi vs 5 + 3 bzw. 3 4- 5 = dabali sairi Çduri von arabisch sa'ir ‘Dichter’) In die Handlung, die sich von Arabien bis nach Indien und China erstreckt, eingebettet ist die Verherrlichung von Ritterlich- keit und Freundestreue, besonders aber von Liebe und Leidenschaft. Im Prolog entwickelt der Dichter Theonen zur Liebe und zur Poesie und preist die Kônigin Tamar. Die weite Verbreitung, die das Epos auch auBerhalb Géorgiens gefunden hat, führte zur Übersetzung in eine ganze Reihe von Sprachen, darunter auch mehrfach ins Deutsche61 In das 17 Jh. und die erste Hâlfte des 18. Jh.s fallen die dichtenden Kônige Teimuraz I. ( 1663+), Artschil III. (1713+) und Wachtang VI (1737f); Wachtangs Onkel Sulchan-Saba- Orbeliani (1725+) verfaBte eine Sammlung von Fabeln, Parabeln und Mâr- chen, deren Titel in falscher deutscher Übersetzung als «Die Weisheit der Lüge» bekannt geworden ist62, auBerdem ein geo Wôrterbuch. Im spaten 18 Jh. gewinnen europàische, besonders russische, Einflüsse an Boden. Die neugeo. Literatursprache wurde von zwei Dichtern geschaffen, die zu den bedeutendsten Vertretern der geo Literatur zâhlen, Ilia Cavca vase (1907+) und Akaki Cereteli (1915f). Beide Dichter standen an der Spitze einer Schriftsteller- vereinigung, die sich Tergdaleulni ‘die aus dem Terek getrunken haben’ nannte und sozialreformensche Ideen nach russischem Muster propagierte. Prominen- te Vertreter der sowjetgeo. Literatur wie G. Tabije (*1892) und G Leonise (*1899) haben ihre Wurzeln im Symbolismus. Der Dichter G. Robakidse 60 Vgl die Sekundarliteratur bei Deeters 1963a, 138 und s Tschenkéli Neukomm 1957 61 Vgl Leist 1889. Huppert 1955, Neukomm 1974, von Tseretheli 1975. Buddensieg 1976. die letzte mir bekannte englische Übersetzung ist Stevenson 1977 Vgl Orbeliani 1973, die exakte Übersetzung ware 'das Buch der Weisheit und der Lüge' vgl auch Levin 1978, Nowak 1977, Pape-Asnauri-Gegelaschwili Dschanelidse 1974)
322 K H SCHMIDT (1962f) emigrierte nach Deutschland und wurde hier auch durch Werke in deutscher Sprache bekannt 3 . OKS''' Unter den ostkaukasischen Literaturen versteht man sowohl die — lange Zeit nur mündlich tradierten — Werke der Volksdichtung als auch die relativ jungen kunstlerischen und gelehrten Produkte namentlich bekanntgewordener Autoren, soweit sie in einer der OKS abgefaBt sind. Enge strukturelle Beziehungen bestehen zu den westkaukasischen Literaturen und zu den Literaturen in indogermanischen und Turksprachen des Kaukasus, sowie zur südkaukasischen Folklore Ein verbreitetes Sujet sind die Nartensagen, die von den iranischen Osseten und westkaukasischen Stammen auch auf die benach- barten zentralkaukasischen Inguschen und Tschetschenen (und südkaukasi- schen Svanen) übertragen wurden. Unter der Vôlkern des Dagestan verfugen besonders die Awaren, Lesgier, Tabassaraner, Lakken und Darginer uber reiche anonyme Volksepik, in der von historischen Kâmpfen mit Persern und Russen berichtet wird, etwa vom Sieg, den die Dagestaner 1742 gegen Schah Nadir erfochten, oder vom politisch-religiôsen Freiheitskampf des Imam Schamil gegen die Russen. Lieder und Tànze der Lesgier sind von aserbeid- schanischer Musik beeinfluBt. Bei Darginern und Lakken ist die Lynk stark entwickelt. Drama und Bühnenkunst finden sich besonders bei Lesgiern und Lakken. Für den gesamten Kaukasus rechnet man mit mehr als 2000 verschie- denen Marchenstoffen, von denen uber 1000 allein im Dagestan nachgewiesen sind. Vor der russischen Eroberung des Dagestan (1859) herrschte in der Literatur onentalisch-islamischer EinfluB vor, der darauf zu Gunsten russischer, spâter sowjetischer, Modelle zurückging Namentlich bekannt gewordene Dichter sind der awarische Liebesdichter Mahmùd aus Qahahroso (19194*), der lakki- sche Panislamist Jusuf Qadi Murkelinskij ( 1918t) oder Jetim Emin ( 1878+), der den Beinamen «Vater der lesgischen Poesie» erhielt und persische Stoffe verarbeitete Sowjetisch beeinfluBt sind Hamzat Cadasa (1951 f), der als Begrunder der sozialistischen awanschen Dichtung gilt, der Lesgier Sulejman Sta/’skij (1937f), von Maksim Gor’kij uberschwenglich als ‘Homer des 20 Jh.s’ gefeiert, oder der in russischer Sprache schreibende Lakke Effendi Kapiev (1944f). Der Ausbau von Literatursprachen im ôstlichen Kaukasus wird durch regelmaBig erscheinende Zeitungen wesentlich unterstützt, Beispiele sind Die Dagestanische Wahrheit (awarisch), Das Kolchosbanner (darginisch) oder Der Vgl Schmidt 1964
VÔLKER IM SUDEN UND OSTEN DES KAUKASUS 323 jVewe Weg (Lakkisch) Zur Entwicklung der Kunstprosa tragt ferner die laufend erweiterte ansehnliche Übersetzungsliteratur bei, die bisher besonders russische Vorlagen und die Standardwerke des Kommunismus erfaBt hat Die 1967 erschienene zweibandige Istorija dagestanakoj sovetskoj literatury zeugt mit über 900 Seiten von der Produktivitât der gegenwartigen ostkaukasischen Literatur. Karl Horst S( hmidi LITERATUR Abaev, V. I Osetinskij jazyk i fol'klor 1 (Moskva-Leningrad 1949) .---. Istoriko-etimologiceskij slovar’ osetinskogo jazyka I, II, III (Moskva- Leningrad 1958, 19’73, 1979) ----: A Grammatical Sketch of Ossétie (The Hague 1964) ----: Skifo-evropejskie izoglossy (Moskva 1965) ----: Armeno-Ossetica = VJ 1978/6, 45-51 Abasise, I. (Hauptred ) Kartuli sabcota enciklopedia, Bd. 1-5 (Tbilisi 1975- 1980) a - kokteili Abdullaev, Z G. Ocerki po sintaksisu darginskogo jazyka (Moskva 1971) Abdullaev, I. Ch /Mikailov, K S - K istoni dagestanskich etnonimov lezg i lak, in. Nikonov, V.A /Stratanovic, G.G (redd ). Etnografija imen (Moskva 1971) 13-26 Abeghian, A.' Neuarmenische Grammatik (Berlin-Leipzig 1936) Aliev, K. • K voprosu o plemenach kavkazskoj Albanii, in. Orbeli, I. A (red ). Issledovanija po istorii kultury narodov vostoka (Moskva 1960) 15-19 Alieroev, I J (Hauptred.) - Sbornik statej i materialov po voprosam nachskogo jazykoznanija (Groznyj 1965) Allen, W E. D • A History of the Georgian People (London 1932) ----. The Volga-Terek Route in Russian-Caucasian Relations- RK Bedi Kartlisa 15-16 (1963) 158-166 Andronikas'vili, M . Narkvevebi iranul-kartuli enobnvi urtiertobidan (Tbilisi 1966) Arsachanov, I A - Cecenskaja dialektologija (Groznyj 1969) Afjfalg, J.- Die christlichen Literaturen des Orients, m: Einsiedel (Hrsg ) 1964, 119-144 ABfalg, J /Krùger, P (j-)- Kleines Wôrterbuch des Christlichen Orients (Wies- baden 1975) Austin, W.M.: Is Armenian an Anatolian language?- Language 18 (1942) 22- 25 Bechert, J.. Awarisch hobol und holmay. MSS 19 (1966) 129-141 ----: Zwei Miszellen. MSS 22 (1967) 7 Benveniste, E.. La classification des langues, in. Problèmes de linguistique générale (Pans 1966) 99-118 = Conférences de l’institut de linguistique de l’Université de Paris 11 (1952-1953)
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MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATEGORIE DE POSSESSION première partie description de la catégorie en Chapsoug de Düzce A Formes non-S* à mes parents Résiimf L’article présente une description de la catégorie de «possession» dans un parler du tcherkesse occidental Le point de départ de l'auteur est formel est présenté le fonctionnement des préfixes qui peuvent se combiner avec des noms dans des formes qui ne comportent pas un préfixe-sujet Ces préfixés (possessifs), qui peuvent aussi se présenter dans des formes prédicatives et dam d’autres formes à préfixe-sujet, expriment des relations d’appartenance il scia question de possession neutre, organique, réciproque, partagée et, finalement. relative. Le lecteur trouvera bien des exemples, ils ne sont pas inutiles vu le caractère peu étudié des formations et tenu compte du fait qu'on chercherait en vain une présentation systématique du matériau dans quelque grammaire Le matériau analysé a été collecté par l’auteur en Turquie La description est précédée de quelques observations générales sur le tcherkesse Contenu 0 Introduction (0 1 avant-propos, 0 2 sur la phrase minimale. 0 3 sur la structure des mots 0 4 sur les préfixes des formes-S, 0 5 conventions et exemples). 1 L Expression de possession dans h ' formes-non-S ( 1 1 introduction, 1 2 possession neutre. 1 3 possession organique, 1 4 possession réciproque, 1 5 8 possession partagée, I 9 sur le fonctionnement des préfixes possessifs dans les subordonnés), [2 L. Expression de possession dans les foi mes-S dénommâtes (2 1 introduction 2 2 possession neutre, 2 3 possession organique, 2 4 possession réciproque, 2 5 possession partagée 2 6 formes participiales possessives, 2 7 constructions possessives relatives sans prefïxe-suiet initial),3 Deux serbes possessifs (i \ introduction, 3 2 ?e[l-4 ia-] et i e [1-4 i a-] illustration 3 ’ ’e [1-4 ia-] et se [1-4 ia-] commentaire. 3 4 comparaison de constructions possessives) ] Abréviations, Références * La rédaction de la revue et l'auteur de cet article ont décidé de publier en deux article-' consécutifs, répartis sur deux volumes, ce qui à l'origine avait été conçu comme un seul article (1984 = Formes non-S, 1985 = Formes-S)
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 333 Introdlc tion 0.1 Avant-propos Dans les lignes qui suivent nous présentons une description synchronique de la catégorie de possession dans le ChDz ' La seconde partie de cette étude est pour paraître en 1986. nous y comparerons l’assiette de la catégorie du ChDz avec celle des autres dialectes, de même que nous y ferons état des discussions sur les développements qui ont abouti à la situation actuelle1 2 Avant d’aborder la description envisagée nous donnerons quelques observa- tions générales sur le tcherkesse pour que le non-tcherkessisant puisse suivre également l’exposé (Introduction). Le reste de l’article se subdivise en trois sections- la première — la plus longue — présente la forme et l’emploi des moyens formels qui expriment la «possession» dans les syntagmes nominaux qui ne contiennent pas de préfixe-sujet. Dans la deuxième section il sera question du fonctionnement des mêmes moyens formels dans les formes comportant un préfixe-sujet («formes-S») Dans cette même section nous parlerons de la possession relative. La troisième section, finalement, est consacrée aux deux verbes possessifs du ChDz. Nous nous servons du terme de «possession» faute de mieux Dans le par 1.1, où l’objet de cet article est exposé, nous parlerons plutôt d’«apparte- nance» 0.2 Sur la phrase minimale Une phrase peut se composer d’un seul mot, d’un prédicat Les prédicats peuvent être formés de verbes aussi bien que de noms Tout prédicat comporte, en position initiale, un préfixe indiquant l’actant-sujet. Le sujet tcherkesse est l’équivalent du sujet de verbes intransitifs, et de l’objet direct de verbes transitifs, de langues comme, par exemple, le latin. Une forme comportant un préfixe-sujet peut, en principe, héberger plusieurs préfixes personnels La phrase minimale se caractérise entre autres par le fait qu’elle ne saurait comporter plus d’une forme munie d’un préfixe-sujet («forme-S»). Les autres constituants de la phrase minimale peuvent être considérés comme autant de (syntagmes) subordonnés du prédicat qui, dans les phrases ayant un 1 Le Chapsoug est un dialecte tcherkesse occidental, Duzce est une ville situee entre Istanboul et Ankara En URSS il y a deux langues tcherkesses «littéraires» LAdyghéen littéraire (tcherkesse occidental) et le Kabardien littéraire (tcherkesse oriental) Pour le Chapsoug de Duzce, V Smeets 1976 Transcription (notre ordre alphabétique) \o\eltes a, e, a. lomonnes (labiales ) p, b, p . /. p f, (dentales ) t, d, t , t ", c. <, c , ç, s , (alvéolaires ) ç, z, s, s'". v ", (palatales ) i, i . s", z, (vélarisée ) s, (latérales ) À, /, A , (vélaires ) k, g. k . v, g, k‘\ g”, k ", (uvulaires ) y, x. g. q°. x". g" (pharyngale ) h, (laryngales ) ", h, (sonantes ) i, m. m, n, r L’accent affecte - normalement parlant — la dernière ou la pénultième voyelle du thème Pour le thème, V par 0 3 2 Nous projetons une série d’études pareilles Ces etudes se veulent, d’une part, un complément de la grammaire du ChDz que nous espérons faire paraître fin 1984, d’autre part elles ont pour but de décrire l’image totale des catégories traitées du tcherkesse pris dans son ensemble, en partant de la situation telle qu’elle se présente en ChDz
334 H J SMEETS ordre de constituants neutre, occupe la position finale ’ Les subordonnés ont, en principe, une désinence subordonnante Les subordonnés se divisent en deux groupes selon qu'ils co-réfèrent avec un préfix personnel d'un prédicat, ou non Dans cet exposé il sera question presque exclusivement de subordonnés co- référants Les subordonnés qui co-réfèrent avec un préfixe-sujet ont la désinence ABS(olue), les subordonnés qui co-réfèrent avec des préfixes person- nels autres ont, en principe, la désinence REL(ative) Les subordonnés non-co- référents de la phrase minimale ont, le plus souvent, la désinence INS(trumentale) ou celle MOD(ale)1 * * 4 Les subordonnés, ainsi que les prédicats, peuvent être composés d’un ou de plus d’un mot Pour plus de clarté nous éviterons — si possible — de présenter dans nos exemples des syntagmes comportant plus d’un mot Divers types de formes qui comportent de même un préfixe-sujet peuvent être tirés de prédicats, ainsi que les prédicats coordonnés et subordonnés, et quatre types de nominalisation Dans l'exposé qui suit nous parlerons incidem- ment des nominalisations, notammant des participes 0 3 Sur la structure des mots Un mot peut se composer d’un seul morphème, le radical, le plus souvent, cependant, il s’agit de formations plus complexes Un mot comporte un «thème», suivi ou non d’une ou de plus d’une désinence Ce thème se compose d'une partie centrale, la base, qui peut être précédée d’un ou de plus d'un préfixe-thème, et suivi d’un ou de plus d’un suffixe-thème La base est faite d’un radical ou d’un composé fixe de plusieurs radicaux et peut comporter des affixes-base Un mot peut comporter plusieurs bases, aussi bien simples que complexes MOT < (préfixes-thème) ____ base)s) ---------------------- (suffixes-thème) (désinences) (préfixes-base) radical (/radicaux) (suffixes-base) Dans les formes-S peuvent se présenter des séquences compliquées de préfixes et/ou de suffixes de thème Dans cet exposé nous aurons principale- ment affaire à ces affixes-là Pour plus de concision nous parlerons de préfixes — et de suffixes — tout court alors qu’il s’agira de préfixes et suffixes-thème H 1 En général, c’est le déterminant qui précède le détermine L’exception la plus importante e-i constituée par la combinaison — à l’intérieur d’un mot - d’un substantif suivi d’un adjectil déterminant iiane-v "a ‘une bonne (ç "a) maison’ 4 Les quatre désinences ABS. REL, INS et MOD sont celles qui indiquent, dans la phra-e minimale, les fonctions des syntagmes subordonnés Pour les illustrations, V par 19 Les pronom^ personnels ne prennent pas de désinence quand ils co-refèrent avec des préfixes personnels de' formes-S
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 335 nous reste encore à souligner que certains des éléments qui normalement sont des préfixes-thème peuvent aussi se présenter dans la base, mais alors dans des composés fixes 0.4 Sur Ici préfixes des formes-S Les préfixes qui peuvent se présenter dans les formes-S peuvent être répartis en neuf positions Dans quatre de ces neuf positions peuvent se trouver des préfixes personnels Dans la plupart des positions on peut trouver des préfixes complexes, et dans trois positions (4, 5, 9) des complexes de préfixes Dans les positions non-personnelles ne peuvent figurer, en général, qu’un nombre fort restreint de différents préfixes L'ordre des préfixes est fixe au cent pourcent, ou peut s’en faut Ainsi, par exemple, aucun des préfixes attribués à des positions d’un nombre inférieur à 8 ne saurait se trouver — en comptant à partir du début du mot — au delà du préfix nid- NEg(atif) Les positions où se logent les préfixes personnels sont celles indiquées par les numéros 1, 4, 5 et 6 La position 1 héberge le préfixe-SU(jet), la position 4 contient normalement un préfixe du groupe des préverbes ('dans', ‘sur’, 'pour’, '(ensemble) avec’), précédé d’un préfixe personnel qui renvoie à l’objet préverbial (préfixe-OP) La position 5 peut contenir un préfixe renvoyant à l’actant-objet indirect (préfixe-OI), la position 6, finalement, peut loger un préfixe renvoyant à l’agent (préfixe-AG) Les formes qui contiennent un préfixe-AG sont transitives Nous faisons suivre les formes de base des préfixes personnels des différentes positions Ce sont là les formes que nous insérons ailleurs dans la forme sous- jacente des mots5 Dans les positions susceptibles de loger des préfixes personnels on peut trouver, à côté des préfixes indiquant la première, deuxième et troisième personne du singulier et du pluriel (symbolisés 1. 2, 3 et I, II, III), un préfixe-PAR(ticipe), un préfixe-REC(iproque) — excepté dans la position 1, ou un préfixe-REF(léchi) — excepté dans la position 6 1 SU-pos 1 Sd- OP-pos 4 OI-pos 5 se- AG-pos 6 s- pronoms se I td- t- te- t- te 2 na- P- ive- P~ we II S°d- s°- s°e- s°e 3 III 0- 0- v-a- \e~ \-a- ta- l -«- PAR 0- Zd- ze- za- REC 0- ze- ze- ze re- REF Zd- ZJ- ze- Les préfixes-SU et les préfixes-OI 1, I, 2, II sont analysables en .s a- (1 SU), etc, etenir-(l OI), etc, respectivement Nous nous abstiendrons le plus possible de donner des règles morphophonologiques Observons toutefois que 5 Pour les formes de base des morphèmes du C hDz, V chapitre 3 de àpaiaîne b. pour quelques exemples V la note 12
336 H J SMEETS nommément la morphophonologie des préfixes des formes-S — et à l'inténeui de ceux-ci des préfixes à r initial — est fort compliquée1’ La plupart des préfixes non-personnels ne pourront pas être évités dans les exemples dont nous nous servirons dans la suite Ce sont qe- 'vers ici’. ze ie- ‘le fait que, la manière dont’, za- ‘le temps que, le moment où’ (ze re- et za- nominalisent), were- OPT(atif), me- DYn(amique) (les deux derniers sans la consonne initiale en position médiale), ma- NEg(atif), ge- CAUS(atif) 0 5 Conventions et exemples A la fin de cet article on trouvera le tableau des abréviations Nous ajouterons aux préfixes des formes-S le numéro de la position qu’ils occupent Les parties composantes des bases complexes sont séparées par un point Le point s’emploie aussi pour indiquer les séquences fixes de morphèmes dans des positions autres Pour le reste, les morphèmes sont toujours séparés par un tiret A la suite des exemples et de leur traduction (souvent très littérale) suivra entre parenthèses un inventaire morphémique, où les mots sont séparés par le signe +. Les morphèmes et les combinaisons fixes de morphèmes y sont représentés soit par des traductions, soit par des abréviations-glose Les gloses des morphèmes-zéro seront en italiques Pour illustrer le tout nous ferons suivre quelques formes tirées du verbe intransitif k°e [1] ‘aller’ et du verbe transitif ta [l-(5-)-6] ‘donner (à)’ — les verbes sont pourvus d’un indexe qui mentionne les positions qui, dans les formes-S dérivées, doivent être occupées de toute façon Dans les formes de A e c’est le cas pour la seule position-sujet dans les formes de ta pour la position-sujet et la position-agent, tandis que la position-objet indirect peut être occupée sa-k”e-st 'j’(y) irai', ( 1/SU-aller-FUT), salb-de-'k°e-st ‘j’(y) irai avec toi’ ( l/SU-2/OP-avec-aller-FUT), sa-b-d^\a-ge-k°e-st ‘il me fera/laissera aller avec toi’, (l/SU-2/OP-avec- 3/AG-CAUS-aller-FUT), wa-qa-z-de-za-ge'!k°e-st-er ‘celui qui te fera venir (ici) avec moi’, (2 SU- vers ici-1 /OP-avec-PAR/AG-CAUS-aller-FUT-ABS), un participe a désinence ABS, 0-z-ge-k°e-st ‘je l’enverrai’, (3/SL-l/AG-CAUS-aller-FUT), w-ye-s-ta-st ‘je te donnerai à lui’, (2/SU-3/OI-l/AG-donner-FUT), 0-ye-wa-ma-t ‘ne le lui donne pas'", (3/SL-3/OI-2/AG-NEg-donner), 0-ve-0-t ‘donne-le-lui(3/St/-3/OI-2//lG-donner), 0-ze.re-s-ta-g-er ‘le fait que je l’ai donné’, (J/Stf-que-l/AG-donner- PRF-ABS), 6 V chapitre 4 de la grammaire annoncée V aussi la note 11 En traduisant nous rendons «_ » par ‘tu’, etc , et «II» par vous’, etc Les préfixés de la terne personne et les pronoms demonstratiL ne connaissant pas la categorie de genre, ils sont rendus tantôt par ‘il celui-ci’ etc . tantôt par elle celle-ci’. etc
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 337 se c'al-er 0-s-keg°a-g ‘j’ai vu le garçon’, (moi 4- garçon-ABS + 3/SU- 1/AG-voir-PRF); c'ale-m ses-ya-Xeg°a-g ‘le garçon m'a vu’, (garçon-REL 4- moi + l/'SU- 3/AG-voir-PRF) Les formes-S peuvent être tirées également de noms De même que les verbes statiques — et à l’opposé des verbes dynamiques — les noms présentent, au présent, une opposition formes statiques/formes dynamiques wa-dax ‘tu es belle’, (2/SU-beau), w-e-daxe ‘tu deviens belle’, (2/SLJ-DYn-beau), wa-ze.re-ma-dax-er 0-s-e-s’e ‘je sais que tu n'es pas belle', (2/SU-que- NEg-beau-ABS + 3/SC-l/AG-DYn-savoir), the-rn we w-ya-ge-dexa-g ‘dieu t’a rendue belle’, (dieu-REL 4- toi 4- 2/SU-3/AG-CAUS-beau-PRF) Les préfixes-zéro ne seront présentés qu’exceptionellement dans nos exem- ples, mais il sera toujours tenu compte d’eux dans les inventaires morphémiques. Première Section 1 L’Expression de possession dans les eormes-non-S 1.1 Introduction Dans le par 0.1 nous avons déjà dit que nous nous servons du terme «possession» faute de mieux. En ce qui concerne le terme «catégorie» il faut égafeinent observer de la prudence qu’on ne s'attende pas à un système strict de distinctions corrélatives sémantiques et formelles Les moyens formels (tous préfixes) dont nous allons décrire ici le fonctionnement indiquent directement ou indirectement — une «appartenance» Ces relations d’appartenance ont toujours un élément de détermination, mais ne s'identifient pas toujours à la notion de possession dans le sens non-linguistique, loin de là L’appartenance est présentée comme existant entre le référent de l’élément déterminé (et qui est placé directement après le préfixe) et le référent du préfixe déterminant possessif qui renvoie à des personnes grammaticales Dans le cas de préfixes de la première et de la deuxième personne nous avons presque toujours affaire à des actants humains et, en conséquence, à des relations d’appartenance souvent possessives Aussi la plupart des distinctions à signaler concernent la possession par une première ou deuxième personne 1 2 ' possession neutre, 1.3- possession organique, 1 5 possession partagée, la
338 H J SMEETS possession réciproque (14) ne se présente que dans le cas de possesseurs humains Les possesseurs de la 1ère et 2ème personne sont déterminés sans confusion possible Aussi est-il impossible de les spécifier, s’il est vrai qu’on peut toujours les souligner (emphase) par un pronom personnel qui précède immédiatement le préfixe et qui ne prend pas de désinence subordonnante Les préfixes possessifs de la 3ème personne, ainsi que le préfixe possessif relatif, ne déterminent pas sans confusion possible et peuvent être, eux spécifiés, les préfixes de la 3ème personne par des subordonnés à la désinence REL, le préfixe PAR des formes possessives relatives par un subordonné à la désinence MOD s-ya-cema ‘ma vache', avec .ç-ra- ‘ma’, se s-ya-cema ‘ma vache (à moi)’, ya-cema ‘sa vache’, avec y a- ‘sa’, Xa za-m ya-cema ‘la vache du vieillard’, (vieillard-REL + .), z-ya-cem-er ‘celui à qui appartient la vache’, (3/SC-PAR/OP-POS- vache-ABS), Xaz-ew z-ya-cem-er ‘le vieillard à qui appartient la vache’, (vieillard- MOD + . ) Des relations d’appartenance déterminative peu possessive se présentent quand le préfixe possessif a un référent non-humain. Comparez. wane-m ya-pce ‘la porte de la maison’ (maison-REL -f- 3/PS-POS-porte- REL ou ABS); wana-pc-er ‘la porte de maison’, (maison-porte-ABS), wana-pce ‘une porte de maison’, (maison-porte-^BS ou REL). Dans les formes-non-S il ne peut pas y avoir d’autres préfixés (de thème) que ceux dont il sera fait état ci-dessous Notre objet est donc d’étudier dans cet article les emplois déterminatifs — dits possessifs — des préfixes (de thème) qui peuvent se présenter dans les formes-non-S 1 2 Possession neutre Dans la très grande majorité des substantifs on ne peut renvoyer que d’une seule façon à la personne du possesseur, à savoir par un préfixe personnel qui fait complexe avec le préverbe ya- POS Les préfixes personnels possessifs précèdent y a-, tandis que la marque a-, qui indique pluralité de la troisième personne se trouve placée après ya-. s-ya-wane ‘ma maison’, avec s-ya- (1/PS-POS), t-ya-wane ‘notre maison’, avec t-ya- (I/PS-POS),
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 339 H-pj-no/iP ‘ta maison', avec (2/PS-POS), s"-ia~wane ‘votre maison’, avec s"-d?- (II/PS-POS). 0-ya-uane ‘sa maison', avec 0-i»- (3/PS-POS), 0->-</-nr>ne ‘leur maison', avec 0-\-a- (3/PS-POS-P1 ) iv-ia-iume s-keg°a-g-ep 'je n'ai pas vu ta maison’, (2/PS-POS-maison- ABS 4- 3, SC-l/AG-voir-PRF-NEG), se s-ya-wane-x-er za-x ‘mes maisons (à moi) sont vieilles', (moi 4- 1/PS- POS-maison-PL-ABS 4- 3,SC-vieux-PL) Les formes de base des morphèmes dont il s’agit ici sont .s-, /-, p-, s°-, 0-, i a- et a-, pour la morphophonologie de ces préfixes V par 1 3 1.3 Possession organique Pour un certain nombre de substantifs on peut renvoyer aussi d’une autre façon à la personne du possesseur, à savoir au moyen du seul préfixe personnel de la première et de la deuxième personne singulier et pluriel Ces préfixes possessifs «courts» se présentent avec des substantifs qui renvoient aux parties d’entités vivantes, comme famille, corps humain ou animal, et également avec se ‘nom’ Il y a des dialectes tcherkesses occidentaux où il est encore question d’une véritable opposition entre possession organique et possession non-organique Dans le ChDz, et non seulement là, l’opposition est en voie de neutralisation la plupart des substantifs ne peuvent pas se combiner avec les préfixes possessifs dits «courts», tandis que les substantifs qui peuvent se combiner avec les préfixes possessifs «courts» sont aussi en mesure de se combiner avec les préfixes possessifs «longs», c'est à dire avec les complexes où entre va- POS La dernière observation ne vaut pas dans la même mesure pour tous les substantifs en question On peut poser en principe que — dans le ChDz — nous avons affaire à une opposition organique/neutre, plutôt qu’à une opposition organique/non-organique cf. s-ya-wane ‘ma maison’, s-pe / s-ya-pe ‘mon nez’, s-'/.a q°e / s-ya-À.a.q°e ‘ma (propre) jambe’, s-ya-Xa.q°e ‘ma patte’ (p ex d’un animal tué qu’on partage) Dans le matériau dont nous disposons se présentent les substantifs suivants en combinaison avec un préfixe personnel court pe ‘nez’, pe ca.pe ‘pointe du nez’, pe.c’e ‘moustache’, pse ‘âme’, pqa ‘corps, squelette’, px°a ‘fille’, bat a ‘sein’, bge ‘poitrine’, terne ‘épaule, aile’, txa ‘épine dorsale, dos’, thepe ‘feuille’, the 'k°ame ‘oreille’, ce ‘dent', ce ge 'côte'.
340 H J SMEETS se ‘nom’, she ‘tête’, she ca ‘cheveux’, s"e ‘peau’, c aha ‘dos’, sa ‘frère’. sa px°a ‘sœur’, ze ‘bouche’, Xep\e(m)be ‘orteil’, Xe she ‘cheville’, Xe g"e <e ‘genou’, Ae q°e ‘jambe, pied', ka\a ‘gorge’, ke ‘rate’, Caca ‘cerveau, moelle’, A e ‘queue’, k"eres''a ‘bouton’, ge ‘testicule’, k”e ‘cuisse’, g°a ‘cœur’, k'uec a ‘intestins’, q°a terne ‘branche’, quashe ‘os’, q“e ‘fils’, ‘bras, main’. fe teg°a ‘coude’, >e pxe(m)be ‘doigt’, ’e she ‘pouls’, 'e lgene ‘bras’, "p ‘(cavité de la) bouche’, ne ‘œil’ Les préfixes courts s’emploient le plus souvent, d’une part avec des substantifs qui indiquent les parents (de premier degré) — pour ‘père’, ‘mère’. V par 1 5 - -, d'autre part avec des substantifs qui ont une consonne initiale glottalisée ou sourde Avec les substantifs donnés ci-dessous les préfixes possessifs longs ont semble-t-il - supplanté les préfixes courts les derniers sont acceptés par nos informateurs, mais ils ne s’en servent pas spontanément pse ‘cou’, bze ‘langue’, bga ‘taille’, s°ta ‘cul, sexe', ze ke ‘menton, barbe’. mene ‘pénis', naba ta ‘nombril', nabe ‘ventre' Nous ferons suivre les formes de base des préfixes personnels possessifs 1. 1. 2 et II avec leurs allomorphes’ 5- 1/PS s- t- I/PS t- P- 2/PS P- s°- Il/PS s°- devant consonnes sourdes s'-[s- t' P’- s'°-/s°- globalisées sa- ta- ita- s°a- sonantes sa-jz- ta-jd- wa-jb- .Ca-fz0- sonores Remarques: (i) des groupes de consonnes occlusives et/ou constrictives seul l’élément final a une articulation laryngale distinctive, (ii) les combinaisons de i-, préfixe de la première personne du singulier, avec s, .s', .s, s’, s°, s". v, < suivant sont notées s-s, s'-s', etc , mais sont réalisées [fs/r, (A/sJc], etc , (iii) les combinaisons de Ca ou Ce plus y V donnent — dans la partie préfixale du mot — normalement C-yV, (iv) devant consonnes globalisées nous ne notons que 5- et s'°- cf. s-pe t-pe p-pe s°-pe ‘mon, etc., nez’, s’-^e t’-'e p'-^e ‘ma, etc., main', sa-ne ta-ne wa-ne s°a-ne ‘mon, etc, oeil', sa-g°alz-g°a ta-g°a( fd-goa) wa-g°a(/b-g°a) s°a-g°a/z°-g°a ‘mon, etc, cœur’, s-ya-pce t-ya-pce w-ya-pce s°-ya-pce ‘ma, etc., porte’
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 341 Dans la note 13 on peut trouver quelques règles morphophonologiques p-sa-neha-c’ s-Xeg°a-g-ep ‘je n'ai pas vu ton frère cadet', (2/PS-frère-plus-jeune-/lBS + 3/SCM/AG-voir-PRF-NEG), s'-'e-x-er s’°eya-x 'mes mains sont sales’, ( 1/PS-main-PL-ABS -J- 3/SU- sale-Pl), s-sa px° ‘ma sœur1’, ( 1/PS-sœur) Les possesseurs de la troisième personne ne peuvent être indiqués qu’au moyen de 0-ya- et 0-y-a- (\ 12) Il y a des dialectes qui ont également des préfixes possessifs courts pour la troisième personne, à savoir a- 3/PS et ct- III/PS. Il s’ensuit que dans le ChDz l’emploi des préfixes courts est très restreint quand il s’agit de possesseurs non-humains («mes feuilles», etc ) cf. s-pe / s-ya-pe ‘mon nez’ s-ya-pce ‘ma porte’ ya-pe ‘sonnez’ ya-pce ‘sa porte', s-thape-x-er / s-ya-thape-x-er ‘mes feuilles' (d’un arbre présenté comme parlant); s-ya-thape-x-er ‘mes feuilles’ (qui se trouvent dans ma cour) 1.4 Possession réciproque La possession réciproque s’exprime au moyen du préfixe ze- Ce préfixe s’allie à un nombre restreint de substantifs: sa ‘frère’, sapx°a ‘sœur’, nahi.eg°a ‘ami’, paya ‘ennemi’, nase ‘belle-sœur’, meÀx°e ‘beau-frère; g°ase ‘compagnon de voyage’, g°an eg°a ‘voisin’ Remarques: (i) nase ne s’emploie qu’exceptionellement avec ze-, on trouve plutôt nas.eg°a, (ii) -eg°a est un élément de dérivation qui indique le compagnon en général; cf. nahza ‘l’âge’, g°ane ‘la frontière’, g°a [1-4’c'a-] ‘se trouver bien ensemble (avec)’; (iii) dans les formes ABS et INS on trouve — normalement parlant----xe PL, ceci en opposition avec les formes REL et MOD. sa-x-er ‘les frères’ (qui ne le sont pas nécessairement l’un de l’autre, ou les uns des autres), (frère-PL-ABS); ze-sa-x-er ‘les frères’ (l’un de l’autre, ou les uns des autres), (REC/PS- frère-PL-ABS), s-sa-neha-c’-ay-t'°-er ze-paya-x-ew x°a-ge-x ‘mes deux frères plus jeunes sont devenus ennemis’, (1/PS-frère-plus-jeune-CON-deux-ABS + REC/PS-ennemi-PL-MOD + 3/St/-devenir-PRF-PL), ze-sa-m fe.d.ew ta-sa-s ‘nous sommes (là) comme des frères’, (REC/PS- frère-REL + comme + I/SU-là-être (assis)).
342 H J SMEETS Le même élément ze- se présente dans un certain nombre de combinaisons fixes de caractère énumératif ze X'(a)'ze s°aza ‘les époux’, (REC/PS homme"REC/PS femme), ze sa'ze sa px°a ‘sœurs et frères’, ze le'ze ra q°e ‘père et fils’, (REC/PS père"REC/PS CON fils), ze le'ze ra px°a ‘père et fille’, avec px°a ‘fille’, ze ne'ze ra q°e ‘mère et fils’, avec -ne ‘mère’, ze ne'ze ra px°a ‘mère et fille' Quand, dans les publications sur le tcherkesse, on traite des préfixes possessifs, il n'est point question d'un préfixe possessif ze-, en conséquence, ce préfixe, parfois, ne fait objet d’aucune observation7 Les considérations qui nous ont ammené à classer ze- parmi les préfixes possessifs sont les suivantes (i) ze- indique un rapport d’appartenance possessive, ou — mieux dit — deux de tels rapports, (ii) dans les positions qui peuvent être occupées par des préfixes personnels on peut s’attendre aussi à un préfixe REC (V 0 4), (iii) les préfixes personnels mentionnés plus haut et ze- REC s’excluent (devant les quelques substantifs qui font combinaison avec ze-), (iv) dans les formes-S ze- est traité — de même que les préfixes possessifs reconnus généralement comme tels — comme un préfixe de thème, (v) en rangeant ze- dans le groupe des préfixes possessifs il est possible de classer dans un ensemble cohérent tous les préfixes non-figés qui sont susceptibles de se présenter dans les formes-non-S A l’opposé de ce qui se fait avec les autres préfixes possessifs, ze- n’admet pas un subordonné spécifiant: possesseurs et «possédés» sont déjà spécifiés par le substantif auquel s’allie le préfixe ze-8 1.5 /8 Possession partagée 1 5 Dans la séquence préfixale 0-\ -a- (V 1 2) j - a été interprété comme une réalisation de ya- POS, 0- comme un préfixe possessif de la 3ème personne et. finalement, a- comme un préfixe pluralisateur indiquant qu’il s’agit d’une 3ème personne du pluriel. Nous avons attribué à l'élément a- la glose Pl Ici nous montrerons que l’emploi de a- est beaucoup plus large qu’il ne résulterait du cas avancé dans le par 1 2 • la séquence v-a- peut aussi se trouver en combinaison Rogava 1966 le présente bien dans le par fornn \ziiimrimti inien. ou il remarque que ze- combine avec des substantifs qui autrement — sont munis d’un préfixe possessif Cette observation ne tient pas pour le ChDz, où les substantifs en question peuvent se présenter egalement sans préfixé 8 On trouve le même état de choses avec les préfixés réciproques des formes-S te ta-ze-de- gr ? ’ nous jouons ensemble' (nous + I SU-REC OP-avec-DDt-jouer) te ta-ze-piia nous nous regardons'. ( + I SU-REC OI-£> >//-regarder). te ta-zeje-Xeg"a 'nous nous voyons (l'un l'autre) ( + 1 SU-REC AG-DE/t-voir)
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 343 avec des préfixes personnels autres que celui de la 3ème personne, et «- peut indiquer la pluralité de différentes façons Dans tous les cas où on emploie «- dans un complexe de préfixés possessifs, il est question de ce qu’on peut appeler «possession partagée» Tout en maintenant la glose Pl dont nous nous sommes déjà servi, nous présenterons dans les pages qui suivent les différents emplois de a- On verra que le rôle de a- est toujours d’indiquer que d’une façon ou d’autre — la personne qui se trouve indiquée devant ( \-)a- n'est pas la seule qui se trouve dans un rapport de possession envers l’élément possédé Dans les études concernant l'expression de la possession en tcherkesse seul est traité l’emploi de a- comme dans i-a-iuwr (V 1 2) 1 6 « Possession collective» Le possesseur n'est pas seulement la personne indiquée par le préfixe personnel, mais encore un collectif auquel elle appartient cf psase-m va-wane 'la maison de la jeune fille', (jeune fille-REL 4- 3jPS- POS-maison-zlBS ou REL), psase-m \-a-wane ‘la maison de la famille/des appartenants de la jeune fille’, ( + J/PS-POS-Pl-maison-zlBS ou REL), s-y.a ne \-a-wane ta'-k°e-st ‘nous irons à la maison de la famille de ma mère’, (1/PS-mère-REL + + I/SU-aller-FUT) Cet emploi est à comparer avec celui des préfixes possessifs de la 1ère et de la 2ème personne du pluriel dans des phrases du type de se t-ya-nase s-keg°a-g-ep ‘je n’ai pas vu notre belle-sœur', où «notre» peut être aussi bien exclusif qu’inclusif, (moi + I/PS-POS-belle-sœur-/lBS + 3/SC-l/AG-voir-PRF-NEG) «Père» et «mère» Les racines «père» et «mère» admettent un certain nombre de variantes A l’état isolé on trouve ta et na respectivement, dans un nombre de bases complexes on trouve -ne et -teg Dans les formes possessives on trouve les bases complexes y.a te et i a ne La séquence j a- est à considérer comme faisant partie de la base parce que j a- peut être précédé par une séquence de préfixes de thème 0-y-a- Plus loin (2.4) on verra que j a- fonctionne comme partie de la base dans les formes-S aussi bien que dans les formes-non-S 9 Cf les formes ze te ze i/"e. etc . (par 1 4). et ne ne z.i 'grand-mère', te te za 'grand-père', (c'a ‘vieux*), na n e 'vieille femme', (?7?ve9 'brue'.) nain> 'maman'*. ta( t) ‘papa ne na g°ese «la jeune fille enlevee qui attend que son mariage soit réglé», ne na za\e «le garçon ravisseur qui attend »
344 H J SMEE1S cf. s-v a ne ‘ma mère’ m-i ci ne ‘ta mère' l-\ ci.ne ‘notre mère' s:"-i ci ne ‘votre mère’ 0-\ a ne ‘sa mère’ (jamais *0-i,?-i ci ne) 0-( i -ci-) r ci ne ‘leur mère’ se ,»-i a ne sa-k"e-st ‘j'irai chez ma mère’, (moi + 1 PS-mère-A7.7. + 1/SU-aller-FUT), se t-v a ne sa-k°e-st ‘j’irai chez ma («notre») mère’, \i-xe-m e y-a-v.a te-x-er \-ci-\ ci ne-x-er qe- k°a-ge-x ‘leurs pères et leurs mères sont arrivés’, (celui = là-PL-REL PL 4- 3/PS-POS-P1-POS Pl mère-PL-ABS + + 3/S(7-vers ici-aller-PRF-PL), cf se-r-ay k sa^-t ‘moi aussi, je suis père', (moi-CON-et 4- 1/SU-père), t-ayk n-nk s-ya-'-ep ‘je n’ai père ni mère’, (père-/4BS-et 4- +3 SL - 1/OP-POS-être-NEG) On peut poser en principe qu’il n’est point étonnant que précisément avec ‘père’ et ‘mère’ — du moins dans leurs variantes possessives — il soit question de la notion de possession partagée, notion qui se présente également dans r a te sa ‘oncle paternel', i a te sa px°a ‘tante paternelle’, i ci ne sa ‘oncle mater- nel’ et y.a.ne.sapx°a ‘tante maternelle’. En 1974 Rogava met sur le tapis des formes possessives où entrent les racines ‘père’ et ‘mère’ et analyse plus particulièrement des formes du tcherkesse occidental du type de (division en morphèmes de Rogava) s-v-ane ‘ma mère', s- y-ale ‘mon père’ Il pose en principe que par ces formes on indique la possession non-organique («matérielle, vescestvennaia») et signale alors un problème, pourquoi ne saurait-il être question ici de possession organique comme cela se fait bien avec ‘sœur’, ‘frère’, ‘fils’, ‘fille’9 Nous considérons dans la deuxième partie de cette étude l’explication qu’avance Rogava et qui prend son point de départ dans une construction remontant à un état de langue antérieur Nous nous bornerons ici à observe! que nous ne sommes pas d’accord avec l’analyse synchronique qui parle de possession non-organique Nous sommes d’avis qu’on ne saurait parler ici de possession non-organique pas plus que de possession organique Dans le cas de ‘père’ et ‘mère’ la possession partagée rend inopérante l’opposition possession organique/non-organique (en ChDz organique/neutre) 1 7 Possession partagée avec substantifs locaux Il y a un groupe de quelque vingt substantifs qui ont un sens local, qui ne se présentent pas sans déterminant précédant et qui, comparés à d’autres substantifs, ont des possibilités morphologiques réduites Nous nous permet-
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 345 tons de les appeler «substantifs locaux»10 Le déterminant précédent est le plus souvent un préfixe personnel suivi de ya-, la plupart de ces substantifs locaux admettent également comme déterminant un autre substantif Quand, dans un complexe de préfixes possessifs précédant un substantif local, on indique une 1ère ou 2ème personne singulier ou pluriel, on trouve généralement 10- suivi de a-, indiquant la possession partagée Quand il s’agit de la 3ème personne du singulier, on trouve presque exclusivement 0-ya-, rarement 0-\-a- «possession collective». Dans le cas de la 3ème personne du pluriel on trouve exclusivement 0-y-a-, avec a- pluralisant 0- Il n’y a aucune règle, il n’y a même pas une tendance à avancer, qui détermine l’emploi de complexes sans a- à côté de ceux avec a- Dans l’Adyghéen Littéraire l’emploi de a- est de règle, dans le cas des préfixes de la 1ère et de la 2ème personne du singulier aussi bien que du pluriel Dans le Kabardien Littéraire on ne rencontre jamais un élément a- devant les substantifs locaux ou «postpositions» comme ils sont appelés traditionellement dans les grammaires du tcherkesse écrites en russe cf. -c'aba ‘côté derrière, l’espace derrière', s-y-a-c'aba ‘(l’espace) derrière moi’; wane-c'aba ‘(l’espace) derrière la maison’, w-y-a-c’aba-ge me-g°a.s °e ‘il est en train de rire derrière toi’, (2/PS-POS- Pl-espace derrière-INS 4- 3/S[/-DYn-rire), wane-c'aba-m de-k.a-g ‘il est parti de derrière la maison', (maison-espace derrière-REL 4- 3/SU-3/OP- dans-sortir-PRF); se s-y-a-pe-ge ma-k°e ‘il marche devant moi', (moi 4- 1/PS-POS-P1- espace devant-INS 4- 3/St/-DYn-aller), t-y-a-t'°ac’e / t-ya-t'°ac'e de-k’-eha-g ‘il mourut (dans l'espace) entre nous’, (I/PS-POS-Pl-espace entre-REL / I/PS-POS- . 4- 3ISU-3IOP- dans-mourir-INT-PRF), w-y-a-daz-a ta-k'°e-st ‘nous irons chez toi’, (2/PS-POS-Pl-espace chez- REL 4- I/SU-aller-FUT), psase-m ya-daz-a ta-k'°e-st ‘nous irons chez («dans l'espace près de») la jeune fille’, (jeune fille-REL 4- 3/PS-POS-espace chez-REL 4- ), psase-m y-a-daz-a ta-k'°e-st ‘nous irons chez la famille de la jeune fille', (.. 4- 3/PS-POS-P1-espace chez-REL 4- ), psase-xe-m.e y-a-daz-a ta-k '°e-st ‘nous irons chez les jeunes filles', (jeune fille-Pl-REL.PL 4- 3/PS-POS-P1 .. 4- ) Si l’on tient à expliquer la présence de l’élément a- dans les formes présentées plus haut, alors il est possible, ici encore, de faire appel à la notion de possession partagée Puisque, à côté de la personne indiquée par le préfixe 10 Pour la liste des substantifs locaux du ChDz. V Smeets 1983
346 H J SMEETS personnel devant i (a)-, il y a toujours une personne grammaticale autre qui est en relation avec l’espace auquel on réfère Cette personne autre est le sujet de la forme-S dont la forme qui loge le substantif local est un subordonné Les deux personnes ont une relation avec l’espace auquel le substantif local renvoie cf s-v-ci-c ’ab-a za cem de-t ‘derrière moi il y a une vache’, ( 1/PS-POS-P1- espace derrière-REL 4- une 4- vache-^BS + J/SC-J/OP-dans-être (debout)), «moi» aussi bien que «la vache» ont une relation spatiale vis- à-vis de l'espace indiqué; we y-)a-daz-a sa-.sa-leze-st ‘je travaillerai (dans l’espace) près de toi’, (toi 4- 2/PS-(POS-)Pl-espace chez-REL 4- 7/SC/-3/OP-y-travailler- FUT) 1 8 Possession partagée avec noms de nombre Les noms de nombre ordinaux se composent de j a- initial, suivi d’un nom de nombre cardinal, suivi d’un élément dérivatif -ene et, finalement, d’un suffixe dérivatif nominalisant -re Les noms en -re font partie du groupe de noms «prépositifs» (V 1 9). Les noms de nombre au-dessus de ‘cinquième’ sont rares. Au lieu d’eux — même là ou l’on s’exprime en tcherkesse pour le reste de la phrase — on se sert d’équivalents turcs La base indiquant ‘premier’ se forme en partant de pe ‘nez, commencement’ cf y a pe.re ‘premier’, i a t ° ene re ‘deuxième’, y.a.s ene re ‘troisème’ y ap À’ ene re ‘quatrième’, y.a.tf ene.re ‘cinquième’. Ces noms de nombre ordinaux s’emploient avec ou sans préfixes personnels possessifs De même qu’avec ‘père’ et ‘mère’ ces préfixes peuvent être employés directement précédant les combinaisons figées y.a- «possession partagée», qui font partie de la base y.a pe.re c al-er fe ‘le premier enfant est grand’, (premier 4- enfant-ABS 4- 3/St/-grand), se s-y a t'° ane.re c al-er re-À'a-g ‘mon deuxième enfant est mort’, (moi 4- 1 /PS-deuxième 4- 4- 3/SLJ-mourir-PRF), di-s 0-y a pe re s°az-er s-Àeg°a-g ‘j’ai vu sa première femme’, (celui = là- REL 4- 3/PS-premier 4- femme-ABS 4- 3/St/-l/AG-voir-PRF), di-xe-m.e 0-(y-a-)y.a s ane re-m sa-ja-y ‘j’en veux le troisième’, (celui = là-PL-REL.PL 4- 3/PS-(POS-Pl-) troisième-REL 4- 1/SU-3/PO- «pour»-« vouloir»). L’emploi d’un nom de nombre cardinal implique que l’élément déterminé par le nom de nombre en est un pris dans un total d’éléments plus ou moins
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATEGORIE DE POSSESSION 34-7 semblables Par la suite l'élément possédé a deux relations d’appartenance l’une avec un possesseur indiqué par un préfixe personnel, l’autre avec les autres éléments grâce auxquels il est le tantième Ce type de possession partagée d’un caractère quelque peu particulier se présente non seulement dans le ChD2 mais dans l’ensemble du tcherkesse occidental Finalement nous trouvons également v-a- indiquant la possession partagée avec les noms de nombre cardinaux, le plus souvent devant za ‘un’ QuelqUes examples : t-y-a-z(a) k'°e-n fa-y ‘un de nous doit y aller', (I/PS-POS-Pl-un-4fis 3/SC-aller-MSD-^BS + 3/Sé/-«pour»-«falloir»), s°-y-a-za-m sa-fa-\-ep ‘je ne veux pas l’un de vous’, (II/PS-POS-Pl-Uri REL 4- l/SU-3/OP-«pour»-«vouloir»-NEG), kt-xe-m e y-a-z s-keg°a-g ‘j’en ai vu un d’entre eux’, (celui = là-PL- RELPL + 3/PS-POS-Pl-un-^BS + 3/SC-l/AG-voir-PRF), y-a-z~\-a-z-ayk ’ s-sxa-g-ep ‘je n’en ai rien mangé du tout’, (J/PS-POS-P). un'3/PS-POS-Pl-un-^BS-et + 3/SC-l/AG-manger-PRF-NEG) Comparez t-y-a-t'°d re-k“e-na-x ‘deux de nous (y) iront’, (I/PS-POS-Pl-deux-q^- + 3/St/-aller-FUt-PL), l’emploi de a- comporte que le groupe auqae[ appartiennent les «deux» se compose de plus de deux membres. l-ay-t’°-ayk’ ta-k'°e-st ‘nous irons tous les deux’, (nous-CON-deux-et 4 I/SU-aller-FUT) 1 9 Sur le fonctionnement des préfixes possessifs dans les subordonnés Les subordonnés ont deux séries de désinences subordonnantes celles définies et celles indéfinies Quand il s'agit de (syntagmes nominaux)subordon- nés du singulier qui ne présentent pas de déterminants déictiques, on a le choix Dans les formes du pluriel, par exemple, on ne peut se servier que des désinences définies, ceci vaut également pour les subordonnés ou entre un pronom démonstratif. Les subordonnés singulier qui n’ont pas d'element démonstratif mais, en revanche, un préfixe possessif, prennent les désinences indéfinies ABS déf s°az-er indéf s°az{d) dém. ma s°dz-er poss. S- \'3-S°3Z REL s°dzd-m S°dZ-d ma s°dzd-m s-y3-s"s:-s INS s°dza-m-ge S°3Z3-ge ma s°3Z3-m-ge s-yd-s°szd-ge MOD S°dZ- ew md s°dz-ew s-ya-s°az-en ‘la femme’ ‘femme’ ‘cette femme’ ‘ma femme’
348 H J SMEETS cf y-a-s"aza-x-er ‘leurs femmes', ma s-ya-i“az-er «cette ma femme» On peut trouver des formes du type ,s-ya-s°az-er ‘celle qui est ma femme’, ici on a affaire à une forme participiale, (B/lA/SB-l/OP-POS-femme-ABS), V 26 Les subordonnés (secondaires) qui spécifient un préfixe personnel possessif ont la désinence REL Ces subordonnés précèdent toujours directement le préfixe avec lequel ils co-réfèrent Ils peuvent, à leur tour, avoir des préfixes possessifs qui, eux aussi, peuvent être spécifies Dans les formes du pluriel a désinence REL on trouve — généralement parlant — la séquence de désinences -xe-m e (PL-REL PL) Dans les subordonnés qui spécifient un préfixe possessif on rencontre très souvent le seul -m e cf. c'ale-m ya-he dax-ep ‘le chien du garçon n’est pas beau’ (garçon-REL 4- 3/PS-POS-chien-^BS 4- 3/SC-beau-NEG), c’ale-(xe-)m.e y-a-he da\-ep ‘le chien des garçons n’est pas beau', (garçons-(PL-)REL PL + 3/PS-POS-Pl-chien-^BS 4- ), se s-ya-c’ale ya-he ya-s°e dax-ep ‘la peau du chien de mon fils n’est pas belle, (moi + l/PS-POS-fils-A££ 4- 3/PS-POS-chien-R££ + 3 PS- POS-peau-^BS 4- ) La séquence spontanément donnée la plus longue que présentent nos textes est s-y a.ne sa-m ya-c’ale ya-daye ya-basam g°ase ya-sapx°a-neha-c' re-ka- g ‘la sœur cadette de la femme de l’oncle maternel du fils de mon oncle maternel est morte’, (1/PS-oncle maternel-REL 4- 3/BS-POS-fils-RLL 4- 3/PS-POS-oncle maternel (emprunt)-R££ 4- 3/PS-POS-épouse- REL 4- 3/PS-POS-sœur-plus-jeune-^BS 4- 3/SC-mourir-PRF) ” D'ordinaire on trouve dans la position 4 des formes-S une séquence de deux préfixés le premier étant un préfixé personnel (OP), l’autre un préfixé à traits de lexeme appelé préverbe I e sens d’une combinaison d’un préverbe et d’un radical verbal est «predictable» dans la majorité des cas II y en tout env 40 preverbes (simples et complexes) La plupart ont un sens local, cf s-te- sut moi’, p-c e- 'sous toi’, C)-g'ë 'à côté de lui’, mais p-fë- 'pour toi’, y-a-de- 'avec eux' Nous n’identifions pas la- POS avec le preverbe \a- 'dans' (p ex 'dans une maison’, cf de- dans (p ex un cour)’, et te- 'dans (p ex l'eau)’), nous n'y voyons pas de motivations sémantiques (ni d'ailleurs diachroniques) Les argumentations contre une telle identification sont fournies par l’emploi de a- P1 après ta- POS (avec tous les autres préverbes, y compris i a- 'dans'. ( y-)a- III précédé le préverbe dont l'objet est indique), et par le comportement du préfixe de la 3eme personne OP devant les deux préverbes la- (devant ia- POS on peut trouver i- 3 OP, V la note 13) Comparez s-ya-h u-g J ' suis entre', (l/SU-3 OP-dans-entrer-PRF). forme sous-jacente + sa- CP ya-he -ge + , sah-ia- ha-g 'j'étais son chien’, ( 1 SU-3'OP-POS-chien-PRF), forme sous-jacente + sa- ia- ia- he-ge + y-a-rya-h a-g 'j’y suis entré («dans eux»)' (1 'SU-3 OP-PI-dans-entrer-PRF), + sa-1 0- a- i»- h e -ge + , sa-r-( i - )a-hn-g, 'j'étais leur chien’, ( 1 'SU-3 OP-(POS-)-Pl-chien-PRF). + sa- i a- ya- a- he -ge +
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATÉGORIE DE POSSESSION 349 Les subordonnés à préfixe possessif peuvent se présenter en coordination, ils peuvent aussi avoir des subordonnés coordinés secondaires cf s-ya-psase-re s-ya-c ale-re ze-de-geg°a-x ‘ma fille et mon fils jouent ensemble’, ( 1 /PS-POS-fille-et 4- 1/PS-POS-fils-et 4- 3/SU-RECZOP- avec-Z) Fn-jouer-PL), Sa k'a-m-are s°aza-m-are y-a-c ale-x-er psawe-x ‘les enfants de cet homme et de cette femme sont vivants’, (celui = là 4- homme-DEF-et + celui = là 4- femme-DEF-et 4- 3/PS-POS-Pl-enfant-Pl-ABS 4- 3/SU-vivant-PL) Dans un subordonné de plus d’un mot les pronoms démonstratifs occupent la position initiale, rien n’y fait la présence de préfixes possessifs Les subordonnés contenant un démonstratif peuvent être interrompus par un subordonné secondaire spécifiant le préfixe possessif cf. s-ya-wane ‘ma maison’, ma s-ya-wan-er ‘cette mienne maison’, ma s-ya-g°an.eg°-a ya-wane s-sefa-st ‘j’achèterai 'cette maison qui appar- tient à mon voisin’, (celui = ci 4- 1/PS-POS-voisin-REL + J/PS-POS- maison-^RS 4- 3/SZ/-l/AG-acheter-FUT) Le mot-noyau d’un subordonné peut comporter plusieurs bases Comme les désinences servent tout ce qui les précède dans le subordonné, de même les préfixes possessifs déterminent tout ce qui leur suit Dans les mots plus élaborés de ce type on trouve davantage des préfixes possessifs longs que dans les mots dont la base se compose d’un seul substantif cf. s-ya-wane ‘ma maison’, s-ya-wdne-c'ak’°d-fd.za-daxe-x-er «mes maisons petites blanches belles», s-pe ( [s-ya-pe) ‘mon nez’, s-ya-pe-s'°eya (/s-pe-soeya) ‘mon nez sale’ Le substantif qui en détermine un autre précède le plus souvent directement le substantif déterminé à l’intérieur d’un même mot II y a quelques groupes restreints de noms que nous appelions «prépositifs» qui précèdent et définis- sent, il est vrai, mais celà en tant que mot indépendant Les préfixes possessifs précèdent, généralement parlant, ces noms prépositifs cf. s-ya-?adage wane ‘ma maison tcherkesse’, le préfixe possessif peut aussi précéder le mot-noyau: 'adage s-ya-wane ‘ma maison (incidemment) tcherkesse’. Une différence de sens est plus nettement sensible dans les cas comme s-ya-za n-er me-waza ’ mon œil (unique) me fait mal’, (1/PS-POS-un 4- œil-ABS 4- 3/SU-DYn-faire mal); za s-ya-ne me-waza ‘un œil (à moi) me fait mal’
350 H J SMEETS Quand le mot-noyau est déterminé par un participe précédant, alors, le préfixe possessif se met devant le mot-noyau ma re-X’a-ge s-\a-s-er h-ew dexa-g ‘ce cheval mort à moi était très beau’, (celui = ci + PAR/SU-mourir-PRF 4- 1/PS-POS-cheval-ABS + beaucoup-MOD + J/SE-beau-PRF) Comparez finalement s-y a-pere c al-er ‘mon premier enfant', ( 1 /PS-premier + enfant-ABS), w-y-a-daza re k'-er xel ‘qui est l’homme (qui se trouve) chez toi9’, (2/PS- POS-Pl-chez suff=dér + homme-ABS + 3/S(7-qui), ,s- i a te ya-daz-a sa-laze-re s-ya-i’ale-x-er ‘mes enfants qui travaillent chez mon père’, ( 1/PS-père-REL + 3/PS-POS-chez-REL + PAR/SU- 3/OP-y-travailler-DYN + 1/PS-POS-enfant-PL-ABS) Les exemples donnés ci-dessus présentent des combinations de préfixes possessifs avec des substantifs (ordinaires, locaux, prépositifs), et avec des noms de nombre Ce sont là les combinaisons les plus usuelles. Les préfixes possessifs ne se combinent presque pas avec un adjectif Les adjectifs ne sont pas munis de préfixes possessifs dans leurs emplois les plus usités (i' déterminant postpositif’ wane-s'°a ‘une bonne maison’, ii’ base de formes prédicatives et d’autres formes-S. wa-dax-ep ‘tu n’es pas belle", lii adverbe — avec la désinence MOD ‘bien’) Les formes ABS et REL dont la base ne comporte qu’un seul adjectif sont rares, et doivent être interprétées comme participes. dax-er ‘la belle («celle qui est belle»)’, (P/lR/S’C-beau-ABS) Les préfixes possessifs ne se combinent que sporadiquement avec les participes La forme’ s-ya-dax-er ‘ma belle («celle qui est ma belle»)’ ne fut pas donnée spontanément Les formes du pluriel semblent être plus acceptables que celles du singulier s-ya-da xe-x-er ‘mes belles’ Les préfixes possessifs ne se combinent pas du tout avec des pronoms ou des verbes Les «noms déverbaux» (bases complexes dérivées au moyen d’un affixe de base nominalisant — «dépersonnalisés») peuvent se combiner avec des préfixes possessifs «longs»’ >oa k'e ‘façon de parler’, cf ,oe [1-6] ‘dire qqch', s-y a-'"a k e ‘ma façon de parler’, s-y a-k ’°a k 'e ‘ma façon de marcher’,
MORPHOLOGIE TCHERKESSE II - LA CATEGORIE DE POSSESSION 351 .s-iT-re ge g ak ‘'e 'mon professeur', cf ge [1-5] ‘lire qqch', ge- CAUS et -ek'°e «celui qui fait le travail de» (ici faire lire) Les «nominalisations» (formes «dé-prédicatives» qui comportent des pré- fixes personnels de formes-S et un affixe de thème nominalisant) ne prennent pas, en principe, un préfixe possessif Exceptionnellement on trouve un tel préfixe devant un participe prépositif s-ia-qe-mi-ge ï’ale-x-er ‘mes enfants qui sont restés (quelque part)’, ( 1/PS-POS-P/lR/SU-vers ici-rester-PRF + enfant-PL-ABS) Les masdars forment un cas à part parmi les nominalisations ils se présentent avec et sans préfixes personnels des formes-S Dans le dernier cas on peut trouver un préfixe possessif quand il s'agit d'un verbe intransitif k'°e-n-er ‘le marcher', (marcher-MSD-ABS), sa'-k ’"e-n-er / s-\->-k'“e-n-et «mon marcher, mon allure» Abrfviaiions ABS — désinence absolue, AG — préfixe personnel agent, CO N — affixes connectifs, CAUS — préfixe causatif, DEF — désinence définie, DYN - désinence dynamique, DYn — préfixe dynamique, FUT — suffixe futur 1 (- //<?), FUt — suffixe futur 2 (-na), IMP — suffixe imparfait, IN S — désinence instrumentale, INT — suffixe intensif, MOD — désinence modale, MSD — suffixe masdar, NEG — désinence négative, NEg — préfixe négatif, OI — préfixe personnel object indirect, OP — préfixe personnel objet préverbial. PAR — préfixe «personnel» relatif (dans les participes), PL — désinence pluriel, Pl — préfixe pluriel, pos — position, POS — préfixe-préverbe «possession» (ya-), PRF— suffixe parfait, PS — préfixe personnel possessif (surtout dans les formes-non-S), REC — préfixe «personnel» réciproque; REF — préfixe «personnel» réfléchi, REL — désinence relative, S — dans forme- S: forme comportant un préfixe-sujet, SU— préfixe personnel sujet, S EM — préfixe sémelfactif, ChDz — Chapsoug de Düzce, I — 1ère personne singulier, / — 1ère personne pluriel, 2 — 2ème personne singulier, Il — 2ème personne pluriel, 3 — 3ème personne (singulier) (/// — 3ème personne pluriel) R. Smfets
K’AVK’ASIURl ENATMECN1EREBIS C’RE From 13th to 15th July 1983 there took place within the Linguistics' Department of Hull University, England. a small “Caucasian Colloquium" devoted to questions concerning the languages of the Caucasus (in both the autochthonous and geograpical senses of the term) The local organise! was George Hewitt, who undertook the préparations at the suggestion of two of his fellow-editors for the “Indigenous Languages of the Caucasus" project (forthcoming), Rieks Smeets and Michael Job. The following papers were presented at the Colloquium in the order of then présentation Jost Gippert (Vienna) “The different sources of Georgian onomastics”, Sonja Frits (Vienna) “Caucasian éléments in Ossétie onomas- tics”, Rémy Viredaz (Lausanne) “Proto-Indo-European and North West Caucasian vowel-systems", Michael Job (Bochum) "Proto-Kartvelian and Proto-Indo-European — a Sprachbund9", Tine Amse-de Jong (Amsterdam) “Causatives and half-causatives in East Laz (Turkey)", Donald Rayfield (London) “Georgian dendronyms — pattern and affiliations", Stephen Anderson (Stanford) "On représentations in morphology • case, agreement and inversion in Georgian", George Hewitt (Hull) "On the marking of the direct object with the Old Georgian ‘infinitive’”, Wolfgang Schulze (Bonn) “The Udi ergative construction — shifting towards the nominative type", Simon Crisp (High Wycombe) “Simplification in the Avar démonstrative pronoun- System", Catherine Paris (Paris) “On the non-ergative analysis of Circassian". Rieks Smeets (Leiden) "On reconstructing the consonant-system of Common Circassian (in connection with the publication of M A Kumaxov's ‘Sravnitel’no-istoriceskaja fonetika adygskix jazykov', Moscow, 1981)" Marianne Moor (Zurich) “Classification of the Lezgian verb", and Dee Ann Holisky (Washington) “On the nominatively vs ergatively marked subject in C’ova Tus (Bac)” Also présent at the Colloquium were Martin French (Manchester), John Payne (Manchester) and Martin Pnor (London) It was resolved that this Colloquium should represent the first meeting of the "K’avk’asiuri enatmeenierebis c're", that the second meeting shall be held in the summer of 1984 in Vienna (local organiser to be Jost Gippert), that thereafter meetings shajl be held somewhere in Europe every second year so as
k avk asiuri enatmecnierebis C'RE 353 not to clash with the biennial Caucasian section at the gatherings of the Chicago Linguistic Society, and that participation in “The Circle” be open to every interested party Hull University England B G Hewitt
ANOTHER LOOK AT THE GEORGIAN SPEECH-PARTICLE -TKO//-TKVA’ [This article appeared in German translation in the journal Georgica (Heft 4, Jena, 1981) However, owing to a number of serions errors and omissions introduced by the translater I hâve decided to publish the original English version in order that the line of reasoning may become quite clear to anyone confused by the German version] Two viewsexist as the origin of the Georgian speech-particle /-tko/ /-tkva/, which latter variant is also well attested in the modem language, view (a) is that of Sanise (1973 610), who States that the original allomorph /-tkva represents ‘the 3rd person (sc singular — B G H ) form of the Aorist indicative’ (in other words, we hâve here a specialised use of the verb-form /(man) tkva/ ‘he, she, it said')1, whereas view (b) is offered by Vogt (1971 217), who denves /-tkva/ from the homonymous 2nd person singular of the Aonst subjunctive with the meaning ‘you should say’. And so, from a purely phonetic standpoint there is nothing to choose between the two suggestions2. It is the aim of this paper to examine the evidence in favour of the second of the alternatives described above. Ail commentators are agreed on the context in which /-tko/ is employed. in the formulation of Tschenkéli (1958 I 110), it is used ‘for the représentation of an instruction from the Ist person to the 3rd person through the médiation of the 2nd person' Whilst this is by no means a complété charactensation of the area of usage of this particle. we shall refrain for the moment from any amplification in the belief that it is indeed this environment in which the particle first developed. As far as we are aware, the particle is first found in the 12th century Georgian translation of the Persian taie ‘Visramiani’3. Sanije in his ‘Grammar 1 In Mingreban the corresponding particle is -so . which Kipsidze (1914 G142) also derises from the 3rd person singular of the Aorist indicative, which. in the modem language, is (tik) tku ’he, she. it said', with the consonantal complex tk yielding s in the particle 2 The 2nd person singular of the Aorist subjunctive in Mingrelian is tkua (or tkue ), so that this too could just as plausibly be regarded as the source of -so . with ua yielding o . exactly as in Georgian ’ We wish to thank Miss Tina Ckit'isvili for providing the references both to the 'Visramiani' and to Dohje (1970)
THE GEORGIAN SPEF.CH-PARTIC LE -TKO -TKVA' 355 of Old Georgian' (1976) mentions neither -tko' nor -metki , which is used when a Ist person singular subject is repeating his own original discourse and which quite clearly dérivés from a fusion of me vtkvi 'I said’4 Imnaisvili likewise in his grammatical sketch of the oldest dated Georgian manuscript, the Mravaltavi’ of 864, quotes examples of only the particle -oz (1975 99-100), which is used to mark a direct quotation in ail contexts from which /-tko and /-metki/ are excluded A pre-Visramiani example of a place where '-tkva/ might hâve been expected is Colossians 4 17, where we see that the direct quotation is totally unmarked (1) da arkut arkiposs ek’rçale msaxurebasa mas, romeli miiye uplisa mier, rayta igi ayasrulo 'and say to Archippus “Take heed to the ministry, which thou hast received in the Lord, that thou fulfil it” The fact that /-tkva/ is not attested here and in similar passages does not necessanly imply that the particle was not in use in the contemporary spoken language, as no such particle existed in the prestigious Greek original, the Georgian translators may simply hâve wished to avoid introducing any superfluous element into their text5, but this question is not our prime concern The ' Visramiani' provides four instances of the particle that interests us, and, of these, two occur in one passage, which we now quote. (2) egre moaqsene movida dai seni saq’uareli, moq’uare seni, amovida elvare mze seni, sit ar moelodi, imedisa senisa nisani gamoenda, sit saec'ui ar gkonda ac’ya simart’oe mogasora bedman, sentuis xorasnit on mze gamosulatko da dedasa cemsa gaaxare da moaqsene vesp’isagan mze daeqsna, bedsa suiansa missa gaeyv^a da momarta tavisa guarsa p’at'iosanman tualman ratgan ymertman moabadisgan guiqsna, vitamca q’ovelta c’irtagan qsnil varttko (Gvaxana 1962 110) 'Say thus to him “Thy beloved sister is corne, thy love, thy brilliant sui> has risen, whence thou didst not expect it, a sign of hope has appeared to thee whence thou hadst no suspicion of it. Even now fate has put away loneliness from thee Two suns hâve corne forth from Khuarasan for thee” And cause my mother to rejoice, and say to her “The sun is delivered from the dragon, her happy fate has waked, and the precious jewel has set forth hither to her own race Since God has delivered us from Moabad, we are delivered from ail griefs” ’ (Adapted from Wardrop’s translation) 4 The Mingrelian équivalent is mak(i) from ma ptkvi ’I said’ We may noie that Svan employs the unanalysable particle ij in place both of -mak(i) - -metki and of -so - -tko (at least where -tko is employed in the context presently being examined) 5 In this connexion it is interesting to note that, according to Imnaisvili (1975 99). the most general of the speech-particles -o is only found five times in ail four Gospels
356 B G HEWITT This and the other examples from the same text6 clearly show the context in which our particle plays its basic rôle and thereby corroborate Tschenkéh's formulation translated above, further support, if required, cornes from the two instances in Rustveli’s 'Man in the Pamher's Skin’ (c 1200), namely 103 4 and 158 3 (Sanise. 1956 143) The only modification to Tschenkéli’s formulation is that there need be no specifii référencé to any 3rd person — the introductory verb may be the simple impérative of some verb of saying, e g (3) tkvit, tu met'i gza ar aris, unda say-IMPERATIVE if more way not at-is it-is-necessary vimusaot, opli vic'urot-tko (V Barnovi) we-work-SUBJONCTIVE sweat we-squeeze-it-out-SUBJUNCTIVE ‘Say “If there is no other way, we must labour and work up a real old sweat”' But the question still remains open as to what original meaning is to be ascribed to the particle itself Let us take the following example and ask to whom the Ist person singular pronoun in the direct quote refers' (4) utxari sens cols, me ver moval-tko say-to-her-IMPERATIVE your wife-DATIVE I non-POTENTlAL I-shall-come This is clearly crucial, for, should /me/ be found to refer to ‘the husband’, then /-tko/ can hardly continue to be regarded as deriving from /tkva/ in the sense of ‘he said', as under no circumstances could the speaker in this situation use the Ist person singular pronoun to refer to his addressee. In fact, this is preciselv the reading that Georgians give to this sentence, thereby providing évidence in support ofthesubjunctive as source of the particle concerned. However, in ordei to avoid any possible confusion, some speakers prefer either the indirect équivalent : (5) utxan sens cols, rom me ver moval that ‘Tell your wife that I can’t corne' or the following re-phrased version of (4). (6) cem-ze utxari sens cols, ver mova-tko me-about he-will-come ‘About me say to your wife “He can’t come''-say'' The problem is now to explain why any confusion should attach to (4) in the First place And the answer is surely if a speaker, in the normal speech-situation, utters the Ist person singular pronoun (or a verb-form containing the Ist See p 58 line 1 and p 277 line 24 of Gvaxana's édition
THE GEORGIAN SPEECH-PARTICLE -TKO -TKVA' 357 person singular pronominal affix), the listener’s immédiate response is to assume that the speaker is offenng some information about himself Confusion, therefore, anses as a resuit of a clash between stnct grammatical requirements and context-sensitive expectations Interestingly, the fourth appearance of /-tko/ in the 'Visramiani’ closely resembles example (4) in that reference to the ist person singular is constantly being made throughout the quotation, but the two cases differ in that in the passage from the ‘Visramiani’ the Ist person singular pronouns//affixes refer not to the onginal addressee but to the speaker This, at first glance, seems to argue against denving the particle from the subjunctive, but this is not so, since the introductory impérative is crucially accompanied by the word /cemagier, ‘in my place, instead of me’ (in other words, ‘speak as though you were me, i e ‘use the words I would use, were I to address Ramin myself), e.g (7) moaqsene cemagier: senad mosvlamdis vin darcebis cocxali9 vis uc guli esre seuc’oneli, romel useno cocxal iq’os? tu c’axual, ra semoikce, senman mzeman, cocxalsa veyar mp’oeb. tu cemi sik’udili gec’q’inebis, tana nu c’ahq’vebi, sina dgomis mizezi rame moigone. cuen aka mxiarulni viq’vnet da igi dayrejili da c’irveuli sada-gind iq'os-tko. (Gvaxaria- 1962 277) ‘Say to him from me. “Who will remain alive till thy coming9 Who has a heart so inconsiderate that she could live without thee9 If thou goest, when thou comest back, by thy sun, thou shalt no longer find me alive If my death displeases thee, go not with him, think of some pretext for staying at home. We shall be merry here, and let him (Moabad) go, the melancholy and gloomy one. wherever he likes’” (Wardrop) To underline finally the claim outlined above, we may ask why, if /-tko/ is still to be regarded as denving from the 3rd person singular Aorist indicative, is it never attested in a quote introduced by a verb in the 3rd person, which would logically be the context in which it would be most justified? Only /-o/ may appear on these occasions. One can, of course, imagine contexts in which one might expect two speech-particles to stand one after the other at the end of a quote. In fact, Georgian does not allow such a conglomération of particles, but it is of interest at the présent moment to take one such environment and see how judgments differ according to which particle is actually realised in the text Picture Sura talking to Zurab and uttenng the following snatch of convers- ation : “Zurab, George ’phoned me and advised me to tell you that l’m busy and can't corne”. The logically anticipated example (8) is not possible (8) *zurab, jorjma damirek’a da mircia. [zurabs utxant, [me ar mcalia da ver moval-tko]-o] where the brackets show the domain of each particle. Now if it is /-o/ that is actually realised to give /movalo/, the words /me ar mcalia da ver moval/ MUST be regarded as falling within the immédiate domain of /-o/, which may
358 B G HEWITT here be translater! as 'he said’, such that the meaning becomes ‘George ’phoned and advised me to tell you, Zurab, that he (i e George) is busy and can’t corne’ Whereas if /-tko/ is realised to give /moval-tko/, the first reading of the sentence is that Sura is busy and cannot corne7 It thus remains to elaborate on the earher comment that /-tko/ is not confined to that environment in which we hâve been examimng it thus far If the verb introducing the quotation has a Ist person plural subject, then the speaker has an entirely free choice between the particles /-o/ and /-tko/8, e g (9) cven vtkvit, c’igns vk’itxulobdit-tko // vk’itxulobdito we we-said book-DAT we-were-reading-it ‘We said “We were reading the book’” And /-tko/ may also stand in place of /-metki/ This replacement seems to be particularly charactenstic of West Georgian9, e g (10) vutxari, rom es q’velaperi simonetidanaa camot’anili-tko 1-told-them that this everything from-Simoneti-is brought-down T told them “Ail this has been brought down from Simoneti’” (D K’idiasvili) Certain informants, however. mainlain lhat even with -tko lhe sentence may be rend as meaning thaï George, the ’phoner, is engaged and unable to corne This ambiguity ts somewhai easier to explain than that which we witnessed in (4), for in addition to the arguments put forwatd to account for the possible confusions in respect of (4) arguments which also apply in the présent case - . lhe influence of the meaning attaching to the variant-realisalion with movalo must be strong in the tninds of many speakers here II must, however be admilted that in the following example from C axc'avaje the Ist person pronoun can only be understood as referring to the speakei utxari sens kmars mec dilazed vinaxuleb. say-it-to-him your husband-DAT 1-too in-the-morning I-shall-see-him ymertia moc'q’ale-tko God-is merciful-say 'Tell your husband that. by the gtace of God, 1'11 see him in the morning’ 8 No such choice exists in Mingrelian w'here -so is strictly limited to that context we hâve seen to be fundamental for -tko in Georgian After a 1 st person plural introductory verb in Mingrelian we hâve the particle -ia . which is the counteipart of Georgian -o eg cki btkvit(i). c’ignis bk’itxulenditia we we-said book-DAT we-were-reading-it We said 'We were reading the book'" In Svan the same particle ij is used as is found after a Ist person singular introductory verb. as is seen in this Lasx example provided by Prof A Oniani nay lôkvd, c'igns 13 xvic'vdândad we we (exclusive)-said book-DAT we (exel )-were-reading-it This observation was personnally comraunicated by Sukia Apridoni3e. who also provided examples (3). (10) and (12) West Georgian must here be understood as including the Georgian spoken by lhe Svans in Svanetia, for the substitution of -tko for -metki struck the présent authol as virtually the horm during a recent stay in Mest'ia (Upper Svantetia) This widespredad use of -tko for -metki amongst the Svans is no doubt facilitated by the fact that, as noted above in Eootnote [4J. Svan has only the one particle 13 to perform the functions which in Georgian aie spht between -metki and -tko
IHE GEORGIAN SPEECH-PARTICLE -1 KO -TKVA' 359 (/rom ‘that’ is optionally used together with the speech-particles and does not affect the direct status of the quotation, indirect speech proper results if rom is used without any accompanying speech-particle) We suggest below a possible motive to explain why '-tko/ should hâve been extended to these two contexts, although we cannot see how a proponent of a 3rd person singular Aorist indicative source for -tko could account for such an extension to its privilèges of occurrence It remains to adduce two interesting examples, both of the 19th century, where /-tko is used in place of an expected -o' (11) mec unda mbr3aneboda me-too it-is-necessary it-should-have-been-commanded-to-me tkvengan sen samc’q’sos am by-you-PLURAL your-SINGULAR flock-DAT this-OBLIQUE rigad seertebas rad type-ADVERBlAL union-DAT what-ADV you-hinder-it-for-it ‘I too should hâve been commanded by you (thus) “Why are you blocking this kind of union for your flock (sc panshioners)’”’ (12) rayas mac’valeb, se dalocvilo, agre what-on-earth-DAT you-torment-me you blessed-VOCATIVE thus met'q'odi, rom seni aris-tko (C'avc’ava3e II. 282.16) you-should-have-said-to-me that yours not it-is ‘Why on earth are you tormenting me, confound you — you might (simply) hâve said to me “It is not yours'” In this example the Conditional /met’q’odi/, which properly means ‘you would hâve told me’, is evidently being used in place of the construction /unda getkva cemtvis/ ‘you ought to // should hâve said to me’ Thus, despite the formai différences in surface-realisation, examples (11) and (12) share the contextual feature that a Ist person in advising a 2nd person what words he should hâve uttered in the Past Now we saw above that the essential charactenstic of the environment governing the appearance of /-tko/ is that the introductory verb of saying be in the Impérative, if we now restate that triggering condition in terms of a Ist person instructing a 2nd person on what he is to say in the Present-Future, it becomes apparent that the crucial feature m the spread of /-tko/ to examples like (11) and (12) is the relation between the Ist and 2nd person actants — this relation alone determining whether or not -tko/ is used. without the time-reference of the introductory verb of saying having any décisive rôle to play at ail10 And now that the mechanism which motivâtes the appearance of /-tko' has been stated in such terms, we perhaps hâve a due as to why this particle is 111 It is not known to what extern -tko rather than -o would he used in the modem language with pasl-tense introductorv verbs such as we hâve in (11) and (12)
360 B G HEWITT also used following an introductory verb with Ist person (singular or plural) subject. Once /-tkva ~-tko/ became re-interpreted as a simple particle and thereby lost its original identity as a 2nd person singular Aorist subjunctive with its own Imperative-force, its occurrence was solely dépendent on the satisfaction of the cnterion sketched above Ail we hâve to suppose now is that this conditioning factor was simplified by the omission of any reference to advice being offered to a 2nd person. This would leave as the tngger for the appearance of /-tko/ merely an introductory verb of saying with a Ist person as speaker Dept of Linguistics, Hull University, England B G Hewii t REFERENCES Doli3e, I. (1970) kartuli samartlis 3eglebi, III [Monuments of Georgian Justice, ni] Mecniereba. Tbilisi. Gvaxaria, A and Todua, M (1962): visramiani [The Taie of Vis and Ramin] Mecniereba. Tbilisi Imnaisvili, I. (1975). sinuri mravaltavi — gamok’vleva da leksik'oni [The Sinai ‘Mravaltavi’ — Study and Dictionary]. Tbilisis Universit’et’is Ga- momcemloba. Tbilisi. Kipsidze, I, (1914)- Grammatika mingrel’skogo (iverskogo) jazyka s xresto- matieju i slovarem [The Grammar of the Mingrelian (Ivenan) Language with Chrestomathy and Dictionary], St Petersburg Sani3e, A. (1956). vepxis-t’q’aosnis simponia [Concordance of‘The Man in the Panther’s Skin’] Tbilisis Universit’et’is Gamomcemloba. Tbilisi Sani3e, A. (1973). kartuli enis gramat’ik’is sapu3vlebi [Fundamentals of the Grammar of the Georgian Language] Tbilisis Universit’et'is Gamomcemloba. Tbilisi Sani3e, A (1976): 3veli kartuli enis gramat’ik'a [Grammar of the Old Georgian Language] Tbilisis Universit’et’is Gamomcemloba Tbilisi Tschenkéli, K’ (1958): Einführung in die georgische Sprache I. Amirani Verlag Zurich Vogt, H (1971). Grammaire de la langue géorgienne Universitetsforlaget Oslo Wardrop, O (1966)- Visramiani (Loves of Vis and Ramin) Royal Asiatic Society London
I MANIFESTI DELLA RIVISTA «CISPERI Q’ANC’EBI» Dopo le numerose notizie apparse sulla stampa nel corso del mese di febbraio 1916 che davano per imminente la pubblicazione délia nuova rivista «Cisperi q’anc’ebi», il 28 febbraio 1916 il quotidiano «Megobari» annunciava per quelle stesso giorno, con proclamata sicurezza, l’uscita délia rivista1 II primo numéro délia rivista «Ars» del 1919 collocava invece al 27 febbraio l’anniversario délia pubblicazione dei «Cisperi q’anc’ebi»2 Confortati da queste testimonianze, ormai accolte dalla critica letteraria georgiana corne probanti, si è soliti dunque situare aile fine di febbraio 1916 la pubblicazione, avvenuta a Kutaisi, allora forse il centro intellettuale più importante délia Georgia, del primo numéro délia rivista «Cisperi q’anc’ebi», l’organo teorico e lo strumento pratico deU’omonimo gruppo costituitosi, sempre a Kutaisi, nel 1915. Tuttavia solo con l’apparizione délia propria rivista il gruppo, formato in gran parte da poeti giovanissimi, avrebbe trovato l'ambiente teorico e lo spessore creativo necessari per potersi proclamare guida e speranza delle nuove lettere georgiane. La nascita del nuovo Bund era dovuta in gran parte all’inesauribile attività di P’aolo lasvili che, di ritorno da Parigi dove aveva studiato arte, pretendeva di innestare nel fertile solco délia letteratura georgia- na le nuove esperienze avanguardistiche che allora avevano corso in Francia, e piû in generale di aprire la tradizione culturale del suo paese all’innovazione delle lettere e delle arti europee Al nuovo sodalizio partecipavano promettenti autori, certo animati da altrettanta volontà di realizzazione, corne T’ician T’abije, Grigol Robaki3e, Valerian Gaprindasvili, K’olau Nadira3e, Ivane Q’ipiani, Sandro Cirek’ise cui nel 1918 si aggiunsero Giorgi Leoni3e, Sergo K’idiasvili, Razden Gvet’a3e, Salva Apxai3e, Salva K’armeli, Nik’oloz Mic’isvili e Ali Arsenisvili. Definire il numéro esatto dei cisperq’anc’elebi non è certo facile, anche perché gli stessi lasvili e T’abi3e fornirono versioni diverse sulla consistenza delle proprie file3; risulta comunque acquisito che il gruppo non superô mai il numéro delle tredici unità. Perché, dunque, la nascita di questo gruppo9 Si trattava semplicemente di un engouement occidentalistico da parte di alcuni giovani poeti o era piuttosto il risultato ultimo di una sérié di inattesi mutamenti, la conclusione incoerente di contraddizioni profonde? Corne è noto, l’anno 1915 segna una svolta nelle lettere georgiane. Da un lato si ha la morte, a distanza di pochi mesi, dei due ultimi grandi délia letteratura- Akaki C’ereteli e Vaza-Psavela (mentre Ilia C’avc’avaje era scomparso pochi anni prima) con i quali, si puô dire, finiva un’intera epoca senza che si potessero contare successori capaci di raccogliere. 1 «Megobari», 1916, 121 2 «Golubye Rogi», in «Ars», 1919, 1 3 «Barik’adi», 1922, 5 e 1924, 1
362 L MAGAROTTO e sviluppare, un cosi ingombrante retaggio, d’altra parte assistiamo aile prime prove, individuali e isolate, di giovani poeti corne Al Abaseli, I Grisasvili e Galak'tion T’abise che tentano di percorrere nuove, e originali, vie nella poesia georgiana E’ qui che prende inizio l'avventura dei cisperq'anc'elebi, anche se non si produceva interamente dal nulla, dal momento che essi poterono trovare nell'elaborazione teonca e nella creazione poetica del loro coéquipier, l’eccentrico Grigol Robakije, di qualche anno più anziano di loro, l’appoggio ideale e l'indicazione concreta per la propria definitiva affermazione Tuttavia alla loro iniziativa deve essere riconosciuto, se non altro, un primo e indiscusso merito, quello di avéré condotto, con estrema decisione, la poesia georgiana a cercare nuovo respiro nelle più recenti esperienze avanguardistiche europee Il manifesto di P’aolo lasvili, pubblicato sul primo numéro délia rivista con il titolo P'irveltkma (La prima parola), è nvelatore a questo proposito Alla maniera di un mistagogo consumato, egli si propone di rivolgere il suo «sermone» a tutti «i poeti, ai sognatori e al popolo di Georgia»4 per iniziarh a un nuovo, inaudito verbo, e fin dall’inizio egli lascia trasparire l’influenza del manifesto-programma avanguardistico, il piacere per la negazione dei valon acquisiti, il gusto per la distruzione delle convenzioni, il compiacimento per la propria esaltazione I cisperq’anc’elebi si ergono subito a vendicatori e giustizieri• «Per la morte di molti siamo nati noi ( ..)», atteggiandosi ad eroi in un paese di deboli, «dove gli abitanti hanno perduto la grazia dell’audacia» Essi sono gli unici coraggiosi che sconfiggono le tenebre délia tradizione e indicano il nuovo cammino da intraprendere. «Con il nostro nuovo splendore abbiamo fatto luce sull’essenza oscura délia Georgia e a coloro che avevano smarrito il sogno, abbiamo indicato la via verso l’azzurro tempio del futuro» Armati di una parola venefica che brucia corne l’acciaio bollente, essi si dichiarano poeti sovrani, sono, corne direbbe Blok, «i pochi che sanno, i simbolisti» che, seduti su un alto trono («Dans une apothéose — afferma Mallarmé — il [le poète] siège sur un trône d’ivoire, couvert de la pourpre que lui seul a le droit de porter et le front couronné des feuilles géantes du laurier de la Turbie »5), esigono da parte di ognuno una dichiarazione di sudditanza Già dalle prime enunciazioni del suo manifesto, P’aolo lasvili svela la sua frequenta- zione di due correnti fondamentali délia letteratura europea, e russa il simbolismo e il futurismo. Innanzi tutto la pubblicazione di un manifesto rientra in quelle caratteristiche che sono tipiche del Bund. del gruppo avanguar- distico e non già délia scuola simbolista Conseguentemente anche l’impostazione stessa, la fattura del manifesto non è un’invenzione di lasvih ma è mutuata con evidenza dai proclami futuristi italiani e russi, che si urta. tuttavia, con il linguaggio adottato esoterico, ieratico, iniziatico, di chiara imitazione simbolista e che, usato nel 1916, dénota un ricercato epigonismo, un Kitsch perseguito e, in fondo, una volontà di autoironia. Contrariamente a quanto afferma una giovane ricercatrice georgiana per la quale nel manifesto di P’aolo lasvili gli elementi futuristi sarebbero soltanto «casuali»6, egli attua in 4 P lasvili. P hxellkma, in «Cisperi qanc'ebi». 1916. 1 D’ora in poi, lutte le citaziom non dltnmenti indicate saranno traite da questa fonte ' S Mallarmé, S\mphonie /itieiabe. in Œuxies complétés, Paris 1945. p 262 6 Cfr L Avaliani, P ao/o lasxili, Tbilisi 1977. p 45
1 MANIFESTI DELLA RIV1STA «C1SPERI Q ANC EBI» 363 realtà un'operazione teorica postsimbolista tendente a intridere delle nuove conquiste avanguardistiche i risultati migliori del simbolismo I cis- perq anc 'elebi. proclamandosi i glorificaton «délia parola nuova, austera, audace» e i creatori «di parole strane, incomprensibili», si situano assai viciai aile varie dichiarazioni (S/ovo kak takovoe, ecc , ecc ) dei futuristi russi più che al mestiere deU’artista simbolista che, nella definizione ivanoviana, toglie con dita sensibili i veli che ostacolano la nascita délia parola o all’effetto musicale perseguito con tanta insistenza nella poetica di Verlaine Questo loro perseve- rare, in particolare, sull’aggettivo «gabeduli» (coraggioso, audace) che, corne è noto, è uno dei cardini del manifeste del futurisme italiano «Il coraggio, l’audacia, la ribellione, saranno elementi essenziah délia nostra poesia»7, contribuisce, senza dubbio, a dar corpo a quella operazione postsimbolista di eut dicevamo Ma di futurisme il manifeste di lasvili è irrigato nella sua interezza Essi si dichiarano per la «gioia violenta», esaltano «la grazia délia distruzione» («Noi voghamo distruggere i museï, le biblioteche, le accademie d’ogni specie» proclamava il Manifeste del Futurisme italiano8), rifiutano il passato («il passato ci soffoca», sostenevano i cubofuturisti russi9), irridono «alla serenità e alla bellezza illuminate dalla tenera luce délia luna» per deftnirsi cantori e paladini «dell’emozione, del rumore e délia velocità» («Noi affermiamo — sono parole di Marinetti — che la magnificenza del mondo si è arricchita di una bellezza nuova’ la bellezza délia velocità»lü) In sintonia con i precetti del futurisme i cisperq anc elebi mirano a trasformare «la Georgia in una sconfinata città di sogno dove il rumore delle vie, dalla vita intensa, sostituisca lo smeraldo dei campi in fiore» • siamo all'apoteosi delle fabbriche e dei cantieri, all’esaltazione delle automobili e delle locomotive, alla glorificazio- ne delle lune elettriche e del volo scivolante degli aeroplani Ma essi riconosco- no d’aver contralto un debito anche nei confronti del simbolismo, e forse, in parte, del movimento parnassiano, non solo quando si dichiarano fratelli di Verlaine, Baudelaire, Mallarmé e Rimbaud, ma anche, ad esempio, quando rivelano di «vivere nella luce e nell’ebbrezza» e pretendono di «meravigliare il mondo con il proprio narcisismo», ma la loro frequentazione dei simbolisti francesi si manifesta soprattutto nella perseguita sinestesi che avrebbe dovuto intridere i loro versi «Nelle nostre canzoni vedrete la policromia e l’allegra danza dei colori farà impazzire i vostri sguardi tremolanti», nella volontà di raccogliere, dall’esperienza europea, la scoperta delle associazioni diverse, costanti e simultanée corne procedimento fondamentale per rinnovare la poesia georgiana Secondo la migliore tradizione avanguardistica, i cisperq'ane'elebi si sentono accerchiati da numerosi nemici afoni cantori, castrati, storpi e ciechi che insidiano dappresso il manipolo di coloro che sanno, i portatori délia verità e del nuovo Di qui la necessità di organizzarsi per la «terribile lotta», rivelando finalmente cio che sono dinamitardi e incendiari, nelle cui «mani di fuoco orgogliosamente bruciano accecanti micce» Animati da una furia antipassatista, esteti délia negazione, nemici di Manifeao del Iuiuiiimo, in Mmineni e il Futuiimi. Milano 1973. p 5 8 Ibidem Polcëiimi obliesnennomu lAuvu, in Liteiatuinie nwnifesh Moskxa 1929 p 77 lü Manifesta del Fuiuiismo cit
364 L MAGAROTTO ogni tenerezza, essi si rivelano corne i conseguenti eredi del futurisme europeo e russe, e, corne quegli avanguardisti, anche essi prendono le messe dal grande solco simbolista, per approdare, perd, a risultati assolutamenti nuovi, e diversi1 ' I cisperq anc elebi transformarono le bettole di Kutaisi in caffè parigini dove con i rauchi suoni di qualche organetto, si udivano anche i nomi di Edgar Poe e Charles Baudelaire, di Friedrich Nietzsche e Oscar Wilde, di Andrej Belyj e Aleksandr Blok!2 Sovente organizzavano serate di poesia con il fine dichiaia- to di schernire e irridere, alla maniera avanguardistica, le convinzioni del pubblico di Kutaisi présente, il quale di norma reagiva scompostamente e le serate si concludevano solitamente tra urla e lazzi Nella primavera e nellestaie del 1916, i cisperq’anc elebi erano diventati J’argomento letterario. e di costume, d'obbligo per la stampa di Kutaisi che di frequente ne riportava le avventure11 12 * Singolare risonanza riscosse la serata letteraria orgamzzata al teatro di Kutaisi il 7 giugno 1916 nel corso délia quale P'aolo lasvili, corne riportarono diversi giornali14, espose i principi letterari e poetici del propno gruppo, affrontando in particolare la teoria dei due movimenti letterari cui si richiamavano i cisperq'anc’elebi, il simbolismo e il futurisme, fornendone, a quanto viene riferito, una singolare, e originale, interpretazione Nel dicembre del 1916 usciva il seconde e ultime numéro délia rivista «Cisperi q’anc’ebi», mentre nel numéro di febbraio del 1919, l’organo «Meocnebe niamorebi»,dove scrivevano soprattuttoxcisperq’anc 'elebi, annun- ciava l’imminente pubblicazione di un terzo numéro dei «Cisperi q’anc’ebi». riassumendone perfino l’indice Anche sulle pagine del primo numéro délia rivista «Ars» del 1919 si promettevala pubblicazione di questo terzo numéro per la fine di febbraio, ma per una sérié di circostanze di cui non si è a conoscenza, la rivista non fu mai data aile stampe Sui secondo numéro dei «Cisperi q’anc’ebi», bisogna nlevare corne teorica- mente intéressante il manifesto, corne egli stesso lo defini nella sua Avt'obiograpiidan (Autobiografia)15, di T’ician T’abi3e, la cui prima parte era già stata pubblicata sui primo numéro délia stessa rivista con il titolo Cispot q’anc’ebit (Con i corni azzurri). T’it’e T’abi3e, che allora studiava ail Université di Mosca, dove, tra l’altro, scrisse questo suo manifesto. a differenza, e, diremmo, in contraste con lasvili, tenta di recuperare interamente la teoria, l’insegnamento e la scuola del simbolismo francese e russo. alla cui dottrina egli propone di reinterpretare tutta la letteratura georgiana16 Dette altrimenti, T’abi3e manifesta di voler sviluppare un proposito artistico che gia era stato elaborato da colui che non a torto é considerato da alcuni corne il teorico dell’avanguardia georgiana. Grigol Robaki3e «Partendo dal presup- 11 Ci pare ehe quesia presenza futunsta sia ben colta nello studio di M Abulaje, Lit c-icit mu1 mimdinareobata istoriidun meene sauk unis kentu! nu erlobasi. Tbilisi 1977. al contrario di quani» accade in L Avaliani, op cit 12 Cfr G Robakije, Giuzinskij niodeinizni, in «Ars». 1918, 1 11 Cfr L Avaliani, op cit '* Cfr «Samsoblo», 1916, 173 e «Cemi megobari». 1916, 79 15 T T'abije, Ast obiograpiidan, in Leksi mec q eri, TbJisi 1962. p 8 16 Cfr G Xerxeulije, Tanamedrcne kartuli p oezia Tbilisi 1977, p 59
I MANIFESTI DELLA RIVISTA «CISPERI Q'ANC EBI» 365 posto — afferma Robakise — che l’Oriente è più simbolico deU'Occidente europeo, ho sempre pensato che la Georgia, quale scheggia deU’Oriente, puô essere definita interamente secondo le linee del simbolismo ( ) Di qui il mio compito, di carattere puramente artistico, è stato quello di dare una forma creativa aile profonde concezioni deU'Oriente georgiano mediante la tecnica, uso questa parola nel suo significato originale, del simbolismo europeo»17 Nello stesso anno del suo manifesto, il 1916, T'abi3e esprime un analogo intendimento anche con i versi famosi «Gapizis vardi me P'rudonislcavde vazasi fBesik’is baysi vrgav Bodlerisfborot’ q’vavilebs »18 che di li a qualche anno sarà ripreso da Giorgi Leoni3e nei versi seguenti «P oeziasi, togou rumbsi caq'udebuli./Q vêla c'veneb.si. q'vela sxamsi suli cavac’e / Art’ia Rembostan borot' t q'up'ad caxut'ebuli / Madgamen gvirgvins Teimuraz da C'avcava^e »19. Mutuando una nozione dello scrittore e critico francese Remy de Gourmont, il cui Livre des masques era stato tradotto in Russia nel 1913 ottenendo una singolare fortuna, T’ician T’abi3e scopre che al «popolo georgiano piace la maschera» perché esso ha «una immortale anima d allure che vuol essere sempre diverse, che ama teatralizzare la vita Perché — egli si chiede — s’imbelletta la donna georgiana? Non è certo un tributo alla moda, ma un fenomeno che ha una lunga storia nel nostro paese e la cui causa è valida ancora oggi si tratta deU’anima dell’attore e délia teatralizzazione délia vita»20 e il simbolismo è «appunto la filosofia di questa maschera», corne verità seconda, rimando all’altro, il non visto, l’occultato dalla maschera «Per questo — egli conclude — il simbolismo ci è necessario» T’abise non risulta essere particolarmente preoccupato dal fatto che la filosofia simbolista arrivi da altri paesi perché è sicuro che il popolo georgiano ha la forza di filtrare, attraverso la propria appercezione nazionale, cio che délia nuova filosofia sente più vicino, corne è accaduto con Rustaveli che, pur sotto l’influenza di altre culture, ha saputo creare il grande poema Vepxist q'aosani (Il cavalière dalla pelle di pantera) dove «profondamente si esprime l'animo georgiano» Cosi corne la nuova cultura, anche l’artista georgiano dovrà essere in futuro un punto d’incontro tra la tradizione orientale e l’innovazione occidentale, tra Rustaveli e Mallarmé, il riunificatore délia parola georgiana e l’espressore del moderno europeo. Conseguente con i precetti délia nuova dottrina, T'abise svela l’importanza délia parola (o meglio délia comunicazione linguistica) corne parte déterminante del fatto simbolico Di qui egli riconosce la necessità di estendere i limiti del senso (non ancora délia significazione che, corne rileva Julia Kristeva, sarà il tema su cui indugerà l’avanguardia europea del XX secolo), abbatterne le barrière alla ricerca di una nuova Bedeutung testuale Nel 17 G Robakise, GruzinsKi} niodeinizm cit 18 «Nel vaso di Prudhomme io metto di Hafiz la rosa, nel giardino di Besiki sentino i fiori di Baudelaire», in T T'abije, C ignidan « Kaldeas Kaiakebi» Lart poétique. in «Cisperi q'ancebi». 1916, 1 19 «Nella poesia corne in un otre sono entrato In tutti i succhi. in tutti i veleni ranima ho temprato /Ad Arthur Rimbaud corne a un gemello ribaldo mi sono abbracciato, ed ora délia gloria di Teimuraz e C’avc’avase sono stato incoronato», in G Leonise. t op oi t rei i. in « Meocnebe niamorebi», 1921, 6 20 T T'abije, Cisperi q anc ebit, in «Cisperi q'anc’ebi», 1916, 2 D'ora in poi. tutte le citazioni non altrimenti indicate saranno traite da questa fonte
366 L MAGAROTTO rispetto del segno, egli sembra suggerire unïnterpretazione délia scrittura corne moltiplicatnce di senso o un’esperienza dei limiti, ossia crittogramma, geroglifico dell'esperienza intenore. insomma una tecnicadel fantasma Ci pare di poter affermare che T'abi3e, diversamente da lasvili, si muove ancora in un’area prefuturista e perciô tutta simbolista alla quale egli riconduce l’intera esperienza del movimento futurista europeo intendendola, nella sua parte migliore, corne la continuazione dell’opera di Mallarmé o anche un approfon- dimento e uno sviluppo dei nsultati del simbolismo nel suo insieme Una simile enunciazione non è certo priva di acume, conoscendo ora noi il debito contratto dal futurismo nei confronti del simbolismo, ma è nello stesso tempo riduttiva perché riconosce al movimento futurista soltanto una limitata funzione innovatrice oltre l'ambito simbolista, sottovalutando il ruolo svolto quale iniziatore délia nuova stagione letteraria del XX secolo, la stagione delle avanguardie Fin dal nome scelto, i membri del gruppo Cisperi q’anc ’ebi(I corni azzurri, o più propriamente, cerulei) intendono simbolicamente rappresentare un punto di incontro tra la cultura europea e la IVeltanschauung georgiana Azzurro. ricorda T'ab^e, è il mistico flore di Novalis, e l’azzurro è il colore dell'ossessione mallarmeiana, è uno dei colori amati da Blok (Sinij, sinip sini] vzor21), che si ritrova nella tradizione cromatica del folclore e délia letteratura georgiana (si pensi solo a Baratasvili «Cisa pers, lurzsa per.sjp irvelad kmni/sa pers»22), mentre i corni, colmi di vino, sono per i georgiani il simbolo per eccellenza dell'ospitalità e deU'amicizia Seguendo questa via, per cosi dire, di confluenza tra le due culture, l’orientale e la occidentale, T'abi3e ritrova nel verso di Rustaveli un’ininterrotta difesa del primato délia musica che fa di lui un precursore délia magia musicale di E A Poe e di Paul Verlaine Taie difesa sarà poi continuata nei versi di Besiki, che per i terni linci, la ricchezza delle rime, la precisione delle nuances, puô essere defînito un antenato del simbohs- mo, corne Ronsard lo è stato per i francesi e Tjutcev per i russi. Questo apeito tentativo di rivisitare l’intera letteratura georgiana seconde i principi del simbolismo è certo condotto acutamente perché T’abi3e non rimuove i pericoh incombent!, anzi li evidenzia e li denuncia, corne la confusione che si stava ingenerando tra allegoria e simbolo che concludeva a forzature evidenti e a interpretazioni grossolane Seconde gli insegnamenti dei simbolisti russi (Bal’mont. Brjusov, ecc ), l’allegoria, che era stata tipica del simbolismo medievale, raffigurava un’immagine corne illustrazione di un’idea astratta. di un concetto, mentre nel simbolo moderne doveva crearsi un equilibrio tra immagine e idea, per cui l'immagine restava indipendante e virtualmente poteva esprimere più concetti, idee, sensazioni, stati d’animo Tuttavia, questa precisazione tabiziana è senza dubbio prefuturista perché in quegli stessi anm l’avanguardia era impegnata in un formidabile tentativo di estendere i limiti del significabile moltiplicando le significazioni del simbolo fine a renderle m pratica di numéro infinito (che equivaleva in sostanza ad annullarle tutte) e 21 A Blok O w\>enienn<>ni wsioimui iiissko^o simholiznia in Poluoe Sobianie Sminemi V i’l V. Moskva-Leningrad 1962. p 430 22 «11 colore del cielo l'azzurro II colore per primo creato » m N Baratasvili Ts'zulebani Tbilisi 1968 p 113
I MAN1EFSF1 DELLA RIVISTA «CISPERI Q'ANC EB1» 367 pervenendo in questo modo all’analogia, corne vittoria del segno e conseguente rivoluzione linguistica Con i loro perentori manifeste i c isperq une elebi, seppure tra palesi contrad- dittorieta teoriche, hanno saputo creare una piattaforma artistica attorno alla quale hanno fondato in Georgia il primo gruppo letterario, secondo il costume délia letteratura europea del Novecento, gettando in questo modo le basi per gli ulteriori sviluppi avanguardistici che la letteratura georgiana avrebbe conosciuto negli anni Dieci e Venti Resterebbe da indagare la cornspondenza dei principi sostenuti in quei mamfesti con la loro opéra creativa, con i loro versi raffinati. ma tutto cio. esulando dal tema che ci siamo fissati, si puô solo proporre corne materia di futura, stimolante ncerca Luigi Magarotto Università di Venezia
LA LITTÉRATURE GÉORGIENNE* La première période ( VL'-XC siècle) La langue géorgienne appartient à la famille des langues ibéro-caucasiques et serait, selon certains savants, apparentée au basque L'alphabet géorgien, qui représente probablement une ramification indépendante de l’alphabet phéni- cien, comporte deux formes d’écriture l’ecclésiastique (majuscule et minuscule) et, à partir du XIe siècle, l’alphabet militaire ou profane, qui est en usage aujourd’hui. Les origines religieuses Le premier témoignage incontestable de l’existence d’une littérature géor- gienne est Le Martyre de Chouchanik, écrit dans les années 476-483 pai le confesseur de la sainte, Jacob Tsourtaveli, qui donne dans son ouvrage un tableau expressif des moeurs politiques, sociales et religieuses de la Géorgie de l’époque II est évident que la littérature géorgienne a dû connaître une assez longue évolution jusqu’à la composition d’une œuvre aussi parfaite que Le Martyre, où la langue atteint une puissance d’expression d'une singuheie grandeur La Géorgie est un pays dont la personnalité culturelle est fortement marquée Située au pied du Caucase, elle est au confluent de deux courants de pensée celui du christianisme mystique et émotionnel de l’Orient ancien, venant de Syrie et de Palestine, et le courant rationaliste et philosophique, venant de l’Occident sous la forme de la théologie gréco-byzantine De ces deux courants, la Géorgie a fait une synthèse absolument originale que l’on a coutume d’appeler la chrétienté géorgienne, dont la tradition s’est conservée jusqu’à nous grâce aux œuvres littéraires Parmi toutes les Églises de l’Orient ancien l’Église géorgienne est la premieie — et la seule, après le schisme des autres Églises nationales — à être demeurce fidèle au monde gréco-byzantin Rappelons qu’elle échappa à la crise icono- claste (726-843) La littérature de cette période est exclusivement religieuse * Extrait de 1 Etu \dopaeiUa l iiivet sn/is, T 7
LA LITTÉRATURE GÉORGIENNE 369 Outre de multiples traductions de l’Ancien et du Nouveau Testament, les genres narratif et lyrique figurent au tableau littéraire de l'époque La littérature narrative se compose d’apocryphes et d’hagiographies Cette dernière l’emporte pour la richesse de ses productions. À la fin du Xe siècle, les écrits essentiels de l’hagiographie gréco-orientale avaient été traduits En outre, les Géorgiens ont réalisé d’intéressantes «vies de saints», notamment la Vie de sainte Nino, évangélisatrice de la Géorgie (337), et des Vies de héros du monachisme national’ Serapion de Zarzma, Les Treize Pères s\ riens, ets La Vie de Grégoire de Kandzta apparait comme la plus importante des œuvres proprement géorgiennes Elle fut rédigée par Georges Mertchoulé, l'un des ascètes du monastère que Grégoire avait fondé L’ampleur de la perspective historique, la manière dramatique de traiter le sujet, la description précise des scènes, les tableaux de la nature brossés avec des couleurs captivantes, la façon pittoresque d’admirer la nature, de la diviniser — phénomène rare dans la littérature religieuse — font la valeur de l’ouvrage L’élément romantique de la vie féodale géorgienne l’a pénétré avant de s’épanouir dans d’autres formes plus tardives. Les centres littéraires géorgiens à l'étranger Ce sont les monastères géorgiens à l’étranger qui ont avant tout favorisé le développement de la littérature géorgienne ancienne Parmi les centres les plus importants, citons la laure Mar-Saba près de Jérusalem, fondée en 483, c’est là que furent traduits ou composés la majeure partie des manuscrits géorgiens du Sinaï, où se réfugièrent les moines géorgiens, chassés de Mar-Saba par les Arabes Le fonds géorgien du Sinaï contient quatre-vingt-cinq manuscrits dont l’ancienneté confère à la collection une importance exceptionnelle pour les études de critique textuelle biblique, de patrologie grecque et de philologie byzantine. Le Calendrier palestino-géorgien de Jean Zossimé, conservé au Sinaï, traduit en latin et édité à Louvain par Gérard Garitte, comporte plus de onze cents annonces hagiographiques ou liturgiques et constitue un document unique par son ancienneté, son ampleur et la nature de son contenu Le monastère d’Iviron, au mont Athos, fondé en 980, fut un haut lieu de la vie spirituelle géorgienne de l’époque. La littérature géorgienne s’enrichit alors d’innombrables versions de textes grecs, dues aux talentueux écrivains de l’école athonite et à leurs disciples Euthyme l’Hagiorite (f 1028). Georges l’Hagionte (t 1065), Arsen d’Iqualto (+ 1130) de la Montagne noire (Arsen retourna en Géorgie pour y fonder l'académie d’Iqualto en 1114), le philosophe Jean Pétritsi, de l’école littéraire du monastère géorgien Pétritsoni, fondé en
370 K SALIA Bulgarie en 1003 Répondant à l’appel du roi David le Bâtisseur, il vint en Géorgie pour diriger l’académie de Ghélati, fondée par le roi C’est à l’école athonite d’Iviron, et notamment à Euthyme, qu’on doit la traduction en grec de l’une des versions géorgiennes du roman Barlaam et Joasaph qui est à l’origine de toutes les rédactions postérieures de ce livre répandues à travers l’Europe La tradition géorgienne a conservé des œuvres d’auteurs orientaux que la littérature grecque n’a pas connues ou qu’elle n’a point gardées œuvres de Syriens comme Aphraate et Martyrius-Sahdona, œuvres d’Egyptiens telles que les Lettres de saint Antoine, d Arsène, de Macaire, des histoires édifiantes jointes au Pré spirituel, des textes traduits du syriaque, comme la Vie de saint Ephrem, de Pierre libère, que certains savants identifient avec Denys l’Aréopagite, la Vie de Syméon stylite l Ancien, ainsi que le Commentaire sur le Cantique des Cantiques, le Commentaire de PEcclésiaste, La Séparation des Eglises, le Grand Lee tionnaire de Jérusalem, dont la découverte et la publication comblent une lacune de dix siècles d’histoire liturgique, la Vie de Simeon Métaphraste, la Vie de Jean Xiphilirt, etc Le genre ly rique est représenté dans la littérature religieuse de la première période par la poésie hymnographique Son origine se situe au VIE siècle, dans les milieux littéraires de Tao-Klardjétie apparaît toute une phalange d’hymnographes remarquables, tels Zossimé, Jean Mintchki et surtout Mikhaél Modrékili avec son célèbre «recueil d’hymnes». La poésie liturgique géorgienne acquiert une véritable indépendance nationale, se sépare complète- ment des normes grecques, elle inclut même dans les recueils hymnographiques grecs les œuvres géorgiennes originales. De la littérature religieuse aux lettres profanes La pensée et l’histoire Aux XIe-XIIe siècles, la Géorgie est un puissant royaume qui englobe tout le Caucase C’est l’époque de la reine Tamar, l’âge d’or de l’histoire de la Géorgie En même temps que s’épanouissent diverses branches de la littérature pure- ment théologique, sont posées les bases de la littérature philosophique, principalement religieuse, tandis que la littérature historique représente une étape intermédiaire entre la littérature historique religieuse et la littérature profane. Dans le domaine de l’historiographie nationale, l’attention se fixe en premier lieu sur les artisans de la puissance politique et de la renaissance nationale du pays, sur les représentants de la dynastie régnante des Bagratides L’un de ces derniers, Sumbat Davitisdzé, relate l’histoire de sa dynastie jusqu’au VIe siècle, liant au nom des Bagratides toute l’histoire ultérieure du pays. Un autre historien, Léonti Mrovéli, écrit Histoire des premiers pères et des premiers rois. Vient ensuite Djouancher qui prolonge l’œuvre de Mrovéli
LA LITTÉRATURE GÉORGIENNE 371 jusqu'aux premières années de Georges II (1072-1089) Puis le moine Arsène, l’auteur de l'Histoire de David le Bâtissent, terminée aus environs de 1126 L'Histoire de ht reine Tamat ( 1184-1212), beaucoup plus intéressante du point de vue littéraire, est parvenue en deux rédactions La plus ancienne, écrite vers 1225, dont la paternité est attribuée pai certains au poète Chota Roustavéli, est une véritable ode en l’honneur de la «grande» reine «égale à Dieu», «dont le règne fut préparé par tout le cours de l'histoire mondiale anterieure» La première œuvre de littérature profane que l'on connaisse est le poeme épique Vis-Ramiani. version géorgienne du poème persan Lis et Raminn Le roman héroïque Amiran-Darejaniani, qui conte les exploits chevaleresques d’Amirani, le Prométhée géorgien, est un autre échantillon de la prose géorgienne du XIIe siècle L’épopée de Chota Roustavéli Vepkis-Tqaossani ( L Homme à la peau de léopard), de Chota Roustavéli est l’œuvre la plus représentative de la poésie épique de l’époque «classique» Dédié à la reine Tamar, ce poème qui, plusieurs siècles avant la Renaissance de l’Europe occidentale, reflétait des idées humanitaires appartient au nombre de ces œuvres du passé qui ont conservé jusqu'à nos jours une valeur de norme et de modèle indépassable C’est la longue histoire des souffrances ardentes, des tourments, des pérégrinations indéfinies et des exploits héroïques de deux couples royaux, amoureux jusqu’à l’abnégation Tous les épisodes de ce vaste poème se déploient sur le fond de l’opposition entre ces deux manifestations fondamentales de l'âme humaine que sont l’amour passionné et le sens du devoir qui se manifestent par le dévouement fraternel et l’amitié à toute épreuve L’intérêt de l’ouvrage ne réside pas seulement dans le charme du récit, qui se lit d’un bout à l’autre avec un intérêt qui ne se relâche pas, mais aussi dans le fait qu’il est pailleté d’expressions imagées, d’aphorismes profonds, de senten- ces édifiantes et de maximes divertissantes à caractère philosophique, moral et didactique II constitue ainsi une source intarissable de sagesse et d’expérience de la vie, où chacun puisait selon ses besoins Bien que l’action se passe dans les pays d’Orient, ce poème reflète avec une étonnante précision tous les détails de la vie de la société féodale géorgienne de l’époque de la reine Tamar, de cette société chrétienne qui, par sa structure sociale et sa conception du monde, était étroitement apparentée à la société d'Europe occidentale De l'invasion mongole à l âge d'argent Le milieu du XIIIe siècle marque la fin de la littérature géorgienne ancienne, fin provoquée par un terrible fléau qui s’abattit sur le pays l’invasion mongole
372 K SALIA qui entraîna la destruction impitoyable des monuments de la culture matérielle et spirituelle Au XVe siècle, les Turcs succédèrent aux Mongols et s'emparèrent du berceau de la culture géorgienne, le Tao-K.lardjeti-Samzké, dont ils con- traignirent les habitants à embrasser l'islam II est évident qu’il ne pouvait dès lors plus être question d'activité culturelle, ni en Géorgie ni en dehors de ses frontières Avec le XVIe siècle commence la «période de la renaissance» ou encore l'«âge d'argent», qui s'étend jusqu’à la troisième décennie du XIXe siècle Elle est marquée par un renouveau de la litérature géorgienne, qui se manifeste dans tous les domaines De nombreux écrivains apparaissent qui pénètrent profon- dément dans l'esprit de la vie contemporaine et la reflètent avec précision La littérature épique est représentée par des œuvres de caractère romantique, historique et didactique, comme Roussoudanicini, Châh-Navciziani et Did- Moouraviani Les figures les plus éminentes de l'âge d’argent de la littérature géorgienne sont Saba-Soulkan Orbéliani (1658-1725), le roi Vakhtang VI (171 1-1737), fondateur de l'imprimerie géorgienne, et David Gouramichvili (1705-1792) Saba-Soulkan Orbéliani fut le plus brillant styliste de son temps Parmi ses œuvres il faut mentionner le Lexique géorgien. Concordance, répertoire alpha- bétique des lieux saints, et surtout La Sagesse du mensonge, où il plaide en faveur d’une éducation démocratique de l'héritier du trône Le recueil com- prend environ cent soixante-deux fables, sentences, aphorismes et anecdotes En 1713, Saba fut chargé par le roi Vakhtang VI d'une mission diplomatique auprès de Louis XIV et du pape Clément XI, à la suite de cette mission, il écrivit Le l'otage en Europe, qui constitue le meilleur échantillon de la littérature mémorialiste géorgienne La période russe romantisme et littérature contemporaine En 1801, après une histoire plus de deux fois millénaire, la Géorgie fut annexée à la Russie et devint une province périphérique d’une monarchie bureaucratique. Les œuvres littéraires reflètent alors toutes les péripéties de cette sombre époque. Le romantisme nationaliste L’idéalisation du passé, l'évocation des beautés d’une patrie ardemment aimée alimentent la tendance romantique de la littérature géorgienne des premières décennies du XIXe siècle, dominée par les écrivains A Tchavtchavadzé, G. Orbéliani et N Barathachvili Nikolos Barathachvih (1817-1845) est un maître incomparable de la poésie romantique géorgienne a
LA LITTÉRATURE GÉORGIENNE 373 laquelle il donne une résonance universelle comme chantre des aspirations communes à tous les hommes Grâce à la puissance de son verbe poétique qui se distingue par la profondeur philosophique de la pensée, le poète disperse les ténèbres de son époque, il s’efforce d'éclairer par des idées avancées la vie confinée d’alors et de dévoiler les vastes horizons où «le cœur ne connaît pas les tourments et où l’esprit ignore l’angoisse» Barathachvih lance un défi au sort, il veut dominer une époque de tristesse et de malheurs pour sa patrie Son poème Merani (Le Pégase), chef-d’œuvre de la poésie romantique, est une apologie passionnée de la recherche de voies nouvelles pour un avenir meilleur de l’humanité. Le héros de Barathachvili veut briser les fers de la destinée, il va de l’avant sans se soucier des menaces, traverse les abîmes pour tracer par son exploit le chemin du bonheur pour les générations futures Deux noms surtout illustrent les dernières décennies du XIXe siècle et le début du XXe Ilia Tchavtchavadzé (1837-1907) et Akaki Tséréthéli (1840- 1915) qui ont profondément marqué la vie culturelle et politique de la nation Ils apparaissent sur la scène littéraire au moment de l’intense politique de russification menée par les tsars Porte-parole de toutes les espérances nationa- les et animateurs du mouvement de libération, ils ne restent indifférents à aucun problème relatif à la vie de leur pays. Critiquant sévèrement la politique russe, ils ressuscitent dans la mémoire de leurs concitoyens les plus belles pages de l’histoire de la patrie et célèbrent ce qui peut exalter le peuple dans sa lutte pour la libération Les poèmes Vision, Le Lac de Basaleti de Tchavtchavadzé, Le Poignard, Tornike Eristavi et Natéla de Tséréthéli sont écrits dans cet esprit. Ils sont devenus des chants patriotiques dont la popularité franchit même les frontières de leur pays Leurs auteurs sont les créateurs de la nouvelle littérature géorgienne, ainsi que de la langue moderne La nation les désigne par leur prénom- Ilia, Akaki, en signe de grande affection. Vaja-Pchavéla (1861-1915), leur contemporain, non moins important, relève d’un genre tout différent d’inspiration poétique. Aucun poète de survivance païenne n’a réussi comme lui à se faire l’écho des mythes traditionnels de son pays et à les revêtir d’une forme vivante II semble créer comme un génie impersonnel et l’on croirait parfois que la fantaisie collective des siècles successifs a collaboré à son œuvre. Il lègue des poèmes, de la prose, des esquisses historiques, ethnographiques, où se reflète avec éclat son extraordi- naire talent. Tout ce qu’il a écrit est animé d’un patriotisme sublime. Vaja- Pchavéla est un peintre incomparable du Caucase. Il est le confident de ses secrets. Les paysages qu’il a créés sont aussi immortels que la nature elle-même. Ses grands poèmes sont Le Mangeur de serpents, Gogotour et Apchina, Baktrioni.
374 K SALIA Romanciers et poètes Les prosateurs géorgiens du début de XXe siècle maintinrent et enrichirent les traditions de la littérature géorgienne classique Une des premières places parmi ces écrivains revient à Niko Lordkipanidzé (1880-1944), maître du réalisme critique géorgien, dont l’œuvre ouvrit de vastes perspectives à la prose des temps nouveaux Mikheil Djavakichvili ( 1880-1937) est l’un des fondateurs du roman géorgien d'après la révolution d’Octobre II peignit principalement des personnages frappés par le malheur, mis au ban de la société et condamnés On chercherait en vain dans ses œuvres des artisans de la vie nouvelle, des héros contempo- rains Dans la plupart des cas, ils ne sont que sous-entendus Les plus importants de ses ouvrages sont Le Kizani de Djako et Arsène de Marabda L’accumulation des événements historiques, le grand nombre de personnages et la complexité du sujet n’ont pas empêché l’écrivain d’ordonner le tout en une harmonieuse composition II est mort tragiquement en 1937. Constantiné Gamsakhourdia (1891-1977) est célèbre, non seulement en Géorgie, mais également au-delà de ses frontières II soutint la conception de l’art pour l’art, faisant siens les principes esthétiques de l’impressionnisme allemand Son premier écrit important consacré à la réalité soviétique est un roman en trois volumes, L’Enlèvement de la Lune, qui décrit la lutte des classes dans un village au moment de la collectivisation de l’agriculture La critique soviétique reprocha à l’écrivain d’avoir, dans ce roman, représenté le monde révolu avec une certaine sympathie et quelque nostalgie. Gamsakhourdia se consacra ensuite aux romans historiques Sa Dextre du Grand Maître (traduit en français, en anglais et en allemand) et la tétralogie David le Bâtisseur sont des œuvres capitales du roman historique géorgien soviétique. Quatre noms dominent la poésie géorgienne contemporaine Le premier est celui de Galaktion Tabidzé (1892-1959), poète des grands bouleversements sociaux qui se produisirent dans le pays au tournant du XXe siècle, alors que tout le peuple se lançait hardiment dans la lutte pour la liberté nationale-et sociale Le poète dit lui-même qu’il a été engendré par la sublime aurore du soulèvement révolutionnaire Dans ses poèmes se reflète la vie nouvelle de la Géorgie, sa poésie est tout entière un hymne enflammé à la patrie qui l’a conçu et mis au monde La musique de ses vers, leur lyrisme envoûtant confèrent aux œuvres de Tabidzé une force saisissante Ghiorghi Léonidzé (1899-1966) appartenait à l’école des symbolistes géor- giens Olifants bleus, groupant de nombreux poètes de talent. Leur chef spirituel était le philosophe et écrivain Grigol Robakidzé, mort en exil. Ce cercle a joué un rôle important dans le développement de la poésie géorgienne. Mais son
LA LITTÉRATURE GÉORGIENNE 375 activité, de plus en plus restreinte apres la soviétisation du pays, devait prendre fin La poésie de Léonidzé est une véritable encyclopédie des pensées, des aspirations et des joies de son peuple Toutes les forces de la vie alimentent son œuvre. Il n'y a pour lui ni bon ni mauvais thème Tout chante sous sa plume Irakli Abachidzé (né en 1909) se désigne lui-même dans l’une de ses œuvres comme «poète de la vie nouvelle et des fleurs» Il défend le droit du poète à la diversité et à la richesse des sentiments, des intérêts, des émotions Poète d’inspiration libre et de ton absolument naturel, il est le plus fidèle continuateur de la tradition poétique classique géorgienne Au nombre de ses poèmes les plus remarquables figurent Sur les traces de Rustaveli et Palestine, Palestine, écrits après son voyage à Jérusalem en 1962, lors d’une mission scientifique au monastère géorgien de la Croix qui permit de découvrir le portrait de Roustavéli et une série de documents relatifs aux dernières années du poète Bouleversé d’émotion, saisi d’inspiration poétique, Abachidzé écrivit Palestine, Palestine, avec la passion, l’audace et la précision d’un maître profondément pénétré d’un thème privilégié II a su recréer l’image du célèbre humaniste solitaire et a réussi de façon merveilleuse à transposer cette confession poétique du XIIe siècle dans notre époque moderne Grigol Abachidzé, né en 1914, est l’auteur d’un grand nombre de poèmes lyriques, dont le premier vit le jour en 1938, peu après qu'il eût achevé ses études supérieures à la Faculté des lettres de l’Université de Tbilisi La même année voit paraître son «Printemps de la ville noire», viennent ensuite «Ghiorghi VI», «Le Caucase vainqueur», «La vision de Zarzma», inspirés par les combats historiques du peuple géorgien Grigol Abachidzé a également publié des romans: «Lacharéla», «Une Longue nuit», «Les Ides de Mars». On lui doit enfin des pièces de théâtre et des traductions en géorgien, de différentes langues, notamment du français Fidèle aux traditions multiséculaires de la littérature géorgienne, la poésie de Grigol Abachidzé magnifie en premier lieu la douceur et la force du sentiment national, l'énergie du peuple, la beauté inspirée de la nature La poésie de G Abachidzé contient aussi une vision pleine de fraîcheur et d’intuition du monde intérieur, des sentiments, des résonances secrètes de l'âme, elle dépeint le monde des souvenirs de l'enfance et l’émouvante insertion du passé dans le présent Pour écrire ses ouvrages, G Abachidzé a fréquenté assidûment les chroni- ques géorgiennes et s’en est imprégné de telle sorte que non seulement il restitue le coloris de l'époque, mais qu’il fait revivre l'âme géorgienne pro- fonde, celle qui transcende les siècles et touche le lecteur qui y reconnaît un
376 K SALIA message personnel et actuel, remarque Dom B. Outtier dans son compte- rendu (B.K. XXXVI) La littérature géorgienne compte aujourd'hui toute une pléiade de jeunes romanciers et de poètes de talent, qui, s'appuyant sur les solides traditions nationales, s’efforcent de préserver dans leurs œuvres la présence de l’esprit de la littérature géorgienne de tous les temps Kalistrat Salia Bibliographie Kékflidzf K., Kartuli literaturis istoria, t I et II, Tbilisi, 1960, 1966 (Histoire de la littérature géorgienne) Kékelidzé K., Etiudebi dzveli kartuli literaturis istoriidan, t III et IX, Tbilisi, 1955, 1963 (Etudes sur l'ancienne littérature géorgienne) Baramidzé Al. et Kékélidze K , Dzveli kartuli literaturis istoria, Tbilisi, 1955, 1969. (Histoire de l'ancienne littérature géorgienne) Baramidzé Al., Narkvevebi kartuli literaturis istoriidan, I-V, Tbilisi, 1970-1971 (Études sur l’histoire de la littérature géorgienne) Baramidzé Al., Radiani Ch., Jghénti B , Istoria grouzinskoii literalurii, nouv éd., Tbilisi, 1958. (Histoire de la littérature géorgienne) Abuladze L, Kartuli tseris nimuchebi (Spécimens d'écriture géorgienne Album paléographique), Tbilisi 1949 Métrévéli E., Zlispirni da ghvtismchoblisani (Hirmoi et Théotokia), Tbilisi, 1971 Marr N , Ghiorghi Merchulé Jityé Grigoria Khandzskogo Teksti i raziskama po armiano-gruzinskoi philologhii, vol VII, S Pétersbourg, 1911 Kékelidzé K., lerusalimsky kanonar VII veka, Tiflis, 1912 Tarchnischvili M., Le grand Lectionnaire de /'Église de Jérusalem (Ve-Vllc siècle), t I, Louvain, 1959, CSCO, vol 188. Salia K., La littérature géorgienne, Bedi Kartlisa, du vol. XVII-XVIII au vol XXVI, Paris, 1964-1969 Baramidzé Al , Gamezardachvili D , Georgian Literature, Tbilisi Université Press, 1968. Salia K , Les moines et les monastères géorgiens à / étranger, Bedi Kartlisa, vol VIII-IX, Paris, 1960 Briêre M , Lettres géorgiennes chrétiennes, Journal Asiatique, 1957, t CCXLV. Peeters P , Histoires monastiques géorgiennes, Bruxelles, 1923 Chanidzé A , Le monastère géorgien en Bulgarie et son typikon Version géorgienne du typikon avec traduction russe, Tbilisi, 1971 Chanidzé A., Dzveli Kartuli enis gramatika (Grammatik der altgeorgischen Sprache), Tbilisis Universitetis Gamomcemloba (1976). Garittf G , Catalogue des manuscrits littéraires géorgiens du Mont Sinai. CSCO, vol 165, Subsidia 9, Louvain, 1956
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COMPTES RENDUS Wolfgang ScHULZt, Die Sprache der Uden in Nord-Azerba/dzan Studien zur Synchronie und Diachronie einer siid-o'ctkaukasischen Sprache Wiesbaden Otto Harrassowitz, 1982, XVIII-313p, 24 cm Les Oudis, ainsi qu'en témoignent la toponymie aussi bien que les historiens, ont jadis été beaucoup plus nombreux et ont occupé un espace beaucoup plus vaste que les quelques milliers d’habitants des trois villages actuels Ils représentent, pour reprendre l’expression de G Dumézil, les restes d’une «chrétienté disparue, les Albaniens du Caucase» L’importance de leur ancien- ne culture rend urgent d’en sauver les dernières traces, et l’on ne peut que se réjouir de ce que le Dr. K -H Schmidt ait suggéré à l’un de ses élèves de travailler sur ce thème La première grammaire oudi a été publiée en allemand A Schieenlr, Versuch über die Sprache der Uden, St-Petersburg, 1863, en cent vingt ans, de grands progrès ont été faits dans la connaissance des langues du Caucase, surtout des langues du groupe de l’est II faut notamment signaler la parution des grammaires de E Jeiranisvili et V Pancvije, toutes deux en langue géorgienne, qui datent respectivement de 1971 et 1974, et du Dictionnaire de V Gukasjan, également de 1974 Certaines langues du groupe lezgui sont ainsi beaucoup moins accessibles que l’oudr on annonce pour cette année seule- ment, par exemple, un petit dictionnaire budux, langue pour laquelle une grammaire détaillée fait toujours défaut Pour revenir à l’oudi, il était donc possible de reprendre à frais nouveaux l’étude de la langue, et l’ouvrage qui est ici recensé est le premier travail de ce genre en Europe occidentale. Il s’appuie, bien sûr, sur les études publiées en U R S S , dont on trouvera une bibliogra- phie presque exhaustive à la fin de l’ouvrage, p 303-313 Le volume se divise en cinq sections (Abschnitt), de longueur variable Vient d’abord une «topique», p. 3-11, qui situe géographiquement et statistiquement les Oudis et résume l’histoire de l’étude de la langue Une deuxième section consiste en textes, accompagnés d’une traduction juxtalinéaire - ce sont deux des contes publiés par A. Dirr en 1928 ainsi que les chapitres 1 à 5 de l’Evangile selon S Marc, d’après l’édition de 1902 Dans la traduction, l’imparfait est souvent rendu par un présent, alors que l’aspect imperfectif est très sensible. Be’ysun, en face d'aksun, a posé un
380 COMPTES-RENDUS problème p 146, note 212, l'A avoue qu’il ne voit pas comment les différencier Be'ysun signifie regarder, il se construit donc régulièrement avec l’ergatif, aksun signifie voir et se construit avec le datif, comme les autres verbes de perception. Mc 4,12 teqoaksa doit se traduire nicht-ilinen-sehen Ayant ainsi fourni à son lecteur des échantillons de la langue, auxquels il renverra en priorité dans les exemples illustrant les sections suivantes, l’A donne dans la troisième partie l’exposé grammatical, p 57-202 Cette section se subdivise en Phonologie, p 57-91, Morphologie, p 92-189 et Syntax, p 190- 202 La phonologie repose sur des données livresques (p 69)' aussi l’A n'ose-t-il pas conclure en certains domaines spéciaux, voire propres à l’oudi Les voyelles pharingalisées peuvent se réaliser seules et ne sont donc pas, du point de vue phonologique, liées aux consonnes (Trubetzkoy) Il faut bien reconnaître que la confusion est accrue en ce domaine du fait que les divers auteurs qui ont eu contact direct avec des locuteurs oudis, ou sont eux-mêmes Oudis, ne donnent pas des descriptions concordantes des phonèmes Selon Gukasjan, a pharinga- lisé manque dans le dialecte de Vartachen, néanmoins, on le rencontre dans l’Evangile. Mc 1,27, 1,35, 3,3 — pour ces formes, le dictionnaire de Gukasjan donne i pharingalisé La discussion sur la série plus complexe de consonnes «sibilantes moyennes», p 81-83, aurait pu intégrer utilement, semble-t-il, les données de l’étymologie, si souvent mises à profit dans le reste de l'ouvrage Dans uc etmu’ca’, c est le réflexte de *<< Le z de zikpi. Mc 1.26, est également prononcé très emphatiquement Ne faut-il pas conclure que pour certains au moins des phonèmes de cette série, il y a autre chose qu’un lieu d’articulation pré-alvéolaire? Cela manifeste en tous cas que l’un des besoins les plus urgents en la matière est la réalisation d’études phonométriques rigoureuses La morphologie se répartit à peu près également entre noms-pronoms, p 92- 142 et verbe, p. 143-189 Les analyses sont claires, en général prudentes, en ce qu’elles soulignent la part d’hypothèse qui affecte les nombreuses propositions nouvelles L’A , qui connaît et juge bien les travaux de ses prédécesseurs, semble bâtir surtout sur une intelligente logique structurelle des formes et fonctions, sans jamais négliger la comparaison avec les langues du groupe lezgui, ce qui sera du reste l’objet propre de la section suivante Les pluriels nominaux en -ur. que l’A. (p 99) connaît uniquement par le Dictionnaire de Gukasjan, sont déjà attestés par la grammaire manuscrite de 1842: sumur, muzur, cilur, etc L’oudi est une mine pour les typologistes, car c’est une langue où l’on peut assister aux processus d’unification (il y a encore douze suffixes du pluriel nominal), de réinterprétation sous l'influence de langues d’autres groupes: arménien, persan, turc azéri (perte de la construction ergative pure) Le datif en -u, écrit l’auteur p. 114, semble utilisé uniquement avec racine amplifiée; ici encore, la grammaire de 1842 suppose muzu vs muzex Le 16,24, cilu vs cillu<cilnu Mt 13,31, etc La rare lexicalisation en locatif du datif en -ix, signalée p. 114, n. 110, est encore attestée par xasix, dans la lumière, Mt 10, 27, à côté du datif xasnu(x) Jn 11,9; 12,36 — de même pour l’ablatif qui en dérive xasixo Le 1,26 vs xasnuxo Jn 3, 19 Les formes du
COMPTES-RENDUS 381 pronom pers 2 p pl datif en e'fa'(x), p 127, ne sont pas caractéristiques du dialecte de NiJ, on les rencontre dans l’Évangile Mc 1,8, 1,17, 3,28 etc La place du pronom personnel n’est pas indiquée dans la formation du futur, p 158, elle peut être à la fin, comme en tabassaran (Dirr, conte 1. 1 22) pour le futur1, elle varie pour le futur2 en tête pour les racines simples avec la négation (Le 9,5, 13,35), brisant la racine (Dirr 2,24), entre les deux termes pour les racines composées (Le 11,49) Les racines brisées, caractéristiques de l’oudi, ne sont pas les restes d’un système de classe, argumente l'A p 169, accepterait-il d’y voir la conséquence possible d’une réinterprétation après la disparition des préverbes9 La particule -g/-, outre son rôle conditionnel, sert aussi de conjonction pouvant régir la proposition complément du comparatif Dans ce cas, signalé sans explication par Pancvi3e et l'A., p 165, elle est suivie du pronom personnel suffixe, avec ellipse du verbe outre Mt 10,15 voir Mt 11,22, 18,13, Le 15,7, 18,14; Jn 3,19, 12,43. La négation nae- est donnée sous la forme naei- par la traduction des Evangiles. Elle s'y trouve plus d’une fois avec le futur2 sans -gi-’ Mt 21,21, 23,39, Jn 5,19, 16,7, 20,25 Doit-on l’interpréter alors comme la contraction régulière en dialecte de NiJ naei- < nae- gi-l En Jn 19,11, on lit nâgi- La négation nut/nut, forme habituelle pour les substantifs — elle régit donc surtout les masdars et les participes -- n’est pas signalée p. 181, serait-elle une contraction de nu-te"7 Voir Mt 23,39, Jn 3,36, 8,10 Le gérondif de postériorité «Konverb der Nachzeitigkeit» est analysé, p 188-189 en -ma (et variantes), l’A s’écarte ainsi de l’analyse traditionnelle du morphème: -ama, sans fournir de justification pour cette nouvelle analyse La 3° section se conclut par une brève mais suffisante syntaxe L’hypotaxe ne paraît exister que par influence des langues voisines non caucasiques. Le point le plus marquant est constitué par les divers degrés d’évolution de la construc- tion ergative. Une petite distraction, p 198, fait dire à Jeiranisvili que la postposition -cirik régit le cas absolu (saxelclobr signifie à savoir, et non nominatif) jeiranisvili indique, p 120-121, deux cas régis, génitif et superessif Personne d’autre ne signale le génitif- il faut peut-être y voir une tendance récente à aligner -cirik sur le modèle de la majorité des postpositions, qui régissent le génitif. La section IV, p. 205-278 est sans contredit la plus neuve elle définit «la place de l’oudi dans le groupe des langues lezguis» Après une rapide présentation des neuf autres langues du groupe, l’auteur passe en revue les principaux essais de classification depuis Güldenstàdt Puis il compare l’oudi aux autres langues pour la phonologie, la morphologie (indice de classes, pluriel, déclinaisons, pronoms personnels et démonstratifs, préverbes, noms de nombre de 1 à 10 et 20-100 est annoncé, mais non présenté) Le domaine des numéraux, bien étudié déjà, est particulièrement stimulant, car il manifeste presque toujours une unité des langues avar-andi-dido-lezguis. C’est la premiè- re fois, à ma connaissance, qu’une comparaison d’ensemble embrassant toute la phonologie et la morphologie, est présentée Elle confirme, bien sûr,
382 COMPTES-RENDUS l’appartenance de l'oudi au groupe lezgui, mais on remarquera que l’A. suggère à plusieurs reprises une date élevée pour la séparation de l’oudi d’avec le groupe «urlezgisch» et son évolution autonome (p 246, 276) Une remarque de détail, p 230, la pharingalisation est présentée comme un phénomène secondaire, au moins pour l’arci, avec renvoi à l’ouvrage posthume de E. A Bokarev, Sravitel'no-istoriceskaja fonetika vostocnokavkazskixjazykov (Moscou 1981, disons-le en passant, ce livre est à manier avec précautions, en particulier la documentation oudi, antérieure à la parution du Dictionnaire de Gukasjan, est faible) Si je comprends bien Bokarev, il dit au contraire. «La pharingalisation est ancienne en arci, mais secondaire au voisinage de q» La dernière section, p 282-293, «Oudi et albanien du Caucase» est une brève présentation des trois articles de S. N. Mouraviev, juste parus au moment de l’achèvement du livre - une première lecture confirme en effet la proximité de l’albanien des anciennes inscriptions et de l’oudi parlé aujourd’hui. L'ouvrage se termine par un index des mots cités dans les sections III à V et par la bibliographie C’est parce que cette monographie sur un sujet neuf en Occident est intelligente et stimulante que j’ai dépassé les bornes habituelles pour une recension, et que je me suis permis d’apporter quelques compléments et rectifications de détail Puisse l’auteur ne pas abandonner ce thème, aller sur place vérifier la phonologie et participer à cette tâche urgente- recueillir et publier le patrimoine de cette langue jadis écrite, devenue orale, et qui est menacée Quelques pages seulement ont été publiées depuis cinquante ans c’est trop peu pour sauver une tradition Souhaitons que le livre de W S. contribue à susciter des vocations pour réaliser cette œuvre Dom Bernard Outtifr Abbaye de Solesmes
COMPTES-RENDUS 383 M van Esbrofck, Barsahée de Jérusalem sur le Christ et les églises, Patrologia orientalis, t 41. fasc 2, n° 187, 1982, 111 p (152-255) Comme il l’écrit avec humour «le nom de cet évêque de Jérusalem n’évoque, pas grand chose à qui s’est occupé de patristique» En fait, M v E nous avait donné les seuls renseignements dont on disposait ac- tuellement — à part les mentions ne signalant que l’existence de la pièce — dans sa précieuse thèse- «Les plus anciens homéliaires géorgiens Étude descriptive et historique» (Louvain-la-neuve 1975, passim) C’est heureux qu’il nous présente maintenant l’édition et la traduction intégrales de cette pièce mystérieuse, qui présente ses plus grandes affinités avec les écrivains du IIe (Justin, Irénée) et surtout du IIIe siècle (Hippolyte). M v E croit per- sonnellement que pour l’essentiel le texte grec (qui a été traduit directement en géorgien, sans intermédiaire arménien) remonte à cette haute époque, il refuse néanmoins de repousser absolument l’hypothèse d’une composition des V-VIe siècles La mariologie de cette pièce ne nous semble pas postérieure au IVe siècle Le texte est attaché à Jérusalem comme à son lieu de naissance Dans une remarquable introduction — qu’il était sans doute le seul à pouvoir écrire — M v E. noue d’abord les témoignages (grecs et arméniens) relatifs à Barsabée. on y trouvera la traduction de la lettre de Juste IV de Jérusalem et de celle de Grégoire Arzrouni sur la fête de la Présentation, une deuxième partie donne le plan, très structuré, de la pièce (alors que les articulations sont élémentaires’ «venons-en maintenant» 8 fois, «voyons encore» 7 fois) Les parallèles patristiques sont très documentés La théologie est rassemblée sous les principaux chefs, typologie, l’Église, les sacrements, christologie. S’il faut regretter que cette pièce très intéressante ne nous soit plus connue que par un seul manuscrit (du Xe siècle), copié sur un modèle lacuneux, il faut davantage se réjouir de ce qu’ainsi elle ait échappé à la totale disparition. Grâce au travail très important de M v.E., une fois encore, — et ici, dans les meilleures conditions possibles — un texte originaire de Jérusalem, perdu dans l’original grec et conservé uniquement en géorgien, nous est rendu accessible Abbaye de Solesmes Dom Bernard Outtier
BÛCHER AUS GEORGIEN SPRACHWISSENSCHAFT [Sanije, Akaki] Schanidze, Akaki Altgeorgisches Elenientarbiich 1 Teil Grammatik der altgeorgischen Sprache Aus dem Georgischen von Heinz Fahnrich/Elementaruli cigni 3vel' Kartuli enis sescavlad I-li naçili 3vel> Kartuli enis gramatika Kartulisagan targmna Haine Penrixma [Gramma- tika drevnegruzinskogo jazyka Perevel s gruzinskogo Ch Fenrich (Staats- universitât Tbilissi Schriften des Lehrstuhls für altgeorgische Sprache 24/DzvKEKSr 24) Tbilisi TU gam-ba, 1982, 197 p Es handelt sich um eine Übersetzung des vor sechs Jahren erschienenen Handbuchs (^veli Kartuli enis gramatika (= 3veli Kartuli enis katedris srome- bi 18). Tbilisi TU gam-ba) Dieses Buch inhaltlich zu besprechen, würde auf eine Auseinandersetzung mit weiten Teilen der vom Verfasser seit Jahrzehnten entwickelten grammatischen Théorie des Georgischen hinauslaufen Die Ken- nerschaft und Autoritât Akaki Schanidzes braucht nicht hervorgehoben zu werden — sie ist bekanntlich unvergleichlich Die Besonderheit des vorliegen- den Bûches liegt darin, daB es gleichzeitig sehr knapp gehalten ist (nur die Darstellung von R. Zwolaneck, cf B K 36 (1978) 372-374, ist kürzer) und sich durch vollkommene Klarheit und Übersichtlichkeit auszeichnet, andererseits aber eine verblüffende Vollstandigkeit im Detail und Anschaulichkeit durch zahlreiche Beispiele aufweist Dem Übersetzer, der seit Jahren nicht nur als Kaukasist hervorgetreten ist, sondern sich auch durch zahlreiche Übersetzun- gen groBe Verdienste um die georgische Kultur erworben hat, gebührt Dank ob der sachkundigen, gewaltigen Arbeit, die er geleistet hat. Besonders bemer- kenswert ist auch die Tatsache, daB dies Buch unter so schwierigen Bedingun- gen so schôn und vor allem fast druckfehlerfrei gedruckt worden ist, die Korrektoren und Drucker sind zu bewundern. Wenn hier noch einige kritische Anmerkungen zur Terminologie folgen, so geschieht dies in der Hoffnung, daB recht bald eine Neuauflage die Gelegenheit zu einigen Korrekturen geben môge. Im folgenden schreibe ich die beanstandeten Formen in Klammern hinter den Korrekturvorschlag, Z = Zeile, A = Absatz 8 Es wâre besser, dem q den Namen «Koppa» hinzuzufugen, auch müssen Uneingeweihte denken, q sei die griechische Buchstabenform —§ 19etpassim entweder sollte es immer «unsilbisch» oder immer «nichtsilbisch» heiBen — §20 kumsva 'Vokalreduktion' oder ‘Synkope’ («Zusammen- schrumpfen» ist gar kein grammatischer Terminus). «Koniraktion», <<kontrahieren». das hier und §§ 30. 150 et passim gebraucht wird. ist etwas anderes, umgekehrt kann in § 29d sercqma mit ‘Kontraktion’ f Verschmelzung’) übersetzt werden — § 39 et passim mimariulebili wird meist passend mil dem verbreiteten ’Direktionaf ("Richtungskasus ) ubersetzi, ‘Aditiv’ finde ich nicht besser — § 39 unisno hier ‘endungslos’ ('unbezeich- net") — § 86 sercqmu/i saxelebi sinngemâfi handelt es sich um Dvandva-Komposita. ’zusammengeschlossene Nomina’ ist mir als grammatischer Terminus unbekannt — § 90 et passim Mir ist unverstandlich, warum "Transitivitat’ überall durch 'Transitât ersetzt wurde — § 129 Es ware wohl gunstig gewesen, statt 'Thema' gleich uberall
COMPTES-RENDUS 385 ‘Stamm’ einzufuhren, zumal sich diese Gleichsetzung in § 150 findet und das Themazei- chen (nicht ‘Themenzeichen’, cf ‘Themavokal’) tatsâchlich dem Stammbildungsele- ment (ggf dem ‘Themavokal’) der Indogermanisten entspricht — §130 imisno ‘zeichenloses’ oder ’affixloses’ (‘merkmalloses’) — §238 mimaitehili niiniarteba ‘Rela- tivpartikeln", ‘Relation/Beziehung’ (‘Hinwendungspartikeln’, ‘Hinwendung’) In vielen Fallen ware ein internationaler Terminus dem deutschen vorzuziehen (auch im Hinblick auf nicht-deutsche Benutzer) § 36, § 56 et passim ’determiniert’ (‘be- stimmt’), § 56 ‘Determinans’, ‘Determinandum’ (so auch § 267 et passim) (‘Bestim- mung’, ‘Bestimmtes’), — §37 ‘Genus’ (‘Geschlecht’) und ‘Maskulinum, Femininum, Neutrum’ (‘mannlich, weiblich, sachlich’) — §49 ‘Appellativa (Nomina communia)’ (‘allgemeine Nomina’) — § 52 ‘Apposition’ (‘Zusatz’) — § 56 ‘Kongruenz' (‘Uber- einstimmung’) (aber §261 et passim ‘Kongruenz’) — §70 ‘Possessivnomina’ (‘Nomina des Habens’). — §79 ‘Kollektivbezeichnungen’ (‘Sammelnamen’) — §112 ‘perfektiv’ (so in § 126) (‘vollendet’) — § 228, 3 A ’Kasus' (‘Falle, aber ‘Kasus’ eine Zeile darüber) — § 235 ‘disjunktive Konjunktionen’ (‘trennende’) — § 235 ‘adversative Konjunktionen’ (‘entgegenstellende’) — § 268 ’Numerus’ (so auch in der Überschrift) (‘Zabi’) —Esgibteinige Versehen in der Übersetzung, die aber kaum sinnentstellend sind Erwahnenswert sind am ehesten §163,2 A , letzte Z ‘schwacher Laut’(‘labiler Laut’) — § 163, letzter A. ‘voi Vokalen Null’(‘Nullstelle’) § 179, 2 A ‘durch Austausch von Subjektszeichen gegen entsprechende Zeichen des indirekten Objekts’ usw (‘durch den Wechsel von den Zeichen der Subjektspersonen auf die Zeichen der indirekten Objektspersonen’ usw ) — §226, letzter A ‘derjenige, der trunken ist’ ist unverstand- lich, wenn man nicht weiB, daB das Subjekt von ‘trunken’ im Georgischen im Dativ steht (visac sirays) — §280 ‘der wegen Aufruhrs und Mordes ins Gefàngnis geworfen worden war‘ (‘der um Aufruhrs und Mordes willen ins Gefàngnis geworfen war’) — § 283 ‘warest du hier gewesen, ware mein Bruder nicht gestorben' (‘wurde mein Bruder nicht sterben’) — § 68, 2 A ‘Euer Wort/eure Rede «Ja» sei «Ja», und «Nein» «Nein»’ (‘Eure Rede sei Ja ja und Nein nein’ — diese Übersetzung zerstôrt die grammatische Pointe an dieser Stelle ’) Das Buch wird das Studium des Altgeorgischen sehr erleichtern Erfreuli- cherweise arbeitet der Verfasser auch an einer Chrestomathie mit Glossar Damenia, Meri Kartuli zmnuri morpemebis slrukturuli modelebi / Strukturnye modeli glagol’nych morfem v gruzinskom [R 263-271] (SMA, Aghml). Tbilisi: Mecniereba, 1982, 272 p Diese strukturelle Beschreibung des georgischen Verbs beruht auf der Ana- lyse eines Korpus von 300.000 Formen ’ Die Verfasserin gehôrte um 1960 zu den Pionieren der maschinellen Übersetzung in Géorgien, mehrere ihrer Aufsàtze sind 1960-61 in den beiden ersten Banden der Zeitschrift: SMA, Elektronikis, avtomatikisa da telemekanikis instituti: Sromebi / ANGSSR, Institut elektro- niki, avtomatiki i telemechaniki : Trudy (heute : Mankanuri targmani / Masin- nyj perevod) erschienen. Das unmittelbare Ergebnis dieser gewaltigen Arbeit ist der zweite Teil der vorliegenden Bûches- ein vollstàndiges Lexikon aller georgischen Prâfix- und Suffixkombinationen mit deren grammatischer Be- stimmung und Beispielen, die manche Überraschungen bereithalten, sowohl was die Prâfixe (Formen wie z.B. ukusemo(-gvibrunda) oder garsemof- mixvia)) betrifft, als auch die Komplexitat der Suffigierung (Formen wie (ga- g-a-kan-eb-av-eb-)in-eb-d-e-t fallen einem nicht sofort ein, wenn man über georgische Verbformenspricht...). — Im ersten Teil untersucht die Verfasserin das georgische Verb von einer Art «item-and-arrangement»-Ansatz aus
386 COMPTES-RENDUS insbesondere beschreibt sie die «ranks» (L Bloomfield) der morphologischen Struktur, d h Positionen, mit deren Hilfe man «coocurrence restrictions» beschreiben kann, und zwar unmittelbar nach dem Vorbild von H. A Gleason; dabei wird unterschieden zwischen der Position eines Morphems in einer gegebenen Wortform (poziciuri adgili) und der Position, die aile Allomorphe eines Morphèmes bezüglich der Position aller anderen Morphème aller Verb- formen einnehmen (rangi, rigiti adgili) Einen breiten Raum nimmt naheliegenderweise die komplexe Beziehung zwischen Form und Bedeutung ein Das Georgische gilt als «agglutinierende Sprache», aus den Abweichungen von den dafür typischen Form-Inhalts- Beziehungen ergeben sich nun allerlei Problème diskontinuierliche Morphe oder bei der «Rang» zuweisung das doppelte Auftreten eines Morphs (wie in aket-eb-in-eb-s und ca-v-sul-v-ar), vor allem aber UnregelmâBigkeiten verschie- dener Art bei den sog Charaktervokalen Diese treten nicht immer mit der Bedeutung und unter den syntaktischen Bedingungen auf, die im Normalfall zu erwarten sind (transititive Verben mit passivem e-, Verben ohne indirektes Objekt mit u- usw ) Die verschiedenen Faite werden mit viel Beispielmaterial belegt, manches verdient als rein deskriptives Detail Interesse, z.B die Beob- achtung, daB zu den e-Passiv oft mehrere «dreipersonige» Aktivformen mit gleicher Bedeutung, aber verschiedenem Charaktervokal gehôren (p 91-92) egli^eba vs hgle^sjugle^sl agle^s is mas tansacmels, miesivnen vs miusiesfmiasies inecxvareebma ^aylebi mgels, ekacreba vs hkacravsjakacravsl ukacravs kata bavsvs saxes etc — Besonderen Wert legt die Verfasserin auf die Feststellung, daB in der gleichen morphologischen Position nicht beliebige Morphème erscheinen kônnen, sondern nur solche, die einer Kategorie angehôren und in diesem Sinne in einer Identitàtsbeziehung (z.B das i- der subjektiven und das i-/u- der objektiven Version) oder «relativen» Identitàtsbeziehungzueinander stehen. Z.B steht das /-der subjektiven Version nach Auffassung der Verfasserin insofern innerhalb der Kategorie Genus verbi als Aktiv in Opposition zum Passiv, als das i- der subjektiven Version zwar kein Aktivmorphem ist, aber — da es nur im Aktiv vorkommt — dieses Genus verbi «beinhaltet» (itavsebs), ebenso ist e- kein Zeichen der objektiven Version, sondern ein Passiv-Morphem, aber da es notwenigerweise die objektive Version beinhaltet (von UnregelmâBigkeiten abgesehen), ist e- ein «potentiel- les» Zeichen der objektiven Version, ohne daB es als Versionszeichen gelten kann und ohne daB die objektive Version im Passiv etwa das Allomorph e- hâtte — es gibt ja auch Passive mit i-ju- — Wàhrend manche dieser Problème sich sicher durch den Beschreibungsansatz selbst ergeben, gehôrt die hier aufgeworfene Frage, inwieweit die Paradigmen in einer morphologischen Position semantisch begrundete Klassen bilden, wahrscheinlich zu den interes- santesten Problemen der Morphologie, die in diesem Buch angesprochen werden Flonti, Aleksandre [Glonti, Aleksandr] Pilologis canacetebi / Zapiski filologa Tbilisi Sabcota Sakartvelo, 1980, 410 p. Der Band vereinigt 48 «kleine Schriften» des Verfassers aus den letzten 45 Jahren. Der Titel ist treffend gewàhlt, denn es handelt sich um Philologie im
COMPTES-RENDUS 387 weitesten Sinne, in der die Beschâftigung mit Texten in einer Sprache und Beschaftigung mit deren System nicht getrennt sind und auch Lexikologie. Toponymie, Grammatik, Dialektologie usw umfassen kônnen, einschlieBlich der Réflexion der Geschichte der eigenen Disziplin Nach des Verfassers eigener Einschatzung liegt der Schwerpunkt des Bûches im Bereich der Lexik und Lexikologie Die Sammlung ist deshalb hochwillkommen, weil vieles vorher nur an sehr entlegenem Ort erschienen ist und erst jetzt richtig zugânglich wird, schade nur. daB dem Leser bei diesem Teil auBer dem Entstehungsjahr aile bibliographischen Angaben vorenthalten bleiben Des- halb ist auch nicht ersichtlich, welche Arbeiten hier dankenswerterweise zum ersten Mal verôffentlicht werden Der gleiche Verfasser hat in den letzten zehn Jahren vier kleine Monogra- phien über georgische Ortsnamen herausgebracht, die hier zusammen aufge- führt seien, da sie auBerhalb Géorgiens bisher wahrscheinlich fast unbekannt sind. Tlonti, Aleksandre Toponimikuri ^iehani I Damxmare xelsyvanelo umavlcs sascavlebelta pilologiis pakultetis studentebisatvis / Toponimiceskie razyskanija I Ucebnoe posobie dlja studentov filologi- ceskich fakul’tetov vyssich ucebnych zavedenij (Sakartvelos SSR Umaylesi da sasualo specialuri ganatlebis saministros Samecniero-metoduri kabineti/ Naucno-metodiceskij kabinet Ministerstva vyssego i srednego special’nogo obrazovanija Gruzinskoj SSR) Tbilisi. TU gam-ba, 1971, 107 p , Mcxetis toponomia II Toponimikuri siebani / Toponimiceskie razyskanija II Topo- nimika Mcchety. Tbilisi Sabcota Sakartvelo, 1975, 78 p , Toponimikuri Siebani III Lagoetis toponomia / Toponimiceskie razyskanija III. Topo- nimija Lagoeti (Sakartvelos SSR [ cf 1971]) Tbilisi. TU gam-ba, 1981, 75 p., Kiziqis toponimia Toponimikuri 3iebani, IV / Toponimija Kiziki Toponimiceskie razyskanija, IV Tbilisi Sabcota Sakartvelo, 1982, 83 p Jedes dieser verdienstvollen Bandchen besteht etwa je zur Halfte aus einer Einleitung und einem Lexikon von Ortsnamen aus dem gesamten Gebiet der Georgischen SSR (I) bzw. aus dem Rayon Mzcheta westlich von Tbilissi (II), dem Rayon Lagodech in Kachetien (III) und den Rayonen Sighnaghi (Siynayi) und citeli Cqaro (in Kachetien) Bei den Namen der Orte sind auch jeweils die Namen der dort ansàssigen Familien verzeichnet, was also auch eine intéres- sante Quelle fur die Personennamenforschung darstellt — Die Einleitungen enthalten oft eine ausführliche Diskussion der Etymologie einzelner Namen und vor allem der haufigsten Wortbildungsmittel Besonders ausfuhrlich sind die Bildungen auf -et und Verwandtes behandelt (besonders im II. Heft, 1975 • 15-34), auf die damit verbundenen morphologischen und syntaktischen Problème der Pluralbildung im Georgischen gedenke ich spâter genauer einzugehen, hier môchte ich nur hervorheben, daB die Ortsnamenforschung eine wichtige Nebenquelle der historischen Morphologie des Georgischen ist, zumal sie wenigstens teilweise eine grôBere zeitliche Tiefe erreicht und Varian- ten erfaBt, die der altgeorgischen schriftsprachlichen Norm mehr oder weniger fremd waren Kutelia, Natela (ed ) Lazuri paramitepe Cigni okodginu do literaturuli redakcia uxenu Natela Kuteliak Leksikoni numcxves Sergi Jikiak da Natela
388 COMPTES-RENDUS Kuteliak / Lazuri polklori (Kartuli enis Lazur dialektze). Cigni seadgina da Uteraturuli redakcia gauketa Natela Kuteliam, leksikoni seadgines Sergi 3ikiam da Natela Kuteliam / Lazskij fol’klor Tekst i literaturnaja obrabotka Nately Samsonovny Kutelija Sostaviteli slovarja Sergej Simonovic Dzikija i N. S Kutelija [Redaktori Zurab Tandilava] Tbilisi SMA stamba 1982, 103 p An lasischen Texten mangelt es inzwischen nicht mehr, aber diese Sammlung ist besonders bemerkenswert Sie enthâlt ein in seiner Art einzigartiges lasisch- mingrelisch-georgisch-türkisches Wôrterbuch mit schâtzungsweise 800 Eintra- gen, auf diese Weise sind die Gedichte und Geschichten auch denjenigen Lasen zugânglich, die diese Sprachform (welcher Dialekt ist es9 der von Sarpi9) nicht so gut kennen — sofern sie das georgische Alphabet gelernt haben, was sicher selten ist Tatsachlich richtet sich das Buch, dem Vorwort entsprechend, eher an Georgier und an Kartwelologen im Ausland, und diese werden den Verfassern die Mühe sehr danken, die sie sich gemacht haben, zumal ihr Name für Zuverlàssigkeit bürgf N Kutelia ist durch phonetische Arbeiten zum Mingre- lisch-Lasischen hervorgetreten, S jikia ist ein bekannter Turkologe und Kenner des Lasischen. — Übrigens ist das Büchlein schon gedruckt und illustriert. Winfried Boeder Universitât Oldenburg Dora Panayotova-Piguet Dr ès Lettres Nous avons le plaisir d’annoncer la soutenance de la thèse «Monuments bulgares à l’époque des Paléologues», de notre collaboratrice Madame Dora Panayotova-Piguet, à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, le 2 juillet 1983. Madame Dora Panayotova-Piguet a été admise au grade de «Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Elumaines» avec la mention . très honorable.
NOTE DE LA REDACTION Il semble que la mode revienne de considérer les premiers siècles de la Géorgie chrétienne comme une époque d’obscurantisme II est tout de même pour le moins surprenant que des monuments comme le Sioni de Bolnissi, les restes du monastère géorgien de Bethléem et ses inscriptions ainsi que les chefs d’œuvre d’orfèvrerie ne fassent pas davantage réfléchir les historiens, qui semblent par ailleurs oublier qu’un monument littéraire de l’importance du Grand Lectionnaire géorgien de Jérusalem a été traduit du grec — et non du syriaque ou de l’arménien — au Ve siècle, pour sa majeure partie Qui se contente de rabâcher le témoignage attribué à Koriwn, comme on le lit encore dans l’article tout récent Géorgien de la Theologische Real- enzyklopadie, t. XII, tombe sous le coup du jugement déjà exprimé il y a plus de vingt ans dans cette revue: «La légende selon laquelle l’alphabet géorgien aurait été inventé au Ve siècle par Mesrop-Machtotz ne peut trouver aujourd’hui aucun crédit auprès des savants dignes de ce nom (B.K. 1963, P 12)»